The Dark Dude a écrit : ↑mer. 29 janv. 2020 19:50
Mélenchon sur la chaîne de propagande poutinienne qui emploie l’antisémite Moadab, fondateur de l’extrêmement droitier Cercle des Volontaires , ça, c’est fait :
On avait pourtant prévenu, sur des forums antifas et dans les cercles de la gauche de combat, et pas qu’une fois, sur la dangerosité de ce machin là (RT)… Mais bon, je suppose que cela ne doit pas trop le déranger, Méluche, lui qui absout si volontiers Corbyn de tous ses pêchés en la matière…
La ligne brune est donc définitivement franchie, chez les zinzinsoumis. Archivé.
Après on peut essayer de dépasser le discours simpliste de "bouh les méchants russes" et essayer d'aller plus en profondeur.
Je ne suis absolument pas pro-Poutine, j'essaie juste de regarder ce qui nous est proposé, en tous cas en France, en terme de traitement et qualité de l'information.
Et je trouve que ça serait dommage de passer à côté de cette question.
Mais de la même manière qu'il m'arrive de regarder BFM (pas tant pour m'informer que pour voir de quelle façon ils traitent de telle ou telle actualité), en toute connaissance de cause (leur fonctionnement, leur course à l'audimat, leur ligne éditoriale, leur sensationnalisme, ...), on peut jeter un oeil sur RT en ayant à l'esprit les raisons d'être de ce média.
Oui c'est de la propagande poutinienne. Le média, installé un peu partout dans le monde, ne va pas défendre la même ligne éditorialle que ce soit en Europe ou au Moyen-Orient par exemple, y'a un côté assez "opportuniste" là-dedans. Chez nous, RT (mais c'est aussi le cas de Sputnik par exemple) va jouer sur la critique de nos gouvernances, essayant de montrer que le modèle de nos démocraties libérales occidentales n'est pas viable, pas souhaitable (au profit d'un autoritarisme russe ?)
Ce qui au final donne des choses plutôt intéressantes en terme de traitement de l'information. Faut revoir la période des débuts des gilets jaunes : la parole aux personnes mobilisées, pas de complaisance gouvernementale, un pluralisme bien plus respecté que dans la plupart de nos médias français, ... Je ne dis pas que c'était parfait et qu'il n'y a rien à redire (en réalité je regarde très peu RT), je dis simplement que pour être bien informé il fallait mieux suivre RT plutôt que BFM, Le Parisien ou les discours plein de mépris de Thomas Legrand, l'éditorialiste de France Inter.
Bref, un peu moins de binarité qu'un rejet pur et simple des vilains médias russes. Tout en gardant à l'esprit le fond de commerce de ce média.
Pour en revenir à Mélenchon, c'est même encore différent car il est passé dans l'émission de Fréderic Taddeï, qui a un peu plus d'indépendance par rapport à la chaîne - en gros, il invite plus ou moins qui il veut et dit plus ou moins ce qu'il veut. On peut penser ce que l'on veut de Taddeï, lui reprocher d'avoir fait venir des gros cons (voire des gros fachos) et de leur avoir donné la parole quand il officiait encore sur France 2, mais je crois encore une fois que l'émission qu'il présente (ici, Interdit d'Interdire, donc) a un certain intérêt, surtout vis-à-vis de son format. Ni brieveté, ni précipitation, ni manichéisme : l'invité à le temps de développer sa pensée, il n'est pas coupé toutes les 3 secondes par des questions binaires qui soufflent déjà la réponse attendue (le fameux "vous condamnez les violences ?"), et l'émission prend son temps.
On peut être d'accord ou pas avec le ou les invité(s), mais au moins à la fin de l'émission j'ai plutôt bien compris le point de vue défendu par chacun.
Et puis, dernier point, le pluralisme d'opinion. Oui il y a et il y a eu des invités parfois douteux. Mais il y a et il y a eu aussi des penseurs critiques, des économistes hétérodoxes, des invités aux discours tout aussi intéressants que légitimes, que l'on n'a pas pour habitude d'entendre sur nos ondes ou nos écrans. Je pense à Lordon, Friot, les Pinçons-Charlot, Aude Lancelin, Mathias Reymond, François Boulo, ...
Au final, je suis d'accord que ce genre de média peut être dangereux. D'où l'intérêt, quand on le regarde, de le faire en connaissance de cause.
Mais force est de constater que, vis à vis de la ligne défendue, il propose autre chose dans notre paysage médiatique français.
Evidemment, comme pour tout, il ne vaut mieux pas ne se cantonner qu'à ça pour s'informer, mais la prise de recul est possible.