1969/1970 le feuilleton

Pour y papoter, parler de ce que vous écoutez en ce moment, délirer, s'amuser...
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dark pink
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1969/1970 le feuilleton

Message par dark pink » lun. 8 févr. 2021 16:29

Je vous propose un petit feuilleton en 10 épisodes à propos de l'année scolaire 69/70 qui chevauche les sixties et les seventies.
C'est la suite des 6ème et 5ème dans le sujet: "Les années 60 en immersion".
Vous avez la "bande son" dans le titre du chapitre ;) et il suffit de cliquer sur le lien caché pour l'écouter.

1/10 – La ballade des pendus – Serge Reggiani.
Encore des changements ! J’en ai plus que marre. Je sais que je suis certainement le seul dans ce cas et je devrais être habitué, depuis le temps… Mais c’est plus fort que moi. Ils nous ont changé notre classe. Déjà, quelques-unes et quelques-uns sont partis. On ne saura jamais où, on ne les verra plus de toute notre vie et on doit faire avec. Je me demande ce qu’ils sont devenus. Si le jour de la rentrée, ils pensent à nous, à moi, comme je pense à eux ? Certainement pas, parmi ceux qui sont restés, il y en a qui les ont déjà oubliées ou oubliés et quand je cite les absentes et les absents, ils mettent un bon moment à se souvenir, parfois les noms ou les prénoms leur échappent.

Si je suis aussi énervé, c’est que je m’en veux à moi aussi. Je regrette celles et ceux que je ne verrai plus mais je me suis tout de suite habitué aux nouvelles et aux nouveaux. J’ai l’impression que je trahis les anciens en m’adaptant aussi vite aux nouvelles têtes.

Il y a d’abord ce blond aux cheveux mi longs qui aime le théâtre et la musique. Il veut jouer la comédie sur scène comme moi et nous nous marrons aux mêmes blagues. Il vient de province et nous sommes devenus amis en un quart d’heure. L’autre mec, tout aussi blond et provincial, possède vraiment une guitare ! Il sait en jouer ! Il veut bien m’apprendre ! Nous avons mis quelques minutes à nous entendre.
Avec ces deux mecs, c’est déjà la veille de Noël. Mais alors avec les nouvelles filles, c’est Noël, les étrennes, mon anniversaire, Pâques et la petite souris !
Je ne sais même pas par laquelle commencer. Va pour l’ordre alphabétique.

Marjolaine.
Elle a deux ans de retard. Je me demande bien pourquoi, tant elle semble en avance sur tout. Elle aussi vient d’ailleurs, mais alors vraiment d’ailleurs. Personne ne sait d’où et pour une fois, je serais prêt à faire un long voyage pour visiter ce pays. Elle veut être mannequin et actrice et je suis étonné qu’elle ne le soit pas déjà.
La prof de français nous a demandé de choisir le poème qu’on veut pour le réciter devant la classe. J’ai choisi une blague pour amuser la galerie, une petite poésie de Francis Blanche sur le Père Noël. J’aurais pu faire une prestation honnête mais je ne l’ai pas bien récitée car je ne l’ai pas bien apprise et j’ai eu un peu le trac, bêtement. D’autres ont pris des trucs qu’ils connaissaient déjà pour éviter le boulot.

Marjolaine nous a récité en entier La Ballade des pendus de François Villon.

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Elle y a mis tant de ferveur que j’ai eu l’impression de tout comprendre à ce long texte en ancien français. On savait qu’elle ne l’avait pas écrit mais on aurait pu l’en croire capable tant les mots semblaient lui appartenir. Quand je l’ai relu, à part la rengaine de fin de strophe, j’ai eu l’impression que ce n’était pas la même œuvre. J’avais pigé quand c’était elle qui le disait et je ne comprenais plus grand-chose en le lisant. Quand elle a eu fini, elle était visiblement fatiguée, elle était encore plus belle. J’étais gêné, les yeux humides, j’étais amoureux d’elle. Mais je n’étais pas le seul, tous les garçons, mais aussi toutes les filles, la prof… « Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre ! » Même les oiseaux s’étaient tus dans les arbres de la cour de récré pour l’écouter. Si.
Après le silence inhabituel qui a suivi sa prestation, la prof lui a demandé pourquoi elle avait choisi ce texte et elle a répondu qu’elle apprenait souvent par cœur ce qui lui plaisait dans ses lectures. Elle a enchaîné sur quelques passages de livres où elle a mêlé prose et vers. Elle faisait ça naturellement, prenant tour à tour des expressions du visage et des postures adaptées à ce qu’elle récitait en ponctuant chaque fin par un petit sourire gêné. J’étais ébloui.
Pour ce que nous appelons tous « la Pop », la musique qui nous excite comme des puces, elle en connaît bien plus que les frimeurs de troisième. Elle les laisse parler et rectifie ensuite leurs erreurs sans leur faire sentir leur manque de modestie.
- Ouais, vous êtes encore en quatrième, vous connaissez que les Beatles et les Stones. Mais pour eux c’est fini. Moi, il y a longtemps que j’ai laissé tout ça tomber. Je préfère les groupes américains comme les Kinks !
Marjolaine lui répond calmement :
- Oui, les Kinks, c’est vachement bien. Ils ont des bonnes chansons. Mon frère m’a dit qu’ils étaient de Londres donc ils doivent être anglais eux aussi.
Elle est très copine avec Sandrine qui adopte la même attitude face aux coqs de basse-cour.

Sandrine.
Elle ne vient pas de loin. Elle est issue de la fusion des classes C1 et C2 que l’administration du collège a trouvé malin de pratiquer. Dans le cas de Sandrine, pour une fois, je suis d’accord avec eux. Et quand je dis qu’elle ne vient pas de loin, c’est vrai, elle habite à cinquante mètres de chez moi. Je connais bien un de ses frères aînés, j’ai fumé en cachette des Gauloises Disque Bleu sans filtre et bouffé ensuite des bonbons de Vichy, pour pas que nos parents sentent l’odeur du tabac, avec lui et d’autres mecs du quartier.

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Elle rit très souvent d’un rire gracieux et aime les blagues. Un type veut l’impressionner en lui parlant d’une guitare bizarre qu’il a vue dans un groupe :
- Moi, je vais dans les concerts, je connais vachement bien la Pop, j’ai des places gratuites, je t’en filerai, un jour. Une fois, le chanteur avait une grosse guitare, t’en n’as jamais vue une comme ça, je suis sûr. Elle avait que quatre grosses cordes, elle faisait un bruit terrible, il en jouait qu’avec ses doigts. Tout le monde était étonné !
Sandrine répond avec un sourire narquois :
- Si ton chanteur jouait avec ses doigts d’une guitare à quatre cordes qui faisait beaucoup de bruit, sa guitare, ça devait être une basse. C’est pas très étonnant, il y en a une dans tous les groupes Pop. Paul McCartney chante et joue de la basse en même temps.

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Quand on écrit sur les pochettes de 45 tours pour s’amuser à la fin des boums, elle n’écrit pas des conneries comme la plupart, elle cite des gens qui en ont dans le cigare. Einstein : « Un préjugé est plus difficile à briser qu’un atome ». Ca fait fuir les casse pieds sans avoir à s’engueuler avec.

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J’ai d’abord pensé que des filles aussi chouettes et aussi jolies ne prêteraient aucune attention à un mec comme moi. A mon grand étonnement, elles n’hésitent pas à me parler. Elles veulent former un club théâtre où seuls les gens de notre classe seraient admis et je dois être le premier à qui elles ont demandé d’en faire partie. Je suis scié. La majorité de la classe a décidé de faire des bises en guise de bonjour. Elles viennent spontanément m’embrasser au début de la journée. Elles me demandent mon avis sur les nouveaux disques.

Marjolaine accepte volontiers que je vienne chez elle quand l’occasion se présente. Sandrine prend le même chemin que moi pour aller au collège. Quand je suis devant elle, elle m’appelle pour que je l’attende et elle court pour me rejoindre. Si c’est l’inverse, elle m’attend avec le sourire.

Je sais qu’il ne sera jamais question que je sois le petit ami de l’une ou l’autre, elles disent préférer les mecs plus vieux, mais je prends comme une chance inespérée de pouvoir les côtoyer de si près et aussi souvent. Je rêve d’être le copain d’une des deux mais il y a un hic, même dans mes rêves : je suis incapable de choisir entre les deux.

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Modifié en dernier par dark pink le ven. 13 mai 2022 20:46, modifié 2 fois.

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Re: 1969/1970 le feuilleton

Message par Danzik » lun. 8 févr. 2021 19:12

Très chouette idée ! :super:
Le Grand Bazar Vinylique : pleins de 45 tours EP & SP avec de vrais morceaux de vinyles dedans !
Citation : "Elle est pas électrique ta guitare... c'est une vieille, elle est encore à vapeur" Dupont et Pondu (1964)

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Re: 1969/1970 le feuilleton

Message par vox populi » lun. 8 févr. 2021 19:18

Très jolie début.
Bravo tu écris très bien :super:

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Re: 1969/1970 le feuilleton

Message par Fantomas » lun. 8 févr. 2021 20:03

J'aime Reggiani, il avait du style et de l'élégance,
Modifié en dernier par Fantomas le mar. 9 févr. 2021 08:04, modifié 1 fois.

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Re: 1969/1970 le feuilleton

Message par boosty » lun. 8 févr. 2021 21:49

il y a du Hard-Rock aussi !
le dos du 2eme 45T correspond au 45T de Deep Purple : Black Night / Speed King :hurt3:

https://www.discogs.com/fr/Deep-Purple- ... e/11970746

:super:

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Re: 1969/1970 le feuilleton

Message par Danzik » mar. 9 févr. 2021 07:45

Fabuleux ce 45 tours de Deep Purple ! :chapozzz:
Le Grand Bazar Vinylique : pleins de 45 tours EP & SP avec de vrais morceaux de vinyles dedans !
Citation : "Elle est pas électrique ta guitare... c'est une vieille, elle est encore à vapeur" Dupont et Pondu (1964)

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Re: 1969/1970 le feuilleton

Message par dark pink » mar. 9 févr. 2021 10:22

Merci m'sieur dames !

Reconnaître un disque de 70 grâce au dos de la pochette, il n'y a qu'ici que ça arrive :)

Je vais mettre l'épisode 2 en ligne bientôt, j'en mettrai un par jour. Ad taleur !

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Re: 1969/1970 le feuilleton

Message par dark pink » mar. 9 févr. 2021 10:36

2/10 – Le passager de la pluie – Nicole Croisille.
Je n’abandonne pas mes rêves de fiancées, comme disent les petits, mais certains évènements me confortent dans l’idée que ça n’arrivera jamais.
Elles sont allées voir un film ensemble : Le passager de la pluie. Charles Bronson en est l’acteur principal. Quand elles parlent de lui, elles montent immédiatement dans les aigus comme elles ne le font jamais pour aucune autre raison et pourtant elles sont démonstratives pour la musique.
- Il est beau !
- Oh oui, il est beau !
- Et quand il… (elles se chuchotent des trucs à l’oreille les yeux brillants) …il est beau !
- Ca, il est beau !
Les autres filles se promettent toutes d’aller voir le film.

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Et je déprime. Que peut faire un zozo comme moi pour rivaliser avec un mâle alpha comme Charles Bronson ? Je ne vois pas quoi ? Ce mec est vieux, il a une moustache. Je ne me regarde jamais dans la glace mais je l’ai fait pour voir ce qui pousse sous mon nez. Je ne recommencerai pas de sitôt. J’ai un léger duvet qui me donne l’air d’être sale à cet endroit quand on ne me voit pas de près. Cette vision écœurante s’ajoute à celle des photos que j’ai faites pour obtenir une carte d’identité sur lesquelles j’ai l’air d’un jeune… mais vieux, avec mes cheveux courts coiffés à la va-vite par le photographe et le fait que c’était tôt le matin et que j’avais mal dormi. Je dois me rendre à l’évidence : j’oscille entre le très laid et l’hideux. Je pense qu’il serait même contre nature d’accoupler un affreux comme moi avec des filles aussi délicieuses. Sans compter l’acné qui parfois me joue des tours. Sandrine aussi a quelques boutons, mais ça ne l’enlaidit pas un seul instant. Il est possible que Marjolaine en ait eu, mais ce n’est même pas sûr, et de toute façon, elle a passé l’âge.

Le comble, c’est qu’en cherchant des informations sur le film qui les excite tant, je suis tombé sur des photos où on voit les deux actrices principales, Marlène Jobert et Annie Cordy et j’ai trouvé Annie Cordy plus jolie que Marlène Jobert.

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Je trouve une chanteuse pour les vieux et les mômes plus belle qu’une actrice à la mode ! J’ai mis un temps fou à l’avouer aux filles mais elles ne m’ont pas banni de leurs amis pour autant, ça les a même intéressées. Ce sont les garçons qui m’ont emmerdé en me demandant de temps à autre :
- Tu viens de prendre l’escalier là ?
- Oui.
- « Dis, t’as vu monter Carlo ? »

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J’ai bien compris une chose fondamentale : ces filles sont d’une autre essence, tout simplement. Elles font pourtant partie d’une famille nombreuse, comme moi. Mais elles sont toutes les deux les plus jeunes de leur fratrie alors que je suis l’aîné. Leurs grands frères et grandes sœurs leur montrent le monde. Elles sont déjà allées dans des boums accompagnées par leurs aînés. Elles ont rencontré des mecs plus vieux et rêvent d’eux comme moi je rêve d’elles. Si elles m’acceptent aussi facilement parmi leurs amis c’est que je ne suis qu’un ami, voire un très bon ami mais pas un fiancé possible. J’ai compris que je peux discuter seul avec Marjolaine dans sa chambre, au milieu de tous ses trucs de fille qui m’affolent, parce qu’elle ne voit en moi qu’un ami. J’ai compris que Sandrine pose son menton sur ses deux mains qu’elle appuie sur mon épaule pour écouter une conversation parce que ce contact ne la trouble pas alors que mon cœur bat la chamade. Je me trompe peut-être. Si seulement je pouvais me tromper !

Quoi qu’il en soit, il me revient un sentiment très désagréable qui m’avait un peu quitté ces derniers temps : celui d’être un imposteur. Je joue à l’ami parfait alors que je suis un amoureux transi, qui plus est de deux filles en même temps. J’ai droit à des gages d’amitié et des témoignages de reconnaissance que je ne mérite pas. C’est comme quand j’étais petit, on me félicitait sans arrêt alors que je n’avais rien eu à faire. « C’est bien, tu as bien travaillé ! » Non. Je n’avais pas travaillé du tout, je savais déjà lire. Composer des syllabes était de la rigolade. « Tu t’es creusé le cerveau ! Il était difficile, ce problème ! » Tu parles ! Les réponses étaient contenues dans l’énoncé. J’ai posé les opérations sur le cahier pour faire comme on me l’a demandé mais je les avais déjà faites dans ma tête. J’avais horreur qu’on me félicite quand je ne le méritais pas et je n’étais pas assez courageux pour me montrer tel que j’étais. Et voilà que je recommençais avec ces filles… Il faudra que je dise à mes frères et sœur de ne jamais prendre exemple sur moi comme le font Marjolaine et Sandrine sur leurs aînés respectifs. On ne doit pas choisir un imposteur comme modèle !

C’est pour ça que j’aime le nouveau jeu auquel nous jouons souvent : le jeu de la vérité. Je tente de rectifier mon image publique en répondant la stricte vérité à toutes les questions qu’on me pose. Tout le monde ment. Sauf moi. Mais ce n’est pas suffisant. Les questions ne sont pas assez précises, on ne me demande pas : « De qui es-tu amoureux ? », c’est trop cru, choquant. On demande : « Quelle est la fille que tu apprécies le plus ? » Je peux donner le nom de l’une ou l’autre, peu importe, on trouve déjà ma franchise remarquable et je n’ose pas en rajouter pour ne choquer personne.

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Modifié en dernier par dark pink le ven. 13 mai 2022 20:50, modifié 1 fois.

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Re: 1969/1970 le feuilleton

Message par Pablitta » mar. 9 févr. 2021 16:18

Captivant ! :ghee:

Et bien mieux en format "feuilleton" (le mot est tellement approprié !).

Aaah l'encre turquoise que toutes les filles utilisaient dans ces années-là ! :hehe: J'avais oublié ce marqueur d'une époque ...
dark pink a écrit :
mar. 9 févr. 2021 10:36
J’ai bien compris une chose fondamentale : ces filles sont d’une autre essence, tout simplement.
C'est joli, ça.

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Re: 1969/1970 le feuilleton

Message par dark pink » mar. 9 févr. 2021 16:47

Pablitta a écrit :
mar. 9 févr. 2021 16:18
Captivant ! :ghee:

Et bien mieux en format "feuilleton" (le mot est tellement approprié !).

Aaah l'encre turquoise que toutes les filles utilisaient dans ces années-là ! :hehe: J'avais oublié ce marqueur d'une époque ...
Merci m'dame !

Feuilleton, comme vous le savez toutes et tous, c'était le mot de l'époque pour série. Justement, je rêve secrètement (d'accord, là c'est éventé :hehe: ) qu'on tourne une série avec mes histoires. C'est ridicule mais rêver ne blesse personne.

Avec cette encre turquoise, j'ai des textes écrits par mes copines où les points sur les i sont des ronds voire des petits coeurs :gene3: On avait le sens du smiley sans qu'ils existent encore. D'ailleurs, les smileys qu'on voit sur la pochette de Jupiter Sunset datent de 1970 !
Pablitta a écrit :
mar. 9 févr. 2021 16:18
dark pink a écrit :
mar. 9 févr. 2021 10:36
J’ai bien compris une chose fondamentale : ces filles sont d’une autre essence, tout simplement.
C'est joli, ça.
"Le ver de terre amoureux d'une étoile" était déjà pris. Salaud de Hugo :hehe:

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Re: 1969/1970 le feuilleton

Message par Pablitta » mar. 9 févr. 2021 17:47

dark pink a écrit :
mar. 9 févr. 2021 16:47
Feuilleton, comme vous le savez toutes et tous, c'était le mot de l'époque pour série. Justement, je rêve secrètement (d'accord, là c'est éventé :hehe: ) qu'on tourne une série avec mes histoires. C'est ridicule mais rêver ne blesse personne.
Et pourquoi pas une BD ?? Je lisais l'article ci-dessous du site "rock-et-bd" et je me suis dit que ce serait tellement bien, une BD sur la base des épisodes de ton feuilleton !
http://rock-et-bd.com/chroniques/nous-a ... /#comments
dark pink a écrit :
mar. 9 févr. 2021 16:47
Avec cette encre turquoise, j'ai des textes écrits par mes copines où les points sur les i sont des ronds voire des petits coeurs :gene3:
Mais oui !!! J'avais complètement oublié !
dark pink a écrit :
mar. 9 févr. 2021 16:47
On avait le sens du smiley sans qu'ils existent encore. D'ailleurs, les smileys qu'on voit sur la pochette de Jupiter Sunset datent de 1970 !
En effet, c'est assez étonnant, ça

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Re: 1969/1970 le feuilleton

Message par Danzik » mar. 9 févr. 2021 18:14

Un vrai polar sentimental, toujours autant accrocheur tes écrits ! :chapozzz:

Je confirme, j’ai encore en ma possession quelques lettres de filles reçu fin
des 70´s avec des petits dessins, style petits cœurs ou fleurs... :fleur2: :)
Le Grand Bazar Vinylique : pleins de 45 tours EP & SP avec de vrais morceaux de vinyles dedans !
Citation : "Elle est pas électrique ta guitare... c'est une vieille, elle est encore à vapeur" Dupont et Pondu (1964)

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Re: 1969/1970 le feuilleton

Message par whereisbrian » mar. 9 févr. 2021 19:01

J'attends (avec impatience) la suite de ton feuilleton :chapozzz:

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Re: 1969/1970 le feuilleton

Message par Algernon » mar. 9 févr. 2021 20:32

Pablitta a écrit :
mar. 9 févr. 2021 17:47
dark pink a écrit :
mar. 9 févr. 2021 16:47
Feuilleton, comme vous le savez toutes et tous, c'était le mot de l'époque pour série. Justement, je rêve secrètement (d'accord, là c'est éventé :hehe: ) qu'on tourne une série avec mes histoires. C'est ridicule mais rêver ne blesse personne.
Et pourquoi pas une BD ?? Je lisais l'article ci-dessous du site "rock-et-bd" et je me suis dit que ce serait tellement bien, une BD sur la base des épisodes de ton feuilleton !
http://rock-et-bd.com/chroniques/nous-a ... /#comments
Pour la tranche d'âge, ce serait (un peu) entre Le Petit Nicolas et Les Années Goudard (intégrale des albums)

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Je ne suis pas trop vieux pour ces conneries.

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Re: 1969/1970 le feuilleton

Message par dark pink » mar. 9 févr. 2021 21:24

Merci tout le monde !

La BD, ça serait excellent, bien entendu, et j'adore la manière de dessiner de Gibrat :super:

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Re: 1969/1970 le feuilleton

Message par dark pink » mer. 10 févr. 2021 12:14

3/10 – Connais-tu l’animal qui inventa le calcul intégral ? – Evariste.
En classe, on me fout une paix relative. Jusqu’au jour où le prof de maths, monsieur Derbois, un agrégé qui voulait enseigner dans un lycée parisien et qui n’est pas ravi de se retrouver dans un C.E.S. de banlieue, dramatise son rendu de copies.

Au primaire, j’avais droit à ma copie en dernier et à la meilleure note la plupart du temps. Si c’était une rédaction, on la lisait à la classe. Rituel routinier qui ne me plaisait pas beaucoup mais je ne pouvais rien y faire. En sixième j’ai eu droit à mon premier rendu assorti d’une punition. La prof d’histoire géo allait de la note la plus basse à la plus haute et avait fini par ma copie, non pas pour me féliciter mais pour se mettre à me hurler dessus car j’avais écrit : « L’axe d’épaule » et non l’axe des pôles. Zéro ! J’avais pris mes notes ainsi, elle avait fait un mouvement du haut du corps au moment où elle nous dictait et la mappemonde était penchée comme toujours, alors j’avais écrit ça sur mes notes. Je devais être dans le cirage. A cause de ma réputation de tronche, elle avait pensé que je me moquais d’elle. Punition, deux heures de colle et un gros zéro alors que le reste était juste.

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Quand le père Derbois est entré dans la classe la mine sombre, nous savions que ça allait charcler, comme on dit à la récré :
- J’ai corrigé vite pour vous rendre ce contrôle. Je n’aurais pas dû. Votre réputation de classe de génies aurait duré encore un peu. Les notes sont catastrophiques. Je me demande bien comment nous allons faire avec vous ?

Je savais que ça allait être bizarre mais je n’imaginais pas à quel point. J’avais tout fait comme il faut selon mes critères, du moins je le pensais. Ce contrôle m’avait paru bien facile et je n’avais pas traité la dernière question, exprès, pour ne pas avoir une trop bonne note, stratégie de ne plus passer pour intelligent oblige. Je me voyais dans le second groupe de notes, derrière les filles tête de classe. Elles avouaient avoir ramé et étaient anxieuses.

Derbois égrène les notes et rend les copies une à une avec un commentaire assassin à chacune et chacun. Des filles retournent à leur place l’air sombre voire en pleurant. Toute la « tête de classe » se retrouve avec des notes pourries bien en dessous de la moyenne et je n’ai toujours pas ma copie. Quand on arrive au premier 10, il ne reste plus que cinq élèves sans leur foutu contrôle, dont moi. C’est là que je me souviens de la sixième et de mon « axe d’épaule » ! Bien sûr ! Il va me rendre mon torchon en dernier et m’engueuler comme du poisson pourri ! J’ai écrit un truc qui l’a vexé et j’ai tout foiré, c’est certain, ça va barder. Je me pare de mon plus beau sourire niais et j’attends la tempête, serein.
Derbois en rajoute une couche :
- Parmi ceux qui restent, il n’y en a que deux… Même pas ! Un seul qui pourra passer en C !

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Consternation générale, regain de pleurs parmi celles dont les larmes n’étaient pas tout à fait sèches.
Après un 11, deux 12 et un 14, toutes les copies sont rendues. Sauf la mienne. Derbois se tourne vers moi :
- Oui, c’est toi Monsieur Pink ! Ta copie sort du lot, c’est la seule. 16 ! Pourquoi tu n’as pas fait la dernière question ? Si tu l’avais traitée tu pouvais avoir 20, elle valait 4 points.
Je suis scié en deux. Amusé et consterné à la fois. Je ne veux surtout pas passer en C ! Je ne veux même pas aller au lycée, alors C ! C’est pour les bosseurs, pas pour moi.
Le prof fait le corrigé au tableau dans une ambiance lugubre. Je suis peut-être celui qui se fout le plus de ses notes et c’est moi qui ai la plus haute. Le monde est mal fait.

A la sortie, la mère de Mathilde, la meilleure élève de la classe, est là. Elle est venue chercher sa fille. Elles me rattrapent et me demandent si je veux bien leur prêter ma copie. Je veux même bien la leur donner, mais elles me promettent de me la rendre. La mère m’interroge sur le prof de maths et ses cours. Je lui réponds à ma façon :
- C’est vrai qu’il est bourru et frimeur et ses blagues sont souvent de mauvais goût mais quand il parle de maths, il est comme sa bagnole, sa Triumph TR4, il a un overdrive et l’enclenche, il s’illumine. Oui, je pige ses cours, ils sont pour moi comme des récits de science-fiction. Il dit des choses amusantes comme : « Je vous explique d’abord la fin, comme ça vous comprendrez mieux le début ». Et si on le suit, ça ne semble pas si idiot que ça en a l’air.

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Elles m’invitent à passer chez elles pour un échange de compétences. Je lui expliquerai un peu des trucs de maths et elle me donnera des tuyaux en sciences naturelles, matière qui m’ennuie et où je me vautre ou toute autre discipline de mon choix car jusqu’à ce contrôle calamiteux, elle cartonnait partout. Je me tamponne complètement de faire mieux en sciences-nats mais comme je n’ai aucun espoir du côté de Marjolaine et Sandrine, Mathilde pourrait devenir ma petite amie même si je n’en suis pas amoureux.
Les séances de travail commun avec Mathilde ne me plaisent pas car elles sont effectivement des séances de travail. On ne va pas dans sa chambre comme je l’espérais.

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On bosse sur la table de la salle à manger, sa mère et sa grand-mère sont là et nous aident si besoin. Elles sont toutes les trois gentilles et sourient sans arrêt. Je suggère que nous nous isolions pour travailler mais Mathilde n’en a aucune envie. Elle tomberait sans doute des nues si je lui parlais de devenir ma petite copine. Je monte une seule fois au second étage pour que le père, qui n’est là que le soir, me montre sa maquette de train qu’il fabrique au grenier. Ils m’emmènent une ou deux fois à la patinoire où je me gèle en souriant malgré tout car ils sourient tous tout le temps. Ces gens sont charmants mais mon complexe de l’imposteur me reprend. Je ne suis pas là pour bosser, et avec elles, on bosse ! Et il s’avère que je ne suis pas si utile que ça à Mathilde, elle a fini par comprendre en grande partie par elle-même comment il faut travailler avec Derbois. Petit à petit, je décline toutes ses invitations sous des prétextes de plus en plus vaseux. Et puis je ne suis pas amoureux d’elle, et moi, je veux une petite amie dont je suis amoureux !

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Re: 1969/1970 le feuilleton

Message par Pablitta » mer. 10 févr. 2021 17:53

Taaadaaaaammm !!!

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Re: 1969/1970 le feuilleton

Message par dark pink » jeu. 11 févr. 2021 14:46

4/10 – La poupée qui fait non – Michel Polnareff. Le Pénitencier – Johnny Hallyday.
Le prof de français ne me lâche pas. Je suis content qu’il soit resté et que nous puissions profiter de son enseignement une année de plus mais il est du genre tenace. Il ne me retient plus à la fin d’un cours mais fait des blagues ou des remarques en classe qui ne peuvent être comprises que par la personne qui en est la cible. Je ne suis pas le seul visé car les élèves qui ne bossent pas assez sont légion mais il nous parle de tout simplement et je prends pour moi l’idée qu’il évoque au détour d’un commentaire de texte. Il dit qu’on peut se mentir à soi-même et qu’il faut faire un effort pour être honnête même dans l’intimité de son propre cerveau.
Je réfléchis en ayant en tête cette affirmation. Et je me rends compte que je veux vraiment devenir musicien en n’ayant à ce jour jamais joué une note harmonieuse sur aucun instrument. J’aime sincèrement Marjolaine et Sandrine de la même manière et je ne veux abandonner ni l’une ni l’autre, c’est pourquoi il vaut mieux que tout ça reste dans ma tête. Et ce qui m’attirait chez Mathilde, c’était le fait qu’elle est fille unique. Je voulais savoir comment on vit quand on est le seul enfant d’une famille et j’apprécie ma chance de vivre dans une famille nombreuse, être le centre de toutes les attentions des adultes m’étoufferait mais je dois admettre que Mathilde est tout à fait épanouie.

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Fumiste ! J’ai droit à un mot nouveau pour qualifier mon attitude envers le travail scolaire. C’est le prof de français qui nous l’a fait découvrir. Ce qui est drôle, c’est que ce mot, bien qu’il vienne d’un adulte, plaît à tout le monde. Des filles osent même l’employer au féminin et on sent le frisson de l’interdit leur parcourir l’échine en le prononçant : « Oh moi, j’ai rien foutu, je suis une vraie fumiste ! ». Le prof de français le définit ainsi : « Un fumiste est quelqu’un qui met son intelligence au service de sa paresse », il me regarde du coin de l’œil en disant ça. Officiellement, j’accepte le terme et lui réserve le même accueil que mes copines et copains mais intérieurement, il m’emmerde. Il sous-entend une dissimulation, un mensonge, une esbroufe. Toutes activités où je pourrais être excellent mais qui me répugnent. Depuis que le prof de français m’a ouvert l’esprit sur les mensonges qu’on peut se faire à soi-même, je m’efforce de ne plus me mentir. Mais c’est chiant ! C’est difficile ! Il a vachement raison, c’est plus confortable de ne pas toujours se dire la vérité. Et j’en viens à conclure que pour ne pas trop en chier avec la sincérité, il faut le plus souvent possible être franc, non seulement avec soi-même mais aussi avec les autres.
Je vais donc m’y mettre et commencer par dire à mes parents que je veux devenir musicien de Pop Music. Et comme les choses arrivent souvent là où on ne les attend pas, c’est un repas de famille qui va m’en fournir l’occasion.

En y repensant, je me dis que c’était Noël. Mais j’avais des excuses de ne pas le savoir : on était en plein mois de Mars. Un dimanche qui ne s’annonçait pas très bien : on allait bouffer chez mon oncle et ma tante. Ils étaient très gentils, mais ils abusaient trop souvent de la bibine. Les repas se terminaient rarement bien. Ils avaient l’alcool triste, ma tante quittait la table en pleurant et mon oncle fixait son assiette le regard vide en grommelant des phrases incompréhensibles. J’avais été briffé sévère par mon père :
- Tu t’écrases ! Tu parles tout le temps à tort et à travers ! Ben là, tu dis rien ! Tu leur dis pas de pas trop boire et tu fais pas de remarques s’il y a plus de bouteilles que de bouffe. Je sais que tu veux bien faire, mais ça n’arrange rien. Les adultes aiment pas qu’un lardon leur fasse la leçon !
Prévenu de la sorte, j’étais détendu…

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De fait, le repas s’engage plutôt bien. Je suis les consignes à la lettre et ça semble marcher. Il y a même un peu de soleil et la couperose des joues de mon oncle me paraît moins répugnante qu’à l’habitude. Voyant que mon cousin, de dix ans mon aîné, ne boit qu’un verre de vin alors qu’il semblait suivre la pente de ses parents lors de nos précédentes visites, je surmonte mon dégoût pour le pinard et en accepte un quart de verre pour faire comme tout le monde, « A la bonne heure ! ». Je ne bois pas tout, mais j’ai fait ce qu’il fallait : mon père me fait un clin d’œil.

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A la fin du repas, tout le monde est souriant, c’était déjà arrivé par le passé, mais ça faisait si longtemps. Mon père raconte ses sempiternelles histoires de boulot et on se marre même à celles qu’on connaît déjà. La conversation dérive sur les enfants, l’avenir et ce qu’ils veulent faire plus tard et comme on bosse tous bien à l’école, on est félicités. Dans cette ambiance agréable et sans doute grisé par une gorgée de vin aussi inhabituelle pour moi, je décide de faire mon « coming out » quand on me demande le métier que je veux exercer : non, je ne veux pas être fonctionnaire comme toute ma famille ou presque, je veux être musicien ! Je veux jouer de la guitare, chanter, faire de la pop music ! Comme les mecs des Beatles, comme les mecs de Woodstock. Mais il me faut des sous pour acheter une gratte qui coûte deux mois de salaire de mon père…
Dans une autre ambiance, ma révélation aurait jeté un froid et une tournée générale de déprime aurait fini d’achever ma tante et mon oncle. Mais là, rien de tout ça. Ils sourient et sourient encore plus en se jetant des œillades quand mon cousin me questionne l’air malicieux :
- Tu veux une guitare ? C’est ça ? Faut apprendre, c’est pas facile, les cours aussi, ça coûte des sous.
- Ouais, mais j’ai un pote qui m’apprendra, il en joue. Et je bosserai, c’est ça que je veux faire ! Rien d’autre. Alors je serai pas faignant !
Il se lève et me dit de le suivre sous le regard amusé de ses parents et intrigué des miens.
Arrivé dans sa chambre, il s’allonge sur le parquet à côté de son lit, tend son bras qui disparaît en dessous et en ressort un gros tas de poussière qui racle le sol et sous lequel on distingue une guitare. Il dit :
- Si tu la veux, elle est à toi. J’en ai fait un peu dans un groupe yéyé, il y a quelques années, mais j’en ai eu marre et j’ai plus besoin de cette guitare.
Je suis tellement heureux que je ne sais pas quoi dire. En revenant dans la salle à manger, ma tante rigole en voyant ma tête et époussette l’instrument :
- Je vais enfin pouvoir nettoyer sous son plumard !
Ma mère me demande :
- Tu as dit merci, au moins ?
Je bredouille un « Merci » si faiblard que tout le monde rigole.
Mon père en rajoute une couche :
- C’est pas tous les jours qu’on trouve un moyen de lui clouer le bec !

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La gratte est immense, magnifique. C’est une Royal électro-acoustique à manche en aluminium. Même sans ampli, je vais pouvoir en jouer et entendre quelque chose. Elle n’a plus que quatre cordes. Mon cousin me montre quelques positions que je note sur un bout de papier pendant que ma mère et ma tante font la vaisselle et que mon oncle fait découvrir « Sammy Davis Jr, un rude chanteur ! » à mon père.
Je ne me souviens pas très bien de la suite, j’étais sur un nuage. On me l’a racontée : j’ai refusé qu’on mette la guitare dans le coffre pour la rapporter à la maison, je l’ai gardée contre moi pendant tout le trajet sans dire un mot.
Un mois plus tard, j’ai droit à un peu d’argent pour acheter des cordes neuves. Je fonce chez mon pote gratteux et il les installe sur ma guitare. Il m’apprend deux morceaux. Le tirant bien trop fort me bousille les doigts, mais je répète à n’en plus finir « La poupée qui fait non » et « Le pénitencier » avec son putain de Fa majeur en barré. Mon cahier de chansons devient petit à petit un cahier de paroles que je peux chanter.

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Quand je finis par la brancher sur un vrai ampli, elle ne fonctionne pas. Après avoir gratté les contacts, j’obtiens un son crachotant mais bien rond en clair et des montagnes de larsen quand je veux de la disto.
Mais j’ai une guitare ! Cette phrase me remplit de bonheur quand je la dis, l’écris ou la pense.

J’ai une guitare !

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Modifié en dernier par dark pink le ven. 13 mai 2022 21:01, modifié 1 fois.

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Re: 1969/1970 le feuilleton

Message par Danzik » jeu. 11 févr. 2021 17:06

J'imagine la joie que tu as du ressentir quand tu as eu cette guitare. :)
Le Grand Bazar Vinylique : pleins de 45 tours EP & SP avec de vrais morceaux de vinyles dedans !
Citation : "Elle est pas électrique ta guitare... c'est une vieille, elle est encore à vapeur" Dupont et Pondu (1964)

C.V. (archives2) : ICI

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Re: 1969/1970 le feuilleton

Message par Punker paname » jeu. 11 févr. 2021 17:27

La gratte est immense, magnifique. C’est une Royal électro-acoustique à manche en aluminium
:chapozzz: :chapozzz: :chapozzz:

Un super cadeau pareil que Danzik J'imagine aussi la joie que tu as du ressentir , surtout que c'était des très,très,très,très, bonnes petites guitares

Tu l'as encore Dark Pink ???
Joyeux Mondialiste Droit de l'Hommiste et Internationaliste convaincu, amateur d'étrangetés Vinyliques tournant en 33 et 45 tours en provenance des quatre coins de la planète et des 7 continents

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