Ecrits vains...

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Re: Ecrits vains...

Message par DaFrog » jeu. 27 août 2020 17:30

Excellent !

"J'dis pas qu'c'était pas le coup du siècle, j'dis juste qu'il était mal préparé !"

J’en ris encore :mdr2:
It’s too late to be hateful :ange:

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Re: Ecrits vains...

Message par DaFrog » jeu. 27 août 2020 17:50

A la manière de, donc ... pour le fun
Maladroit mais aisément reconnaissable :

Dans l'S, mes pas connaissent,
À une heure d'affluence, si loin de Mayence,
Samuel, dégingandé, vingt-cinq et une années,
Un peu suranné,
Le visage mou caché d’un chapeau similaire
Cordon coordonné, le tout enrubanné,
Son long cou trop long, cou précaire

La foule en sort, du bus
Certains sautent à l’élastique

A l’arrière, un gugusse
Distrait mastique
Ou s’astique,
Je ne sais
Dans quelle berline il ira
Lorsque la nuit tombera

Samuel s’agace et vitupère
Fils de brute, langue de vipère,
Tu gênes et tu bouscules
Comment veux-tu que l’on bascule, Ursule ?
Je vous déteste tous !
C’est ma place, dégage ventouse !

Cour de Rome, gare Saint-Lazare,
Certains arômes paraissent bizarres

Bouton, pression, illusion,
Pas question
Par dessus
Tout
Échancrure,
Luxure, ordure
Qui veut d’une telle vêture
Un jour je te parjurerai
Jusqu’au jour où je ne te pourrirai plus

🦋
It’s too late to be hateful :ange:

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Re: Ecrits vains...

Message par Unserious Sam » jeu. 27 août 2020 18:01

Ah oui ! :ghee: :ghee: Super ! Ça extrapole, c'est extra Paul ! :chapozzz: Merci pour cette contrib' :super: :super: J'adore le côté barré grave... Superbe ! :)
A partir d'un certain âge, si on vous donne 10 ans de moins, un conseil : prenez-les !.

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Re: Ecrits vains...

Message par DaFrog » jeu. 27 août 2020 18:24

Vous êtes bien urbain, M’sieur Sam :chapozzz:
It’s too late to be hateful :ange:

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Re: Ecrits vains...

Message par Unserious Sam » jeu. 27 août 2020 18:36

Merci pour ce compliment, quand on sait que l'habitat urbain se développe... :hehe:
A partir d'un certain âge, si on vous donne 10 ans de moins, un conseil : prenez-les !.

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Re: Ecrits vains...

Message par Unserious Sam » jeu. 27 août 2020 19:24

Un délire que j'avais envoyé à une de mes collègues de bureau. Je l'apprécie beaucoup. La collègue.

Ça vaut c'que ça vaut :hehe:



Ma très chère F..., nul n’est besoin de revenir sur les liens professionnels indéfectibles qui nous unissent, tissés dans les matériaux les plus nobles, issus d’un harmonieux mélange de confiance et de loyauté. Cela est dit, et nous n’y reviendrons pas. Ce qui me fait venir vers vous aujourd’hui relève d’un sujet qui me préoccupe, et dont je voudrais m’entretenir avec vous afin de dissiper le (sans doute) malentendu qui me ronge depuis le jour où j’ai été témoin de la scène vous impliquant et qui ne n’a pas manqué de me laisser pour le moins perplexe, pour ne pas dire désorienté.

Peut-être votre éclairage sur cette affaire me permettra de lever le lourd voile de doute qui m’enveloppe depuis lors, me laissant peu de répit dans ma réflexion et empesant mes actes quotidiens d’une maladresse inhabituelle qui n’est pas sans inquiéter mon entourage proche, il est vrai peu nombreux en quantité, mais auquel j’ai la faiblesse de tenir.

Il est à présent temps d’exposer de plain-pied le sujet de cette missive, sans plus de circonvolutions, mêmes si certains freins, exposés par les liens susmentionnés qui nous unissent, m’invitent à une retenue de bon aloi.

Mais fi de tout cela, je me lance. Après tout, l’amitié, fût-elle professionnelle, n’est-elle pas basée sur la confiance et la franchise ?

Alors voilà. Ce jour-là (par un frileux petit matin de janvier), je me rendais, insouciant et encore sans doute tout engourdi par les méchants filaments d'un sommeil encore tenace, sur notre lieu de travail commun, chargé d’Histoire et de traditions, cette Histoire qui pèse sur nos épaules et ces traditions qui tentent, malgré les progrès tonitruants, de nous dicter, certes avec bienveillance, mais avec une insistance têtue, notre conduite quotidienne.

Ce fut donc à l’occasion de ce petit matin frileux (sur le thermomètre, le mercure, recroquevillé, s’était déjà depuis quelques heures réfugié bien en dessous de la barre protectrice du zéro, pour entamer une hibernation à laquelle il faudrait bien s’habituer) que je vous vis, ma chère F... (ou plutôt, je vous aperçus), immobile devant l’un de ces potelets qui ornent depuis quelques années maintenant les trottoirs, autrement encombrés par ailleurs, de notre belle Capitale.

J’eus peine à vous reconnaître de premier abord, tant le contre-jour orchestré par la rue de Rivoli brouillait un peu ma vue, que l’on sait déficiente. Mais passé la surprise, j’accommodai et vous vis. Ce qui s’offrait à mes yeux ne fit bientôt aucun doute. C’était bien vous, là, baignée de cette lumière qui, réfléchie par l’auguste façade dentelée de l’Hôtel de Ville, était tout auréolée d’une aura bienveillante et sereine. Oui, je le répète, c’était bien vous, qui debout, comme tétanisée, vous teniez devant l’un de ces potelets destinés à empêcher les Parisiens de faire ce qu’ils ont envie, mais pas le droit, de faire.

Je vous surpris donc, livide et tremblante, figée devant l’une de ces sentinelles des trottoirs, tenant fourchette à la main et, fixant d'un regard noir que je ne vous connaissais pas encore, ce couvert à quatre dents, répétant à intervalles réguliers « Je leur dirai », d’un ton qui ne laissait subsister aucun doute sur la rancœur qui vous animait, même si son objet me reste à ce jour inconnu.

C’est là l’objet de ma démarche : pouvez-vous m’en dire plus sur ce qui vous a poussée à une telle extrémité, a adopter ce comportement pour le moins singulier ? Mon esprit chancelant, au bord de l’implosion face à tant de questionnements, s’interroge. Il attend donc une réponse. « Je leur dirai »… Quel mystère, quelles attentes empreignent donc ce propos ?

Très chère F..., éclairez-moi ! Tout semblant de réponse pouvant contribuer à m'apporter un début d'explication sera considéré comme bienvenu, même s'il ne parvenait pas à dissiper dans son intégralité le sombre nuage de doutes qui, depuis ces faits, tourmente mes pensées.

Avec tout le respect que je vous dois, et bien conscient du dérangement que ce message pourra vous occasionner, je vous prie, très chère F..., de recevoir l'expression de toute ma considération dubitative et circonspecte.

Votre obligé,

US
Modifié en dernier par Unserious Sam le jeu. 27 août 2020 19:32, modifié 2 fois.
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Re: Ecrits vains...

Message par nunu » jeu. 27 août 2020 19:26

DaFrog a écrit :
jeu. 27 août 2020 17:50
A la manière de, donc ... pour le fun
Maladroit mais aisément reconnaissable :


Un jour je te parjurerai
Jusqu’au jour où je ne te pourrirai plus

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Re: Ecrits vains...

Message par whereisbrian » jeu. 27 août 2020 19:27

:chapozzz:

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Re: Ecrits vains...

Message par dark pink » ven. 28 août 2020 17:02

D’abord, il faut prendre le bus. Ca fait un bail que je n’ai pas pris le bus. J’ai donné, hein ! A une époque, je l’ai pris plus qu’à mon tour. Et le métro aussi. Et le train. Les transports en commun n’ont aucun secret pour moi, ça c’est sûr. Je peux dire que j’en ai chié dans tous ces wagons. Le bus, c’est comme un wagon qui avance seul. C’est vraiment pas agréable de prendre le bus, j’ai pas envie.

Une des dernières fois où je l’ai pris, une femme du coin a été contrôlée par les leurs, c’est comme ça que les mômes du coin appellent les contrôleurs. Elle n’avait pas de ticket. Ils lui ont filé une amende. Elle n’a rien dit. C’était une de ces femmes qui sont nombreuses dans ma banlieue. Tout le poids du monde est sur leurs épaules et si on veut savoir ce qu’est la tristesse, on les regarde dans les yeux. Après, on ne l’oublie jamais. Aucun son n’est sorti de sa bouche alors que les leurs, ils étaient une dizaine, lui ont parlé un peu comme à un chien en la tutoyant. Elle leur a filé sa carte d’identité et est descendue à l’arrêt suivant. Je voulais lui donner un ticket et je n’ai pas eu le temps. Je l’ai regardée jusqu’à la perdre de vue quand le bus a redémarré. Elle n’a pas quitté l’arrêt. Elle a dû remonter dans le suivant.

Ah, du coup, j’y suis dans le bus. C’est pas si compliqué, en fait. Et un mec avec un chapeau mou y est avec moi. Et, eux, je peux pas les rater ! Un paquet d’écolos qui nous font la morale pour prendre les transports en commun, que c’est bien, que ça pollue pas, gna gna gna… Alors, les marioles, c’est agréable d’être dans le bus ? Bien fait pour vos gueules ! Vous en chiez ? J’en suis ravi ! Vous ferez moins les malins après ! Surtout que le mec au chapeau mou, il gueule comme un veau. Comme quoi on le bouscule. Sans déconner ? Tout le monde bouscule tout le monde dans le bus. Il faudrait des bus grands comme des trains et pas plus de gens pour qu’on soit à l’aise dedans. Là, vous pourriez engueuler les gens parce qu’ils ne prennent pas les transports en commun. Dans l’état actuel des choses, les écolos : Fermez-la ! D’ailleurs, c’est ce qu’ils font, ils la ferment parce qu’ils ont les chocottes.
Ils ont la trouille mais pas moi. Je suis pas comme eux. Pour moi, le bus, c’est pas une vue de l’esprit. Des années de pratique me permettent d’affirmer que ce mec n’est pas dangereux. Il est un peu paumé, c’est tout. Lui non plus n’est pas du coin. On a l’impression qu’il a un très long cou mais il est juste fringué bizarrement. Et son chapeau ! Au lieu d’avoir un ruban qui fait le tour, il a une natte. On dirait des vrais cheveux. Une vraie natte de femme. Elle devait être très belle avec ses nattes. J’imagine le bruit des ciseaux qui coupent une telle natte, une telle épaisseur de cheveux. Pour être intacte comme elle l’est, elle a été coupée d’un coup sur la tête même de celle qui la portait. Je sais qu’on ne souffre pas quand on vous coupe les cheveux, à moi aussi on me l’a fait, j’ai rien senti. Mais le bruit des ciseaux qui coupent beaucoup de cheveux à la fois m’a toujours fait peur. Elle devait avoir une autre tête après qu’on lui a coupée sa natte, la femme… Et l’autre natte, elle est où ? Je n’ai pas le temps d’inspecter le mec. Il change de place et se calme. Puis il descend. Je le regarde disparaître de mon champ de vision comme la femme contrôlée mais je ne vois pas de trace de l’autre natte. J’aurais dû descendre avec lui et lui demander. Je laisse les écolos dans le bus et ils ne descendront pas avant le terminus. Bien fait ! Restez là, les gars. Vous aurez encore le temps d’avoir la trouille. Il s’en passe des trucs sur le trajet d’un bus !

Maintenant, il faut aller Cour de Rome. Je passe par n’importe où, on s’en fout, tous les chemins y mènent, à Rome. Deux heures de trajet seul dans mon cigare. J’écoute du Led Zeppelin. Adapté, non ?

J’arrive pas a y être Cour de Rome… Pourtant, j’y suis passé des centaines de fois en sortant du train à la gare Saint Lazare. Il m’arrivait même de me gourer et de sortir Cour du Havre. J’allais au passage du Havre, ensuite, pour regarder les voitures miniatures et les trains HO.
Et puis cour de Rome, j’y passais avec mon grand-père pour aller rue de Rome, chez son luthier, pour acheter des cordes pour son violon. Des cordes en boyau, si possible. Il préférait ça aux cordes en métal. J’en ai encore un jeu, de ses cordes favorites. Bien rangées dans l’étui de son violon. J’en joue pas, c’est con. Mais je le garde. C’est ballot de garder un instrument pour ne pas le jouer. Mais je n’arriverai pas à le vendre ni même à le donner. Alors si je suis Cour de Rome, j’y suis plus de quarante ans en arrière. Putain de jet lag ! Tant pis, c’est comme ça.
Le pire, c’est que le mec au chapeau avec une natte est là aussi. Là, ce que je me dis, c’est qu’on va voir arriver un de ces types de la télé qui fait des sketches avec des caméras cachées. Si c’est quarante ans en arrière, ça va être Jean Paul Rouland avec son frère. Ou alors le canadien qui disait : « surprèze sur prèze » ou même Baffie… Mais personne n’intervient et je ne vois pas de caméra. Le mec au chapeau avec une natte dessus, j’espère qu’on n’a pas coupé les nattes d’une femme juste pour faire une décoration de chapeau, ce mec, donc, a un copain avec lui. Ils causent mode. Le mec au chapeau, il est peut-être chauve et jaloux des tifs des filles et il a mis une natte sur son galure pour se venger, ce mec, donc, acquiesce sans arrêt alors que l’autre lui dit qu’il faut qu’il rajoute un bouton à son pardessus. Si on n’est pas vraiment dans le passé, ce type emploie des mots d’autrefois. Il lui dit qu’il faut mettre un bouton au col en plus. Pour le froid et pour ne pas avoir l’air d’avoir un si long cou.

La journée est finie. Ouf ! C’était une sacrée journée mais il n’y avait pas de Jean Pierre Foucaud non plus. J’ai suivi les consignes de Queneau. Pour revenir au présent, c’est facile, je ferme les yeux un instant, mais pour rentrer chez moi, je vais prendre un taxi. Je ne veux plus de surprise ni de voyage dans temps et si je prenais le métro je serais foutu d’y rencontrer Zazie.

P.S. : Tous les écolos rentrent chez eux en métro ! Ca leur fera les pieds !

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Re: Ecrits vains...

Message par vox populi » sam. 29 août 2020 07:58

Qu’y a t’il entre la naissance et la mort?
Le paradis ..
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Re: Ecrits vains...

Message par vox populi » sam. 29 août 2020 08:11

DaFrog a écrit :
jeu. 27 août 2020 17:50
A la manière de, donc ... pour le fun
Maladroit mais aisément reconnaissable :

Dans l'S, mes pas connaissent,
À une heure d'affluence, si loin de Mayence,
Samuel, dégingandé, vingt-cinq et une années,
Un peu suranné,
Le visage mou caché d’un chapeau similaire
Cordon coordonné, le tout enrubanné,
Son long cou trop long, cou précaire

La foule en sort, du bus
Certains sautent à l’élastique

A l’arrière, un gugusse
Distrait mastique
Ou s’astique,
Je ne sais
Dans quelle berline il ira
Lorsque la nuit tombera

Samuel s’agace et vitupère
Fils de brute, langue de vipère,
Tu gênes et tu bouscules
Comment veux-tu que l’on bascule, Ursule ?
Je vous déteste tous !
C’est ma place, dégage ventouse !

Cour de Rome, gare Saint-Lazare,
Certains arômes paraissent bizarres

Bouton, pression, illusion,
Pas question
Par dessus
Tout
Échancrure,
Luxure, ordure
Qui veut d’une telle vêture
Un jour je te parjurerai
Jusqu’au jour où je ne te pourrirai plus

🦋

A la Bashung Je suppose?
Pas mal en effet :chapozzz:

Comme j'aime les textes de ce gars
Les disques de Bashung on ne les entends pas,
On les écoute.
C’est fou comme cet artiste sait (je ne veux pas parler de lui au passé) rendre cohérent à peu près tout : Des textes sans queue ni tête, comme le rêve du vétéran par exemple, deviennent poignants lorsqu’ils sont portés par sa voix.
Bashung ne fait pas que chanter, il surélève les mots qu’il dit, les rend plus beau qu’ils n’étaient avant lui.
Bashung c’est un maquilleur de phrase, une intonation de sa part s’est comme un trait de crayon sous les yeux qui fait ressortir la beauté d’un regard.

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Re: Ecrits vains...

Message par DaFrog » sam. 29 août 2020 08:30

Exact !

Un des rares dont les textes (Bergman et Fauque n’étant que des assistants, vu ses interventions/redécoupages) m’importent autant que la musique

Pour la peine, j’ai lancé sa Tournée des Grands Espaces

Tel Harvey Keitel 😎
It’s too late to be hateful :ange:

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Re: Ecrits vains...

Message par vox populi » sam. 29 août 2020 08:40

DaFrog a écrit :
sam. 29 août 2020 08:30
Exact !

Un des rares dont les textes (Bergman et Fauque n’étant que des assistants, vu ses interventions/redécoupages) m’importent autant que la musique

Pour la peine, j’ai lancé sa Tournée des Grands Espaces

Tel Harvey Keitel 😎
Oui, parfois je me dit que Bashung était plus un cinéaste qu'un musicien
Il construisait vraiment ses chansons comme on monte un film.
Avec les mots bien sûr mais aussi les musique
J'avais lu qu'à l'époque de fantaisie militaire il avait organisé des groupes de travail. Chacun travaillait sur l'arrangement de la même chanson avec des directives très différentes. Un groupe travaillait sur un arrangement expérimental, un autre sur un arrangement folk, un autre sur un arrangement rock et à la fin il écoutait le résultat, donnait la direction, mélangeait parfois des bouts de chaque versions et construisait ainsi sa chanson.
Je sais plus où j'avais lu ça, j'espère ne pas dire de conneries

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Re: Ecrits vains...

Message par Bastard » sam. 29 août 2020 19:22

Excellente initiative Unseroius Sam, je viens d'en prendre connaissance. Et je te remercie de m'avoir cité.
J'ai rien de "neuf" sous la main, je propose un peu de réchauffé, une connerie postée sur l'ancien forum. Comme aurait dit Rory Gallagher, "hope you'd like it".

REQUIEM POUR UN CON (01/11/2018)
Fait un temps à ne pas mettre un imperméable dehors. De la flotte, de la flotte, de la flotte, et des gouttes d’un litre. L’eau je l’aime bien dans le pastis, mais m’en prendre des hectolitres sur le tournant de la pomme non merci. Alors que faire ?
Picoler ? Non, ça j’ai déjà donné.
Une partie de jambons ? Ben pour ça faut être deux, et j’ai passé l’âge de faire éclater la cervelle à Charles Le Chauve en solo.
La télé ? On a multiplié les chaînes mais pas la qualité, loin s’en faut. Y’a que des programmes pour débiles profonds au QI de poule morte.
Un bouquin, un disque ? Mouais, d’habitude ça me branche mais là je suis pas d’humeur.
Casser du sucre sur le dos d’un pékin que je peux pas encadrer ? Tiens pourquoi pas…
Y’en a justement un auquel je pense. Comment dire, pour atteindre un tel degré de connerie faut s’entraîner, ou alors avoir pris feu étant jeune et avoir été éteint à coups de pelle. Vrai ce mec est un cas, si la bêtise pouvait se mesurer il servirait de mètre étalon, il serait à Sèvres.
Il possède le charisme d’un tas de gravillons, aussi expressif qu’une flaque de boue. La dernière fois qu’on l’a vu esquisser une grimace pouvant s’apparenter à un sourire c’est quand il s’est coincé une roubignole dans un étau. J’ai rien contre les chauves, mais avec son faciès de cave la casquette en peau de genou lui va comme un gant.
Je ne prétends pas pouvoir faire la une de Dandy ou Vogue mais lui on en voudrait même pas pour une pub de catalogue outillages.
Mauvais comme la teigne, le pouvoir de nuisance d’un contrôleur des Impôts, la mauvaise foi d’un homme politique, l’obséquiosité d’une langue râpeuse de la pire espèce…
Et pour terminer le portrait, question gaudriole ça doit être Waterloo morne plaine… mis à part peut-être s’envoyer des chaloupées sur le savoyard en matant la page culottes de La Redoute. Et j’imagine mal une mercenaire de l’amour lui faire une gâterie. De plus vu qu’il refoule un peu le renfermé faudrait qu’elle ait les narines musclées.
Bon j’avoue, c’est pas bien de se foutre de la gueule de ses contemporains, mais là franchement c’est un cas d’espèce, être con à ce point c’est pas humain, ça relève de la médecine.

Tiens il pleut plus, je vais sortir faire un tour, histoire de m’oxygéner les méninges et de mettre fin aux ultrasons que l’autre pignouf doit avoir dans les esgourdes.

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Re: Ecrits vains...

Message par Unserious Sam » dim. 30 août 2020 08:29

:hehe: :hehe: :hehe: :super:

Cette histoire de pluie me rappelle un vieux truc écrit pour mes collègues de la médiation de la Ville de Paris...

Cela faisait maintenant cinq jours qu'il pleuvait sans discontinuer. Jour et nuit, 24/24 : des hallebardes. "On va tous terminer en poissons" pensa Jake en quittant son bureau, engoncé dans son imper qu'il ne quittait plus. Dehors, une herse de flotte l'attendait. Les nuages, replets et gris sombre, gâtaient les rares passants : douche gratuite à volonté. Les trottoirs ruisselaient, malheur aux trous dans les semelles. Dans les rues, les véhicules au pas aspergeaient les bas de pantalons ou les jambes dénudées par les jupes ou robes plus ou moins courtes (car les dames ne cédaient pas devant le déluge, elles gardaient leur coquetterie, même avec leurs talons hauts transformés en aquariums). Tout le monde râlait sous les corolles des parapluies. Une horde grisaille se pressait à petits pas en quête d'un abri (chez-soi, porche, café...), la tête rentrée dans les épaules, suivant ce réflexe étrange de l'humain exposé à la pluie.

Jake croisait ou dépassait donc ce petit monde sinistré, victime d'un déluge qui semblait sans fin. Il se dirigeait sans joie particulière vers sa permanence du Médiateur de la Ville de Paris, qui lui rapportait à peu près 1,89 euro par mois, tous frais déduits. De quoi mettre du beurre dans les épinards, on en conviendra. Il poussa la porte du PAD 18, où l'attendait déjà une requérante (quel vilain mot !) affalée dans la salle d'attente, avec à ses pieds une flaque étale qui témoignait de son périple jusqu'à la rue de Suez. Pour un peu on aurait pu y voir des poissons y agoniser en frétillant (ou, avec encore plus d'imagination, un pêcheur en canotier assis sur un pliant, avec à ses pieds un litre de rouge dans la musette).

Après l'avoir salué d'une voix atone (politesse de circonstance), Jake invita son rendez-vous à entrer dans son bureau. La dame se décolla de son siège avec un bruit de ventouse, comme une moule qu'on décolle de son rocher, et pénétra en ahanant dans le petit bureau réservé à la médiation. Elle s'affala sur la chaise que Jake lui proposa, émettant au passage le son d'une otarie écrasant un poulpe (quelque chose comme "schplouarps"). De l'eau s'évacua de ses frusques bigarrées. Un spectacle charmant.

Jake s'installa à son tour sur son siège (non sans mal, cette humidité récalcitrante ayant fini de lui bousiller les genoux et les reins) et, en retenant un soupir de douleur, demanda à la baleine échouée, qui le contemplait d'un œil torve, ce qui l'amenait.

D'une voix rouillée et pleine de grumeaux, le bloc adipeux répondit à Jack : "Ça fait 5 jours que j'ai plus d'eau chez moi, et Parizabitat y veulent rien faire !"

Jake prit alors dix secondes d'une profonde inspiration et répondit : "VA T'LAVER DEHORS, LA BALEINE, ET NOUS FAIT PAS SUER LE BURNOUS, C'EST PAS L'EAU QUI MANQUE !!!!!!"
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Re: Ecrits vains...

Message par Bastard » dim. 30 août 2020 14:05

:hehe: :super:
En fouillant dans les tréfonds de mon pc j'ai retrouvé cette autre connerie, qui a certainement été posté sur l'ancien forum. Bon d'accord c'est bourré de clins d'oeil, autant d'hommages à tous ceux qui m'inspirent. A vous de les découvrir.
Hope you'd like it.

PETRONILLE (05/11/2018)
J’ai rencontré Pétronille l’été dernier au premier rang d’un concert organisé par l’association des filles-mères de Lamboézer. Et vu la performance des quatre guignols qui s’obstinaient lamentablement à vouloir reprendre du Chuck Berry valait mieux que ce soit gratos. Je vais pas me la jouer critique musical, moi qui ne réussit qu’à faire l’intro de Fumée Au-Dessus De La Flotte, et encore sur une seule corde, mais là c’était vraiment pitoyable.
Mais y’avait Pétronille, elle sentait la menthe. C’était une fille aux cheveux si blonds, si clairs, si transparents, que j’ai cru un instant rêver. Un sujet sur lequel j’aurais bien aimé m’étendre. Comme aurait dit un pote artificier « vaut mieux sauter là-dessus que sur une mine ! ». Le côté poète c’est pas son fort, sans doute pour cela qu’il dort souvent sur la béquille.
Elle n’attendait rien ni personne. Je m’approchais d’elle bien décidé à engager une diatribe passionnée sur l’art et la manière de massacrer Carol. A ce propos j’ai connu deux bouseux qui s’y étaient essayé accompagnés d’une vielle avec bien plus de succès, en première partie de Thiéfaine.
Un blaireau aviné essayait de lui coller la louche à l’endroit où le dos perd son nom. Impossible de laisser commettre pareil outrage, j’alpaguais le quidam :
- Vire illico ta pogne ou il va t’arriver du monde. Et t’auras pas assez de chaises pour les recevoir.
- Elle a de la poussière sur le valseur…
- Ben tu feras le ménage un autre jour. Si tu veux pas que ta daronne te ramasse par petits bouts façon puzzle t’as qu’une chose à faire, prendre ton cheval et quitter la ville.
La face de mi-carême ne s’est pas fait prier, il a pris ses cliques avant la distribution de claques. Et si il court aussi vite qu’il avait l’air con il doit être loin à l’heure qu’il est.
Pétronille me remercia d’un sourire à faire fondre ce qui reste du pôle Nord. Plutôt que de rester se faire vriller les tympans je lui proposais d’aller écluser un godet. Manœuvre d’approche classique. Oh je vois certains malfaisants (le monde en est rempli) s’imaginer que je vais lui estourbir les facultés à grands coups d’élixir houblonné et lui faire ensuite mon numéro de charme.
Sachez que même imbibé comme Bob (l’éponge) je reste un parfait gentleman. Malgré mes jeans et mes tee-shirts Motorhead je conserve un côté « vieille France » qui en a séduit plus d’une. Toujours classieux, le genre baron de l’Ecluse voyez ? En moins décrépit tout de même. Et sans le monocle, j’ai essayé une fois et ça riait jaune dans mon dos. Pétronille me fila le train jusqu’au zinc. Le barman avait un look pour le moins cocasse. Coiffé comme un dessous de bras, sweat shirt John Deere, regard en stéréo (un œil qui regarde le poisson frire et l’autre qui fait gaffe au chat), une nombrilite stade avancé (ben ouais c’est quand le nombril s’écarte inexorablement de la colonne vertébrale), des cannes de serin, des genoux de coucou, le genre rustique. Mais un pro, il nous a servi deux pintes en moins de temps qu’il n’en faut à un pet pour se répandre dans l’atmosphère. Pétronille, de sa jolie voix mélodieuse, a commencé à me rancarder sur le quoi t’est-ce du comment de sa présence à ce festival. J’ai pas tout capté, je m’étais noyé dans ses châsses. « Ils sont si transparents, qu'ils laissent voir votre âme, comme une fleur céleste au calice idéal, que l'on apercevrait à travers un cristal ». Ben quoi, on peut boire le coup, jaspiner l’argomuche et être sentimental non ?
J’ai donc appris qu’elle était venue rendre visite à sa grand-mère avant de s’en retourner auprès de son légitime et de ses mômes dans la verte Erin. D’aucuns après pareille révélation auraient prétexté un rendez-vous urgent chez l’opticien-ébéniste pour la rénovation de leur chiotte, mais comme je vous l’ai dit j’ai des principes. Dans rocker y’a aussi cœur (c’est un ancien marchand de chaussettes qui a dit ça).
On a causé comme ça comme deux vieux potes pendant des plombes. Sans oublier de nous humecter régulièrement les cordes vocales avec l’excellent breuvage que nous servait, toujours avec une célérité hors du commun, l’amateur de machines agricoles. Sur scène une folkeuse post soixante-huitarde balançait mollement ses complaintes d’une voix de pintade enrhumée. Le soleil déclinait lentement, la chaleur devenait plus supportable. Mais pas le comportement de quelques gamins pré-pubères beurrés comme des petits Lu. Certains, adoptant la posture du cafard flytoxé, balançaient de magnifiques peaux de renard. L’environnement devenant hostile je proposais à Pétronille :
- L’heure court et déjà le festival va fermer. Viens, oui viens je te raccompagne à travers la lande (on est en Bretagne…).
Le rose des bruyères, le jaune des genêts, les petits murs de pierres, et là-bas l’océan et ses mystères voilés. Pétronille et moi on s’est assis et on a maté sans un mot la grosse boule orange piquer une tête en mer d’Iroise.
Et voilà, travelling arrière, Didier Squiban et son piano en fond sonore, the end.
Alors c’est vrai que ça aurait pu finir de façon plus égrillarde, on aurait pu se carapater vers ma carrée, le feu au dargif. On aurait pu revoir les positions du Kama Sutra. Le Fusil sans Gâchette, le Parapluie Impérial, la Brouette de Zanzibar et en final la Tortue Thaïlandaise. Ben non, un gentleman j’vous dis. Pétronille fait partie de ces géraldines que t’as envie de respecter. Y’a quand même pas qu’du mauvais dans ces outils-là, y’a même des fois qu’on y voit comme des p’tits bouts de paradis.

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Re: Ecrits vains...

Message par Witchy » dim. 30 août 2020 15:02

Excellente idée de sujet. Je lirai tous vos textes quand j'en aurai le temps.

Pour ma part, il y a très longtemps de cela, j'adorais écrire des tout petits poèmes très cons. Dont ceux-là :

Amours révolutionnaires

Un jour peut-être
Mon prince viendra
Bercer ma tête
Entre ses bras

ou

Quel est le mot le plus long ?
Anticonstitutionnellement ?
Vous m'en direz tant
Certains répliquent
Que c'est élastique
Parce qu'il se tend.

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Re: Ecrits vains...

Message par Bastard » dim. 30 août 2020 15:16

Dans le style poème trash et très con:

Un jour que j'étais saoul
Je me suis assis dans l'herbe
J'ai senti que c'était mou
J'étais assis dans la merde...

ou alors

Joli mois de mai
Quand reviendras-tu
Faire pousser les feuilles
Pour torcher mon cul.

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Unserious Sam
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Re: Ecrits vains...

Message par Unserious Sam » dim. 30 août 2020 16:10

Béa et Bastard : :hehe: :hehe: :chapozzz: :chapozzz: :love1:

Encore un truc écrit pour mes collègues de bureau, façon San Antonio...

Ce matin-là, Béru entra en trombe dans mon bureau, sans frapper. Mauvais signe, me dis-je in petto (mais en français). Le Mastar avait la trogne des mauvais jours. Le bitos de travers et le morceau de tissu bariolé et adipeux qui lui servait de cravate itou, il était fripé de pied en cap. On aurait dit qu'il avait dormi dans une lessiveuse bloquée sur "essorage". Il était essoufflé comme un phoque qui aurait traversé l'Atlantique et suait comme un bloc de saindoux égaré au milieu du Sahara.

"Sana !" éructa-t-il (sa voix semblait émettre le bruit d'un sanibroyeur en fin de vie).

"Que t'arrive-t-il, Gros ?" lui répondis-je, légèrement inquiet et pressentant une remontée de bretelles bérézinesque.

"Qu'est-ce qu'y m'arrive ? Tu oses me d'mander c'qu'y m'arrive, après le traqu'nard dans lequel tu m'as plongé ? Tu manques pas d'air, malgré tout le respect auquel dont je te dois !" Il semblait vraiment furibard et sa voix, éaillée de trémolos aléatoires, sonnait cette fois-ci comme la corne de brume rouillée d'un cargo en détresse.

"Calme-toi, Gros", lui enjoins-je pour temporiser. "Et explique-moi calmement le pourquoi du comment !".

Le Mastar, toujours aussi fripé dans son costume couleur guenilles, reprit son souffle, retrouva un semblant de calme et, posant son protubérant séant sur le fauteuil faisant face à mon bureau (le faisant au passage grincer de douleur) entreprit de m'exposer ses doléances, après avoir, d'un revers de main négligent, chassé de son plastron fatigué à la blancheur douteuse les reliefs de son dernier repas, c'est-à-dire des miettes de thon, des bouts de jaune d’œuf, trois feuilles de mâche et un morceau de croûte de pizza racornie.

"Tu t'rappelles que tu m'as envoyé en permanence, hier, au PAD 18, pour le compte du médiateur ?"

"Si fait", minaudai-je façon grand siècle. "Et alors ?"

"Ben si tu m'aurais envoyé à Waterloo, ça s'rait pas été pire !"

"Comment ça ?" temporisai-je, pressentant que le Mastar avait dû faire face à un typhon force dix.

"Ah bah pardon, elle était choucarde la cliente !" répondit le Gravosse. "Cent-trente kilos au garrot ! 90-60-90, et l'autre jambe pareil ! Et une vraie furie avec ça ! Elle en voulait à la Terre entière, et surtout à son bailleur, la RIVP, because ça fait trois ans qu'ils doivent lui changer sa baignoire et qu'y n'font rien ! Remarque, je les comprends, vu le tonnage de la donzelle, qu'y r'semblerait à un cachalot si elle n'était pas aussi grosse, c'est pas une baignoire qui lui faut, c'est une piscine intérieure ! T'as déjà vu ça, toi, dans un logement sociaux, une piscine intérieure ?"

"Non" admis-je prudemment, sentant le Gros se radoucir peu à peu, et ne souhaitant pas le relancer sur quelque chose qui pourrait le faire illico repartir aux quetsches.

"En plus de cela, ce cachalot suait comme une gouttière percée, rapport au trajet en métro qu'elle avait dû faire sur la ligne 4 "Réaumur-Bamako" et à la chaleur de four surmené qui régnait dans l'bureau ! Elle s'agitait tellement en parlant qu'elle m'aspergeait comme ce genre de trucs qui arrosent les pelouses, les machins qui tournent en éternuant leurs Pshht-Pshhht, tu vois de quoi ce dont auquel j'veux causer ! A tel point que j'ai dû me planquer sous mon bureau pour éviter l'averse, because j'avais pas de pébroque à dispose !"

"En effet, ça a dû être terrible" compatis-je, en me retenant de pouffer. L'idée du Mastar planqué sous son bureau sous la menace d'une houri gaulée façon bibendum transformée en sprinkler me donnant en fait une terrible envie de rire. "Et comment s'est terminé l'entretien ?" demandai-je au Gros en réprimant un hoquet.

"Bah, elle a fini par partir, à bout d'invectives, elle s'était asséchée de la glotte ! Mais crois-moi, j'ai eu peur Sana ! Pour te dire : tu connais ma Berthe, quand elle est en colère, Fukushima, à côté, c'est une pichenette de gringalet anémique... Mais cette bonne femme, elle, tu lui mets le tsunami en face, non seulement elle résiste à la vague, mais elle la renvoie au large, la queue entre les jambes ! Non, j'te d'mande qu'une chose, Sana, et j'suis prêt à l'faire à genoux s'il le faut : me renvoie plus dans des permanences commack, c'est des pièges, tu sais jamais si t'en r'sors vivant ou façon rémoulade !"

"OK, Gros", lui répondis-je, tentant de finir de le calmer et également sensible à l'ouragan qu'il avait essuyé. "Sois tranquille, Béru. La prochaine fois, c'est Fabienne et Cécile qui s'y collent ! Tu les connais : volontaires, coriaces, pleines d'abnégation, sévères mais justes, le jugement altier... Elles ne refuseront pas, et iront même au garde-à-vous, je te le garantis ! On leur fournira juste un parapluie, au cas où..."
A partir d'un certain âge, si on vous donne 10 ans de moins, un conseil : prenez-les !.

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whereisbrian
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Re: Ecrits vains...

Message par whereisbrian » jeu. 3 sept. 2020 18:13

Ce texte date d'une dizaine année, période où j'étais audiopathe.
Donc quelques références seront forcément assez obscures.
Il s'agit typiquement d'un très grand délire (quoique bien ordonné).

Vous roulez depuis 2 heures ? Alors pensez à faire une pause.


Roger patientait dans la file, en face de la caisse numéro 2 du Fucking Screw Burger.
Depuis plus de 45 minutes.
Une publicité sur les produits lactés attira son attention.
Eat Milf !
Disait le message.

En arrivant, il avait hésité.
La caisse numéro 1 était animée par une jeune étudiante.
Roger appréciait les jeunes étudiantes.
Sur sa poitrine, particulièrement vaste, était mentionné « En formation ».
La caisse numéro 2, était tenue par un jeune homme qui louchait abominablement.
Et la caisse numéro 3, par le manager du Fucking Screw Burger.

C'était d'ailleurs marqué sur sa chemise bien repassée, CHIEF MANAGER FUCKING SCREW BURGER .

Les autres portaient de banals T Shirts à l'effigie du produit vedette de l'enseigne.
Par un curieux effet d'optique, un bouquet de frites jaune vif jaillissait de leurs torses,
sur un champ kandinskien de taches de couleur oblongues.

Roger en conclut que celui vêtu de la chemise dirigeait cet établissement.

Perplexe devant la foule, il s 'était souvenu d'une théorie qui laissait entendre que,
dans une bonne queue, c'étaient les files des côtés qui avançaient plus vite que les autres.
Mais comme il ne croyait vraiment pas à cette théorie, il était allé se placer dans la queue du milieu. Raté.
C'était la mauvaise queue.

Alors qu'il observait discrètement la croupe plantureuse de sa voisine de gauche,
l'employé l'apostropha, interrompant sa profonde rêverie fantasmatique.

-Monsieur ? Vous désirez ?
-Pas trop d'idées …
-Un Boogaloo Screw Sandalettes Burger ? En promotion cette semaine.

Il désigna à Roger une forme semblable à celle d'un sexe de cachalot échoué.

-Finalement, je voudrais un Screw Wrap, au poulet, avec de la bonne sauce Screw Curry.
des Screw Gloomy Potatoes, plus un Screw Shake Baby Shake A La Banane.
Et ajoutez 4 sachets de bonne sauce Screw Chili Solidaridad.
-Cette sauce est en sus.
-Et pour la boisson ?
-J'ignorais que cette sauce fusse en sus …
La boisson, eh bien un litre de gasoil, bien frappé.

L'employé tenta de fixer du regard son interlocuteur. En vain.
Son œil était orienté vers la droite, et l'autre vers le haut.
L'employé essaya de tout mettre dans le bon sens, mais n'y parvint pas.

Comment ont-ils pu embaucher un pareil empoté, songea Roger.
La photo sur son CV avait du être retouchée fortement ou bien il portait des lunettes
fumées lors de l'entretien. Ou alors un de ces stages d'insertion au rabais pour les pauvres des cités.
Pas possible autrement.

-Du gasoil ?
Ah et puis non, un Pschitt Citron.
-Un Pschitt ?
-Citron ?

L'employé strabique se tourna vers son voisin, le CHIEF MANAGER FUCKING SCREW BURGER

-Chef, pardon, Monsieur Fucking, le client là y veut un Pschitt.
-Ce n'est PAS FUCKING, c'est CHEF, Dagmar.
-Au fait, il y a prés de votre poubelle, un flyer de Oryfice Fugit, Dagmar, qui traîne,
du brutal metal, ALLEZ le ramasser, par Les Runes des Foins Sacrées !

L'employé se pencha vers la poubelle, du type à pédale, en appuyant simultanément sur la pédale.
Se faisant , il se prit le couvercle, qui se releva violemment , en plein visage.

Il se releva, titubant, avec la marque rouge de la poignée, incrustée visiblement sur son front.
On aurait du lire nibtsuD regruB weercS gnikcuF, soit à l'endroit Fucking Screw Burger Dustbin.
Cependant, comme l'employé était doté d'un front étroit, il y avait juste marqué gnikcuF.

-Il n'y a pas de Pschitt sur la carte, voyez-vous même,
soda, thé, café, eau pétulante, Banga Banga, Tang, Polcu, Bartousseul ?
-Un Tang alors.

Roger alla s'asseoir. Il choisit une table stratégique, de son point de vue.
Car, tout en dégustant son wrap,
Il avait à nouveau une vue panoptique et plus que satisfaisante sur la croupe de sa voisine de queue.
Il appréciait ordinairement ce type de vue, bien que des restes d'éducation rigoriste
semblaient parfois le tourmenter intimement en l'obligeant à mater de côté, la tête fortement en biais, donc tordue en un angle contre nature.

Il songea en mâchant qu'elle était foutrement bien dotée, de ce point de vue.
Il hésita à entamer la conversation en prétextant une panne inopinée de montre.
La fois dernière, il avait quand même tenté le coup.

-Bonjour Madame, j'ai une panne inopinée de ma montre, et pourriez-vous me donner l'heure ?

Il avait adroitement dévié le coup de genou, mais n'avait pu éviter le talon aiguille dans le tibia.
Depuis, il avait rayé de son vocabulaire le mot inopiné.

Hormis cet observatoire avantageux, la table était vraiment mal située.

Juste à côté, deux enfants se disputaient le Poisson Qui Fait Pouet fourni en cadeau avec un des menus Enfant, l'autre gamin ayant hérité (hasard des commandes) d'un jouet en kit à construire.

Une sorte de catapulte qui envoyait des arêtes de poisson en plastique jaune
vers un pélican le bec largement ouvert, perché sur une bitte d'amarrage rouge.

Le point délicat étant le clipsage du pélican sur la bitte, l'enfant, foncièrement malhabile,
préférait plutôt le Poisson Qui Fait Pouet, utilisable immédiatement.

Il suffisait d'appuyer de chaque côté de la tête (au niveau des branchies), assez fort, et le poisson faisait Pouet.
L'enfant ensuite riait aux éclats, heureux.

Roger, agacé, envisagea d'emblée de lui mettre une ou deux bonnes claques dans la gueule.
Puis, il se ravisa. C'était d'une part, assez cruel, et d'autre part la maman, sans doute en train
de jacasser avec une autre maman, pouvait revenir, et s'offusquer légitimement de ce traitement particulier.

Alors qu'il finissait son Tang, en tirant fortement sur sa paille, Roger aperçu deux hommes par la baie vitrée,
qui se dirigeaient vers l'entrée de l'établissement.
Un grand et un petit, en costumes sombres.

Pas eux ! Les frères Couscoussaupiquezzi ! Alfonso Couscoussaupiquezzi , le petit, était le plus teigneux. Il avait, lors d'une de ses crises de rage habituelles, énucléé un lapin angora avec une fourchette à huître.
Fernand Couscoussaupiquezzi , le grand était plus placide,
c'était même l'élément modérateur du duo, quoique assez cruel.
Il se contentait d'écraser fortement les petits pieds des enfants portant des sandalettes en caoutchouc (ou méduses).

Les cris de douleur des jeunes victimes le ravissaient toujours. Alors il recommençait.

Roger s'attendait au pire. Dans une vie antérieure, il vendait de l'électronique chez Boxson.
Les frères Coucoussaupiquezzi , amateurs de musette, l'avaient sollicité, un soir de septembre
afin qu'il les équipe de matériel apte à reproduire correctement les intonations et les flonflons
de leur style préféré. Roger, abusant de leur crédulité, leur avait vendu un ensemble clinquant
pour plusieurs milliers d'euros, les assurant que c'était le top.
Il s'entendait encore dire,

-C'est des vrais watts !

Les frères Couscoussaupiquezzi  étaient sortis ravis.
Jusqu'à l'instant fatal, où ils placèrent un disque d'Aimable & Son Orchestre sur le tourne-disque. C'était ignoble. Dénaturé.
Ils avaient été totalement bernés.

Roger arma le fusil à canon scié Remington qu'il dissimulait sous son imperméable.
Si un de ces crétins s'avisait de lui chercher des noises, il tirerait dans le tas le premier.
D'abord Alfonso, le plus dangereux. Il lui fallait le sécher net, sous peine de représailles terribles.

-Maman, maman, où est ma maman ? Le monsieur il a un gros pi'tolet !

S'écria rieur un des enfants proches.

-Ta gueule pti con.

Répliqua Roger.

-Salut Roger.

Dit Alfonso, en s'asseyant en face de lui. Fernando, lui, resta debout un mètre en retrait.
-Tu te souviens de moi ?
-Pas trop.
-Si, si, moi oui l'amplificateur Chebalewaphase, des vrais watts, superbe, un son vintage …
hein Fernando peut en témoigner, c'est tes paroles, Roger,
et les câbles, qui fallait mettre dans le sens de la flèche, sinon le son partait
dans l'autre sens, à l'envers quoi.
Et les plats à tajine encastrés dans les cuisinières ?
Des ToUtBaVsSs, To Obviously Ugly To Be A Vicious Speaker System Sucker.
-Je n'ai strictement RIEN à voir avec cette histoire sordide.
-Et l'astrologue ! Une heure, facturée 1500 francs. Sri Auranpoudachadbarlababatafong.
qu'il s'était présenté, le mage.
-Il bien fallait accorder les chakras de la pièce d'écoute avec vos signes telluriques,
et restaurer l'énergie karmique.
-KRAMIQUE ? Je ne reconnaissais plus mes albums de Yvette.
-Yvette ?
-Ne fais pas l'innocent, Roger, YVETTE HORNY !
-Horner ? Cela ne vaut pas Spinoza. Excellent footballeur.
-Spinoza ? Footballeur ? Tu es FINI Roger, rends nous notre fric.
-Spinoza n'est pas footballeur ? Pourtant avec un nom pareil …
-Et la courbe !

Insista Alfonso.

Quelle courbe ?

Répliqua Roger.

-La courbe de réponse du système, remise lors de l'achat.
Qu'on a encadrée. Tellement qu'on était fier.
Mais Porfiria, notre brave bonne refusa de faire le ménage ensuite,
La courbe lui faisait peur, œuv'e du diab' qu'elle disait.

L'index de Roger se crispa sur la détente. Des années de vente de hifi l'avaient muni (Paul)
d'un sang-froid de cobra. Il alliait la souplesse des suspensions de la Dauphine, au côté vicieux
de l'hypothèque au Monopoly.

Il était prêt. Au premier geste d'Alfonso, il le transformerait en terrine pour chat stérilisé.
Depuis qu'il avait quitté l'univers impitoyable de la vente de hifi, Roger circulait armé.
Trop de rancoeurs et d'inimitiés accumulées. Outre le Remington, il glissait en permanence dans sa botte un poignard de lancé, équilibré comme une balance Roberval, ainsi qu'un bout de câble OFC
d'environ 50 centimètres, spécialement fondu en Europe de l'Est.

Il était également un expert redouté en crabemarga, discipline ésotérique originaire de Bornéo.
Un camionneur bulgare ivre de 120 kilos en avait récemment fait les frais.
Roger, alors qu'il patientait pour acheter un litre de lait fermier au marché du mercredi, s'était fait grossièrement griller son tour par le conducteur indélicat.

Le Bogomile avait été retrouvé aux urgences, bafouillant des mots inarticulés, avec une oreille déchirée et pendante, qui lui donnait un faux air de peintre hollandais en goguette.

Fernando tendit à Roger un papier imprimé.

-Tu reconnais ceci, Roger ?
-Non.
-Regarde bien, Roger.
C'est une facture. Voyons voir, Numéro 666. Un ensemble Chebalewaphase.
On veut pas d'histoires, Roger. C'est rempli de petits enfants ici.
Tu ne souhaite pas décimer des innocents par inadvertance ?
Ton Remington a un angle de dispersion de 120 degrés, donc forcément
tu vas pulvériser alentour, sans détailler.
-Je n'ai rien à perdre, Fernando. Mon ancien métier m'a éloigné de la morale.
traditionnelle. J'ai exercé différentes occupations. Tondeur pour chien.
Webmaster d'un site pornographique, et finalement vendeur de hifi.

Alfonso intervint.

-Quel site ?
-Zoophilox On Line. Facilité par ma connaissance profonde de la tonte.
Je prétextais un coupe un peu ardue pour détourner les bergers allemands, Alfonso.
-Tu TONDAIS des bergers allemands ?
-Je traçais des bandes parallèles avec la tondeuse, genre R8 Gordini,
sur leur pelage fourni. Tu saisis, Alfonso, vendre de la Hifi ensuite
fut une simple peccadille.

Le système de sonorisation forain du restaurant crachota soudain . Crr Crr.

Sunday morning, praise the dawning
It's just a restless feeling by my side
Early dawning, Sunday morning
It's just the wasted years so close behind
Watch out, the world's behind you
There's always someone around you who will call
It's nothing at all

Fernando Couscoussaupiquezzi devint songeur.
Une larme furtive coula sur sa joue.

-Tu te souviens, Alfonso, Maman nous chantait cet air pour nous endormir !
-Et comment Fernando, et comment …
-Pendant que Papa mangeait des champignons. Que de souvenirs !
-C'est le Velvet Underground, featuring Nico, Fernando.
-Booouh ! Nico ? Mais j'ai arrêté de fumer, Roger
-JAMAIS Papa n'aurait osé.
-Et pourtant, Fernando, et pourtant. Cette ritournelle douce amère
a bercé votre prime jeunesse.

Alfonso se reprit.
-Velvet ou pas, tu nous as refait Roger. LE FRIC ! Il est temps de passer à la cuenta .
-La cuenta ? Encore cette daube de salsa portoricaine à la graisse de tacos recuite.
-LA CUENTA, Roger, l'addition. The bill. The BUFFALO bill.

Fernando ajouta :
-On a pris nos précautions, Roger. On a soudoyé Yeux-Qui-Divergent.
Ton Screw Baby Shake est coupé à 50% avec du peyotl frais de la Sierra Madre,
dans cinq minutes tu te prendras pour un tableau de bord de SR71 Blackbird.
Roger intervint..
-Vous êtes de vraies tanches. J'ai versé le contenu du Screw Baby Skake dans le gobelet de mon petit voisin, celui avec le Poisson Qui Fait PoueT.
-C'est un petit enfant innocent, Monstre Immonde.
S'écria Fernando.

-Vous connaissez l'effet de cette substance. Elle provoque une transe meurtrière.
Ce bambin va vous faire la peau. Tenez, je vais tester sa férocité,
quel est ton nom, petit ?
-Bambi, M'sieur.
Kroooooooinnnk .
Cet enfant déclare se nommer Bambi, ce qui est erroné,
car Bambi est un faon.
Alfonso ricana.
-Ce n'est pas parce que cet enfant prétend s'appeler Bambim'sieurKroooooooinnnk
qu'il va se transformer en ninja impitoyable.
-Un enfant drogué est capable de tout, Alfonso.
proie de désirs pervers, et de pulsions inavouables.
-D'où tu sais ce que tu dis ?
Coupa Alfonso.
-J'ai étudié la perversion en détail. J'ai été amateur de rock progressif, ne l'oubliez pas.
Sinon, vous faisiez quoi avant ?
-On s'est lancé dans le garagisme.
On tenait une concession Asma
« Asma, la voiture pour ceux qui ne peuvent pas en avoir de voiture »,
si tu te souviens de la pub. On en a vendu plein, des Asma,
malgré ses quelques défauts de conception.
-Des défauts ?
-Freinaient mal, voire pas. Eclatements des pneus. Pétage de durites. Des broutilles.
-Et ensuite ?
-Vigiles chez Mahmoud Super Merquette
Suite à un incident mineur on nous a viré.
-Un incident ?
-On a chopé un type qui marchait avec des béquilles. Il était passé à la caisse,
avec ses béquilles. On a pensé qu'il se tirait sans PAYER ses béquilles.
Grivèlerie classique. La routine.
On l'a roulé à coup de pompe. Sauf, que Mahmoud ne vendait PAS
de béquilles. On s'est quand même excusé.

Kroooooooinnnk !

-Regardez, l'enfant mute. C'est le peyotl. Il va d'abord voir des lumières colorées.
Ensuite, un raton-laveur géant va lui réciter le Nouveau Testament à l'envers.
Puis, je pourrais commander à son esprit brouillé des actes meurtriers ou barbares,
au choix. Par exemple, BAMBI !
Grooooooarrr ?
PoueT !
Bambi, mords Fernando !

Fernando recula.
-Cette histoire entre nous est stupide ! Retiens ce garçonnet, Roger.
Roger se leva.
-Ecoutez, on peut s'entendre. Bambi couché !
Avec votre expérience professionnelle, on se lance,
Que diriez-vous de Couscoussaupiquezzi Brothers Vintage Electronics
Claquant comme enseigne hein ?

Une dame arriva.
-Dîtes, qu'est-ce qu'il a mon fiiiiiiiiils ?
Roger expliqua.
-Il me paraît perturbé.
-Mon Martin !
Alfonso se gratta la tête.
-Ce n'est pas Bambi ?
Roger reprit.
-Martin, Bambi, Maurice. Peu importe. Et mon offre d'association ?
Fernando s'énerva.
-C'est ridicule. Couscoussaupiquezzi Brothers Vintage Electronics ?
-PoueT !
-Mon fils fait PoueT, Monsieur.

Alfonso soupira, nostalgique.
-PoueT, tous les enfants le font, à un moment ou un autre, après, devenus grands,
ils ne le font plus. Terminé les PoueTs. Profitez-en Madame …
Le temps des PoueTs passe si vite.

Roger s'exprima alors.
-C'est beau, le temps des PoueTs passe si vite.
J'ai déjà en tête notre future accroche marketing :
Spécialistes du vintage vraiment ancien,
Alfonso et Fernando Couscoussaupiquezzi,
sont à votre service et vous proposent ce qu'il y a de meilleur,
des appareils d'exception qui vous plongeront dans la joie,
telles des patates crues dans la friture.
T-rop long.
- Couscoussaupiquezzi & Son Auditorium Mondial ?
...
-Couscous Haute Fidelité ?
-Trop typé.

PoueT !

-Calme toi, Martin, ce gentil poisson en peluche ne t'a rien fait,
-Dîtes Madame, votre fils le mange, c'est mauvais, rempli de phtalates,
de plomb et dieu sait quelles autres saloperies chimiques, et il ne fera bientôt plus
PoueT à ce rythme d'ingestion.

-Je ne comprends pas, il est timide et réservé d'habitude,
je me suis absentée quelques secondes, pour discuter chiffons,
je reviens, et il est vraiment bizarre
à dévorer sa peluche, et

Alfonso s'énerva.

-Bon, Madame, on parle affaires là, entre hommes, et votre fils on s'en tape qu'il déraille
à pleins tubes, on est en plein brainsmorting, c'est du sérieux.
Fernando coupa Alfonso.
-Je te trouve acariatre et blessant Alfonso, tu ne saisis pas toute
la détresse de cette femme
Roger renchérit sur Fernando.
-Je pense même qu'en te comportant ainsi, tu te conduis, presque, en gros con.
Alfonso blémit.
-Répète ce que tu viens de me dire Roger …
Fernando ajouta.
-Il a dit presque, donc tu n'es pas tout à fait un gros con, tu es sur la voie seulement.
-La Voie du Gros Con. Cela sonne comme une sentence zen, Alfonso.
Enonça Roger.
-Et toujours pas de nom. Je propose L'Auditorium Sacré.
-Pourquoi sacré ?
Intervint Alfonso.
-Tous les articles en vente seraient bénis par un ministre du culte confirmé.
Voire exorcisés s'il le faut. On pulvériserait de l'encens a giorno.
On diffuserait des chants Gregory. La classe, quoi.
Souligna Fernando.

-Les acheteurs viendraient en pénitence, expiant leurs errements passés.
Ils baisseraient la tête en écoutant, se pénétrant de la solennité des lieux.
-Pourquoi ne pas proposer en extra une bonne flagellation des familles,
avant l'acte d'achat, tout en écoutant du rock progressif ou du free jazz ?
Proposa Alfonso.

-La pulvérisation, c'est pas plutôt à gogo ?
Coupa Julien.
-Qui est Julien ?
-PoueT ?
S'écrièrent Roger, Alfonso, Fernando, Martin, et la mère de famille .
-Julien, c'est un prénom qui s'accorde avec le verbe couper conjugué au passé simple.
Vous voyez le plan ? Julien coupa. De Tarnac.
Précisa le narrateur.
-Non, on ne voit pas.
PoueT !
Protestèrent les personnages.
C'est aussi un excellent moyen pour en terminer avec ce texte.
Créer une interaction fortuite . C'est la magie et le pouvoir de la création.
-Bientôt tu vas nous raconter que tu peux faire chanter le bel canto
à un chat.
Ajouta Fernando.
Parfaitement.
O Sole Miooooooooooooooooooouuuuuuuuuuuuu. Frrrr .

Grrrrrrrrrrrrrinnnnnnnnnnnnnnnng !
Roger sortit son portable.
-Al-lo ?
Vous êtes ?
Ah Lanciafulvia !
Sous l'évier ?
Pourquoi sous l'évier ? Ah pardon, DANS l'évier.
Avec le plombier ? Dans le plombier ?
Il règle le rumble de l'eau chaude ?
Et il fait des mesures. Avec la clef à pipe ?
J'arrive !

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