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Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par alcat01 » ven. 4 nov. 2022 16:08

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En 2001, Art Zoyd crée et enregistre "Metropolis" sur le film de Fritz Lang, pour la nouvelle version intégralement restaurée.
C'est une sorte de 'méta-musique' issue de la superposition des musiques de plusieurs compositeurs: celles de Gérard Hourbette, de Patricia Dallio et de Kasper T. Toeplitz.
"Metropolis" est surprenant par son élaboration et son maelström sonore: L'univers musical unique du groupe entre musique populaire et musique contemporaine, dévoile en filigrane une gigantesque fête foraine où les sons et les bruits s'amoncellent, s'aliènent et finissent par un univers intemporel.
...Si vous enfiler un disque de Art Zoyd relevait déjà de la torture, l'envie impérieuse d'écouter ce nouveal album - double qui plus est - ne risque pas de vous arriver!
Deux heures trente d'abstractions électrorchestrales complètement froides qui, bien qu'ils s'en défendaient il y a peu, revisitent une fois de plus un film muet, et pas n'importe lequel puisqu'il s'agit ni plus ni moins du mythique "Metropolis" de Fritz Lang!
En réalité, il s'agit là d'un projet auquel Gérard Hourbette tenait depuis de très nombreuses années, un projet pour lequel il aura fini par céder et dans lequel - il n'y a pas de hasard - on retrouve tout ce qui synthétise l'âme du groupe depuis maintenant une bonne décennie, à savoir cette fusion entre homme et machine.
Comme ont pu le montrer leurs publications précédentes, avec toute l'énergie déployée par le groupe pour se créér une identité visuelle, c'est sans doute encore dans le cadre du concert qu'Art Zoyd demeure le plus pertinent.
Qu'il s'agisse de "Marathonnere", des adaptations pour films de Murnau ou même dans leurs projets orchestraux, Art Zoyd a aligné une série de disques que l'on ne peut considérer autrement qu'en tant que témoignage de leur intense activité scénique, mais difficilement comme une représentation fidèle et absolue du concept dans son ensemble.
C'est de ce si difficile grand écart dont souffre Art Zoyd aujourd'hui. L'ambitieux "Metropolis" y échappe un tant soit peu de par sa nature intrinsèque; il y a d'abord l'originalité du procédé en lui-même (chaque morceau étant un collage de compositions individuelles, recombinées d'un titre à l'autre dans une série de séquences dissemblables), stimulant un vrai désir de découverte.
Ensuite, il y a l'agencement du disque en lui-même qui propose en clôture deux autres plages, "Le Chat de Schrödinger" et l'obscur "Appars" que l'on doit à Kasper Toeplitz, frôlant les vingt minutes chacun, le tout se présentant comme un formidable résumé de ce que Art Zoyd a à nous offrir aujourd'hui...
Progmonster

"Metropolis" est sorti en CD en 2002.


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Message par alcat01 » ven. 4 nov. 2022 19:30

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En janvier 1976, Wapassou signe sur le label de Jean-Claude Pognant, Crypto, pour trois albums: "Messe en ré mineur" (1976), "Salammbô" (1977) et "Ludwig, un roi pour l'éternité" (1979).
Il s'agit d'une trilogie sur la vie, la mort et l'éternité composé par le claviériste du groupe, Freddy Brua.

"Messe en Ré mineur" a été enregistré au Studio Azurville en Juillet 1976.
Plus de basse de Jean Pierre Schall cette fois, mais ils ont recruté une chanteuse nommée Eurydice et l'ingénieur du son Fernand Landmann, qui avait joué des pièces acoustiques dans le premier album, figure encore parmi les invités.
Si le premier album ne comportait que cinq morceaux, le groupe ose une longue suite séparée en deux parties sur le format LP pour sa première sortie sur Crypto où ils retrouvent leurs confrères Mona Lisa, Tangerine et Carpe Diem (mais aussi Ganafoul et Little Bob Story). Clin d’œil au "Mass in F minor" d’Electric Prunes, "Messe en Ré mineur" forme une trilogie avec les deux suivants qui de leurs côtés accentuent les références à Bach ou Wagner au moins dans la construction.

Ce deuxième opus diffère beaucoup de leurs débuts: Alors que le premier comprenait des pistes longues et courtes avec beaucoup de psyché, "Messe en ré mineur" représente l'avant-prog avec beaucoup d'éléments électroniques en un seul morceau. ''Messe en ré mineur'' mérite l'attention de l'auditeur pour sa musique classique / Folk / Avant guarde avec une ambiance quasi mystique. Celle-ci est très atmosphérique avec une saveur de Space Rock.

Certes, l'un des groupes les plus singuliers, Wapassou est bien dans la tradition Française de groupes très inhabituels comme Magma, Art Zoyd, Flamen Dialis, Dün et quelques autres groups totalement inclassables. Le son peut aussi générer des comparaisons avec Gryphon, mais les mélodies, les accords, le développement de la composition et les émotions sont assez différents.

Ce tour de force musical consiste en une longue pièce traversant de nombreux thèmes et développements mélodiques, avec la voix éthérée d'Eurydice, qui change constamment et se transforme pendant une quarantaine de minutes.
La musique rappelle, par certains côtés, les musiques encore plus anciennes d'un "Interstellar Overdrive" de Pink Floyd ou d'un "Ultima Thule" de Tangerine Dream.
C'est à la fois délicat et étonnant, un chef-d'œuvre de beauté chatoyante. La grande interaction des claviers de Freddy Brua, de la guitare de Karin Nickerl, du violon de Jacques Lichti et du chant sans parole d'Eurydice est plutôt passionnante et parfaitement innovante même encore selon les normes d'aujourd'hui.

Comme dans les trois albums suivants, le Rock est inexistant, et le style peut être décrit comme un symphonique progressif, créé sous l'influence forte de la musique classique, en particulier le temps du baroque.
En plus des claviers, dirigé par un 'Ensemble à cordes' ARP, dans des arrangements impliquant des parties de guitare acoustique classique, de la flûte, du hautbois et du violon, ce dernier joue le rôle de premier plan en tant qu'instrument soliste.
La musique est un peu triste, mais, en général, elle finit par s'illuminer. Elle se développe en fait constamment, même si le rythme varie de lent à 'une mesure', à savoir, jamais vite. Cependant, après avoir écouté l'album, vous savez que dans ce cas, ce n'est pas vraiment une nécessité.

C'est, en fait, une Suite coupée en deux parties en raison des limites du vinyle, présentant un mélange de sons de musique de Chambre et de Psyché avec des références classiques, un peu semblables aux parutions mystiques du groupe Italien Saint Just ou des références croisées avec tous les sons des Français de Catharsis.
Mais contrairement à d'autres groupes, le son est exclusivement piloté par les claviers, la guitare et le violon sans aucun équipement supplémentaire. Le résultat est un voyage bizarre et atmosphérique avec des touches classiques et folkloriques et une attitude assez expérimentale, basée sur l'accord calme de progressions de la guitare et les paysages étranges, produits par les isolations de claviers et de violon.
Musique véritablement unique avec un esprit progressif / expérimental, qui surmonte l'absence d'un son plus riche avec l'affichage de mélodies éthérées, de paysages symphoniques et de textures psychédéliques avec Eurydice ajoutant une dimension supplémentaire avec ses chœurs angéliques et sans mots.
La musique est assez douce avec des passages totalement acoustiques et des explosions électrique rares, fondamentalement structuré autour de l'orgue de Freddy Brua et de la combinaison excentrique des chœurs et des violons. Il y a même des couleurs gothiques et médiévales tout au long de l'écoute authentique et profondément personnelle.

Une voix féminine émerge de la brume synthétisée accompagnée d'une guitare déchirée, avant que la musique ne s'installe entre un réglage du clavier en constante évolution et le violon, la guitare restant souvent en arrière-plan. L'absence d'instruments rythmiques typiques donne à la musique un sentiment encore plus grand.
Difficile de classer la musique de Wapassou, car le contexte liturgique n'est pas si éloigné des chœurs de Magma à l'heure de la messe, mais ressemblerait plus à un Univers Zero incroyablement plus positif ou au groupe Français étrange comme Catharsis.
L'orgue Farsifa de Brua donne également une saveur différente à la musique que l'habituel orgue Hammond Asd, mais les voix ultra-haut placées d'Eurydice ne sont pas toujours faciles à apprécier...

L'album contient de la musique éthérée méditative progressive où seuls sont présents les claviers, la guitare et le violon, plus une merveilleuse voix féminine. Bien que ce travail soit cohérent et symphonique, le disque donne l'impression qu'il n'y a pas de véritable développement. Ce n'est pourtant pas juste simplement un mélange de bruit et de sons, car on y découvre des mélodies qui passent, des solos de violon et des riffs d'orgues, faisant écho au chant choral féminin, avec, parfois le chaos se résolvant dans des paysages sonores.
En gros, cet album est composé de belles pièces qui passent en douceur de l'une à l'autre, mais n'ont pas de thèmes 'général', 'principal'. Peut-être qu'en raison de cette caractéristique, l'impression n'est pas si puissante, bien qu'elle soit très bonne. Il est bien difficile de traduire les émotions et les sentiments générés.

Au fil de l'écoute, on peut, par exemple, entendre ce qui semble être une Wedding March ou l'Ave Maria. En tout état de cause, cette musique donne du mérite au titre de l'album. Peut-être est-ce une réponse des années 70 à Handel!
Wapassou présente même un peu de Raga et pendant les dix dernières minutes, le groupe arrive au sommet de son art avec un climat de ce que les Anglo-Saxons appellent 'Chamber Rock'. L'orgue, le violon, les voix féminines, une fois de plus se construisent en émotion... Si vous désirez commencer quelque part dans l'avant-garde, c'est un endroit formidable...

Par conséquent, "Messe en ré mineur" est un album vraiment unique, original et différent. En fait, ce disque ne crée pas une ambiance sombre, mais, en même temps, ce n'est pas une musique 'éclairante' comme Yes ou Le Orme.

Cet album est un véritable must pour tout fan de Progressive Music qui ne se limite par un cliché 'rockisant'.


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Message par alcat01 » ven. 4 nov. 2022 20:16

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Mené par le multi-instrumentiste Tony Reed et soutenu par le chanteur Dru Brinkerhoff, Stone Axe est un groupe qui joue le Rock comme des nostalgiques des années 70.
Le combo englobe tous les tons, les humeurs et les attitudes de l'époque. Le son du groupe a clairement été bien forgé et bien pensé. Avec son Rock classique meutrier et une dose de Doom, cet opus est vraiment digne d'une plus grande attention.
Stone Axe est une formation américaine née de la rencontre entre le guitariste / chanteur de Mos Generator Tony Reed et le chanteur Dru Brinkerhoff. Crédité de tous les instruments sur ce premier album, à l’exception du chant bien entendu, Tony Reed est le genre de musicien à disposer de plusieurs tours dans son sac pour s’affranchir d’une tâche qu’il maîtrise en toute connaissance de cause, puisque son combo d’origine s’affirme dans un hard rock fortement teinté d’accents stoner.

Mais le défit relevé par Stone Axe dépasse largement ce cadre au demeurant fort intéressant. En effet, les deux musiciens, accompagnés lors des prestations scéniques d’une section rythmique au-dessus de tout soupçon, remettent les pendules à l’heure du début des années soixante dix, moments grandioses où entre autre, Grand Funk Railroad imposait son "Inside Looking Out" à grand coup de décibels rageurs. Instants de réelle magie où un véritable vivier de talents en tout genre allait prendre son envol et dont certains pionniers, notamment des plus illustres, ont malheureusement beaucoup trop prématurément atterri nulle part ailleurs que six pieds sous terre.

Le quatuor américain présenté ici remet au goût du jour cette atmosphère si particulière qui émanait de cette grande époque où quasiment tout en matière de hard rock était à construire. Non seulement Stone Axe dispose de la capacité à faire revivre ces instants, en particulier grâce à un son très naturel et bienfaiteur, mais aussi par le biais d’un sens aiguë de la composition qui une fois entendue, reste gravée bien au fond de la mémoire.

Riffeur de première catégorie et ardent soliste, Tony Reed se place dans la droite lignée d’un Paul Kossof mais également de Warren Haynes pour la puissance et la précision des rythmiques. Dru Brinkerhoff tire très adroitement son épingle du jeu grâce à une tessiture entre Paul Rodgers (hé oui, encore Free) et le David Coverdale de l’époque Deep Purple Mark III. La conjugaison de deux aussi talentueux et inspirés musiciens, qui plus est sur la même longueur d’onde, ne peut aboutir qu’à un résultat à la hauteur des espérances.

Inutile de tourner plus longtemps autour du pot, c’est chose faite, et surtout très bien faite. Stone Axe brasse une multitude d’influences sans se contenter d’uniquement recycler ce qui a déjà été produit par le passé. Bien que majoritairement lourd et bluesy, le tempo peut prendre des allures plus bestiales, comme le démontre le court mais fonceur instrumental "Rhinoceros" ou bien encore se muter en ambiance plus sixties particulièrement mise en valeur sous les arrangements violonesques et acoustiques de "My Darkest Days". Autres pièces maîtresses de ce premier album, "Black Widow" et "The Skylah Rae" mettent en avant une prestation vocale digne des plus grands sur des courbes musicales chères à Gov’t Mule. Bien sûr, le boogie rock façonné à la manière d’un AC/DC période 74’Jailbreak n’est pas en reste comme peuvent en attester des titres comme "Diamonds & Fools" et "There’d Be Days", le cachet de l’authenticité faisant foi. L’album se clôture de manière magistrale par le très "Thin Lizziesque" "Take Me Home", ascendance fort bien maîtrisée aussi bien sur l’instrumentation que sur les lignes de chant abordées par Dru Brinkerhoff.

Envoûtante, intense et dégoulinante de feeling, cette première galette de Stone Axe ne peut laisser indifférent et surtout s’impose en idéale compagne de route pour bouffer des kilomètres en toute quiétude. Bref, un retour aux sources qui fait le plus grand bien tout en démontrant sans la moindre ambiguïté qu’une fois de plus, les grands esprits finissent toujours par se rencontrer.
NICOFRED


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Message par alcat01 » sam. 5 nov. 2022 09:31

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Five Horse Johnson est un quintuor américain formé en 1995 à Toledo dans l’Ohio et composé de Eric Oblander au chant et à l'harmonica, de Brad Coffin et Phil Durr aux guitares, Steve Smith à la basse et Eric Miller à la batterie.
La musique du groupe, comme celle de l’immense majorité des groupes de Stoner est très influencée par le Hard Rock des années 70 auquel il faut ajouter un goût pour le Blues et le Southern Rock comme celui de Lynyrd Skynyrd.
Five Horse Johnson est un groupe proche de Dub Trio et de Clutch avec lesquels ils jouent régulièrement sur scène et ils ont publié un morceau ensemble sur la compilation "Sucking the 70’s : Back in the Saddle Again" publiée par le label de FHJ, Small Stone Records.
Quand il enregistre, le groupe est souvent rejoint par de nombreux amis qui viennent jouer avec eux le temps d’un ou deux morceaux.

L’avantage de ce vaste territoire imaginaire que constitue la musique, c’est que l’on peut totalement ré-inventer sa propre identité au mépris de toute réalité temporelle et géographique. Nul besoin d’avoir connu le Swinging London pour marcher sur les pas glorieux des Kinks, tout brevet d’ouvrier sidérurgique de Detroit est superflu quand on prétend pratiquer du garage rock à son stade primal, inutile de venir des bas fonds de New-York ou de Londres pour succomber à la rage punk… Ainsi, il serait malvenu de toiser d’un œil mauvais ce quartet issu de Toledo, Ohio, quand il entend secouer l’idiome blues avec la nonchalance sudiste d’un Lynryrd Skynyrd et la puissance de feu du stoner. Après tout, les excellents Creedence Clearwater Revival avaient brillamment prouvé des décennies avant eux qu’il n’était pas obligatoire de venir du bayou pour porter au pinacle blues suintant et country baveuse. Car près de 15 ans après leurs premiers faits d’armes, un constat s’impose : la plus parfaite synthèse entre heavy rock testostéroné et swamp blues gluant n’a pas été réalisée par des natifs de Palm Springs ou de la Nouvelle-Orléans, mais bel et bien par des petits gars du nord du continent.

Tout aussi illégitimes soient-ils de par leur sang, Five Horse Johnson en imposent à qui veut l’entendre dès que l’on branche les amplis. Sur une colonne vertébrale résolument blues qu’ils consolident de disques en disques (leur premier album, Blues For Henry, a été enregistré dans un des berceaux du bluegrass), les artilleurs greffent les éléments types du heavy rock burné : des riffs graisseux dérivant entre cataractes de power chords adipeuses et grandes rasades de slide poisseuse, une section rythmique imparable et le chant de ce grand gaillard blond d’Eric Oblander, dont l’organe enroué baignant dans un mélange de Budweiser et de Jack Daniel’s sied parfaitement à ce genre d’exercice. Conjuguant la fougue âpre d’un Karma To Burn avec la finesse rustre d’un Clutch (les gaillards auront la bonne idée d’emprunter le batteur du gang du Maryland, Jean-Paul Gaster, le temps d’un disque et de quelques tournées), le quintet peut s’enorgueillir d’une discographie sans faille où il fait revivre avec bonheur une certaine idée du rock tel que pratiqué dans le deep south des seventies. Juste à titre d’exemple, voici peut-être la meilleure chanson de ZZ Top écrite par un autre groupe que ZZ Top.

N°6 Dance, leur troisième opus, reste leur réalisation la plus aboutie. La question des origines est abordée d’emblée le temps d’une intro ironique. Un dialogue semblant tiré d’un western s’engage : "- Where are you from, maverick? – I’m from Ohio, sir. – Are you born there? –Yes, sir. –What about Toledo?" L’imposant "Mississippi King" tonne alors comme une braillarde réponse, une remarquable charge de binaire massif, aussi vaseuse, menaçante et irrésistible qu’un fleuve en crue. Une fois leur style solidement amarré, les Five Horse Johnson ne dévieront plus de leur cap, avec la même authenticité que leurs cousins germains de Black Keys, juste la barbe un peu plus fournie, la chemise de bûcheron un peu plus huileuse sous les aisselles et la guitare marinant davantage son jus du côté des Allman Brothers que de Howlin’ Wolf. Pour le reste, The N°6 Dance aligne une réjouissante alternance entre rock bourru pourtant pas avare de subtilités ("Spittin’ Fire", "Gods Of Demolition"), boogie marécageux ("Shine Around", "Swallow The World") et binaire tanguant comme un hillbilly enivré par son propre whisky distillé dans sa baraque miteuse ("Lollipop", "Buzzard Luck"). Eric Oblander cède le micro de temps à autres à son comparse Brad Coffin, le temps pour lui de plonger dans son impressionnante collection d’harmonicas pour venir tonner de concert avec ses camardes sous les atmosphères chaleureuses d’un southern rock aussi moite que jubilatoire ("Silver", "Swallow The World"). Ailleurs, la bande prend un malin plaisir à dévergonder les Three Dog Night le temps d’une reprise endiablée ("It Ain’t Easy"). Ultime baroud d’honneur, le copieux "Odella" final, marche pesante et hypnotique de plus 14 minutes, sonne une migration entamée depuis les berges de la Louisiane vers les plaines lysergiques de San Francisco, trainant derrière elle des relents de poudre de Winchester et de buvards de LSD.
Maxime


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Message par alcat01 » sam. 5 nov. 2022 09:32

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A côté de groupes tels que Focus et Supersister, Earth and Fire fait partie des groupes phares du Rock Progressif en provenance de Hollande. Leur bon premier album, paru en 1970, est progressif dans une veine différente et moins symphonique que leurs albums plus tard.
L'album comporte d'excellents titres comme "Vivid Shady Land", "21th Century Land" et "Love Quiver". Le son de ce premier album est dominé par la guitare, l'orgue et bien sûr les vocaux distinctifs de Jerney Kaagman. Sur "What's your Name" et au milieu de "21th century show" on entend quelques belles parties de flûte.
Comme d'habitude, le début du groupe en 1969 sont difficiles. Le travail dur dans les clubs et les petits concerts en plein air permet au groupe de se faire une réputation en tant que quintette avec un son individuel sophistiqué.

Cet album était leur premier album, mais ils avaient déjà publié deux singles avant, "Seasons" / "Hazy Paradise" en 1969 et "Ruby is the One" / "Mechanical Lover" en 1970 et les deux premières faces de ceux-ci se retrouvent sur cet album. Donc, cet album finit par avoir deux chansons avec le batteur d'origine Cees Kalis, et le reste avec le nouveau batteur Ton van der Kleij.
Ce bon premier album, même s'il n'est pas pleinement représentatif du son classique du groupe, est vif, sauvage, chaleureux, dangereusement doux et très, très excitant.
Il est en fait assez différent des albums suivants. Contrairement à ceux-ci, ce disque est très dominés par l'orgue et la guitare des jumeaux Koerts. Il est très Rock, sonnant parfois comme leurs amis Hollandais, Golden Earrings, en particulier le morceau d'ouverture, et Focus (Twilight dreamer) et presque certains Chants grégorien sur le quatrième morceau et quelques faibles lignes de flûtes sur la chanson de clôture, sont ce que les amateurs de prog recherchent.
L'album s'ouvre avec "Wild and Exciting", qui est devenu un hit pour eux dans leur pays d'origine.
"Ruby is the one" ouvre la voie, et le LP est plein de sons chatoyants, scintillants, de la voix douce de Jerney, du superbe jeu de batterie de Kleij, et tout cela ensemble.
"Vivid Shady Land" montre un jeu de guitare agressif de la part de Chris Koerts ainsi que des voix masculines, et bien sûr le chant féminin de Jerney Kaagman.
"21st century show" est le grand début de grandes choses à venir! Il est un peu comme le reste de l'album, mais il dispose d'un beau solo de flûte.
"Seasons" est la toute première chanson qu'ils aient jamais enregistré, tel que mentionné, précédemment publié comme un single.
"Love Quiver" dénote plus qu'une ressemblance frappante avec Jefferson Airplane, jusque dans les harmonies vocales, bien que la voix Jerney Kaagman ne sonne pas vraiment comme Grace Slick (plutôt comme Maddy Prior de Steeleye Span, mais avec un accent hollandais, ou peut-être comme Mariska Veres, de Shocking Blue). Mais très différent de l'Airplane avec un long solo d'orgue (plutôt qu'un long solo de guitare de Jorma Kaukonen comme sur l'album "Volunteers").
"What's Your Name" est une chanson acoustiquelaid-back avec dr la flûte. On dirait que Jerney Kaagman ne remplit pas toutes les fonctions vocales, même pas les choeurs, celles-ci semblant être l'apanage des jumeaux Koerts, cette chanson donne une idée de ce à quoi Earth & Fire aurait ressemblé si le groupe ne disposait pas d'une chanteuse. Il est évident que ces gars-là ont besoin de perfectionner leur anglais, mais peu importe, c'est un morceau agréable, surtout après l'agressivité du morceau précèdent, "Love Quiver".
Bon travail très recommandé pour tous les amateurs de prog Hollandais, ce premier album est excellent avec des promesses de plus de grandes choses à venir...
Il donne au groupe une renommée nationale et la position haute dans les Charts en Hollande. D'autres pays suivirent bientôt. Spécialement en Allemagne, les arrangements de clavier orchestrés de façon complexe et dominés par la voix haute de Jerney, trouva de nombreux amis.

En 1971, cet album est sorti au Royaume-Uni sur le label Nepentha, qui comprend la fameuse couverture de Roger Dean (qui a été utilisé sur la réédition CD Repertoire Allemand ainsi que la réédition Japonaise).


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Message par alcat01 » sam. 5 nov. 2022 11:11

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1978, la tournée précédente ayant été enregistré, Mahogany Rush édite son premier album live "Mahogany Rush Live", et le monde découvre que le jeu de Frank Marino est bien plus puissant en live que sur album.
Dès le début de sa carrière, il lui a été demandé par la presse musicale s'il a réellement déclaré être une réincarnation de Jimi Hendrix, motivée par son jeu de classiques d'Hendrix avec beaucoup de virtuosité, mais cette demande a été rejetée par Marino lui-même comme étant des informations falsifiées produites par la presse et il a toujours continué à se forger son propre style depuis les années 1970 jusqu'à nos jours.
Ce concert est massif, l'esprit d'Hendrix canalisé par les virages bluesy et les paroles psychédéliques de Marino. Le morceau d'ouverture "The Answer" explose avec tout l'arsenal du groupe : choristes, claviers, batterie qui s'écrase et un solo en crescendo qui donne le coup d'envoi. "Dragonfly" est funky et doux, à la fois trippant et énergique, avec des voix ronronnantes et des rythmes jazzy qui déferlent sur la foule comme des vagues de surf.
Le spectacle continue avec beaucoup de blues à 12 mesures, les micros de la foule ajoutant des éclaboussures de rugissement en abondance, ajoutant vraiment à l'expérience du disque. De plus, l'album a quelque chose de savoureux, les solos ne devenant jamais trop excessifs ou atténuant l'émotion des chansons. Le clou de l'album est l'interprétation de Marino sur "Johnny B. Goode". Marino exécute une version Hendrixien de ce classique, avec de nombreuses acrobaties à la guitare, ajustant le tempo et l'intensité pour un effet dramatique maximum, gémissant vocalement et instrumentalement avec une intensité (littéralement) époustouflante. Le Mahogany Rush Band ne rate jamais un battement, serré comme jamais, la basse et la batterie étant enfermées dans des grooves liquides avec Marino.
Le seul problème que les fans de blues rock pourraient avoir avec cette performance stellaire est sa brièveté, puisqu'elle se limite à un seul album. Si vous avez épuisé tous les Hendrix, celui-ci est un excellent point de départ pour visiter la planète Marino.
dwightfryed


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Message par Titis » sam. 5 nov. 2022 12:18

Tu me donne envie d'en écouter un peu plus des albums du Canadien , celui la est très réputé :pluzzz1:

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Message par alcat01 » sam. 5 nov. 2022 14:21

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Blackhorse est un trio de Southern Rock de Mineral Wells, au Texas, composé de Paul -Anthony Middleton ( basse, chant) de Gary James (lead guitare, chant) et de John Teague (batterie, chant) dans la lignée de Molly Hatchet, surtout avec la voix du chanteur et des bonnes guitares qui foisonnent. Ils étaient sur le même territoire que ZZ top et Point Blank, jouant un "Texas Boogie" presque sans faille.
Blackhorse n'A sorti qu'un seul album en 1979
Leur unique album est tout à fait incroyable avec ses riffs de guitare riches et diaboliques. Il est mentionné dans la liste des "100 albums les plus Heavy des années 70" du célèbre critique de Rock Martin Popoff, atteignant la 75e place dans une liste qui contient Motörhead, AC / DC et Van Halen. Si vous aimez le Heavy Southern Rock dans la lignée de Molly Hatchet, Blackfoot ou Doc Holiday, alors vous allez adorer cet album.....~.

Dès le barrage d'ouverture de "Fox Hunting", Blackhorse laisse rarement le rythme ou l'intensité baisser, bien que lorsqu'ils le font, comme sur le sublime "Cannot Find My Way Home", ils montrent quels excellents auteurs-compositeurs et musiciens ils étaient, troquant la grandiloquence des morceaux plus durs pour une vulnérabilité plus soul.
Il s'agissait à l'origine d'un pressage privé autoproduit, utilisé principalement pour promouvoir le groupe et obtenir des engagements sur scène, le reste étant vendu lors des concerts. En tant que tel, on s'attend à ce que les contraintes budgétaires d'une telle entreprise soient apparentes dans les enregistrements. Ce n'est vraiment pas le cas ici, avec le son et la production, mettant à mal de nombreux efforts de label majeur de l'époque.
Malheureusement, c'est le seul album qu'ils ont produit et, en raison de son obscurité, ce n'est que récemment, depuis sa réédition en CD, qu'il a commencé à recevoir les éloges qu'il a toujours mérités.
Ce disque s'avère être la quintessence du metal de la fin des années 70, avec des éléments de toutes les facettes du genre sous une forme ou une autre. C'est l'un de ces disques sur lesquels on peut s'amuser à jouer à "repérer l'influence", même si ces gars sont antérieurs à la plupart des influences que l'on peut identifier. Beaucoup appellent cela du rock sudiste, et ils ne se trompent pas.
L'influence la plus évidente pour moi est celle de Van Halen, à tel point que j'ai l'impression que ce disque pourrait passer pour une sorte d'enregistrement inédit qu'ils auraient pu faire avec Dan Brown de Molly Hatchet au chant. Bien sûr, Gary James n'est pas Ed Van Halen, mais il est néanmoins assez impressionnant par moments. Avec une seule reprise, c'est un album plein de matériel original, et il fait un travail admirable. Curieusement, c'est la pochette qui m'a d'abord attiré vers ce disque - elle ressemble tout simplement au genre de disque que je vais vouloir. Et bien que j'aie été souvent déçu dans le passé, celui-ci est à la hauteur. Je dirais que si vous n'aimez pas les premiers Van Halen, vous devriez probablement passer votre chemin. Mais si c'est le cas, il devrait vous plaire.

Cet album est totalement incroyable dans ses riffs de guitare riches et diaboliques et très unique, car il fusionne le hard rock et une touche sudiste. Il doit être écouté à fond.
louiskiss


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Message par alcat01 » sam. 5 nov. 2022 17:00

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Ce disque, devenu aujourd'hui culte, est intitulé sobrement "Marcus". Il sort en 1976 et il restera malheureusement le seul et unique album du groupe.
Marcus est le nom d'un groupe multiracial composé de deux noirs et trois blancs mais c'est aussi le prénom de son leader Marcus Malone, chanteur de race noire.
Le combo est composé de Marcus Malone - Chant, de Bloch Gene - guitare solo et rythmique, de Randall David - guitare solo et rythmique, de Jack Weber - Guitare rythmique et de Dandy "Star" Holmes - Batterie.

Les amateurs de bon Hard Rock ont toujours considéré cet album comme un classique. Il était à l'époque drôle de trouver systématiquement mal classé cet album dans les bacs des disquaires, tantôt dans le rayon Funk, tantôt dans le rayon Blues et rarement dans le rayon Hard Rock... est ce du à la pochette? A la couleur du chanteur? Avec ses trois guitaristes et un bassiste invité du nom de Tim Bogert, Marcus livre huit morceaux très travaillés, Il est toujours difficile de gérer trois guitaristes, outre les attaques de la guitare dans chaque morceau, la voix unique de Malone est une autre marque du groupe. Certains disent qu'elle fait penser quelque part à un mélange de Glenn Hughes et Steven Tyler.
C'est bien d'un redoutable groupe de Hard Rock qu'il s'agit, les deux guitaristes Gene Bloch et Randall David forment une paire redoutable, et la rythmique, dont la composition est variable (Tim Bogert tient la basse sur deux morceaux de l'album) est des plus solides.
L'album "Marcus" parfaitement maitrisé et très original marie de façon miraculeusement tout à fait homogène un Hard Rock à la fois puissant, mélodique et varié avec une voix black assez douce et cool, que l'on aurait pourtant imaginé plutôt destinée à chanter du Funk.

Il s'agit musicalement d'un album mélodique de pur Hard Rock des années 70 auquel viennent se greffer une voix et une touche black qui lui donnent une originalité et un feeling unique. Bon, ce facteur n'est pas non plus l'unique atout de l'album, il y a aussi la grande variété des compositions, morceaux au riff lourd type Deep Purple (l'intro de "Black Magic" ressemble étrangement à Space Truckin de Deep Purple... ou bien "Pillow Star"), ballade douce prétexte à une superbe envolée guitaristique ("Kelly"), des perles plus 'progressives"' dépassant les six minutes telles que le fabuleux "Gypsy Fever" ou bien le sombre et prenant "Rise into Falcon", mais aussi un Hard Rock très tempéré et presque cool très influencé par le groove black et représenté par "Salmon Ball" et surtout "Highschool Ladies and Streetcorner Babies".
Les amoureux de la guitare ne seront pas déçus car il y a de fabuleux solos délivrés tour à tour par l'un ou l'autre des deux guitaristes, et on a même droit à quelques bref passages de twin guitares dans la veine Thin Lizzy / Wishbone Ash.
La production est limpide et totalement à la hauteur!

Après cet album magistral, il est dommage que ce groupe ait totalement disparu de la circulation...



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Message par alcat01 » sam. 5 nov. 2022 19:11

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En 2006, un projet d'Art Zoyd avec une création vidéo de Dominik Barbier voit le jour, "Le Champ des Larmes".
Cette oeuvre, oratorio électronique, mêle les musiques de Kasper T. Toeplitz et de Gérard Hourbette.
Les Enfers étaient traversés par cinq fleuves: le Styx (qui bordait au nord le Champ des Larmes), le Phlégéton, l’Achéron, le Cocyte, et le Léthé. Ces cinq fleuves pourraient être les cinq parties d’un concert mettant en scène image et son, le fleuve faisant office de lien créatif en un flot unique et ininterrompu.
Sur ce thème, Gérard Hourbette, Kasper T. Toeplitz et Dominik Barbier ont construit une écriture symbiotique entre musique et images électroniques.
...Dès le départ, on sait que "Le Champ des Larmes" va reproduire l'écueil sur lequel Art Zoyd s'est trop souvent buté depuis maintenant près de vingt ans. À l'heure du dvd, s'échiner à transposer sur compact disc un spectacle multimédia comme celui-ci, relèverait presque de l'hérésie pure et simple. Conçu à trois par l'indélogeable Gérard Hourbette et le bassiste Kasper Toeplitz (ce dernier se montrant plein d'initiative et débordant d'énergie depuis qu'il a rejoint Art Zoyd) pour la musique, et Dominik Barbier pour les projections vidéos, "Le Champ des Larmes" est un spectacle total qui - et c'est à souligner - ne nécessite pas l'intervention de leur créateur, les représentations étant assurées par Jérôme Soudan, Daniel Koskowitz, Yukari Bertocchi-Hamada et la fidèle Patricia Dallio. Présenté officiellement comme étant un oratorio électronique, "Le Champ des Larmes" est paradoxalement ce que le groupe aura accompli de plus organique depuis fort longtemps. La place des percussions y est prépondérante. En effet, si l'électronique est encore présente, elle vient souligner l'oeuvre par instants, jamais très loin, mais en retrait, comme un fil de sécurité qui délimiterait le cadre et en assurerait sa pérennité. Minimal par raison, plus abstrait que jamais, la musique n'étant plus ici que matière et timbre sauf à de rares occasions (comme sur "Abundans Civitas"), la tension se crée toute seule à partir d'éléments discrets mais tendus. On reste quelque part dans le prolongement d'autres titres tel que "Appars" - déjà proposé par Toeplitz sur "Metropolis" - à mettre en corrélation aussi avec les travaux accomplis par le groupe en compagnie du Musique Nouvelle Ensemble sur les deux volumes de "Expériences de Vol", peut-être moins connus. Si le résultat s'avère concluant, voire même séduisant en de nombreux endroits, l'expérience, elle, reste, envers et contre tout, fondamentalement incomplète...
Progmonster



Et comme deux avis valent mieux qu'un:
...Le Champ Des Larmes. Surréaliste par le nom et la musique, Art Zoyd consacre ainsi un disque à l'un des éléments naturel les plus présents et nécessaire : l'eau. Après une série de disques consacrés à des bandes originales de vieux films, Art Zoyd s'attaque à un nouveau pavé, un album consacré à un élément. Alors qu'en est-il de ces 10 titres qui tourbillonnent sur la platine ?
L'eau. Elément naturel composé de deux molécules d'Hydrogène et d'une d'Oxygène. Et Art Zoyd se lance dans un oratorio mêlant donc musique et vidéo. Le groupe va donc construire le disque autour du spectacle donné. Toutes les phases de l'eau y passent : on se sent porté par le courant et immergé dans Fleuve / Bruit1, assis au bord de la mer un soir d'été sur Eclats de Souffle ou face au feu, élément opposé à l'eau, sur Incendium. Les instruments semblent chacun désordonnés, sans fil conducteur ni sens propre, mais au final, l'assemblage de tout ces élément donne cette sensation de se retrouver entouré de liquide. En effet, l'électronique semble à nouveau s'effacer au profit des percussions, sans pour autant retourner dans les premiers amours du groupe. Les quelques sons autres (des voix sur Murmur Fulminis) sonnent distordus, non distincts, augmentant cette impression d'immersion. Parfois, les notes deviennent dérangeantes, créant un malaise dont l'origine peut paraitre inconnue (le son strident sur Fleuve de Pluie / Fleuve Bruit 2 ou les percussions énigmatiques sur Achron Le Fleuve Obscur). Ceci crée une dimension étrange, comme si l'eau était peuplée de mystérieuses créatures, ou alors simple déformations par l'eau de bruits extérieurs ? Tout prend une autre dimension, la moindre note peut paraître inquiétante. Expérience éprouvante car hormis cette sensation d'eau, les morceaux se succèdent naturellement, avec une transition toujours coulante, mais toutes les compositions sont riches, et peut-être tellement différentes et courtes qu'on ne prend pleinement conscience de l'une que déjà la suivante débute, détruisant les repères. Spectacle composé pour allier musique et vidéo, il manque la seconde partie pour ressentir l'ampleur du travail.
Beaucoup plus difficile d'accès que ses prédécesseurs et à la fois plus simple, Le Champ Des Larmes se ressent. Il est juste nécessaire de se laisser porter par les sons, courant phonique basé plus sur la perception qu'autre chose. La sensation d’Art Rock est bien présente, et au final, les avis seront tranchés, Bruit ou Musique ? Il n'en reste qu'Art Zoyd signe ici, pour les adeptes de ce style (ou même les curieux), un album prenant et complet...
Euka













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Message par lienard » sam. 5 nov. 2022 19:46

A quand l'intégrale de Richie Furay .. :)

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Message par alcat01 » sam. 5 nov. 2022 19:51

lienard a écrit :
sam. 5 nov. 2022 19:46
A quand l'intégrale de Richie Furay .. :)
Désolé, je n'en ai aucun!
Modifié en dernier par alcat01 le sam. 5 nov. 2022 20:47, modifié 1 fois.

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Message par nunu » sam. 5 nov. 2022 19:56

Richie Furay qui court toujours :hehe:

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Message par alcat01 » sam. 5 nov. 2022 20:48

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Robin Trower est le véritable nom du groupe, ce qui veut dire, en clair, que "Robin Trower" est un groupe comme "Argent" ou "Alice Cooper"!

Le premier L.P. de Robin Trower, pas extrêmement révolutionnaire, produit par son ancien compère de Procol Harum, l'organiste Matthew Fisher, le présente toujours dans une lumière tout à fait différente de son style habituel de Procol, et il établit une sorte de sous-genre distinct de 'Trower-Rock' qu'il continuera à jouer pendant des années sans aucun développement particulier, pour le meilleur ou pour le pire.
Mais il est clair que cette fois-ci Trower domine tout, et il le fait bien, sans demi-mesure, comme avec "Broken Barricades" de Procol Harum.
Tout comme ses maîtres, Trower est un musicien qui, avant tout, dépasse sa technique de l'instrument, l'oublie même, pour ne se laisser guider que par son esprit. Il porte au bout de ses doigts toute l'émotion, la sensualité intérieure.
Le son de sa guitare est énorme et c'est un peu l'héritage d'Hendrix: l'instrument doit absolument éclipser tout, y compris la section rythmique, et être estimée comme une valeur absolue. Alors Robin utilise la distortion, repose sur des tonnes d'effets d'écho et de tremolo, use de la fuzzbox et de la wah-wah, abuse du vibrato et des solos de staccato. Ce qui en résulte, c'est la Puissance dégagée. Pas les mélodies, juste la Puissance, la Puissance à l'état pur.
Comme chaque premier album, celui-ci semble doux et tout à fait convaincant, il est peut-être 'un peu négligé', mais c'est souvent le cas pour nombre de premier album.

La plupart des morceaux sont excellents, et Trower semble sortir certains as de sa manche comme avec les trois premières chansons, toutes des classiques:
"I Can’t Wait Much Longer" réjouit l'auditeur avec un son rêveur et majestueux; le riff planant de la chanson qui semble venir des profondeurs est l'un des meilleurs de Trower, et il est souvent imité depuis, répétant le même truc avec des variations mineures sur des morceaux comme "Bridge Of Sighs" et d'autres. Comment Robin a-t'il effectivement réussi à se procurer un tel son de guitare fantastique, sans parler de la reproduire en concert, est bien au-delà de toute compréhension.
"Daydream", en revanche, est beaucoup plus doux, avec beaucoup moins de distorsion, mais le même type de son d'ensemble: écrasant, mais en restant dans une crainte profonde. C'est l'aspect 'philosophique' du style de jeu de Trower; jouer des lignes de guitare minimalistes économiques, avec beaucoup de vibratos (en solo) pour produire l'effet majestueux requis. A noter: "Daydream" contient les nuances de Jimi Hendrix dans les solos de guitare et de l'atmosphère musicale.
Enfin, "Hannah" nous ramène à un Trower peut être plus 'bourru', mais cette fois-ci, c'est aussi une sorte de colère bourrue perturbée, ce qui signifie qu'il ne s'agit plus seulement de subjuguer le public mais aussi de dominer la tempête. C'est là que les overdubs et la technique de la rapidité des doigts entrent en jeu: la partie instrumentale de la chanson fait rage, et c'est extrêmement difficile à décrire, car cela ne ressemble pas à du Heavy Metal, ni, par exemple, au jeu de guitare en trio de Lynyrd Skynyrd. C'est un orage musical dans le sens le plus pur du terme, et "Hannah" fait alors penser à une pluie battante.
Après ces trois énormes classiques, Trower ne laisse pas beaucoup de surprises:
Puissants, abrasifs, et avec plus de guitare pyrotechnique...Trower décolle vraiment parfois, comme sur cette reprise d'un vieux Blues, "Rock Me Baby", ou le passage instrumental magnifique de "Sinner’s Song", et parfois il semble plutôt calme et timide, comme sur la jolie ballade "Ballerina", mais il est toujours difficile de se nourrir uniquement de la magie de la guitare, et les mélodies ne sont pas extraordinaires.
En outre, Trower ne se soucie certainement pas de riffs traditionnels: il serait d'ailleurs très difficile de transcrire une composition de Trower, car il n'aime pas répéter la même ligne de guitare à deux reprises. Trower à la guitare, c'est une certaine improvisation en studio en s'appuyant sur un thème mais sans jamais s'y tenir note pour note. Les mélodies sont donc extrêmement difficile à 'déchiffrer', et elles donnent souvent l'impression d'être presque inexistantes: le fait est que très peu des compositions sont mémorables, même si toutes sont acoustiquement impressionnantes.

En tout cas, "Twice Removed From Yesterday" est le premier album de Robin, et il a tous les avantages d'être le premier: Le style est nouveau et frais, l'énergie est imbattable, et personne ne peut encore accuser Robin de s'auto-répéter et James Dewar a une voix proprement incroyable.
En tant que reflet du groupe, cet album reste en deçà par rapport à la production future de Robin Trower. Malgré tout, c'est une étape, une mise en place indispensable, un fondement sur lequel Trower va construire sa musique, une des musiques les plus belles de ces dernières décennies.
Robin démontre une fois de plus, si besoin est, qu'il existe une quatrième dimension dans la façon de jouer de la guitare; pouvoir que détiennent seuls quelques guitaristes 'élus des dieux'.


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Message par lienard » sam. 5 nov. 2022 21:03

alcat01 a écrit :
sam. 5 nov. 2022 19:51
lienard a écrit :
sam. 5 nov. 2022 19:46
A quand l'intégrale de Richie Furay .. :)
Désolé, je n'en ai aucun!
Pas grave, je les ai tous .. ;)

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Message par alcat01 » dim. 6 nov. 2022 10:25

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Après la messe, Wapassou tente de nouveau, en 1977, une autre grande pièce de musique divisée en deux longues pièces par face... Mais quelque chose a changé: l'ensemble est moins redondant, un peu plus commercial, et fortement cohérent.
Dans cet album intitulé "Salammbô", on ne remarque même plus le manque total de percussions. Cela fonctionne bien mieux: toujours une suite en deux parties, mais cette fois beaucoup plus compacte et certainement mieux structurée. Même la division en deux parties semble logique.
Cet opus est inspiré par l’œuvre de Gustave Flaubert. Les climats envoûtants se développent en séquences répétitives d’orgue et de violon. Ce qui confère à la musique une solennité, un symphonisme grave et sombre. C'est clairement un tout plus diversifié que son prédécesseur, ce qui est positif dans ce cas précis. Un album étrange, mélange de sons symphonique, de musique classique et d'ambiance, parfois.
C'est un disque qu'il faut écouter plusieurs fois pour en saisir son essence et toute sa subtilité.

Le style du groupe implique généralement des textures de synthétiseurs et des motifs d'orgue fringants, sur lesquels fonctionnent des couches de violon et un certain badigeonage de guitare hallucinogènes. Les instruments sont pilotés de manière intermittente à travers divers processeurs d'effets, créant essentiellement des paysages sonores trompeusement vastes qui vont quasiment de l'émotion à la beauté frappante.
Le sentiment d'absence de forme n'est exacerbé que par l'absence complète d'une base percussive, et le groupe semble prendre certaines libertés avec le tempo. A la fin cependant, cela ne sert qu'à accroître l'effet faussement amorphe, de flux de conscience que l'album pourrait avoir.

Avec "Salammbô", Wapassou est arrivé à un croisement presque parfait de la musique populaire Française, de la musique électronique, de la grandeur orchestrale et de l'avant-garde. Bref, c'est un album extrêmement novateur, mais, en même temps, profondément magnifique.
Certes, le groupe s'appuie sur des thèmes apparemment inspirés par le folkore, ainsi que des magnifiques mélodies de sonorité conventionnellement classiques, mais c'est dans leur conception subtile d'un effet rêvé et désincarné où réside une grande partie du pouvoir de cet enregistrement.

Le voyage mystique continue donc avec ''Salammbô'', qui repose sur deux suites largement orientées vers l'acoustique, avec des violons et des claviers en avant et quelques voix féminines / masculines éparses (Monique Fizelson et Jean-Pierre Massiera).
Le son se termine par de la musique psyché éthérée avec des liens avec Catharsis évidents et une aura folle plus prononcée grâce à l'utilisation du violon. La musique est sombre et mystérieuse avec de longs effets de claviers, des terribles lignes d'orgues et des notes de violon étendues.
Les deux pièces progressent essentiellement de la même manière, en passant par une variété de thèmes, parfois avec des voix féminines éparses, avant d'arriver à des conclusions particulièrement émouvantes et évocatrices.
Cet album est chaleureusement recommandé aux amateurs Français de Rock progressif, en particulier ceux qui ont le goût du côté plus avant-gardiste du spectre...Juste un chef-d'œuvre, rien de plus, rien de moins!
C'est réellement un très bon album de Wapassou; original pour être du symphonic prog et souvent beau. Comme précédemment indiqué, la musique est une forme symphonique d'Art Rock avec une sensation évidente de bande son.
Tout se passe de la manière la plus charmante, même si le début est plutôt terrible (discours d'Hitler, piano percussif, voix obscure de fausset), le reste peut être très satisfaisant.
A noter les chœurs qui semblent être inspiré par Mike Oldfield au milieu de la première face.



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Message par alcat01 » dim. 6 nov. 2022 10:26

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En 1979, Mahogany Rush poursuit son chemin, d’une façon absolue et d’une régularité impressionnante avec un nouvel album "Tales Of The Unexpected".... Un disque par an, telle semble être la devise de Marino.
À la fin des années 70, Mahogany Rush n'était plus simplement Mahogany Rush, mais Frank Marino & Mahogany Rush, ce qui était approprié étant donné que le leader Marino avait tant fait pour façonner le son du power trio. Non seulement Marino était le chanteur et le guitariste de Mahogany Rush, mais il était également la personne qui a écrit toutes les chansons des albums studio comme Maxoom en 1972, Child of the Novelty en 1974 et Strange Universe en 1975.
Ainsi, lorsque Tales of the Unexpected est sorti en 1979, aucun des admirateurs de Marino ne s'est plaint de voir le nom de Frank Marino & Mahogany Rush sur la pochette. Il s'agit à la fois d'un album live et d'un album studio ; dans sa configuration originale en vinyle, Tales of the Unexpected se composait de quatre enregistrements studio sur la première face et de quatre performances live sur la deuxième face. En 1979, certains fans se demandaient pourquoi le groupe proposait davantage d'enregistrements live après avoir produit un LP live pour Columbia en 1978 ; peut-être était-ce la façon dont Marino répondait aux fans qui se plaignaient que leur album live aurait dû être un ensemble de deux LP au lieu d'un seul.
En tout cas, Tales of the Unexpected a beaucoup d'atouts. Les titres studio, tous solides, vont des reprises psychédéliques agréables de "Norwegian Wood" des Beatles et de "All Along the Watchtower" de Bob Dylan à la funky "Sister Change" et à la chanson-titre instrumentale qui voit le groupe de hard rock / métal s'aventurer en territoire de jazz fusion et indique que Marino a sérieusement étudié Return to Forever de Chick Corea et le Mahavishnu Orchestra de John McLaughlin.
Les morceaux live, quant à eux, comprennent des interprétations audacieuses et inspirées de " Woman ", " Down, Down, Down ", " Door of Illusion " et " Bottom of the Barrel ". Bien qu'il ne soit pas aussi essentiel que Strange Universe, Tales of the Unexpected est une façon respectable pour Marino et ses collègues de dire adieu aux années 70.
Alex Henderson


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Message par alcat01 » dim. 6 nov. 2022 14:54

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"Song Of The Marching Children" de Earth & Fire, paru en 1971, est un concept album avec la longue face d'une chanson épique. Il s'agit de la naissance, de la vie et de la mort.
Au même moment, le groupe voit King Crimson et The Moody Blues et en apprend beaucoup sur le mellotron. Surtout Gerard Koerts qui aime l'instrument et s'en achète un lui-même. Cela change le son de Earth & Fire, et on peut d'abord l'entendre pour la première fois sur le single "Memories" sorti en 1971.
On peut dire que c'est Gerard Koerts qui introduit le mellotron dans le Rock Néerlandais.
"Song of the Marching Children" est de loin l'un de leur meilleurs et le premier véritable chef-d'œuvre classique du groupe.
Il s'agit d'un album de Rock symphonique de classe internationale qui plaît aux fans du King Crimson d'origine ou du "Per Un Amico" de PFM.

Le groupe aime tisser dans et hors de accords majeurs / mineurs et des gammes, de sorte que la musique varie entre les humeurs heureuses et tristes. Le son fait penser parfois au King Crimson du début avec la lourde sonorité orchestrale du mellotron. Earth & Fire possède une chanteuse dont la voix est des plus chaleureuses et charismatiques du prog.
Le groupe sonne comme une version Néerlandaise des Moody Blues emmenée par une chanteuse. Ils ressemblent également à la façon dont Shocking Blue aurait pu sonner s'ils étaient un groupe de Prog Rock car Jerney Kaagman chante un peu comme Mariska Veres.

Certaines de ses paroles sont assez stupides dans une sorte de chemin surréaliste, contre-culturelle, mais sa belle voix la fait vite pardonner ces paroles naïves.
"Song Of The Children Marching" se compose de très bonnes chansons courtes sur la première face et une plus grande épopée sur la seconde.
Tous les morceaux sur la première montre certaines des meilleurs qualités qu'on retrouve dans un Rock progressif plus aventureux, et ils finissent par ressembler à des épopées miniatures.
Le long morceau ressemble à cinq chansons reconstituées.
Dans l'ensemble, la musique de ce groupe a un son symphonique Européen fort, ce qui signifie que le baroque, le classique, et même des influences du cirque se retrouvent tous réunis.
Leurs chansons sont généralement bien structurées, pleines d'idées parfaitement mélodiques originales passant d'un thème à l'autre, pour revenir aux thèmes originaux. Les arrangements sont tout aussi brillants, alliant mellotron avec un orgue heavy, ce qui fournit une toile de fond sombre riche pour leurs explorations mélodiques.

La vraie surprise vient du guitariste, dont le style est assez unique, un joueur mélodique rare chez les guitaristes, qui ne fait pas des solos pour montrer ses compétences, mais pour exprimer une idée mélodique.
Mais la chose la plus étonnante est que Earth and Fire est l'un des rares groupes à gèrer un son prog convaincant, sans jamais perdre cette sensation Pop rafraîchissante qui permet de les écouter si aisément.
Ce disque est riche d'un énorme travail au Mellotron. Difficile à décrire leur musique, mais certains l'ont décrite comme du 'Jefferson Airplane rencontrant King Crimson'.
En fait, "Song of the Marching Children" a eu un Hit Néerlandais, "Storm and Thunder" (édité pour une sortie single).

L'album s'ouvre avec "Carnival of the Animals", qui, sans surprise, baigne plutôt dans une atmosphère de cirque. "C'est tout aussi agréable et douillet que ne le suggère ce titre.
La chanson suivante, "Ebbtide", un morceau atmosphèrique avec de la flûte est assez agréable.
"Storm & Thunder" suivant dans sa version intégrale (la version single qui a atteint le numéro 6 dans les Charts en single omet l'intro à l'orgue, et l''outro' au Mellotron). Le Mellotron fait sa véritable première apparition sur cette chanson. Elle contient une intro somptueuse d'orgue d'église, une flambée de violon au Mellotron et un joli chant de Jerney Kaagman. C'est un classique de Earth and Fire.
"In the Mountains" est un morceau instrumental qui sonne beaucoup comme leur compatriotes de Focus (le travail à la guitare est semblable à ce que Jan Akkerman pourrait faire). Il suffit d'écouter "Focus 3" de 1972, en particulier la chanson "Focus III" pour constater la similitude. Difficile de dire si Earth & Fire a pompé sur Focus ou le contraire, mais "Song of the Marching Children" est sorti un an avant "Focus 3", dont acte.
L'album se termine ensuite avec la longue chanson qui donne son titre à l'album: "Song of the Marching Children". Elle avait été précédemment publiée en tant que morceau de trois minutes sur in single en 1971 en seconde face de "Invitation". Le groupe le ré-enregistre tout simplement et le transforme en une épopée prog de près de 19 minutes avec suites et Mellotron. C'est tout simplement l'une des plus grandes épopées prog de la Hollande.
Le son est très chaud et mélodique, avec beaucoup d'atmosphères changeantes, des accélérations et des breaks surprenants. Ce morceau est bourré de beaux thèmes et mélodies, et le mellotron paraît incroyable.
Un moment, on entend un orgue moelleux, de la guitare acoustique et la voix féerique de Jerney, un autre moment, ce sont des éruptions emphatiques avec un majestueux Mellotron, de forts débordements de l'orgue puissant et un travail à la guitare électrique, surmonté par la voix puissante de Jerney. Et on retrouve encore beaucoup de grandes orgues et un peu de flûte.

Cet album majestueux est essentiel dans n'importe quelle collection de Rock Progressif.


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Message par alcat01 » dim. 6 nov. 2022 15:02

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Cold Chisel est composé de Jim Barnes - chant, de Ian Moss - chant, guitare) de Don Walker - orgue, piano, chœurs, de Steve Prestwich - batterie et de Phil Small - basse.
C'est l'un des groupes de rock australiens qui a connu le plus de succès. Il a écrit certaines des chansons les plus emblématiques de ce pays (" When The War Is Over ", " Bow River" et "Flame Trees", pour n'en citer que quelques-unes). "Cold Chisel", leur premier album éponyme, est l'une de leurs réalisations les plus discrètes: ce n'est pas une œuvre médiocre, mais on en parle rarement en comparaison avec "East" et "Circus Animals".
C'est un album qui devrait être davantage reconnu: plusieurs chansons sont d'une poésie touchante sur la pression et le désespoir de la routine quotidienne de la vie professionnelle ("Home and Broken Hearted", "One Long Day" et "Northbound"). Il y a aussi le triste et bluesy "Just How Many Times", dans lequel le travail de guitare de Ian Moss, exceptionnel et sous-estimé, atteint un point culminant avec son solo serpentin, et bien sûr, le classique du Pub Rock Australien "Khe Sanh", élu meilleure chanson australienne de tous les temps en 2006.

Il est difficile de proposer une chanson qui combine la musique et le chant d'une manière aussi compatible que "Khe Sanh". Jimmy Barnes a une voix poétique et douce, accompagnée d'instruments de style pub rock. La chanson est un classique dès l'arpège de piano d'ouverture, et chaque ligne est un classique australien.

"One Long Day", avec son intro jazzy et sournoise, parle de la cohue du travail à la bourse (Panique générale sur la place du marché / le patron s'est retrouvé pendu au bureau, ne supportant pas le rythme). Il se fond dans le désespoir général et tranquille d'un travail quotidien implacable et étouffant.
Les seuls échecs sont les titres "Rosaline" et "Daskarzine", ennuyeux et faciles à écouter, qui marmonnent avec des paroles clichées qui sont faibles par rapport aux efforts habituels de Chisel. Le titre d'ouverture "Juliet", bien qu'il ne soit pas mauvais, est à prendre ou à laisser.

Cold Chisel vaut vraiment la peine d'être acheté, même pour Khe Sanh. Just How Many Times, Home and Broken Hearted et One Long Day sont des chansons fortes, avec des textes puissants et personnels et une musique blues australienne classique.
lz41


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Message par alcat01 » dim. 6 nov. 2022 17:54

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Peut-être que l'album le plus célèbre de Robin Trower s'appelle "Bridge of Sighs", paru en 1974 car chacune des chansons est devenue un classique.
Le jeu de guitare de Trower y est lyrique et flamboyant, enivrant, parfois 'reptilien', faisant preuve d'une grande maîtrise et débordant littéralement de feeling. Sa Stratocaster, enrichie de Wah-Wah, d'Univibe débordante, de Phasing, de chaudes Overdrive, donne un son 'chaud-bouillant' particulièrement organique. En grand maître de tous ces effets, Robin est d'ailleurs considéré comme un continuateur de l'oeuvre d'Hendrix, mais jamais comme l'un de ses imitateurs.
Quant à James Dewar le bassiste, sa voix apporte encore plus de chaleur et de profondeur aux chansons et son entente avec Reg Isidore, le batteur, est pratiquement parfaite.
En écoutant "Bridge of Sighs”, on sait comment une guitare doit sonner. Celle de Trower gronde littéralement à travers les paysages sonores surréalistes fixés par les textures ambiantes.

"Day of the Eagle" ouvre l'album au rythme d'un train fou, sur un riff funky très accrocheur, ce qui avait été rarement entendu à l'époque, puis le morceau tombe dans une certaine fausse léthargie sur laquelle Trower exhibe la magie de sa six cordes.
Cette vibration se poursuit jusque dans le Blues lent de la chanson-titre et le brumeux "In This Place", chansons où Trower fait compter chaque note, où la voix de Dewar est émotionnelle et envoûtante et où Isidore joue avec puissance et précision.
“Bridge of Sighs” a été écrit à propos ​​du Pont des Soupirs de Venise: la douleur des criminels prisonniers attendant et marchant sur ​​le pont avant d'être incarcérés pour la vie et voir le monde extérieur pour la dernière fois est quasiment palpable... Trower y joue de façon jazzy mais jamais trop vite.
"The Fool and Me" est un Rock puissant avec une superbe section rythmique où Trower joue avec beaucoup de hargne et de fureur alors que "Too Rolling Stoned" possède des riffs très funky.
Cependant, cet album brille vraiment quand le groupe joue plus doucement. "About to Begin”, très incisif, est un changement de rythme parfait par rapport aux morceaux Rock. La chanson comporte un rythme lent où le jeu est posé tout du long, des tons doux de Trower et la voix chargée d'émotion de James Dewar.
"Lady Love" est un excellent Rock mélodique où la voix de Dewar brille.
"In This Place" offre également plus d'espace pour s'exprimer à Dewar ainsi qu'un changement efficace du rythme.
Le frénétique "A Little Bit of Sympathy" clôture efficacement l'album.

En conclusion, avec "Bridge of Sighs”, Robin Trower réussit, mais il ne l'a pas fait seul. Sans Dewar ou Isidore, cela aurait été une autre paire de manche. Sur la plupart des chansons où Trower est le point fort comme "The Fool in Me", la section rythmique brille vraiment de mille feux.
C'est un album 'atmosphérique' dans le sens le plus large du terme. Toute la musique est basée là-dessus. Des notes étirée en arc en ciel projetées dans l'infini céleste, des sonorités rageuses, âpres, que Trower arrache à sa guitare.
Le style de Robin est unique, inimitable, parce que trop viscéral, trop profondément ressenti, ça exclut toute copie d'avance.
Jim Dewar de son côté progresse énormément, aussi bien au niveau technique vocale, que feeling. Il est vraiment devenu la voix de Robin Trower.

"Bridge of Sighs" est tout simplement et en toute logique, un chef d'oeuvre unanimement reconnu: double disque d'Or en 74.


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