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Message par alcat01 » jeu. 27 avr. 2023 09:16

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1976 : Inget Nytt Under Solen
Apparemment, Kaipa est arrivé assez tard dans le monde du prog, mais cela ne les a pas empêchés d'avoir du succès en Suède. Au cours du printemps 76, ils ont lancé une grande tournée de concerts pour promouvoir leur premier album, qui a étonnamment dépassé la barre des 10 000 copies vendues. Ils ont également présenté au public deux nouvelles chansons écrites pour un second album, tandis qu'Ingemar Bergman utilisait des costumes sur scène, rendant les comparaisons avec GENESIS encore plus évidentes.À la fin du mois de juin 76, Kaipa est retourné aux studios Marcus Music à Stockholm et a enregistré ''Inget nytt under solen'', leur deuxième effort, à travers un programme de 10 jours.L'album a finalement été publié au cours de l'automne de la même année.

''Inget nytt under solen'' contient l'une des meilleures épopées prog jamais écrites par un groupe scandinave, ''Skenet bedrar'', qui dure presque 22 minutes, peut-être la réponse suédoise à ''Supper's ready'' de GENESIS, un point culminant du répertoire de Kaipa et un morceau symphonique d'une beauté inouïe. Le toucher de la guitare de Stolt est incomparable, profondément émotionnel et extrêmement mélodique, se mêlant à une excellente section rythmique, à un chant suédois dramatique et aux parties de clavier majestueuses de Lundin, très influencées par le classicisme, avec des envolées de synthétiseurs moog, un orgue rêveur, des passages de Mellotron obsédants et des lignes de piano délicates. GENESIS, CAMEL et FOCUS restent les plus grandes influences du groupe, bien qu'une certaine saveur scandinave soit évidente à travers le chant et quelques textures folkloriques. La musique virtuose mais aussi mélodieuse avec des tendances symphoniques, de beaux jeux et des climats uniques déploient une atmosphère de conte de fées de rock progressif lisse avec presque aucun défaut... sauf peut-être les fortes vibrations de GENESIS.

N'ayant pas rencontré de succès international et ayant réalisé que les paroles suédoises étaient difficiles à avaler pour le public mondial, Kaipa a commencé un bref passage avec le chanteur Lars Hoflund, qui avait une belle voix sans accent. Les paroles ont été traduites par l'étudiant américain Kevin Fickling et ainsi quatre titres ont été enregistrés dans leurs versions anglaises. Ces morceaux ainsi qu'une performance live de ''Skenet bedrar'' sont disponibles dans la réédition CD de Musea Records. Le succès n'a cependant jamais frappé à la porte du groupe, puisque ces morceaux ont été envoyés en Angleterre, bientôt rejetés par le département britannique d'Electra, qui n'a jamais cru que le groupe pouvait avoir du succès.
Un rock symphonique suédois magistral avec des solos de guitare incroyables et des claviers éthérés de la plus grande qualité. Peut-être trop influencé par GENESIS, mais encore une fois, si cet album avait été produit par GENESIS, nous parlerions d'un chef-d'œuvre.
apps79


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Message par alcat01 » jeu. 27 avr. 2023 09:18

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Kingdom Of Desire (1992)
La tournée qui avait suivi la sortie de « The Seventh One » avait été si épuisante qu’il semblait nécessaire, au retour, de débrancher un peu la machine TOTO. Joseph Williams, en menant une vie si dissolue qu’il se montrait bien souvent incapable de chanter sur scène, avait tapé sur les nerfs de ses partenaires, mais le divorce ne s’était pas fait d’une manière aussi claire que les évictions de Bobby Kimball et Fergie Frederiksen en leur temps.

Lorsque le groupe se mit au travail sur sa compilation « Past To Present », il semblait toutefois clair pour tout le monde que « Jo » ne serait pas de la partie. Kimball fut un temps rappelé pour enregistrer un inédit (le très bon « Goin’ Home » qu’on découvrira huit ans plus tard sur « Toto XX »), mais les responsables de Columbia avait une autre idée en tête. On imposa au groupe l’extravagant Jean-Michel Byron, Sud-Africain aux airs de Milli Vanilli qui semblait autant fait pour chanter dans Toto qu’un éléphant semble fait pour tenir un magasin de porcelaine. L’inconduite de Joseph Williams n’était finalement peut-être pas si pénible, c’est en tout cas ce que semblera penser par la suite Steve Lukather, qui n’en revient toujours pas d’avoir eu à jouer avec un énergumène comme Byron, sur une tournée peut-être plus catastrophique encore que la précédente.

Lorsqu’il fut question d’enregistrer un huitième album studio, il fut finalement décidé de se débrouiller avec Steve Lukather comme unique chanteur. Le guitariste avait sorti en 1989 un album solo qui prouvait si besoin était qu’il était bien capable d’assurer pleinement ce rôle, mais il avait confirmé autre chose sur ce fameux « Lukather » : que ses goûts le portaient bel et bien vers un univers plus dur que ce qu’il faisait habituellement avec Toto.

Résumer « Kingdom Of Desire » à une orientation hard rock serait toutefois une erreur, mais il y a bel et bien des élans qui vont dans ce sens, et on le constate dès le premier titre « Gypsy Train », sur lequel Toto n’avait encore jamais sonné aussi âprement. Ce tempérament, on le retrouve sur « Never Enough » et certains passages de « How Many Times », qui combine des riffs bien lourds à des ruptures qui lorgnent sans se cacher sur les BEATLES (le refrain est très beau, mais assez peu en accord avec le reste), mais la facette hard rock est finalement presque anecdotique sur l’album, et ne va tout de même pas très loin dans la rugosité.

Bizarrerie dans le répertoire de Toto, « She Knows The Devil » donne plus dans une sorte de hard fusion avec une rythmique funk et un chant un poil rugueux. On retrouve du reste ce penchant pour les rythmes funk sur « Kick Down The Walls », qui ne restera pas durablement dans les mémoires.

Comme une trace du passage de Toto au festival de Montreux en 1991, l’instrumental jazzy « Jake To The Bones » sonne moins comme une innovation, on se souvenait notamment de « Don’t Stop Me Now » sur « Fahrenheit » avec Miles Davis en invité, et je dois reconnaître qu’écouter le groupe maîtriser son sujet à ce point n’est jamais un supplice pour moi. Le concert en Suisse avait par ailleurs révélé un titre très rock qui, on peut le regretter, ne sera pas retenu pour ce disque : « On The Run ».

Mais il y a aussi sur « Kingdom Of Desire » de quoi satisfaire ceux qui ont toujours été attachés à la musique du groupe jusqu’à « The Seventh One ». Changement d’époque oblige, les atmosphères sont souvent plus sombres, mais des titres comme les très beaux « Don’t Chain My Heart » et « Wings Of Time » sonnent bel et bien comme le Toto des beaux jours. C’est aussi le cas sur les ballades « 2 Hearts », « The Other Side » et « Only You », mais dans une déclinaison plus fade, mélodiquement.

La meilleure surprise est toutefois réservée pour la fin, avec le morceau titre : signé par Danny Kortchmar, « Kingdom Of Desire » est certes nettement plus sombre que ce que Toto avait pu faire dans les années 70 et 80, mais qui pourrait rejeter une chanson présentant de telles qualités mélodiques ? Morceau de plus de sept minutes tout en progression, partant d’une introduction et d’un couplet aériens, qui peu à peu prend corps et puissance vers un refrain assez cathartique. De la belle ouvrage, indéniablement. Et de quoi finalement faire pencher la balance du bon côté.

Oui, ce « Kingdom Of Desire » est un bon album, pas un grand album pour autant, mais l’événement tragique qui accompagna sa sortie, avec la mort prématurée de Jeff Porcaro (38 ans), lui donne certainement une place particulière dans la discographie de Toto. Dernier album sur lequel le batteur unanimement reconnu comme génial, au sens premier du terme, une fois n’est pas coutume. Sa disparition achevait de fermer le chapitre qui avait vu Toto devenir l’un des plus grands groupes au monde.
Pichon


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Message par alcat01 » jeu. 27 avr. 2023 10:03

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Beckett
L'album, paru en 1974, est très bon pour la période où il a été publié, un Prog Heavy avec de bons moments, de superbes parties de guitare, un bon son d'ensemble ainsi que de bons arrangements vocaux deu chanteur Terry Wilson Slesser.

On peut dire que "Beckett" est tout simplement l'un des grands albums de Progressive Rock perdus des années 1970. L'album est peut-être connu en plus de sa musique dans certains cercles car il est produit par Roger Chapman et il y a également un excellent violoniste invité en la personne de Wilf Gibson de ELO.
C'est un superbe opus comportant quelques jolies pépites Heavy comme "A Rainbow's Gold" et son côté Zeppelinien, qui fera l’objet, plus tard, d’une reprise par Iron Maiden pour ses B’Sides. Il est bien plaisant et il tombe rarement dans la grandiloquence. Chaque piste est un vrai bijou. Ces gars-là n'ont fait qu'un seul album... Mais quel opus c'était.

L'album est introduit avec "Once Upon A Time... The End", une belle ouverture...
Suit "Rolling Thunder" qui est un fantastique Prog Hard Rock qui en même temps rappelle Led Zeppelin, et un peu Free, mais tout cela soutenu par des bases parfaitement psychédéliques, les climats se chevauchant avec des couches de guitares. Des vagues progressives et un groupe soudé qui travaille ensemble. Les arrangements de cordes à différents moments sont un point positif pour le groupe et c'est vraiment intéressant de voir comment Beckett a su créer un aussi bon son. Ce morceau est tout simplement incroyable.
Ensuite, "Rainclouds" arrive dans une ambiance bucolique, piano et orchestre essentiellement très beau. Dans la foulée, le groupe se lance dans le ton avec une couche de swing et beaucoup d'orchestre. La lead guitare intervient ensuite et c'est vraiment très bon dans la continuité.
La ballade "Life's Shadow" est une de ces chansons qui ne déparaillerait pas sur un disque d'Electric Light Orchestra. Et encore une fois, un grand orchestre crée la différence. Alors qu'en arrière plan les voix s'accumulent, une chanson, 'presque Blues' dans l'esprit, pleine d'émotion prend naissance petit à petit. La dernière partie pleine d'orchestrations balaye tout le reste.
Le morceau "New Dawn Chorus" est attaché à la piste précédente, c'est un beau passage avec piano, beaucoup de vocaux et un excellent travail de guitare.
"A Rainbow's Gold" ressemble un peu à un Rock de Led Zeppelin, la différence est qu'ici nous avons beaucoup de vocaux avec des choeurs et une guitare merveilleusement jouée mais très différemment de Jimmy Page. À divers moments, surtout particuliérement dans le refrain, cela rappelle aussi Nektar.
Le thème lent de "Don't Tell Me I Wasn't Listening" ressemble quelque peu à du Free ("Mr. Big"), plein de Soul, de claviers et de guitares très intéressants, le tout dans une ambiance Country avec de bons moments vocaux et une basse très présente. Le solo final avec les claviers imposants et le rythme rempli de grooves est fortement recommandé.
"Green Grass Green" est un morceau rapide avec un très bon jeu de guitare et une excellente ligne de basse. Le morceau ralentit avant de repartir de plus belle comme Free savait si bien le faire. La dernière partie est en tout point sensationnel avec l'appoint de l'orchestre.
Il ont inclus leur single "My Lady", paru un peu plus tôt, qui est une ballade midtempo, où la batterie ponctue lourdement le rythme.
La clôture du disque se fait avec style, le morceau "True Life Story" faisant directement référence à la deuxième piste. En effet, le groupe investit dans le même bon thème mais y travaille beaucoup, en le transformant et en le façonnant comme une nouvelle chanson, encore une fois la contribution des violons est essentielle pour la chanson, une autre bonne option pour les gars ce sont les effets vocaux, puis la guitare qui brille un instant avant que le thème principal ne revienne triomphalement avec sa vocalisation à la Robert Plant.
Ces gars-là n'ont jamais obtenu les ventes qu'ils auraient grandement mérité, mais ils obtiendront un peu de reconnaissance tardive, en raison de l'excellente reprise de "A Rainbow's Gold" par Iron Maiden par en tant que face B.


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Message par alcat01 » jeu. 27 avr. 2023 13:05

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Povl Dissing & Burnin Red Ivanhoe – 6 Elefantskovcikadeviser - 1971
6 Elefantskovcikadeviser est le quatrième album studio du groupe danois de jazz/rock progressif Burnin' Red Ivanhoe. Il s'agit plutôt d'une collaboration entre Burnin' Red Ivanhoe et le chanteur folk danois Povl Dissing. Povl Dissing était et est toujours l'un des musiciens les plus prolifiques de la scène musicale danoise. Demandez à n'importe quel Danois et il vous dira qui est Povl Dissing. Son œuvre la plus célèbre s'intitule Svantes Viser et il s'agit d'un album qu'il a réalisé en collaboration avec le poète et auteur danois prolifique Benny Andersen.

L'approche jazz/rock progressif habituelle de Burnin' Red Ivanhoe a été laissée en arrière-plan sur 6 Elefantskovcikadeviser, qui est essentiellement un album de folk rock avec des paroles chantées en danois. Burnin' Red Ivanhoe est connu pour ses sections instrumentales élaborées, mais sur cet album, l'instrumentation est un peu plus dépouillée.

L'album est composé de neuf pistes, mais il n'y a que six vraies chansons sur l'album car Introduction sigvaldi, Kometen v sigvaldi et Introduction til Medardus ne sont en fait que des discussions en direct. Wallifanten est la première vraie chanson et elle est géniale. C'est l'une des meilleures chansons de l'album. C'est aussi la première chanson où l'on découvre la voix caractéristique de Povl Dissing. Narrevise est la chanson suivante. Encore une fois, c'est un excellent morceau folklorique, mais c'est la chanson suivante, Snehvidekys (Snowwhite Kiss), qui remporte la palme de la meilleure chanson de l'album à mes yeux. C'est une très belle chanson d'amour, chantée avec émotion, qui me touche vraiment. Ta fri ta fri est une autre grande chanson folk rock bluesy et on peut en dire autant de Et Samfund qui est la seule chanson de l'album où Povl Dissing ne chante pas. Ole Fick assure le chant sur cette chanson, comme il le fait habituellement sur les albums de Burnin' Red Ivanhoe. Tingel-Tangelmanden est un remaniement du morceau original du premier album, avec de nombreux solos pendant les 10:27 minutes et un excellent chant de Povl Dissing. C'est probablement la chanson qui plaira le plus aux fans des trois premiers albums classiques du groupe (M144, Burnin' Red Ivanhoe et W.W.W.).

La musicalité est comme toujours excellente, même si cette musique est beaucoup plus basique que le jeu plus exigeant des trois premiers albums du groupe. Povl Dissing sera un goût acquis, tout d'abord parce qu'il chante en danois mais aussi à cause de son style vocal distinct qui fera probablement fuir certaines personnes (il est très célèbre au Danemark à cause de son style vocal et de ses paroles poétiques). Malgré les informations sur le lineup ici sur PA, les notes de pochette de l'album original disent que c'est le même lineup qui a enregistré W.W.W. qui a aussi enregistré cet album avec l'ajout de Povl Dissing sur ce dernier.
La production est excellente. Il n'y a rien à redire.
UMUR


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Message par alcat01 » jeu. 27 avr. 2023 14:53

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1981 Diary Of A Madman
La tâche est toujours rude lorsque vous devez confirmer tout le bien que votre opus a laissé précédemment… En quittant le Sabbath Noir, Ozzy a ouvert un page incroyable du Heavy Metal et a proposé l’apparition sur le devant de la scène de l'époque, d'un jeune guitariste, ultra talentueux...

"Diary Of A Madman" a cette délicate tâche de devoir succéder à "Blizzard Of Ozz" dès l'année suivante...
Le duo Osbourne-Rhoads est heureusement toujours de la partie (même si le reste du "groupe" a été remplacé entre temps… mais en fait pas du tout… comme je suis bien intentionné, je vais donc vous épargner la sordide et pathétique histoire dans le corps de la chronique en vous invitant à scroller vers le bas...) et applique une recette parfois jugée dangereuse du "il faut battre le fer tant qu'il est encore chaud"… C'est donc en novembre 1981 que déboule la suite de "Blizzard Of Oz"… sorti en mars de la même année aux États-Unis (mais en septembre 1980 en Angleterre) ! Comme le veut la tradition naissante, cet opus est doté d'un artwork d'une laideur sans nom (inutile de vous dire qu'un Ozzy grimé de la sorte fait plus que kitsch, sans compter la présence de son fils Louis au second plan !).

"Over The Mountain" qui ouvre cette galette est le genre de morceau efficace, qui satisfait un paquet de fans. Si durant de nombreuses années, j'ai toujours eu beaucoup de mal avec ce riff principal et ces couplets (heureusement que le chorus sauve le tout !), force est de constater que le temps a fait son œuvre et il est évident qu'il faut reconnaître la qualité de la construction de l'ensemble... Tout comme avec "Flying High Again" (référence à la défonce, occupation majeure d'Ozzy à cette période et pour un bout de temps…). À ce sujet, c'est toutefois clairement le titre éponyme qui se pose en référence du genre : on touche au divin avec cette montée en puissance, cette ambiance de folie portée par cette guitare. Randy laisse une fois encore éclater tout son talent et sa qualité d'interprète.
Mais il ne suffit pas d'enfoncer des portes ouvertes pour convaincre avec une performance ponctuelle. Rhoads de la première piste à la dernière délivre une partition grandiose pour un si jeune musicien. Son jeu simple, technique, agressif (nous sommes en 1981 !) d'unique guitariste offre une signature indéniable à chaque titre d'Ozzy. Ce dernier utilise à merveille le travail de son protégé, en plaçant sa voix si caractéristique avec force et application. Sans débordement, mélodieux et volontaire, Osbourne offre une palette intéressante : tantôt haut perché et déclamant ("Over The Mountain", "Flying High Again"), tantôt suave et mélodieux ("Tonight", "Diary Of A Madman", "You Can't Kill Rock & Roll").
Quelques influences avec du recul sur ce deuxième album du Madman ? Cette guitare sur "Little Dolls" qui riffe comme si Eddie Van Halen était un guest ? Suis-je le seul à y entendre cette influence dans le jeu de Randy ? On peut également noter une influence plus subtile avec la ballade "Tonight" qui semble découler d'un Elton JOHN… Et "S.A.T.O." ? Nous irons chercher du côté des terres natales d'Ozzy pour y dénicher une référence latente à mon sens.
Sur cette production du Madman, je suis friand d'un "You Can't Kill Rock And Roll" à la construction progressive aussi sublime qu'envoûtante : comme ne pas succomber au pré-chorus montant en puissance ? Première véritable claque ! Votre joue est à peine remise que l'autre en ramasse une plus cinglante : "Believer" vient de vous ravager la face comme il se doit... Mais QUELS PUTAINS DE RIFFS, guitare et basse ronronnante inclues (et que Wylde bonifiera encore davantage quand il le reprendra en main...). MONUMENTAL tout simplement ! C'est mon titre fétiche de ce "Diary Of A Madman" (je ne peux cesser de voir Trujillo bien plus tard marquer le rythme sur scène comme un gorille headbanguant… Quelle puissance !). Ce morceau est entêtant et presque mystique. Je n'arrive pas à l'expliquer après tant d'années ! Randy ne fait que confirmer tout le génie éclatant aux oreilles de tous une année plus tôt… Ses soli sont mis en avant ("Flying High Again", "You Can't Kill Rock & Roll", "Tonight", "S.A.T.O.").
Vous l'aurez donc compris : ce "Journal d'un cinglé" est un excellent album qui se conclut avec une ballade de toute beauté ("Tonight"), un morceau au solo rageur ("S.A.T.O") et un titre culte : le titre éponyme à la construction alambiquée et terriblement inquiétante. Ce dernier pourrait mériter à lui seul un décryptage point par point que je préfère remplacer par une invitation à l'écoute. Ce morceau, sorte de valse des ténèbres, ne pourra que vous inviter à vous prendre pour un chef d'orchestre battant la mesure en caressant l'air sur les temps.
Malheureusement, ce destin magique sera brisé net par le décès tragique de notre guitar hero dans un accident d'avion, nous laissant ravagés par sa perte... Mais sûrement pas autant qu'OZZY qui va avoir beaucoup de mal à remonter la pente psychologiquement…
R.I.P Randy Rhoads…

N.B. : pour le ragot donc, l'enregistrement de "Diary Of A Madman" va voir peu de temps après l'enregistrement de l'album, le départ de Lee Kerslake et Bob Daisley. Sanction directe d'Ozzy (et sans doute d'une Sharon qui commence à étendre son règne) : ils ne seront donc finalement pas crédités sur l'album pour leurs prestations respectives ! À leurs places figureront ceux de leurs remplaçants immédiats, à savoir Rudy Sarzo (basse) et Tommy Aldridge (batterie), qui n'ont absolument rien enregistré sur l'album (et auront le bon goût de le reconnaître).
Nos deux excommuniés attaqueront Ozzy pour non-respect des droits d'auteur de la part du management d'Ozzy. Mais l'affaire n'en restera pas là dans ce concours de petites… car Ozzy se vengera de ses deux anciens partenaires en 2002 en faisant entièrement réenregistrer les pistes de Daisley et Kerslake par Robert Trujillo et Mike Bordin, sa dream team de l'époque ! Honteuse et pathétique erreur sera réparée en 2011 avec la réédition des deux premiers albums d'Ozzy dans leur version originelle… Business is business...
FENRYL


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Message par alcat01 » jeu. 27 avr. 2023 16:49

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1997 Shadowlife
Tentons de revenir aujourd'hui sur un échec cuisant : celui du sixième opus réalisé par le line-up classique de DOKKEN, le second depuis la reformation de '94. Comme cela a toujours été le cas, c'est Don Dokken qui est en contact avec les responsables des labels et qui fait le boulot de VRP pour sa musique. Si en 1990 il s'était vu refuser de sortir "Up From The Ashes" sous ce nom (un petit Don devant et ça fait la blague, c'est d'ailleurs sous le nom de Don DOKKEN que "Breakin' The Chains" était sorti en '81), quatre plus tard c'est une autre histoire : il sort un album éponyme sur un label japonais ("Dokken") qui deviendra "Dysfunctional" une fois remanié et complété. Si George Lynch semble accueillir positivement la réunion, il va rapidement refaire des siennes, et au sortir de la tournée "Dysfunctional", l'équilibre de DOKKEN est à nouveau compromis. Il faut dire que le tumultueux guitariste n'a rejoint ses comparses qu'à la dernière minute, pour accréditer la reformation du line-up classique pour le label, son implication dans "Dysfunctional" se révélant quasi nulle.

Dans une tentative de contenter son génie de guitariste, DOKKEN lui laisse ainsi l'intégralité du processus créatif du futur "Shadowlife". Et là c'est le drame. Déjà George est un musicien en perpétuelle mutation, et les années 90 qui semblaient avoir marqué durablement les musiciens sont plus que jamais à l'ordre du jour. Le son change encore davantage, George se prenant tantôt pour Kim Thayil tantôt pour Jerry Cantrell, allant même parfois jusqu'à s'approcher au plus près de SOUNDGARDEN ("Until I Know") ou ALICE IN CHAINS, en particulier sur l'un des rares titres réussis : "Convenience Store Messiah". On ne peut pas dire qu'il s'agisse là des pires références de la décennie, mais de la part d'un prodige comme George Lynch, sans doute l'un si ce n'est le guitariste le plus doué de la décennie précédente, ça fait bizarre.

Peut-on parler d'opportunisme pour autant ? C'est assez difficile à savoir ; le précédent DOKKEN s'est tout de même écoulé à pas moins de quatre cent mille exemplaires, et même si les temps sont durs, la formation américaine a mine de rien encore des choses à raconter y compris en modernisant son discours. Et d'ailleurs, George Lynch, qui multipliera les projets dans les années suivantes, réutilisera ce genre d'approche dans la composition quand il joindra ses forces à celles de dUg Pinnick et Ray Luzier au sein de KXM. Une interview du guitariste est tristement restée célèbre, dans laquelle il disait avoir voulu détruire DOKKEN avec cet album et qu'il avait réussi son coup. Si les conflits étaient réels entre ses deux têtes de gondole, il y avait aussi une chose que les quatre partageaient c'est le sens de l'humour. Mais il faut reconnaître que les conséquences seront dramatiques pour l'ex star des années 80. DOKKEN aura tout perdu sur ce disque, jusqu'à son logo, et Don lui-même ne se gêne pas pour qualifier cet album d'étron, lui qui avait interdiction de venir en studio ou en répétition sur injonction de George et qui ne pouvait toucher à absolument aucun aspect de la composition, se laissant du coup aller à je-m'en-foutisme radical qui s'entend clairement.

Que pouvons-nous sauver sur "Shadowlife" ? Pas grand-chose hélas, les bonnes idées étant soit trop isolées, soit visiblement ébauchées ("Until I Know" ou "Shadowlife" en sont les exemples les plus flagrants). L'acoustique semble être un ultime point de salut, comme "Bitter Regret" tend à le mettre en avant, poursuivant l'expérience du "One Live Night" et l'un des rares morceaux où l'on sent Don un tant soit peu concerné, tant ses lignes vocales manquent d'inspiration et de conviction ; il laisse même le micro à Jeff Pilson sur "Here I Stand", pour un résultat pas forcément meilleur, même si l'on comprend qu'une partie de la force des chœurs de DOKKEN (ici totalement absents vous aurez deviné) vient du bassiste blond qui poursuivra l'aventure malgré tout, s'accordant avec Don et Mick pour virer George Lynch après cette désastreuse aventure, cette fois-ci non seulement humaine, mais artistique.
JEFF KANJI


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Message par alcat01 » jeu. 27 avr. 2023 18:51

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The Deep End Volume 1
En août 2000, Allen Woody, bassiste fondateur de Gov’t Mule, ex membre de l’Allman Brothers Band décède d’une overdose. Warren Haynes et Matt Abts, hésitent : doivent-ils dissoudre le groupe ou bien continuer ?
Ils décident de continuer, mais, surtout, ils souhaitent rendre hommage à leur ami disparu. Ils concoctent le projet The Deep End et demandent à vingt-cinq bassistes de jouer « à la place de » des titres du groupe.
La liste est prestigieuse, elle comporte les bassistes préférés du défunt. Si certains noms semblent évidents comme Jack Bruce de CREAM, Mike Gordon de PHISH, Chris Wood de M.M.W., Jack Casady de HOT TUNA, Dave Schools de Widespread Panic ou encore Phil Lesh du GRATEFUL DEAD, on est surpris de voir que Allen Woody aimait des musiciens venus d’horizons complètement différents comme Larry Graham de Sly and the Family Stone, Flea des Red Hot Chili Peppers, John Entwistle des WHO, Bootsy Collins de Funkadelic, George Porter des Meters, Roger Glover de DEEP PURPLE, Tony Levin de KING CRIMSON ou Alphonson Johnson de Wheather Report et Chris Squire de YES.

Sont donc réunis sur les deux CDs, The Deep End Volume 1 et The Deep End Volume 2, un nombre impressionnant de bassistes aux styles et aux horizons différents, mais unis pour rendre hommage à l’un des leurs.
Outre les deux musiciens de la Mule et les bassistes, on retrouve bien entendu les amis Gregg Allman, Derek Trucks, Randall Bramlett, Johnny Neel.
Le risque, avec des musiciens qui changent sur chaque titre, se situe au niveau de la cohésion de l’ensemble mais cet aspect est plutôt bien géré par Matt et Warren.
Sur The Deep End Volume 1, Jack Bruce ouvre le feu avec « Fool’s Moon », et bien sûr c’est au top, Gov’t Mule par sa formule en power-trio a toujours revendiqué l’héritage de CREAM.
Moins évident, mais excellent, le morceau « Life On the Outside » avec le son funky de Larry Graham et cette voie sera explorée par Warren Haynes dans sa carrière solo avec l’album Man in Motion. « Down And Out in NYC » de James BROWN est un peu long contrairement à « Effigy » de Creedence Clearwater Revival où Warren éblouissant transforme le morceau en une superbe jam.
Plus complexe, la reprise d’un morceau de DEEP PURPLE « Maybe I’m A Leo » avec Roger Glover et Randall Bramlett à l’orgue, mais Warren impose son style de guitare haut la main avec un Matt Abts superbe à la batterie.
Ensuite, c’est du très lourd, John Entwistle l’énigmatique WHO, envoie la sauce sur un inédit de la Mule « Same Price », mais la version de « Soulshine » avec Wille Weeks et malgré la présence de Chuck Leavell est un peu faiblarde comme « ScoMule » qui suit.
Ambiance Allman Brothers avec une superbe version de « Worried Down With The Blues” avec Derek Trucks à la slide, Gregg Allman et Oteil Burbridge. Que du bonheur. « Beautiful Broken anticipe la Mule du futur avec Danny Louis aux claviers.
Bootsy Collins a du mal à s’approprier « Tear Me Down » et on retrouve Allen Woody pour un superbe « Sin's A Good Man's Brother » qui termine brillamment.
BAYOU


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Message par alcat01 » ven. 28 avr. 2023 09:24

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1978 : Solo
C'est le dernier album de Kaipa Mark I. Notre cher ami Roine quittera le groupe après cette sortie et entamera sa carrière solo ("Fantasia") en 79.
Rétrospectivement, quand on écoute cet album, l'influence sur le travail de TFK est énorme ici. La guitare est identique, les superbes touches sont également présentes. Seule la voix de Roine manque.

C'est un album très mélodique qui comporte de nombreux moments forts, dont "Den Skrattande Grevinnan" et "Flytet" font partie des meilleurs.
Le nouveau chanteur est également plus supportable, même s'il n'est pas vraiment génial. Mais qu'importe ! Cet album est principalement instrumental et ces parties sont très bonnes. Bien sûr, ceux qui s'attendaient à une autre épopée comme "Skenet Bedrar" ont été déçus, car cet album contient surtout des morceaux courts.
Une seule erreur : l'instrumental (étonnamment) "Frog Funk". Il aurait pu être facilement évité. Par contre, l'une des chansons les plus vibrantes est "Visan I Sommaren" avec une excellente partie vocale ! Ce qui n'est pas vraiment en accord avec le reste de l'album.
Pour revenir à une expérience plus formatée, "Taijgan" nous ramène à la belle guitare de Roine. Il faut reconnaître que ce type est extrêmement doué (même à ce stade précoce de sa vie).
Mon morceau préféré est le magnifique "En Igelkotts Död". Un instrumental fabuleux et émouvant. Entièrement orienté "Genesis", c'est sûr ("After The Ordeal"), mais tellement poignant (mais certains pourraient dire que c'est du plagiat.). Je l'aime beaucoup.
Cet album contient de véritables perles, et c'est un plaisir d'écouter le superbe "Total Förvirring" durant lequel Roine brille à nouveau de mille feux. Un autre point fort de cet album, même si Mats Löfgren n'est pas convaincant (mais j'ai déjà écrit ce que je pensais de lui).
La chanson de clôture de l'album original est également un moment mémorable. Fortement orientée "Yes" (même si la première partie me rappelle plutôt "Broadway Melody of 1974" de qui vous savez), elle véhicule beaucoup de guitare passionnée et croyez-moi, le rôle de Roine sur cet album est énorme.

On verra (et surtout on entendra) à quel point le groupe souffrira de son absence sur les albums suivants. Les bonus live de l'édition remasterisée valent également le coup (tout comme sur leur précédent album).
ZowieZiggy


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Message par alcat01 » ven. 28 avr. 2023 09:26

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Tambu (1995)
Avec la disparition soudaine de Jeff Porcaro peu avant la sortie de « Kingdom Of Desire », en 1992, TOTO n’avait pas seulement perdu son métronome, mais aussi, en quelque sorte son taulier et son mentor. Usant de son autorité naturelle, le batteur avait jusqu’alors lourdement pesé dans les décisions importantes ayant rythmé la vie du groupe. Son décès plongea le groupe dans le plus grand désarroi, et c’est la survie du groupe qui était alors en question. Mais les trois musiciens durent se ressaisir sans tarder, conscients de la responsabilité qu’ils avaient non seulement au regard de leurs admirateurs, mais aussi et surtout des nombreuses personnes qui travaillaient à la tournée prévue pour la promotion de « Kingdom Of Desire », que le groupe ne pouvait pas décemment se permettre de laisser sur le carreau.

La lourde charge d’occuper le tabouret de Jeff Porcaro était revenue à Simon Phillips, un batteur aguerri que Steve Lukather avait connu quelques années plus tôt, au cours d’une tournée avec JEFF BECK. La nouvelle recrue conviendra si bien que le groupe l’intègre de façon permanente à son line-up, et c’est lui qu’on retrouve trois ans plus tard à la batterie sur « Tambu », un album dédié à la mémoire de son prédécesseur, auquel Phillips fait honneur.

Ce disque marque une nouvelle évolution en comparaison de « Kingdom Of Desire ». Si le groupe continue son chemin en quatuor avec Steve Lukather au chant, le style, lui, a changé. Moins sombre, plus pop rock, et donc balayant la relative rugosité du précédent, l’album enchaîne trois bonnes chansons dès son entame, avec « Gift Of Faith », le très frais et touchant « I Will Remember » (et ses très beaux chœurs), ainsi que « Slipped Away », avec ses couplets sur une tonalité légèrement blues et son refrain agréablement aérien. Trois titres sur lesquels, comme sur la moitié de l’album, le groupe a collaboré dans le travail d’écriture avec Stan Lynch, l’ancien batteur des fameux Heartbreakers de TOM PETTY.

Pour la production, Toto faisait appel à Elliot Scheiner, un producteur qu’appréciait beaucoup Jeff Porcaro depuis leur collaboration sur certains albums de STEELY DAN (Scheiner assistait Gary Katz en tant qu’ingénieur du son, vers la fin des années 70). Ce choix pour assister le groupe s’avère judicieux, la production étant l’un des points forts de « Tambu », avec un son limpide et sans chichi, bien en phase avec l’orientation musicale du disque.

Autre évolution notable, Steve Lukather s’appuie ponctuellement sur les talents de ses deux choristes, principalement la chanteuse Jenny Douglas-McRae (qui était depuis quelques années quasiment devenue un membre du groupe sur scène), qui lui donne la réplique sur un « Baby He’s Your Man » donnant dans une sorte de rhythm & blues un peu polisson, s’appuyant sur une basse proéminente. Avec David Paich, Steve Lukather et sa choriste renouvellent l’expérience sur un « The Turning Point » aux accents soul, et en ajoutant l’autre choriste, John James, sur « Drag Him To The Roof », deux titres figurant parmi les plus accrocheurs de l’album.

A côté d’une bonne moitié de titres intéressants, l’album présente également quelques faiblesses, essentiellement liées à la longue durée de l’album. Les titres les plus faibles sont d’ailleurs comme souvent des ballades : « If You Belong To Me », « The Other End Of Time » (pas désagréable, mais sans surprise dans le répertoire de ballades de Lukather), ou encore « Just Can’t Get To You ».

Cette manie du remplissage aura décidément plombé beaucoup d’albums depuis les années 90, mais s’agissant de « Tambu », l’impression positive est finalement dominante, à ma grande surprise je dois dire, moi qui avais tendance à laisser ce disque prendre la poussière…
Pichon


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Message par alcat01 » ven. 28 avr. 2023 11:02

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Ry Cooder - "Bop till You Drop"
Au cours de sa longue et illustre carrière, Ry Cooder s'est taillé une place unique en réinterprétant le blues américain et la musique roots, et jamais avec autant d'effet que sur son huitième album solo, "Bop Till You Drop", sorti en 1979. Cet album a également été un précurseur, puisqu'il a été le premier à être enregistré numériquement sur un grand label, établissant ainsi une nouvelle norme en matière de qualité d'enregistrement.

Le style original de l'album représente une nette progression par rapport à ses prédécesseurs "Paradise and Lunch" de 1974 et "Chicken Skin Music" de 1976, après une digression vers "Showtime" en 1977 et "Jazz" (1978).
Le titre d'ouverture "Little Sister" marque le début de l'album, une transformation radicale d'un tube d'Elvis Presley de 1961, écrit par Doc Pomus et Mort Shuman, une version joyeuse avec les chœurs de son équipe "A", comprenant Bill et Herman E. Johnson, Bobby King et George "Biggie" McFadden.
Après "Little Sister", on trouve "Go Home, Girl", l'original sorti en 1963, écrit et enregistré par Arthur Alexander, mais ici traité avec sensibilité et émotion, Cooder chantant son amour pour la fille de son meilleur ami, condamné à disparaître, comme "bien que cela me brise le cœur/que nous nous séparions/je sais que Frank t'aime aussi". Instrumentalement magnifique, la guitare de Cooder est discrète et subtile, au sein d'un arrangement qui fait un clin d'œil à un rythme reggae, et à ces superbes chœurs qui caractérisent si bien l'album.
Bien qu'il ne s'agisse pas d'une composition de Cooder, "The Very Thing That Makes You Rich (Makes Me Poor)" est le premier enregistrement de la chanson, écrite par Sidney Bailey, un chauffeur de taxi de Memphis, et présentée à Cooder par Jim Dickinson, collaborateur et producteur de longue date, un conte d'avertissement sur le comportement des femmes, qui dit "Don't you ever make such a mistake/I'd rather climb into bed with a rattlesnake" (Ne commettez jamais une telle erreur/Je préférerais coucher avec un serpent à sonnettes), son rythme entraînant soulignant le message.
La face 1 de l'édition originale en vinyle se termine par "I Think It's Going to Work Out Fine", une douce reprise instrumentale d'un titre d'Ike et Tina Turner de 1961, transformée à partir de l'original, dont la mélodie lyrique est mise en valeur par la guitare slide de Cooders.
La deuxième face s'ouvre sur "Down in Hollywood", coécrit par Cooder et Tim Drummond, dont le groove froid souligne une autre histoire édifiante d'un jeune homme du côté de la chanson, qui a "fait du stop depuis Burbank/maintenant il va finir en cellule de dégrisement", avec les chœurs de Chaka Khan et de Bobby King.
"Look at Granny Run" revisite une autre chanson de Mort Shuman, coécrite avec Jerry Ragovoy, un succès R'n'B pour Howard Tate en 1966, tandis que "Trouble You Can't Fool Me" nous emmène dans un autre domaine favori du répertoire de Cooders, un arrangement teinté de gospel d'un autre titre R'n'B, enregistré pour la première fois par Frederick Knight en 1972.
Chaka Khan partage le chant avec Cooder sur "Don't Mess Up a Good Thing" dans une autre interprétation musicale pleine d'entrain, qui nous mène jusqu'à la clôture de l'album, "I Can't Win", selon la tradition autrefois privilégiée d'avoir une grande chanson pour clore son "set". Avec le chant de Bobby King et les chœurs de Cooder et Herman Johnson, le morceau est d'une rare beauté, son arrangement gospel convenant parfaitement à son histoire d'amour non partagé, et une clôture parfaite pour un album parfait.
David Jarman


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Message par alcat01 » ven. 28 avr. 2023 12:51

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Miley Smile / Stage Recall - 1972
Fondé cinq ans plus tôt, BURNIN RED IVANHOE paraît à bout de souffle, les tournées harassantes, un manque de succès commercial et une certaine saturation ont eu raison du groupe. Au printemps 72, Karsten Vogel décide avec l’accord de ses compagnons de dissoudre le groupe. Ce groupe de Prog Jazzy à tendance Psyché a tout juste dépassé une demi-décennie d’existence, une bonne moyenne pour de nombreux groupes issus de la fin des sixties. Il faut dire que le brave Karsten planchait sur un autre concept au sein de Secret Oyster.
Le groupe reste néanmoins l’auteur de quelques bons disques peut-être trop avant-gardistes pour l’époque, Vogel et ses copains se sont même fait remarqués par John Peel qui leur a permis d’être distribués en Angleterre par l’entremise de Dandelion.

Ce cinquième opus enregistré à Copenhague en avril 72 au Rosenberg Studio, endroit qui a accueilli Sammy Price et T Rex, se présente un peu comme un chant du cygne ou une lettre d’adieu. Ne vous lamentez pas plus que nécessaire, le groupe se reformera à plusieurs reprises et se produit toujours, l’imagination et l’esprit créatif de Vogel ne semblant connaître que peu de limite.

Le groupe enregistre ici, sous les conditions d’un Live, huit titres. On est frappé par une sonorité beaucoup plus rustre par rapport aux albums studio précédents. La pochette donne d’ailleurs l’impression qu’il s’agit d’un enregistrement public. A l’étude des huit titres, on constate que BURNIN RED IVANHOE a souhaité offrir une rétrospective à ses fans danois. Deux titres (pistes 1 et 3) proviennent du double-album M 144 tandis que "Rotating Irons" figurait dans leur seconde galette éponyme.

Parmi ces anciens titres, "Ivanhoe I BrØnbyerne" se retrouve réduit de moitié. On a parfois l’impression que les différents membres ont voulu en découdre en proposant une interprétation nettement plus rock, même si l’orgue de Vogel évoque par moment celui de Keith Emerson. A contrario, "Indre Landskab", chanté lui aussi en danois, se révèle plus long et plus dense. Si la guitare monte crescendo, l’harmonica de Kim Menzer annonce une toute autre couleur en nous expédiant dans une petite tuerie de Blues Psy. Si on peut regretter que le morceau ne soit pas chanté en anglais, le groove se révèle particulièrement envoûtant, la section rythmique plaçant ses leaders sur orbite. Autre petite perle de Blues Psy, "Rotating Irons" fait mouche dès les premières secondes. Le jeu d’harmonica s’avère ensorceleur, presque magnétique, sentiment renforcé par la lenteur du tempo et une guitare qui s’offre quelques envolées psy du meilleur effet.

Les nouvelles chansons viennent couronner ce faux concert en studio. "I Want the Rest of My Life Surrounded With Money" pourrait s’inscrire dans le Sgt Pepper’s Lonely Hearts Club Band des BEATLES. Si la mélodie s’annonce plus pop, le groupe apporte de curieuses touches pour nous brosser un tableau bien psy. Le violon de Kim Menzer conjugué au mellotron et à l’orgue de Vogel sont d’indéniables bonnes pioches. Changement de cap avec "A Monster Song" dans lequel les cuivres tentent de prendre le premier rôle. Si le sax de Menzer prend parfois une coloration proche d’un derviche tourneur et si la guitare s’orientalise brièvement, le titre ne reste pas dans les anales, même si la créativité est bien présente. Si l’instrumental "Red River Rock", grand succès de Johnny & The Hurricanes fortement inspiré du traditionnel "Red River Valley", vient mettre punch et gaieté, avouons que la chanson n’apporte pas grand-chose et que les musiciens ont probablement voulu s’offrir un petit délire, le morceau ne dépassant pas les 115 secondes. Seul intérêt, le passage de sax hurleur de Kim Menzer. "Bareback Rider" s’avère autrement plus conséquent et copieux. Atteignant les 9 minutes, le titre navigue habilement entre Free, Jazz Rock tendance Psy avec une rythmique hyper groovy et deux sax qui se tirent une bourre incroyable. Un petit joyau plein de nuances. En fermeture, le groupe nous offre "Goodbye", un Blues Psy portant bien son nom qui se termine par une improbable farandole de violon, l’instrument de Kim Memzer s’offrant deux intermèdes de musique classique et un bref passage d’opéra italien.

Ce disque marque les premiers adieux de la formation. Si la production se révèle trop rêche et trop abrupte, donnant parfois l’impression que le groupe ne cherche qu’à en découdre de manière parfois improvisée, on retrouve toutefois des sonorités inventives. Malheureusement, la faiblesse de certaines pistes et un sentiment d’inégalité prédomine aujourd’hui avec un répertoire bancal ne parvenant pas, hormis trois ou quatre morceaux, à trouver sa véritable place entre Live et un disque studio. Insuffisant pour accéder à la moyenne. A noter que trois membres se produisent encore ensemble au sein du BRI, Karsten Vogel, Kim Menzer et Ole Fick croisent toujours le fer, une belle preuve d’amitié et de complicité. Ce disque est classé dans le tiroir du Prog mais aurait pu tout aussi bien figurer dans ceux du Rock Psy, Jazz Rock ou Blues Psyché, tant les frontières sont minces selon les morceaux.
LE KINGBEE


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Message par alcat01 » ven. 28 avr. 2023 14:51

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1983 Bark At The Moon
Ouf, Ozzy n'a pas lâché l'affaire... Suite au décès de son ami et virtuose Rhoads, beaucoup d'entre nous ont bien cru ne plus revoir le Madman en studio... Ce "Bark At The Moon" était, en quelque sorte, inespéré !
De retour après "Speak Of The Devil" et son immonde pochette (règle entérinée), Osbourne ne nous déçoit une nouvelle fois pas avec ce pathétique werewolf… sans doute sa phase lycanthrope.
Il est surtout temps de réparer une injustice flagrante autour de ce disque : Jack E. Lee a le terrible honneur de devoir succéder à Randy... Alors oui, il ne sera jamais lui à tous les niveaux (mais a-t-il jamais cherché à l'être ?), seulement un guitariste qui va apporter sa touche personnelle à ce que Ozzy propose…

Et force est de constater qu'il fait le boulot le bougre et ce, dès un titre éponyme DAN-TESQUE : sans aucun doute l'un de mes titres fétiches toutes périodes confondues. Écoutez-moi comme cela "riffe" à mort et comme ce final est époustouflant (j'en ai des frissons à chaque écoute !). C'est bien simple, à chaque fois que ce titre est joué live, je reste en "suspension" sur la dernière note (c'est encore meilleur avec la petite harmonique artificielle d'un Zakk Wylde quelques années plus tard, mais je m'égare, toutes mes excuses)… L'attaque de Lee sur sa six-cordes, la mélodicité du pré-chorus, l'intelligence de la construction épique de ce titre, le rire démoniaque et habité (qui a dit kitsch au fond de la salle ?), le break sur le refrain, le break avec les harmoniques artificielles, les soli, le final ? Je pourrais vous en parler des heures ! Je pense que lorsque je veux faire découvrir OZZY à un vrai amateur de Heavy, je dois lui proposer ce morceau encore et encore.
"You're No Different" calme le jeu de suite voire brutalement mais avec une réussite probante. Souplesse exigée et ouverture d'esprit à ce niveaux de toute évidence. C'est mélodieux, posé mais les plans de guitares sont une nouvelle fois une réussite (il renouvelle l'expérience avec "So Tired", très piano, donnant un morceau décevant, accompagné d'un clip ridicule). "Now You See It (Now You Don't)" ne parlera qu'à la jeunesse des années 80 avec ses nappes de claviers Bontempi et ses drôles de bruitages ! Le refrain est d'ailleurs totalement dans l'esprit et indubitablement pourra laisser de marbre un certain nombre d'auditeurs (beaucoup) plus jeunes, tout comme moi avec les borborygmes buccaux à la fin du morceau !
Globalement, "Bark At The Moon" frappe par son homogénéité de morceaux en dehors du titre éponyme. En effet, le jeu de Lee et la construction des titres demeurent assez semblables. C'est plaisant et sans fioriture. Si "Center Of Eternity" se veut plus nerveux même terriblement répétitive, "Rock'N'Roll Rebel" quant à elle avait déjà perpétué la tradition, tout comme "Slow Down" (avec cette basse très présente) où le solo de Jack E. Lee est vraiment crunchy et réussi car simple autant qu'efficace. Vous l'aurez compris, j'ai toujours énormément apprécié ce guitariste, alors même qu'il relevait le défi incroyable de succéder à Randy. C'est sans doute la raison pour laquelle je l'ai toujours apprécié : peu auraient osé s'aventurer sur un tel terrain miné de souvenirs et de comparaisons. "Waiting For Darkness" (et son refrain), trop souvent décriés, possèdent cette marque de fabrique E.Lee, offrant à chaque fois un titre pêchu, au lead inspiré et au service d'Osbourne (tout comme "Rock'N'Roll Rebel" et "Center Of Eternity" ou "Slow Down", soli à l'appui). L'intro une fois encore typée par son époque fonctionne à merveille.
Inutile de vous dire qu'on frise tout de même l'accident commercial avec "So Tired", ballade bien niaiseuse.

Au final, un album plaisant du Madman qui ne nous ferme pas la porte, à l'aide d'un intérimaire de choix : sans doute injustement boudé à cause de sa place dans la discographie de maître Ozzy, "Bark At The Moon" ne doit pas pour autant être ignoré lorsque l'on veut mesurer le chemin parcouru au fil des années…

N.B. : il y aura une fois encore un mic-mac autour des droits de création sur cet opus, je vous évite les détails mais sachez qu'il s'agit d'une femme/manager qui aurait empêcher un guitariste d'être crédité de compositions d'un certain nombre de morceaux… Et encore, je vous la joue courte !
FENRYL


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Message par alcat01 » ven. 28 avr. 2023 16:55

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1999 Erase The Slate
Les mecs de DOKKEN sentaient bien que la reformation ne survivrait pas à "Shadowlife", déjà que c'était limite pendant la tournée de "Dysfunctional". Mais quand on en vient aux mains pour une simple bousculade dans le bus et que le fils de George Lynch doit séparer son père de Don Dokken, c'est terminé, et Mick et Jeff sont pour le coup tout à fait enclins à se débarrasser de cette bête stéroïdée totalement incontrôlable. Il faut bien sûr en passer par la justice, le problème des droits sur le nom restant entier… George repart dans son coin avec un joli pactole tentant de reformer LYNCH MOB avec Mick Brown, ce qui dégénère après une seule séance d'écriture… Du côté de DOKKEN on est bien emmerdé, car la tournée avec ALICE COOPER et WARRANT n'est pas terminée (l'incident ayant lieu à mi-chemin de la douzaine de shows programmés). Le salut viendra dans un premier temps de John Norum, qui pendant quinze dates assurera l'intérim, quelques années après "Up From The Ashes". Puis c'est l'avocat de Jeff Pilson, Jon Levin, (qui intègrera le groupe à temps plein quelques années plus tard) qui assure la fin de tournée.

Mais DOKKEN n'a plus de guitariste. Et le salut va venir de Kip Winger, qui connaît tout le monde dans le business et qui va filer le tuyau à son ami Reb Beach. À cette époque, WINGER a splitté ne survivant pas ni à la vague Grunge ni aux incessantes moqueries de Beavis & Butthead. Reb Beach a joué quelques années avec ALICE COOPER pour joindre les deux bouts mais il cherche un nouveau challenge. Et ça va coller d'enfer ! Jeff Pilson retrouve un partenaire d'écriture à la hauteur de George Lynch, et l'ambiance au sein du groupe n'a pas été aussi détendue depuis une éternité (il faut peut-être remonter à 85-86 je dirais).

Le résultat, c'est l'album qui replace artistiquement DOKKEN sur l'échiquier, le septième album qui efface, jusque dans son titre, le sabordage organisé de "Shadowlife", l'album qui remet en avant les vocaux rageurs, la guitare dominatrice qui propose solo de folie sur riff de tueur. DOKKEN retrouve le son qui l'a rendu célèbre, sans pour autant renier totalement ses années 90, et notamment le côté plus sombre et torturé de "Dysfunctional" qui avait donné de bons résultats. Et les effets sur la voix sont une expérimentation qu'on retrouve, notamment sur l'hymne "Change The World", un tube dément comme DOKKEN n'en avait plus écrit depuis "Up From The Ashes". "Erase The Slate" a été le premier titre du groupe que j'ai eu le plaisir d'écouter. Avec le recul et davantage de connaissances sur le groupe, il est amusant d'entendre Mick Brown brailler "Eddie Van Halen" avant que Reb Beach ne sorte le premier riff costaud de l'album. Le tempo est speed, et DOKKEN retrouve son bagage Heavy Metal.

Comme je le disais, le son plus sombre des années 90 est ici exploité de belle façon ("Maddest Hatter"), et "Shattered" est même une démonstration de force, qui n'aurait pas dépareillé sur "Dysfunctional". On a même un petit Rock'N'Roll bien festif avec "Crazy Mary Goes Round" qui détend bien l'atmosphère, bien servi par la gouaille de Mick Brown (Don n'arrivait pas à sentir ce titre, et c'est Mick qui s'en est finalement chargé). "Erase The Slate" est un album qui parvient à catalyser tout le spectre de la musique de DOKKEN, y compris les aspirations plus acoustiques. Le groupe s'y montre sous son meilleur jour, en produisant au passage de nouveaux classiques, ce qui paraissait inespéré à l'époque.

Le seul drame de ce disque, aisément dans le trio des meilleures réalisations du groupe, c'est qu'il a été très mal promu, complètement ignoré par la plupart des gens, le groupe parvenant à faire oublier son infâme prédécesseur, mais pas à reconquérir son public ("Shadowlife" se sera vendu à cinquante mille exemplaires, soit presque dix fois moins que "Dysfunctional"), mais à une ère où il est facile de poser son oreille sur à peu près tout, pas d'excuse pour ne pas réhabiliter cet excellent album qui a remis DOKKEN sur le droit chemin, même si Jeff Pilson quittera finalement le groupe pour se consacrer au projet "Rock Star", incompatible avec l'agenda du groupe.
JEFF KANJI


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Message par alcat01 » ven. 28 avr. 2023 18:56

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The Deep End Volume 2
Le volume 2 de The Deep End de Gov't Mule attaque avec un gros son pour « Trying not to Fall » avec l’ex Metallica Jason Newsteed, suivi par un magnifique « Time to Confess » avec le son funky de la Nouvelle-Orleans des Neville Brothers, là encore le groupe reprendra ce son quand il jouera en live ce morceau, pièce importante des shows.
Je ne suis pas un grand fan du jeu et de la voix de Lee Claypool et ce n’est pas sa contribution qui me fera changer d’avis malgré un solo superbe de guitare de Warren dans la partie 1 .
Retour bienvenu au funk avec « What Is Hip » et le bassiste des Tower of Power. Et puis la curiosité, Tony Levin, le chauve de KING CRIMSON et Peter GABTRIEL, qui pose sa basse sur une composition de Warren Haynes et Gary Lucas « World of Confusion ». Impeccable. La classe !
Je ne connaissais pas Meshell Ndegeocello, une dame qui tient le manche dans une version pas vraiment inoubliable de « Hammer and Nails ». Retour en terrain connu, avec les potes de la West Coast, Jack Cassady et Pete Sears et aussi l’inévitable et précieux Chuck Leavell.
Sans être de mauvaise foi, il faut bien admettre que « Sun Dance » avec Chris SQUIRE n’est pas le meilleur, et les envolées vaguement prog de Johnny Neel à l’orgue n’y peuvent rien !
Les autres potes de la West Coast pour un assez moyen « Lay of the Sunflower » où Phil Lesh fait le minimum. Mais le morceau qui casse la baraque, emporte tout, c’est la version de « Catfish Blues », avec Billy Cox, l’ombre de l’Experience de Jimi, autre influence majeure, rôde et c’est une émotion forte et brute qui surgit.
« Which Way Do We Run » est encore de la Mule classique avec le bassiste de Widespread Panic et un somptueux morceau « Babylon Turnpike » avec Johnny Neel et Alphonso Johnson, une vraie réussite tout en nuance jazzy où Matt et Warren montrent qu’ils peuvent absolument tout jouer.

Les deux parties de The Deep End dévoilent un bel hommage en tout cas à un grand bassiste par ses pairs et compères !
BAYOU


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Message par alcat01 » sam. 29 avr. 2023 09:48

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Jimi Hendrix, 'Are You Experienced' (1967)
Le premier album de Jimi Hendrix est celui qui a changé à jamais la façon dont le monde percevait la guitare. L'année précédant la sortie de ce disque, Hendrix luttait pour gagner sa vie en tant que guitariste d'accompagnement dans le domaine du rhythm and blues. Il est présenté à l'ex-bassiste des Animals, Chas Chandler, par la petite amie de Keith Richards, Linda Keith, qui l'emmène à Londres et recrute Noel Redding et Mitch Mitchell pour jouer avec lui. Le trio est rejeté par Decca Records, le même label qui avait rejeté les Beatles, mais il est signé par Track, un nouveau label lancé par les managers des Who.

Le disque s'ouvre sur l'un des riffs de guitare les plus emblématiques de tous les temps, "Purple Haze", puis sur le maniaque "Manic Depression" et enfin sur "Hey Joe", la toute première chanson d'Hendrix que j'ai entendue, une chanson écrite à l'origine par Billy Roberts. C'est ma préférée pour cette raison, et pour moi, la quintessence de Hendrix, même si je sais que ce n'est pas le cas. Mais elle est tellement bonne. The Wind Cries Mary" est une autre grande chanson de cet album, tout comme "Fire", qui a ensuite été un succès pour les Red Hot Chili Peppers. Bien que j'aie entendu cette chanson des centaines de fois, c'est la première fois que j'ai remarqué les accents britanniques sur les chœurs. J'ai toujours su que Hendrix, originaire de Seattle, avait lancé sa carrière à Londres. Je n'avais jamais pensé que les membres de son groupe étaient britanniques et je n'avais jamais remarqué les accents.
Foxy Lady" me rappellera toujours "Wayne's World", mais cette chanson est vraiment la quintessence de Hendrix. Elle évoque parfaitement la fin des années 60 et l'été de l'amour. Je me souviendrai toujours, il y a des années, de la première fois que j'ai entendu "Third Stone From The Sun", un morceau instrumental qui, au bout d'une minute environ, comporte un riff familier. Je me suis dit qu'il était impossible que j'entende ce que j'entendais, mais c'est vrai... Le morceau "I'm Too Sexy" de Right Said Fred était basé sur ce riff. Qui l'aurait cru ?
Comme je l'ai dit, ce disque a changé la façon dont le monde concevait la guitare. Hendrix n'a pas été le premier à introduire le feedback et la distorsion dans la guitare électrique (John Lennon prétend en fait avoir été le premier artiste à utiliser le feedback sur "I Feel Fine"), mais il les a certainement perfectionnés. Des millions de personnes ont été inspirées par Hendrix. En fait, Hendrix a eu une telle influence qu'il a provoqué, d'une seule main (gauche), une résurgence des guitares Fender Stratocaster, entraînant une augmentation spectaculaire des ventes et propulsant la guitare dans les livres d'histoire comme étant sans doute la guitare électrique la plus reconnaissable et la plus désirée de toutes.
Il convient également de noter que l'édition britannique diffère de l'édition américaine. L'incroyable morceau de blues "Red House" figurait dans l'édition britannique, alors qu'il a été remplacé par "Hey Joe" dans l'édition américaine, de même que "The Wind Cries Mary" et "Purple Haze", qui ne figuraient pas non plus dans l'édition britannique. La version CD comprenait d'autres classiques tels que "Stone Free" et réunissait finalement toutes les versions de l'album en un seul coffret de 17 titres. Quelle que soit la version que vous écoutez, une chose est sûre : Hendrix a explosé sur la scène avec tant d'énergie et de puissance qu'il s'est éteint bien avant l'heure, à l'âge de 27 ans.
Brett Schewitz


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Message par alcat01 » sam. 29 avr. 2023 09:49

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Coltrane (1957)
Je ne pense pas qu'il s'agisse de la première session d'enregistrement de Coltrane en tant que chef d'orchestre, mais c'est l'une des premières - et il est tentant de la considérer (comme la plupart de ses premiers enregistrements, en particulier le travail sur Prestige) comme un simple travail d'apprenti : c'est en tout cas ainsi que je la voyais et que j'écoutais ses enregistrements avec Miles Davis si je voulais entendre Coltrane à ce stade de sa carrière.
Peut-être était-ce un peu injuste et, sans vouloir surestimer cet album, il y a beaucoup d'intérêt ici (bien qu'une partie de cet intérêt consiste sans aucun doute à identifier les premières lignes de développement qui allaient conduire à son extraordinaire production des années suivantes).
Bien qu'enregistré en une seule journée, le groupe varie entre un quartet (Coltrane et la section rythmique) et un sextet (plus la trompette et le sax baryton) - il y a également deux pianistes différents : Red Garland sur les trois premiers morceaux, Mal Waldron sur les trois derniers. Le son de Coltrane est large et nous pouvons déjà entendre l'une des dynamiques fondamentales de sa carrière : comment découvrir des formes qui pourraient contenir l'énergie et l'espace de son jeu : son ténor écrase si souvent les structures dans lesquelles il travaille : si cela implique un échec dans la musique en ne trouvant pas de forme appropriée, c'est cet échec même - et les tensions qu'il crée - qui rend la musique si intéressante.
La célèbre description de Coltrane à ce stade de sa carrière est qu'il produisait des nappes de son - je préfère les comparaisons océaniques, mais alors que son jeu quelques années plus tard me rappelle un océan pendant une tempête, ici c'est peut-être un océan par un jour de légère brise. La section rythmique est bonne : Paul Chambers est un bassiste que j'avais l'habitude de sous-estimer et, bien qu'il ne soit jamais tape-à-l'œil, son jeu est toujours intelligent et inventif ; la batterie d'Albert Heath est très en retrait dans le mixage, mais si vous l'écoutez, elle est un bon exemple de batterie hard bop ; Je n'ai jamais été un grand fan de Red Garland, en particulier de son jeu sur les ballades et je trouve que son travail sur Violets for Your Furs est un peu trop proche d'un hippopotame se roulant dans les parterres de fleurs, mais il est bon sur les deux autres morceaux ; bien qu'il ne soit probablement pas dans l'ensemble un pianiste accompli, je préfère Mal Waldron. Les deux cuivristes ont moins de succès : le sax baryton donne à l'énoncé des thèmes une texture intéressante, mais le jeu de Sahib Shihab est un peu comme quelqu'un qui pousse un éléphant dans la boue ; je ne sais rien de Johnnie Splawn, mais à en juger par cet album, c'est un acolyte de Miles Davis qui manque de personnalité.
Le meilleur morceau de l'album est While My Lady Sleeps, essentiellement un enregistrement en quartet (Splawn joue sur l'énoncé du thème au début et à la fin, mais reste silencieux), dans lequel la section rythmique maintient une base relativement simple et répétitive au-dessus de laquelle Coltrane peut s'élever : une stratégie qui sera répétée par Coltrane à maintes reprises avec plus de succès à l'avenir.
onethink


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Message par alcat01 » sam. 29 avr. 2023 10:49

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1970 The World Of Them
Cette compilation nous permet de constater que Van Morrison a eu plusieurs vies et que sa première, artistique, était empreinte de rock, de blues et de soul. Il était accompagné par de très bons musiciens et beaucoup des morceaux des Them furent des hits ! Les nombreuses chansons sont soit des compositions soit des reprises. Mais ces dernières sont interprétées à leur manière et ne manquent pas d'originalité. Personnellement, j'adore leur version de "Baby please don't go".
Combien de combos américains se sont formés après avoir écouté "Gloria", "Baby please don't go" ou "Mystic eyes". "Gloria" a été l'un des morceaux les plus repris durant les 60's mais aucune version n'arrive à la semelle de celle chantée par l'incroyable Van Morrison, tout juste 20 ans lors de l'enregistrement, y compris celles des Shadows Of Knight ou des Doors. Leur version est complètement habitée par la voix âpre et tranchante de Van The Man, les guitares sont des rasoirs et la batterie est carrément géniale et booste sur la fin. C'est la même chose pour "Baby please don't go" (avec un jeune Jimmy Page à la guitare).
Cette compilation est indispensable si vous ne connaissez pas encore ce groupe un peu oublié des années 60!


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Message par alcat01 » sam. 29 avr. 2023 13:07

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Right On - 1974
A propos de l'album "Right On" paru en 1974, Karsten Vogel avait mis de côté des compositions qui n'étaient pas appropriées pour le style expérimental de son autre groupe Secret Oyster et a décidé de sortir un nouvel album sous le nom de son ancien groupe. "Right On" est donc une priorité presqu'absolue pour les fans de Burnin Red Ivanhoe ( malheureusement, à l'heure actuelle, cet album est extrêmement difficile à trouver et, par conséquent, il est très cher).
En ce qui concerne les membres, comme c'étaient d'anciens musiciens de Burnin Red Ivanhoe (Vogel, Andersen, Fick), de Secret Oyster (Knudsen) et de Day Of Phoenix (le chanteur Karsten Lyng), le nom du groupe sur l'album a été utilisé plutôt pour les formalités.
Le disque contient de rares moments où vous entendez vraiment les échos de Burnin Red Ivanhoe (principalement les parties instrumentales avec solos de sax), mais le plus souvent, il rappelle plutôt le premier album de Day of Phoenix, un autre excellent groupe Danois.
A noter que le morceau d'ouverture rappelle beaucoup Uriah Heep!


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Message par alcat01 » sam. 29 avr. 2023 15:04

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1986 The Ultimate Sin
Malgré le succès commercial incroyable de sa carrière solo depuis 1980, Ozzy est au bord du gouffre en ce milieu de décennie : la mort de Randy Rhoads en 1982 a réveillé chez lui de vieux démons qu'il pensait avoir vaincu après avoir quitté BLACK SABBATH en 1979. Ozzy multiplie donc les cures de désintoxication à répétition durant trois ans et n'est plus en mesure d'enregistrer le moindre disque. Mais la maison de disques veille au grain et dès que l'occasion se présentera, elle sommera le chanteur britannique de reprendre bien vite le chemin des studios pour donner une suite au mitigé Bark At The Moon (1983). Une reformation du line-up classique de BLACK SABBATH échouera d'ailleurs en 1985 en raison des pressions exercées sur Ozzy pour qu'il enregistre ce nouveau disque solo tant attendu ...

Et c'est donc en 1986 que débarque enfin le quatrième album solo d'Ozzy, The Ultimate Sin. Cette fois, l'illustrateur s'est surpassé, la pochette est abominablement laide : après les gueules de fous psychopathes en lambeaux, après les vampires, après les loups-garous, Ozzy se transforme en démon mutant vert à la musculature horriblement surdéveloppée, pour le plus grand malheur de nos rétines. Je ne comprends toujours pas ce que vient faire cette improbable succube sexy sur la pochette (une évocation de Sharon ?), gageons qu'elle soit là pour attirer quelque peu le chaland qui aurait légitimement pu être horrifié à la vue de la nouvelle mutation d'Ozzy. Dans la réalité, notre Britannique fou n'est pas au mieux non plus à cette époque : cheveux blonds peroxydés gras et costumes de scène douteux. Beurk ...
Mais s'arrêter à sa pochette pour juger The Ultimate Sin serait une bien triste erreur ! Car ce quatrième effort solo d'Ozzy est probablement, allez, n'ayons pas peur des mots, son meilleur album. Et pourtant ! Que de critiques négatives encore de nos jours pour évoquer The Ultimate Sin ! Ozzy lui-même le déteste ouvertement et refuse toujours sa réédition (tout comme celle de Speak Of The Devil, d'ailleurs). Heureusement, l'album est encore facilement trouvable dans le commerce via la réédition CD de 1995, donc rassurez vous, vous ne devrez pas vider votre tirelire pour l'acquérir.

La section rythmique est composée de nouveaux venus : Phil Soussan (basse), qui ne restera pas très longtemps au sein du groupe, et surtout Randy Castillo (futur membre de MÖTLEY CRÜE), qui va demeurer pour quelques années le seul et unique batteur d'Ozzy. Mais Jake E. Lee est resté fidèle à Ozzy pendant ses années d'errance et a composé la plupart des titres, et grâce lui en soit rendue : l'album est véritablement bon, heavy au possible, avec de très nombreux riffs d'anthologie qui restent en mémoire. Je pense notamment à l'épique "Secret Loser", au légèrement doom "Never Know Why", au monstrueux "Thank God For The Bomb" et au titre éponyme, "The Ultimate Sin". Evoquons encore des moments d'une intensité heavy metal remarquable, comme la savoureuse "Never", ou encore "Killer Of Giants", à la structure légèrement progressive. L'album se conclut sur un "Shot In The Dark" puissant et émouvant ... De l'excellent boulot, John Michael, je suis fier de toi pour une fois !
Les égarements orchestraux de Bark At The Moon ont donc été mis au placard, The Ultimate Sin est un album heavy, résolument heavy, aux riffs acérés et aux guitares affutées. La production est en revanche bien typée années 1980, avec beaucoup d'écho et quelques claviers ça et là. Il n'y a véritablement aucun titre à jeter sur cet album presque parfait auquel on pourrait seulement reprocher d'être un peu trop linéaire par rapport aux albums précédents, mais bon que voulez vous, aucun album solo d'Ozzy n'est parfait, malheureusement. Les titres s'enchainent avec une fluidité remarquable et le plaisir ressenti à l'écoute de cet album est sincère.

The Ultimate Sin est donc, au final, une agréable surprise pour tous ceux qui avaient perdu quelque peu la fois en Ozzy OSBOURNE après le médiocre Bark At The Moon. Mais The Ultimate Sin marquera cependant la fin de l'ère "classique" de la carrière solo d'Ozzy : peu après cet album, Jake E. Lee claquera la porte et s'en ira fonder le groupe BADLANDS (en compagnie des ex-BLACK SABBATH Ray Gillen et Eric Singer, décidemment on reste en famille) et sera remplacé par un certain ... Zakk Wylde.
Clairement le début d'une nouvelle période, donc, vous en conviendrez ... Affaire à suivre !
RED ONE


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Message par alcat01 » sam. 29 avr. 2023 16:39

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2002 Long Way Home
Avant de parler réellement de "Long Way Home", nous sommes quelque peu obligés de revenir début 2001 pour expliquer un tel bouleversement dans l'effectif de DOKKEN. Jeff Pilson est contacté par le producteur Tom Werman pour jouer le rôle du bassiste du groupe fictif STEEL DRAGON dans le film "Rock Star". Un STEEL DRAGON composé en outre de Jason Bonham (qui facilitera dans l'avenir l'exfiltration du bassiste vers FOREIGNER) et Zakk Wylde. Cette notoriété, qui éveille l'intérêt de la Warner, aboutit à une proposition de contrat faite à l'intéressé qui se rapproche de Don Dokken tout naturellement. Seulement voilà, la proposition, sans commune mesure avec ce que le groupe a connu depuis son pic des années 80, est refusée par Don, car le groupe n'a pas les cartouches nécessaires pour tenir les délais imposés par Warner ! Une position que Jeff ne comprend pas, y voyant davantage une fainéantise du chanteur et une maniaquerie du contrôle qui passe avant le futur du groupe…

Une fois ce départ encaissé et le recrutement de Barry Sparks, DOKKEN repart sur les routes, mais doit faire face à la démission surprise de Reb Beach, qui vient de recevoir une offre en or pour rejoindre WHITESNAKE… Le comble là-dedans étant qu'il a été recruté grâce à sa performance sur le "Live From The Sun", et que DOKKEN doit à cette époque faire la première partie de l'institution britannique ! Cette séparation se fait à l'amiable, et Don Dokken reste encore aujourd'hui en très bons termes avec Reb Beach. Quand on pense aux promesses de "Erase The Slate" il y a de quoi avoir les boules. Mais c'est enfin le moment où les étoiles sont alignées pour que John Norum rejoigne officiellement DOKKEN, douze après le ciselé "Up From The Ashes" de 1990.

Rapidement l'équipe se met au travail et accouche en quelques mois de "Long Way Home" qui sonne, comme je suis tenté de le penser maintenant que je connais très bien l'animal, comme l'album que Don a toujours voulu faire. Il a le guitariste avec lequel ça marche d'enfer, les couleurs Blues en commun, et les influences des BEATLES bien mixées permettent à l'artiste de rester pertinent accompagné par le piano ou la seule guitare acoustique ("Goodbye My Friend"). C'est un DOKKEN incroyablement apaisé qui transpire de ce "Long Way Home", même s'il semble y avoir définitivement laissé sa jeunesse. En effet, même si à l'occasion le groupe sait encore se montrer offensif ("Under The Gun" martelé par la double grosse caisse de Mick Brown ou encore le mid-tempo "Little Girl" prenant à la fois le meilleur de LED ZEPPELIN et d'ALICE IN CHAINS), il n'y a plus cette étincelle qui faisait prendre feu à "Kiss Of Death" ou même "Change The World" sur l'album précédent, et le chant de Don, quoiqu'encore très bon, semble marquer un peu le pas également, les cris disparaissant petit à petit de son répertoire, et les quelques aigus envoyés semblant demander plus d'énergie que d'ordinaire, notamment sur la reprise (réussie par ailleurs) des YARDBIRDS.

Pas très alléchant présenté comme ça hein ? Et bien malgré ces constatations, il y a quelque chose qui fonctionne vraiment bien sur cet album, et c'est l'alchimie entre Don Dokken et John Norum. Le son de stratocaster du Suédois fait des ravages ("Magic Road"), et son riffing inspiré Blues permet de donner vie à des mid-tempi incroyablement groovy ("Little Girl", "You"), d'autant qu'il n'est pas effrayé par le sous-accordage, comme l'introductif "Sunless Days", mid-tempo assez classique mais au refrain efficace, permet de le constater, bien renforcé par les renversements de la basse de Barry Sparks, qui se démène comme un beau diable, même s'il lui manque la voix de Jeff Pilson pour reconstituer le son vocal classique de DOKKEN.

John Norum, avec son approche à la fois très seventies et moderne, préfigure déjà ce qui fera la sève de "Start From The Dark" qui marquera sa réunion avec EUROPE, avec ce côté Blackmorien vraiment pas dégueu. Et avec sa mise en son qui laisse place aux sonorités naturelles (fini les batteries gorgées d'effet, les guitares en couches, les empilements d'harmonies vocales), "Long Way Home" traverse très bien les années, et s'il n'est pas forcément l'album que je conseille pour découvrir DOKKEN, il en reste l'un des chapitres des plus intéressants, car il est finalement très proche de "Dysfunctional", album en très grande partie écrit par Don, et qui, bien aidé par un guitariste ultra talentueux, délivre l'essence même de ce que Don Dokken imaginait depuis des années pour son groupe, en accord avec ses influences. Il m'apparaît évident, et c'est là l'espièglerie de la vie que Don aurait atteint cet idéal bien plus tôt, même dans les eighties (en dépit de l'incidence de la maturité) s'il avait croisé le chemin de John Norum plus tôt. N'aurait-il pas eu des déboires avec lui, comme avec George Lynch ? Rien n'est moins sûr. Mais si ce DOKKEN post-reformation est sans doute le plus proche de celui voulu par son géniteur, je reste convaincu que le succès du quartette américain dans la deuxième moitié des années quatre-vingt n'en aurait pas été aussi significatif, "Tooth And Nail" et "Under Lock And Key" restant bien au-dessus, et "Long Way Home" s'inscrivant même un poil en-deçà de "Erase The Slate".
JEFF KANJI


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