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Cooltrane
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Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par Cooltrane » ven. 10 mars 2023 14:17

alcat01 a écrit :
ven. 10 mars 2023 11:35
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"Long Live Rock’N’Roll" n’est rien de moins qu’un classique du Hard Rock
"Gates Of Babylon" marque une nouvelle incursion de Ritchie Blackmore dans l’univers oriental où mineur harmonique et chœurs oniriques font bon ménage.
… Ou bien "Kill The King" !
Des albums Dio, c'est le plus faible, àmha

Seulement trois titres sont bons ou excellent... et encore: l'excellent n'était plus une nouveauté, puisque déjà paru sur le live. J'arrêtes avec Rainbow ici, car sur le suivant, il ne reste qu'un bon titre (heureusement le plus long), le reste (et les prochains) étant franchement peu écoutable

Sinon, anecdote : la photo intérieure de la pochette de LLRnR à été prise à un concert de Rush après avoir ôté ce qui se trouvait sur le drapeau - devenu blanc.

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Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par alcat01 » ven. 10 mars 2023 14:21

Cooltrane a écrit :
ven. 10 mars 2023 14:17
alcat01 a écrit :
ven. 10 mars 2023 11:35
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"Long Live Rock’N’Roll" n’est rien de moins qu’un classique du Hard Rock
"Gates Of Babylon" marque une nouvelle incursion de Ritchie Blackmore dans l’univers oriental où mineur harmonique et chœurs oniriques font bon ménage.
… Ou bien "Kill The King" !
Des albums Dio, c'est le plus faible, àmha

Seulement trois titres sont bons ou excellent... et encore: l'excellent n'était plus une nouveauté, puisque déjà paru sur le live. J'arrêtes avec Rainbow ici, car sur le suivant, il ne reste qu'un bon titre (heureusement le plus long), le reste (et les prochains) étant franchement peu écoutable

Sinon, anecdote : la photo intérieure de la pochette de LLRnR à été prise à un concert de Rush après avoir ôté ce qui se trouvait sur le drapeau - devenu blanc.
Permet moi de ne pas être d'accord!
Ce n'est un énorme album, mais il est excellent! :hello:

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Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par alcat01 » ven. 10 mars 2023 15:45

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"The Amazing Blondel"
Le premier album "The Amazing Blondel", également appelé "Amazing Blondel and a Few Faces", a été enregistré en 1969 et publié par le label Bell Records. Il a été réalisé par le guitariste de session Big Jim Sullivan.
Cet opus, sorti à l'origine en 1970, est enregistré alors que le groupe n'était encore qu'un duo composé de John Gladwin et Terry Wincott.
La couverture de l'album réalisé par ce tandem est à ce titre très révélatrice de leur identité Moyen-âgeuse.
Malgré les arrangements de la figure du Folk du moment, Big Jim Sullivan, "The Amazing Bondel" qui fait appel à une instrumentation du passé (luth, harmonium, flûte à bec, ocarina...), se révèle toutefois un tant soit peu décevant.
Cet disque les montre dans leur première phase, une phase de formation, alors qu'ils se dirigeaient benoitement vers ce qui allait devenir leur signature sonore.
L'album a été enregistré avec des musiciens de session, ce qui a donné lieu à un certain nombre de morceaux qui, à vrai dire, ne sont pas tout à fait à l'aise avec les penchants pastoraux du duo. Le groupe de soutien oriente le duo vers un Folk Pop hybride plutôt commercial, avec des traces occasionnelles de musique Country et de Psychédélisme.
Le résultat final est un album qui semble stylistiquement inégal, car la formation oscille entre des morceaux à consonance commerciale tels que "Bethal Town Mission", "You Don't Want My Love" et "Canaan" et des morceaux acoustiques plus traditionnels, comme par exemple le charmant "Saxon Lady " aux sonorités orientales (avec sitar, bien évidemment), "Shepard's Song" et "Minstrel's Song".
Malgré cette anomalie tout à fait occasionnelle, il s'agit d'un bon album de Folk.

Le disque est agréable en lui-même, car il y a assez de magie pour les faire passer, même en tenant compte des curiosités occasionnelles.
Dès cet opus, il était clair qu'il s'agissait d'un groupe très original qui serait apprécié au fil du temps et qui serait consacré dans les années 70 avec les œuvres des plus complètes.

Ce premier album est à peu près ce que l'on peut attendre d'un groupe de Folk traditionnel, mais il n'y a vraiment pas beaucoup de prog. Cela ne veut pas dire qu'il n'est pas agréable, car il l'est à sa façon.
Bien sûr, il ne faut pas y chercher des nouveautés, juste un paquet de chansons romantiques et simples mises ensemble.
Avec une bonne variété de styles, le groupe a manifestement essayé différents sons pour découvrir exactement où était son créneau. Bien sûr, il a suivi la voie de la musique Folk puis celle du Rock et du Blues, et il s'en est bien sorti.

La juxtaposition de styles dans un ordre presque alterné fonctionne, en fait, assez bien, la voix plus rude de Wincott sur la délicieuse "Bethel Town Mission" et "Canaan", quelque peu influencée par Blood Sweat and Tears, contrastant bien avec la voix plus 'elfique' de Gladwin sur "Saxon Lady" et "Season of the Year". Le fait que l'écriture des chansons et les arrangements soient déjà assez mûrs, voire même un peu naïfs, n'est pas un mal.

Cet album a également beaucoup plus que juste deux gars avec des guitares acoustiques.
Le groupe introduit plusieurs instruments traditionnels et d'autres non traditionnels, et tout cela fonctionne très bien ensemble et donne une certaine variété.
Mais ils n'allaient pas non plus se cacher des réalités du tournant des années 1960 / 70. Ils ont donc fait appel à des rockeurs de session - le bassiste Gary Taylor, le batteur Clem Cattini, le percussionniste Chris Caran et l'arrangeur Jim Sullivan - pour enregistrer "The Amazing Blondel & A Few Faces".
Le résultat donne un mélange intéressant de motifs troubadours authentiques, d'influences Hindoues branchées (sitar et tabla apparaissent sur l'un des morceaux), de marques de Blues Rock et d'un léger parfum entêtant de Folk Psychédélique.

Toutes les chansons ont été composées entièrement par John Gladwin. Peu importe que certaines paroles soient un peu niaises, parce que la plupart des chansons Folk traditionnelles ont des paroles niaises, du moins elles semblent ainsi aujourd'hui, mais à l'origine elles ne l'étaient pas.
Ce premier album est un peu schizophrène. La moitié des chansons sont dans le style de ballade élisabéthaine, l'autre moitié est un mélange de styles (un peu de Blues, un peu de C&W, un peu de nouveauté). La variété des styles ne donne pas un album vraiment cohérent, mais il y a des délices individuels. "Saxon Lady" est une Folk trippante aux accents de sitar assez entraînant. "Season of the Year", "Love Sonnet" et "Minstrel's Song" portent l'empreinte du groupe. "Shepherd's Song" est devenu l'une des chansons préférées des fans. "Bethel Town Mission" et "Bastard Love" sont des airs décents avec des paroles un peu fades.
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La chanson la plus représentative de toutes est le morceau d'ouverture "Saxon Lady" qui est incroyable, hypnotisant avec ses couches infinies de sons acoustiques et sa merveilleuse mélodie. Elle comprend de nombreux aspects du genre Folk Renaissance pittoresque qui sonne typiquement Anglais, mais on peut entendre aussi le son d'un sitar indien, donnant à la chanson une ambiance Orientale légèrement exotique. L'album vaut la peine d'être écouté rien que pour ce morceau...
Certains autres titres sont moins mémorables comme "Bethel Town Mission", une explosion de Folk Rock endiablé qui ressemble au genre de chanson entraînante que n'importe qui pourrait rejoindre lors d'une soirée karaoké dans un pub, après avoir descendu quelques bières auparavant.
Vient ensuite "The Season of the Year", une brève étude pastorale à la flûte et à la guitare, dans le style d'un joyeux madrigal de la Renaissance.
Le groupe s'éloigne un peu du Folk ici et là dans l'album. Par exemple, "Canaan", un chant de louange inspirant et dévotionnel qui a un côté gospel spirituel qui semble être une tentative assez maladroite de Hit single, mais avec des harmonies plutôt pauvres et un refrain faiblard. Ce morceau introduit un aspect bluesy dans le chant, ce qui surprend.
Au contraire, il y a aussi beaucoup de chansons aux sonorités plus traditionnelles, dont l'excellente "Shepard's Song" qui semble beaucoup plus authentique et qui dure plus de six minutes d'acoustique, de chant et d'une très belle mélodie au luth. La variation dans le chant et l'harmonie est agréable. C'est une joyeuse chanson Olde Englishe Folke avec une belle intro instrumentale et une bonne flûte également qui sonne aussi traditionnellement Anglais qu'un déjeuner de laboureur et une pinte de bière dans une taverne aux poutres en chêne et au toit de chaume dans les Cotswolds.
La seconde moitié de l'album est cependant un peu moins intéressante, à commencer par "Though You Don't Want My Love", une ballade bluesy avec un refrain romantique, malgré tout, plutôt entraînante.
Et pour continuer avec l'humeur romantique vient "Love Sonnet", une belle mélodie pastorale qui déborde positivement d'amour et de passion, bien que les paroles révèlent une bien triste histoire d'amour perdu: "...Oh my darling you can't hide, The love you once had for me has died..."... C'est la charmante histoire douce-amère d'un jeune gentleman Anglais qui espère avec nostalgie raviver la flamme d'une histoire d'amour perdue avec sa belle.
Nous partons ensuite vers l'Espagne ensoleillée pour "Spanish Lace", une chanson Folk Pop entraînante, à l'esprit vif et ensoleillé, imprégnée de toute la chaleur et du bonheur d'un rayon de soleil perçant les nuages. La musique ressemble quelque peu à un "The Boxer" de Simon & Garfunkel avant la lettre. Mais encore une fois, il ne s'agit pas d'une chanson émotionnelle, juste un travail Folk décent sans ajout d'une touche prog.
A ce stade, sur la seconde moitié de l'album, l'écriture avait tendance à souffrir un peu, mais elle s'améliore un peu sur un changement de rythme de "Minstrel's Song", un madrigal triste flottant sur une sérénade de cordes, notamment avec une pause instrumentale plus longue, mais cela n'atteint pas toujours la qualité de la première moitié de l'album.
L'album se termine sur le daté "Bastard Love", une chanson Folk Rock entraînante à chanter autour d'un feu de camp. C'est une chanson pleine d'entrain, avec vigueur. C'est une combinaison improbable des deux styles, ce qui donne un humour qui, plus tard, ne sera perceptible que sur scène.

"The Amazing Blondel" n'est, certes, pas un chef-d'œuvre de la musique progressive, comme Gryphon, Malicorne, et d'autres qui vont dans le même sens. Mais cet album possède sa propre beauté, et il est recommandé à tous ceux qui aiment un son vraiment Folk.


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Message par alcat01 » ven. 10 mars 2023 17:47

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Booker T. & the M.G.'s - Green Onions
Il n'y a pas une note ou une nuance qui ne soit pas à sa place sur ce disque, qui comprend 35 des plus passionnantes minutes de musique instrumentale, toutes catégories confondues, que l'on pouvait acheter en 1962 (et ce n'est pas non plus un défaut plusieurs décennies plus tard).
"I Got a Woman" est le meilleur indicateur de l'excellence de ce disque et de ce groupe. En écoutant ce morceau, il est facile d'oublier que la chanson avait des paroles ou en avait besoin, l'orgue de Booker T. Jones et la guitare de Steve Cropper remplaçant plus qu'adéquatement tout chanteur.
Leur version de "Twist and Shout" est tout aussi satisfaisante. Même "Mo' Onions", qui tente de répéter le succès de "Green Onions", ne reprend rien du morceau précédent, à l'exception du tempo, et Jones et Cropper proposent tous deux des sons nouveaux dans le même cadre. "Behave Yourself" est un morceau de blues à l'orgue magnifiquement travaillé qui donne à Jones l'occasion de montrer un jeu étonnamment agile, tandis que "Stranger on the Shore" se transforme en un morceau de soul de premier ordre entre les mains du groupe.
Au moment où l'on a l'impression que l'album a réservé toutes les surprises qu'il pouvait raisonnablement offrir en matière de répertoire, il se termine par "Comin' Home Baby", un morceau de jazz mortel sur lequel Steve Cropper peut briller, sa guitare s'animant soudainement autour du jeu de Jones, ses notes tranquillement trillées au crescendo étant l'une des guitares les plus élégantes entendues sur un disque de R&B à ce jour.
Bruce Eder


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Message par alcat01 » ven. 10 mars 2023 19:56

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1970 The J.Geils Band
Dans le nombre des entités qui forme la grande histoire du rock, on reconnaît aisément les vainqueurs, les fiers à bras, d’ailleurs certains de ceux qui continuent à tourner remplissent les stades en moins de temps qu’il n’en faut à Keith Richards pour descendre de son cocotier. On a droit à ceux qui font la Hype puis se crashent plus ou moins lamentablement (KINGS OF LEON), certains resteront, tous ne sont pas nuls (les STROKES) mais la plupart mordront la poussière. Puis on distingue les second couteaux qui s’accrochent et finissent par forcer le respect de tous, comme les BLACK CROWES. On a aussi les groupes cultes, qui ne vendent rien mais qui font beaucoup parler d’eux (les STOOGES, le VELVET UNDERGROUND, les NEW YORK DOLLS). Un peu à l’écart il y a les éternels galériens, les ouvriers artisans, ceux qui savent ce que mouiller le maillot veut dire, passionnés par la belle ouvrage qui vivent d’amour du rock’n’roll et d’eau de blues plus ou moins fraiche. Le J.GEILS BAND fait partie de cette catégorie, il ne connaitra jamais la gloire qui permet aux « happy few » d’assurer des revenus suffisants pour financer un train de vie orgiaque sur au moins sept générations. Pourtant au cours des 7O’s, les meilleurs disques des Stones ont (presque) tous été enregistrés par le J.GEILS BAND, si,si ! Alors afin de leur accorder un rayon de lumière, braquons nos projecteurs sur cette formation New-Yorkaise émigrée à Boston et adoptée par Detroit. La ville originelle de la Motown… et des STOOGES !

Venue du blues acoustique, la formation emmenée par le guitariste Jay Geils va s’électrifier et enregistrer l’arrivée du DJ Peter Blankenfeld devenu chanteur Wolf puis celle de Seth Justman aux claviers. Intronisation capitale puisque ce sont les deux principaux compositeurs du groupe, ils en deviendront de facto les leaders. Cependant ce qui retient l’attention en cette genèse de l’œuvre du combo, c’est la présence de l’harmoniciste virtuose à l’épaisse et emblématique tignasse, Richard « Magic Dick » Salwitz. La musique évolue vers le R’n’B et la soul tonique, faisant du sextet un des « party band » les plus excitants du circuit. Vu d’ici c’est de bon augure, néanmoins cela s’avérera être une forme de malédiction : le J.Geils band est un groupe encensé pour ses prestations mais ses disques ne remporteront qu’un succès d’estime aussi appuyée que peu suivie de résultats commerciaux. Atlantic les signe, les six s’enferment en studio à New-York sous la houlette de deux producteurs maison, mais… rien ne sort. Les musiciens sont paralysés par l’enjeu. Le légendaire producteur Jerry Wexler (DYLAN, SANTANA), alors vice président de la boite fait irruption pendant les séances et lance un des plus beau coup de Jarnac de l’histoire de la production :
« Bon les gars, j’aimerais comprendre ce qui merde avec vous, alors vous vous mettez en formation, vous me déroulez votre set-list comme dans un club et pendant ce temps je vois comment on va pouvoir y arriver. Allez : trois, quatre ! ». Ca fait un bout de temps que les gars jouent les yeux fermés la grosse dizaine de chansons prévue pour l’enregistrement, aussi se livrent-ils sans ciller à l’exercice du concert (très) privé tout en étant plus nombreux sur l’estrade que devant. Jerry est un gros malin, il a subrepticement donné l’ordre aux techniciens d’enregistrer. Une grosse demi-heure après l’album est plié, record absolu en terme de rapidité dans cet exercice. Question efficacité, aussi, on est baba parce que le résultat est époustouflant.

L’époque des cover bands 60’s semble déjà loin, pourtant c’est bien à elle que le J.Geils band se réfère en proposant un répertoire composé pour une petite moitié de reprises accompagnées de compos où on recycle des thèmes déjà utilisés dans des standards, chose courante que pratiquaient (entre autres) les PRETTY THINGS à leurs débuts. On pourrait considérer alors que ce groupe est un anachronisme, puisque l’essentiel de ce type de productions blanches provient des années 1964/65 et que depuis, le rock psychédélique et le hard-rock ont défrayé la chronique. On peut le penser si on n’a pas écouté ce disque. Car une fois entendu on reste coi, aujourd’hui encore ce « Live » qui ne dit pas son nom n’affiche aucun âge !

La performance présentée sous ses oripeaux scéniques mêle les morceaux énergiques qui donnent envie de danser tel "Wait", le blues lent et lourd comme un ciel d’orage de "Serves You Right To Suffer" de John Lee HOOKER, les instrumentaux "Ice-Breaker" et "Sno-Cone" où brille l’harmonica, le R’n’B poisseux de "On Borrowed Times" qui déborde de libido. Parmi les gemmes on repère les deux bijoux alignés que sont les reprises de "Homework" et de "First I Look At The Purse". La première avait déjà fait l’objet d’une version du FLEETWOOD MAC de Green, elle possède ici un attrait pop absolument irrésistible; la seconde, œuvre des CONTOURS, est une suite logique au "Money" de Berry GORDY, soit un titre aussi entrainant qu’empli de mauvais sentiments. Ces deux chansons faisant par ailleurs des apparitions durables sur les set-lists du groupe ensuite. Signalons également "Pack Fair And Square", qui emporte l’adhésion haut-la-main, court titre rock qui a plus de chance de faire danser les paralytiques que n’importe quelle injonction divine. La magie du Rock, c’est CA !!!!

L’Harmonica tranchant comme une lame de rasoir, les courtes mais efficaces incises de la guitare lead, le groove impeccable de la section rythmique, la présence de claviers roboratifs, les chœurs à-propos hissent la gouaille du soudard au micro vers les sommets du plaisir instantané. Nous à l’autre bout de la chaîne on secoue la tête, on tape du pied et on sourit connement, comme si l’été avait fait subitement irruption alors qu’on risque le chomdu tout en se tuant au boulot et que les éternels progressistes qui sont aux affaires n’en peuvent plus de démontrer leur mépris du populaire.
Aucune chance que ces abrutis là aient jamais compris ce qu’est le rock’n’roll, ils sont inaptes aux joies simples… « First I Look At The Purse », l’histoire d’un mec qui se fiche de sortir avec la maîtresse la plus repoussante qui soit du moment qu’elle lui file son fric. Ca leur ressemble bien pourtant ?
LONG JOHN SILVER


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Message par alcat01 » sam. 11 mars 2023 09:10

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Eagle Rock (1973)
Comme d'habitude avec ''Titanic'', le morceau d'ouverture est un vrai bijou. Toute la puissance du lourd orgue Hammond est présente pendant ces huit minutes fantastiques (ou presque). Ce groupe a un vrai son propre même si son style rappelle les grands groupes de hard/heavy rock de l'époque.
Non seulement la rythmique et les claviers sont superbes, mais Janne Loseth livre un excellent et sauvage break de guitare. Ce morceau est plein d'énergie et me rappelle beaucoup le grand ''Atomic Rooster'' (mais pas seulement). ''One Night In Eagle Rock'' est un morceau gigantesque.
Le groupe a également eu beaucoup de succès en termes de singles à succès, et ''All Around You'' est un bon exemple de la capacité du groupe à écrire des chansons accrocheuses. Le moins que l'on puisse dire, c'est que ce morceau est très rock. Un rythme vigoureux tout du long, des voix convaincantes et un excellent groupe de soutien. Pas mal, non ?
Les sons lourds sont de retour avec ''One Of Your Kind''. Sérieusement psychédélique, il démontre toutes les forces de ces gars. Le fait d'avoir développé un tel type de musique en ces temps anciens (ils ont commencé en 69) dans un pays comme la Norvège est tout à fait remarquable. Il faut aussi écouter ce morceau et succomber au charme des changements d'humeur : de sauvage à mélodique et harmonieux en quelques secondes. Impressionnant, c'est le moins que l'on puisse dire. C'est une autre très bonne chanson (mais jusqu'à présent, il n'y en a pas de faible).
Le morceau ''Dying Sun'', entièrement orienté vers le heavy-prog, est sans aucun doute un autre point fort de cet album. Il s'agit d'un merveilleux kaléidoscope de percussions folles et d'un admirable orgue Hammond (oui, je suis assez fan de cela). C'est vraiment l'une de leurs dix meilleures chansons qui mérite d'être écoutée.
Titanic était aussi le type de groupe qui écrivait de belles ballades rock pour briser l'ambiance lourde générale : ''And It's Music'' est une de ces chansons. Le groupe revient cependant à ses racines avec l'énergique "Richmond Express". Une chanson rock qui déchire et qui donne un sacré coup de fouet. Helge Groslie à l'orgue fait vraiment du bon boulot et les percussions (une autre caractéristique de ''Titanic'') concluent bien le morceau.
Cela pourrait également s'appliquer à ''Maureen'' mais cette chanson est plus élaborée et est bien plus qu'une simple ballade rock : il y a plusieurs changements de thèmes, une grande interaction instrumentale et comme toujours, cette voix convaincante et chaleureuse de Roy Robinson (qui me rappelle Gary Brooker de ''Procol Harum'').

Si l'on considère que seuls deux courts morceaux auraient mérité d'être évités (''Heia?'' et ''Skeleton''), cet album se situe parfaitement entre leur excellent premier album et leur bonne deuxième œuvre.
ZowieZiggy


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Message par alcat01 » sam. 11 mars 2023 09:11

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1972 - Jazz Blues Fusion
John Mayall a longtemps pratiqué le Brit Blues et a souvent frôlé les limites du jazz. Sur cet album, il réunit les deux genres avec une belle brochette d'interprètes :
Mayall : harmonica, guitare et piano, Blue Mitchell : Trompette, Clifford Solomon et Ernie Watts : Sax, Ron Selico : Percussion, Freddy Robinson : Guitare et le meilleur pour la fin... Larry Taylor : Basse.

Taylor est l'un des meilleurs bassistes et il le démontre sur cet album. Avec Ron Selico, ils fournissent une base inébranlable pour le reste des musiciens. La capacité d'adaptation de Taylor à de nombreux genres différents est démontrée ici, alors que lui et Mayall glissent des motifs traditionnels du blues I-IV-V au jazz presque libre.
Chaque morceau a sa propre "personnalité", comme c'est le cas pour la plupart des albums de Mayall. Country Road commence par un format blues qui combine les styles britannique et de Chicago. Mess Around se rapproche un peu plus du R&B et me rappelle Junior Wells Messin' With the Kid. L'impressionnante ligne de basse et le solo de guitare de Good Times Boogie s'inscrivent directement dans un format jazz. Change Your Ways a une saveur de pastèque ; Dry Throat commence comme un morceau de blues lent mais les cuivres ajoutent un son de jazz certain. Mayall s'éclate avec Exercise in C for Harmonica avec l'armonica et les "percussions buccales" qui ont rendu Room to Move si intéressant et le solo de basse de Taylor montre sa virtuosité généralement sous-estimée dans un morceau de pur jazz. Enfin, Got to be This Way commence par le blues, style caractéristique de Mayall, puis ajoute une composante jazz avec les solos de cor, de guitare et de basse.

Si l'on considère que cet album a été enregistré en 1972, je suis étonné par la "maturité" de la musique qu'il contient. Si vous êtes un fan de blues traditionnel à 12 mesures, vous ne l'apprécierez peut-être pas autant que certains des autres albums de Mayall. Mais si vous aimez la grande musique et les performances de certains des meilleurs musiciens non traditionnels de ces genres, alors vous l'aimerez probablement autant que moi.
Ray the Rat


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Message par alcat01 » sam. 11 mars 2023 11:19

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1979 Down To Earth
Quatrième album de RAINBOW, quatrième line-up et plus que Blackmore comme membre d’origine. À ce compte-là, on se demande presque pourquoi Ritchie n’a pas conservé l’appellation originelle : « Ritchie Blackmore’s Rainbow ». Rainbow un groupe ? Vous voulez rire ! Alors oui, Cozy Powell est encore là, plus pour (très) longtemps mais à l’époque on s’était pris à espérer qu’il restât définitivement, comme membre permanent. L’histoire nous donnerait rapidement tort, Cozy enregistre ici son troisième (et dernier) album en compagnie de la bande à Ritchie.

Alors les nouveaux ? Roger Glover, pour commencer, est un sérieux gage pour la suite, il s’agit comme de bien entendu de l’ex-bassiste de DEEP PURPLE. Il est également producteur (Judas Priest, Rory Gallagher, Ian Gillan, entre autres mais aussi David Coverdale !) et a obtenu un succès phénoménal avec « Love Is All », une chanson interprétée par Ronnie James Dio !!! Roger intéresse Ritchie car : 1) c’est un sacré musicien, 2) il est parolier, 3) il est surtout producteur – donc – et ainsi Ritchie se passera de Martin Birch, pas assez malléable. Pour la petite histoire, sachez que Glover ne devait pas figurer à la basse sur ce disque mais que le musicien choisi initialement (Clive Chaman, un ancien du Jeff Beck Group, comme Cozy Powell fut brièvement présent durant les sessions mais le poste devait revenir à Jack Green, un ancien Pretty Things), fit les frais du caractère exquis de Ritchie. Arrive également Don Airey aux claviers, un émule de Jon Lord, encore un virtuose qui a déjà pas mal de bouteille puisqu’il a collaboré avec BLACK SABBATH ou Cozy Powell et fut membre de COLLOSSEUM II. Au chant, l’écrasante responsabilité de succéder à Ronnie Dio est confiée à Graham Bonnet, inconnu des fans de Hard Rock, pourtant aussi chevronné, ex-membre de The MARBLES, duo pop de la fin des 60’s. Furent préalablement envisagés pour le poste : Ian Gillan, chose improbable quand on connaît les relations compliquées qu’il entretenait avec le patron, puis Peter Goalby (ex-Trapeze), qu’on retrouverait plus tard chez URAH HEEP. Bonnet s’impose pourtant après avoir passé une audition au château Pelly de Cornfeld, en France, là où l’album – déjà écrit – est (pour partie) enregistré.

Il y avait de quoi fulminer à l’annonce du départ du lutin chanteur, tant il est (était) exceptionnel, autant dire que pour Bonnet c’était mission impossible de lui succéder. Pourtant cela passa. Ritchie avait prévu de tourner le dos à la fantasy, d’attirer un public plus large quitte à se mettre à dos une partie des fans et/ou admirateurs des débuts, ce qui ne manqua pas de se produire, j’y reviendrai. Le moins qu’on puisse dire étant que l’homme en noir a réussi son coup au-delà des espérances, sachant quelque part ménager la chèvre et le chou. Déjà parce que Bonnet s’avéra d’emblée parfaitement crédible dans un style Hard rock/Metal qui ne lui était pas familier. Sa voix dégage une puissance phénoménale qui n’est pas sans équivaloir celle de son prédécesseur, même si le timbre inimitable de Dio reste hors de portée. D’ailleurs, toute ressemblance avec ce profil était exclue, il s’agissait bien de passer outre. Cependant, lorsque Ritchie attaque d’emblée le riff de « All Night Long », on reconnaît immédiatement sa patte, celle qui créa jadis « Smoke On The Water » et plus encore « Man On The Silver Mountain », à base d’accords de puissance renversés. « All Night Long » se démarque toutefois des titres suscités car sa production lorgne directement sur le radio friendly, autrefois appelé Hard fm (AoR depuis), il y a de la pop là-dedans, c’est évident. Le morceau fait mouche immédiatement : son refrain est imparable, les chœurs s’envolent, on est scotché et on en veut beaucoup moins à Ritchie de s'être séparé d'un des tout meilleurs vocalistes de la planète Metal. Surtout que s’ensuit « Eyes Of The World », épique au possible, quasiment prog, qui renoue avec l’esprit de bravoure déployé autrefois au travers de « Stargazer » ou autre « Gates Of Babylon », tout en changeant d’orientation, les claviers de Don Airey rafraichissant considérablement le style, on en est baba.
Deux autres passages remarquables de Down To Earth viennent se poser en parallèle de cette faramineuse ouverture, non pas accolés, comme sur cette première moitié de vinyle, mais aux antipodes de la seconde. « Since You Been Gone » renoue avec les tentations pop entendues via « All Night Long ». Il s’agit d’une chanson de Russ Ballard (ex-Argent), un sacré faiseur celui-là, un truc au riff simplissime, qu’il est impossible d’ôter de son crâne tant c’est efficace. En revanche, je vous mets au défi de la chanter. « Since You Been Gone », ou le plus gros carton de RAINBOW, parvient à séduire les masses, à faire passer la transition artistique vers le succès planétaire sans soucis. Tandis que « Lost In Hollywood », qui clôt l’opus, renoue avec les accents héroïques chers à l’univers de RAINBOW, soit une pièce remarquable, une fois de plus transfigurée par l’apport de Don Airey, dont la contribution au changement vaut largement celle de Graham Bonnet, alors que partout Ritchie se montre à la hauteur de sa réputation de virtuose hors pair. La section basse/batterie est d’une solidité à toute épreuve. Pour jouer cette musique, il faut faire valoir un sacré niveau, au moins cela n’a pas changé.
Oui mais. Down To Earth est carrément coupé en deux, on y entend – pour sûr - quatre titres remarquables, or le reste est loin de valoir ces instants fameux, nonobstant les qualités intrinsèques de ses intervenants, notamment les soli de Blackmore qui rayonnent de partout. Passe encore pour « No Time To Lose », aimable instant rock’n’roll assez bien fichu quoiqu’un (gros) poil facile, « Makin’ Love », « Love’s No Friend » et « Danger Zone » font cruellement office de filler, pour ne pas dire que cette poignée de chansons ne représente que peu d’intérêt, passée la maîtrise des musiciens, bien mise en valeur par la prod rutilante de Glover. Autant dire que la moitié du disque relève du pilotage automatique. Dommage.

À sa sortie, Down To Earth reçoit un accueil critique (logiquement) mitigé. Une partie de la fan base fait la gueule, Ritchie Blackmore lui-même ne se montrera pas bien plus tendre envers ce disque, estimant qu’une bonne partie relevait de la « perte de temps ». Néanmoins, le succès de « Since You Been Gone » allait bien propulser l’Arc-en-ciel vers les cimes espérées, RAINBOW décrochant la tête d’affiche du festival Monsters Of Rock à Donnington pour l’occasion.
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Punker paname
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Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par Punker paname » sam. 11 mars 2023 12:06

alcat01 a écrit :
ven. 10 mars 2023 10:57
gabuzomeuzomeu a écrit :
ven. 10 mars 2023 10:18
alcat01 a écrit :
jeu. 9 mars 2023 19:43
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Classic Rock Review

[/cacher]
La Foune House, Saint-Graal et son le plus sauvage de la galaxie depuis les tentatives proto-metal de la fins des sixties !
Iggy peut baisser le "patalon" et pisser le sang ... c'est secondaire ... seul le son de cet album avec la tonitruance de la voix, de la gratte, du clavier et du saxo importe !
:amen: :winner: :ange: :alcool1: :diable:

Exactement!
Je n'ai jamais retrouvé ce son sur aucun autre disque!
:ghee: :ghee:
Pour ce genre de son très brut de Décoffrage et allant droit au but , je citerait le premier Lp de Suicide, les Afro Proto Punk de Detroit Death les sessions vidéo live filmées par Target Video des Screamers qui auraient pu nous sortir le Fun House des années 80 s'ils n'avaient pas été autant dans leur trip auto destructeur, le premier Lp' des Germs, ou les que trop oublié Dow Jones and the Industrials qui furent pour moi rien de moins que des Stooges en version Synth Punk des Midwests
Joyeux Mondialiste Droit de l'Hommiste et Internationaliste convaincu, amateur d'étrangetés Vinyliques tournant en 33 et 45 tours en provenance des quatre coins de la planète et des 7 continents

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Message par alcat01 » sam. 11 mars 2023 13:56

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Cain - A Pound Of Flesh (1975)
Pour une raison inconnue du commun des mortels (tare génétique ? Drogue versée dans l’eau par la CIA ? Folie collective ?) Le Midwest américain – Kansas, Iowa, Illinois etc. – est devenu au milieu des 70s l’Eldorado du Hard Rock. Des dizaines de milliers de fans hystériques, des stades remplis, des albums vendus en pagaille… Une sorte de Japon local, en somme. Le tout sous le regard snob et dédaigneux de la côte Ouest, qui préférait son Soft Rock jazzy ou country (que les 80s allaient balayer dans une grande orgie Glam peinturlurée) et de la côte Est en pleine rumination proto-punk morose.

De cet étrange phénomène émergèrent quelques têtes de gondole nommées KANSAS (et pour cause…), STYX, REO SPEEDWAGON, à savoir de gros mastodontes ventripotents capables du pire comme du meilleur dans un registre bâtard mi-Hard mi-Prog (pour faire simple). Sans oublier, pour faire contrepoids (et c’est peu dire) à ces esthètes arty et cérébraux, le très basique TED NUGENT, réac’ jusqu’au bout des ongles. Ces gens-là vendirent énormément de disques à leurs ex-camarades de classe, aux familles de leur camarades de classe, à leurs cousins, neveux, grands-parents… à tout le Midwest, qui les adula. Mais d’autres groupes, moins chanceux, ou un peu moins talentueux peut-être, les côtoyèrent, tournèrent dans les mêmes clubs locaux, sans jamais connaître un succès comparable.

CAIN fut de ceux-là. Un groupe resté dans l’ombre, inconnu, devenu au fil des ans une rareté dont l’écoute est réservée à ceux qui explorent les 70s dans leurs moindres tréfonds. Comme souvent, on peut estimer qu’il n’y a pas de vraies raisons à cet échec commercial. Peut-être fut-ce à cause de cette pochette immonde, peu ragoutante, qui a sans doute desservi l’album à une époque où une imagerie inspirée de la science fiction était en vogue. La faute aussi, sans doute, à une production étouffée, abrupte, qui ne met pas en valeur des compositions parfois assez sophistiquées. Le son de batterie, notamment, est désolant. Mais il y a aussi une part de hasard ou de malchance dans le manque de réussite et de postérité de ce "A Pound Of Flesh".

Car le groupe ne manquait pas d’atouts. Deux, surtout. Le premier en la personne de Jiggs Lee, screamer Hard Rock d’envergure capable de s’égosiller ou de crooner avec classe, à l’aise dans le trémolo suraigu, dispensant rage, grognements et émotion avec la même aisance. Une valeur sûre, donc, quelque part entre Dio et Coverdale. Second atout : Lloyd Forsberg, dont la guitare prolixe est pour beaucoup dans l’efficacité de cette musique. Qu’il rehausse une chanson par de petites touches mélodiques (la superbe "Katy") ou dégaine un impeccable solo sorti de nulle part ("Born Of The Wind", brûlot sans concession), il éclabousse l’album de son talent.

Varié, "A Pound Of Flesh" effectue un tour d’horizon du Hard Rock de son temps. Des titres secs et directs dotés de riffs terreux ("South Side Queen") alternent avec des compositions plus ambitieuses et épiques ("All My Life", qui aurait pu être un chouïa plus courte). On lorgne parfois franchement du côté de RAINBOW ("Heed The Call", réussie) et des chœurs venimeux viennent rajouter une grandiloquence typique de l’époque ("Queen Of The Night"). Rien à jeter, aucun bouche-trou. CAIN déroule son savoir-faire avec une spontanéité et une fraîcheur évidentes, qu’on ressent encore par-delà les décennies. C’est classique, franc et carré.

Ceci dit, on ne va pas se mentir : il faut tout de même de l’indulgence – et le goût des trouvailles 70s obscures – pour apprécier pleinement ce disque. Les chansons ont un petit côté bricolé, artisanal, qui les rend attachantes mais qui en marque aussi les limites. Car face à la meute des cadors du Midwest, CAIN n’était pas tout à fait de taille. La qualité technique des musiciens ne masque pas un certain manque de personnalité. Deux ans plus tard, un second album ("Stinger") vint confirmer ces défauts et le groupe disparut des écrans radars alors même que ses camarades de promo allaient squatter le haut des charts à tour de rôle. Mauvais karma…
BAAZBAAZ


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Message par alcat01 » sam. 11 mars 2023 15:55

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En 1970, Amazing Blondel enregistre et publie son premier album sur Island intitulé "Evensong". Cet opus est produit par Paul Samwell-Smith, l'un membre fondateur et bassiste de The Yardbirds.
La pochette montre la formation dans les cloîtres de la cathédrale de Lincoln tenant des instruments d'époque, tandis qu'à l'intérieur sont répertoriés les crédits et les paroles des chansons entourant une photographie du groupe en représentation.
"Amazing Blondel and A Few Faces" possédait quelques côtés délicieusement rugueux, mais ceux-ci sont efficacement aplanis au niveau de l'écriture et du chant et ce qui est perdu en spontanéité est gagné en continuité.

Le caractère dit 'progressif' de leur musique vient du fait que presque personne ne songeait à faire ce que Amazing Blondel tentait de faire activement. L'incorporation d'instruments anciens et de mélodies anciennes et vives était psychédélique en soi, et seules les performances live du groupe trahissent l'aspect ironique de la chose - sinon, tout semble assez sérieux.
"Evensong" est, en effet, composé entièrement de musique Folk Elisabéthaine. L'inclusion de luths et d'instruments à anche ajoute un plus à l'authenticité de la musique. Il n'y a, à proprement parler, pas de Progressif ni de Rock dans ces morceaux. Ce ne sont de que de simples airs acoustiques avec cette certaine légèreté qui accompagne ce style de musique.

Pour ce qui est du Prog, l'intrication acoustique de "Queen of Scots", les hauts et bas de "St Crispin's Day" et l'inquiétude aérienne de "Willowood" donnent le ton mais il vaut mieux se concentrer sur les prouesses d'écriture et sur le penchant à faire paraître le nouveau comme l'ancien. "Pavan" donne le ton dès le début, et les refrains entraînants de "Old Moot Hall", l'accompagnement au clavecin de "Under the Greenwood Tree" et l'hymne final majestueux "Anthem" sont tous d'authentiques réussites.
Il est vrai que la musique n'a pas beaucoup de tranchant, mais cela est compensé par la grande compétence et le jugement des participants. Il semblait étonnant qu'Island ait pu donner une chance à ce groupe, même en connaissant la diversité musicale de cette époque, mais de nombreux fans dans le monde entier sont heureux qu'ils l'aient fait plus de cinquante ans plus tard.
Cet opus capture l'esprit de la "Merrie England" et l'amour de John Gladwin pour son pays natal transparaît: du Folk acoustique avec beaucoup de flûte et de guitares acoustiques - pas de basse, pas de batterie, de temps en temps quelques percussions, bongos ou autres, jouées toujours par Chris Karan et c'est tout. Les paroles sont également superbes.
A noter quand même la présence d'un autre musicien important, Adam Skeaping qui joue de la viole de gambe et du violon.
Le point positif est les harmonies vocales qui sont bien faites et certains textes sont chantés à trois voix. Les thèmes sont la belle Lady Mary Anne et ce genre de choses médiévales similaires.
On se retrouve avec une sorte de mélange du Malicorne Français et du duo Folk Rock Irlandais Tir Na Nog. En fait, Amazing Blondel n'est pas aussi précis ou méticuleux dans la reproduction des vieilles chansons Folk que Malicorne ou aussi puissant et poignant que Tir Na Nog.
Il joue, en fait, un Folk acoustique plutôt doux avec de nombreuses références à l'époque de la renaissance (par exemple, cithare, luth, théorbe, cromorne, tabor, clavecin et autres) et absolument aucune agressivité avec des percussions très légères.

C'est un très bon album sans aucune mauvaise chanson. Les musiciens font ressortir leurs qualités. De grandes mélodies, de bons textes - tout ce que l'on est censé attendre d'un excellent disque! Il n'y a pourtant pratiquement pas de chanson exceptionnelle, car toutes s'enchaînent doucement sans jamais devenir ennuyeuses ou plates.
C'est une sorte de "Pop Médiévaliste" accrocheuse avec des chansons qui restent dans la tête pour toujours, et c'est, surtout, un must du genre et il doit être écouté au moins une fois pour se plonger dans les sons médiévaux d'une réalité pratiquement oubliée.
Bien des gens aiment comparer cette musique à Jethro Tull, et il y a, bien sûr, certaines similitudes, car cette formation a beaucoup tâté de ce type de musique, mais Ian Anderson a toujours ajouté un élément Rock même dans ses chansons Folk élisabéthaines les plus hardcore. Jethro Tull a également ajouté l'élément progressif dans la plupart des cas. Cependant, on ne serait pas surpris d'entendre Anderson chanter "Spring Season" ou "Willowood", qui sont les deux chansons qui se rapprochent du son acoustique de son groupe.

Il est intéressant de noter que les deux chanteurs principaux, Gladwin et Baird, ont fait fabriquer des guitares acoustiques standard spécialement pour le groupe afin de remplacer les instruments à anche pendant les concerts. Une guitare a été construite pour accentuer les aigus et une autre pour les sons graves. Ce mélange fonctionne très bien et ils ont eu beaucoup de succès avec ce système lors de leurs concerts. Vous pouvez également entendre le son distinct des deux guitares dans leur musique.
Il faut savoir qu'à cette époque, le groupe effectuait de nombreuses tournées en Grande-Bretagne dans le cadre d'un ensemble d'artistes soutenant de grands groupes tels que Free, et leur style contrasté couplé à des anecdotes de débauche entre les chansons avait trouvé la faveur du public Rock.

"Evensong" est un enregistrement très lumineux et heureux, sans complexité dans la structure des chansons et il est bon, mais pas vraiment essentiel.


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Message par alcat01 » sam. 11 mars 2023 17:52

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Herman Brood & His Wild Romance – Cha Cha
"Cha Cha", paru en 1979, est le troisième album d'Herman Brood & His Wild Romance.
Ils avaient tourné avec succès en Europe occidentale pendant plusieurs années et Herman Brood s'est forgé une réputation de junkie notoire du rock 'n roll avec son style de vie sexe, drogue et rock 'n roll.
En 1978, Herman Brood a enregistré un album LIVE en studio pour un public restreint avec les membres de "His Wild Romance" Danny Lademacher (guitare solo), Freddi Cavalli (basse), Ani Meerman (batterie) et en tant qu'invités au saxophone Bertus Borgers (Sweet d'Buster) plus aux chœurs Monica Tjen A Kwoei, Floor van Zutphen (The Houseband) et José van Iersel (Gruppo Sportivo) dans le rôle de "Bombitas" d'Herman.
bol-com
L'album a produit un single, "Still Believe". l'album a atteint la deuxième place le 13 janvier 1979 dans les Charts des albums néerlandais,et il y est resté pendant 18 semaines.
L'album a même été certifié disque d'or en 1979.


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Message par alcat01 » sam. 11 mars 2023 19:58

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1971 The Morning After
Non mais regardez moi cette pochette ! Une belle photo de chambre d’hôtel plutôt cheap, prise en noir et blanc, où on voit cinq types entassés avec au premier plan la tignasse de Magic Dick qui se détache. Le titre de l’album (littéralement « le matin après ») pourrait signifier « lendemain de cuite » ou faire allusion à une pilule abortive* utilisée après rapports non protégés et après tout la vie en tournée n’est pas faite pour les couche-tôt, l’adrénaline dégagée par les prestations produisant des effets secondaires souvent incontrôlables. The J.GEILS BAND est principalement un groupe de scène, cité par les Allman Brothers comme faisant partie des meilleurs mais leurs ventes de disques restent modestes en dépit de la diffusion du single « First I Look At The Purse » sur les radios US.
La nervosité avait paralysé les gars quand il s’était agi d’enregistrer leur premier disque, il avait fallu toute la roublardise de Jerry Wexler pour parvenir à accoucher de quelque chose de robuste en un temps record, cette fois-ci on fait appel à une autre pointure en la personne de Bill Szymczyk qui bossa jadis avec BB.KING et le JAMES GANG, venu assister le claviériste Seth Justman à la production. Une fois de plus le rendu est extrêmement direct, on sent que le répertoire est taillé pour la scène, on compte quatre reprises pour six originaux et une durée de trente quatre minutes sans aucun gras à l’intérieur, l’efficacité primant. La paire Wolf/Justman s’arroge tous les crédits de composition, cette association prenant derechef le contrôle du combo. C’est « Looking For A Love », la reprise des VALENTINOS (Groupe de Bobby Womack, lequel offrira une nouvelle version de « Looking For A Love » en 1974), qui est choisie pour être envoyée sur les ondes, ce titre Rn’B/Pop se classera dans le top 40 assurant au J.GEILS BAND une certaine visibilité aux yeux du grand public. Autre titre qui élargira l’exposition du groupe, « Cry One More Time », soit une création originale qui ressemble à s’y méprendre à une ballade des Stones, sera reprise par Graham PARSON en 1973.
Voilà donc en ce qui concerne les highlights de l’album, pour autant il serait injuste de s’arrêter en si bon chemin car The Morning After, loin de renifler les lendemains qui déchantent et en dépit du fait qu’il demeure sur des bases éprouvées, est un court album bourré de sève rock’n’rollienne qui ne contient pas d’instant mou du genou. Comme sur le premier opus, Magic Dick a l’occasion de délivrer son flow enivrant sur l’instrumental « Whammer Jammer », le gars suit la voie ouverte par les harmonicistes de légende du blues, de fait son apport s’inscrit dans la marque de fabrique du combo, devenant un élément indispensable au son car remarquable donc aisément identifiable. Les autres solistes, Seth Justman et J.Geils, se font plus discrets du coup, mais pas moins efficaces, citons pour exemple l’excellente partie de piano sur « « Gotta Have Your Love » ou encore les soli de guitare/harmonica/orgue qui se répondent sur « « Looking For A Love », le tout est tiré au cordeau, tranchant comme une lame de rasoir, on se régale !
Peter Wolf est bien entendu la star du groupe, ses prestations sont charismatiques, emplies de testostérone, on devine que le monsieur ne laisse pas insensible l’auditoire féminin et dans le même temps on pense à ce que sera le pub rock anglais à la fin des 70’s où s’illustreront des gouailleurs de la trempe de Lee Brilleaux et Bill Hurley (Chanteurs de Dr FEELGOOD et des INMATES), tous deux dans la lignée du frontman de Boston. Dès l’entame, « I Don’t Need You No More », le type emballe l’orchestre sur un rock’n’roll endiablé, soutenu par une section rythmique impeccable. De même le disque s’achève sur les chapeaux de roue avec « It Ain’t What You Do (It’s How You Do It !) », à la fois funk et rock, Magic Dick, Seth Justman et J.Geils profitent des espaces pour aligner les soli pendant que Wolf mène l’ensemble à la baguette en n’hésitant pas hurler dans le micro, l’énergie pulse de partout emportant l’auditeur dans une gigue effrénée.

Commercialement parlant The Morning After fera mieux que son prédécesseur, parvenant à se classer dans le top 100, de même l’association avec Bill Szymczyk sera reconduite à l’avenir mais il n’en reste pas moins que c’est en Live, devant son public, que le groupe délivrera le meilleur de lui-même. D’ailleurs la livraison suivante viendra confirmer ce sentiment puisqu’il s’agira là du premier disque Live publié par The J.GEILS BAND, l’excellent Live Full House.
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Message par alcat01 » dim. 12 mars 2023 10:32

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Supersnazz (1969)
Le groupe Flamin Groovies a enregistré "Supersnazz" en 1969 et ils avaient vraiment pris leur temps pour le faire, environ un an.
Le disque a coûté, par conséquent, horriblement cher à produire et il va même mener Epic près de la ruine, et de plus, malheureusement, il ne se vendra que très peu!
Et pourtant, c'est un excellent album où les musiciens montrent qu'ils sont un groupe avec lequel il faut compter. Ce disque est, en effet, un véritable concentré de Rockabilly comme on n'en faisait plus depuis bien longtemps.

Le morceau d'ouverture "Love Have Mercy" débute en fanfare avec un riff accrocheur dans un pur style Stones. "Bam Balam" a des airs de Rag Time New Orleans, "Around The Corner" a des choeurs à la Beach Boys, "Somethin' Else", est une formidable version du classique d'Eddie Cochran. Les Groovies doivent certainement bien être les seuls à reprendre "Rockin Pneumonia And The Boogie Woogie Flu" de Huey Piano Smith à cette époque.
Mais cette versatilité musicale et les références aux pionniers du Rock ont, malheureusement, nui alors paradoxalement au groupe.
Ce disque a cependant rencontré un certain succès petit à retit, au fil des ans...


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Message par alcat01 » dim. 12 mars 2023 10:34

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1977 - A Hard Core Package
5ème des 6 albums réalisés pour ABC Records, A Hard Core Package (1977) est le meilleur de cette seconde période, celle post 1975.
On y retrouve de belles choses, classiques, sans surprises, mais belles. Mayall fait le métier comme il l'entend. Il est libre, enthousiaste et cet album lui correspond, d'après ses dires. Cela se ressent. Le plaisir est là, autour d'excellents moments, comme An Old Picture, The Last Time, Make Up Your Mind, Now And Them, Give Me A Chance.
Le line-up est réduit à de plus justes proportions: outre Mayall, on retrouve Soko Richardson (batterie), le bassiste Steve Thompson (la vieille garde) et un étonnant guitariste, James Quill Smith.
En revenant à la simplicité et aux choses qu'il maîtrise parfaitement, Papy en arrive à redorer son blason.
jean-claude











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Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par alcat01 » dim. 12 mars 2023 11:17

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1980 Difficult To Cure
Dire qu’on a été désarçonné par "Down To Earth" est un doux euphémisme ! L’approche très FM et commerciale de l’album a eu vite fait de le rendre détestable aux yeux des die-hard fans ne jurant que par la trilogie de l’ère Dio. L’album n’est pas complètement faisandé, la tentative de Ritchie paraît bien maladroite et ce malgré le recrutement heureux de Graham Bonnet, partant aussi vite qu’il est venu, puisqu'il s’en va en 1980 rejoindre Michael Schenker... Mais la métamorphose de l’Arc En Ciel va être plus profonde !

Si Don Airey, l’heureuse recrue et ex-membre de l’ombre du SABBATH NOIR s’est visiblement entendu avec Ritchie Blackmore, Cozy Powell, dernier rescapé de l’âge d’or, se fait la malle à son tour… Toutefois Bobby Rondinelli n’est pas ce qu’on peut appeler une demi-portion et Ritchie lui donne une chance inespérée de percer sur le circuit professionnel. Côté chant, il aura la main heureuse avec le recrutement du jeune Joe Lynn Turner, vocaliste qui connaîtra une belle carrière avec RAINBOW puis Yngwie MALMSTEEN. Mais la nouvelle qui affole les compteurs, c’est l’arrivée à la production et à la basse de Monsieur Roger Glover, qui avait rejoint son ex-partenaire de DEEP PURPLE deux ans plus tôt (je rappelle que le groupe mythique n’existe plus depuis 1976). Ainsi d’un DEEP PURPLE moribond sont nées deux formations qui se sont plus ou moins reconstituées autour des membres du Pourpre et qui ont le vent en poupe en ce début des années 80 :
WHITESNAKE (Coverdale/Lord/Paice) et RAINBOW (Blackmore/Glover).

L’attente est donc immense, surtout après le décevant "Down To Earth". Que penser de cette ouverture d’album par une nouvelle reprise de Russ BALLARD ? "Since You Been Gone" est sans doute le seul véritable classique à s’être extirpé de l’opus précédent et c’est une reprise… Pas très glorieux pour Ritchie Blackmore, davantage connu pour son extravagance et son génie en matière de songwriting. Ainsi un parfum fifties souffle sur "Difficult To Cure" dès les premières mesures. Une bonne méthode néanmoins pour apprécier la nouvelle voix Joe Lynn Turner, plus volubile et visiblement plus impliquée niveau interprétation. Le propos est toujours FM mais la facette baveuse s’estompe au profit d’une classe plus typique de RAINBOW.
"Down To Earth" était-il un album de transition ? À l’image de cet artwork montrant des chirurgiens terminant leur ouvrage et de ce titre énigmatique, le mystère reste entier et toutes les interprétations sont possibles. Toujours est-il que "Spotlight Kid" est excellent, un moment de Hard Rock véloce où tout le génie de RAINBOW se manifeste avec des chœurs très FM et un chant ultra mélodique parfaitement intégrés : RAINBOW semble avoir achevé sa mue. "Freedom Fighter" voit même le groupe s’immerger à nouveau dans la fantasy avec brio, et "No Release", plus typiquement FM, s’avère très plaisante avec son pont très Pop rappelant les expérimentations de QUEEN au même moment. D’ailleurs Ritchie Blackmore et Brian May se côtoieront régulièrement durant ces années-là jusqu’à enregistrer ensemble une dantesque version de "Smoke On The Water" sous le nom de ROCK AID ARMENIA.

C’est aussi à partir de "Difficult To Cure" que l’homme en noir va commencer à revisiter le répertoire classique via son titre éponyme qui se réapproprie la célèbre "Ode À La Joie" de Ludwig Van BEETHOVEN ou encore cet instrumental au titre germanophile, procédé que l’on retrouvera sur le très bon "Stranger In Us All" agrémenté cette fois d’un hommage à Edvard GRIEG. Au milieu de ces facéties il demeure encore quelques approximations : si la guitare semble reine, accomplissant à chaque morceau un nouveau pas en avant vers l’acmé de la maîtrise guitaristique, "Magic" tombe à plat malgré ses chœurs mémorisables et "Can’t Happen Here" est un peu passable, sorte de morceau « courant d’air » en quelque sorte.

Les arrivées conjuguées de Roger Glover et Joe Lynn Turner semblent avoir remis Ritchie sur de bons rails et ce dernier pourra compter dans les prochaines années sur de fidèles lieutenants pour l’accompagner dans sa perpétuelle recherche d’idéal musical.
JEFF KANJI


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Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par alcat01 » dim. 12 mars 2023 14:04

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Dixie Peach (1975)
Chaque décennie a eu son lot d’innombrables groupes et artistes qui ont eu une durée éphémère, puis ont disparu dans l’indifférence et les 70’s en comptent un bon paquet. DIXIE PEACH fait partie de ces « oubliés des 70’s ». Ce groupe originaire de la ville de Dayton, dans l’Ohio, s’est formé en 1972 autour de Ira Stanley, Roscoe (de son vrai nom Mike Rousculp), Steve Williams, Tony Paulus et Jerry Barnhart.
Signé chez Raintree Records, DIXIE PEACH enregistre son premier album sous la houlette du producteur Tom Weisser. L’album en question, sans titre, sort en 1975. Si la pochette de cet album ne donne aucune indication sur son orientation musicale, en revanche le nom du groupe laisse suggérer que le disque est orienté Southern-Rock, voire Country-Rock.

A l’écoute de cet album éponyme qui renferme aussi bien des reprises que des compos personnelles, il n’y a aucune place pour le doute: DIXIE PEACH évolue bel et bien dans les sphères du Rock Sudiste et du Blues-Rock. Le mid-tempo « Out Of Money… Out Of Gas », à la fois mélodique, roots et coloré, synthétise assez bien l’essence de ce groupe, d’autant qu’il fleure bon l’Amérique terroir avec ses guitares chaleureuses et s’avère assez attirant, chatoyant. Dans une veine plus ou moins proche, « Keep on Waitin’ » se distingue par ses arômes funkys, son groove contagieux, ses guitares incandescentes et « (So) Take A Look Around » est tout aussi réjouissant avec son côté sautillant, bondissant et ses guitares chaleureuses. La meilleure trouvaille du disque est, selon moi, « I’ll Be Gone », un morceau roots joliment arrangé avec un piano expansif très présent, un chant entrainant, une rythmique groovy qui donne envie de remuer le popotin, des relents jazzys du plus bel effet et qui voit les musiciens faire preuve d’une belle cohésion, s’autorisant même quelques jams et improvisations du plus bel effet. Voilà là un morceau qui laisse bouche bée et qui aurait pu se frayer un chemin dans le Billboard Hot 100 si le destin l’avait bien voulu. En ce qui concerne les covers, les musiciens ont proposé une version sympathique de « Paint My Mailbox Blue » (de Taj MAHAL) et se sont régalés avec, notamment, de belles passes d’armes entre les 2 guitares dans le final et la version de Going Down » (une reprise de Don NIX dont les origines remontent à 1969) est parfaitement crédible: DIXIE PEACH en a fait un Blues-Rock évoluant sur un tempo lent qui prend aux tripes dans sa première partie, puis l’a rendue plus emballée, plus rythmée dans sa seconde moitié en mettant en avant des guitares incandescentes. Enfin, le groupe de l’Ohio a revisité « The Good, The Bad & The Ugly » d’Ennio MORRICONE » en lui conférant un habillage Blues-Rock assez vif et durant 9 minutes, les musiciens s’en sont donnés à coeur joie, se permettant même de s’aventurer en territoires jazzys avec quelques improvisations bien senties.

Cet album sans titre de DIXIE PEACH est assez bon dans le style Blues-rock/Rock Sudiste: les mélodies sont entrainantes, chatoyantes, les textures de guitares s’avèrent délicieusement addictives et le piano est dans l’ensemble très présent. Les compos donnent envie de secouer la tête, taper du pied. Voilà en tout cas une pépite rare des 70’s qui vaut le coup d’être redécouverte, surtout les personnes qui aiment le Blues-Rock et le Rock Sudiste. Enfin, pour l’anecdote, sachez que DIXIE PEACH a été réactivé en 2013 et a sorti un second album intitulé Blues With Friends.
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alcat01
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Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par alcat01 » dim. 12 mars 2023 15:45

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"Fantasia Lindum", parait en 1971 et il est aussi produit par Paul Samwell-Smith. Sa pochette a été réalisée par Visualeyes.
Amazing Blondel y pratique un Folk médiéval lumineux et d’une grande clarté, s’appuyant sur une maîtrise complète d’instruments datant du Moyen-Âge et de chansons sempblables à celles de cette époque.
Le trio est, en effet, capable de pratiquer une quarantaine d'instruments de cette époque et ce, dans la plus grande justesse technique. Ces ménestrels portés sur l'Angleterre élisabéthaine et des Tudor, sur les danses traditionnelles britanniques n'ont, bien sûr, jamais accroché les Hits avec cette musique atypique, mais au moins ont-ils eu l'opportunité de se faire bigrement plaisir et de le partager. "Fantasia Lindum", suite d'une vingtaine de minutes, "Safety In God Alone", "Two Dances", belles pièces acoustiques, et "Siege Of Yaddlethorpe" ont de l'ambition et de la décontraction, sans jamais ennuyer, ni être terne, un seul instant. C'est finement ciselé, doux, tendre, accompli et très professionnel.

"Fantasia Lindum" est certainement l'apogée artistique du groupe. Ce disque est stupéfiant et aucun des autres albums d'Amazing Blondel n'est comparable à celui-ci. Les airs sont frais parce qu'ils sont intemporels et les instruments sont joués avec précision et clarté.
L'album constitue une écoute essentielle pour ceux qui apprécient la musique de la vieille Angleterre. Certaines personnes qualifient la musique d'Amazing Blondel de "musique folklorique", ce qui est peut-être une erreur. Elle est plutôt influencée par la musique "noble" jouée dans les cours et les manoirs au Moyen Âge et au début de l'époque moderne!
Maintenant, on peut le considérer plutôt du genre "progressif élisabéthain". Il n'y a pas d'instrumentation électrique et l'utilisation de plusieurs instruments médiévaux et renaissance rend la comparaison avec les premiers Gryphon ou John Renbourn Group plus que pertinente. Mais Amazing Blondel étaient une formation tout à fait unique. Il est assez étonnant que ce genre de musique ait été publié par le label indépendant Island Records. Ils ne pouvaient guère s'attendre à un succès dans les hit-parades!

Le groupe a sorti une suite en plusieurs mouvements sur la face 1 du vinyle, dont le titre a donné son nom à l'album. Mais attention aux progheads: si vous n'êtes pas familiers avec ces morceaux, ne vous attendez pas à une épopée complète. Bien que ce morceau soit la pièce maîtresse de l'œuvre d'Amazing Blondel, il n'est en aucun cas très différent de leurs autres morceaux. Comme suggéré plus avant, il y a une certaine similitude avec Gryphon mais c'est aussi le cas avec Steeleye Span, Tir Na Nog, ou encore Malicorne. Tous se font une spécialité d'enregistrer des chansons de l'ère pré-classique avec une méticulosité variable et strictement sur ce point / catégorie, Amazing blondel n'en est pas du tout le leader. Cela ne signifie pas qu'ils soient inintéressants, mais le contenu prog de leurs albums est relativement faible.

Des trois premiers albums, celui-ci est, cependant, le plus intéressant. Cette musique est un Folk purement acoustique avec de belles mélodies et de douces harmonies. La suite qui donne son titre à l'album est le point culminant définitif de l'album et de toute la carrière du groupe. Bien qu'il ne s'agisse pas réellement d'une épopée Prog, c'est une suite agréable qui alterne entre des passages instrumentaux avec des flûtes et d'autres instruments folks et des passages vocaux mélodieux.
En ajoutant quelques éléments plus progressifs dès "Fantasia Lindum", le trio gagne en intérêt, d'autant que les pièces proposées ("Swift, Swains, Leafy Lanes" est très intéressant) sont beaucoup mieux travaillées. L'ennui que l'on avait pu ressentir à l'écoute de certains moments du disque précédent est complètement gommé.

Du point de vue Prog Folk, "Fantasia Lindum" est l'album le plus intéressant du groupe, principalement en raison de la suite titre de plus de 20 minutes qui est, en fait, plus une succession de morceaux courts et individuels qu'un véritable morceau épique. La plupart des sections sont clairement identifiables et les parties de flûte sont les plus agréables.
Le début est un peu trop médiéval et sonne typiquement comme du (vieux) folklore Britannique. Cependant, une fois ce fait accepté, leur style est positif et animé avec quelques instruments fins et originaux.
Après les flûtes sublimes, les belles sections de guitare acoustique et classique sont toutes aissi bonnes. Mais, lorsque les voix entrent en scène, l'impression de "Old England" est quelque peu exacerbée. Mais c'est une fresque tout à fait paisible.
La deuxième face, nonobstant le charmant "Three Seasons Almaine", est un peu moins efficace mais suit dans le même style Folk doux. Il faut souligner encore une fois qu'il n'y a pas de batterie, de basse ou de guitare électrique sur cet album, ce qui fait que cette musique est totalement dépourvue de l'aspect Rock. Elle est douce et exceptionnellement facile à l'oreille et, en tant que telle, elle n'offre pas beaucoup de défi pour le fan de Prog.
"Fantasia Lindum" est un bon et charmant album de Folk progressif, certainement pas un album de Rock progressif. Il est recommandé, mais pas, non plus, essentiel.
Pour tout dire, cela ressemble beaucoup plus à une affaire pure et folklorique qu'à du Prog (même lié au Folk). Mais ce sentiment se retrouve dans l'ensemble de leurs œuvres. Les courtes chansons de la deuxième partie de cette œuvre le confirment. À cet égard, "To Ye" est probablement le meilleur exemple.

C'est une grande amélioration par rapport à leur travail précédent, mais cela ne signifie pas qu'il n'y a pas de Rock ou d'attitude Folk Progressive typique. Simplement, Amazing Blondel a élargi les frontières des petites gouttes médiévales dont était fait "Evensong".
Cet album est l'un des meilleurs de leur discographie. Les trois principaux musiciens présents sur cet album constituent la meilleure formation du groupe. Cet album particulier consiste en une musique entièrement acoustique avec une utilisation très parcimonieuse des percussions. En fait, seules deux chansons de cet album contiennent des percussions.
La musique est tout à fait agréable et c'est une variation agréable de la musique Rock typique qui prédomine dans la musique progressive. Le fait qu'elle soit originale dans un sens moderne, ou du moins qu'elle ne suive pas un son Pop, la rend progressive à cet égard. L'utilisation de guitares acoustiques, de luths, de bois et d'autres instruments anciens est ce qui donne à la musique sa crédibilité. Les paroles sont du style folklorique de l'ancien monde et les harmonies semblent être réalistes pour la plupart.

Cet album se compose donc d'une suite de chansons de plus de 20 minutes et de cinq autres morceaux plus courts:
Le groupe se lance dans un numéro des plus aventureux et libre (bel effort d'improvisation) qui embrasse toute la première face du disque, s'ouvrant sur de mémorables claviers baroques avec la suite "Fantasia Lindum", un hommage du groupe à la ville de Lincoln, à la campagne du Lincolnshire et à la cathédrale médiévale de Lincoln. Une variété d'instruments sont joués, mais le son central est constitué (en plus des séquences occasionnelles aux claviers) des deux luths de Gladwin et Baird et des instruments à vent joués par Wincott. Non seulement c'est le point central de l'album, mais c'est aussi l'un des points forts de la carrière du groupe.
Elle se compose de dix courtes chansons qui sont à la fois vocales et instrumentales. Les mouvements sont assez variés pour que l'auditeur ne se lasse pas de ce style de musique, certains étant assez vifs tandis que d'autres ont un caractère pastoral. Les instrumentaux consistent généralement en un coup de projecteur sur un certain instrument tandis que les vocaux sont faciles à comprendre et traitent de sujets qui ne sont pas sans rappeler ceux choisis pour le genre de musique original que le groupe imite. Cela donne à ce disque un sentiment d'authenticité.
Le sujet de cette suite a trait à la ville et au pays de Lincoln, en Angleterre (le nom latin de Lincoln est Lindum). Quant au titre Fantasia, il est un peu trompeur dans la mesure où une fantasia est généralement une œuvre musicale de forme libre et cette suite n'est pas vraiment de forme libre, mais plus structurée comme la musique folklorique est censée l'être.
Les guitares acoustiques dominent avec, par-dessus, les flûtes à bec et les cromornes de Terry Wincott. En Edward Baird, le groupe avait en sa possession l'un des meilleurs guitaristes acoustiques que l'Angleterre ait jamais produit. La voix romantique de John Gladwin est très douce et très, très Anglaise. En bref, cette première face de l'album original est le meilleur morceau de musique que le groupe ait jamais produit. Bien qu'elle ne fasse que juxtaposer des chansons courtes et des danses et gigues au luth, la suite possède beaucoup plus de continuité que la collection de morceaux consécutifs de leurs deux premiers albums. En fait, l'entrée en matière, le dénouement et le refrain de "Lincolnshire Lullaby" sont purement brillants, et le reste du long pastiche est presque aussi bon.
Après cette suite, il y a cinq morceaux plus courts qui suivent à peu près le même style sur l'autre face de l'album qui comprend des chansons madrigal et deux airs instrumentaux.
"To Ye" est un morceau direct dans le même style que la suite, mais il est légèrement moins intéressant.
L'hymne chanté "Safety in God Alone" est probablement le meilleur des morceaux courts, mais il penche un peu plus vers un son moderne avec un piano, des guitares acoustiques et ce qui ressemble à un tambourin ou quelque chose de similaire. Les harmoniques de ce morceau sont également plus modernes, mais ce son n'enlève rien à l'ensemble de l'album, il offre plutôt une variation nécessaire dans la musique.
"Two Dances" consiste en deux instrumentaux acoustiques très courts, l'un mid-tempo et l'autre avec une jolie cadence qui sont des ajouts très agréables à l'album.
Après cela, nous avons une autre voix dans "Three Seasons Almaine" qui est un autre morceau tout simple avec un joli support instrumental.
Enfin, pour clore l'album, la dernière sélection est un instrumental appelé "Siege of Yaddlethorpe" qui semble légèrement déplacée. le son est celui d'un harmonium jouant une mélodie appropriée, mais il parait si déplacé parmi les instruments acoustiques. Le duo d'orgue à cornemuse et de batterie avec la participation de Jim Capaldi de Traffic qui ajoute tout au long du morceau une batterie au son militaire qui a été enregistrée en surimpression sur le morceau.
A noter que "Seige of Yaddlethorpe" a réussi à se retrouver sur plusieurs compilations du label Island.

Dans l'ensemble, il s'agit de l'un des meilleurs albums du groupe, et la suite en est, évidemment, la principale raison, même si les chansons supplémentaires sont également très appréciées. on peut pratiquement qualifier l'album entier de chef-d'œuvre, surtout grâce à la suite. Cependant, il n'y a vraiment rien de nouveau ou de remarquable pour réellement le qualifier d'essentielle.


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Message par alcat01 » dim. 12 mars 2023 17:54

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Chris Spedding
Bien que ce chef-d'œuvre éponyme ne soit pas le premier album solo de Chris Spedding, il est le premier à avoir un impact sur le grand public.
Issu de son tube si mémorable "Motorbiking", il a fait de Spedding, vêtu de cuir et coiffé d'une houppette, la première pin-up guitariste de l'ère punk, un an avant même que les géniteurs du punk n'aient entendu ce terme. Il est certain qu'une grande partie de ce qui a finalement émergé au sein de la new wave britannique a été grossièrement empruntée à Spedding, tant sur le plan visuel que, moyennant quelques raffinements à la mode, sur le plan visuel.
Le son de Chris Spedding est à l'image de son créateur : serré, méchant, et n'acceptant les insultes de personne. Le futur hymne "Guitar Jamboree" aurait facilement pu être rejoué avec des couteaux à cran d'arrêt, tandis que sa reprise de "School Days" de Chuck Berry a bien d'autres choses en tête que les cours et la gym. Electrifiants, aussi, sont "Jump in My Car" et "Bedsit Girl". La pop économique à base de riffs n'était pas nouvelle, bien sûr, mais elle avait rarement été exécutée avec une telle arrogance.
Court, pointu et jamais moins que cassant, Chris Spedding a peu de fioritures que Spedding a si habilement drapé sur les disques des autres, peu de rebondissements qui ont distingué son travail avec Sharks ou plus tard, seul.
Dave Thompson


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Message par alcat01 » dim. 12 mars 2023 19:43

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1972 Live Full House
La troisième publication du J.GEILS BAND est un album Live. Le disque sort dans les bacs fin septembre 1972, soit moins d’un an après The Morning After. N’oublions que nous sommes à une époque où si on veut exister, il s’agit de battre le fer le plus souvent possible. Pendant l’âge d’or du rock, les artistes rivalisent d’ingéniosité, les majors sont drivées par des businessmen âpres au gain, lesquels sont également des spécialistes du monde de la musique capables de regarder un tout petit peu plus loin que les résultats immédiats du Billboard.
Or, le J.GEILS BAND est connu pour être le Party Band le plus excitant du circuit nord américain. Si sa musique ne révolutionne rien du tout – les 60’s sont déjà loin – son entrain sur scène lui permet de remplir les salles et de laisser son empreinte sur l’auditoire. Ajoutons à cela que le groupe a également les faveurs de la presse. Autre fait important, le combo s’est heurté à la difficulté de reproduire en studio l’énergie communicative de sa musique en Live. Il n’est pas le seul dans son cas et d’autres rencontreront le même problème après lui. Rappelons que les YARDBIRDS ou encore HOT TUNA, afin d’initier leur discographie, avaient choisi de livrer d’emblée un disque en concert et que cela faillit bien être le cas aussi pour les BEATLES. Ceux qui connaissent bien le groupe savent par ailleurs que sa toute première livraison fut enregistrée d’une traite en studio. Rien d’illogique à ce que le JGB choisisse assez rapidement de se livrer à pareil exercice parce qu’après tout c’est devant un public que son rythm’n’blues devient le plus excitant, lorsque les cris de la foule le propulsent vers les sommets de son art.

Live Full House offre un résumé en huit plages des deux premiers opus en studio privilégiant toutefois nettement le premier effort représenté ici pas moins de six fois. On est dans une période où le combo va beaucoup puiser son répertoire chez les autres, notamment les « grands anciens » (cinq classiques figurent au programme), également celle où un énigmatique Juke Joint Jimmy (Il s’agirait d’un pseudo utilisé par le groupe afin de signer ses compositions collectives à la façon des ROLLING STONES avec leurs chansons attribuées à Nanker Phelge) apparaît encore dans les crédits. Les extraits Live ont été captés à Detroit, la ville d’adoption du groupe. Or, c’est dans cette cité industrielle (aujourd’hui ravagée par les crises) et siège historique de la Motown, que le groupe retournera quatre ans plus tard pour réaliser en partie le double album concert qui deviendra sa référence ultime : Blow Your Face Out.

En 1972, le format double n’est pas encore devenu le mètre étalon de la captation en public, LFH est donc assez court, moins de trente-six minutes de bonheur tout mouillé et est de fait assez frustrant de ce point de vue. Parce qu’on se prend d’emblée une bonne claque avec l’irrésistible « First I Look At The Purse ». Plus loin, « Pack Fair And Square » parvient même à accomplir l’exploit d’être encore plus ramassée que dans sa version en studio alors que l’aspect légèrement pop de la version de « Homework » parue sur le premier disque disparaît totalement sur les planches. Les amoureux de l’harmonica prendront plusieurs rasades de « Whammer Jammer » où se déchaîne Magic Dick, son interprétation Live décapitant celle figurant sur The Morning After. Les titres s’enchaînent sans temps morts, Peter Wolf gratifiant l’auditoire de quelques interventions où il parvient à placer quelques centaines de syllabes en peu de secondes. Ébouriffant ! Si des titres de l’acabit de « Hard Drivin’ man », « Cruisin’ For A Love » ou « Looking For A Love » vous font furieusement penser aux Blues Brothers, sachez que toute ressemblance n’a pas grand chose de fortuit, le groupe monté ultérieurement par John Belushi et Dan Aykroyd étant allé puiser aux même sources. Le sommet de l’album est atteint sur un morceau au tempo lourd, « Serves You Right To Suffer », ici en extended version sur plus de neuf minutes. Ce blues joué en mode Chicago style (écrit par John Lee Hooker qui est natif du sud des States, ce titre est interprété par le J.Geils Band en référence à Muddy Waters, autre natif du sud, ayant contribué à l’essor du Chicago Blues, style fort prisé par les acteurs du British Blues Boom dont les plus illustres représentants restent les ROLLING STONES), notamment du fait de l’apport caractéristique de Magic Dick, permet à J. Geils (le guitariste) de délivrer un formidable solo où ce dernier triture sa monture jusqu’à en extraire des humeurs toxiques qui flirtent avec la dissonance pour un rendu totalement jouissif.

À la fois ramassé et punchy, Live Full House offre un bon récapitulatif du style du J.GEILS BAND, une excellente entrée en matière pour ceusses qui souhaiteraient découvrir le combo, son univers y tutti quanti, mieux qu’un best of car c’est sur les planches qu’excellent nos cinq mastards. Le groupe n’a jamais été connu pour ses innovations, en effet celui-ci s’applique à reproduire avec maestria un rythm’n’blues mâtiné de rock existant bien avant lui, et relancé aux USA par la vague britannique des 60’s. Pas non plus de traces de virtuosité plus ou moins gratuite là-dedans, chose qu'on reprochera à de nombreux représentants des 70's. La seule réserve qu’on pourrait lui adresser étant de n’avoir pas prolongé plus avant le format imparti en simple pour une double ration, mais il est vraisemblable qu’il n’avait pas la main dans ce domaine contrairement à sa maison de disques. N’oublions pas qu’alors seuls deux albums avaient vu le jour. Deux extraits seront repris par les radios, « Serves You Right To Suffer » ainsi que « Looking For A Love », permettant à LFH de titiller le top 50 sans toutefois l’atteindre. Suffisant pour poursuivre néanmoins.
Un mot sur sa pochette qui représente une main de poker où les cartes apparaissent en relief grâce à un effet en trompe l’œil très réussi. Pas vraiment un full, on tient une main avec trois valets, un roi et une reine qui nous envoie un clin d’œil. Histoire de dire que le J.GEILS BAND n’aura jamais vraiment la chance pour lui ? Un brelan avec deux fortes têtes, c'est déjà bien. Surtout qu’on bénéficie tout de même de deux faces de plaisir enjoué comme peu savent nous en procurer.
LONG JOHN SILVER


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