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Message par alcat01 » mer. 29 mars 2023 13:08

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1985 : Pentagram
Alors que le thrash et le death metal dominaient au milieu des années 80, il y avait une scène metal underground qui passait largement inaperçue en comparaison : le doom metal. Au Royaume-Uni, des groupes comme Witchfinder General et Pagan Altar ont utilisé les aspects les plus doom de la musique de Black Sabbath pour créer de très bons NWOBHM. Aux États-Unis, il y avait principalement deux groupes qui utilisaient les éléments sombres et lourds de la musique de Black Sabbath pour créer leur propre marque de métal qui deviendrait connue sous le nom de doom metal. Ces groupes étaient Saint Vitus et Pentagram. Ce dernier existait depuis plus longtemps, mais a sorti son premier album à peu près au même moment que Saint Vitus.

Le premier album éponyme de Pentagram (parfois connu sous le nom de "Relentless") est l'un des heavy/doom metal les plus sales et les plus cinglants que vous puissiez trouver. Ce line-up particulier de Pentagram était de loin le plus fort. Bobby Liebling est un pentagramme. Au fil des ans, il a écrit de manière absurde de nombreuses chansons; et beaucoup de ces chansons ont été enregistrées à leurs débuts dans les années 70 et ont presque marqué le groupe, ce qui en aurait très probablement fait un big band à la Black Sabbath. Mais, la toxicomanie et l'entêtement de Liebling ont en quelque sorte fait exploser Pentagram et ils ont continué sans aucune sortie appropriée jusqu'au milieu des années 80, lorsque ce joyau a finalement été publié.
Vous pouvez comparer les débuts de Pentagram avec les débuts de Saint Vitus à bien des égards : c'est définitivement du doom metal. La pochette de l'album est très simple; noir et blanc/gris, les riffs sont un mélange de rocks bruts, sales et groovy et de crawlers plus lents, les deux groupes ont une solide section rythmique ; et certainement les groupes ont leur propre fou qui chante de la manière la plus obsédante possible. En plus de ça, la production est similaire sur ces albums : hautement immonde !
C'est une bonne chose, car cela crée une atmosphère sombre et mystérieuse pour ces groupes obscurs (à l'époque).

La principale différence entre Pentagram et Saint Vitus réside dans leurs origines musicales (influences). Bien que Black Sabbath ait évidemment une énorme influence sur les deux groupes, ils ont emprunté à deux genres différents. Alors que le son de Saint Vitus était du doom metal influencé par le punk (Black Flag + Black Sabbath), Pentagram s'appuyait davantage sur le vrai heavy metal (Judas Priest, par exemple), ainsi que sur le son de guitare sale, lourd et atténué qui est souvent associé au doom metal. Est-ce que c'était un signe que les instrumentistes de Pentagram étaient de meilleurs musiciens que ceux de Saint Vitus ou si c'était simplement une question de goût, je ne sais pas, mais l'homme à la hache de Pentagram, Victor Griffin, a créé des riffs de heavy/doom metal méchants et a eu quelques d'excellents leads/solos, alors que Dave Chandler de Saint Vitus s'appuyait sur des riffs et des solos plus simples et plus sauvages (comme le font les punks). La batterie de Joe Hasselvander est magnifique. C'est solide, serré et pourtant lâche, car il n'a pas peur de lancer des remplissages impressionnants et d'utiliser son kit au maximum. La basse de Martin Swaney n'est pas si audible sur cette version, mais fait certainement bien son travail.

La musique sur 'Pentagram/Relentless' est variée. Il y a des rocks doom traditionnels inspirés du heavy metal comme "Death Row", "Relentless" et "Dying World" avec des riffs vifs et un tempo entraînant. D'autres morceaux sont lents et lourds, et peuvent être considérés comme "vrai doom", comme "All Your Sins", "The Ghoul" et "Sinister". Et puis enfin, il y a quelques éléments des premières influences de Liebling (Blue Cheer, UFO etc.) sur des morceaux comme « Sign Of The Wolf (Pentagram) » et « 20 Buck Spin » ; ce dernier étant une chanson écrite par Liebling dans les années 70.

La musique sombre, sale, groovy et bien sûr lourde des débuts de Pentagram est quelque chose qui est et continuera d'être vénéré parmi les fans de doom metal et probablement la plupart des fans de heavy metal en général. Bien qu'il ait perdu "la grande scène", l'influence de Pentagram sur le heavy/doom metal est immense, et n'est la deuxième que derrière Black Sabbath. Et pour être un disque au son si sale et diabolique / fou, le premier album de Pentagram est étonnamment accessible grâce au mélange très décent d'épices dans chaque chanson.

C'est un incontournable pour les fans de doom metal du monde entier.
Domination


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Message par alcat01 » mer. 29 mars 2023 15:12

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1977 Musicmagic
En 1977, les musiciens de jazz fusion cherchaient de nouvelles influences dans une nouvelle direction. La scène, à l'exception de Weather Report, était tombée dans un "piège électrique" au début des années 1970. Après que le Mahavishnu Orchestra soit devenu aussi important qu'il l'était, Return to Forever l'a suivi dans le pays magique de la guitare électrique.
Cela a d'ailleurs donné de bons résultats, puisque les morceaux postérieurs à Hymn of the Seventh Galaxy (qui sonnait un peu trop névrosé à mon goût) sont pour la plupart très bons. Le processus a peut-être culminé avec Romantic Warrior (1976), dont il est difficile de déterminer s'il s'agit d'un album de jazz fusion ou de rock progressif instrumental. Je ne veux pas dire que les musiciens doivent s'en tenir à leur genre, et vice versa, mais cela signifie qu'il est compréhensible que Chick Corea et Stanley Clarke aient cherché une autre direction. Comme Al Di Meola préférait sa carrière solo et Stomu Yamashta son Go à l'époque, il était temps de dire adieu à la guitare et de faire revenir les cuivres. Sans oublier les voix.

À l'époque, Musicmagic était souvent considéré comme le retour à la maison de Return to Forever. Il est évident que le style de l'album a plus à voir avec Return to Forever (1972) et Light as a Feather (1973) qu'avec ce qui a suivi jusqu'en 1976. Mais le contexte a changé radicalement, et il est donc évident que la musique a changé elle aussi. Il est évident que Gayle Moran n'est pas Flora Purim, ni une chanteuse latine en tout cas, et bien qu'elle soit constamment rejointe par des voix masculines (Stanley Clarke ?), le son vocal est complètement différent. Mais ce n'est pas le changement le plus important depuis le matériel de 1972-3. Partout dans la scène (et aussi dans quelques autres scènes), les rythmes funky ont pris le dessus vers 74 et au lieu de la sensation des années 60 où la musique était soit libre, soit juste joliment groovy, on nous a offert un tas de musique qui était sur le point de nous faire danser. Cette longue introduction m'amène à conclure que Musicmagic est un album funky autant qu'un album de jazz fusion [et] de musique latine avec des voix. Le résultat est plus accessible que n'importe quel album antérieur de la RTF, et aussi plate que cela puisse être, c'est peut-être la raison pour laquelle il me plaît aussi.

Tous les morceaux de Musicmagic sont très bons. (Le titre est peut-être un peu trop long et "Do You Ever" n'est pas très important). L'album est donc plus qu'équivalent à Romantic Warrior ou Where Have I Known You Before (1974).
bnoring


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Message par alcat01 » mer. 29 mars 2023 16:48

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1981 : Get Lucky
Deuxième album des sympathiques Canadiens, Get Lucky fait suite à un premier album qui avait connu un succès fulgurant dans leur pays natal tout en les faisant repérer aux Etats-Unis. On ne change pas une équipe qui gagne et l’on retrouve la même formation ainsi que Bruce Fairbairn à la production. La pochette est à nouveau assez moche, mais Loverboy y propose toujours un AOR festif, sans prise de tête et malgré tout disposant d’une série de petites trouvailles et arrangements qui les a empêchés d’être noyés dans la masse. En plus de la qualité des compos évidemment. Attention, allergiques aux claviers s’abstenir.
C’est clair que sur « Working For The Weekend », qui reste sans doute leur titre le plus connu, c’est bel et bien cet instrument qui prédomine, la guitare de Paul Dean étant plutôt discrète. Evidemment, avec le mot ‘Weekend’ dans le titre, il est probable que le morceau risque d’être plutôt enjoué. Pas de tromperie sur la marchandise: il l’est. Titre qui ferait bondir un paraplégique avec sa cowbell en introduction, il dispose d’un refrain irrésistible. A une époque où certains pleurent inlassablement sur les réseaux sociaux à chaque arrivée de lundi et se réjouissent chaque vendredi, on pourrait en déduire que malgré son petit côté kitsch, il n’a au final pas pris une ride. On ralentit le tempo et on assombrit – légèrement – l’ambiance pour « When It’s Over », une autre perle mélodique où la guitare bien crunchy et lourde fait un pendant aux claviers aériens et délicieusement kitsch. La voix de Mike Reno, claire et mélodieuse n’est pas sans rappeler celle de Lou Gramm, référence ultime de tout ce qui se voulait Rock mélodique. Trois ans avant Van Halen, Loverboy nous invitait déjà à sauter sur « Jump », un titre co-écrit avec leurs compatriotes Bryan Adams et Jim Vallance, faiseurs de tubes en devenir. Et leur patte est d’ailleurs assez reconnaissable sur ce Rock enjoué qui sent bon le soleil perçant sous les sapins. Le posé « Gangs In The Street » est le type parfait de morceaux que l’on aurait pu retrouver dans les films de l’époque: nappes de synthés, guitares discrètement racoleuses et chant mélodique.

Hard Rock a tendance Boogie bien remuant, « Emotional » tranche nettement avec le reste de l’album. D’ailleurs Doug Johnson quitte pour l’occasion ses synthés pour un joyeux piano. Mais on revient rapidement à l’ambiance général de l’album avec un « Lucky Ones » accrocheur et typiquement 80’s. « It’s Your Life » est construit comme un morceau de Rockabilly mais avec un rendu quasi New Wave. Original, mais il manque un petit quelque chose pour le faire décoller tout à fait, comme par exemple une guitare moins en retrait. Cette sensation d’un léger manque se retrouve sur « Watch Out », un mid-tempo AOR bien trop sage. Heureusement, Loveboy termine avec ce qui est pour moi le chef d’oeuvre de l’album et qui prouve définitivement qu’ils ne sont pas un groupe de AOR de plus, je veux parler de « Take Me To The Top ». Cet arpège au synthé qui tourne en boucle et sur lequel vient rapidement se greffer la section rythmique est on ne peut plus entêtant. Quant à Paul Dean il se lâche pour notre plus grand plaisir. Mais la mélodie est au rendez-vous et le chant de Reno est on ne peut plus accrocheur. Selon la légende, le groupe était tellement satisfait de la version démo qui s’était révélée indépassable que c’est celle-ci qui a été retenue au final avec quelques petites retouches. Et c’est peut-être ce côté ‘in your face’ de l’interprétation qui fait toute la réussite du morceau, en plus de l’excellence de son écriture.

Get Lucky lança définitivement la carrière du groupe aux USA puisque l’album y fut cette fois multi-platine. Curieusement, alors que Loverboy allait devenir pour le début des années 80 un des groupes de AOR les plus en vue, leur succès ne traversa jamais l’Atlantique. Et c’est dommage car, Loverboy fait indiscutablement parti des grands du genre. Get Lucky a bien sûr un son qui marque son époque, mais la production a malgré tout fort bien vieilli et, alors que ces sonorités 80’s un peu kitsch sont revenues à la mode, il devrait plaire à beaucoup de monde.
The Wicker Man


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Message par alcat01 » mer. 29 mars 2023 18:45

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Jade Warrior (1971)
Les graines de JADE WARRIOR ont été plantées au début des années 60 lorsque Jon Field et Tony Duhig se sont rencontrés alors qu'ils travaillaient dans une usine et ont découvert qu'ils avaient un intérêt commun pour le jazz et la musique ethnique mondiale. Après plusieurs années d'expérimentation avec de nombreux instruments différents, ils ont créé quelques groupes, puis sont passés à autre chose et ont finalement enregistré un album assez populaire sous le nom de July.
Enfin, en 1970, après avoir ajouté Glyn Harvard à la basse et au chant, John Field aux flûtes et aux percussions et Tony Duhig aux guitares, le groupe s'éloigne des tendances de l'époque et crée une nouvelle sorte de rock progressif qui prend des influences ethniques dans une direction totalement nouvelle. Le groupe nouvellement formé a rapidement attiré suffisamment l'attention pour signer un contrat avec Vertigo Records.

Le premier album éponyme de JADE WARRIOR crée un précédent pour l'ensemble de leur carrière, présentant à l'auditeur une étrange pléthore d'idées musicales qui ne s'assemblent pas toujours de la manière la plus cohérente, mais qui, le plus souvent, laissent l'auditeur diverti tout en posant la question "pourquoi ont-ils fait ça ? Dès le premier morceau, le groupe se démarque du lot. Il commence par une belle partie de guitare contemplative, propre et lente, qui s'accompagne d'une flûte, puis, lorsque les congas entrent en scène, vous déstabilise totalement. Le terme JADE WARRIOR est censé avoir un lien avec les samouraïs japonais et la musique semble avoir un aspect oriental et occidental avec des vibrations africaines et latines pour faire bonne mesure. Ils ont également utilisé une combinaison unique de blues rock avec des percussions de type Santana au lieu des percussions blues rock traditionnelles.
Après un morceau d'ouverture doux et sucré, c'est un véritable retournement de situation lorsque le deuxième morceau "A Prenormal Day In Brighton" plonge dans la scène blues rock psychédélique des années 60, créant ainsi un contraste saisissant avec le premier morceau. Au fur et à mesure que l'album avance, les chansons se répartissent généralement en deux camps. Le premier est celui des morceaux contemplatifs, doux et épurés, qui évoquent les influences ethniques exotiques infusées dans un type de folk freak acoustique plus spacieux, et celui des hard rockers psychédéliques plus lourds. L'inconvénient est que ces morceaux ne s'assemblent pas de manière aussi homogène qu'ils le devraient, mais d'un autre côté, tous ces morceaux, même si leurs juxtapositions sont un peu guindées, sont tout à fait agréables. Ce n'est pas comme si les deux styles s'alternaient. Pour la plupart, les morceaux les plus lents se poursuivent jusqu'à " Telephone Girl " qui commence le style hard psych rock plus lourd, le deuxième morceau étant l'exception dans le flux des choses.

JADE WARRIOR a toujours été une sorte d'outsider dans le monde du prog, probablement en raison de leur incapacité à créer des livraisons fluides de leur musique pour créer une expérience d'album totalement satisfaisante sans aucune sensation de guindé, mais je dois admettre que j'aime vraiment beaucoup de leurs albums et ce premier album est l'endroit idéal pour commencer car il résume en quelques mots la vision musicale de JADE WARRIOR depuis le début.
Alors que les deux albums suivants se concentrent sur l'aspect heavy blues rock de leur musique et qu'à partir de "Floating World" ils s'orientent vers des sons ethniques folky plus spacieux, ce premier album présente un mélange des deux styles, jouant parfois main dans la main, mais la plupart du temps pas du tout. L'un des albums les plus uniques de 1971, qui n'est peut-être pas un classique, mais dont la qualité est constante, même si la présentation n'est pas parfaite.
siLLy_puPPy


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Message par alcat01 » jeu. 30 mars 2023 09:28

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L'Étonnant Serge Gainsbourg
1961 : Serge GAINSBOURG est en studio, toujours accompagné de l’arrangeur de jazz Alain Goraguer et de son orchestre. Le but : enregistrer le troisième album de cet auteur-compositeur si apprécié des autres chanteurs mais si peu populaire encore ; album nommé L’étonnant Serge Gainsbourg et qui n’a d'étonnant que sa médiocre qualité.
Les années 60 amènent un brin de légèreté dans le paysage musical français, et on sent GAINSBOURG quelque peu perturbé. Le jazz commence à sentir la poussière et l’on note dans ce troisième disque de nombreuses influences musicales, assez désordonnées et peu cohérentes : de la chanson, du jazz, des inspirations cubaines, de la pop et souvent des arrangements très classiques. Même les textes de cette cuvée ne sont pas comparables aux chefs-d’œuvres rédigés auparavant, montrant le manque d’inspiration de l’auteur à cette époque. Il n’hésite pas à reprendre une idée qu’il avait eue lors de l’album précédent, à savoir d’utiliser un poème classique. Comme il l’avait fait pour de Musset, on trouve dans ce disque des textes de Nerval, Victor Hugo et Arvers. Une belle leçon de 'je veux pas me fouler pour les paroles'.

Ne crachons pas trop dans la soupe, l’album n’est pas un ratage complet. On retrouve en effet une des plus belles réussites du chanteur, "La chanson de Prévert" où l’on entend un texte doux et poétique sur une rythmique acoustique du plus bel effet. Ce magnifique morceau, qui a requis l’accord de Jacques Prévert avant de pouvoir être enregistré, est une chanson française culte et un de ses rares premiers succès. C’est aussi une des premières compositions où Serge GAINSBOURG ne sert pas un des textes misogynes et cyniques dont il a le secret, ce que compense très bien le titre suivant, "En relisant ta lettre", qui a le mérite d’être la seule autre véritable bonne chanson du disque. Les paroles et l’interprétation y sont admirables et le petit air de jazz qui l’accompagne lui confère un charme fou.
Quant au reste de l’album, il est nettement en-deçà. Si "Personne" arrive à plaire grâce à son exercice de style intéressant et si "Les Amours perdues" souffre juste d’un arrangement qui ne met pas en valeur sa qualité, les autres plages n’arrivent pas à rendre l’album globalement bon. Manque de cohérence, compositions pauvres, arrangements classiques et mous, interprétation sans charme, et "Les femmes c’est du chinois", un morceau à faire En 1962, GAINSBOURG se remet de son dernier bide et commence à constater qu’il n’est plus qu’un chanteur d’arrière-garde face à la nouvelle mode qui s’impose bruyamment : les yéyés. Tous les producteurs de l’époque s’arrachent des Johnnys et tous les adolescents s’improvisent chanteurs. C’est pourquoi, N°4 sera le dernier album de ce premier cycle de 25 centimètres, le bilan d’une époque, et disons-le d'emblée, un brillant bilan. Dès l’année suivante, GAINSBOURG retourne progressivement sa veste et se met à composer pour les yéyés, afin de pouvoir survivre.

L’étonnant Serge Gainsbourg est un album mitigé ; il contient une des plus grandes réussites de l’auteur mais aussi un tas de morceaux très dispensables. Contentez-vous de réécouter les deux premiers titres et oubliez les autres.
BOMBE_HUMAINE


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Message par alcat01 » jeu. 30 mars 2023 09:29

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Desolation Angels (1979)
Après l’échec – relatif – de Burnin’ Sky qui a vu pour la première fois Bad Company rater les top 10 anglais et américains, il s’agit pour la bande de Paul Rodgers de se reprendre en main. C’est que Foreigner commence à être un rival plus que sérieux. Du coup, les quatre musiciens semblent s’être recentrés pour donner le meilleur d’eux-même. Incontestablement, le résultat payera puisque Desolation Angels peut être considéré comme l’un des meilleurs albums de Bad Company.

D’ailleurs, « Rock ’n’ Roll Fantasy » qui ouvre l’album est l’un des meilleurs titres du groupe, du calibre de « Can’t Get Enough » ou « Feels Like Makin’ Love ». On sent bien sûr que nous sommes à la fin des 70’s, les effets des guitares sont là pour le prouver, mais la voix de Paul Rodgers, elle, ne bouge pas. Et le titre est mélodique et accrocheur, du genre qui fait les tubes, ce qu’il deviendra bien sûr (il montera à la 13ème place aux USA et deviendra leur single le plus vendu). On s’éloigne du Hard Rock/AOR avec l’acoustique « Crazy Circles », un titre Soft Rock mélodique, frais et entrainant, mais sans que cela influence notre enthousiasme. Le Rock « Gone, Gone, Gone » voit le groupe adopter un ton plus sombre mais sans perdre ses qualités mélodiques, notamment lors d’un très bon refrain. Bad Co continue avec le Rock léché et efficace de « Evil Wind » disposant de jolies parties de guitare. La ballade « Early In The Morning », bien que disposant d’une jolie mélodie, est par contre assez quelconque et ne se distingue pas vraiment de la masse des titres du style qui se faisait alors.
Si la première partie de l’album mettait surtout en avant les compositions de Paul Rodgers (à l’exception de « Gone, Gone, Gone » qui était de Boz Burrell), la seconde sera davantage consacrée à celles de Mick Ralphs. Ainsi « Lonely For Your Love » est un titre Boogie qui appuie où ça fait mal avec un Paul Rodgers qui force joliment sa voix. Dans un style Pop/Rock entraînant avec quelques touches Southern Rock, « Oh, Atlanta » est également très réussi, tandis que le plus léger « Take The Time » manque du petit quelque chose qui le rendrait aussi mémorable qu’un « Feels Like Makin’ Love ». En revanche, « Rhythm Machine » (composé tout naturellement par la section rythmique du groupe) s’avère un mid-tempo accrocheur et entêtant. L’album se termine joliment par la ballade typée Soul de Paul Rodgers, « She Brings Me Love », sans doute l’une des plus belles du groupe.

Réussissant à redresser la barre, Desolation Angels deviendra le dernier gros succès de Bad Company. Musicalement, il s’agit probablement du meilleur album depuis le premier. Il permettait donc au groupe de terminer les années 70 la tête haute et aborder les années 80 sous les meilleurs auspices.
Hélas, les excès et des problèmes dans l’organisation interne du management allaient contredire cette belle promesse…
The Wicker Man


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Message par alcat01 » jeu. 30 mars 2023 10:18

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1980 : Welcome to the Club
Si Mick Ronson sera toujours associé de près à David Bowie, grâce à son statut de Chief Spider et à l'interprétation emblématique de "Starman" dans l'émission Top of the Pops, on peut dire qu'il a eu une relation de collaboration plus équitable avec l'ancien leader de Mott the Hoople, Ian Hunter. On oublie parfois que Ronno a été le guitariste de Mott pendant quelques mois, ce qui a donné le génial single "Saturday Gigs", avant que Hunter et lui ne quittent Mott et ne commencent à travailler sur ce qui allait devenir le premier album solo éponyme de Hunter en 1975. En réalité, Ian Hunter est le fruit d'une collaboration entre les deux, mais des complications liées au management et à la maison de disques ont fait qu'il est sorti sous le seul nom de Hunter et que Ronson est apparu sporadiquement sur les albums de Hunter en tant que coproducteur et musicien invité, la seule fois où ils ont été mis sur un pied d'égalité étant sur Y U I Orta en 1989.
Pour Hunter lui-même, après des débuts bien accueillis, sa carrière solo avait été inégale, mais en 1980, elle était à nouveau en plein essor. Alors que la plupart de ses pairs avaient été rejetés par le mouvement punk comme des has been sans intérêt, Mick Jones, du Clash, avait exprimé son affection pour le proto-punk de Mott the Hoople et, par extension, pour Ian Hunter lui-même. En 1979, You're Never Alone With a Schizophrenic avait été son album le mieux accueilli depuis ses débuts, et reste encore aujourd'hui son album le plus accessible. Malgré tout, le statut de Hunter était au plus haut depuis l'époque de Mott the Hoople lorsque Welcome to the Club est sorti en 1980, et le fait qu'il ait retrouvé Ronno à ses côtés n'a fait qu'ajouter au sentiment d'opportunité.

Welcome to the Club s'ouvre sur une reprise musclée de "F.B.I.", l'amour de Ronson pour les Shadows (qui, avec leurs riffs simples et directs, ont été une influence improbable sur le punk) étant mis en avant dès le départ, avant que Hunter lui-même n'entre en scène pour mener le groupe dans une version déchaînée de son plus grand succès solo "Once Bitten, Twice Shy". L'une des caractéristiques des voix idiosyncrasiques de Hunter, c'est qu'aucun polissage en studio ne peut les faire sonner autrement qu'à l'état pur. Bien sûr, le revers de la médaille est qu'en live, il sonne de manière phénoménale, et qu'avec Ronno à ses côtés, il élève encore un peu plus son jeu. Certes, la voix parfois fêlée de Hunter n'est pas du goût de tout le monde, mais le fait qu'il ne chante jamais que comme s'il était totalement investi dans la moindre syllabe sortant de sa bouche, fait qu'il interprète tout avec une rare conviction.
Bien sûr, Hunter était et est toujours un chanteur unique, mais il est tout aussi célèbre pour ses compositions, et Welcome to the Club est un tour d'horizon de ses plus grands moments à ce jour. Des grands succès de Mott comme "All the Way From Memphis", aux anciens classiques de Mott comme le rock à fond "Angeline" et "Walking With a Mountain", en passant par des œuvres solo plus contemporaines comme le déchirant "Irene Wilde", l'indigné "Standin' in my Light" (vraiment l'un des morceaux les plus marquants de sa carrière) et l'hymne "Cleveland Rocks", l'habileté de Hunter à manier les paroles est célébrée, tout comme sa façon de reprendre les chansons des autres et de se les approprier. Bien sûr, il est bien connu que Bowie a fait don de "All the Young Dudes" au groupe en difficulté Mott the Hoople, mais ce qui est moins connu, mais tout aussi important pour Hunter, c'est sa dette personnelle envers Sonny Bono, dont la chanson "Laugh at Me" a été reprise sur le premier album de Mott, et est ressuscitée avec un effet splendide sur Welcome to the Club.

Alors que la version originale de Welcome to the Club se présentait sous la forme d'un double vinyle, la dernière face présentait quatre nouvelles chansons. Elles sont bonnes, mais il n'y a pas de véritable moment fort. Au lieu de cela, il est probablement préférable d'apprécier les trois faces de ce grand rock and roll live, qui célèbre l'un des plus grands talents de sa génération, fonçant tête baissée dans les années 80 avec son grand ami et guitariste emblématique à ses côtés, et avec un groupe très chaud derrière eux.

Aussi lourde que soit la réputation de Ian Hunter comme l'un des grands noms du rock and roll, ce n'est que sur scène que l'on peut apprécier pleinement son talent unique et spécial. Si vous n'avez pas la chance de voir l'homme en chair et en os, les trois faces live de Welcome to the Club sont la preuve qu'il mérite d'être célébré au même titre que les plus grands noms de la musique rock.
Jon Bryan


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Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par alcat01 » jeu. 30 mars 2023 13:34

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Pavlov's Dog - Pampered Menial
PAVLOV’S DOG se forme à ST LOUIS dans le Missouri début 1973 autour de David SURKAMP, Sigfried CARVER, Mike SAFRON, Rick STOCKTON, Lexa ENGEL et Steve LEVIN. Ces 2 derniers sont remplacés avant l’enregistrement du 1er album par Douglas RAYBURN et David HAMILTON. Un 7ème membre rejoint le groupe, l’excellent guitariste Steve SCORFINA qui vient juste de quitter REO SPEEDWAGON.
Le groupe au complet se constitue alors un répertoire de compositions originales et fait rapidement parler de lui dans les clubs locaux de ST LOUIS, à tel point que la maison de disques ABC RECORDS leur fait signer un contrat au montant paraît-il astronomique pour un groupe débutant et totalement inconnu du milieu rock de l’époque. On parle alors d'une avance de 650.000 $.

Ils enregistrent alors leur sensationnel 1er album PAMPERED MENIAL. Lorsqu’il paraît en avril 1975, il montre un groupe étonnamment novateur, évoluant autour des impressionnantes performances vocales de son tout jeune chanteur David SURKAMP et des prouesses de Douglas RAYBURN au mellotron, qui donnent aux chansons de PAVLOV’S DOG une consistance unique.
David SURKAMP est alors décrit par ses fans les plus irréductibles comme « un enfant de chœur speedé ».
Il faut dire que sa façon de chanter, son phrasé et son timbre de voix très haut perché, n’est pas habituel dans le milieu rock de l’époque. SURKAMP est un merveilleux chanteur qui peut aussi redescendre de plusieurs octaves et devenir un chanteur d’une sensibilité rarement atteinte.
Tout PAMPERED MENIAL déborde de ses performances sans précédent et les compositions du groupe sont merveilleusement construites autour de mélodies sublimes et de breaks vertigineux. Les membres sont tous des musiciens hors norme et bien qu’ils soient au nombre de 7 au sein du groupe, aucun ne piétine le terrain de l’autre et leurs instruments se mélangent tous parfaitement bien dans cet OPERA ROCK que constitue ce PAMPERED MENIAL.
Car c’est bien d’un opéra rock qu’il s’agit ici, un opéra de 34 minutes dont les mélodies royales s’enchaînent magnifiquement. Les intros de chaque chanson sont toutes incroyablement belles et les performances instrumentales ne sont jamais envahissantes comme c’est au contraire souvent le cas dans la Prog anglaise.
Chaque morceau peut être qualifié comme étant le meilleur de l’album et ça c’est tout de même un sacré compliment que l’on peut adresser à PAVLOV’S DOG.
Il y a sur PAMPERED MENIAL des moments de pure beauté, comme le hit JULIA qui ouvre l’album, avec déjà cette voix venue de nulle part et une mélodie à couper le souffle. On enchaîne sur LATE NOVEMBER presque sans interruption et on retrouve ce même climat tendu autour des riffs souverains assénés par Steve SCORFINA au rôle prépondérant dans le groupe.
Là encore, la mélodie est splendide et vous met les poils au garde à vous. Ce sera le cas pendant toute la durée de cet album unique.
SONG DANCE, puis FAST GUN et enfin NATCHEZ TRACE avec encore un riff mémorable de SCORFINA terminent la face 1. Ces 3 titres auraient pu n’en constituer qu’en seul tant la trame mélodique s’appuie sur un leitmotiv bien précis que l’on peut retrouver sur chacun des morceaux.
La face 2 est également sublime avec l’incroyable THEME FROM SUBWAY SUE. L’intro au violon d’EPISODE est absolument magnifique et la voix de SURKAMP sait se faire discrète pour mieux s’envoler ensuite dans un tourbillon symphonique ahurissant.
Le long morceau qui lui succède et qui termine l’album s’appelle OF ONCE AND FUTURE KINGS. Commencé par PRELUDIN, un instrumental de plus de 3 minutes rappelant les meilleures heures de KANSAS, le morceau est construit autour d’une succession de breaks impressionnants avec des solos de piano, de mellotron parachevé par le pont central chanté par SURKAMP d’une intensité et d’une émotion rares.
Pendant ce pont, lorsqu’il prononce ces quelques mots : « And I’ll write a letter, I said forgive us our wrong… », sa façon de chanter est réellement émouvante et on se rend alors compte du talent inouï de ce chanteur.
PAMPERED MENIAL est un chef d’œuvre absolu. Personne ne peut rester insensible à son écoute. Le fait que la critique ne l’ait pas reconnu comme tel est plus qu’une INJUSTICE, c’est une grave ERREUR, qui va s’avérer lourde de conséquence.
Après avoir terminé l’enregistrement, PAVLOV’S DOG se voit confronter alors à un conflit avec ABC RECORDS avant même la sortie de l’album chez ABC RECORDS. Ce conflit, dont on ne connaît pas vraiment l’origine, aboutit à une rupture de contrat.
L’album est déjà pressé et sort malgré tout chez ABC RECORDS en avril. Entre temps, le groupe, sur sa seule réputation et avec un album tout terminé en mains, signe un nouveau contrat chez COLUMBIA. L'album PAMPERED MENIAL ressort en juin 1975 mais sous une pochette un peu différente.
Voilà donc PAMPERED MENIAL, 1er disque faramineux d’un groupe hyper prometteur, en vente en même temps sous 2 labels majeurs. Fait unique dans les anales de la musique ! Peut-être cela a-t-il dérouté les fans potentiels?
Les versions sorties chez ABC RECORDS deviennent rapidement des Collectors et ne sont pressés qu’aux USA et au Canada.
Etant victime d’un mauvais encadrement et surtout d’un mauvais management de la part de COLUMBIA, qui ne voit pas alors le potentiel de ce groupe majeur, PAVLOV'S DOG se voit embarqué, dans un but lucratif uniquement, dans une série de concerts avec les stars montantes du Hard Rock de l’époque. PAVLOV’S DOG partage ainsi l’affiche avec SLADE, BLUE OYSTER CULT, JOURNEY, ELO, THIN LIZZY et Peter FRAMPTON.
Cette tournée est évidemment une énorme erreur de casting dont la conséquence sera de classer PAVLOV’S DOG comme étant un énième nouveau groupe de HEAVY METAL, ce qu’il n’est en fait absolument pas.
dedicaceamesoreilles


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Message par alcat01 » jeu. 30 mars 2023 14:47

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Coco Montoya 2000 Suspicion
Un joueur de hache foudroyant qui maîtrise parfaitement le vocabulaire blues-rock, Coco Montoya hurle avec autorité sur son album de 2000, Suspicion.
Produit par Jim Gaines (Santana, Stevie Ray Vaughan, Luther Allison), ce premier album sur le label Alligator déborde d'énergie et d'habileté. L'ancien sideman d'Albert Collins et de John Mayall se déchaîne sur des titres percutants comme "Enough Is Enough", "Beyond the Blues", "Don't Take It Personally" et sur deux morceaux de la production Stax/Volt, "I Need Your Love in My Life" et "What I Know Now". Il évoque le hoodoo sur "Casting My Spell" et rend hommage à la mémoire de son mentor Collins sur le funky "Get Your Business Straight". Montoya réussit un slow blues convaincant sur "Trading One Fool For Another" et se déchaîne sur le roadhouse shuffle entraînant "You Didn't Think About That", un autre clin d'œil à Albert Collins.
Du début à la fin, le grand homme nous offre une multitude de morceaux à couper le souffle et un chant puissant et passionné.
Bill Milkowski


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Message par alcat01 » jeu. 30 mars 2023 16:50

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1983 : Keep It Up
Get Lucky a fait des Canadiens de Loverboy des stars hors de leur pays d’origine. Il s’agit donc pour le groupe de ne pas se planter avec leur troisième album. Heureusement, avec Bruce Fairbairn aux manettes, ils sont non seulement entre de bonnes mains mais aussi en zone de confiance vu que c’est la troisième fois qu’ils collaborent ensemble. Pas de changement de style, au programme c’est de l’AOR accrocheur, mélodique et entraînant.

« Hot Girls In Love » en est l’archétype parfait. Intro à la caisse claire, riff de guitare et de synthés qui font mouche dès le premier instant, basse qui vrombit et voix mélodieuse de Mike Reno. Oui, tout dans ce titre sent bon le soleil, la plage et l’été… et les filles aussi bien sûr. Bref, un titre bon comme un amour de vacances, léger et sans prise de tête. Le titre manquera de peu le Top 10 américain et l’aurait sans conteste mérité. Sur « Strike Zone » c’est bien la guitare de Paul Dean qui prend le pas sur les claviers (dont les nappes habilles discrètement le morceau en arrière-plan). Moins tubesque que « Hot Girls In Love », le sens mélodique n’en est pas moins à tout épreuve. Il plaira peut-être même plus à certains pour son côté moins radiophonique du fait notamment d’un très bon break instrumental. A noter que l’on retrouve un court extrait du titre dans la troisième saison de Stranger Things. Le groupe a la main moins heureuse sur « It’s Never Easy », titre-pseudo romantique qui réussi surtout à être sirupeux et même kitsch à cause de certains sons de claviers peu heureux. Reste la belle voix de Mike Reno qui pourrait en faire craquer certaines. On préférera l’excellent « Chance Of A Lifetime ». Avec sa mélodie au vocodeur qui pourrait rappeler The Cars, le titre est dans la lignée de « Hot Girls In Love », léger, mélodique et entraînant. Et encore une fois un refrain de premier ordre. Un petit peu plus sage « Queen Of The Broken Hearts » est très calibré radio et manque d’un petit quelque chose pour convaincre complètement, et ce malgré quelques bonnes idées.

Loverboy avait prouvé sur leurs albums précédents leur capacité à composer des titres un peu plus sombres. « Prime Of Your Life » remplit ce rôle ici et le fait fort bien, prouvant que les musiciens du groupe sont décidément à part dans la scène AOR, même si l’histoire les a moins retenus qu’un Journey, un Foreigner ou un Boston. Ils disposent en effet comme ces derniers d’un son bien à eux (principalement le fait de Reno, Dean et des claviers de Doug Johnson). Il y a un côté vaguement Indu avant l’heure que l’on retrouve sur « Passion Pit ». Un titre au rendu plus froid et métallique que ce à quoi le groupe nous avait habitué. Bien que pas désagréable, il n’est pour autant pas le plus marquant des titres de l’album. Sans atteindre des sommets, « One-Sided Love Affair » se révèle un mid-tempo assez réussi avec une jolie mélodie moins mielleuse qu’on aurait pu le craindre. L’album s’achève sur un « Meltdown » fort sympathique et où les qualités principales du groupe sont fort bien exploitées.

S’il se vendit un peu moins bien que le précédent, notamment au Canada, Keep It Up fut encore un gros succès pour Loverboy puisqu’il atteignit plusieurs millions d’exemplaires. Au delà des simples résultats commerciaux, l’album montre un groupe toujours en forme et tout à fait dans la lignée du précédent en terme de qualité. Et s’il n’est pas souvent cité dans les indispensables de l’AOR, il pourrait sans peine être considéré comme tel.
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Message par alcat01 » jeu. 30 mars 2023 18:51

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Released (1971)
C'est le meilleur Jade Warrior, évoquant le même plaisir de la nature éclectique du groupe que "Jade Warrior" l'a fait il n'y a pas si longtemps. Ils sont encore en train d'affiner leur son, mais tout ce qui a rendu le groupe si merveilleux et différent est présent. "Barazinbar" peut être le point d'achoppement pour certains auditeurs, avec près de 15 minutes - tout le monde ne le tolérera pas, bien que je trouve qu'il fonctionne bien mieux que beaucoup de jams prolongés de cette époque, étant beaucoup plus influencé par le jazz. "We Have Reason To Believe" est le groupe en mode "let's get loaded & party", ce qui n'a pas toujours semblé aussi convaincant venant d'eux - mais je ne peux pas m'empêcher de l'aimer comme un amusement coupable.
Mais la vraie magie réside dans la fusion proto-world music/jazz/folk progressif du reste de l'album, avec une guitare électrique magnifiquement floue et chatoyante, des paroles ésotériques et d'un autre monde qui ne basculent jamais dans la grandiloquence mais conservent une lueur poétique, et une superbe utilisation de la flûte et de la percussion.
Ce qui fait que la musique de Jade Warrior fonctionne, c'est que leurs courants éclectiques ne sont pas plaqués à la dernière minute - ils ne sont pas une simple surface brillante, mais sont tissés de manière complexe au cœur des chansons. Et ils gardent le meilleur pour la fin, avec le magnifiquement obsédant "Yellow Eyes" pour clore un album qui me fait regretter encore plus cette époque, où une réalité séparée semblait si possible...
hautement recommandé !
Tim Lukeman


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Message par alcat01 » ven. 31 mars 2023 09:28

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1962 : Serge Gainsbourg No 4
En 1962, GAINSBOURG se remet de son dernier bide et commence à constater qu’il n’est plus qu’un chanteur d’arrière-garde face à la nouvelle mode qui s’impose bruyamment : les yéyés. Tous les producteurs de l’époque s’arrachent des Johnnys et tous les adolescents s’improvisent chanteurs. C’est pourquoi, N°4 sera le dernier album de ce premier cycle de 25 centimètres, le bilan d’une époque, et disons-le d'emblée, un brillant bilan. Dès l’année suivante, GAINSBOURG retourne progressivement sa veste et se met à composer pour les yéyés, afin de pouvoir survivre.

Dans N°4, on retrouve tout ce qu’on a aimé dans les albums précédents : le jazz classique cède ici sa place à un jazz bluesy, très groovy, du plus bel effet ; les rythmes exotiques sont toujours présents et les paroles sont extrêmement efficaces, avec une écriture moderne et claquante, toujours poétique et représentative du 'dandy ‘62' qu’était GAINSBOURG. Lorsqu’il n'aborde pas sa passion du jazz ("Black Trombone"), c'est pour évoquer ses accoutumances ("Les cigarillos" et l’exceptionnel "Intoxicated Man"), jouer avec les mots comme il sait le faire ("Ce grand méchant vous"), réciter du Baudelaire ("Baudelaire") et casser subtilement le mouvement yéyé ("Requiem pour un twister").

Difficile de trouver un défaut à N°4, tant il résume de manière idéale la position dramatique du GAINSBOURG incompris du début des années ’60. Et difficile de réaliser l’échec commercial qu’il fut lorsqu’on écoute le disque. "Intoxicated Man", ce clin d’œil au "Je bois" de Boris Vian, avec son orgue Hammond, son groove, ses cassures et ses paroles raffinées, est un chef-d’œuvre. Même les chansons les plus innocentes, comme "Quand tu t’y mets", qui ne dure même pas deux minutes, s’avèrent être d'agréables surprises.

La version rééditée de N°4 amène quatre nouvelles compositions, dont trois n’ont rien à faire là. "Vilaines filles, mauvais garçons" et "L’appareil à sous" sont deux morceaux typiquement yéyés, l’un écrit pour Petula CLARK, l’autre pour une certaine Brigitte BARDOT. Ils flottent comme un cheveu dans la soupe après huit plages de qualité, mais laissent vite la place à un des titres les plus mythiques du compositeur : "La Javanaise". Sûrement une des plus belles chansons françaises, écrite à la base pour Juliette GRECO, mêlant une mélodie sublime et des paroles poétiques riches en allitérations (afin d’accumuler les 'v' de l’argot javanais). Tout le monde connaît cette chanson, tant elle fait partie de l’imaginaire musical collectif. Rien à voir avec "Un violon, un jambon", dernière piste inédite, qui ne vaut pas grand-chose.

N°4 est 'modernement dépassé" : tous les efforts du monde auraient été vains pour rendre ce style à la mode de l’époque. C’est pourquoi, il est le dernier effort d’un Serge GAINSBOURG qui s’accroche désespérément à un bâton glissant et qui finalement 'retournera sa veste lorsqu’il se sera aperçu qu’elle est doublée de vison'. Cependant, ce dernier effort est sans doute le paroxysme de ce cycle, la plus belle œuvre et un parfait résumé de la première période de celui qui ne tardera plus à devenir le compositeur le plus demandé.
BOMBE_HUMAINE


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Message par alcat01 » ven. 31 mars 2023 09:29

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Rough Diamonds (1982)
Les années 70 avaient joliment souri aux Anglais de Bad Company, et tout particulièrement aux États-Unis : en cinq années et autant d’albums, le groupe de l’ancien chanteur de Free était rapidement devenu un abonné des disques de platine. Mais le grand public est ingrat, et il aura suffi de trois petites années d’absence pour changer la donne.
Nous sommes donc en 1982, et le sort réservé au sixième album de Bad Company va précipiter la fin du groupe et laisser comme un goût d’injustice. « Rough Diamonds » est en effet souvent considéré comme le plus mauvais album de Bad Company dans sa configuration originale. Ce disque est-il à ce point raté ? J’aurais tendance à penser qu’un album qui débute par un titre de la qualité de « Electricland » ne saurait l’être. Cette chanson subtile, à l’atmosphère aérienne, laisse à Paul Rodgers le loisir de montrer son aisance à sublimer une mélodie sans y aller de vains artifices. Douceur sur les couplets, explosion le refrain venu, ce titre est à mon sens l’un des meilleurs du répertoire de Bad Company. Rien moins.

La suite n’est certes pas du même tonneau, mais à défaut de renfermer des titres rock aussi efficaces que ceux dont le groupe s’était fait une spécialité à l’époque des « Rock Steady » et plus dernièrement « Rock’n’Roll Fantasy », « Rough Diamonds » parvient à tirer son épingle du jeu en misant sur des atmosphères assez paisibles et des arrangements qui font souvent mouche, notamment grâce aux parties de guitare d’un Mick Ralphs très inspiré (nous pourrions d’ailleurs reparler de « Electricland » sur cette question).
Un titre comme « Untie The Knot » avec sa rythmique dansante aurait lui aussi mérité d’être exploité en single. Il s’agit probablement du titre le plus efficace après « Electricland ». Commercialement, ce titre avait tout pour séduire les foules de l’époque. Quant au reste, souvent bien trempé dans le blues et le boogie, à défaut de toujours parfaitement marquer l’attention par ses mélodies, il laisse globalement sur une impression chaleureuse et plaisante, à l’image de « Nuthin’ On The TV » et sa rythmique chaloupée qui n’aurait pas fait tache sur un disque de Lynyrd Skynyrd, comme d’autres titres de l’album, tel « Old Mexico ». Et au jeu des ressemblances, on pourrait aussi citer « Painted Face », qui rappelle par moment la carrière solo de Jim Capaldi, à l’époque où il lui arrivait de s’inspirer de rythmiques vaguement disco sans oublier pour autant ses racines rock.

Pour toutes ces raisons, pour ce parfum blues bien prononcé (le très bon « Kickdown », sur lequel Rodgers et Ralphs nous mettent à la fête), et pour ces chansons qui n’ont rien, mais vraiment rien d’une purge, il serait bon de redonner une chance à ce disque qui, malheureusement, sera la dernière occasion d’entendre Paul Rodgers sur un disque de Bad Company, exception faite des quelques titres enregistrés au moment de la reformation du groupe original vers la fin des années 90.
La suite de l’histoire s’écrira avec Brian Howe quelques années plus tard, dans un groupe méconnaissable en dehors de la présence de Mick Ralphs et Simon Kirke. Les temps avaient changé, et avec eux, les saveurs.
Pichon


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Message par alcat01 » ven. 31 mars 2023 10:33

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1981 : Short Back 'n' Sides
On dit qu'il ne faut jamais rencontrer ses héros. Il est vrai que si c'est le cas, on peut dire qu'il faut choisir de meilleurs héros.
Ian Hunter était un héros de Mick Jones des Clash depuis qu'il se faufilait régulièrement dans les concerts de Mott the Hoople au début de la décennie précédente. Bien sûr, en 1981, Jones était une star à part entière, alors quand Hunter lui a proposé de coproduire son nouvel album avec Mick Ronson, il aurait fallu une détermination surhumaine pour refuser.

Il est juste de dire que l'album qui en résulte, Short Back and Sides (1981), n'est pas l'un des meilleurs albums de Ian Hunter, mais ce n'était évidemment pas dû à un manque d'enthousiasme de la part de Hunter, de Jones ou de Ronson.
À l'aube d'une nouvelle décennie, il semble qu'il y ait eu un effort concerté pour actualiser le son de Hunter. C'est pourquoi Short Back and Sides a trouvé Hunter avec un son new-wave mal adapté, et ici et là, même un son reggae. Il faut saluer la volonté de Hunter d'essayer, mais l'album qui en résulte est l'équivalent audio d'un homme bien habillé essayant un nouveau style de costume qui ne lui va pas du tout.

Côté chansons, il y a quelques morceaux de choix, comme l'ouverture "Central Park and West", et le reggae-ish, mais maintenant plus pertinent que jamais "Gun Control", une chanson qui, selon tous les droits, devrait être un peu un accident de voiture, mais qui fonctionne en fait beaucoup mieux que ce qu'elle aurait pu être. A part cela, Short Back and Sides n'a pas beaucoup de chansons mémorables, une production qui gêne plus qu'elle n'aide, et il y a un sentiment distinct que c'est un raté.
Il est peut-être tentant de rejeter la responsabilité de l'échec de Short Back and Sides sur Mick Jones, et de supposer qu'il a essayé de forcer Hunter à moderniser son son. Ce que l'on oublie bien sûr, c'est que Hunter a délibérément cherché Jones et l'a approché lui-même. Jones ne s'est pas imposé à Hunter, mais il a été activement encouragé à le faire.

Si Short Back and Sides n'est pas un désastre, c'est une déception après l'éclat de You're Never Alone With a Schizophrenic, et rétrospectivement, il s'agit d'une expérience bien intentionnée qui a échoué.
p_q


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Message par alcat01 » ven. 31 mars 2023 12:43

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Abaraxas Pool 1997
Pour les personnes qui ne connaissent pas ce groupe éphémère de San Francisco, Abraxas Pool a été créé à la fin des années 90 par des membres du groupe original (ou presque original) de Santana : Gregg Rolie (clavier/voix), Neal Schon (guitare), Alphonso Johnson (basse), Michael Shrieve (batterie), Michael Carabello (congas) et Jose "Chepito" Areas (timbales) - mais sans Carlos Santana lui-même.

Malgré l'absence du légendaire guitariste, Abraxas Pool a néanmoins recréé le son vintage de Santana sur sa seule et unique sortie en 1997.
De la chanson d'ouverture « Boom Ba Ya Ya » jusqu'au morceau final, un remake du classique « Jingo » de Santana, cet album contient une foule de rocks latino élégants et sophistiqués, bien produits et bien interprétés dans un style qui se compare facilement à l'une des trois premières sorties du studio Santana (les plateaux avant le Caravanserai plus orienté jazz du groupe ).
En effet, l'ultra-accrocheur "A Million Miles Away", ainsi que "Don't Give Up", "Baila Mi Cha-Cha", "Waiting for You" et "Szabo" me donnent envie que le groupe original de Santana revienne sur le devant de la scène.

Donc, pour moi et de nombreux autres fans de la quintessence du line-up, c'est devenu "l'album de Santana qui n'a jamais existé" et que le temps a oublié.


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Message par Cooltrane » ven. 31 mars 2023 12:59

alcat01 a écrit :
ven. 31 mars 2023 12:43
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Abaraxas Pool 1997
Un peu décevant de la part de Santana sans Carlos (tout comme la dernier album-réunion du Jefferson Airplane dans ces même années)... mais c'était pas les bonnes années non plus.

néanmoins, j'ai préféré cela à quasi tous les albums avec Carlos depuis 1980 jusqu'en 2005.

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Message par alcat01 » ven. 31 mars 2023 13:15

Cooltrane a écrit :
ven. 31 mars 2023 12:59
alcat01 a écrit :
ven. 31 mars 2023 12:43
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Abaraxas Pool 1997
Un peu décevant de la part de Santana sans Carlos (tout comme la dernier album-réunion du Jefferson Airplane dans ces même années)... mais c'était pas les bonnes années non plus.

néanmoins, j'ai préféré cela à quasi tous les albums avec Carlos depuis 1980 jusqu'en 2005.
Disons que c'est un album agréable à écouter!

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Message par alcat01 » ven. 31 mars 2023 14:43

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Aardvark (1970)
Emprunter son patronyme à un mammifère creuseur, nocturne et à la taille moyenne constitue un adéquat moyen d’attirer l’attention pour un jeune quatuor aux ambitions progressives commençant à sévir en 1970. A fortiori si le dit animal possède un intitulé pour le moins singulier, issu de l’afrikaans et figurant en bonne place dans son lettrage et sa représentation sur une jaquette dont on doit la conception au duo David Anstey/David Wedgbury. L’oryctérope du Cap ou AARDVARK joue un rôle essentiel dans la régulation de la population termitière en Afrique et constitue donc par extension un groupe de rock sans guitare, à l’instar de VAN DER GRAAF GENERATOR, RARE BIRD ou dans une moindre mesure PROCOL HARUM, utilisant l’orgue Hammond pour remplacer l’instrument à cordes.

Formé en 1968 par le chanteur et principal parolier Dave Skillen, AARDVARK ne connaît qu’une brève existence, lui permettant d’enregistrer cet album éponyme avant de s’éparpiller aux quatre vents de la sphère progressive. Cochant toutes les cases de la section proto-prog et bien d’autres, le combo s’éloigne tout de même des sons dispensés par SOFT MACHINE ou ATOMIC ROOSTER par une variété plus importante et l’utilisation d’improvisation autour de la poésie. Malgré son obscurité relative, il demeure un travail revêtant un intérêt certain parmi la foisonnante et bourgeonnante scène progressive anglaise grâce à la qualité d’écriture de Skillen et le talent des musiciens avec lesquels il a désiré travailler.
Le claviériste Steve Milliner, de formation classique, faisait partie de BLACK CAT BONES, combo blues-rock notable puisqu’il accueillit en son sein deux futurs membres qui allaient composer FREE : le batteur Simon Kirke et le guitariste Paul Kossoff. Le bassiste Stan Aldous a fait partie d’ODYSSEY, un groupe garage ayant acquis un modeste succès grâce à ses spectacles. Les deux autres membres étaient déjà plus insérés dans la vie active, notamment Skillen qui abandonne son confortable job dans un bureau pour transformer ses poèmes en chansons.

L’album fut réalisé en 1970 sur le label Deram sous le titre de Put That in Your Pipe and Smoke It du nom du titre épique final à l’intro démente, mais il fut censuré par le label et simplement transformé en Aardvark, craignant que cela soit considéré comme une référence débridée aux drogues.
Ce disque contient tous les éléments typiques soniques qui consacrèrent le rock progressif comme produit quotidien et royal tout au long de la décennie 1970. L’ouverture tempétueuse "Copper Sunset", petit tube bien compact mixant des sons présents chez URIAH HEEP ou DEEP PURPLE, nous indique d’entrée que AARDVARK ne craint pas de mélanger les genres, de les déconstruire et de les réassembler à sa convenance. On navigue ainsi entre psyché (le très canterburien "Very Nice of You to Call", l'effrayant "The Outing – Yes" rappelant à certains égards "Bike" du premier PINK FLOYD), le folk ("Once Upon a Hill") et même l'ambiance de saloon à la DOORS ("I Can’t Stop" après une longue introduction à l’orgue). Plus qu’un assemblage de chansons, l’album forme un tout cohérent, un cycle, presque un album concept, une mode à cette époque.

Malheureusement, l’album ne se vendit pas, à cause de la promotion désastreuse du label, le groupe prenant fin peu après. Esoteric Recordings déterra l’enregistrement en 2011 pour une réédition, lui faisant retrouver une place de choix dans son riche catalogue et permettant sa redécouverte quarante ans plus tard.

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Message par alcat01 » ven. 31 mars 2023 16:59

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1985 : Lovin' Every Minute of It
En ce milieu des années 80, Loverboy fait parti de cette poignée de groupes canadiens à avoir réussi à devenir des stars aux Etats-Unis. Alors qu’ils reviennent avec leur quatrième album, Lovin’ Every Minute Of It, un changement de taille s’est opéré en coulisses puisque pour la première fois ils travaillent sans leur producteur attitré, Bruce Fairbairn, qui a dû déclarer forfait pour cause de planning trop chargé. Pour le remplacer, c’est heureusement Tom Allom qui est appelé, pas un poulet de grain, loin s’en faut. Nos cinq lascars poursuivent les choses là où ils les avaient laissés sur Keep It Up, et c’est avec plaisir que l’on retrouve leur AOR dynamique qui sent bien plus les plages ensoleillées de la Californie que les forêts enneigées du Canada.

Si le premier titre n’est pas un composition du groupe, il est incontestable que le style de Robert Mutt Lange (qui aurait été un choix judicieux de producteur remplaçant – mais sans doute était-il trop pris lui aussi) convient parfaitement à Loverboy. Malgré un tempo plutôt modéré « Lovin’ Every Minute Of It » a tout du tube en puissance: un rythme martelé (même si la batterie aurait gagné à être plus puissante et moins synthétique), un refrain efficace et même quelques ‘wohouwo’ de circonstances. Celui-ci deviendra le single le mieux classé du groupe aux USA. Plus vindicatif, « Steal The Thunder » offre un bon équilibre entre gros son de guitare et sons synthétiques. Le genre de titre qui fait mouche sans trop se forcer. Le riff de « Friday Night » est clairement Hard Rock, plus burné que ce à quoi Loverboy nous avait habitué, mais le refrain reste dans un AOR léché et accrocheur. Composé en collaboration avec Jonathan Cain de Journey, « This Could Be The Night » sera la ballade de service et le second succès de l’album. Les allergiques aux claviers bien mielleux en seront pour leurs frais: on est en plein dans la power ballade Pop/Rock 80’s !

Sans crier au génie, on appréciera la présence ponctuelle d’une guitare slide puis d’une talk box sur « Too Much Too Sun », titre au refrain hyper classique mais faisant mouche. Cela dit, il est tout de même en deçà des deux titres suivants. Tout d’abord le bondissant « Leading A Double Life » dont le mélange de New Wave et de Hard Rock fait un lien direct avec les deux premiers albums du groupe (en particulier le premier). Ensuite « Dangerous », titre composé par le duo Bryan Adams et Jim Vallance qui faillit se trouver sur le carton Reckless dont il aurait été le titre éponyme (Loverboy changera le titre et les paroles du refrain). Quand on voit qu’une telle bombe a été mise de côté, ça en dit beaucoup sur le niveau de Reckless (même si à titre personnel je le trouve meilleur que certains qui ont été conservés). Après ça, la quasi ballade « Destination Heartbreak » fait plutôt pâle figure malgré un joli solo de Paul Dean. Cela pourrait être un titre issu de Agent Provocateur de Foreigner. L’album s’achève par un autre titre mélangeant Hard Rock et New Wave, « Bullet In The Chamber », sympa mais n’atteignant pas le niveau de « Leading A Double Life ».

Porté par les deux tubes de l’album, Lovin’ Every Minute Of It sera un nouveau gros succès pour Loverboy. Il n’est donc pas surprenant que les producteurs de Top Gun leur demandera d’enregistrer un titre pour la BO de film, titre qui allait être le dernier single à succès des Canadiens. Mais au delà du succès, c’est encore un très bon album que le groupe signe ici. Hélas, avec la montée de groupes de Hard mélodique moins typés AOR comme Bon Jovi et de groupes plus brut comme Guns N Roses, l’AOR défendu par Loverboy (ou Survivor, REO Speedwagon et Co) allait prendre un rapide coup de vieux qui allait être difficile à surmonter vis à vis du public…
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Message par alcat01 » ven. 31 mars 2023 18:50

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Last Autumn's Dream (1972)
Last Autumn's Dream n'est pas seulement l'un de mes albums préférés de Jade Warrior, mais aussi l'un de mes albums préférés de tous les temps. L'édition que je possède est l'édition limitée Repetoire Repuk 1104, qui est magnifiquement remastérisée.
Cet album a été critiqué pour son éparpillement, mais sa qualité réside dans sa capacité à enchaîner des musiques aussi diverses pour en faire un tout unifié. Les nombreux styles représentés sont juxtaposés, pas toujours avec subtilité, mais cela ne fait que démontrer l'une des clés stylistiques de Jade Warrior. Le groupe s'est formé pour explorer des rythmes et des dynamiques inhabituels. Ici, chaque chanson est presque totalement différente de la précédente, mais toutes sont distinctement de Jade Warrior.
Le noyau du groupe est alors constitué de Glyn Havard à la basse et au chant, Tony Duhig à la guitare acoustique et électrique, et le percussionniste-flûtiste John Field, que certains reconnaîtront peut-être pour avoir joué dans Tubular Bells. À ce noyau s'ajoutent Allan Price à la batterie et Dave Duhig, frère de Tony, à la guitare électrique. Ces deux derniers deviendront bientôt des membres à part entière du groupe.

A Winter's Tale : L'album commence doucement avec une chanson douce sur les plaisirs d'une maison chaude par une nuit froide. La flûte de Field crée une atmosphère accentuée par les fills de la guitare de Tony Duhig. Après quelques minutes, le chant monte en puissance et s'achève sur un simple la-la-la, agrémenté d'une guitare dynamique. Cette chanson s'éteint pour laisser place à la suivante.
Snake est aussi différente que possible. Elle débute avec la guitare sauvage de Dave Duhig, qui reprend le morceau que son frère Tony avait laissé de côté. La basse Fuzz amène le morceau en plein grunge et tout continue jusqu'à un bref interlude doux. Le grunge revient pour un couplet et la chanson glisse vers une sorte de rythme funk rock sous la flûte.
Dark River est à nouveau quelque chose de tout à fait différent. La flûte solo crée une ambiance sombre. La batterie de Price arrive doucement et nous sommes embarqués dans un voyage qui rappelle Le cœur des ténèbres de Conrad. Les tambours sont primitifs et terreux, la flûte vole au-dessus comme des oiseaux sur l'aile. Un pic est atteint et tout s'arrête brusquement. Les guitares acoustiques font leur entrée. Nous sommes toujours en train de remonter le fleuve, mais la route est maintenant fermée. L'atmosphère devient tendue et nous devons faire attention à la route que nous empruntons. La flûte renforce le sentiment de danger. Les tambours reviennent, plus proéminents qu'auparavant, mais tout aussi primitifs. Field remplace la flûte par des congas et Tony Duhig ajoute aux percussions des grattements de guitare. Le tout atteint une frénésie, puis tout s'arrête brusquement une fois de plus.
Des notes de guitares courbes introduisent JoAnne, un autre rock, bien que plus complexe que Snake. Cette chanson passe par de nombreux changements en peu de temps, tous s'enchaînant avec fluidité. Des lignes vocales simples et une guitare gémissante se répètent jusqu'à la fin.
L'instrumental Obedience clôt la première moitié, la première face originale. J'ai du mal à décrire ce morceau. Un rythme unique et immuable se poursuit tout au long de l'album et est enterré par des couches successives de guitares distordues jusqu'à ce que le tout plafonne dans un voile impénétrable de trilles et d'oscillations. Il faut l'entendre pour le comprendre.
Morning Hymn entame la seconde moitié sur le même ton que A Winter's Tale : pastoral, chaleureux et familial. Une belle pièce qui nous plonge dans une contemplation tranquille. Mais Jade Warrior ne permettra pas à cette ambiance de perdurer longtemps.
Un rapide accord twangy rompt l'ambiance matinale et nous amène à May Queen, le morceau le plus complexe de l'album. Il est vif, jazzy par endroits, et contient une guitare solo exceptionnelle.
Demon Trucker est une chanson festive, simple et directe, avec un rythme entraînant et une mélodie répétée. Elle est très entraînante.
Lady of the Lake est ma chanson préférée de tout l'album, et à bien des égards, elle en est le point culminant. La mélodie vocale est magnifique et les paroles exquises, tout comme le jeu de guitare de Tony Duhig. Sa sonorité est un équilibre presque parfait entre sonorité claire et sonorité distordue. Cette chanson, plus que toute autre, démontre son génie unique. Elle représente également les meilleures qualités de Jade Warrior en un seul paquet et chaque élément fonctionne harmonieusement.
Borne on to the Solar Winds clôt les débats avec un autre instrumental. Nous avons ici une mélodie répétée, d'une simplicité trompeuse, qui s'amplifie grâce à l'orchestration pour atteindre un niveau grandiose avant de s'éteindre. La rivière sombre a suivi son cours, non pas dans la jungle, mais dans la rivière du temps, ou plutôt de l'intemporalité.

Cet album, malgré toute sa diversité, fonctionne comme un tout plus grand que la somme de ses parties. Chaque chanson peut être écoutée individuellement et appréciée pour ses propres mérites, mais il y a un flux dans leur enchaînement qui ne peut pas être deviné à partir d'une seule d'entre elles. J'ai cet album en vinyle depuis des décennies, et je l'ai même enregistré pour pouvoir l'écouter aussi souvent que je le souhaitais sans craindre de l'user (il n'est pas facile à trouver dans mon coin). L'écouter d'une traite, sans le retourner, révèle l'ampleur du flux global.
J'ai qualifié Last Autum's Dreams de meilleur album de tous les temps par le passé, et je le place toujours dans cette catégorie.
Progosopher


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