Bien sûr, certains morceaux sont peut-être un peu plus moyens que d'autres, en particulier "Beware the Ides of March", une sorte de ballade progressive où chaque musicien démontre sa technique dans une cohésion quasi parfaite, mais même celui-ci ne dénature pas ce disque incroyablement puissant qui ne cesse jamais de pulser.
Ce premier album est sorti avec une couve un peu alternative en Am Du Nord, mais avec un programme assez différent, car il incluait la Valentyne Suite au complet, avec le Beware Of The Ides Of March (que le chroniqueur descend un peu) comme conclusion. https://www.discogs.com/fr/release/1687 ... Salute-You
Donc , ce chef d’œuvre se trouve sur le premier album ricain du groupe, et non sur le 2è comme en Europe.
Par contre ce 2è album ricain s’appellera The Grass Is Greener et une liste de titres très différente avec pour la plupart joué (et parfois chantés) par Clempson, plutôt que Litherland. D'ailleurs Clempson fait pâle figure au chant, comparé à l'exubérant Litherland et le gargantuesque Farlowe https://www.discogs.com/fr/master/45771 ... Is-Greener
Même leur 3è, Daughter Of Time sera aussi (un peu cette fois) différent de part et d'autre de l'Atlantique, mais les différences sont moins flagrantes - faudrait que je consulte le livret de mon Cd anniversaire pour les détails.
On trouve facilement "Valentyne Suite" et "The Grass Is Greener" en CD séparés.
Je les ai acheté comme ça et j'en suis très content...
On trouve facilement "Valentyne Suite" et "The Grass Is Greener" en CD séparés.
Je les ai acheté comme ça et j'en suis très content...
Perso, j'ai eu les versions Nord Am (en vinyle) bien avant les versions européennes (en CD)
Pour le CD de Grass Is Greener, il a fallu attendre bien longtemps - je crois 2011.
Du coup, j'ai trois fois For Those et trois fois la nana entre candélabres.
On trouve facilement "Valentyne Suite" et "The Grass Is Greener" en CD séparés.
Je les ai acheté comme ça et j'en suis très content...
Perso, j'ai eu les versions Nord Am (en vinyle) bien avant les versions européennes (en CD)
Pour le CD de Grass Is Greener, il a fallu attendre bien longtemps - je crois 2011.
Du coup, j'ai trois fois For Those et trois fois la nana entre candélabres.
J'ai découvert ce disque grâce à cette sortie en CD.
1981 Marauder
Cinquième album de nos Pieds Noirs, Marauder vient fermer la prestigieuse trilogie dite « des animaux » qui restent encore aujourd’hui la référence pour la bande de Rick Medlocke. Deux choses sont notables sur cet album: tout d’abord c’est sans doute le plus Heavy du groupe. De l’autre, paradoxalement, c’est également celui où l’on sent poindre des envies de proposer un son plus léché et commercial qui allaient faire les gorges chaudes pour les albums suivants. Pourtant ces deux tendances coexistent sans qu’on n’y trouve de décalage, permettant à Marauder de devenir l’un des albums les plus solides du groupe.
Avec « Good Morning », Blackfoot nous offre un réveil en fanfare. Imaginez l’équivalent Southern Rock du « Kill The King » de Rainbow et vous aurez une bonne idée de la petite furie qui nous est envoyée dans la face. Batterie lancée comme une locomotive, guitares sanguinaires et la grosse voix de buveur de whiskey de Medlocke pour couronner le tout. Le très accrocheur mid-tempo « Payin’ For It » laisse déjà entrevoir le son plus commercial que le groupe voudra aborder sur leurs disques suivants. Le rendu reste pourtant encore majoritairement Southern Rock. Un titre qui aurait pu se trouver sur un 38 Special de l’époque. Qui dit Southern Rock dit ballade épique. Si « Diary Of A Workingman » reste plus condensée que « Highway Song », elle n’en est pas moins belle et il lui manquait juste un solo à rallonge pour dépasser sa prédécesseure. Retour au Hard Rock juteux avec « Too Hard To Handle » qui confirmait que Blackfoot était alors le plus Heavy des groupe de Southern Rock. On remarquera que le groupe n’est pas dénué d’humour avec ce petit break mexicain improbable et pourtant parfaitement intégré à l’ensemble. « Fly Away » navigue vers un Rock moins Hard et plus radiophonique mais où l’aspect sudiste reste on ne peut plus présent.
N’ayant aucun rapport avec le titre de Bon Jovi, « Dry County » est un nouveau titre bien lourd et brut. Un mid-tempo bulldozer qui fait foutrement du bien. Mid-tempo mélangeant couplets calmes et refrains plus durcis, « Fire The Dragon » (en rien un titre de Fantasy) manque d’un petit quelque chose pour véritablement s’imposer. On retrouve ensuite Papy Medlocke, responsable de « Train, Train » sur Strikes et auteur d’une intro mémorable sur le « Fox Chase » de l’album précédent, sur « Rattlesnake Rock ’n’ Roller ». C’est son banjo et son bagou de cul-terreux du fin fond des States qui ouvre ce Rock ’n’ Roll graisseux et endiablé. Comme pour les deux titres su-cités, il s’agit de l’un des plus mémorable de l’album dont il est issu. Merci Papy Shorty (qui décèdera hélas l’année suivante). On termine par le très mélodique et léché « Searchin’ », titre qui préfigure à nouveau le virage à venir mais qui ne fait en rien dans le médiocre, notamment grâce aux très beaux solos de guitares.
Marauder fait donc figure de troisième incontournable de la discographie de Blackfoot et demeure une étape nécessaire pour tout personne souhaitant s’intéresser sérieusement au Southern Rock. J’écrivais au début que l’album venait fermer la prestigieuse trilogie des animaux ; mais aussi bien que les trois mousquetaires étaient en réalité quatre, la véritable fermeture de ce cycle doré se fera avec l’excellent album live qui suivra.
The Wicker Man
"Marauder" est certaitement leur meilleur album, du moins le plus abouti.
The John Coltrane Quartet Plays (1965)
L'homme n'est là que pour être dépassé. Je vous apporte le Surhumain.
Un album de Coltrane que j' ai toujours adoré et que j'aime de plus en plus. Peut être mon préféré du bonhomme. Surtout dans cette réédition augmentée des bonus tracks.
Partons de Feelin Good - dans la veine de Spiritual, qui aurait pu être gravée plus tôt par ce quartette. Ici, la beauté est dans sa simplicité dépouillée, sa sobriété en regard du reste. Lyrisme déchiré et retenu, mais encore mineur par rapport au reste.
Song of Praise est encore dans cette veine. Après une longue intro à la basse seule de Jimmy Garrison, Coltrane,au tenor, minimaliste, habite prodigieusement son souffle et délivre quelques notes qui sont pourtant une hémorragie de lyrisme. L' homme a atteint avec son instrument un rapport qui n' a pas d' équivalent.L' homme et son instrument sont clairement au service d' une volonté supérieure.Intercesseurs de quelque chose qui ne se communique pas par les voies ordinaires, mais qui a tout d' une Révélation.
Les 2 reprises permettent de mesurer le génie de Coltrane.
D'abord Chim Chim, cette modeste chanson-valse extraite de Mary Poppins. IL faut prendre le temps d' écouter l' originale pour ensuite revenir vers la version Coltrane.OMG. la 1ère minute est assez fidèle,les amarres sont assurées par Tyner et Garrison, mais bénéficie de la propulsion nucléaire d' Elvin Jones. Coltrane au soprano sax va ensuite transfigurer la chansonnette.
Brazilia. Roulement de tambour - comme un avertissement à la foule et suspense - et d' abord simple duo Elvin- John. ( Mais leur rapport est si étroit et si fondamental qu' il annonce déjà Interstellar space, où Coltrane ne jouera plus qu' accompagné d' un seul batteur -percussioniste.)
Et puis cette espèce d' Ascension - les accords de piano suggèrent les marches d' un escalier qui monte vers quelque chose - mais Coltrane ici au ténor vole mille lieues au dessus. Toujours dans son rôle - son destin - de Prométhée élu et seul capable de voler le feu des Dieux pour le ramener vers les humains, quitte à encourir la punition. Garrison et Tyner font décidément le lien avec la Terre. Elvin Jones est le divin pulsateur.
Et puis Nature Boy, qui au départ est une chanson magnifique, qui porte en elle douleur et tragédie - un véhicule idéal pour ce que Coltrane tente d' exprimer. Il en existe de multiples versions, très différentes,toujours passionnantes.Coltrane est un chercheur, un explorateur. Un vrai.
Ici encore, c'est une transfiguration. Après une exposition retenue mais lyrique, la chanson se réduit d' enveloppe à structure, et un peu comme les vêtements de Hulk trop petits pour lui, ne peuvent empêcher et ralentir la métamorphose. Coltrane tourne à l' intérieur,comme un fauve en cage, grandit, comme une érection religieuse ou une tentative nietzschéenne : l' humain n'est qu' une étape pour annoncer le surhumain.
Coltrane traite les chansons comme il traite la condition humaine : d' abord il en épouse humblement les contours, puis fidèle à sa mission, il doit en exploser l' habitacle étroit et libérer le surhumain, dans un avènement jamais arrêté ou fixé mais toujours dynamique.
Ici le Jazz est sublime - conquête de pur devenir, projet réalisé d' émancipation, de liberté en acte, de puissance d' agir.
Coltrane, serial ascensionniste, est un prophète qui ne se retourne jamais mais doit toujours aller de l'avant, un descendant d'esclave dont le désir de liberté ne connait plus de trève et ne saurait se contenter de l' habituelle condition humaine, un révélateur d' escalier célestes dont les marches sont des étapes vers la libération. Une invitation au perpétuel dépassement.
Une modalité supérieure de la seule révolution - intérieure, spirituelle - qui vaille. Ca s' appelle la Révélation.
Valentyne Suite 1969
Seulement quelques mois après leur premier opus, après une tournée Américaine en Août / Septembre 1969, sort le deuxième album de Colosseum, "Valentyne Suite" en Novembre 1969, lançant par la même occasion le nouveau label progressif de Philips, Vertigo qui sera le premier label à signer les pionniers du Heavy Metal, Black Sabbath.
"Valentyne Suite" est considéré comme leur meilleur. Il semble mature et varié avec le titre "Valentyne Suite" épique comme le point culminant: Il est mis en place autour d'un solo époustouflant de l'orgue Hammond par Dave Greenslade et un grand travail à la guitare par James Litherland. Et Dick Heckstall-Smith offre un superbe travail de saxo ténor.
C'est un véritable chef d’œuvre où le groupe explore tous les styles, du Rock de "The Kettle", qui ouvre l’album en passant par un Jazz Rock innovant puisant ses racines dans le Blues.
Colosseum est alors à l'apogée de sa créativité artistique et contrairement au premier album, il privilégie plus la mélodie au détriment de la virtuosité de chacun des musiciens.
Ce qui fait tout le charme du morceau "Valentyne Suite" qui s'étale sur une face entière du disque. Mouvement en trois thèmes, c'est une construction progressive ambitieuse et tout particulièrement réussie. La technicité de chaque musicien est mise au service d’une recherche collective mélodique particulièrement inspirée.
Dans ce disque, le groupe dépasse toutes les frontières et les codes du Rock, puisant aussi bien dans le Blues que dans le classicisme, et entrouvrant une porte vers de nouveaux horizons musicaux.
Bien que la chanson "The Kettle" soit officiellement considérée comme ayant été écrite par Dick Heckstall-Smith et Jon Hiseman, crédit confirmé sur le livret d'Hiseman pour l'album, le bassiste producteur Tony Reeves prétendra plus tard qu'elle a été écrite par le guitariste chanteur James Litherland.
"The Valentyne Suite" a été écrit avec "Beware the Ides of March" comme le dernier mouvement, mais depuis; "Beware the Ides of March" ayant déjà été publié au Royaume Uni sur "Those Who Are About to Die Salute You", "The Grass is Always Greener" a été remplacé par le dernier mouvement dans le disque du Royaume Uni.
Encore une fois comme pour le premier album, ce nouveau disque bondit dans les Charts et"Valentyne Suite" atteint le numéro 15 dans le UK Albums Chart.
"It''s Time" est certainement l'album le plus Hard des premières années de the Guess Who?, et le premier où Burton Cummings apparait comme chanteur en second et claviériste, mais aussi le dernier enregistrements avec le leader Chad Allan.
Dès les premières mesures de "All Right", cet dusque montre the Guess Who comme un groupe affamé, avec du sang neuf (Cummings) et l'adoption d'un côté R & B plus Hard.
Le matériel original montre les capacités de composition du groupe de plus en plus importantes, mais leurs influences sont encore évidentes.
Chad Allan se retrouve sur des morceaux plus calmes comme "One Day".
En fait, cet album montre clairement la lutte entre les influences pop d'Allan et le R & B tranchant plus hard de Cummings.
Dans l'ensemble, "It's Time" est un album qui doit être joué fort.
1982 Wolftracks
Premier album studio du début des années 80, "Wolftracks", parait en 1982 en pleine période de reconstruction.
En effer, en 1980, John Kay avait récupéré le nom de Steppenwolf après que ce nom ait été endommagé par une mauvaise utilisation par d'autres.
En raison de la constante des tournées sous le nom de John Kay & Steppenwolf, le groupe avait décidé d'enregistrer un nouvel album.
L'enregistrement se fait rapidement 'live in the studio' à Ocean Way, un excellent studio de Los Angeles, avec un nouveau format d'enregistrement digital 'Soundstream 2-track',un enregistreur numérique à 2 pistes (un tout nouveau support à l'époque), une méthode cependant déjà rendue populaire par les musiciens de jazz et de classique.
Alors que le Classique et le Jazz avaient déjà utilisé ce système, Steppenwolf est donc le tout premier groupe de Rock à le faire. En conséquence, le groupe s'est senti un peu sous pression.
Avec Steve Palmer à la batterie, Michael Palmer à la guitare et Michael Wilk aux claviers ainsi que Welton Gite, à la basse et l'ancien Wolf George Biondo et Brett Tuggle au chant, le groupe s'est donné à fond. Le disque a été conçu par leur ami Kevin Kern.
On pense que le "Wolftracks" qui en résulte est le seul album Rock enregistré de cette manière à ce jour.
Un groupe qui ne sonne plus comme le groupe d'antan, mais qui est loin d'être mauvais!
A noter une reprise du classique du groupe Argent "Hold Your Head Up".
Cet album a également été réédité en 1990 sur les disques CMC contenant 11 titres avec une piste bonus, "All I Want Is All You Got".
1960 Sketches of Spain
Avec Kind of Blue, In a Silent Way et Round About Midnight, Sketches of Spain est l'une des réalisations les plus durables et les plus novatrices de Miles Davis.
Enregistré entre novembre 1959 et mars 1960, après que Coltrane et Cannonball Adderley eurent quitté le groupe, Miles Davis s'est associé pour la troisième fois à l'arrangeur canadien Gil Evans.
Davis apporta à Evans le morceau phare de l'album, "Concierto de Aranjuez", après en avoir entendu une version classique chez le contrebassiste Joe Mondragon. Evans est aussi séduit que Davis et entreprend de créer un album entier autour de ce morceau. Le résultat est un chef-d'œuvre de l'art moderne. Sur le "Concierto", l'arrangement d'Evans a donné à un orchestre et à un groupe de jazz - Paul Chambers, Jimmy Cobb et Elvin Jones - l'occasion d'enregistrer une œuvre classique telle qu'elle était. Le morceau, avec ses couleurs étonnantes et son adagio à la fois complexe et transcendant, joué par Davis sur un flügelhorn avec une sourdine Harmon, est l'une des œuvres les plus mémorables issues de la culture populaire au XXe siècle. Le contrôle de Davis sur son instrument est singulier, et la direction d'Evans est impeccable. On notera également "Saeta", qui contient l'un des solos techniques les plus étonnants de la carrière de Davis, et la conclusion de l'album, "Solea", qui est conceptuellement une pièce narrative, basée sur une chanson folklorique andalouse, racontant l'histoire d'une femme qui rencontre le cortège amenant le Christ au Calvaire. Elle chante le récit de la passion du Christ et de la procession - ou du défilé - avec un accompagnement de cuivres. Cobb et Jones, avec leurs percussions aux accents flamenco, sont particulièrement merveilleux ici, car ils permettent à l'orchestre de se laisser aller à l'arrangement luxuriant et passionné qu'Evans a fourni pour accompagner Davis, qui était manifestement au sommet de sa forme ici, bien qu'il s'en acquitte avec grâce et verve.
Sketches of Spain est l'enregistrement le plus luxuriant et le plus résolument romantique que Davis ait jamais réalisé. L'écouter au XXIe siècle est toujours une expérience qui fait froid dans le dos, car on y trouve une multitude de timbres, de tonalités et de structures harmoniques que l'on trouve rarement dans la musique appelée jazz.
Pendulum (1970)
Décidément, ça ne chôme pas du côté de CREEDENCE CLEARWATER REVIVAL ! Alors que Cosmo’s Factory est sorti pendant l’été 1970 et a atteint la 1ère place du Top 200 US 5 semaines après sa sortie, voilà que John Fogerty et ses compères s’attellent à mettre en boite son successeur.
Et celui-ci, qui a pour titre Pendulum, sort le 9 décembre 1970, soit 5 mois après son prédécesseur ! Pendulum est donc le 6ème album studio, ce qui fait que CCR a sorti la bagatelle de 6 albums en l’espace de 2 ans et demi ! On était alors bien loin des 90’s et des années 2000, périodes pendant lesquelles les sorties d’albums sont devenues espacées à l’extrême.
Sur cet album, le saxophone (joué par John Fogerty en personne) tient une part plus prépondérante dans l’espace sonore par rapport à ce que CCR faisait dans le passé. Des instruments telles que l’orgue et le piano Rhodes y sont également présents. Cette fois-ci, un seul single a été extrait de ce disque, et quel single !! Il s’agit de « Have You Ever Seen The Rain? », publié en janvier 1971, et les paroles de la chanson font référence aux tensions qui régnaient au sein du groupe alors que celui-ci était à son apogée (d’ailleurs, Tom Fogerty, le frangin, allait quitter le groupe en 1971). Ce mid-tempo Folk-Rock aux mélodies douces/amères empreintes de sensibilité est irrésistible, d’autant qu’une batterie métronome et un refrain imparable, fédérateur qui reste bien imprimé dans les esprits viennent appuyer le tout pour en faire un hymne en puissance du Classic-Rock mondial. Pour l’anecdote, « Have You Ever Seen The Rain? » s’est classé 8ème aux USA, n°1 au Canada, en Afrique du Sud et en Malaysie, 3ème en Norvège et en Nouvelle-Zélande, 6ème en Australie, 9ème aux Pays Bas.
L’efficacité du Blues-Rock délivré par CREEDENCE CLEARWATER REVIVAL se manifeste sur quelques titres. C’est le cas sur « Pagan Baby », un mid-tempo de 6’24 qui prend aux riffs avec son riff de base entêtant et qui, après plus de 2’30, s’emballe, se fait plus vigoureux pour lancer un solo strident, athlétique et permettre aux musiciens de plonger dans une jam de feu pour parachever l’ouvrage. C’est aussi le cas de « Born To Move », un brûlot énergique qui donne du punch, revitalise toute personne qui aurait 2 de tension grâce à sa rythmique sur le fil du rasoir et un saxophone qui donne le change aux guitares incandescentes, mais aussi à un solo d’orgue marathonien; d’un « (Wish I Could) Hideaway » aux mélodies quasi-solennelle et à la sensibilité exacerbée qui prennent l’auditeur aux tripes, la voix d’un John Fogerty possédé y étant pour beaucoup. « Molina », aspergé de guitares crues, acérées, montre une volonté de durcir le ton de la part de CCR, mais ce titre s’avère redondant et aurait pu être amélioré, transcendé. « It’s Just A Thought », chanson bluesy en forme de fausse ballade, est classique dans son propos, mais reste acceptable, bien arrangée et la basse est un peu plus présente qu’à l’accoutumée. Dans un style un peu différent, le mid-tempo « Hey Tonight », qui fait taper du pied, capture bien l’esprit du Classic-Rock des 70’s, donnant par la même occasion des envies de rêve américain, de se faire un roller coaster au pays de l’Oncle Sam.
Une certaine baisse d’inspiration se fait sentir sur cet album. Par exemple, si « Chameleon », une compo parsemée de saxophone, reste dans les limites du convenable (mais sans plus, le tout aurait pu être amélioré), le mid-tempo « Sailor’s Lament » fait penser à un échange entre John Fogerty et les choeurs et le rendu est quelconque, pas palpitant pour un sou. Quand à « Rude Awakening #2 », c’est un instrumental de 6’22 assez décousu avec des passages hypnotiques impromptus, des bruitages étranges quelque peu déroutants et ce morceau semble plus relever d’un exercice à l’improviste que d’une volonté de créer quelque chose d’ambitieux au point qu’on est vraiment tentés de perdre le fil (pour ma part, je me suis fait violence pour l’écouter jusqu’au bout), d’oublier ce titre (qui n’est pas ce que CCR a fait de mieux, loin de là).
Dans l’ensemble, Pendulum est un album de bonne facture, mais on sent poindre une baisse d’inspiration, parfois une lassitude. Grâce au savoir-fairedes musiciens et à quelques titres de premier choix, Pendulum tient la route, fait illusion; mais il peut être vu avec du recul comme le chant du cygne de CREEDENCE CLEARWATER REVIVAL qui semble jeter ses dernières forces dans la bataille. Ce 6ème album de CCR s’est classé 5ème aux USA (où il s’est contenté d’un disque de platine), mais aussi n°1 en Australie, en Norvège et en Finlande, 2ème au Canada, au Japon et aux Pays Bas, 3ème en Allemagne et en Italie, 8ème en Grande Bretagne.
1982 Highway Song Live
Blackfoot était la version hard rock des meilleurs groupes de rock sudiste. Là où Lynyrd Skynyrd et les Allman Brothers prenaient du temps entre se balancer avec une ballade, ou une chanson de blues ou, dans le cas d'Allmans, un numéro jazzy, Blackfoot n'a rien fait d'autre que du southern rock and roll frit à l'emporte-pièce. En studio, ils étaient bruyants, en concert, ils étaient dangereux.
Lorsque ces rockers red-neck ont débarqué en Europe en 1982, ils ont pris d'assaut le pays, chevauchant un tiercé gagnant d'albums : Strikes de 1979 , Tomcattin' de 1980 et Marauder de 1981. Ils sont montés sur scène et ont branché le Rolling Stones Mobile et ont enregistré certains des riffs les plus durs qu'ils aient jamais joués devant un public tellement excité qu'ils ont spontanément chanté le montage final de l'album "Howay the Lads!"
Le spectacle commence par "Gimme, Gimme, Gimme" et le leader/guitariste/chanteur principal Rickey Medlocke débite les mots comme s'ils se disputaient le devant de la scène avec ses riffs et solos déformés et explosifs.
C'était un groupe de rockeurs assez stupides pour ne pas se rendre compte à quel point ils étaient géniaux, mais assez intelligents pour se concentrer sur la seule chose qui comptait, à savoir la performance de ce soir-là. Blackfoot a joué comme des hommes possédés.
"Fly Away" est une excellente chanson qui donne le ton, alors que Medlocke rend hommage à son oncle Shorty qui était responsable de son ADN musical - l'homme qui a joué de l'harmonica sur leur plus grand succès "Train Train". En live, cette chanson explose avec son riff massif et son rythme féroce. La meilleure chanson de la soirée - chaque soir, Blackfoot montait sur scène - était "Highway Song". Mieux décrite comme le "Free Bird" de Blackfoot, la mélodie a véritablement changé la donne pour le groupe.
"Highway Song" est un morceau qui mélange la solitude de la route avec l'exaltation d'un spectacle de rock en live. Les paroles, les sons et surtout les solos en font l'un des exemples brillants du genre éphémère et souvent sous-estimé du rock sudiste.
Les membres de Blackfoot étaient de véritables rock stars, et lors de cet effort en public, ils ont plus que prouvé que le sud est en effet tout à fait capable de se relever et de recommencer !
Jeb Wright
Quelle décharge! sans doute un des meilleurs lives jamais sortis!
Ce disque est une explosion du début à la fin, quelle énergie dégagée!
Expression (1967)
Enregistré en deux sessions au début de l'année 1967, Expression représente les dernières séances d'enregistrement de John Coltrane, quelques mois avant sa mort. Un disque varié et en quête, où Coltrane partage l'espace avec ses compagnons de voyage universel Pharoah Sanders, Jimmy Garrison, Rashied Ali et sa femme Alice Coltrane.
Ce groupe, qui travaillait dur pendant la période précédant la mort de Coltrane, se produisait sur le territoire le plus spirituel auquel Coltrane aurait pu aspirer. La section brûlante du duo ténor/batterie de "Offering", peut-être le point culminant de ces sessions, en est la preuve. Coltrane et Ali s'envolent ici vers les confins avec une énergie débordante qui, d'une manière ou d'une autre, reste contrôlée et retenue, même dans ses moments les plus crus. Le groupe réussit à élever le morceau jusqu'à son plus haut sommet, puis à le redescendre d'une manière si organique qu'il semble presque ordonné par un esprit de masse. Le morceau, comme tout Coltrane à son meilleur, devient une méditation guidée. Le vamp de 16 minutes de "To Be" est peut-être le morceau le plus curieux et le plus intéressant ici, avec Trane à la flûte, un instrument auquel il n'a jamais accordé beaucoup de temps de parole lors des sessions précédentes. Coltrane échange des passages doux et chantants avec la flûte piccolo de Sanders, tantôt distante, tantôt atonale, s'étendant dans des eaux discordantes quelque part au milieu de ce morceau qui s'éternise. Accompagné des nuages lumineux et mystiques du piano d'Alice Coltrane, le morceau sonnerait plus à sa place sur l'un de ses albums solos que sur celui de son mari, mais il dénote leurs inspirations mêlées.
Au moment où ces sessions ont été enregistrées, Coltrane souffrait silencieusement d'un cancer du foie non diagnostiqué depuis un certain temps. Sa mort a été un choc pour de nombreux membres de la communauté du jazz qui ne savaient même pas qu'il était malade, et encore moins qu'il approchait de la fin.
Il est remarquable qu'Expression ne soit pas un signe avant-coureur de la mort et de la maladie, mais un événement jubilatoire sans fin. Même à une époque qui a dû être extrêmement douloureuse et sombre, la quête obstinée de Coltrane pour la compréhension et la transcendance l'a conduit vers des lieux d'exploration et de lumière nouveaux.
The Grass Is Greener 1970
Pendant ce temps un autre album, sorti en Avril 1970 spécialement pour les États Unis, "The Grass is Greener" a été reçu avec des critiques extatiques.
Contrairement aux autres albums, il n'est sorti qu'aux États Unis, sur le label Dunhill / ABC. Il a été conçu comme une alternative de "Valentyne Suite" aux États Unis en Novembre 1969, avec une variante de couleur bleu-vert de la pochette de celle-ci et avec un nouveau guitariste chanteur Dave "Clem" Clempson en remplacement de James Litherland. Sur le verso de cette pochette, on peut noter que Hiseman a son prénom mal orthographié transformé en "John".
"The Grass is Greener" dispose de quatre morceaux enregistrés avec Clempson à l'Hiver 1969 ("Jumping Off The Sun", "Lost Angeles", "Rope Ladder To The Moon," "Bolero"), trois autres à partir de "Valentyne Suite" mais avec des parties vocales et la guitare de Clempson ("Butty's Blues," "The Machine Demands A Sacrifice", "The Grass Is Greener") à la place de James Litherland, et une chanson, "Elegy", qui semble être la même que l'originale de "Valentyne suite", avec le chant de Litherland.
"Jumping Off The Sun" est une chanson très intéressante chargée d'ambiance électrique et de cloches, mais la voix Clempson ne peut malheureusement pas rivaliser avec celle de Litherland.
"Lost Angeles" est encore une autre idée très intéressante mais pas très bien exploitée, car en comparaison de la version étendue qui se trouve sur "Colosseum Live", elle parait un peu pâle, mais c'est quand même une bonne version.
"Butty’s Blues" est une autre chanson de "Valentyne Suite", mais différente de la version précédente, car le chant de Clempson ne vaut toujours pas celui de Litherland et l'orchestration est plus restrainte.
L'instrumentation de "Rope Ladder To The Moon" signée Jack Bruce / Pete Brown est superbe, mais la version live avec Chris Farlowe est beaucoup plus impressionnante. A noter que c'est la seule chanson où Dave Greenslade joue du Mellotron.
"Bolero" pourrait bien être le premier exemple de la pièce de Ravel avec instrumentation Rock, quelques mois avant King Crimson et deux années complètes avant Emerson, Lake and Palmer. C'est probablement la meilleure version des trois, car c'est la plus éloignée de la monotonie de l'original de Ravel.
"The Machine Demands A Sacrifice" est une version plus courte que la version de "Valentyne Suite".
La dernière chanson "The Grass Is Greener" est le troisième mouvement de "Valentyne Suite" qui était sorti en Amérique du Nord comme "The Ides Of Mars" sur le première version du Royaume Uni.
Le disque a été remasterisé et il est sorti comme un disque bonus en 2003 en édition CD deluxe de "Valentyne Suite" sur le label Sanctuary Records.
1968 : Wheatfield Soul
Richardson, qui a produit leur matériel sur "A Wild Pair", a estimé que The Guess Who étaient sur le point de percer au niveau international.
En conséquence, il a hypothéqué sa maison pour financer le prochain lot d'enregistrements du groupe, qui allait devenir l'album "Wheatfield Soul", et notamment la ballade "These Eyes".
Cette chanson, sorti en Janvier 1969, est devenu le premier Hit dans le Top 10 Américain pour leur nouveau label RCA Records. Il s'est vendu à plus d'un million d'exemplaires et a reçu un disque d'or par la Recording Industry Association of America. Richardson restera le producteur du groupe jusqu'à sa dissolution en 1975.
Tout en n'étant pas un album populaire, "Wheatfield Soul" est toujours l'un des favoris des fans du groupe.
"Pink Wine Sparkles in the Glass" a des paroles remarquables et elle passait souvent radio à Winnipeg.
"I Found Her in a Star" est une ballade sous-estimée écrite par Cummings, qui comprend une guitare fuzz jouée par Bachman.
Le morceau le plus remarquable sur l'album, est "Friends of Mine" qui dure environ 10 mimutes.
"Strange Days" de The Doors était sorti un an avant l'enregistrement de "Friends of Mine", et "Strange Days" contenait la chanson de 11 minutes "When The Music's Over". "When The Music's Over" a clairement influencé "Friends of Mine", beaucoup de vocaux sont semblables, la longueur du morceau, et les paroles sont une tentative de Cummings pour ressembler à son influence, le chanteur des Doors Jim Morrison. Une version originale de "Friends of Mine" se trouve sur la compilation posthume de Guess Who "This Time Long Ago".
La face 2 commence par "When You Touch Me", qui a un riff de guitare qui sonne comme l'ouverture du "Train Kept A-Rollin'' de Tiny Bradshaw.
"A Wednesday In Your Garden" est une autre chanson sous-estimée de Bachman, avec des accords de Jazz, peut-être inspirée par The Zombies en utilisant le même son que sur plusieurs de leurs Hits albums.
"Lightfoot" est écrite à propos d'un autre Canadien, le musicien Gordon Lightfoot.
"Love And A Yellow Rose" révèle de nombreux talents musicaux des Guess Who, car Peterson joue des tablas et Bachman joue du sitar et de la guitare fuzz sur la chanson.
"Maple Fudge" ressemble presque à une ballade de Paul McCartney façon "When I'm 64". Les Beatles ont eu une influence énorme sur le groupe car les Guess Who avaient souvent repris leurs chansons pendant l'émission "Let's Go" de CBC, ou au cours de performance live au début des cours de leur carrière.
"We're Coming To Dinner" clôture l'album.
1984 Paradox
"Paradox", publié en 1984, a été enregistré dans l'ancien American Recording Studio à Studio City, en Californie. Le groupe avait enregistré six de ses albums précédents dans ce studio, avec le producteur Richard Podolor et l'ingénieur Bill Cooper.
Après l'achèvement de "Paradox", le studio a été déplacé à Woodland Hills, en Californie.
Le titre de l'album "Paradox" a été choisi du fait que la musique a été exceptionnellement varié.
En outre, sur "Watch Your Innocence", Jackie DeShannon (qui a co-écrit la musique) chante l'harmonie vocale.
Un disque pas mauvais mais qui sent bien musicalement les années 80!
1961 Someday My Prince Will Come
Someday My Prince Will Come est à la fois une curiosité et un chef-d'œuvre, un enregistrement qui non seulement saisit le groupe du trompettiste Miles Davis en pleine mutation, mais qui cristallise pratiquement le moment même de la transition. Comme sur Kind of Blue, pour lequel le leader avait fait revenir le pianiste Bill Evans, Miles Davis se tourne à nouveau vers le passé, faisant cette fois appel à deux anciens musiciens pour participer à trois des morceaux. Mais bien plus qu'un document historique, Someday My Prince Will Come est une chose de toute beauté, un ajout indispensable au canon enregistré par Davis.
Malheureusement, une attention disproportionnée a été accordée au morceau d'ouverture, le morceau-titre. Après les solos de Davis, du saxophoniste ténor Hank Mobley et du pianiste Wynton Kelley, le leader semble vouloir mettre fin à la mélodie, mais termine sur une cadence trompeuse, suspendant l'accord dominant suffisamment longtemps pour que le saxophone ténor de John Coltrane se joigne à la fête pour deux chorus indéniablement éblouissants d'harmonies alternées et étendues, et de pyrotechnie foudroyante. Les auditeurs moins familiers de l'œuvre de Mobley que de celle de Coltrane ont tendance à faire grand cas de la disparité évidente entre les deux, l'interprétant soit comme un signe de la supériorité inattaquable de Coltrane, soit comme la médiocrité du poids moyen de Mobley.
Rétrospectivement, et surtout après avoir lu les notes de pochette qui contiennent le compte rendu direct et sympathique du trompettiste Eddie Henderson sur le statut de Mobley en tant que nouveau venu, il est difficile de ne pas avoir l'impression que Mobley a été "aveuglé" à cette occasion. Alors que Coltrane fait clairement l'entrée dramatique d'un homme en mission, Mobley essaie simplement de plaire à son patron, en contribuant à un solo, qui plus est, basé sur le modèle minimaliste et serré de celui qui l'a immédiatement précédé. Le résultat est "respectable" mais peu représentatif de Mobley. Ni motiviste comme Rollins, ni harmoniciste incantatoire comme Coltrane, Mobley est l'un des premiers "chanteurs" de bel canto de l'instrument, un romantique sans complexe qui joue habituellement à cœur joie, soumettant rarement l'inspiration du moment à un examen intellectuel potentiellement mortel (et qui met fin à la chanson). Mais dans ce cas rare, il fait une pause, et encore une pause, et encore une pause, chaque fois jusqu'à ce qu'une mesure entière d'espace vide s'écoule avant que, réalisant que son temps est sur le point de s'écouler, il n'insère à la hâte une étiquette finale arbitraire et boiteuse.
Coltrane ne participe pas à la prise alternative du morceau (non incluse dans la version originale), où Mobley reprend du poil de la bête, reprenant à plusieurs reprises la note la plus aiguë de son solo jusqu'à ce que le son des paroles soit indubitable, avant de lier le tout de manière inébranlable et caractéristique de Mobley. Néanmoins, le premier solo de Coltrane, bien qu'il ne rende pas service à Mobley, prépare le terrain pour tout ce qui suit, élevant la session d'une curiosité historique à un autre classique perpétuellement frais et résistant au temps, par un ensemble Davis moins "transitoire" qu'à la pointe de l'art.
"Old Folks", une ballade aussi sentimentale et nostalgique que son titre le suggère, acquiert une urgence et une poésie inhabituelles lorsqu'elle est distillée jusqu'à son essence par la trompette pénétrante et tranchante de Davis, suivie de sa concrétisation dans les tons chauds et ronds du ténor de Mobley sur le premier de plusieurs tours impeccables du saxophoniste. Comme le révèle le compte rendu écrit de Henderson, Davis était loin d'être convaincu de la pertinence de Mobley pour remplacer Coltrane - et Mobley n'était que trop conscient des réserves de son nouvel employeur. Le saxophoniste Sonny Stitt, autre membre provisoire de l'ensemble Davis après le départ de Coltrane, avait fait l'objet de critiques acerbes (ou, pire, d'un mépris froid) de la part de son employeur, notamment pour avoir tenté de jouer des figures bebop sur les gammes modales de "So What". Mais alors que Stitt a tenu bon, s'en tenant à son histoire en forme de Charlie Parker et passant simplement à autre chose, il est évident que Mobley a pris très au sérieux la question de son acceptation par le prince des ténèbres du jazz, souvent impénétrable.
À l'exception de la version publiée du morceau-titre et de "Teo", un morceau modal du Moyen-Orient sur lequel Davis revisite une partie de son travail dans le registre supérieur de "Saete" (Sketches of Spain), Mobley s'acquitte de sa tâche de manière presque aussi impressionnante que sur les enregistrements sur place du groupe, In Person at the Blackhawk, Vols. 1 et 2 (1961). Sur "Teo", Davis a simplement interrompu la première prise en cours de route et s'est tourné une fois de plus vers Coltrane pour la version définitive et publiée de la mélodie. Franchement, il est peu probable qu'il y ait eu quelqu'un d'autre que Coltrane capable non seulement de maintenir le charme exotique et suspendu de la trompette incandescente de Davis, mais aussi de l'intensifier et de l'approfondir, en sondant les dimensions sombrement belles qui se cachent sous la surface anguleuse et séduisante de la chanson.
Outre la rencontre Coltrane/Mobley, la session offre à l'auditeur une occasion unique d'opposer le "nouveau" batteur, Jimmy Cobb, à son prédécesseur, Philly Joe Jones, qui intervient sur "Blues No. 2", un morceau disponible uniquement sur la réédition du CD. Cobb joue avec une frappe large et généreuse et une cymbale ride brillante et sonnante, créant des espaces de swing ouverts que les solistes peuvent explorer, anticipant clairement le rôle proéminent de la cymbale ride dans le jeu de son successeur, Tony Williams.
Jones qui, comme Coltrane sur la chanson titre, sonne comme un homme qui veut prouver quelque chose, privilégie la caisse claire et exécute avec une frappe courte et serrée, parfaite pour la répartie vive et rapide qu'il engage avec le leader. À cet égard, il est plus proche de Max Roach que de Cobb ou Williams, mais il y a une différence indéniable. Alors que Roach, le "doyen" des batteurs de jazz modernes, entretenait une conversation polyrythmique animée, ou "counter-chatter", avec les solistes, Jones joue davantage comme un cruivriste, ses phrases étant complexes mais relativement symétriques, enchaînant les mêmes licks bebop que ceux privilégiés par les principaux représentants de l'idiome. En fait, écouter le batteur et son ancien employeur sur ce morceau n'est pas sans rappeler les joutes entre Charlie Parker et le trompettiste Dizzy Gillespie sur Bird and Diz (1950).
Comme on peut déjà le déduire, Someday My Prince Will Come est un enregistrement de Davis riche en signification contextuelle, historique et autobiographique (y compris la photo de couverture d'une femme dont le leader a exigé l'apparition comme condition de la sortie de l'album). Les auditeurs qui insistent pour faire grand cas de la "fusillade" entre Mobley et Coltrane feraient bien de ne pas se prononcer avant d'avoir entendu les deux géants du ténor se battre l'un contre l'autre sur au moins trois autres enregistrements, chacun accordant aux musiciens de généreux espaces de solo : Johnny Griffin, A Blowin' Session (1957) ; John Coltrane, Two Tenors (1957) ; Hank Mobley, Tenor Conclave (1957). Sur cette dernière session, qui réunit quatre ténors, Mobley suit Coltrane dans son rôle de nettoyeur sur une version particulièrement mémorable de "How Deep Is the Ocean" d'Irvin Berlin, qui se termine par une cadence étonnamment puissante de Mobley.
Mais Some Day My Prince Will Come est un enregistrement que l'on peut recommander uniquement pour ses mérites intrinsèques, dont le moindre n'est pas le jeu uniformément excellent du trompettiste. Pour cette raison, ainsi que pour le niveau constamment élevé des autres performances individuelles et pour l'influence indubitable du leader, déterminé, concentré et visionnaire, sur pratiquement chaque mesure de la musique, c'est une session qui continue à acquérir une forte audience, ayant même le potentiel de s'approcher à distance de Kind of Blue.
Mardi Gras (1972)
A vouloir tout contrôler, John Fogerty a fini par tout briser. A commencer par sa relation avec son frère Tom, guitariste rythmique qui ne supporta pas plus longtemps le peu de place laissé par son cadet dans les compositions. Mardi Gras sera en 1972 le dernier disque de Creedence.
Ce départ a-t-il été un déclic pour John Fogerty ? Toujours est-il que pour sauver le groupe, qui décide de continuer sous forme de trio sans recruter de nouveau membre pour remplacer Tom, le leader va lâcher du lest à ses deux derniers camarades. Echappant de peu à la mutinerie, le capitaine conçoit que Creedence puisse interpréter des titres écrits par quelqu’un d’autre que lui, et daigne même s’occuper des parties de guitares sur les morceaux écrits par Stu Cook et Doug Clifford. Grand prince.
Au final, John Fogerty n’est l'interprète que de quatre titres de Mardi Gras. Dont le très mauvais et carnavalesque "Lookin’ for a Reason", le déjà-kitsch-en-1972 "Hello Mary Lou" (reprise de Gene Pitney, chanteur américain des années 60), mais également les très surprenants "Someday Never Comes" et "Sweet Hitch-Hiker". Lui qu’on connaissait jusque-là coincé dans son obsession du rock n’roll à l’ancienne tente des arrangements qui s’éloignent de sa zone de confort, avec une dimension très pop et moderne dans les couplets et transitions de "Someday Never Comes", et surtout une rage rafraîchissante dans "Sweet Hitch-Hiker". Avec ce dernier titre, Fogerty se montre capable de saisir les bouleversements qui traversent le rock du début des années 70, plus sauvage à la batterie, avec un son plus saturé et des riffs simplifiés.
Malheureusement, Mardi Gras n’a pas réellement été écrit de façon démocratique. Plutôt que de faire les choses ensemble dans l’intérêt de tous, les trois derniers membres de Creedence se sont séparés entre les morceaux de Fogerty, et les titres du duo Cook/Clifford. La section rythmique s’est associé pour écrire "Need Someone to Hold", petite chanson simple et efficace qui convainc surtout par la mélodie du chant de Doug Clifford, peut-être le meilleur des deux au chant. Stu Cook évolue lui dans un registre plus éraillé et caricatural, sur le titre "Take It Like A Friend", qui contient en revanche les meilleures parties de guitare du disque.
Si Creedence cherche dans Mardi Gras à conserver son identité rock n’roll old school, le dernier disque de Creedence témoigne surtout des envies grandissantes de chacun d’explorer de nouveaux horizons. Mardi Gras part ainsi dans tous les sens et perd grandement en cohérence, avec certains morceaux vraiment oubliables. Mais son imperfection est peut-être ce qui en fait le disque le plus spécial de la carrière du groupe. Mettant enfin un terme à l’obsession de John Fogerty pour un rock calibré à l’excès, Creedence offre une poignée de titre qui lui ressemble enfin. Et même Fogerty semble profiter de ce renouveau à l’écriture, libérer de devoir batailler avec ses collègues pour imposer sa vision. Pourtant, le leader de Creedence n’a jamais reconnu Mardi Gras comme étant un disque à part entière de la discographie du groupe.
Après la sortie de Mardi Gras, John Fogerty jette l’éponge et décide de se lancer en solo, chose qu’il aurait peut-être dû penser à faire depuis longtemps.
Etienne
Un disque qui a été pas mal dénigré mais qui est, à mon avis, pourtant digne de ses devanciers!
Pas un grand cru, mais un bon cru...
1983 Siogo
Le label du groupe, Atco Records, souhaite que Blackfoot fasse un effort et rejoigne le style "pop metal" qui est alors en plein essor. Ken Hensley, qui avait écrit ou co-écrit les principaux succès d' Uriah Heep rejoignit le groupe à ce moment-là.
L'album fut enregistré principalement au Subterranean Studios d'Ann Arbor dans le Michigan où le groupe a ses habitudes avec le producteur Al Nalli depuis 1979. Des enregistrements additionnels seront effectués aux Solid Sound Studios d'Ann Arbor et aux The Recording Connection Mobile studios de Cleveland dans l'Ohio.
Dès le début de l'album qui s'ouvre avec une composition de Ken Hensley et Jack Williams (le duo avait déjà composé plusieurs chansons pour Uriah Heep), le ton est donné. Le rock sudiste s'efface pour un rock plus mélodique, la chanson sera d'ailleurs le premier single tiré de l'album. Seul les titres, We're Goin' Down, White Man's Land et Drivin' Fool renoueront avec l'esprit des albums précédents . Le reste des titres se tourne vers un hard rock FM, avec des refrains accrocheurs (Teenage Idol, Run for Cover). Blackfoot reprendra sur cet album une chanson de Nazareth, parue sur l'album Malice In Wonderland (1980), Heart's Grown Cold.
Le groupe choisit le nom de Siogo pour l'album et informa sa maison de disques que siogo était le mot indien pour « unité ». En vérité il faillait lire S.I.O.G.O. pour « Suck It Or Get Out » (suce le ou dégage), une plaisanterie que le groupe avait affiché sur son bus de tournée à l'attention des groupies.
Cet album se classa à la 82e place du Billboard 200 aux États-Unis et à la 28e place des charts britanniques. Le single Send Me an Angel se classa à la 66e place des UK Singles Chart.
Ce sera le dernier album du groupe avec le guitariste Charlie Hargrett, ce-dernier quittera le groupe en 1984 lors de l'enregistrement de l'album suivant.
2006 Bluestone Co.
The Savoy Truffle s'étant séparé après le départ de son chanteur Monji Kadowaki, le groupe a changé de nom pour devenir Bluestone Co. The Savoy Truffle était un groupe de rock sudiste de classe mondiale en termes de son, de technique individuelle et de groove.
Bluestone Co, cependant, compte encore quatre membres mais devrait être considéré comme un groupe complètement différent, avec Chris Duarte au chant et à la guitare, ce qui reflète probablement ses fortes intentions.
Pourtant, on se retrouve avec deux batteurs, un super bassiste de blues, et un guitariste slide qui est toujours aussi incroyable.
Le quatuor japonais s'est entendu avec Chris Duarte pour offrir un set de slide blues de style sudiste, avec des leads mordants de Chris.
Cela n'a plus rien à voir avec le son de the Savoy Truffle et chaque chanson est excellente, avec un slide impressionnant, des leads et des vocaux de Chris.
Un disque à écouter absolument. Vous ne serez pas déçu.
Si vous aimez le dernier album de Chris, Blue Velocity, alors celui-ci va vous faire dresser les cheveux sur la tête. Une excellente sortie, grâce à Bluestone Co.
1970 Daughter of Time
Un nouveau bassiste, Mark Clarke, arrive alors que les sessions pour le prochain album de Colosseum, "Daughter of Time", avaient déjà commencées et un grand pas est franchi en Septembre 1970, quand le leader du groupe,Jon Hiseman, décide d'ajouter un chanteur au line up, afin de compléter le côté instrumental du groupe, et après bien des essais exhaustifs avec des chanteurs très différents, la capacité inattendue est trouvée avec un homme avec lequel Dave Greenslade avait déjà joué, quelqu'un dont la voix s'adapte exactement à Colosseum, son nom: Chris Farlowe. Celui-ci se joint au groupe juste à temps pour permettre à Clempson de se concentrer sur la guitare.
"Daughter ot Time", enregistré au cours de l'Eté 1970 aux Lansdowne Studios, à Londres et sorti sur le label Vertigo en Novembre 1970, s'oriente vers un style Rock plus Progressif en ajoutant des influences de Jazz classique et de musique de chambre.
Le line up a donc changé avec le début du nouveau chanteur Chris Farlowe, Dave "Clem" Clempson à la guitare, et Mark Clarke à la basse, bien qu'il ne joue que dans trois chansons ("Three Score and Ten, Amen", "Theme for an Imaginary Western"et "Downhill and Shadows"; le reste étant joué par Louis Cennamo, membre de Renaissance qui prend la basse sur certains morceaux avec une main plutôt Heavy). Les autres membres sont les mêmes que sur les enregistrements précédents: le batteur et leader du groupe, Jon Hiseman; le saxophoniste Dick Heckstall-Smith, et Dave Greenslade aux claviers.
Un concept album librement inspiré de la fascination de l'homme et de l'attrait pour la guerre à travers les âges, "Daughter of Time" contient tous les éléments nécessaires pour créer un album de Prog Rock pur.
Le disque se veut plus Rock que les précèdents, mais il garde cependant toute sa dimension lyrique. Si la structure Jazz Rock est toujours présente, elle est moins ambitieuse, et de fait, peut-être moins passionnante. Une multitude d'instruments se combinent parfaitement pour créer un mélange brillant de la musique sur chacune des huit chansons. Des accélèrations dynamiques de trombone, de trompette, et de flûte sont amenées au niveau de chaque chanson, qui cède alors la place à certains instruments de Jazz Fusion.
Un chant grégorien ouvre le premier titre de prog Rock lyrique."Three Score And Ten, Amen" où se font entendre les excellents et profonds bocaux de Farlowe, un grand solo de wah-wah de Clempson, Greenslade et son vibraphone et un passage où le saxophoniste Heckstall-Smith parle "Run swiftly down the tunnel of time.." Un passage de travaux oraux de Dick qui crée une aura mystérieuse car sa voix se fait l'écho sur la venue de l'apocalypse. Il est possible que le titre de la chanson puisse avoir été inspiré par une phrase biblique dans le livre des Psaumes ou peut-être à partir du "Macbeth" de Shakespeare.
"Time Lament" écrite par le duo Greenslade / Hiseman possède une intro étendue où la combinaison du piano, de saxophone et s'une section de cordes se marient parfaitement. Après le deuxième couplet, le tempo se ramasse, et ce qui suit est un grand ensemble de mélodies dans la jazz-fusion!
Greenslade montre son jeu de piano d'inspiration classique au début de la chanson suivante intitulée "Take Me Back To Doomsday". Le guitariste Clempson se met à chanter de façon très différente de la voix profonde de Farlowe et ensuite apparait quelques travaux de flûte de la femme de Hiseman , Barbara Thompson. Le jeu de batterie de Hiseman est un régal à écouter.
"Theme For An Imaginary Western", une autre chanson du tandem Jack Bruce / Pete Brown est la seule reprise de l'album avec le jeu de basse caractéristique de Clarke. Sur "Theme For An Imaginary Western", la voix de Chris Farlowe prend toute son ampleur, amenant le morceau dans les plus hautes sphères du Blues.
"Bring Out Your Dead" est un instrumental qui montre l'influence classique du groupe. La mélodie principale est jouée par le saxophone, l'orgue, et la guitare à l'unisson. Un peu de vibraphone se fait entendre quand le passage est calme. Hiseman frappe sur un gong à la conclusion du morceau.
"Downhill And Shadows" est un de ces airs de blues standard de l'époque. Le saxophone de Heckstall-Smith rend cette chanson unique avec sa superbe intro et Clempson est en pleine forme à la guitare. La guitare passe au premier plan comme sur "Downhill and Shadows", Blues Rock fertile en divagation guitaristique,
A propos de la super technique de la batterie, Hiseman arrive pour clore l'album avec "Time Machine", un solo de batterie incroyable en quelques huit minutes enregistré en Juillet '70 au Royal Albert Hall.
Un orgue riche et du vibraphone peuvent être entendu derrière "Three Score and Ten Amen" et "Take Me Back to Doomsday", ajoutant au thème mélancolique. Pour contrer celà, des arrangements de cordes magnifiques composés de violon, d'alto, et de violoncelle sont utilisés efficacement pour évoquer l'humeur, et c'est un excellent travail. Même un bugle se met à retentir de temps à autre au dessus des tambours accentués.
"Daughter of Time" atteint le numéro 23 dans le UK Albums Chart.