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Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par alcat01 » sam. 4 févr. 2023 19:58

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1973 - Ram Jam Josey
En 1973, l'Anglais Kenny Lamb devient le dernier batteur de la première époque de Livin' Blues. C'est un ancien membre de Jellybread, un groupe de Blues Britannique enregistrant pour le label Blue Horizon de Mike Vernon, et recommandé par celui-ci.
Le nouvel album, "Ram Jam Josey", qui parait la même année, est, lui-aussi, produit par Vernon. C'est le dernier disque publié par le Blues Livin original.

Le groupe, toujours en proie à des changements de line-up derrière la batterie a été atteint au moral, particulièrement la relation entre le guitariste Ted Oberg, le chanteur Nicko Christiansen et l'harmoniciste John Lagrand.
Cela les conduit à commencer à naviguer en dehors, même pendant l'enregistrement de l'album "Rocking at the Tweed Mill", affectant fortement leur capacité à écrire des chansons ensemble.
Ils se seraient séparés après ce disque si leur producteur Mike Vernon ne les avait pas encouragé à continuer, sans parler de leur contrat d'enregistrement exigeant un album de plus.
Avec le groupe en panne d'inspiration, Vernon a offert de les aider à l'écriture et il a fait venir Kenny Lamb afin de prendre soin de la batterie et le song-writing.
Ils sont ensuite entré en studio en Octobre 1973 et ont enregistré cet album, "Ram Jam Josey", en huit jours.

Ce disque montre le groupe essayant de faire une musique au-delà du Blues Rock et s'insérant dans le territoire du Mainstream Rock et du Boogie Rock tout en gardant l'élément Blues intact.
Des éléments de Funk peuvent même être trouvés dans certaines parties du jeu de guitare d'Oberg.
Alors que c'est encore un effort toujours agréable à écouter, il est un peu en baisse par rapport à la qualité et à l'énergie des albums précédents.

Le songwriting est tout à fait correct, en dépit de l'absence de toute collaborations Oberg / Christiensen et Kenny Lamb participe à l'écriture du morceau d'ouverture "Dizzy Busy Bluesman" ainsi que la chanson-titre, "Ram Jam Josey".
Le seul single de l'album, "Poinsetta Petal", a été écrit par Mike Vernon. Les deux chansons de reprise, "I'm Walking" de Fats Domino et "The Great Grandfather" de Bo Diddley sont bonnes.

Le morceau d'ouverture, "Dizzy Busy Bluesman", est un Blues / Blues Rock avec un tempo rapide joué en duo entre la guitare er l'harmonica, le tout sur une rythmique très solide.
La reprise de "I'm Walking" de Fats Domino est très bonne...
Suit "Ram Jam Josey" qui n'est rien d'autre qu'un Hard Blues Rock à la sauce Livin' Blues.
"Gamble On" est un Blues mid tempo un peu funky sur les bords...
"Poinsetta Petal", écrit en solitaire par Vernon, est un morceau qui n'a pas grand chose à voir avec le Blues, mais plutôt une sorte de Pop Rock qui n'apporte rien; on peut même se demander ce qu'il vient faire sur cet album!
"Isabella" est un instrumental avec une intro jouée par un piano en solitaire, suivi d'une guitare qui égraine une douce mélodie.
La chanson suivante,"Hobo Joe", est un joli slow Blues avec une intro à la guitare sèche suivi de l'harmonica et du reste de l'orchestration et un chouette solo de guitare à la fin...
"I'm Coming Home" est un autre slow Blues, mais de style proche du Peter Green's Fleetwood Mc.
Le morceau qui suit est une excellente reprise "The Great Grandfather" de Bo Diddley.
Pour clôturer l'album, "Empty Glasses", est une courte ballade instrumentale bluesy avec harmonica et piano...

En conclusion, "Ram Jam Josey" vaut la peine d'être écouté malgré l'état hargneux dans lequel le groupe se trouvait à ce moment-là.
C'est surtout un respectable chant du cygne pour le Livin' Blues original.

A sa sortie, il n'a pas eu autant de succès que les opus précédents et après une tournée de plusieurs mois, le groupe original décide de s'arrêter là en 1974... Ils se réuniront plus tard cette année-là pour un grand succès sans Christiensen.


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Message par alcat01 » dim. 5 févr. 2023 10:38

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Rock Drill (1978)
En 1982, avec le décès de Alex Harvey, le Rock perd encore un de ses personnages hautement bigarrés. Je pourrai dire Hard Rock mais je dis Rock car la musique de SAHB (Sensationnel Alex Harvey Band) est fondamentalement du Rock…théâtral de surcroît.

Parmi la curieuse discographie du groupe, Rock drill est l’album le plus dur dans l’âme, celui qui fait le plus de mal. Mais ne vous attendez pas à des riffs plombés ou à une basse qui cogne dans tous les coins. Non, Rock drill est un album qui fait mal autrement. Un mal malsain, sournois, lancinant. Un mal qui vous aura à l’usure.
Vous savez comme cette horrible torture qui consiste à vous faire tomber très régulièrement une goutte d’eau au même endroit du corps…Insoutenable à la longue.
Dans le cas présent, ce sont des gouttes d’acides qui, insidieusement, vont vous transpercer la moelle et l’esprit. Car la douleur sera autant psychique que physique.

Au-delà du chant délirant du sieur Alex, le jeu de guitare machiavélique de Zal Cleminson soutenu par le dévastateur bassiste Chris Glen vont user, abuser de vos nerfs. Là encore, ne croyez pas que ce soit la puissance qui va vous démolir. Bien plus malin, les deux énergumènes vont vous ronger de l’intérieur, tel un virus infectieux. Zal Cleminson, déjà sulfureux sur les albums précédents (notamment « Stories ») est à son apogée. Son jeu, quasiment indescriptible, basé sur des riffs courts, incisifs, plaintifs, douloureux devient, ici, presque stressant.
Mais attention, à l’image de son look (maquillage clownesque), le personnage peut paraître grotesque, il est en fait excessivement dangereux. Encore pire, la musique l’est tout autant…

Rock drill est un album qui, si vous vous laissez prendre au piège, va vous rendre fou…
AdminHR80


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Message par alcat01 » dim. 5 févr. 2023 10:39

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1988 Very Greasy
Sans faire tout le parcours de l'album Buble/Christmas, il y a des musiques qui sont saisonnières. Et la chaleur Caraïbes/Chicano/Louisiane qui se dégage de cet album du multi-instrumentiste et copain de Ry Cooder, David Lindley, est certainement à écouter en été.

L'album a été produit par Linda Ronstadt qui, avec Jackson Browne, ajoute des chœurs sur un morceau : le délicieux traitement du roi du calypso Gimme da'ting de Lord Kitchener; Browne dans Never Knew Her.
Et curieusement, Lindley ressemble beaucoup à Browne sur le groove torride de I Just Can't Work No Longer.
Lindley a un super groupe ici : le bassiste Jorge Calderon (ami/producteur de longue date de Warren Zevon), le batteur cubano-américain Walfredo Reyes (actuellement à Chicago), le guitariste Ray Woodbury et le grand sessionman/organiste William « Smitty » Smith (décédé en '97). Ces gars-là apportent sans effort du reggae et du funk à la version de Papa Was a Rolling Stone.
Le seul moment musicalement rythmé ici est Lindley (aux guitares acoustiques, bouzoukis et claviers) avec le batteur Reyes sur Talking to The Wino Too.
Il y a de l'humour ici sur le dernier morceau Tiki Torches at Twilight et le morceau le plus étrange est peut-être leur Werewolves of London de Warren Zevon influencé par le ska dans lequel Lindley fait une digression comme Zappa en parlant de ses cheveux gras.
Quand il invite tout le monde à hurler à la fin on comprend que c'est un vrai album de fête avec sa version reggae swinguante de Do You Wanna Dance? et le bien intitulé Texas Tango.

Alors que d'autres rêvent de Noël blanc et de grelots dans la neige, voici un album pour un été du Pacifique.
Graham Reid


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Message par alcat01 » dim. 5 févr. 2023 11:20

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1972 : "Hard times, good times"
Quasiment rien ne vous permettrait de deviner à l'oreille que ce groupe est français (bon, il faut dire qu'il triche un peu en ayant engagé un chanteur anglais). Les historiens de la chanson française se rappellent de Zoo comme du backing-band occasionnel de Léo Ferré (qui voulait à l'origine les Moody Blues...) et de Nicoletta, les collectionneurs de raretés psyché-prog s'intéressent davantage aux disques du groupe lui-même, apparemment jamais réédités (?).
Dans ce 3ème et dernier album, certains titres sonnent carrément soul ou funk, à commencer par le slow du début qui (à la voix du chanteur près) semble évadé de chez Joe Cocker, la chanson suivante qui serait bien à sa place sur l'album de Paice Ashton Lord, et le hard-glam proto-disco "Hard Times, Good Times" qui, contredisant sur la pochette les étiquettes du 33 tours selon lesquelles l'album s'intitulerait "It Ain’t as Simple as You Think…", lui donne finalement son titre après avoir rencontré un relatif succès en single (et qui est clairement le morceau le plus bourrin, bête, digne d'Adriano Celentano... de l'ensemble).
Et le reste du disque n'apparaît pas non plus réellement comme du rock progressif, mais plutôt comme de la pop - voire même de la variété - un peu sophistiquée grâce à la possibilité de faire intervenir de façon parfois incongrue dans les arrangements ou comme solistes des guitares, des claviers, des violons et des instruments à vent (tous virtuoses), sur une assise rythmique inébranlable.
La liste des instruments au dos de la pochette nous promet aussi un VCS3 programmé par le seul et unique Dominique Blanc-Francart en personne, mais il n’apparaît timidement qu'à la fin de deux chansons, pour n'être utilisé de manière réellement significative que sur une courte jam à la toute fin de l'album.
La comparaison usuelle pour décrire Zoo va taper du côté des Blood Sweat and Tears ou Chicago (à cause des cuivres). Si on veut vraiment une comparaison dans ce créneau-là, la plus juste serait The Flock, rapport aux quelques parties de violon (notamment l'instrumental "Four Strings" de Michel Ripoche, dont la composition a tout de même un semblant de racine folklorique franchouillarde, à la Malicorne)... mais pour le côté pop/prog représenté ici, on pourrait aussi citer des groupes comme Circus ou Fields.

Un disque pas essentiel, peu novateur même pour son époque, mais toujours bon à prendre, à condition de pouvoir mettre la main dessus...
Mr Prog










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Message par alcat01 » dim. 5 févr. 2023 14:47

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One Believer (1991)
N'ayant pas grand chose à rajouter à la biographie, il est vrai assez brève, du bonhomme, ni aux regrets assez égoïstes ma foi qu'il n'ait pu continuer sa carrière, je m'en vais de ce pas commencer tout de go par les diverses comparaisons cités avant moi.
Autant je m'associe à ceux avançant le nom de Tony Joe White, allant même jusqu'à rajouter celui de Chris Rea, surtout dans "World of Trouble" ou encore "One Believer", autant je ne vois de comparaison possible avec Stevie Ray Vaughan que dans le fait de sa disparition trop rapide. Pas le même jeu de guitare, pas le même blues, pas la même histoire, trop de choses les séparent.
Par contre, le rythme lent, le côté lancinant, hypnotique de ses titres majeurs, renforcé par l'accompagnement aux claviers joués par l'excellent Jimmy Pugh, les soli de guitare, jamais lourds, tout en finesse et sans m'as-tu-vu'isme (cherchez pas dans le dico, je viens de l'inventer !), basés avant tout sur leur côté esthétique plus qu'à la recherche d'une virtuosité rapidement lassante quand elle n'est pas parfaite, la voix grave aussi, dans le même registre, tout cela amène à faire un parallèle avec Rea ou White.

Quant au côté "voodoo", certainement inspiré par son look façon métis peau-rouge ou le côté ténébreux de son regard, plus que par son état de Louisiane natal ou le tempo hypnotique cité plus haut de ses morceaux, je cherche encore l'état de transe caractéristique de cette religion qui serait provoqué chez ses auditeurs !
Sortant du cadre des rythmes lents, il me parait intéressant de signaler deux excellents boogies dans cet album, "Couldn't do nothing" et "Person to person". Et aussi la très bonne tenue de la section rythmique qui, sans être au top du top, se révèle bougrement efficace et c'est exactement ce qu'il lui est demandé !

Au final, un album fascinant, à la production parfaite, que l'on remet volontiers dans son lecteur, une voix prenante, envoûtante (tiens ! Aurais-je été voodoo-ifié ? Peut-être, finalement !), et une place, si ce n’est unique, du moins pas banale dans la blues music.
christian Barral


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Message par alcat01 » dim. 5 févr. 2023 15:52

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1971 : Salisbury
Dans un monde juste, URIAH HEEP devrait être bien plus populaire que DEEP PURPLE. Seulement s’il y avait une justice dans ce monde cela se saurait et nous devons tous faire avec nos petites frustrations. Pour URIAH HEEP, ce sera d’avoir souvent été considéré comme un second couteau de la scène Hard Rock et de ne pas avoir été plus pris au sérieux que ça durant ses premières années malgré des albums d’une qualité rare, aujourd’hui considérés comme des classiques du genre. Au début des seventies, le groupe enchaînait les albums et les tournées à une vitesse folle et ce en continuant de produire des enregistrements de qualité. Aussi, "Salisbury" voit le jour un peu plus de six mois après "Very ‘Eavy… Very ‘Umble", un premier essai haut en couleurs.
La formation, et Ken Hensley en particulier, ne l’ont jamais caché : l’artwork est le point sensible de ce disque. Un char d’assaut pris dans une brume orange, voilà de quoi inspirer le roman "Fog" à James Herbert, mais pour faire rêver l’auditeur lambda, on repassera. Un tank, finalement, ça inspire un truc balourd et sans finesse (ne me faite pas dire ce que je n’ai pas dit au sujet de "Panzer Division Marduk", même si je le pense un peu trop fort). Cela représente assez mal la touche de finesse qui se dégage de la musique pratiquée par URIAH HEEP.
Celle-ci a évolué depuis le premier album. Ken Hensley s’est imposé comme le compositeur principal et il va grandement contribuer à créer une véritable osmose entre la guitare et les claviers, en accordant beaucoup d’attention aux mélodies, qui deviennent ici primordiales, un peu au détriment de la puissance brute, il faut bien en convenir. L’exception qui vient confirmer la règle est la chanson "Bird Of Prey", qui date en réalité des sessions d’enregistrement du premier album (on la retrouvait d’ailleurs sur le pressage américain de "Very ‘Eavy… Very ‘Umble"). Mais il ne faut pas conclure que URIAH HEEP devient mollasson pour autant. La guitare reste toujours très présente et Mick Box est loin d’être un manchot dans ce domaine.
Avec Hensley, il va mener la danse, plaquant des riffs solides, délivrant des soli justes et bons, bien que loin des fulgurances et des influences de Ritchie Blackmore. Mais la musique du HEEP évolue, elle se veut plus raffinée et le côté Heavy du premier essai s’estompe donc et cela va permettre à un chanteur de s’affirmer avec classe : David Byron est tout simplement brillant et les chœurs, qui vont devenir une marque de fabrique du groupe, viennent rehausser l’ensemble avec beaucoup de classe et de subtilité. Les parties vocales vont alors prendre une dimension forte, que se soient sur les titres les plus Hard Rock ("High Priestess") ou sur les moments les plus calmes ("The Park").
URIAH HEEP va alterner les morceaux rentre-dedans ("Bird Of Prey", "Time To Live", "High Priestless") et les ballades raffinées ("The Park", "Lady In Black") sans se perdre. Le groupe avance d’un pas conquérant, alignant les titres avec justesse. Il sait aussi sortir de sa zone de confiance pour se risquer sur des terrains où on ne l'attend pas forcément. Ainsi, "Lady In Black" est un titre d'une simplicité confondante, un Folk lumineux, mais un Folk joué par des rockeurs, avec une guitare qui se veut plus lourde tandis que le chant est à se damner tout du long. Une grande performance, une ballade comme on aimerait en entendre vraiment plus souvent.
Mais "Salisbury" c’est également – et surtout - son title track, une composition majestueuse de seize minutes, où les claviers et la guitare se marient comme rarement. Le point d’équilibre n’est jamais rompu, même quand les cuivres et les instruments à vent se mêlent à l’ensemble pour apporter un souffle épique. Toute la partie musicale est parfaite, d’une beauté troublante et cela monte encore en puissance quand David Byron chante. Les couplets ne prennent pas beaucoup de place, mais ils sont rehaussés par ces fameux chœurs, superbes, qui n’ont pas grand-chose à envier à ce que proposera QUEEN par la suite (et c’est un grand admirateur du travail effectué par QUEEN qui vous le dit).
"Salisbury", c’est un classique du Hard Rock, sans contestation possible (enfin si, elle est toujours possible, nous sommes encore dans un pays libre après tout). Après un "Very ‘Eavy Very ‘Umble" déjà réussi et plus foncièrement rentre-dedans, URIAH HEEP s’affine et propose une musique à la fois intelligente et sensible, pour ne pas dire brillante. Les musiciens font preuve d’un savoir-faire certain et Ken Hensley fait figure d’homme providentiel, lui qui était arrivé sur le tard au sein de la formation britannique. Et si la pochette ne traduit pas la beauté de la musique jouée ici, si elle semble tourner en ridicule le travail effectué par le groupe, il faut laisser une chance à cet album qui mérite mieux qu’une reconnaissance tardive.
DARK BEAGLE


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Message par alcat01 » dim. 5 févr. 2023 17:49

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Blue Öyster Cult (1972)
Parmi les petites perles hard US du début des seventies, le BLUE ÖYSTER CULT (avec des trémas sur le O s'il vous plait) fait figure de référence. Un cas pourtant assez épineux : si aucun de ses albums ne fait l'unanimité critique, jamais le groupe n'a pu sortir une œuvre sans que d'autres crient au génie. Entre combo trop banal surestimé et pépite injustement oubliée, la formation originaire de Long Island a toujours suscité le débat.
Un nom tout de même assez bizarre (le culte de l'huitre bleue), un intérêt flou pour la science-fiction, un logo énigmatique que les puritains n'hésiteront pas à associer à la svastika (croix gammée), des chansons lorgnant parfois vers l'idéologie nazie. D'autant plus paradoxal que la majorité des membres, y compris le leader Eric Bloom, est de confession juive. Une chose reste pourtant sûre : Le B.Ö.C est un groupe fondateur, et ce premier album qui chavire entre hard et rock psychédélique est carrément intriguant.
A commencer par cette pochette où le visionneur se retrouve totalement perdu. Les dimensions ? Le ciel étoilé ? Le noir ? Les frontières ? Un symbole ? Assez Dark tout ça !
Notez tout de même l'année (1972): le hard-rock n'en était qu'à ses débuts, et il n'y avait bien que Vincent Furnier (plus connu sous le nom d'ALICE COOPER) pour faire du hard-rock aux Etats-Unis. B.Ö.C arrive avant KISS et AEROSMITH dans la digne lignée du groupe STEPPENWOLF : une formation typique de blues psychédélique qui avait moult fois approché le genre hard.
C'est sûrement cette influence directe qui a déterminé le style du B.Ö.C : un hard-rock décomplexé aux forts relents acides. Pas étonnant non plus de retrouver un hymne biker qui se réfère explicitement à l'incident d'Altamont*, en prenant parti pour les Hells Angels. Le B.Ö.C, un groupe à controverse ? Nooooooon... (ironique). Et ce fameux "Transmaniacon MC" est loin d'être un morceau décevant ! Complètement pompé sur "Born To Be Wild" (que le groupe reprendra plus tard en concert), le titre s'avère même carrément jouissif. Un bon titre hard qui défouraille comme l’œuvre en est parsemée : riff et soli tranchants, soutenus par une rythmique carrée et de temps en temps un orgue complémentaire : telle est la recette des tueries de ce premier album. "Stairway To The Stars" en tête, et le sulfureux "City on Flames With Rock'n'Roll" pour citer les meilleures. La folie électrique de "Before The Kiss a Redcap" dans un registre heavy blues est très efficace en son genre, notamment grâce aux guitares tortueuses qui se glissent impunément dans des couplets entourant un break plus rock n' roll relativement bien interprété.
Malgré sa musique agressive, le BLUE ÖYSTER CULT reste un groupe intellectuel comme le montre la face cachée de l'iceberg. Une face multicolore et complètement psychédélique qui se cache derrière ce hard-rock blanc et froid. La démonstration commence avec la magnifique ballade "Then Came The Last Days Of May" où la chaude voix et la délicate guitare de Donald "Buck Dharma" Roeser embaument d'un doux parfum d'été les sillons qui circulent inlassablement sur la platine. Le départ est ensuite carrément amorcé avec le planant "Scream" aux divins relents de space-rock qui enchaîne avec le tout aussi intriguant "She's As Beautiful As A Foot", une curieuse déclaration ("Elle est aussi belle qu'un pied" dixit le traducteur) à l'ambiance lysergique, preuve que l'huître bleue doit vraiment avoir un goût acidulé.
Et même si le B.Ö.C ne possède pas ce qui FAIT un groupe de hard dans les années 70, c'est-à-dire un vocaliste acrobate et charismatique, la légèreté du ton des chanteurs qui se relayent (même si Eric Bloom rafle la part du lion en étant "officiellement" le chanteur du groupe, quatre chansons sur dix sont interprétées par d'autres membres) fait oublier ce besoin superflu, par exemple sur l'enjoué "Redeemed".

Malgré l'épaisse couche de poussière déposée au fil du temps sur cet album, il va sans dire que les compositions restent intactes. Un peu vieillotes certes, mais le meilleur reste à venir. Annoncé en grandes pompes par "I'm on the Lamb But I Ain't No Sheep" (pfiou, quelle idée de faire des titres aussi longs !), le prochain effort concrétisera à la perfection ce premier essai parfois un peu maladroit à l'image du morceau cité. Noir et blanc ? Arrive le rouge pour pimenter un peu ce hard-rock peut-être encore un peu timide. Tournez la page, le prochain chapitre Tyranny And Mutation s'annonce jouissif dans ce grand roman de science-fiction.
Son titre ? BLUE ÖYSTER CULT bien entendu !
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Message par Titis » dim. 5 févr. 2023 18:00

Avec Uriah Heep et Blue Oyster Cult tu écoute mes amours de jeunesse .
Je les met régulièrement sans m'en laisser . :pluzzz1: :pluzzz1: :pluzzz1:

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Message par alcat01 » dim. 5 févr. 2023 18:07

Titis a écrit :
dim. 5 févr. 2023 18:00
Avec Uriah Heep et Blue Oyster Cult tu écoute mes amours de jeunesse .
Je les met régulièrement sans m'en laisser . :pluzzz1: :pluzzz1: :pluzzz1:
C'est ce que je vais faire petit à petit pendant cette semaine!

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Message par alcat01 » dim. 5 févr. 2023 20:02

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Dans les six mois qui suivent sa reformation, le groupe Livin' Blues est revenu sur scène et de quelle manière.
"Live 75" montre l'excellente forme de Livin 'Blues dans la période. Bien que ce soit un album live, le groupe présente la plupart de son nouveau matériel.
Au moment où l'album a été enregistré, le guitariste Ronnie Meyjes et le batteur Michel Driesten avaient déjà disparu et Cor van de Beek (également de Shocking Blue) était le nouveau batteur.
Ce premier opus du nouveau groupe est un live set ravageur, enregistré le 12 Juin au Kunstmin Theatre à Dordrecht.
Le line up est alors composé de André Reijnen, à la basse, de Cor Van Der Beek, à la batterie, de Ted Oberg, à la guitare et de John Fredriksz, au chant.
Le son du groupe dans sa nouvelle composition est basée sur les riffs expressifs et charnus de la guitare de Ted Oberg et la voix mélodieuse et sonore de John Fredriksz.

L'album ouvre avec "Black Spider Woman", un excellent Hard Rock avec un Oberg déchainé à la guitare, un chanteur efficace et une section rythmique qui assure parfaitement derrière.
Le morceau suivant, "I'm A Rambler", est un Blues tout ce qu'il y a de plus classique.
La reprise du "Hoochie Coochie Man" de Willie Dixon, est jouée de façon enthousiaste et le public participe. Oberg se montre une nouvelle fois à son avantage (il n'y a plus d'harmonica pour lui faire de l'ombre)... Et John Fredriksz se révèle être une très bonne recrue.
Le Rock "Crazy Joe" balance à fond et surtout sans aucune espèce de fioriture.
"I Wonder" est un Blues Rock emmenée de façon une nouvelle fois magistrale par Oberg.
Suit "L.B. Boogie" qui est devenu le classique du groupe; il suffit de l'écouter pour savoir pourquoi!...C'est un peu leur "Goin' Home" personnel...
Enfin, la reprise du Rock classique "Boney Moroney" de Larry Williams ferme l'album de bien belle façon...

Pour l'anecdote, il fait parti de la Collection Hard Rock 70's "...à emporter sur une île déserte: chef-d'oeuvre!..." d'aprés Denis Protat, auteur du livre 'L'encyclopédie du Hard Rock des Seventies'...
Rien d'autre à rajouter!...


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Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par Tekilla1953 » lun. 6 févr. 2023 06:26

alcat01 a écrit :
dim. 5 févr. 2023 14:47
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One Believer (1991)
N'ayant pas grand chose à rajouter à la biographie, il est vrai assez brève, du bonhomme, ni aux regrets assez égoïstes ma foi qu'il n'ait pu continuer sa carrière, je m'en vais de ce pas commencer tout de go par les diverses comparaisons cités avant moi.
Autant je m'associe à ceux avançant le nom de Tony Joe White, allant même jusqu'à rajouter celui de Chris Rea, surtout dans "World of Trouble" ou encore "One Believer", autant je ne vois de comparaison possible avec Stevie Ray Vaughan que dans le fait de sa disparition trop rapide. Pas le même jeu de guitare, pas le même blues, pas la même histoire, trop de choses les séparent.
Par contre, le rythme lent, le côté lancinant, hypnotique de ses titres majeurs, renforcé par l'accompagnement aux claviers joués par l'excellent Jimmy Pugh, les soli de guitare, jamais lourds, tout en finesse et sans m'as-tu-vu'isme (cherchez pas dans le dico, je viens de l'inventer !), basés avant tout sur leur côté esthétique plus qu'à la recherche d'une virtuosité rapidement lassante quand elle n'est pas parfaite, la voix grave aussi, dans le même registre, tout cela amène à faire un parallèle avec Rea ou White.

Quant au côté "voodoo", certainement inspiré par son look façon métis peau-rouge ou le côté ténébreux de son regard, plus que par son état de Louisiane natal ou le tempo hypnotique cité plus haut de ses morceaux, je cherche encore l'état de transe caractéristique de cette religion qui serait provoqué chez ses auditeurs !
Sortant du cadre des rythmes lents, il me parait intéressant de signaler deux excellents boogies dans cet album, "Couldn't do nothing" et "Person to person". Et aussi la très bonne tenue de la section rythmique qui, sans être au top du top, se révèle bougrement efficace et c'est exactement ce qu'il lui est demandé !

Au final, un album fascinant, à la production parfaite, que l'on remet volontiers dans son lecteur, une voix prenante, envoûtante (tiens ! Aurais-je été voodoo-ifié ? Peut-être, finalement !), et une place, si ce n’est unique, du moins pas banale dans la blues music.
christian Barral

Excellent album en effet, une voix qui vous envoie "Down in the Hole", reprise de Tom Waits que je trouve bien meilleure que l'originale :super:

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Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par alcat01 » lun. 6 févr. 2023 07:45

Tekilla1953 a écrit :
lun. 6 févr. 2023 06:26
alcat01 a écrit :
dim. 5 févr. 2023 14:47
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One Believer (1991)
N'ayant pas grand chose à rajouter à la biographie, il est vrai assez brève, du bonhomme, ni aux regrets assez égoïstes ma foi qu'il n'ait pu continuer sa carrière, je m'en vais de ce pas commencer tout de go par les diverses comparaisons cités avant moi.
Autant je m'associe à ceux avançant le nom de Tony Joe White, allant même jusqu'à rajouter celui de Chris Rea, surtout dans "World of Trouble" ou encore "One Believer", autant je ne vois de comparaison possible avec Stevie Ray Vaughan que dans le fait de sa disparition trop rapide. Pas le même jeu de guitare, pas le même blues, pas la même histoire, trop de choses les séparent.
Par contre, le rythme lent, le côté lancinant, hypnotique de ses titres majeurs, renforcé par l'accompagnement aux claviers joués par l'excellent Jimmy Pugh, les soli de guitare, jamais lourds, tout en finesse et sans m'as-tu-vu'isme (cherchez pas dans le dico, je viens de l'inventer !), basés avant tout sur leur côté esthétique plus qu'à la recherche d'une virtuosité rapidement lassante quand elle n'est pas parfaite, la voix grave aussi, dans le même registre, tout cela amène à faire un parallèle avec Rea ou White.

Quant au côté "voodoo", certainement inspiré par son look façon métis peau-rouge ou le côté ténébreux de son regard, plus que par son état de Louisiane natal ou le tempo hypnotique cité plus haut de ses morceaux, je cherche encore l'état de transe caractéristique de cette religion qui serait provoqué chez ses auditeurs !
Sortant du cadre des rythmes lents, il me parait intéressant de signaler deux excellents boogies dans cet album, "Couldn't do nothing" et "Person to person". Et aussi la très bonne tenue de la section rythmique qui, sans être au top du top, se révèle bougrement efficace et c'est exactement ce qu'il lui est demandé !

Au final, un album fascinant, à la production parfaite, que l'on remet volontiers dans son lecteur, une voix prenante, envoûtante (tiens ! Aurais-je été voodoo-ifié ? Peut-être, finalement !), et une place, si ce n’est unique, du moins pas banale dans la blues music.
christian Barral

Excellent album en effet, une voix qui vous envoie "Down in the Hole", reprise de Tom Waits que je trouve bien meilleure que l'originale :super:
Encore un qui a disparu trop rapidement!

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Message par alcat01 » lun. 6 févr. 2023 07:46

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Hot City (2009)
Cet album a longtemps été considéré comme détruit. Dieu merci, le producteur très incompris Shel Talmy a eu la bonne idée de conserver le master pour que nous puissions aujourd'hui profiter de cette petite tranche de mythologie du SAHB.
Sur les neuf pistes incluses ici, huit ont été réenregistrées pour l'album Impossible Dream. Le seul morceau inédit est Ace In The Hole, interprété à l'origine par Frankie Laine. Sur l'album Impossible Dream, Ace In The Hole a été remplacé par Money Honey/Impossible Dream. La chanson Anthem de The Impossible Dream est ici intitulée Late Train (pour des raisons inconnues).

Presque chaque piste est différente des versions déjà familières aux fans. Les membres du groupe eux-mêmes ont indiqué dans des interviews qu'ils estimaient que l'album ne les représentait pas très bien, en grande partie à cause d'un décalage entre eux et le producteur, qui a demandé au groupe d'effectuer plusieurs prises et d'ajouter des overdubs. Le groupe a préféré travailler en direct sur bande, et ils l'ont fait lors du réenregistrement de l'album.
L'histoire raconte que le groupe a joué l'album fini avec leur manager et a décidé après avoir écouté deux morceaux qu'ils devraient le refaire. Je dois m'interroger sur cette décision. L'album est différent, mais ce n'est pas à mon oreille un produit inférieur, et à bien des égards, le son du groupe est mieux capturé à ce stade qu'il ne l'était auparavant.
En particulier, la voix d'Alex est au premier plan d'une manière que nous n'entendons pas ailleurs, et qui en soi est un véritable trésor. Le son de la guitare de Zal est peut-être plus "américain" que ce à quoi nous sommes habitués, mais il n'en souffre pas.

L'album a été enregistré aux studios Advision à Londres, et je pense que ça s'entend dans le mixage et surtout dans la qualité supérieure de la réverbération (qui s'utilise avec parcimonie). Beaucoup d'albums classiques sont sortis de ce studio, et je ne peux m'empêcher de me demander si avec un peu plus de bonne volonté de part et d'autre le groupe et leur nouveau producteur n'en auraient pas fait un autre. L'album réenregistré a été réalisé aux studios Apple et a un son très différent, plus "spacieux".
Le mastering de Hot City a été bien fait, révélant un album qui tient vraiment la route. Si cela avait été publié à l'époque, je suis sûr que nous l'aurions tous acclamé autant que nous l'avons fait de The Impossible Dream, que vous pouvez également entendre remasterisé. Cet album a une sensation beaucoup plus live, mais la présence d'Alex est quelque peu réduite dans le mix, et le son global manque du poli et de la finesse de production de Hot City.

Franchement, je pense que Shel Talmy a été mal traité par le groupe et son management. L'histoire est jonchée de musiciens qui pensaient que les interférences extérieures avaient ruiné leurs projets préférés, qui se sont avérés plus tard avoir produit des enregistrements classiques.
Hot City ne remplacera jamais The Impossible Dream dans le cœur et l'esprit des fans existants, mais pour un nouveau venu qui n'avait jamais entendu SAHB avant Hot City, ce serait une belle introduction.
Il se défend et à bien des égards est supérieur à The Impossible Dream.
Peri Urban


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Message par alcat01 » lun. 6 févr. 2023 07:48

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Tyranny And Mutation (1973)
Les trois premiers albums du BLUE ÖYSTER CULT ont acquis avec le temps un statut d'intouchables, tant il est vrai qu'on peut parler ici d'albums fondamentaux dans ce grand édifice qu'est le hard-rock, et dont l'annexe heavy-metal se voit déjà en début de construction. Entre le Rock psychédélique 'Hardisant' du premier album et le plus calibré mais néanmoins efficace Secret Treaties, Tyranny And Mutation est le centre gravitationnel de cette trilogie incontournable du hard-rock américain. Sujet sensible qui divise les fans depuis près de quarante ans: 'What is the meilleur album of THE BLUE ÖYSTER CULT motherfucker ?'
A grands renforts de subjectivité, je déclare solennellement que c'est bien ce deuxième album qui rafle la mise. La pochette, une fois de plus magnifique, introduit au graphisme monochrome une délicate touche de rouge. Les dimensions sont encore bouleversées par un graphisme entre damiers et spirales, toujours surplombées par l'énigmatique logo du groupe appelé Kronos. Un nom évoquant le temps. Le temps qui disparaît à l'écoute de l’œuvre. Alternant les tempos avec une facilité déconcertante, le BÖC nous invite à nous perdre dans son univers intemporel et spatial.

On reconnaît tout de suite le "I'm On The Lamb But I Ain't No" speedé à mort pour devenir le premier tube du groupe, et accessoirement le titre ouvrant tous ses concerts. Perdu entre les guitares, la folle cavalcade commence avec ce titre qui évoque les policiers canadiens chevauchant leurs canassons. En plus du pourpre évoqué dans l'artwork et dans ce morceau, il faut savoir que l'album est divisé en deux faces sobrement intitulées "The Black" et "The Red". On frôlerait presque le concept-album ! Effectivement, chacune de ces faces a sa personnalité propre. Alors que la première envoie plutôt des morceaux musclés ou des blues hallucinants ("O.D.'d On Life Itself"), la face B distille une musique plus réfléchie qui ne range pas pour autant ses guitares enflammées.
C'est surtout sur la guitare que le groupe compte pour créer son atmosphère si particulière. Elles sont au nombre de trois, rien que ça !(alors que le sab' n'en possède qu'une)*. En tout cas, jamais on ne les trouvera superflues : leur complémentarité n'est jamais étouffante. Sur "Hot Rails To Hell", c'est une leçon de guitare qui nous tombe violemment sur le coin de la gueule. Riffs, soli, ponts, rythmiques, refrains. Les membres maîtrisent leurs instruments avec une telle perfection qu'ils n'hésitent pas à s'aventurer dans des structures plus complexes que le premier album, et cependant plus directes. Encore une fois, c'est Eric Bloom qui mène la danse tout en laissant un grand espace aux autres membres. Certains puritains (oui oui, les mêmes que ceux de la chronique précédente) n'hésitent pas à qualifier de secte ce collectif d'intellectuels multi-instrumentistes qui s'alterne au chant, aux claviers, à la guitare.
Passons sur le riff en béton et le jam surpuissant de "7 Screaming Diz-Busters" pour aborder la deuxième face. L’atmosphère se fait plus lourde mais paradoxalement plus mélodique. Malgré le seul morceau un peu faiblard de l'album qui ouvre cette face B, notons tout de même que "Baby Ice Dog" a été écrit avec une femme de lettre du nom PATTI SMITH, alors petite amie du claviériste Allen Lanier, plus connue pour ses futurs disques que pour ses livres déjà publiés à cette époque (vous avez parlé d'intellectuels ?).
En gardant sa capacité d'improvisation, le groupe parvient à envoyer trois derniers morceaux aux atmosphères tantôt planantes, tantôt survitaminées à grands renforts de soli assassins et de riffs endiablés ("Mistress Of The Salmon Salt", "Teen Archer"). Quant au mid-tempo "Wings Wetted Down", c'est à coup sûr le plus beau morceau de l'album (snif!), et le début d'une longue série de balades pour le groupe dont les racines se trouvent dans l'album éponyme.

A mon sens, le plus équilibré des albums du groupe, Tyranny And Mutation parvient à trouver un juste milieu entre brutalité et raffinement. L'album qu'il fallait au BLUE ÖYSTER pour devenir culte.
PINHEAD


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Message par alcat01 » lun. 6 févr. 2023 11:56

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Like a Black Van Parked on a Dark Curve (1998)
20 ans après leur courte, mais ô combien glorieuse, carrière en marge de la scène hard rock britannique des années 70, les Sharks se reforment autour des membres fondateurs Chris Spedding et Snips pour réaliser un album qui mérite vraiment d'être mentionné au même titre que ses prédécesseurs.

Enregistré en 1993, l'album n'est finalement sorti qu'en 1998, mais l'attente en valait la peine. Avec Pete Thomas de THE Attractions remplaçant le batteur absent Marty Simon, et Jackie Badger à la basse, la version blues-rock du glam du groupe original est mise à jour avec une férocité surprenante.
Spedding est dans une forme dévastatrice tout au long de l'album. Il crache solos et riffs sans un regard sur les années qui passent, et l'on se souvient rapidement pourquoi Snips est souvent considéré comme le seul chanteur avec lequel il a travaillé qui pouvait vraiment l'égaler en matière de cran.
De la même manière, les meilleurs moments de l'album - "Gone To The Dogs", "Wake Me When It's Time To Dance", "Blue Rags And Hollers" - ont tous un côté défiant qui résume bien l'aura de hors-la-loi qui était celle des Sharks dans leur jeunesse.

Les réunions sont souvent de grandes déceptions - et les réunions qui sont ensuite reportées de cinq ans tombent invariablement à plat. Les Sharks, en revanche, conservent tout le mordant qu'ils ont toujours eu. Un retour triomphal.
Dave Thompson


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Message par alcat01 » lun. 6 févr. 2023 14:33

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Howlin Mercy (1993)
Durant la première quinzaine d’août 1992, Elektra a envoyé John Campbell enregistrer un nouveau disque au Power Station Recordings Studios en plein cœur de Manhattan (futur Avatar Studios). Elektra tient à ce que le musicien soit placé dans les meilleures conditions. La firme fait appel à Dennis Walker, déjà présent sur le disque précédent, pour s’occuper de la production. Dennis Walker n’est pas le premier perdreau venu. Comme bassiste, il a accompagné une kyrielle de bluesmen, il a aussi produit Lonesome Sundown, Louis Myers, Ted Hawkins, BB King entre autres et est à l’origine du succès du Robert Cray Band. Walker décide avec l’aval de Campbell de reprendre la section rythmique du précédent disque avec le batteur Davis McLarty et Jimmy Pettit à la basse, tous deux membres du groupe de Joe Ely. John suggère au producteur de faire appel à un jeune guitariste qu’il a rencontré dans une boutique de Greenwich et avec lequel il a sympathisé, Zonder Kennedy, un ancien membre des Elevators. L’entente est telle que John coécrit trois titres avec le guitariste et le producteur, quatre autres avec Dennis pour trois reprises.
Contrairement à l’album précédent, « Howlin Mercy » peut faire figure de disque de groupe, même si la guitare de Campbell endosse le premier rôle. Au niveau guitare, John utilise une National Resophonic (dobro avec resonator), une National Steel 1934 et enfin une Gibson Southern Jumbo 1952, mais c’est sur les passages de slide qu’il étonne par sa virtuosité.
Ce disque propose un éventail en deux parties bien distinctes : « Written In Stone », « Firin’Line » font office de Southern Rock, alors que la voix crépusculaire et les coups de slide de « Wolf Among The Lambs » renvoient à l’atmosphère des bayous et des sorcières. « Wiseblood » s’imprègne d’un Blues Rock à moitié Pop loin d’être désagréable. Mais c’est bien la première partie du disque qui marque les esprits avec cinq titres faramineux : « Ain’t Afraid Of Midnight » où Campbell délivre ses visions obscures envoyant l’auditeur en enfer pour une petite partie de cartes avec Satan. Un titre démoniaque au même titre que les relances de guitare où chaque note touche sa cible en plein cœur.
« Look What Love Can Do » est certes moins intense, mais la guitare envoie des notes vagabondes de bon aloi, le guitariste dévoile ses doutes sur l’amour et ses peines. « Down In The Hole » n’a strictement aucun lien avec le titre des Stones figurant sur « Emotional Rescue » mais provient de Tom Waits « Way Down In The Hole ». Dans la version originale, l’intro s’ouvrait avec un accordéon, celle de Campbell s’ouvre sur une grosse ligne de basse. On croirait entendre une voix d’outre-tombe, Campbell se transformant en prédicateur illuminé : « … If you walk with Jesus -He's gonna save your soul-You gotta keep the devil-Way down in the hole…». Si la version de Waits a connu en son temps un beau succès, la folie intérieure de Campbell associée à la symbiose entre les quatre musiciens font de cette version un pur bijou qui demeure jusqu’à ce jour la meilleure, malgré les essais postérieurs de Steve Earl, The Blind Boys Of Alabama ou Lurrie Bell.
Concluons ce panorama du diable avec deux pépites « When The Levee Breaks » œuvre de Kansas Joe McCoy et Memphis Minnie gravée en 1929 pour la Columbia, et non par Led Zep comme on peut hélas le lire trop souvent. La voix toujours aussi crépusculaire semble comme habitée, les riffs de slide et une batterie tonnante mettent en valeur les textes de la chanson, comme si les flots du Mississippi étaient encore en colère. Campbell reprend le traditionnel « Saddle Up My Pony », une variante du « Pony Blues » de Charley Patton, blues old time gravé encore une fois en 1929. La National Resophonic entame les hostilités portée par un chant » d’allumé ». Au bout de trois minutes, la section rythmique intervient afin de donner de la consistance et du groove au morceau qui monte crescendo pour se finir en Boogie Rockin’ aussi dévastateur que cradingue. Un grand disque pour un guitariste racé et des textes souvent sombres et occultes.

Malheureusement, John Campbell ne profitera jamais des retombées de son disque. A peine celui-ci apparaît-il dans les bacs que John décède le 13 juin 1993 d’une crise cardiaque foudroyante pendant son sommeil, laissant derrière lui une petite fille de cinq mois et une épouse qui le stabilisait.
Son éloge funèbre sera l’œuvre de Dr. John.
LE KINGBEE


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Message par whereisbrian » lun. 6 févr. 2023 14:45


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Message par alcat01 » lun. 6 févr. 2023 15:51

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"Look At Yourself" est déjà le troisième album de URIAH HEEP, sorti à peine quelques mois après l’excellent "Salisbury" et moins d’un an et demi après "Very ‘Eavy… Very ‘Umble". On pourrait penser qu’avec un tel rythme, le groupe n’allait pas pouvoir enquiller les prestations de qualité, mais il n’en est rien (et vas-y, casse tout le suspens…). Les musiciens vont encore une fois signer un disque d’exception, même s’il se veut un peu moins définitif que l’opus précédent, magnifique. URIAH HEEP va toutefois livrer une belle démonstration de force, le long de sept morceaux dont certains vont s’avérer inoubliables.
La pochette est juste géniale (dans sa version originale et pour certaines rééditions), avec son effet miroir déformant, qui permet d’avoir pour chacun une vision unique, qui renvoie habillement au titre de l’album. Chacun fera son introspection face à son reflet ainsi renvoyé. Le groupe réussit donc à évoquer avec l’image ce qu’il propose avec son morceau-titre, qui sera également l’un des morceaux de référence de la formation britannique, qui sera repris par GAMMA RAY sur "Heading For Tomorrow" ainsi que par GRIMSKUNK et ce, assez fidèlement malgré les velléités plus Punk de ce combo.
Il faut dire que ce titre est tout simplement magistral, avec sa guitare énergique qui se mêle à un orgue survolté. Son final est une véritable apothéose et on a juste envie de réécouter ce morceau à peine terminé. Sa petite particularité est d’être chanté par Ken Hensley, David Byron ayant des problèmes de gorge lors de l’enregistrement de l’album, ce qui ne l’empêchera pas de reprendre sa place en tant que lead singer sur scène. D’ailleurs, que reste-t-il de David Byron de nos jours (et par pitié, ne dites pas « des os ? ») ? Depuis son décès en 1985, il a été graduellement oublié et pourtant, son travail a été extraordinaire sur la poignée d’album sur lesquels il a posé sa voix. Et ici, il s’avère parfait. Un des grands chanteurs du genre, comme en témoigne le sublime "July Morning".
"July Morning", c’est l’un des deux morceaux de bravoure de cet album avec le plus mésestimé "Shadows Of Grief". Si "Salisbury" avait son title-track de seize minutes, "Look At Yourself" se défend avec ce morceau moins long, aux mélodies entêtantes, chantées magnifiquement. DEEP PURPLE a brillé avec "Child In Time", mais URIAH HEEP n’a pas à rougir de la comparaison avec ce morceau, qui va devenir un des moments forts des concerts à venir pour le groupe. "Shadows Of Grief", elle se veut plus énervée, avec ses parties instrumentales intenses et épiques. C’est tout juste si on peut lui reprocher de tirer un peu sur la longueur, le final tend à s’éterniser inutilement.
Si "Tears In My Eyes" s’avère quelque peu anecdotique par rapport au reste et ce, malgré sa guitare slidée, le final de l’album s’avère très réussi, avec une ballade toute en simplicité, qui servira de brouillon à de nombreuses autres, toutes signées Ken Hensley. "What Should Be Done" est donc une gentille pause avant le plus énervé "Love Machine", unique composition co-signée par Mick Box, qui prendra une toute autre dimension en live. L’album se termine toutefois sur cette bonne note, qui là encore donne furieusement envie de réappuyer sur la touche play ou de retourner le vinyle sur la platine.
Nous évoquions Ken Hensley un peu plus haut. Ce dernier a pris une place monstrueuse au sein du groupe, il est crédité sur chaque composition, souvent seul, parfois avec Byron, plus rarement avec Box. Cela lui permet de développer son univers musical et de donner une cohésion aux morceaux, comme une ligne directrice que l’on peut suivre tout du long et qui apporte une logique à l’ensemble. C’est à lui donc que l’on doit le très bel équilibre de cet album ainsi que de "Salisbury" et de quelques-uns des opus suivants. D’où l’expression « quand Hensley va, tout va ». Vous pouvez la ressortir lors de dîners mondains, vous ferez toujours votre petit effet.
Troisième album pour URIAH HEEP, second coup de maître, "Look At Yourself" fait partie de ces disques qui sont un peu oubliés de nos jours, la faute à une carrière en dents de scie et une baisse de popularité importante dans les années 80 que le groupe n’a jamais réussi réellement à regagner. Reste que "Look At Yourself" est un album fantastique, qui s’inscrit en plein dans cette période de créativité folle inhérente aux années 70. Si vous ne savez pas par quel bout entamer la discographie du HEEP, celui-ci-ci est un très bon choix.
DARK BEAGLE


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Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par Titis » lun. 6 févr. 2023 16:40

Jolie pochette avec sa glace déformante :chapozzz:
Un sacré bon album qu'ils nous ont fait la avec des titres qui ont marqué l'histoire du groupe , j'adore July morning et Tears in my eyes , trop top la guitare


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Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par alcat01 » lun. 6 févr. 2023 17:51

Titis a écrit :
lun. 6 févr. 2023 16:40
Jolie pochette avec sa glace déformante :chapozzz:
Un sacré bon album qu'ils nous ont fait la avec des titres qui ont marqué l'histoire du groupe , j'adore July morning et Tears in my eyes , trop top la guitare

Titres classiques pour album classique!

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