La réédition du
Club des Cinq par
Hachette Collections semble être fidèle à l’originale. Je l’ai et j’en ai relu quelques-uns. Il y a des passés simples et les illustrations qui me rappellent celles que j’ai connues étant gamin. Ils ont même jauni le bord des pages pour lui donner un aspect vieillot. Et les verbes y sont conjugués correctement. Extrait de «
Le Club des Cinq au bord de la mer », page 33 : « Les garçons se recouchèrent et se rendormirent jusqu’à ce qu’on frappât un grand coup à leur porte. » Deux passés simples et une concordance des temps aux petits oignons comme l’atteste cet imparfait du subjonctif du plus bel effet !
J’ai cherché un lien pour te permettre d’acheter les exemplaires qui te plairaient,
Seric, mais cette édition n’est plus en vente. J’ai pensé aussi à t’en scanner un ou deux mais il faudrait écraser les volumes pour les mettre dans le scanner et les bouziller un peu, alors j’y ai renoncé.
J’ai vraiment aimé cette série ainsi que les
Clans des Sept et les
Mystères, toutes écrites par
Enid Blyton. J’y trouvais tout un tas de choses pour alimenter mon imagination et surtout une très grande qualité : dans ces bouquins, il y avait des filles ! Plusieurs, et qui ne faisaient pas de la figuration. Quand je lisais ça, j’étais élève d’une école primaire de garçons. La mixité avait disparu à la fin de la maternelle et est heureusement revenue au collège. Mais du CP au CM2, plus une seule fille en classe ! J’en côtoyais en dehors et j’avais une sœur qui avait des copines mais en classe, il n’y avait que des mecs. Ces livres compensaient un peu le manque de filles dans la vie quotidienne. J’aimais surtout
Nelly, de la série
Mystères, rien que pour son prénom.
Toutes ces histoires de mômes illustraient, souvent avec une certaine ironie, les relations entre les enfants et les adultes. Adultes qui à l’époque me semblaient être une belle bande de rigolos. Je n’ai pas de situation tirée des livres en tête mais j’en ai une vécue : mes parents et grands-parents participaient à des concours organisés par des journaux, la télé, etc. Ils prenaient ça parfois très au sérieux, beaucoup trop à mon goût vu qu’ils ne gagnaient que rarement des lots de consolation que j’aurais plutôt qualifiés de lots de consternation. Un jour, tous réunis chez mes grands-parents, il fallait regarder la télé pour répondre à une question. La caméra passait assez vite en revue les visages d’un groupe vocal en représentation composé uniquement de femmes, il me semble qu’il s’agissait des
Djinns, et il fallait y reconnaître une intruse dont on nous disait qu’elle était connue de tous les téléspectateurs. L’ambiance était tendue dans la famille devant le poste de télé. La retransmission commence et au bout de quelques secondes, je reconnais
Anne Marie Peysson, une speakerine très connue, parmi les choristes. Bingo ! Je me marre et vais pour dire que je trouve que c’était facile mais on me fait taire avec tant d’empressement que j’ai eu l’impression que j’allais prendre une baffe bien que ce ne soit pas dans les mœurs de la maison et que ça ne me soit jamais arrivé. A la fin de la séquence, mes aïeux sont consternés, ils n’ont reconnu personne. A l’époque, une seule chaine en noir et blanc, pas de moyen de revoir la séquence, ils n’ont plus qu’à supposer et faire appel à leur mémoire. Je tente à nouveau de venir à leur secours mais :
- Tais toi ! On réfléchit ! C’est sérieux là ! C’est pas tes trucs de môme !
- Mais je…
- Ca suffit !
Et ils sont partis dans des discussions à n’en plus finir : « Ca doit être la blonde, tu sais, celle qu’on voyait dans le feuilleton… » Je suis sorti dans le jardin sans leur montrer ma colère et mon mépris. Je me suis dit qu’on était typiquement dans une situation du
Club des Cinq, quand les enfants ont trouvé quelque chose d’important et que les adultes ne les prennent pas au sérieux. Pour les punir, je ne leur ai jamais révélé ma trouvaille.
Quelques jours plus tard, la séquence a été rediffusée avec un arrêt sur image pour donner la bonne réponse. C’était bien
Anne Marie Peysson. Les adultes, contrits, ont quand même essayé de se trouver des excuses : « Ils sont passés sur elle plus vite que sur les autres, ils l’ont recoiffée, etc. » S’ils m’avaient laissé parler, ils n’auraient pas eu l’air aussi niais. Pour moi, c’était une des grandes qualités des histoires du
Club des Cinq,
Clan des Sept et des
Mystères : on y apprenait qu’on ne perd jamais son temps à écouter un môme qui a quelque chose à dire. Et aussi, quand même : on n’y parlait jamais de foot !