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Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par alcat01 » dim. 19 mars 2023 10:27

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Un peu après la sortie de "In Search Of Space", Hawkwind avait changé de batteur et de bassiste, en prenant Simon King (qui restera pendant une décennie) et Ian Fraser 'Lemmy' Kilmister (Lemmy étant un surnom venant de Lemme, abréviation de Let me a few money, qui viendrait du fait que, dans sa vie de jeune adulte, il était fauché et demandait sans cesse de l'argent à ses amis, qui ont immortalisé ainsi ce détail en le surnommant Lemmy) qui n'avait jamais joué de la basse auparavant. Robert Calvert a lentement assumé un rôle plus important en tant que chanteur juste pour avoir une dépression qui l'a hospitalisé.

"Doremi Fasol Latido" est sorti en Novembre 1972 sur le label United Artists. Enregistré au pays de Galles, dans les studios Rockfield, au Pays de Galles, entre Septembre et Octobre 1972, il est produit par Dave Brock et Del Dettmar. L'enregistrement a été rapide! Ce qui explique vraisemblablement que la production de l'album soit aussi moyenne, le son est caverneux, monolithique, et, sincèrement, ne reflète pas totalement la puissance de feu du groupe.
Hawkwind est alors constitué de Dave Brock au chant, à la guitare électrique et acoustique; de Lemmy Kilmister (basse, choeurs, chant sur un titre); de Nik Turner (saxophone, chant); de Dik Mik et de Del Dettmar ((synthétiseurs); de Simon King (batterie); et, sur scène, d'une certaine Stacia, une danseuse plantureuse qui évoluait nue ou presque, peinturlurée, pendant les concerts, partie intégrante de l'univers d'Hawkwind.

La nouvelle section rythmique composée de Lemmy et Simon King a un style notablement bien différent de la précédente. Cela a changé la direction musicale globale du groupe. Lemmy était un guitariste incompétent avoué qui a utilisé le volume et la mise en scène pour couvrir son manque de capacité. Il est devenu bassiste par accident après avoir rejoint le groupe, pensant qu'il remplaçait Huw Lloyd-Langton.
Cependant, Dave Brock a décidé de jouer le rôle principal et de continuer sans deuxième guitariste. Le bassiste de Hawkwind ne s'est pas présenté et Lemmy était disponible. Il a dit: "...J'ai appris à jouer de la basse sur scène avec Hawkwind… Je sors sur scène avec cette basse autour du cou, et c'était aussi une Rickenbacker. Le bassiste, comme un idiot, a laissé sa basse dans le camion. J'apprends donc. Nik Turner dit de faire des bruits en E. Celui-ci s'appelle 'You shouldn't Do That'...". Puis il s'éloigne.
Cela a, par conséquent, conduit à la technique très peu orthodoxe de Lemmy. Celui-ci a déclaré: "...Je ne joue pas comme un bassiste. Il y a de temps à autre des plaintes à mon sujet. Ce n'est pas comme avoir un bassiste; c'est comme avoir un guitariste profond...".
Les percussions de King étaient plus rythmées et 'rock' que celles d'Ollis qui étaient plus jazzy.

Rockfield Studios était à ses balbutiements et l'environnement à l'époque était spartiate. Certains membres du groupe ont exprimé des inquiétudes quant à la qualité de la production, Simon King estimant que "...Cela sonnait comme si toutes les basses étaient éteintes, votre ampli ne fonctionnait pas correctement et votre chaîne stéréo était groupée en même temps...". et Lemmy ajoutant "...Ce n'était tout simplement pas très bien enregistré. C'était tout mince et minuscule...".
Dave Brock a expliqué leur méthode de travail: "...Nous avons enregistré la basse, la guitare, la batterie et le chant ensemble, donc c'est aussi live que possible, puis nous avons mis les autres choses après ... Nous avons simplement laissé les bandes tourner et jouer comme nous faisons quand nous jouons en live; faites une piste de trois heures, puis découpez-la en morceaux, utilisez un morceau comme section complète, et joignez-le à un autre morceau avec un lien de synthétiseur ou quelque chose ... C'est improvisé, mais c'est ensemble en premier lieu...".

Le package de la pochette a été à nouveau réalisé, assemblé et intitulé par le graphiste Anglais Barney Bubbles (qui a conçu également le poster inclus dans la version originale du disque) et c'est une continuation sur des thèmes qu'il a introduits avec "In Search of Space", réalisé et culminant dans le Space Ritual. Le titre fait référence à l' attribution de syllabes aux pas de l' échelle diatonique ( Do-Ré-Mi , etc.). Il fait allusion à la musique des sphères sur laquelle Barney Bubbles expose:
Le principe de base du vaisseau spatial et du rituel spatial est basé sur le concept pythagoricien du son. En bref, cela a conçu l'Univers comme un immense monocorde, avec sa corde unique tendue entre l'esprit absolu et à son extrémité inférieure - la matière absolue. Le long de cette chaîne étaient positionnées les planètes de notre système solaire. On pensait que chacune de ces sphères se précipitant dans l'espace émettait un certain ton provoqué par son déplacement continu de l'éther. Ces intervalles et harmonies sont appelés 'le son des sphères'. L'intervalle entre la Terre et les étoiles fixes étant l'intervalle harmonique le plus parfait.
Do - Mars - rouge
Re - Soleil - orange
Mi - Mercure - jaune
Fa - Saturne - vert
Sol - Jupiter - bleu
La - Vénus - Indigo
Ti - Lune - violet

La pochette d'origine est livrée dans une pochette en feuille d'argent sur fond noir, la face avant représentant une sorte de bouclier qui est devenu une identité et qui deviendra un emblème pour le groupe, utilisée sur de nombreux autres albums et pochettes individuelles.
A l'intérieur (sous-pochette), on a un dessin représentant une horde de guerriers de type barbares dans des décors futuristes, à cheval, sur fond orangé, on distingue des soucoupes volantes dans le ciel, rétrofuturisme absolu. Le gros souci concernant cette illustration qui s'étend sur une double page est qu'elle n'est pas imprimée à l'intérieur d'une pochette ouvrante, mais sur les deux côtés de la sous-pochette renfermant le disque! Au dos de pochette, on voit une illustration spatiarte assez étrange, et avec, aussi, sur la sous-pochette, un texte assez fantasy pour illustrer le propos. Le groupe possède une dimension SF / fantasy importante, Michael Moorcock, auteur de SF / fantasy, écrira des textes, des chansons pour le groupe par la suite!
Pour le fun, voici le texte de la sous-pochette (dans le phylactère), situé dans le livret CD aussi:
La saga de Doremi Fasol Latido est une collection de chants spatiaux rituels, d'hymnes de combat et de chants de louange stellaires utilisés par le clan familial de Hawkwind lors de leur voyage épique vers la terre légendaire de Thorasin. La légende raconte que les Hawklords derniers ont résisté pour la dernière fois à la "tyrannie des forces corrompues pour la loi et le mal", mais la pochette intérieure a le rachat (la rédemption) dans la légende: Et dans la plénitude des temps, la prophétie doit s'accomplir et les Hawklords retourneront pour frapper la terre. Et les forces obscures seront flagellées, les villes rasées et transformées en parcs. La paix reviendra pour tous. Car n'est-il pas écrit que l'épée est la clé du ciel et de l'enfer?)...

"Doremi Fasol Latido" possède un son sensiblement plus heavy que les albums précédents sans doute en raison de l'attaque féroce des cordes par Lemmy ainsi que de la sensibilité plus Rock de King.
Puissant de bout en bout, l'album est un concept album classique du Space Rock et du Hard Rock. Le groupe n'avait pas de gros moyens à leurs dispositions et le studio Gallois de Rockfield n'est pas Abbey Road ou le Record Plant de Los Angeles, loin de là. Avec les moyens du bord, le groupe a cependant réussi un disque puissant, monstrueux même qui, malgré le son, est, finalement, quasiment parfait.

C'est un disque lourd, étouffant, cavernaux, très noir au final, mais noir comme l'infini de l'Espace que le groupe ne cesse de chanter depuis maintenant deux ans.
C'est assurément l'album qui consacre le génie d'Hawkwind, après deux albums de tatonnements. Ses ambiances sont variées, mais cette hétérogénéité apparente masque en réalité une véritable cohésion. "Doremi Fasol Latido" forme un tout, un ensemble lourd et solide, et au final un recueil d'hymnes Space Rock essentiels. Il s'agit véritablement de l'album sur lequel la présence de Lemmy est la plus visible, et son influence y est déterminante dans les sonorités lourdes du disque.
Dès son entrée au sein de l'équipage, sa présence provoque un déclic sur la direction musicale recherchée car celui-ci fait déjà sensiblement du Motörhead avant l'heure! Son arrivée au sein du groupe en 1971-72 est effectivement une étape décisive dans l'évolution du son d'Hawkwind vers des sonorités résolument Metal, sonorités que le groupe aura quelque peu tendance à abandonner à la fin des années 70 avant d'y revenir complètement dans les années 80.

L'album n'offre que sept titres, mais quels morceaux!
Le disque s'ouvre en fanfare avec la très heavy "Brainstorm" qui est la première composition solo de Turner pour le groupe, et elle comporte une section médiane étendue qui sera retravaillée au fil des ans (y compris le solo de batterie de Ginger Baker en 1980). Avant son apparition sur cet album, le morceau avait été enregistré le 2 Août 1972 au studio Maida Vale de la BBC pour diffusion sur le Johnnie Walker Show avec "Silver Machine", suivi d'une apparition sur la BBC d'une heure en concert diffusée depuis Paris Cinéma le 28 Septembre 1972. Il est presque resté omniprésent dans le set live avec de nombreuses versions live en cours de sortie, et a été repris par Monster Magnet sur leur album de 1993, "Superjudge". "Brainstorm" est le morceau le plus long de l'album, plus de onze minutes de folie spatiale et heavy. Le morceau commence directement par un riff mortel, immédiatement suivi de la basse de Lemmy et de ruades de batterie fantastiques. Un morceau qui décolle, embarque l'auditeur dans un voyage stellaire ahurissant, une décharge d'électricité constante.
Alors que cette chanson présente une nouvelle version Rock plus Hard du Rock Spatial lancé comme un missile avec le premier album éponyme, il jette immédiatement un sort hypnotique avec le groove de basse explosif de Lemmy augmenté par les bouffonneries de guitare grésillantes de Brock. La basse est plus que marquée, semblant assurer l'essentiel de la structure du morceau. Après avoir établi un contrôle ferme, la piste se transforme en véritable gazon de Space Rock. "Brainstorm" n'est, semble-t'il, pas sans rappeller "You Shouldn't Do That", première piste du précédent opus, même si l'on a affaire, ici, à quelque chose de foncièrement plus musclé. Le changement de personnel a été d'un grand intérêt. En écrivant cette chanson, le saxophoniste et flûtiste Nik Turner permet de lancer un excellent groove de Rock Spatial qui permet à ses compétences de souffle de montrer une frénésie époustouflante pendant le passage de folie majeure de la piste vers le milieu.
La chanson suivante, "Space Is Deep", revient à des atmosphères plus feutrées et plus acoustiques. Les paroles sont dérivées du poème "Black Corridor" de Michael Moorcock. La première partie vocale est une pièce acoustique jouée à la fois par Dave Brock sur une guitare 12 cordes et Lemmy avec des effets électroniques en couches, la deuxième partie instrumentale étant le groupe complet dans un entraînement électrique, revenant finalement à une coda acoustique. Le morceau a été retiré du set live en 1973 alors que le groupe s'éloignait du show Space Ritual, ne ressuscitant que brièvement pour quelques spectacles de retrouvailles en 2000, dont une version peut être entendue sur l' album "Yule Ritual".
"Space Is Deep" est un morceau d'apparence plus reposant, le chant est posé (Brock chante bien), l'ambiance est assez spatiarte, mais aussi plus floydienne que Metal. Si on excepte un passage monstrueux avec la basse, encore, qui viole littéralement les oreilles de l'auditeur, dans son centre, faisant intervenir des synthés de Dik Mik et Dettmar. C'est ainsi une véritable ode à l'infini de l'Espace, très influencée, par exemple, par les essais folks de Led Zeppelin et magnifiée par la voix de Brock.
"One Change" est un bref instrumental calme avec une contribution aux claviers fortement en écho de Del Dettmar. Ce morceau atmosphérique n'a qu'une importance relative, il n'est là qu'en interlude... Cet instrumental, musicalement joli est une grosse bizarrerie puisqu'il est composée uniquement d'une basse et d'un piano. L'ambiance distillée par la succession des deux derniers titres est une franche réussite: l'ambiance spatiale y est à son paroxysme, l'auditeur ne peut que s'extasier devant le Cosmos qui se présente alors à lui dans toute son immensité.
La seconde face, encore plus fantastique, démarre en fanfare avec les sept minutes apocalyptiques de "Lord Of Light". Intro stellaire, floydienne, et morceau qui, rapidement, décolle. Ce titre est chanté par Dave Brock mais demeure plus que soutenu par la présence de Lemmy dont les lignes de basse recherchées font de cette chanson un vrai titre de Speed Hard Rock avant l'heure, toujours émaillé de quelques touches psychédéliques. La basse de Lemmy est vraiment mortelle. Dire qu'il a empoigné la basse pour rendre service au groupe, lui qui n'était, avant, qu'un simple roadie! Sur cette chanson, la basse fait encore des merveilles et c'est elle qui mène la danse.
"Down Through the Night" est un autre morceau acoustique, une sorte de ballade Folk futuriste écrite par Brock avec de l'électronique en couches, des flûtes et des voix à écho inversé. Pour le set Space Ritual, il comportait la bande électrique complète. C'est une pure merveille, douce, l'exact opposé des deux morceaux qui la sandwichent sur l'album. Le chant de Brock est parfait, et les flûtes suramplifiées et les guitares sont de retour pour cette nouvelle comptine à la gloire de l'Espace.
"Down Through The Night" offre, dans les faits, un autre répit plus doux mais il ne se contente pas de copier et de dépasser "Space Is Deep", il crée plutôt un mélange angulaire frénétique d'une grosse instrumentalisation de guitare acoustique avec des sons de flûte chuchotant dans l'espace résonnant du ciel. Les vents électroniques fortifiés imitent un ouragan avec certaines des voix les plus répétées de tout l'album.
Titre Doom ralenti au son résolument Metal, "Time We Left (This World Today)" est une chanson en quatre mouvements, le premier étant un appel scandé et une réponse déplorant la direction dans laquelle la société se dirigeait dans la même veine que Brock explorait avec "We Took the Wrong Step Years Ago". Le deuxième mouvement est un passage de dissonance instrumentale menant au troisième mouvement mettant en vedette une puissante basse et un échange de guitare solo, revenant finalement au premier mouvement. Il est apparu dans le set Space Ritual avec "Paranoia" remplaçant la section centrale, et a également fait une apparition en 1989-1991 avec "Heads" comme section centrale, comme on peut l'entendre à Palace Springs.
C'est une longue jam bien Boogie sur laquelle Lemmy est encore une fois énormément mis en valeur, puisque sa basse ronronne de façon omniprésente et qu'il assure les choeurs.. Ce déluge de puissance avec une ambiance bien prenante ressemble d'ailleurs parfois à s'y méprendre aux premiers essais Doom psychédéliques de Black Sabbath. Le morceau est un petit peu long, mais quelle transe, là encore, et quelle basse! Les saxophones saturés et les phrases répétées en boucle sont de nouveau de sortie, et la fin du morceau se perd dans les constellations d'improvisations infinies lourdes et mégalithiques. C'est une autre méthodologie complètement différente avec des riffs de guitare bluesy Heavy et des voix d'appel et de réponse des différents membres. Bien que les effets sonores électroniques soient présents, ils sont atténués en toile de fond. Les guitares sonnent légèrement désaccordées, ajoutant une touche de dissonance avant-gardiste qui permet à la piste de se développer en mouvements progressifs plus bizarres qui, malgré une puissance constante sur la piste, trouvent l'interaction instrumentale de plus en plus expérimentale et libre. Les rythmes syncopés et le chant tombent dans un brouillard psychédélique d'un groove répétitif avec des changements subtils qui évoluent en de nouvelles variations.
L'album se clôt enfin sur "The Watcher", petite chanson acoustique spacieuse avec fuzz-bass chantée par Lemmy. C'est aussi la première composition de Lemmy pour Hawkwind qui a été appelée la toute première chanson de Motorhead.Bien qu'il ne soit interprété que sur une guitare acoustique avec une basse floue, ce morceau psychédélique qui raconte la destruction de la Terre par la cupidité humaine du point de vue de l'espace, a le style de Lemmy estampillé partout. Les paroles ont été écrites du point de vue de quelqu'un de loin (peut-être Dieu ou une race de maîtres extraterrestres) regardant les habitants de la Terre se détruire par leur propre cupidité. C'est la seule chanson de l'album qui ne figurait pas dans le set Space Ritual.

"Doremi Fasol Latido" est devenu un véritable monument de l'Histoire du Rock et Hawkwind était au sommet de son art après que cet album soit entré en scène.
L'énergie Rock explosive de Lemmy était finalement exactement ce qui manquait au groupe dans leurs premières années et les conduira à traverser la meilleure période de leur carrière jusqu'à ce qu'un Lemmy agité découvre que la musique Heavy Metal était sa véritable vocation.


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Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par alcat01 » dim. 19 mars 2023 11:14

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Warhorse 1970
Le nom de WARHORSE n’est pas tout à fait inconnu des fans de Hard Rock. Ce groupe anglais, du temps où il était actif, a en effet compté dans ses rangs un certain Nic Simper, connu pour avoir occupé le poste de bassiste au sein de DEEP PURPLE à la fin des 60’s. Viré du Pourpre Profond en 1969, Nick Simper a ensuite rejoint le backing-band d’une certaine Marsha Hunt, artiste afro-américaine connue pour avoir côtoyé Marc Bolan et Mick Jagger. Le backing-band en question, après quelques départs, a été renforcé par les arrivées du guitariste Ged Peck et du batteur Mac Poole. Marsha Hunt étant enceinte, Nic Simper, Ged Peck et Mac Poole ont alors décidé de restructurer le groupe en l’appelant WARHORSE, puis en recrutant le chanteur Ashley Holt, suivi du claviériste Rick Wakeman. Ce dernier n’est pas resté longtemps au sein de ce groupe fraîchement formé et après en être parti pour rejoindre THE STRAWBS, il s’est fait remplacer par Frank Wilson.

Le line-up de WARHORSE finalement constitué, le groupe signe chez Vertigo et enregistre au Trident Studio (à Londres) son premier album, qu’il co-produit en compagnie d’un certain Ian Kimmet. Ce premier album, sans titre, sort en novembre 1970. Comme de nombreuses formations à l’époque, WARHORSE officie dans un Hard Rock qu’il teinte de Rock Progressif.

Et WARHORSE semble avoir un potentiel fort intéressant. Si la bande à Nic Simper pratique un Hard Rock pas très éloigné de ce que fait DEEP PURPLE, elle n’est pas pour autant dans le pompage et s’efforce de mettre quelques nuances, de personnaliser au mieux ses compos, comme l’attestent « Burning », un morceau à la vois entêtant et rugueux qui évolue sur un rythme effréné avec la guitare et l’orgue qui se relaient pour les solos et qui fait apparaître des relents progressifs dans un final en forme de jam, ou encore « Ritual », dans la lignée de DEEP PURPLE, certes, mais avec un côté Boogie bien plus prononcé, et un solo de gratte marathonien et enivrant. WARHORSE a pris soin de travailler ses compos et « Vulture Blood », mis sur orbite par une longue intro au clavecin d’une minute, est un modèle de réussite, d’efficacité avec ses guitares Heavy (pour l’époque), crues, un solo épique, un chant éraillé et énervé, sa rythmique dynamique, très alerte. « No Chance », titre mi-Rock, mi-power-ballad, est mis en valeur par une intro façon marche militaire, une section rythmique galopante, une ambiance épique tantôt mélancolique, tantôt dramatique, montre que ces musiciens ne sont pas des manchots. La facette progressive du groupe est pleinement développée sur l’aventureux « Woman Of The Devil » qui met bien en contraste longue intro de 2 minutes guitares/claviers à l’atmosphère sombre et mélodies plus flamboyantes, plus lumineuses, le tout étant mis en avant par un refrain qui prend aux tripes et une voix chaleureuse, et sur « Solitude », une pièce musicale de 9 minutes qui commence par une longue trame mélodique en forme de complainte crépusculaire, appuyée par un chant plaintif qui renforce l’aspect émotionnel, puis au fur et à mesure que le temps évolue, les guitares, l’orgue et la batterie font monter l’intensité crescendo au point d’être digne de figurer sur la B.O d’un film dramatique, même si on pourrait chipoter en objectant, par exemple que le final aurait pu être amélioré, transcendé. Au milieu de ces titres se trouve une cover d’un tube célèbre des EASYBEATS datant de 1969: il s’agit de « St. Louis » et la version proposée par WARHORSE, plus Heavy qu l’original, déborde d’énergie, d’enthousiasme et parvient sans difficulté à convaincre, à être jouissive, d’autant que des clap-hands et des choeurs joyeux sont de la partie.

WARHORSE a donc réussi le difficile examen du premier album en ayant proposé des compos solides, inspirées, bien troussées. Les solos de guitare et d’orgue, pleins de vitalité, sont équitablement répartis. Si WARHORSE est à cheval entre le Hard Rock et le Rock Progressif, il a aussi incorporé des éléments proto-Metal et, quelque part, a contribué au développement à venir du Heavy Metal. Quelque part entre DEEP PURPLE et ATOMIC ROOSTER, ce premier album de WARHORSE aurait mérité un bien meilleur accueil à sa sortie et il est regrettable que leur label, Vertigo, n’ait pas soutenu WARHORSE de la même manière qu’il la fait avec BLACK SABBATH.
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Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par Phil » dim. 19 mars 2023 11:50

ledzep56 a écrit :
jeu. 16 mars 2023 20:25
Et le sublime Chimes morceau de 8'57 mns. Quel groupe live...
Le solo de l'orgue Hammond est fantastique :super:

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Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par alcat01 » dim. 19 mars 2023 14:00

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"Inkpot" de 1972 était le quatrième album de Shocking Blues avec Mariska Veres comme chanteuse principale. C'était également le quatrième album sorti en trois ans, et vous pouvez soupçonner que l'auteur-compositeur et guitariste Robbie van Leeuwen a été soumis à une forte pression pour proposer continuellement de nouvelles chansons aux disques du groupe; c'est peut-être pour cette raison que le groupe a choisi d'enregistrer trois reprises. En tout cas "Inkpot" apparaît moins homogène que les albums précédents.

Cela ne signifie pas que l'album peut être qualifié de faible; avec des originaux forts de Van Leeuwen comme "Navajo Tears", "Inkpot" et en partie aussi "Hey", c'est un album à ne pas négliger.
Il convient de noter que "Inkpot" a été initialement publié en deux versions différentes. Une version remplace les quelque peu pâles "Blue Jeans", "Tobacco Road", "Who Save My Soul", "Red Leaves" et "I Melt Like Butter", par des singletracks nettement plus forts comme "Out of Sight Out of Mind" "I Comme toi", "Blossom Lady", "Donne mon amour au lever du soleil" et "Est-ce un rêve". Cette version alternative est évidemment beaucoup plus attrayante que la version néerlandaise originale. Les quatre étoiles sont pour la version avec les singles.

Comme pour les albums précédents, le côté musical est de première classe. C'est un plaisir d'écouter le jeu de guitare varié et efficace de Van Leuuwen - et Veres, bien sûr, est comme toujours un point focal indispensable.
Morten Vindberg


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Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par alcat01 » dim. 19 mars 2023 15:45

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Amazing Blondel s'est reformé en 1997 et a produit un nouvel album "Restoration".
Le trio d'origine s'est, en effet, retrouvé quelque vingt ans plus tard, autour de cet opus, une petite merveille de disque qui ne dépare pas, loin s'en faut, dans sa très jolie discographie des années 70.
Amazing Blondel semble avoir enregistré ce superbe album comme si le temps s'était arrêté depuis. Ils ont fait revivre, du moins stylistiquement, la musique Anglaise ancienne, avec leurs instruments acoustiques et leurs étonnantes harmonies vocales, présentant un nouvel ensemble de mélodies merveilleuses et de paroles pleines d'humour, et ajoutant même une chanson latine en prime.
Transporté dans le temps, quelques centaines d'années en arrière, on peut de nouveau entendre les accords élisabéthains, les madrigaux et autres marques de fabrique de la musique médiévale, dans toute leur gloire.

"Restoration" montre un retour remarquable au standard établi par "Fantasia Lindum" et "England" au début des années 70.
Bien que leur musique ait pris des styles différents, c'est pour le style de musique ancienne mélodique que le trio était le plus reputé et cet album reprend exactement là où ils s'étaient arrêtés en 1973.
De tels retours sont souvent décevants mais ce n'est pas du tout le cas et c'est un bon travail avec de nombreux exemples du son pastoral unique du groupe, mélangeant guitare, luth et flûte à bec avec un chant fin et une écriture forte.

Ce premier album d'Amazing Blondel en tant que trio depuis 1973 semble être le résultat d'un véritable désir de se réunir en tant que groupe.
La base générale de leur son reste intacte: l'instrumentation ancienne presque entièrement acoustique, les harmonies vocales, les danses d'honneur pittoresques bien jouées.
La musique rappelle les airs du 17 / 18ème siècle, mais elle est mise au goût du jour et donne une tournure légèrement Rock. L'utilisation du clavecin, des dulcimers et de la mandoline rend la musique si différente et mérite d'être explorée. Et avec autant de musique originale de l'ère Charles II / James II, la comédie joue un rôle dans beaucoup de chansons, comme par exemple "Sir John in love again".

Bien sûr, c'est un peu plus discret que ce qui est arrivé au début des années 70, mais à quoi peut-on s'attendre? Ils ont tous largement dépassé la cinquantaine en 1997, et les compositions reflètent... eh bien, l'esprit réfléchi de l'âge mûr. Il n'y a rien de mal à cela, et en fait on pourrait même dire que le style est plus adapté aux cheveux gris pour commencer.
C'est en fait un album Folk très agréable et son ensemble s'écoule paisiblement d'une jolie petite chanson Folk à une autre.
Il n'y a, bien sûr, rien d'extraordinaire ni de révolutionnaire dans cette œuvre, mais l'ensemble est plus qu'agréable à écouter: de belles flûtes dans l'ensemble et les parties de guitare acoustique sont plutôt agréables. Certains morceaux sont instrumentaux et mettent en valeur les compétences de l'homme en charge de la guitare classique.

En conclusion, "Restoration" est exactement ce que l'on peut attendre d'un groupe de ce type. De bonnes chansons interprétées avec assurance par un groupe bien établi.


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Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par alcat01 » dim. 19 mars 2023 19:22

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1973 : Full Sail
Il s'agit bien d'une suite à Loggins & Messina, avec notamment un pastiche de rock & roll des années 50 dans le style de "Your Mama Don't Dance", intitulé "My Music", qui a atteint le 16e rang des ventes de singles.
Parmi les autres titres notables, citons "Lahaina", l'hymne rock insulaire de Jim Messina, et l'une des ballades sensibles mais génériques de Kenny Loggins, typiquement intitulée "A Love Song".
Mais le charme de Loggins & Messina résidait dans le fait qu'ils pouvaient s'en sortir avec quelque chose d'aussi sentimental. L'équilibre est la clé des albums de L&M, et c'est le principal talent (parmi tant d'autres) que le producteur Messina leur apporte.
Ici, comme sur les deux premiers albums de Loggins & Messina, il parvient à un flux musical exaltant, et le disque ne se voit refuser la mention "meilleur" que parce que la qualité de l'écriture n'est pas tout à fait à la hauteur de ces albums.
William Ruhlmann


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Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par alcat01 » dim. 19 mars 2023 20:04

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1977 - Be Seeing You
Regardez cette superbe pochette due au photographe designer Paul Henry et méditez dessus. Nombreux sont ceux qui pourraient rétorquer que la dite pochette n’a vraiment rien de folichon. Je vous invite cependant à regarder de plus près, le visuel nous renvoie sans le vouloir vers des choses simples de notre ancien quotidien, une époque où on pouvait boire un coup, se griller une clope peinard et vaquer à ses occupations, en l’occurrence du Pub Rock pour DR. FEELGOOD.
Aujourd’hui, si vous allez à un concert et que vous voulez fumer une tige de 8, il faut sortir dehors braver les caprices de la météo. Mon propos n’est ici pas de venir gémir que c’était mieux avant mais avouons pour le moins que c’était différent. Eh oui, bientôt il nous faudra remplir des formulaires en trois exemplaires pour aller s’en griller une petite, boire un godet, échanger avec des mecs et des nanas qui pensent musique. Non, je ne déconne pas... on y va tout droit, mais c’est là un autre débat.

Nous sommes en 1977, le groupe vient tout juste de sortir « Sneakin’ Suspicion » et remet le couvert. Il faut avouer qu’il y a eu un peu de remue-ménage avec le départ de Wilko Johnson en désaccord semble t-il avec Lee Brilleaux. Pour remplacer le guitariste au phrasé si reconnaissable, on fait appel à un quasi inconnu, John « Gypie » Mayo, un ancien membre de White Mule passé par Halcyon et Concrete Mick et qui jouait alors dans un orchestre de Jazz Funk de seconde zone basé à Harlow. Mais Wilko Johnson était le principal pourvoyeur du groupe en matière d’écriture, ce qui explique sûrement que le groupe ait remis le couvert si tôt.

Cette fois-ci, United Artists confie la production à Nick Lowe, un bon pote du groupe, qui apporte au passage une composition. Le groupe fait néanmoins preuve d’un certain talent de composition avec pas moins de quatre nouveaux morceaux dont l’énergique « She’s A Windup » devenu depuis une poutre maîtresse du registre Pub Rock. Si les trois autres originaux oscillent en plein mid tempo, on retient principalement « Hi-Rise » un savoureux instrumental gorgé de Country Soul avec harmonica.
En dehors de se donner à fond sur scène (petite ou grande), la grande force de ce bon vieux Dr. réside dans sa façon de se réapproprier des inusités issus des différents registres pour en faire des titres vitaminés qui semblent sortir tout droit de leur création. FEELGOOD était-il en proie au doute pour incorporer sa reprise la plus connue en tête de gondole ? On ne le saura probablement jamais mais « Ninety-Nine And A Half (Won’t Do) », une compo du trident Steve Cropper/Wilson Pickett/Eddie Floyd popularisée par Pickett et Creedence Clearwater Revival fait mouche d’entrée de jeu. Cette face A se termine en beauté avec « As Long As The Price Is Right » une composition de Larry Wallis, producteur du label Stiff Records et ex membre de Pink Fairies sur un tempo aussi lourd qu’entêtant.

La face B propose un canevas d’inusités qui font ici merveille. En premier lieu avec « My Buddy Buddy Friends », œuvre du saxophoniste A.C. Reed gravée en 1967 pour le label de Chicago Nike et passée inaperçue. La rythmique implacable ne cesse de relancer la machine. L’harmonica virevoltant rehaussé par de brefs chœurs et une guitare efficace font de cette interprétation un grand classique du Pub Rock. Ce titre repris par l’harmoniciste Charlie Musselwhite connaîtra plus tard une version via Magic SLIM qui vaut le détour. Avec « Baby Jane » (rien à voir avec l’homonyme de Rod STEWART), le Toubib nous offre encore un bon coup de canon. Titre enregistré par le soulman Otis Clay pour Dakar Records, une filiale d’Atlantic, fin sixties, cette nouvelle version agressive est l’exemple type du Pub Rock anglais de cette fin des seventies. Harmonica furieux, chant volontaire, rythmique métronomique, guitare au diapason font de ce titre un Must du registre. Bonne reprise de « the Blues Had a Baby And They Named It Rock And Roll », titre figurant sur le disque « Hard Again » de Muddy WATERS. Ce morceau dont Lee Brilleaux change quelques strophes sert de pont entre le Blues et le Rock. Autre inusité avec « Looking Back » une compo de Johnny « Guitar » Watson mise en boîte pour le label californien Escort Records début sixties. Si le titre reste rattaché au répertoire de John MAYALL, la version de FEELGOOD sans cuivre est orientée vers une énergie avec une guitare plus incisive. Le disque s’achève sur une note plus tempérée avec « 60 Minutes Of Your Love », une compo staxienne du tandem Isaac Hayes/ David Porter enregistrée par Homer Banks pour le label Minit. Ici, pas d’ambiance cuivrée, le groupe concentrant le morceau sur la partie guitare et un chant résolu en droite ligne avec le registre Pub Rock. Douze morceaux qui foncent tête baissée vers l’essentiel, une conjugaison vitaminée entre Blues et Rock qui ne s’éternise jamais pour finir pas se perdre en route, le plus long titre ne dépassant pas les 3 minutes 10.

« Be Seeing You » se range à notre avis dans le Top 3 des meilleurs albums de ce groupe emblématique du Pub Rock, l’une des dernières formations à entretenir la flamme face au Prog. et au Glam Rock et les déferlantes Punk et New Wave qui allaient inonder les ondes des radios britanniques. A l’heure ou j’écrivais ces lignes, le groupe (enfin ce qu’il en reste, il n’y a plus un seul membre de la line-up d’origine) est programmé en France cet été. Le nom de DOCTOR FEELGOOD pouvant désormais être considéré comme une franchise.
LE KINGBEE


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Message par alcat01 » lun. 20 mars 2023 07:21

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Heatwave In Alaska (1981)
On ignore où The INMATES ont déniché un tel titre « Heatwave In Alaska » traduisible par « Coup de Chaud en Alaska ». Tout bien réfléchi, quand on se penche sur le climat sévissant dans cet ancien territoire russe, le titre n’est pas aussi idiot qu’il en a l’air à première vue. Jack London a écrit que l’Alaska était le seul pays où le whisky pouvait geler et servir de presse-papiers une longue partie de l’année. En clair, on se les gèle là-bas et le répertoire des taulards ne peut qu’apporter un coup de chaud.
Ce troisième album aurait pu être celui de la consécration pour les INMATES après deux albums vifs et novateurs. Aurait pu, dis-je, car malheureusement WEA a décidé de laisser le producteur Vic Maile au placard et de prendre à sa place Stuart Colman, un ancien membre de The Flying Machine, groupe qui ne laissa pas un souvenir impérissable. Colman venait de toucher sa période de grâce en jouant de la basse et en produisant le rockeur gallois Shakin’ Stevens. Il paraît maintenant évident que WEA a essayé de flirter sur le succès du gallois en prenant une limace à la place d’un visionnaire du Pub Rock. Avec ce changement de production, WEA manifestait son envie de lisser et polir la sonorité du groupe, on se demande bien pourquoi.
A la sortie du disque, une partie de la presse dite spécialisée allait lapider le disque. Soudainement, certains journaleux pensaient que les INMATES seraient bienheureux si on leur trouvait un place en cellule … … les mêmes journaleux qui crièrent au génie quand sortit cinq ans plus tard le « Live In Paris » dans lequel nos taulards rendaient hommage aux BEATLES. Restons mesurés, « Heatwave In Alaska » n’est pas le meilleur disque du groupe, mais il demeure aujourd’hui encore bien au-dessus de la production Rock' n' Roll de l’époque.

Ecrémons un peu le contenu : on retrouve 7 compositions pour un total de 12 titres. Ce sont les originaux qui attirent tout de suite l’oreille : « She’s Gone Rockin » de Ben Donnelly s’avère une ouverture imparable, gros riff caractéristique de Peter Gunn, rythmique bien en place. Que du bonheur ! Viennent ensuite deux mid tempo efficaces « Long Distance Man » et « Broken Heart ». Russell est impérial à la batterie sur le premier, la basse bien ronde ronfle merveilleusement, un vrai métronome et les cuivres mettent en relief le vocal de Bill Hurley. Place à un rockab moderne avec « Three Little Sisters », tout est en place, le piano, la rythmique, la gratte de Peter Gunn qui s’offre un bref solo, sans parler d’un chant habité et vivant. Petite coupure avec « Unhappy » un slow rock dans lequel le vocal de Bill Hurley s’exprime totalement. Un conseil, poussez les meubles en écoutant « Yeah Yeah Yeah » un vrai Rock' n' Roll avec piano déchaîné, section cuivre sans cesse dans la relance, guitare incisive et un chanteur qui lâche le frein. En clôture, « Send Some Of Your Lovin’, My Way » est un morceau ambigu, à cheval entre Rock et New Breed R&B, titre qu’il aurait été judicieux de placer au milieu.
Attaquons la partie la plus délicate, celle des reprises. Alors que la formation a le don de transformer de vulgaires bijoux de pacotille en pures pépites, là le groupe fait presque chou blanc ! On peut penser que le choix de ces covers a germé dans la tête de Stuart Colman et non dans celle du groupe. « Something About You » un titre des Four Tops demeure certes meilleur que l’original très guimauve, mais pourquoi une telle abondance de cuivres et de piano pour un titre surproduit qui devient fourre-tout. La ballade de Phil Everly « You Can Bet (A Broken Heart) » (déjà insipide au départ) ne correspond guère au répertoire du groupe, de plus la surproduction de Colman nuit au morceau. Le producteur semble avoir fait du cockney boy un chanteur de Soul sixties, la preuve avec « Remember, I’ve Been Good To You » une reprise de Wilson Pickett dans laquelle Hurley parvient à tirer les marrons du feu. « On the Beat » fait office de remplissage. Dernière reprise « Who’s Foolin’ Who ? » petit hit de Bobby Blue Bland en mid tempo qui aurait pu accrocher l’oreille s’il n’avait pas été autant produit.

Si Bill Hurley a souvent déclaré que c’était leur plus mauvais album, Peter Gunn déclarait au contraire qu’il ne fallait pas sous-estimer « Heatwave In Alaska ». Restons prudent. Ce troisième opus, s’il reste agréable à l’écoute et certainement bien supérieur à la production Rock de l’époque, figure un ton en dessous de ses deux prédécesseurs. L’effet de surprise s’amoindrit et la production trop présente empêchent ce disque de récolter une note maximale.
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Message par alcat01 » lun. 20 mars 2023 07:22

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"Space Ritual", ou "The Space Ritual Alive in Liverpool and London" est sorti en 1973 sur le label United Artists.
C'est le premier album live du groupe, enregistré lors de deux concerts de la tournée de promotion de l'album "Doremi Fasol Latido", donnés le 22 Décembre 1972 au Liverpool Stadium et le 30 Décembre au Brixton Sundown. Il est composé majoritairement de titres de "Doremi Fasol latido", mais comporte aussi de multiples interludes (notamment des poèmes de Robert Calvert et de Michael Moorcock) qui relient les titres entre eux pour donner un concert sans interruption.
La pochette est à nouveau réalisée par Barney Bubbles.

Trois nouveaux titres ("Born to Go", "Upside Down" et "Orgone Accumulator") font aussi leur apparition sur cet album. Cependant le Hit single "Silver Machine" n'est pas présent sur cet album et seul "Master of Universe" provient des deux premiers albums du groupe.

"Space Ritual" est un excellent document de la formation classique de Hawkwind, composée de Dave Brock, guitare et chant; de Robert Calvert, narration; de Nik Turner, saxophone, flûte et chant; de Lemmy Kilmister, basse et chant; de Dik Mik et Del Dettmar , synthétiseur; et de Simon King, batterie. soulignant le statut du groupe en tant que pionnier du Space Rock.
En tant que 'groupe populaire' par excellence, Hawkwind a porté l'idéalisme contre-culturel des années 60 dans les années 70, jouant constamment, jouant partout où il y avait un public, et même jouant gratuitement pendant cinq jours consécutifs en dehors du Festival de l'île de Wight de 1970. Les performances multimédias du groupe étaient l'accompagnement parfait pour explorer l'espace intérieur et imaginer l'espace extra-atmosphérique.
Bien que non concerné par les pièges matériels du Rock, Hawkwind étaient, ironiquement, parmi les groupes de travail les plus durs en Grande-Bretagne, avec en moyenne une émission tous les trois jours au cours de l'année précédant ces enregistrements. Compte tenu de toute cette pratique, il n'est pas surprenant que les performances rassemblées ici soient incroyablement abouties.

Le spectacle 'Space Ritual' a tenté de créer une expérience audiovisuelle complète, représentant des thèmes développés par Barney Bubbles et Robert Calvert mêlant le fantasme des 'starfarers' dans une animation suspendue voyageant à travers le temps et l'espace avec le concept de la musique des sphères. La performance a présenté les danseuses et danseurs Stacia, Mlle Renee, Jonathan Carney et Tony Carrera, mis en scène par Bubbles, un lightshow par Liquid Len et des récitations de poésie par Calvert. En entrant dans la salle, les membres du public ont reçu un programme (reproduit sur le CD remasterisé de 1996) avec une courte histoire de science-fiction de Bubbles mettant le groupe dans un scénario de retour sur Terre de Starfarers.
La version originale comportait des modifications et des overdubs, les notes de la pochette expliquant que "...Nous avons dû couper un morceau de "Brainstorm" et de "Time We Left" parce qu'ils étaient trop longs...", mais l' album de 1985, "Space Ritual Volume 2" contient les versions complètes non éditées. Une version éditée jusque-là inédite de "You Shouldn't Do That" (avec un "Seeing It As You Really Are" non répertorié) de ce concert a été incluse sur l' album de compilation "Roadhawks" de 1976, puis incluse en bonus sur le CD remasterisé de 1996. La version intégrale non éditée de la piste se trouve sur l' album "Hawkwind Anthology".

Le spectacle de la tournée Space Ritual avait été conçu comme un opéra de Rock Spatial, son mélange d'électronique de science-fiction, de grooves psy-fi fascinants et de jam lourde et terrestre, ponctué d'interludes de mots parlés du poète astral Bob Calvert. Bien que ses réflexions intergalactiques datent de l'album, apparaissant maintenant comme du futurisme de camp, elles fournissent toujours des préambules atmosphériques appropriés aux sons stupéfiants et déformants de Hawkwind. Le récital maniaque de Calvert de "Sonic Attack" de Michael Moorcock, par exemple, est un exercice de tension qui explose par la suite sur le remuant "Time We Left This World Today"; avec le saxo d'un autre monde de Nik Turner, la distorsion de guitare de Dave Brock et la section rythmique terrienne de Simon King et Lemmy, ce morceau offre un plan pour le matériel le plus puissant de l'album.
Un autre inédit, "Orgone Accumulator", dix minutes de Reich & Roll hypnotiques (Wilhelm) pourraient être le chaînon manquant entre Booker T. et Stereolab.
Une publicité de 1973 décrivait "Space Ritual" comme "88 minutes de lésions cérébrales"; cette caractérisation est toujours vraie.
A noter que "Sonic Attack" était prévu pour une sortie en single, des copies promotionnelles étant distribuées dans une pochette en tissu, mais il n'a jamais reçu de version complète.

Le disque est entré dans le Top 10 dans les charts Britanniques en se classant à la 9e place et il sera le premier album du groupe à entrer dans le classement du Billboard Top 200, au numéro 159, aux États-Unis.
Dans la Classic Special Edition 'Pink Floyd & The Story of Prog Rock' de Q & Mojo, l'album est arrivé numéro 8 dans sa liste de "40 Cosmic Rock Albums". L'album a également été inclus dans le livre '1001 Albums You Must Hear Before You Die' au numéro 276.

Après la sortie de "Space Ritual", le chanteur Robert Calvert s'est mis en retrait du groupe pour enregistrer son premier album solo, "Captain Lockheed and the Starfighters", et le joueur d'électronique Dik Mik Davies a quitté le groupe en 1973 après un concert donné à Rome pour s'y installer, laissant le groupe à cinq.


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Message par alcat01 » lun. 20 mars 2023 11:41

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Red Sea 1972
Le premier album éponyme de WARHORSE, sorti en 1970, avait été une bonne entrée en matière pour le groupe anglais, mais n’a pas rencontré le moindre succès auprès du public. Qui plus est, le guitariste Ged Peck a quitté le groupe, préférant se consacrer à la guitare classique. Un remplaçant lui a été trouvé en la personne de Peter Parks.

C’est en 1972, soit 2 ans après la parution du premier effort discographique, que sort le second album de WARHORSE. Celui-ci a pour titre Red Sea et, comme son prédécesseur, est co-produit par la groupe et Ian Kimmet. Le premier détail qui frappe est la pochette du disque qui est particulièrement majestueuse, en jette.

En ce qui concerne le contenu de ce Red Sea, il n’y a pas de révolution majeure par rapport au précédent disque. Par exemple, « Red Sea », compo Hard Rock parfaitement dans l’air du temps, a tout pour plaire aux fans de DEEP PURPLE et URIAH HEEP avec le chant envoûtant de Ashley Holt, sans oublier les guitares, les claviers et la section rythmique à l’avenant. Le groupe fait monter la température de quelques crans avec « Sybilla », un brûlot à la fois entêtant et chaleureux qui, paré de mélodies envoûtantes, aurait pu être un tube d’autant qu’il avait le potentiel pour faire partie des classiques des 70’s, le vocaliste se montrant pour le coup littéralement en transe. WARHORSE sort un peu de son pré carré en proposant avec le mid-tempo « Confident But Wrong » un titre d’obédience Blues-Rock que n’aurait pas renié CREEDENCE CLEARWATER REVIVAL, mais avec la patte personnelle du groupe illustrée par le chant incantatoire, voire corrosif d’Ashley Holt et de grosses envolées guitaristiques, notamment sur le solo. Autre titre intéressant: « Feeling Better », qui commence comme une ballade au piano, puis oblique vers des sphères plus Heavy-Rock via des guitares plus musclées, plus vigoureuses tout en restant mélodique. Comme sur le précédent album, le groupe anglais propose une reprise et, cette fois, c’est un vieux tube italien (« Uno Dei Tanti »), chanté d’abord par Joe SENTIERI, puis adapté en anglais en étant rebaptisé « I (Who Have Nothing) » par Ben E. KING en 1963, qui est à l’honneur et WARHORSE en a fait une version plus foncièrement Hard Rock avec une ambiance épique. Ceci dit, leur cover des EASYBEATS (« St. Louis ») 2 ans plus tôt était plus bandante. Comme sur le précédent albul, WARHORSE ne se prive pas d’aller nager allègrement dans les eaux du Rock Progressif. Si « Back In Time » apparaît à priori comme une compo expérimentale de 8 minutes avec un début à la fois cru et lancinant, puis un changement de ton, de tempo ponctué par un intermède guitaristique brouillon semblant improvisé pour se conclure par un final accéléré avec guitare, basse et batterie en duel, « Mouthpiece » est une pièce instrumentale de presque 9 minutes qui voit les musiciens s’en donner à coeur joie, en particulier la batteur Mac Poole qui dévoile ses talents de batteur en lâchant un solo pas piqué des vers et semblant même ne jamais finir.

Red Sea est donc un album assez bien fait, mais pas exempt de défauts. Il a permis aux musiciens de donner un excellent aperçu de leur talent, un peu plus en tout cas que sur le précédent disque, mais si les 2 albums de WARHORSE se mis côte à côte, ils ont beaucoup de points communs, se complètent bien. Red Sea est peut-être un chouia en dessous de son prédécesseur, mais pas de manière nette. Ce fut en tout cas le dernier album de WARHORSE puisque le groupe anglais, n’ayant pas décollé sur le plan commercial, a été éjecté par son label, puis a splitté en 1974. Par la suite, chaque musicien a continué sa route dans son coin.
Trendkill


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Message par alcat01 » lun. 20 mars 2023 14:41

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1972 Attila
J'ai toujours été étonné par la quantité de matériel de qualité que Robbie Van Leeuwen a produit entre 1968 et 1973. Selon moi, il était responsable de la rédaction de pratiquement tout sur sept sets de studio (et de nombreux singles non LP) Shocking Blue sortis au cours de cette période de cinq ans.
Pour la plupart, " Atilla " de 1972 n'était pas un changement majeur par rapport aux albums précédents de Shocking Blue. Cela dit, à mes oreilles, c'est en fait l'une des sorties les plus fortes du groupe. Clairement dans un groove créatif confortable, les morceaux écrits par Robbie Van Leeuwen tels que le slinky Rattler'', ''A Waste of Time and'' étaient rarement aussi cohérents ou agréables. Normalement enclin à laisser Mariska Veres s'occuper du chant, Van Leeuwen est même entré sous les projecteurs en exhibant une voix étonnamment commerciale sur " Don't Let Your Right Know".et "Cœur brisé". Pour sa part, la voix anglaise fortement accentuée de Veres n'a jamais semblé aussi sensuelle. Je ne peux penser à personne d'autre qui pourrait rendre une parole comme "J'aimerais être une taupe dans le sol" aussi sexy. Bien sûr, il n'y avait rien d'aussi immédiatement accrocheur dans le top 10 que "Venus" (enfin "Rock in the Sea" s'en est approché), mais pratiquement n'importe lequel de ces douze morceaux aurait sonné bien sur les 40 meilleurs radios. Les favoris personnels comprenaient '' Le diable et l'ange '' et '' J'ai dépensé mon argent ''. Je suis toujours perplexe quant à la raison pour laquelle un ensemble avec autant de potentiel de vente n'a même pas vu de sortie américaine.
badcatrecords


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Message par alcat01 » lun. 20 mars 2023 17:01

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Un nouvel album d'Amazing Blondel intitulé "The Amazing Elsie Emerald" est paru en 2010.
Crédité tout simplement à Blondel, c'est un succès certain et le duo Eddie et Terry est soutenu par quelques musiciens de soutien inspirés. John "Rabbit" Bundrick revient même comme invité aux claviers. On trouve aussi au chant Claire Wincott et Darryl Ebbatson; celui-ci joue même du ukulele...
Le duo a créé ce nouvel opus à partir de la deuxième personnalité d'Amazing Blondel ("Blondel", "Mulgrave Street", "Inspiration"). Cette réunion reste superficiellement conforme à leur produit de cette époque révolue.

Ce disque n'est peut-être pas aussi fort que les meilleurs travaux classiques du trio, mais il est toujours mélodique et garanti pour le plaisir. C'est un bon album qui sonne aussi frais aujourd'hui qu'à l'époque où il a été réalisé.
Il est assez différent des précédents opus du groupe, mais on y retrouve toujours l'exceptionnelle musicalité d'Eddie Baird et de Terry Wincott... et cette collection est magnifique. Il a un côté Chill-out teinté de Jazz.
Il met en évidence l'évolution de chaque membre du groupe dans l'écriture des chansons et affirme également que, même s'il manque, Galdwin n'est plus l'ingrédient essentiel.
Leur style de Soft Rock est toujours de mise, mais de manière beaucoup plus uniforme qu'auparavant... Avec une somnolence brillante, cet album passe d'une mélodie douce et synthétique à une autre, et sans le contrepoids d'un matériel plus rapide.

L'album présente une collection de nouveaux morceaux, entièrement écrits par Baird, et interprétés par le duo, avec l'aide de plusieurs musiciens invités. Il semble qu'ils vieillissent bien, car ils peuvent encore faire de la bonne musique.
Ses chansons sont merveilleuses. "Fools Gold", "Maybe" et "Don't Turn Your Back" sont d'excellentes chansons mais les fans du trio original vont adorer la chanson "Here At Last".
Le seul morceau qui ne ressemble pas à leurs années de gloire est "Fool's Gold", qui aurait très bien pu figurer sur l'album "Inspiration".

En conclusion, malgré toutes ces années passées, Blondel reste toujours amazing (étonnant).


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Message par Cooltrane » lun. 20 mars 2023 17:51

Autant, j'ai bcp aimé les (5) premiers Rory, autant les albums de Taste sont passé un peu à coté de mon radar (j'ai pas accroché en essayant de rattraper mon retard)

idem pour les trois premiers Feelgood (le Sneakin' Suspicion étant mon préféré), que j'ai adoré, mais trouvé les suivants assez booooffff (redites)

Pour le vent du faucon, de sera jusqu'au Warrior :super: , et franchement après :baille:

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Message par alcat01 » lun. 20 mars 2023 18:08

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1974: On Stage
Kenny Loggins et Jim Messina avaient établi un formidable partenariat bien avant que leur quatrième album, le live et au titre descriptif On Stage, ne fasse sa révérence en avril 1974. Enregistré dans diverses salles de renom, en particulier le Winterland à San Francisco, l'Orpheum Theatre de Boston et le Carnegie Hall à New York – il a effectivement consolidé leur carrière collective jusqu'à ce point, permettant une sorte de plus grands succès en live qui a encore affirmé le statut de Loggins et Messina en tant que superstars.

Cependant, au moment où On Stage est apparu environ deux ans et demi après leur premier disque, les deux pouvaient revendiquer une réserve substantielle de chansons populaires, plus que suffisantes pour remplir un double album et faire une empreinte emphatique en même temps.
Naturellement, alors, la transition du studio à la scène a été aidée par un groupe d'accompagnement de crack qui a rendu leurs performances en live et en studio d'autant plus formidables. En plus de Loggins et Messina aux guitares et au chant, il était composé du batteur Merel Bregante; le flûtiste, saxophoniste et violoniste Al Garth; le flûtiste et saxophoniste Jon Clarke; et le bassiste et choriste Larry Sims. Le groupe a effectivement recréé les arrangements de studio des chansons, tout en ajoutant une version étendue de la sorte de chant de mer entraînant, "Vahevala", pour remplir toute la durée de la troisième face. C'est l'un des points forts du set, une vitrine pour le groupe dans son ensemble qui met pleinement en valeur son sens instrumental, compte tenu d'une série de rebondissements mélodiques qui se sont déroulés de manière transparente tout au long.
Cela dit, le tandem a négligé le vieil axiome du show-biz qui insistait sur le fait qu'un interprète devait garder son meilleur matériel pour la fin. "House at Pooh Corner" et "Danny's Song", qui avaient tous deux acquis un statut singulier en tant que standards fondateurs, ont commencé le set sur une note résolument douce, tout en permettant à l'album de se développer vers une conclusion entraînante au moment où ils ont joué leur alors - hit actuel, le accrocheur mais artificiel "Your Mama Don't Dance".
Ils ont ajouté quelques autres refrains entraînants en cours de route : l'enjoué "Listen to a Country Song" (l'une des rares sélections où Messina a pris une voix solo), une version étendue de "Angry Eyes", toujours uptempo, et le dernier morceau de l'album, un succès remontant à leur premier album, le modeste mais indéniablement contagieux "Nobody But You".
À bien des égards, On Stage représente le sommet de la carrière cumulée de Loggins et Messina., il marque une coda réussie en termes de catalogue qui est à jamais inscrit dans les annales de la musique prête pour la radio et de l'Americana grand public.
Lee Zimmermann


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Message par alcat01 » lun. 20 mars 2023 19:51

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1972 Stealers Wheel
Sans la brillante décision de Quentin Tarantino d'inclure "Stuck in the Middle with You" pour renforcer l'ironie de la tension lors d'une séquence de torture dans Reservoir Dogs, il est fort possible que le premier album éponyme de Stealers Wheel soit pratiquement oublié. L'album n'a jamais été mis sous licence pour le streaming et, pendant des années, les versions vinyle et CD ont été épuisées. Et c'est bien dommage.
Les cofondateurs du groupe, Gerry Rafferty et Joe Egan, ont collaboré avec les producteurs de la royauté du rock n' roll, Jerry Leiber et Mike Stoller, en 1972, pour créer un disque qui sonne un peu comme la fin de la période des Beatles et Badfinger a formé un projet parallèle.
Grâce à la combinaison du perfectionnisme de Leiber et Stoller et des bonnes oreilles de l'ingénieur des studios Abbey Road Geoff Emerick, la production de Stealers Wheel regorge d'instrumentations pub- et folk-rock à couches complexes, entourées de la chaleur et du confort analogiques du début des années 70.
Comme beaucoup de duos d'auteurs-compositeurs, Rafferty et Eagan apportent des forces et des faiblesses à leurs compositions. Rafferty a une voix plus engageante et des tournures de phrases plus vives, mais certaines des compositions solo d'Eagan - "Another Meaning" et "Gets So Lonely" - s'avèrent plus convaincantes dans leur structure musicale qu'un certain nombre de celles écrites par Rafferty seul. "Stuck in the Middle with You", que Rafferty chante et que lui et Eagan ont écrit ensemble, reste le morceau le plus marquant.

La gloire de la réédition de Stealers Wheel par Intervention Records est due à la profondeur retrouvée des lignes de basse de Tony Williams, au poids renouvelé de la batterie de Rod Coombes et à une présentation plus réaliste de l'interaction vocale entre Egan et Rafferty. En comparaison, les médiums et les aigus du pressage original britannique et du disque promotionnel de l'étiquette blanche sont poussés vers l'avant et les basses sont réduites. Il se peut que ce dernier ait été fait intentionnellement pour éviter les sauts d'aiguille sur les premiers systèmes hi-fi. Pourtant, si ces premiers disques ont pu sonner de manière vivante à la radio, ils semblent un peu durs sur une chaîne stéréo moderne.

Un pressage américain original avec "Ross" dans le runout s'en sort mieux, mais une bonne copie est difficile à trouver et n'est toujours pas à la hauteur de la version Intervention, qui sonne plus riche et plus holographique. Mon exemplaire pressé par RTI est plat et sans bruit. Les félicitations vont également à la couverture pelliculée à l'ancienne qui restitue les nuances et les textures originales de la peinture excentrique de John Patrick Byrne.
Vance Hiner


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Message par alcat01 » mar. 21 mars 2023 10:00

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1988 : See the Light
En 1989, nombreux sont ceux qui découvrent un guitariste aveugle donnant la réplique à Patrick Swayze dans le film "Roadhouse". Jouant de son instrument posé sur ses genoux, ce jeune prodige magnifie la bande-son de ce film de bout en bout et transpire le blues et le rock par tous les pores de sa peau, le tout soutenu par un section rythmique aussi discrète qu'efficace. C'est ainsi que le talent de Jeff Healey éclate à la face du monde. Pourtant, un an plus tôt, le trio a sorti un album intitulé "See The Light" qui tutoie les sommets du blues-rock et dont le titre prouve le sens de l'humour du jeune prodige au sourire désarmant.

Alternant reprises et compositions, les 12 titres de cet opus sont autant de pierres précieuses portées par la voix chaude de Jeff, mais aussi, et surtout, par son jeu de guitare éblouissant. Sa technique particulière lui donne un vibrato unique et chaque note vit et vibre à 200%. Si les reprises sont à la fois interprétées avec talent, personnalité et enthousiasme, les compositions tiennent parfaitement la comparaison, ce qui est particulièrement ahurissant de la part d'un artiste aussi jeune. A 22 ans, le bonhomme interprète parfaitement des titres de John Hiatt, Freddie King ou ZZ Top, mais en plus, ses propres compositions n'ont pas à rougir de leur voisinage. Dès le début d'album, "Confidence Man" de Hiatt démarre sur des chapeaux de roue, à la fois dynamique et entraînant, alors que "My Little Girl" lui emboîte le pas sur des bases équivalentes.
De plus, Jeff Healey et ses compères couvrent une large palette à travers ses 12 morceaux, du blues traditionnel et instrumental à la John Lee Hooker de "Nice Problem To Have" à des titres mélodiques plus Claptoniens tels que "I Need To Be Loved" ou "River Of No Return". Et si tous les titres méritent que l'on s'y arrête, nous ne pouvons pas passer sous silence un "Don't Let Your Chance Go By" au riff et au refrain obsédant, et au solo incandescent, le hit que fût l'envoûtante ballade "Angel Eyes", la version dégoulinante de feeling du "Blue Jean Blues" de ZZ Top ou celle enflammée du "Hideway" de Freddie King, et enfin, le Hendrixien "See The Light" accrocheur et catchy, avec sa distors et sa 6 cordes en fusion.

Vous l'aurez compris, The Jeff Healey Band accouche d'un opus époustouflant. Il est vraiment exceptionnel de tomber sur un premier album d'un tel niveau, que cela soit en matière d'interprétation ou de composition. Technique, mélodie et feeling tutoient les sommets pour une œuvre qui ne perd pas le moindre éclat à chaque écoute, délivrant sa magie avec la même intensité. Voici donc un album unique auquel le trio aura du mal à donner une suite du même niveau. En attendant, profitez de ses 12 titres sans modération !
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alcat01
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Message par alcat01 » mar. 21 mars 2023 10:01

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Hawkwind est entré dans les Olympic Studios de Londres pour enregistrer leur nouvel opus,"Hall of the Mountain Grill", en Mai et Juin 1974, avec l'aide des producteurs Doug Bennett et Roy Thomas Baker.
Les singles principaux "Psychedelic Warlords (Disappear In Smoke)" / "It's So Easy" au Royaume-Uni et une version alternative de "You'd Better Believe It" / "Paradox" en France et en Europe ont été publiés le 2 Août, suivi de l'album le 6 Septembre.
Ces quatre morceaux sont apparus sur la réédition 2001 du CD de l'album par EMI.
Un EP avec "The Psychedelic Warlords", "Hall of the Mountain Grill", "D-Rider" et "Wind of Change" est sorti en promo aux Etats-Unis en 1974.

"Hall of the Mountain Grill" est considéré par de nombreux critiques comme un moment fort de la carrière du groupe, en studio. Il est sorti le 6 Septembre 1974 sur le label United Artists et a été produit par Roy Thomas Baker, Doug Bennett et Hawkwind.
C'est le premier album d'un nouveau line-up qui comprend Simon House au synthétiseur, Mellotron et violon électrique.
Le titre de l'album était un clin d'œil à "In the Hall of the Mountain King" d' Edvard Grieg et à un café de Portobello Road appelé The Mountain Grill (maintenant fermé), fréquenté par le groupe au début des années 1970. La couverture de la pochette, un vaisseau spatial abandonné dans les brumes d'un lagon extraterrestre a été peinte par le collaborateur artistique régulier du groupe, Barney Bubbles. Le verso a été réalisée par l'artiste spatial David A. Hardy.

Après avoir sorti des disques à un rythme uniforme d'un par an depuis 1970, le groupe s'est consacré à des tournées constantes pendant un certain temps (mettant en scène leur set séminal Space Ritual), ce qui a à son tour déclenché un changement d'attitude et de personnel. Le violon classique et l'épopée Mellotron joués par le nouveau venu Simon House ont introduit une grandeur presque symphonique au son de Hawkwind, renforçant les obsessions cosmiques du groupe au nième degré, comme l'illustre le paysage de rêve extraterrestre lumineux représenté sur la couverture arrière.
Avant d'entrer dans la musique, la pochette à elle seule est devenue une icône du Rock, élue comme l'une des meilleures pochettes d'album de tous les temps dans de nombreuses listes d'albums respectées. Le vaisseau spatial Hawkwind s'est écrasé sur cette couverture, un symbolisme prophétique peut-être d'albums à suivre qui manquent parfois la cible.

"Hall of the Mountain Grill" est un changement majeur dans le son par rapport à l'album studio précédent, "Doremi Fasol Latido", et c'est un excellent album, mais il peut ne pas être totalement satisfaisant pour certains amateurs très accros au groupe Hawkwind brut à l'ancienne, mais c'est quasiment un joyau Psyché Prog.
Il est vrai qu'avec cette sortie de 1974, les fans de Hawkwind ont été un peu choqués avec le nouveau son du groupe car Hawkwind est devenu plus mélodique! Les chansons ont une construction plus complexe que tout ce qu'elles ont essayé auparavant, avec des vers déclamatoires, un peu de ponts musicaux et un beau refrain mellotronné.
Pourtant, la musique est toujours indéniablement Hawkwind. Des rythmes insistants et implacables, des sons psychédéliques et un fond de Heavy Rock. Avec l'ajout de Simon House, Hawkwind a également adopté une approche très symphonique qui distingue vraiment "Hall of the Mountain Grill" des albums précédents.

A ce stade de leur carrière, c'est certainement leur meilleur opus, même si "Space Ritual" était excellent. le line up: Dave Brock, Lemmy, Nik Turner, Del Dettmar, Simon King et le nouveau venu Simon House, anciennement du groupe de Hard Rock des années 60, High Tide. Cela semble beaucoup plus mature et professionnel. Et la pochette est tellement bien faite, particulièrement la photo au verso qui est incroyablement belle.

Les musiciens ont un sens du timing incroyable alors qu'ils font tourner une piste après l'autre. Sur ses meilleurs moments, le groupe est assez excitant avec de belles sections expérimentales. L'ajout des Mellotrons tourbillonnants et du violon n'a fait qu'améliorer les atmosphères spatiales et trippantes du groupe.
"Hall of The Mountain Grill" est un essai méritant d'Hawkwind pour ouvrir leur son dense et introduire des éléments symphoniques dans leur obscurité. Le son, en particulier le mixage de jeu de guitare à volume élevé et de claviers électroniques ("The Psychedelic Warlords", "D-Rider"), sera plus tard coopté par des groupes telles que Blue Öyster Cult ("(Don't Fear) The Reaper") et Kansas.
Le nouveau son a été mieux réalisé sur des morceaux comme "The Psychedelic Warlords (Disappear in Smoke)", "D-Rider" et "Paradox". Le côté Rock est toujours bien diffusé sur des morceaux comme "You'd Better Believe It" et "Lost Johnny" (enregistré par la suite par Motörhead et aussi par le co-scénariste Mick Farren avec son groupe The Deviants), sur lequel Lemmy monte au micro! Simon House a une belle entrée en solo dans "Hall of the Mountain Grill".

La musicalité est excellente et chaque piste se fusionne pour offrir une expérience sonore globale contrairement à tout autre album de Hawkwind. Dans l'ensemble, l'album a une qualité de production claire, nette et convenablement spacieuse, ne basculant heureusement pas dans une bouillie imbibée d'écho, chaque instrument étant clair et distinct. Cet album a marqué l'introduction par le groupe de morceaux plus ambiants et mélodiques, ou, parfois, de parties de morceaux. Ce faisant, le groupe a démontré qu'il était en fait extrêmement adaptable.
À la suite du départ de Robert Calvert, le chant principal de l'album est tenu par Dave Brock, avec Lemmy sur "Lost Johnny" et Nik Turner sur "D-Rider".
Avec l'arrivée de Simon House, Hawkwind a commencé une variation plus élégante de sa tendance psychédélique cosmique: la maîtrise de la magie de House sur le Mellotron et le violon électrique (en plus de quelques autres claviers) a contribué à ajouter une sorte de sensation orchestrale au son massivement énergique du groupe, en le décrivant de la manière la plus rafraîchissante. En fait, malgré cette nouvelle source de délicatesse sonore, la musique de Hawkwind est devenue encore plus oppressive et moins prévisible également: les couches de mellotron ont servi de complément approprié aux riffs de guitare de Brock et d'une contrepartie spatiale pour la section rythmique enthousiaste, House apportant une énorme atmosphère surnaturelle qui sert de contrepartie puissante aux efforts combinés de Brock, Lemmy et King.
Les rôles de Del Dettmar et Nick Turner semblent avoir souffert, en quelque sorte, de l'incorporation et de la contribution du nouveau venu, bien que Turner puisse encore occuper le devant de la scène de temps en temps avec quelques fioritures au saxophone (comme dans le morceau d'ouverture) et à la flûte, en plus de quelques lignes étranges sur le hautbois. La position de Dettmar était beaucoup plus menacée: malgré les ambiances productives fournies par ses parures de synthé solides pour des morceaux tels que "D-Rider" ou "You'd Better Believe It", le fait est qu'il y avait, certainement, un claviériste de trop dans le groupe. Ses interventions étaient évidemment devenues beaucoup moins pertinentes pour les attaques sonores rénovées du groupe. Il ne prendra pas trop de temps avant de prendre congé: en fait, Brock était en charge de quelques trucs synthétiques supplémentaires avant le départ de Dettmar.

Avec "Hall Of The Mountain Grill", Hawkwind s'est imposé comme un maître dans son art. Mélangeant des emprunts de Hard Rock et de Heavy Metal des années 70 avec des sons spatiaux et une construction de chansons psychédéliques, cet album allie le Hawkwind familier de l'ancien avec un nouveau style qu'ils perfectionnent. Là où, comme sur les albums précédents, le son était presque un océan de sons impénétrables et désordonnés, ce qui fonctionnait bien, ce qu'ils jouent sur le disque est beaucoup plus propre, et les voix ont enfin une place où il n'y en avait pas grand-chose pour elles auparavant. Dans l'ensemble, cet album montre Hawkwind à un moment parfait de sa carrière.
Avec le riff propre de "Psychedelic Warlords", on peut dire que le groupe a beaucoup changé; des voix harmonisées viennent prendre le relais des voix là où le groupe faisait auparavant des compromis et c'est une bonne chose car cela ajoute à cette atmosphère mondaine extérieure. Cela aide aussi parce qu'aucun de ces gars n'est un chanteur vraiment fantastique, mais mis ensemble, ils forment un mélange intéressant. Les chansons semblent avoir pris une structure plus ordonnée qui n'est ni bonne ni mauvaise, juste différente, car leurs travaux précédents sur des albums comme "In Search Of Space" semblaient beaucoup plus improvisées et cela a fonctionné dans le contexte de l'album.
Basculant de manière transparente entre les chansons chantées et les instrumentaux avec leur marque de fabrique, cet album semble toujours cohérent.
Les instrumentaux de l'album ressemblent plus à une version diabolique de Pink Floyd qu'à ce que Hawkwind fait habituellement. Des chansons comme "Winds Of Change" et la chanson titre ont une sensation très 'space' tout en conservant la poussée d'énergie de Hawkwind.
L'espace de Hawkwind est un endroit très sombre et effrayant, mais cet album est un tel voyage cosmique que l'on peut que le recommander. On peut même dire qu'il n'y a aucun autre groupe qui emmène l'auditeur dans les endroits où Hawkwind le fait.
Le meilleur album studio du groupe, issu du succès de "Space Ritual". Les racines Rock du groupe sont juxtaposées efficacement avec les fioritures de synthétiseur et les idées de chansons plus prétentieuses, créant le disque de Space Rock par excellence axé sur la guitare.
Symptômes de douleurs de croissance inévitables, peut-être, pour un groupe de musiciens étrangers soudainement affligés de succès et de renommée. Il est possible que la notoriété de leur single "Urban Guerrilla", avorté à la hâte, ait également fait peur au groupe. Quelle que soit la motivation, Dave Brock et sa société faisaient une tentative courageuse de mettre à niveau leur identité impolie et de devenir respectables.
Tous les membres du groupe sont en forme et l'écriture des chansons montre à quel point ils étaient créatifs à l'époque.
Dave Brock (chant, guitares, orgue, synthétiseurs), Del Dettmar (claviers, kalimba), Simon House (violon, mellotron), Lemmy Kilminster (basse, chant, guitares), Simon King (batterie) et Nik Turner (sax, hautbois) , flûte, chant) font un excellent travail avec les instruments. On entend de beaux accents, des violons, des saxos et quelques sons spacieux dans une musique Hard Rock plus brute. Ce n'est absolument pas du Prog Symphonique mais une autre facette de ce paradis.

Cet effort n'a pas de moments faibles et la brutalité de la musique est unique car ce n'est absolument pas du Metal ou juste du Hard Rock. Il semble avoir été inspiré par des groupes de Krautrock mais aussi du pur Rock'N'Roll. Il a un son intéressant.
De l'ouverture d'auto-mythologie "The Psychedelic Warlords (Disappear In Smoke)" jusqu'au délire d'un"Paradox", "Hall Of The Mountain Grill" est un album passionnant, cohérent et parfois même magnifique.

Les choses commencent bien avec l'excellent morceau d'ouverture, "The Psychedelic Warlords (Disappear in Smoke)", qui est un exemple clair du son classique rafraîchi du groupe. Psychédélique et Hard, il est propulsif comme l'enfer avec des ondes électriques, donnant naissance au riff de guitare menaçant, une bonne jam, les mucisiens tous dans le groove avec Simon House et Nik Turner qui se démarquent. C'est l'exemple suprême de l'attrait de Hawkwind, un voyage spatial à la fois entraînant et mélodique qui accroche l'auditeur et le jette carrément dans le vide. L'effrayante et courte intro est superbe dans sa construction. Le chœur de voix commence à chanter le thème de la chanson, envisageant les possibilités d'échapper à la grisaille de la vie quotidienne. Le motif construit se transforme en une longue improvisation hallucinogène, avec les mélodies de saxophone dissonantes et un beau solo de saxo de Turner, quelques lignes de basse proéminentes de Lemmy, des passages instrumentaux surréalistes intéressants et un écho chaotique révéré. Cependant, il est également syntonisé avec un pont musical accrocheur. L'excellent riff de guitare est souligné par le Mellotron, et une belle improvisation au saxophone par Nik Turner à mi-chemin de la chanson. Tout dérive dans une jam psychédélique, atteignant un point optimal. Son motif rythmique est devenu, en quelque sorte, une déclaration officielle du Space Rock avec la guitare rythmique typique et un rythme simple mais efficace dans une ambiance brumeuse avec des effets d'écho atmosphériques pour briser la monotonie. La chanson disparaît dans un épais mur de vent soufflant, qui évoque alors un très beau et dramatique morceau instrumental, mélodie principale dessinée par un violon sur des reflets orchestrés.
"Psychedelic Warlords" apparaît sur bien d'autres albums, mais c'est sans aucun doute la meilleure version, tordant et tournant bien plus que les quatre dimensions habituelles, et explosant littéralement dans le sombre paysage sonore de "Wind of Change", le Hammond annonçant quelque chose comme une version plus sombre de "A Saucerful of Secrets" (la section vocale), magnifiquement construite, la basse de Lemmy fournissant une énorme quantité de pulsion, et des accords douloureux balayant le multivers du plaintif Mellotron de Simon House.
Quant à leur penchant pour alterner des morceaux de Rock avec des morceaux électroniques, quel meilleur manuscrit que le morceau suivant, le fabuleux "Wind of Change", une belle pièce ambiante majestueusement symphonique, mais alourdie par une mélancolie cachée alors que les Mellotrons explosent en avant, le violon House caresse les horizons sonores avec une habileté remarquable, un classique du rock progressif. Avec cet excellent jeu de claviers, ironiquement, c'est probablement le meilleur morceau du disque. L'aventure symphonique instrumentale est, en quelque sorte, une vitrine de la finesse de House au violon, tandis que Brock affiche les accords de base à l'orgue d'une manière très Pink Floydien. C'est un beau morceau, même s'il n'est pas caractéristique et bien plus symphonique que ce à quoi on est habitué dans ce groupe. Il utilise des couches de synthétiseurs lents et des violons pour créer une ambiance aérienne et mélancolique. Il s'ouvre sur une explosion alors que des vents violents entrent en jeu. L'orgue et les synthés font une introduction fantastique. La batterie entre ensuite légèrement, bientôt rejoint par le violon de House. C'est tellement relaxant et beau à la fois. Il se termine par des synthés spatiaux. Spacieux, glorieux, c'est presque du 'Morricone'. Cette chanson rappelle dramatiquement l'atmosphère fabuleuse de "The Good, The Ugly and The Bad" ou de "Once Upon A Time In The West". Superbe violon et thème fantastique et hypnotique.
Les compositions sont toutes très bien travaillées et agréables comme le très mélodique et plutôt surprenant "D-Rider" qui est la composition de Turner, avec une intro de saxophone quasi primitive façon Roxy Music qui s'installe dans un autre voyage cosmique, mis en valeur par un jeu de batterie grinçant au milieu des synthés vaporeux et des riffs de guitare. Cela rappelle les débuts de Pink Floyd, sauf pour les synthés spatiaux avec le Mellotron. "D-Rider" propose des claviers planants luxuriants. Le riff de guitare est encore une fois très typique. En fait, Hawkwind est si heureux de jouer ce strumming rythmique d'inspiration moyen-orientale qu'ils l'ont surfait et ont utilisé exactement le même riff et le même rythme sur le dernier morceau de l'album, "Paradox". La chanson oscille entre dépressions internes anxieuses et explosion de soulagement en vers cosmique grandiose, mais quelle mélodie vocale! Les voix fortement phasées et tourbillonnantes évoquent l'ère psychédélique, tandis que les accords plutôt tonitruants suggèrent du Heavy Metal beaucoup plus tardif, des tambours pétillants et un accompagnement riche qui vont hardiment là où aucun groupe n'est jamais allé auparavant, dans les dimensions intérieures de votre esprit; reliant cela à l'univers extérieur, le sax éthéré de Turner et le rythme tranchant de Brock attaquent brillamment les champs de bruit denses, tandis que les lignes de basse de Lemmy se tordent et enroulent des flux de conscience à travers les éthers des générateurs de sons toujours sifflants et hurlants.
L'agréable Space Folk "Web Weaver" avec une guitare acoustique et une foule de sons qui descendent du ciel apporte une détente momentanée avant de se perdre dans l'espace. C'est une courte chanson sur un thème de Hawkwind avec une première moitié forte et une seconde moitié instrumentale sous-produite. Les célèbres paysages sonores électroniques prenant une chanson par ailleurs assez simple aux proportions cosmiques, l'ambiance est relevée avec un petit piano de style gospel et des harmonies vocales épaisses. Ce morceau sonne presque San Francico vers 1968, Hippy-Trippy avec une jam fulgurante qui est des plus concluantes. Il utilise aussi exactement les mêmes idées que "Paradox", mais cette fois, c'est la mélodie vocale qui est copiée. Il rappelle un peu "You Know You Only Dreaming" de l'album "In Search of Space".
La seconde face du vinyle commence par le punch classique plus Heavy de "You'd Better Believe It" qui est tiré d'un concert live et il a un son différent de celui du studio. Il représente assez bien le Space Metal du groupe à cette époque. C'est un morceau assez simple avec un son Hawkwind classique, mais c'est vraiment bon. Il s'ouvre avec un travail de synthés spatiaux qui sonne presque avant-gardiste, au fur et à mesure que la batterie entre en jeu. King joue magistralement en fournissant une confusion rythmique jusqu'au début des vocaux. Il prend un son plein rapidement. C'est un voyage fantastique et sauvage et le rythme magnifique s'accentue. Les voix sont fournies par Dave Brock et Lemmy en harmonie, et les mélodies quasi orientales évoquent des parties de "Brainstorm". Il y a un étrange optimisme qui brille à travers les paysages sonores sombres et des voix de synthé dérangeantes, alors que les rythmes s'accélèrent et ralentissent, prouvant que l'instabilité est familière à toutes les chansons de Hawkwind, Lemmy et King fonctionnant parfaitement en tandem sous les accords de puissance de Brock. Un violon plane au-dessus de cette texture, donnant une étrange saveur Country et occidentale que l'on penserait ne pas pouvoir fonctionner, mais tout fonctionne dans le monde sonore de Hawkwind. Une section médiane donne aux musiciens une scène pour étendre leur métier. C'est certainement l'un des meilleurs morceaux avec des riffs de guitare tueurs et un mur de sons avec des guitares fuzz et des saluts de batterie chargés partout. C'est un véritable 'blitz' progressif. Ce n'est pas une musique complexe mais très puissante, surtout dans un contexte live. C'est, d'aillieurs la chanson que le groupe a aimé jouer en live à de nombreuses reprises.
Le joli morceau "Hall Of The Mountain Grill" est une composition qui recherche à nouveau la beauté interstellaire au milieu des tempêtes cosmiques. C'est la seule composition de Simon House, une sonate instrumentale sombre et dramatique au piano, qui rappelle une scène d'un film de science-fiction teinté d'horreur. Il est tout simplement étrange et progressif dans sa structure abandonnant les marques de rock familières. En fait, il sonne étrangement comme le thème de "Picnic at Hanging Rock" où les écolières escaladent la montagne vers leur destin en disparaissant mystérieusement de la planète. C'est en fait une courte transition sombre emmenée par le piano et la guitare dans laquelle un violon multicouche et un mellotron éthéré suivent les progressions d'accords de piano à queue: un autre moment de soulagement, construit cette fois dans une pure beauté romantique. Ce morceau est là pour rappeler une certaine réminiscence avec la musique spatiale. Aérien et plein de tranquillité.
Les textures somptueuses de la chanson titre sont une sorte d'introduction luxuriante et satie-esque à "Lost Johnny" qui est quelque chose de complètement différent, brut mais accrocheur, composé et chanté par Lemmy, mais habillé en sons de Hawkwind. Un Rock assez sympathique et efficace avec une légère touche bluesy prédisant sa prochaine carrière chez Motörhead, mais s'écartant peut-être un peu du sentiment plus réfléchi et plus élancé des autres chansons de l'album. Pour le moment, sa voix n'est pas aussi rocailleuse que dans Motörhead. Un gros morceau de rock éraflé, que le bassiste réutilisera plus tard dans une version accélérée sur le premier album de son futur groupe. C'est un conte sombre et effrayant qui est prétendument à propos d'un personnage qui a traîné dans le bosquet de Ladbroke. Les références constantes à la drogue en font un compte rendu particulièrement déchirant du côté sombre de cette célèbre scène underground de la fin des années 1960 à Londres.
Poursuivant sur ce thème, un morceau servant d'intro au suivant, "Goat Willow" est un court instrumental éthéré et obsédant composé par Dettmar avec un somptueux duo de flûtes en écho de Turner qui alimente directement ce qui est probablement le meilleur morceau de l'album, "Paradox". C'est juste une courte vision auditive particulière, une brise synthétique qui sert d'intermède: Clavecin, synthés et flûte ouvrent la voie avec un gong de King.
Cet album classique impressionnant se termine par le morose "Paradox" qui imite à peu près la structure de "Psychedelic Warlords", bien qu'il soit moins puissant. Il sonne aussi similaire à "D-rider" au début, mais il contient un passage puissant avec un riff space metal efficace. Cette chanson a des paroles métaphoriques vraiment brillantes, et la composition elle-même se construit à partir de progressions d'accords mineurs puissants mais simples. Enregistré à partir d'un concert live, elle commence avec un riff typique de Hawkwind, Lemmy serpentant l'une de ses célèbres lignes de basse autour des rythmes martelés de la guitare de Brock. Viennent ensuite les voix et les cordes harmonisées, les tambours faisant à peine sentir leur présence jusqu'au moment où la chanson explose dans la fureur de l'espace punk, s'adoucissant pour les lignes hypnotiques: "...Down, down, round and round you go...", et la détente dans la musique permet de ressentir cette sensation toujours plus profonde, tourbillonnante et tournante, disponible chez pratiquement aucun autre groupe dans l'Histoire de la musique Rock. Cela permet au groupe d'ouvrir la séquence d'improvisation plus Rock qu'après le récital des débuts. Un ensemble de Mellotrons a également été amené sur scène, et c'est l'une des plus belles chansons du groupe.

Cet album est un autre favoris des fans de Hawkwind et avec raison. Il est amélioré par les versions précédentes, mais c'était l'une des dernières fois que tout semblait fonctionner parfaitement pour Hawkwind.
"Hall of the Mountain Grill" se classe à la 16e place des Charts Britanniques et sera certifié disque d'argent (60 000 exemplaires vendus) en 1978. Aux États-Unis, il se classe à la 110e place du Billboard 200.


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Message par Cooltrane » mar. 21 mars 2023 11:07

alcat01 a écrit :
mar. 21 mars 2023 10:00
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Le type était dans la promo (même année, mais section spéciale, vu son handicap) de mon frère à Etobicoke High School et je l'avais vu jouer qqes fois avant la sortie de son premier disque

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Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par alcat01 » mar. 21 mars 2023 11:18

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'Ot 'n' Sweaty

Bien que Bogert & Appice aient déjà la réputation d'être l'un des tandems rythmiques les plus féroces, serrés, dynamiques et virtuoses de la planète (comme le démontre souvent ce set), la vérité est qu'ils n'ont jamais bénéficié de la percée commerciale que beaucoup de leurs pairs techniquement moins doués ont eu la chance d'avoir.
Mais en 1972/73, alors que cet album tournait sur nos tourne-disques, peu auraient pu prédire que ce serait la dernière fois que Cactus piquerait nos sens et notre imagination et aiderait à faire monter nos niveaux d'adrénaline à des sommets éblouissants ; je n'ai exploré que superficiellement leur apogée avec Day et McCarty, mais tout semblait rouler sur des roues bien huilées avec le nouveau line-up : Werner Fritzschings, un obscur mais compétent au niveau de centaines d'autres guitaristes à succès, Duane Hitchings qui n'a formalisé son inclusion dans le groupe qu'après avoir été invité aux claviers sur l'album précédent, et Peter French dont on a du mal à croire qu'il est le même gars qui a chanté sur "In Hearing Of...", tant les styles sont différents et tant il s'est adapté sans effort au mélange endiablé de Boogie, Texan Blues, straight-ahead Rock'n'Roll et Southern-Rock de son nouveau groupe.

De plus, cet album, enregistré en partie en live et en partie en studio, réunit le meilleur de deux mondes ; s'il comprend des jams de groupe, tricotés pour satisfaire l'appétit du public en live comme "Our Lil Rock-n-Roll Thing", il comprend aussi des morceaux écrits en commun, aussi puissants et immortels que "Bringing me Down", qui dénoncent une vision commune du groupe, et des démonstrations contagieuses d'interaction dynamique comme le live "Bad Mother Boogie", qui attestent du champ magnétique sympathique qui planait au-dessus des têtes et des âmes de ces gens ; French et Hitchings ont également apporté leur lot d'originaux, qui s'intègrent comme un gant dans les compétences du groupe, même s'ils ont un certain goût de coq, comme le vibrant "Bad Stuff".

Quel que soit l'angle sous lequel je le regarde, "Ot'n'Sweaty" est un chant du cygne honorable, ou peut-être devrais-je dire un rugissement, qui honore le groupe ; Cactus n'a jamais été une force créatrice révolutionnaire mais ils ont été les vecteurs de standards d'authenticité que beaucoup n'imaginent pas possible d'atteindre, même en rêve.
comusduke


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Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par alcat01 » mar. 21 mars 2023 13:59

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1973 Ham (Dream on Dreamer)
"Ham" de 1973 par Shocking Blues était la suite de l'excellent album "Attila" de décembre 1972. Après une longue maladie, le guitariste et compositeur Robbie Van Leeuwen était de nouveau prêt avec une boîte de nouvelles chansons et il avait l'idée de sortir un album inspiré de JJ Cale. Lorsque "Ham" fut terminé et prêt à être publié, Van Leeuwen n'était pas entièrement satisfait du résultat, et il avait peut-être l'impression que son écriture n'était pas tout à fait à la hauteur des albums précédents. Néanmoins, la société Dureco choisit de sortir l'album dans plusieurs pays européens en mai 73. Une semaine plus tard, l'album est retiré pour des raisons obscures.
Cela donne au groupe l'occasion d'ajouter et de remixer les chansons, qui dans certains cas peuvent sembler un peu fades sans le son clair et distinct de la plupart des précédents albums du groupe. Une réverbération supplémentaire a été ajoutée (un peu trop pour certains) et ces nouveaux mixages étaient destinés à une nouvelle sortie de "Ham". À l'exception de sorties au Japon et en France (toujours avec les mixages originaux) en octobre, "Ham" n'a cependant pas été réédité. Les enregistrements remixés constituent l'essentiel de l'album "Dream on Dreamer" de 1974. Seuls trois titres distinguent "Ham" de "Dream on Dreamer", qui a cependant un son nettement plus clair et ressemble davantage à un album classique de Shocking Blue.
Contrairement à "Dream on Dreamer", "Ham" contient l'excellent single "Oh Lord" et sa page B, le bluesy "Everything that's mine" ainsi que le sympathique "I saw you in June" inspiré par J.J. Cale, qui était une page B de "Let me carry your bag". Sur "Dream on Dreamer", ces trois chansons sont remplacées par les superbes "Diana in Her Dreams", "Save your love" et la paisible ballade au piano "Just a Song".
Outre "Oh Lord", le single "Time Slip Away", où la voix de Veres est différemment aérée et presque chuchotée, est un grand moment.
Sinon, l'album, comme toujours bien joué, et comme mentionné, un peu plus marqué par le blues que ce que l'on avait pu entendre auparavant du groupe.
Il est intéressant d'entendre les mixages originaux des chansons de "Dream on Dreamer". Seuls "Take your time", "A little bit of heaven" et "Now he has gone" ont conservé les mixages originaux de "Ham".
Rovers


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