Codifions, codifions tout, même chez Astérix alors que ce dernier ne l'avait peut-être même pas demandé et ce, par l'intermédiaire de ses deux illustres créateurs. En effet les aventures du petit Gaulois et de son inséparable ami Obélix sont aujourd'hui codifiées sous les deux appellations "Album-village" ou bien "Album-voyage.........voyage". A ce propos, j'entends déjà certains entonner le célèbre refrain de Desireless, histoire de dire qu'ils sont "à la page" quoique Desireless ("Sans désir") ne l'est plus trop car paraît-il, elle est devenue dure "de la feuille"......
Alors qu'en est-il de ce 41ème album de nos irréductibles Gaulois acheté le jour de sa sortie, chose que je fais depuis que je suis en âge de le faire ? Donc, première chose, on va le codifier, cet album puisque c'est ce qui nous est demandé. C'est un album "Voyage......Voyage" et voilà, c'est décidé, on part en Lusitanie autrement dit au Portugal, un pays dont on m'a dit qu'il était magnifique et accueillant où je ne suis jamais allé où je devrais certainement me rendre mais les incendies annuels me rebutent au plus haut point ainsi que la chaleur qui y règne.
Voici donc venir un "Ancien", Boulquiès, qu'il s'appelle, apparu pour la 1ère fois en 1971 dans Le Domaine des Dieux. Dans cet album magnifique à tous les niveaux (dessins et scénario), on voit Le Lusitanien revendiquer en compagnie de ses pairs pour un meilleur salaire et des conditions de travail bien plus décentes que celles imposées par l'architecte Anglaigus.
Pour l'heure, le voici qui débarque sur la côte armoricaine, celui-ci, ayant bénéficié du "voyage-voyage" à l'oeil sur la rutilante galère de son compère phénicien, le trop célèbre Epidemaïs, personnage-clef chez Astérix, celui-ci apparaissant régulièrement au gré des aventures de nos deux héros, vient solliciter l'aide de nos deux Gaulois préférés pour aller délivrer son meilleur ami Mavubès, ci-devant producteur de garum, une sauce à base de poisson dont est particulièrement friand le redoutable César. Accusé d'avoir voulu empoisonner ce dernier, il croupit actuellement dans une geôle d'Olisipo (ancien nom de Lisbonne) et à cause de la machination fomentée par les horribles Crésus Lupus (Berlusconi), Pluvalus (qui a un côté très Gracchus Garovirus d'Astérix chez les Helvèltes) et Pirespès (traître et ce, depuis des générations et fier de l'être), ce dernier me faisant immanquablement penser à l'infâme Détritus dans La Zizanie. Tout est réuni par conséquent pour nous proposer une histoire fort sympathique. Ceci dit, son issue reste en tout point aléatoire (pas complètement en même temps car l'on sait par avance que nos deux amis finiront par se défaire du guêpier tendu par nos trois affreux). Malgré cela, l’atmosphère générale se veut être bercée par une certaine douceur teintée de mélancolie, un peu comme le chanterait une jolie chanteuse de fado éplorée.
A la 1ère lecture, j'avoue ne pas avoir complètement adhéré à cette histoire la jugeant non pas bâclée mais dépourvue de rebondissements. C'est un peu comme pour la musique, il faut peut-être parfois lui accorder une seconde chance.
Procédant ce matin à une relecture (il en faudra une, je vous l'assure donc) et surtout faisant fi de tous les commentaires limite condescendants de la part de certains partisans (sûrs de détenir la vérité absolue), ceux-ci louant par la même la plupart des anciens albums comme étant des chefs d'oeuvre (bien sûr qu'ils le sont et c'est bien là, mon humble avis), je me suis davantage concentré sur les détails inhérents à l'humour qui s'est avéré être non pas croustillant mais tombant à point nommé, aux dessins certes moins raffinés que pouvaient ne l'être ceux d'Uderzo mais véritablement soignés et l'intrigue globalement bien structurée (même si j'eusse souhaité encore et toujours plus de péripéties haletantes, je suis exigeant, non ?), l'addition de tous ces paramètres faisant que cet album, je l'ai trouvé intéressant voire attachant sans être cependant du niveau de ses illustres prédécesseurs de l'ère Goscinny-Uderzo, ces messieurs s'avérant être de véritables métronomes de la bande dessinée qui, grâce a atteint le statut ô combien prestigieux de 9ème art.
Pour faire court, (je m'aperçois qu'en fait, je n'ai pas fait court lol), cet ouvrage ne m'a pas ennuyé une seule seconde (comme quoi.....) après cette 2ème lecture. Mais bon, ainsi que je viens de le lire ailleurs , on pourrait définir cet album comme étant à la fois "olfactif, délicieux et joyeux" comme se plaisaient à le dire nos deux créateurs aujourd'hui disparus mais en contrepartie, ce nouvel effort gaulois n'est pas sans mettre l'accent sur la conjoncture actuelle et ce, via de subtils petits clins d'oeil au statut des retraités et aux dépenses inconsidérées effectuées par nos "dignes" représentants de l'Etat. Vous en ferez ce que vous voulez mais, parmi les dernières réalisations, il fait partie de mes préférés. Et puis, que cette couverture est magnifique !!!!!! :cheers: :cheers: :cheers:


