J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

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Douglas
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Message par Douglas » mar. 18 juil. 2023 13:06

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Zion80 – Hod - (2018)

Masada Book 3 - The Book Beri'ah – 8

Zorn continue son approche envers les formations qui ont bien servi le « Books of Angels », ici c’est donc Zion 80, qui autrefois conçut le volume vingt-deux, qui se retrouve à l’avant, avec le fameux Jon Madof à la guitare. Il dirige un autre Big band de dix unités, avec quelques personnalités bien connus comme Brian Marsella aux claviers ou Shanir Ezra Blumenkranz à la basse. Il y a également un invité prestigieux puisque John Zorn retrouve son alto sur « Tahor ».

C’est une sorte de retour, le son de Zion 80, vers l’afrobeat, ou la musique de Santana lors des trois premiers albums, ou encore le funk et la soul, bref une africanité qui se laisse entendre et donne une envie de bouger difficile à contenir, de quoi assurer un succès populaire et, qui plus est, avec une musique de la meilleure des qualités.

Ce qui compte avant tout ici c’est la bonne énergie, « Tahor » avec son côté « Doom » représente bien tout ça, avec démesure, on plonge côté obscur, avec une certaine lenteur mais également une malsaine obstination, de quoi creuser encore, puisqu’il le faut, encore et encore, dix minutes de maltraitance chimique, loud and heavy, Zorn et son alto, jusqu’au cri à pleine puissance, histoire de repousser les limites…

Mais le reste de l’album est de couleur optimiste, plus joyeuse, avec un peu de légèreté, d’insouciance, des arrangements souvent malins qui créent la bonne surprise, la divine intervention qu’on n’attendait pas, le petit saut de cabri de côté, un solo de Madof très psyche par exemple, ou la flûte de Jessica Lurie qui envoûte…

Un bon album de toute évidence.

Hod - Zion80 (en live, qualité du son très moyenne)

05 - Tahor.mp3
(24.55 Mio) Téléchargé 24 fois
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Message par Douglas » mer. 19 juil. 2023 02:14

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Misha Mengelberg, Peter Brötzmann, Evan Parker, Peter Bennink, Paul Rutherford, Derek Bailey, Han Bennink – Groupcomposing – (1971)

Groupcomposing est un album, en même temps qu’une formation éphémère, d’une sorte de supergroupe qui rassemble ce qui se fait de mieux en matière de free jazz européen, à cette période. Ainsi sont rassemblés Misha Mengelberg au piano, Peter Brötzmann au saxophone ténor, Evan Parker aux saxs ténors et sopranos, Peter Bennink au sax alto et à la cornemuse, Paul Rutherford au trombone, Derek Bailey à la guitare et Han Bennink, le frère de Peter, à la batterie et aux percussions.

C’est enregistré à Rotterdam le quatorze mai mille neuf cent soixante-dix et c’est sorti chez ICP, j’aimerais bien posséder un exemplaire original, mais rien de grave, puis qu’une réédition Cd d’excellente qualité est parue chez « Corbett V.S Dempsey », ce qui rend l’enregistrement facilement disponible.

Le Cd obéit à l’enregistrement original d’époque en conservant le formatage d’origine, deux pièces qui en réalité n’en font qu’une, mais artificiellement découpées à un endroit stratégique qui permet la séparation sans affecter la compo. Ainsi nous avons deux parties, « Groupcomposing 1 » de près de dix-neuf minutes et « Groupcomposing 2 » qui frôle les vingt-quatre.

Bien sûr c’est du pur jus de free d’époque, avec des impros collectives et un schéma de départ qui s’affiche facilement lors de l’écoute. Nous sommes dans cette pure tradition free qui se pratiquait alors, il est amusant, aujourd’hui, d’accoler ces deux mots qui prennent sens, « tradition » et « free ».

Cette musique gardera un fort pouvoir évocateur pour les personnes de ma génération, forcément, mais peut-être ne convaincra-t-elle pas les plus jeunes qui se sentiront peut-être agressés, ou bien encore trouveront ces provocations sonores trop sages par rapport à ce qui se pratique parfois ici ou là… La seconde pièce est en effet très posée, faisant place à un ordonnancement des éléments, une sorte de calme improvisé dominant la pièce, chacun superposant une voix calme à celle de son voisin, jusqu’à l’extinction totale de la musique…

Cet album préfigure une étape nouvelle du free jazz européen.

Groupcomposing
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Message par Douglas » mer. 19 juil. 2023 14:22

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Banquet Of The Spirits – Yesod

Masada Book 3 - The Book Beri'ah – 9

« Banquet Of The Spirits » a laissé un grand souvenir avec l’album « Caym » sur le Book of Angels numéro dix-sept. Les voici réunis à nouveau à l’appel de John Zorn, dans la même formation, avec le vétéran et ami de Zorn depuis de nombreuses années, le percussionniste Cyro Baptista.

A ses côtés figure à nouveau Shanir Ezra Blumenkranz à la contrebasse, le musicien qui a joué sur le plus de volumes du Book Beri’ah, c’est bien lui ! Il y a également le pianiste et vibraphoniste Brian Marsella, absolument phénoménal sur cet enregistrement, et enfin le batteur Tim Keiper, fidèle au quartet.

Alors, évidemment, la formation telle qu’elle se présente fait la part belle aux rythmes, batterie, percus, basse et piano représentent ensemble une puissance rythmique considérable, associés ainsi, ils développent et envoient une énergie du diable !

C’est d’ailleurs l’enjeu principal ici, il faut bien parler de « latin Jazz », avec les percussions incroyables de Cyro Baptista, qui bouge et qui chaloupe, apportant de nouvelles couleurs sans cesse renouvelées, inventant même ses propres instruments. Et puis il y a le petit génie du moment, Brian Marsella, complètement intenable, lui aussi balance avec énergie et n’hésite pas à prendre en main la direction musicale, si nécessaire.

« Hekhalot Rabbati » est une superbe pièce qui met particulièrement en valeur le talent de Brian, il déploie son jeu à la limite du free, avec beaucoup de dextérité, laissant une grande part à son imagination pour développer des trésors de subtilités dans ses improvisations, sans jamais perdre de vue la nécessité d’accrocher le rythme, quitte, sur la fin de la pièce, à ne conserver qu’un rythme répétitif et essentiel.

Shanir n’est pas le dernier à s’éclater non plus au milieu de ce bouillonnement explosif, la basse est ronde et grave, mais aussi mélodique et sautillante, partenaire des uns et des autres, prête à l’échange et au dialogue, élément essentiel, insubmersible, centrale sur l’excellent « Berudim ».

« Tehiru » est également assez chouette avec son style badin, comme une promenade imagée qui se dévoile petit à petit, évoquant un aspect un peu mystérieux, dans une ville méditerranéenne dans laquelle circuitent de vieilles ruelles étroites au bout desquelles le destin pourrait basculer…

Un bel album en neuf compositions qui respire une certaine perfection, comme il arrive de temps en temps aux albums supervisés par Zorn, ce sentiment du travail accompli, jusque dans les détails, comme un aboutissement, une certaine idée du « beau »…

John Zorn's Book Beriah - Berudim performed by Banquet of the Spirits
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Message par Douglas » jeu. 20 juil. 2023 02:40

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Don Cherry – Live At Café Montmartre 1966 – (2007)

Ces bandes d’une valeur historique indéniables furent mises à disposition auprès du public en deux mille sept. Celui-ci n’est que le premier volume d’une série de trois. Cet album provient de bandes enregistrées à l’époque, mille neuf cent soixante-six, pour une émission de radio danoise, au célèbre « Café Montmartre » de Copenhague.

On retrouve presque le quintet qui œuvra sur « Togetherness », avec avec Gato Barbieri au saxophone ténor, Karl Berger au vibraphone, Aldo Romano à la batterie et le bassiste danois Bo Stief remplaçant le français Jean-François Jenny-Clarke. Le concert a été donné avant la parution du second Blue Note, « Symphony For Improvisers ». La période est cruciale pour Don qui bascule lentement vers un jazz plus free encore.

Ici l’équilibre est encore stable et l’enjeu se situe également dans ses échanges avec le talentueux Gato Barbieri dont le jeu est alors révolutionnaire et flamboyant. Il n’a pas encore versé dans une musique plus consensuelle et il joue à fond le free dont il est, d'évidence et sans discussion, l’un des plus brillants porte - étendards.

Pourtant un équilibre se fait entre tradition jazz et aventure plus débridée, c’est un peu le secret de cette période et de cette série de trois albums, il y a le feu, tout couve et s’enflamme et pourtant personne ne se perd, tout est écoutable par tous les amateurs. D’ailleurs une sorte d’unanimité s’est faite dans le cœur des amateurs pour porter ces albums très haut.

Les titres sont peu nombreux mais s’étalent avec l’espace nécessaire, « Cocktail Piece » et surtout « Complete Communion » et « Free Improvisation music now » sont intenses et assez incroyables, donnant à cet enregistrement des attributs de « classique ».

Par ailleurs un Dvd publicitaire est joint, promouvant le label ESP et les autres artistes du label. Ce Dvd est tout simplement époustouflant, il contient des extraits de quasiment l'entièreté du label !

Don Cherry – Live At Café Montmartre, 1966 Vol. 1 [Full Album]


00:00 Intro
00:35 Cocktail Piece 1
13:46 Neopolitan Suite: Dios E Diablo
21:12 Complete Communion
34:33 Free Improvisation: Music Now
45:20 Cocktail Piece 2
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Message par Douglas » jeu. 20 juil. 2023 13:43

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Secret Chiefs 3 – Malkhut

Masada Book 3 - The Book Beri'ah – 10

Pour ce dixième volume John Zorn se conforte dans l’idée de faire appel à la jeune garde, en se tournant vers ceux qui se sont montrés particulièrement brillants lors du Masada Book deux. A ce jeu, il est vrai que Secret Chiefs avec « Xaphan », le neuvième volume des Book Of Angels, est particulièrement bien placé, l’album a eu en effet un fort impact et a été extrêmement remarqué.

Trey Spruance, leader de la formation, se doit de faire au moins aussi bien ! L’album est en effet réussi, il oscille entre les genres, passant de l’un à l’autre avec vivacité, ainsi nous passons d’une influence klezmer à un bain orientalisant, de la musique épique à celle de nuit, du folk maltraité au métal ardent, du jazz au rock le plus urgent, en frayant avec les ambiances noires des musiques de film…

Il faut dire que Trey est formidablement entouré par une horde de musiciens exceptionnels, Eyvind Kang au violon, Shanir Ezra Blumenkranz à la basse au oud et au gimbri, Ches Smith aux différentes percussions, Kenny Grohowski à la batterie et Jason Schimmel aux guitares, Trey en joue également.

Tous les titres sont excellents mais il faut bien en choisir. Certaines pièces sont subtilement composées et d’autres très spectaculaires, ainsi se remarquent dans cette mine de pépites, « Netzach », « Mishkan », « Atzmut », ou « Ayin ».

Secret Chiefs 3 / Mishkan

06 - Netzach.mp3
(5.07 Mio) Téléchargé 20 fois
11 - Ayin.mp3
(8.08 Mio) Téléchargé 21 fois
10 - Atzmut.mp3
(8.29 Mio) Téléchargé 21 fois
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 21 juil. 2023 02:45

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Don Cherry – Live At Café Montmartre 1966 Volume Two – (2008)

Un an après, voici le volume deux de ces fameux concerts au Café Montmartre de Copenhague. Les enregistrements datent du trente et un mars mille neuf cent soixante-six. Cette fois-ci l’album est digipack et un obi « ESP » est fourni ainsi qu’un petit livret avec texte et photos. Ce sont les mêmes musiciens qui sont présents que sur l’album précédent.

On peut noter au titre de l’anecdote que le bassiste danois Bob Stief était intégré à la formation pour des raisons de droit du travail lié aux lois syndicales de son pays, Cameron Brown qui était prévu a dû céder la place. Il est à noter que tous ces musiciens venaient d’horizons très différents, Argentine, USA, Danemark, Italie et Allemagne, plus que jamais le langage commun est la musique.

La magie opère à nouveau sur cette merveille d’album, avec en toile de fond l’image d’Albert Ayler qui trotte dans les têtes de Don Cherry bien sûr, qui joua à ses côtés, mais aussi de Gato Barbieri qui se sent investi de ce rôle, jouant du sax ténor comme l’ange tutélaire. La « Suite For Albert Ayler » est plus que symbolique, une sorte de « Ghost » qui se termine en danse latino.

Mais le point d’orgue est probablement cette dernière pièce, « Complete Communion » de plus de vingt-deux minutes, une version énorme et dantesque, de ces trucs fous qui, lorsqu’on les entend, nous renvoie à l’écriture d’une nouvelle page de cette musique.

Il faut en remercier les solistes souffleurs mais aussi Karl berger au vibraphone, tout simplement extraordinaire, même Bo Stief et Aldo Romano sont des acteurs déterminants de ce miracle musical, peut-être est-ce à eux que l’on doit cette stabilité hors-norme, alors que tout parle pour un gros cassage de gueule avec des embardées free infinies, et bien on a les deux, les embardées et l’équilibre, une sorte de miracle…

Complete Communion


Don Cherry - Orfeu Negro (1966)


Suite for Albert Ayler


Spring Is Here
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 21 juil. 2023 16:04

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Craig Taborn, Vadim Neselovskyi – Da'at

Masada Book 3 - The Book Beri'ah – 11

Après avoir franchi toutes les étapes de l’arbre des Sephiroth, nous voici riche de la connaissance de « l’arbre de vie », qui saura rendre notre existence plus harmonieuse, reste la dernière étape à franchir en compagnie de Craig Taborn et de Vadim Neselovskyi pour un extraordinaire album autour du piano.

Craig Taborn joue sur les sept premiers titres et Vadim Neselovskyi à partie de la sixième pièce, ce qui signifie que certaines sont un duo de pianos. L’exercice peut sembler parfois austère, mais quand il est réussi, ce qui est le plus souvent le cas, car ceux qui s’y attèlent sont en général très préparés à ce défi, c’est souvent une expérience extraordinaire.

Les trois dernières pièces, de onze à treize, sont en trio, avec Vadim au piano, Dan Loomis à la basse et Ronen Itzik à la batterie, une façon de clore ce parcours autour de « Masada », de la plus « classique » des formations, le trio piano, basse, batterie, un équilibre idéal et stable, qui génère des capacités créatives infinies.

Sur cet album « bonus », on remarque trois variations autour de « Penimi », deux autour de « Bohu » et de « Kayam », sans doute cela s'explique-t-il par la loi des nombres qui est affirmée ici…

Si « Malkhut » était un feu d’artifice, « Da’at » nous fait entrer dans la sérénité et la sagesse…

Ge'ulah by Craig Taborn & Vadim Neselovskyi
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 22 juil. 2023 03:30

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Don Cherry – Live At Café Montmartre 1966 Volume Three (2009)

Une année est passée depuis la sortie du précédent volume, pourtant nous rétrogradons dans le temps puisque la soirée enregistrée date du trois mars mille neuf cent soixante-six, toujours au Café Montmartre de Copenhague. Deux pièces seulement, « Complete Communion » pendant plus de vingt-six minutes, et « Remembrance » qui passe sous le cap des vingt-cinq minutes, deux titres phénoménaux qui rajoutent encore à l’histoire des lieux.

Que dire ? Les fondamentaux sont stables, l’histoire veut que ces enregistrements précèdent les deux autres et, imagine-t-on, connaissent une plus grande fraîcheur et un investissement plus important de la part des intervenants car le désir de bien faire est un puissant moteur. C’est sans doute vrai à l’écoute de ces bandes dantesques, traversées par un esprit fraternel et une sorte d’ouragan bienveillant qui préside aux meilleurs auspices.

Bien sûr les albums Blue Note de Don Cherry ont une place essentielle dans toute bonne discothèque, mais que dire de ces bandes qui semblent les toiser, avec cet investissement irremplaçable que constitue l’impact de la scène, du contact avec le public, de la chaleur qui se ressent encore à l’écoute aujourd’hui.

Il en va de même pour « Remembrance » qui était à l’origine un mouvement de « Complete Communion » et qui s’hypertrophie lors de ce set. Don et Gato sont sur leurs terres et n’ont pas de mal à apporter toutes sortes de développements lyriques à la pièce. A ce jeu ils sont très habiles, retrouvant ici ou là des bribes de thème et repartant tous ensemble vers un nouveau point d’arrivée. La trompette de poche de Don est ici très à l’honneur et Gato est toujours là pour la relance. Karl berger est lui aussi stratosphérique, complice habile qui anticipe et offre des directions.

Tout simplement trois classiques.

Complete Communion


Remembrance
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 22 juil. 2023 14:07

Après le magnifique « Book Beri’ah », un sommet qualitatif de la production de John Zorn, et le désastre commercial qui suivit, une triste page va se tourner qui fera place à une autre page, laissant ce « book » un peu dans le désarroi, faible tirage, peu de visibilité et peu de renommée… On peut sans doute espérer une réhabilitation pour ce magnifique coffret, car il le mérite.

John Zorn’s Bagatelles

Dans la lignée du « Masada Book » aujourd’hui achevé, John Zorn poursuit son entreprise sur un modèle d’un nouveau nom, « John Zorn’s Bagatelles », mais en gardant un système de fonctionnement comparable, et sur un principe identique.

En effet, de mars à mai 2015, il a composé trois cents nouveaux morceaux qui ont finalement été rassemblés dans un recueil de compositions qu'il a donc appelé les Bagatelles. Celles-ci désignent souvent des compositions légères, presque sans importance, souvent courtes et faciles à aborder.

Après cinq ans de tournées dans le monde entier, les quatre premières formations sont entrées en studio et les enregistrements sont sortis dans un coffret de 4-CD en édition limitée, puis un second, un troisième et enfin un quatrième qui vient juste de paraître.

Chaque coffret présente quatre ensembles interprétant un programme autour des « Bagatelles » de John Zorn. Je vous ai déjà présenté le premier volume du premier coffret, consacré au Mary Halvorson Quartet. Les coffrets sont assez chics et assez chers, on sent que Zorn veut refaire sa trésorerie.
Douglas a écrit :
jeu. 18 mars 2021 03:28
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John Zorn ‎– John Zorn's Bagatelles

Après un long rodage et des interprétations « live » notamment en France, voici venir les « Bagatelles ». C’est une nouvelle série de John Zorn composée de trois cents titres dont voici une première concrétisation sous le nom de « The John Zorn’s Bagatelles », donc.

On retrouve l’esprit des "Books of Angel", ces compositions sont en effet destinées à être jouées par un important éventail de musiciens. Pour l’instant on en est tout au début de la diffusion, pour ce premier jet, il est prévu mille deux cents coffrets, dont cent qui sont signés.

Ce premier volet est donc constitué par un superbe coffret qui comprends quatre cds, le volume un que je vous présente aujourd’hui est consacré au Mary Halvorson Quartet. On y trouve Mary Halvorson et Miles Okazaki aux guitares, Drew Gress à la basse et Tomas Fujiwara à la batterie.

Neuf compositions sont au menu, elles apparaissent sous la forme « Bagatelle # 57 » ou « Bagatelle # 284 », c’est très beau, mais pas donné, prévoir quatre-vingts $ quand même, le coffret est stylé et les Cds plutôt chicos. J’imagine que ça va rester pendant quelque temps assez confidentiel, avant que n’apparaissent les volumes sans la box. Pour les liens youtube, Zorn est plus réputé pour les enlever que pour les mettre, il ne sera pas facile de se faire une idée sinon par des extraits de concert.

Concernant ce premier volume mon impression est extrêmement favorable, le duo des guitares est assez dantesque, il ne faudrait pas parler de challenge entre les deux musiciens, ce serait inapproprié, mais de complémentarité virtuose extrêmement propre et léchée.

Parfois l’énergie est très rock, tendue, bien emmenée par une rythmique sans défaut, ça glisse même funky à l’occasion sous l’impulsion de Drew Gress. Bon c’est également, jazzy, un chouïa expérimental, mais toujours plein de feu, les batteries chargées au max !

On se souviendra également que le Mary Halvorson Quartet était déjà présent sur le volume trente-deux des « Book Of Angels » dont la série ne voulait jamais finir, malgré les annonces, après une existence qui se prolongea pendant plus de treize années ! C’est donc celle qui fut l’auteur du dernier volume et qui mit fin à cette aventure, qui inaugure avec panache cette nouvelle série. Autrefois, sous d'autres cieux, on aurait dit: "Le changement dans la continuité"...

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Mary Halvorson Quartet plays John Zorn’s Book of Angels (Rotterdam, 1 September 2018) - C'est très brouillon peu en rapport avec ce qui est sur le Cd.
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 23 juil. 2023 02:08

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Emile Parisien, Roberto Negro – Les Métanuits (2023)

Emile Parisien est un musicien que je suis d’assez près, ce dernier album est donc arrivé entre mes oreilles il y a quelques temps. C’est un duo entre lui, son saxo soprano et le pianiste Roberto Negro. Il y a un prétexte, ou plutôt un thème qui les réunit. Il s’agit du concerto pour quartet à cordes N°1 de György Ligeti, « Métamorphoses nocturnes ».

Je parlais de prétexte car en fait il y a énormément d’improvisations également, ce qui laisse la place au jazz et à la créativité, tout en s’appuyant sur un roc solide que l’on peut sculpter à son gré.

Finalement c’est assez malin, il se trouve que ces deux-là sont tout de même des musiciens exceptionnels et désormais chevronnés, ils ont l’expérience et l’aplomb pour tourner l’exercice à leur avantage, un peu casse-gueule au départ, il s’agit tout de même d’une compo prévue pour des cordes !

J’ai écouté Ligeti autrefois, mais pas cette œuvre qui s’inspire de Béla Bartók, dont les quatuors à cordes sont tout à fait extraordinaires. A priori ça donne déjà l’envie d’écouter l’œuvre de Ligeti, ce qui est motivant. On reconnaît la tournure classique, facilement chez Roberto Negro qui à l’air de s’y connaître, le touché, le doigté et même le rythme proviennent bien souvent de l’œuvre observée, Emile, lui improvise à sa manière, entre les thèmes qu’il restitue, il parvient à faire entrer de l’émotion dans son jeu, c’est donc gagné.

Il faut dire que les deux sont des admirateurs du musicien Austro-Hongrois qui aurait eu cent ans cette année, c’est en conversant que cette passion commune s’est révélée, et qui plus est, tous deux ont la même œuvre préférée, ces fameuses métamorphoses nocturnes qu’ils transforment en « Métanuits ».

Onze parties forment cette nouvelle lecture, notons les superbes « Prestissimo » et « Alla marcia, pesante » qui se signalent avec tempérament, mais aussi d’autres plages plus calmes, plus propices à l’endormissement.

Prestissimo


Allegro grazioso


Tempo di Valse


Vivace, capriccioso
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 23 juil. 2023 15:27

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The Bagatelles Vol.2 – Erik Friedlander/ Michael Nicolas

L’album marque la rencontre entre deux violoncellistes, ils se sont réunis à New York pour préparer et effectuer l’enregistrement. Il est difficile d’étiqueter jazz, la musique ici enregistrée. Nous sommes plutôt dans une veine classique ou contemporaine, me semble-t-il.

Nous sommes des habitués d’Erik Friedlander qui fait partie du premier cercle des invités, mais Michael Nicolas est moins renommé, enfin pour l’amateur de jazz que je suis, car ce jeune musicien est très à l’aise dans les musiques contemporaines.

C’est admirablement arrangé par Erik Friedlander, les virtuoses jouent avec nos émotions et nous présentent dix pièces aux atmosphères souvent étranges, tendues, les sons créent en nous des images et des sensations, c’est très sensuel, parfois lyrique et souvent cinématographique.

Il n’y a pas de titre ici mais simplement un numéro qui suit l’appellation « Bagatelle », s’il fallait en retenir une seule ce pourrait-être la « Bagatelle#65 », très belle, avec une partie répétitive et entêtée…
05. Bagatelle #65.mp3
(12.97 Mio) Téléchargé 21 fois
Modifié en dernier par Douglas le lun. 24 juil. 2023 13:04, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 24 juil. 2023 03:39

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John Coltrane With Eric Dolphy – Evenings At The Village Gate (2023)

On doit la découverte de ces bandes à un obscur archiviste de la « New York Public Library for the Performing Arts » qui faisait des recherches concernant Bob Dylan, et qui tombe sur ce trésor ! On connaissait l’existence de ces bandes, c’est Rich Anderson, ingénieur du son du Village Gate qui avait déposé un microphone à ruban pour faire un test concernant le nouveau système du son mis en place dans le club, et également pour faire l’essai de son micro.

Il se raconte que c’est la première rencontre entre Dolphy et Coltrane, en août soixante et un, au Village Gate de Greenwich Village. C’est en mono, un seul micro c’est peu, l’occasion de goûter d’encore plus près au jeu d’Elvin Jones, et de profiter de ce qui se passa ce soir-là…

L’album est double, car il faut bien ça. John Coltrane joue du soprano et du ténor, comme à l’habitude, Eric Dolphy joue de la flûte, dès le titre d’ouverture « My Favourite Things », de la clarinette basse sur « When Lights Are Low », et du sax alto. Mc Coy Tyner est au piano et c’est Reggie Workman qui est encore à la basse, il sera bientôt remplacé par Jimmy Garrison, on annonce également Art Davis à la basse, quant au batteur vous le connaissez…

Vous l’avez compris, vous ne serez pas éblouis par la qualité technique de la prise du son, ni par sa brillance et sa définition, à ce niveau c’est plutôt une plongée dans l’obscurantisme des temps anciens. Pour autant, il faudrait être difficile pour ne pas reconnaître l’importance historique de cet album, car on y distingue chaque instrument, les solistes sont très audibles et, et c’est là l’essentiel, la passion traverse les difficultés matérielles et on entend clairement comme un jaillissement nouveau qui s’installe, contre vents et marées, car ils étaient déjà bien en avance sur leur temps ces défricheurs…

Le jeu de Dolphy éclate avec fulgurance à la figure de ses contemporains, ses solos sont absolument brillantissimes, seul Coltrane à l’époque partage cette même flamme, certes vous trouverez sans mal d’autres albums de cette même période qui témoignent de cette passion, et probablement avec un meilleur son, mais celui-ci dites-vous bien que c’est le tout premier, et qu’il fait de vous le témoin de cette collaboration nouvelle et décisive, dès son commencement.

Le double LP contient un beau livret joint qui ravira les bilingues. Un album destiné à ceux qui ont déjà bien fait le tour de ces deux musiciens et qui ont écouté "Live" At The Village Vanguard ou mieux « The Complete 1961 Village Vanguard Recordings ».

My Favorite Things (Live)


When Lights Are Low (Live)


Impressions (Live)


Africa (Live)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 24 juil. 2023 14:26

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The Bagatelles Vol.3 – Trigger

Ce qui est bien avec John Zorn c’est qu’on ne s’ennuie jamais et qu’il y a des surprises souvent programmées aux rendez-vous. Cette fois-ci c’est l’excellent Trigger, une formation à l’initiative du démiurge qui vient nous surprendre. Rien moins qu’un power trio à la sauce rock, métal ou hard, comme vous voulez, mais c’est très puissant, voire extrême. Will Greene est le guitariste, Simon Hanes le bassiste et Aaron Edgcomb est à la batterie.

A nouveau des phénomènes, surdoués New-Yorkais qui rivalisent de puissance électrisée, les duos entre la guitare et la basse sont exceptionnels, ça vous dresse les cheveux sur la tête et vous hérissent les poils, pour peu que le volume soit poussé juste un peu au-delà du raisonnable.

Les pièces sont très courtes, rarement plus de trois minutes, ça rappelle l’album « Scum » de Napalm Death, bien qu’ils ne soient que trois. C’est très rapide, virtuose, inspiré, comme une boule d’énergie qui dévale la pente et vous poursuit sans rien lâcher, vous voyez ?

Le batteur tape sans arrêt, il bombarde et lâche les skeuds, ça ne s’arrête jamais, sans répit ni relâche, vite et fort, et plus vite et plus fort, encore et encore…

« Bagatelle#220 » est presque reposante…

C’est ça Trigger !
13. Bagatelle #220.mp3
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John Zorn - Bagatelles (full album) - Si vous avez un trou dans votre emploi du temps, l'intégrale du premier coffret...
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Message par Douglas » mar. 25 juil. 2023 03:03

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Don Cherry – Eternal Now (1974)

Je me souviens très bien avoir lu une chronique dans la presse spécialisée d’époque, assez brève et lapidaire, qui se concluait ainsi : « décidément il vaut mieux éviter les « now » de Don Cherry ». Etaient visés « Hear and Now » de soixante-dix-sept, et « Eternal Now » que voici.

Je n’ai jamais trop compris où le gars voulait en venir, mais ça m’est resté dans un coin du crâne, « mais pourquoi dit-il ça ? » Je n’ai toujours pas la réponse, mais ça fonctionnait avec la force d’un argument d’autorité, je suis spécialiste, je sais, je juge….

Alors pour tout dire je l’aime bien moi ce disque, on pourrait le classer dans le style « spritual music », ou encore musique « baba d’époque », avec oinje qui va avec, mais n’est pas fourni dans l’album. Ce dernier n’est pourtant pas ambitieux, il se laisse porter par le son du vent, et les éléments qui vont avec. Don joue de beaucoup d’instruments du monde, avec des noms compliqués, c’est que le monde est rempli de jolis instruments au nom compliqué qui rendent la musique belle.

Il chante un peu de temps en temps, sur des rythmes assez immuables et avec des drones en toile de fond qui donnent l’ambiance recueillie qui va. Ils sont quelques-uns à ses côtés, Ben Berger, Christer Bothén, Agneta Ehrnström, Bernt Rosengren, des gens de là-haut, où il vit. Si vous aimiez ça la musique improvisée de l’époque, où ça s’énerve pas trop, genre tu balances la tête en te laissant porter là où t’emmène la musique, ça peut le faire…

D’un autre côté, pour revenir au gars qu’aime pas, on peut comprendre pour peu qu’il préfère les trucs structurés, avec début, thème, milieu, thème, fin. Ici c’est pas trop ça, ça traîne, ça larmoie, ça va et ça vient, on se sent bien même avec un simple tambour qui donne à tuer le temps, en attendant qu’un autre arrive, qui passe dans le coin…

Y’a des cloches tibétaines, des gongs, des cymbales, des rkan-dung, un H’suan, le Dastar, et le piano à pouces, bien sûr, et d’autres encore… et d’autres…

Don Cherry ‎- Eternal Now (1974) FULL ALBUM
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Message par Douglas » mar. 25 juil. 2023 14:55

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The Bagatelles Vol.4 – Ikue Mori

Ikue Mori fait partie des plus fidèles de la galaxie « John Zorn », en tant que musicienne, comme ici à l’électro et à l’ordi, mais aussi pour les conceptions d’albums, les pochettes et autres « goodies » qui ajoutent ce petit « plus » qui fait la différence. Elle est également graphiste et a réalisé des pochettes pour Tzadik. Elle a également participé à « Masada » ou à « Hemophiliac » ainsi qu’à d’autres aventures…

Rien d’étonnant donc à la voir ici, ajouter une palette nouvelle aux « bagatelles », qui se lancent dès ce premier volume avec quatre styles de musique très différenciés, un tel éclectisme est tout à fait digne de John Zorn qui est bien souvent là où on ne l’attend pas, il avance toujours, en dépit des obstacles, animé de son seul amour de la musique…

Ikue Mori n’a pas de formation de musicienne, elle patouille et bidouille en parfaite autodidacte, avec son seul goût pour guide, se laissant porter par toutes ces boucles qui s’enchevêtrent, s’additionnent et se suivent en fonction de la loi de l’inspiration du moment…

Du coup c’est très rafraîchissant, spontané, on ne retrouve pas comme souvent une accroche rythmique, avec basse et batterie, elle préfère les courts thèmes qui se suivent et se répètent, puis évoluent, la répétition est en elle-même un moteur qui permet à la musique de se muer et de se transformer, à partie des thèmes de Zorn qui sont points de départ ou d’arrivée.
02. Bagatelle #200.mp3
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Message par Douglas » mer. 26 juil. 2023 03:12

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Ricardo Izquierdo – Kikun Pelu Mi Wa - (2023)

Ricardo Izquierdo est cubain d’origine, natif de Matanzas. Il fait partie des Yorubas, d’ailleurs le titre de l’album signifie « Peindre avec mes racines » dans la langue yoruba, celle-ci provient d' Afrique de l’Ouest où elle est beaucoup parlée, au Nigeria, Bénin, Ghana, Togo, Burkina Fasso et Côte d’Ivoire. Les descendants de ces peuples africains ont fait perdurer l’usage de cette langue à Cuba et en Amérique latine.

Ricardo s’est installé à Paris en deux mille un et cet album est son quatrième, il a bénéficié d’une promo assez importante sur le marché français, et je dois dire que c’est mérité car l’album est assez formidable.

Ce qui est spécifique chez Ricardo, c’est son jeu, pour moi il évoque Hanz Sauer ou parfois Alabaster de Plume, c’est quelque chose de fragile qui ne recherche pas la puissance, mais cultive son extrême opposé, l’hésitation, la fêlure, il va où peu se posent… Bon pas tout le temps, ce n’est pas systèmique, mais c’est très notable dans sa façon de faire vibrer l’instrument, d’en chercher la note qui meurt doucement…

L’autre influence est cubaine, bien évidemment, et les deux réunis fabriquent un ensemble très personnel, qui donne envie d’en écouter davantage. Son style est également très fluide, très « cool » si on se réfère à l’histoire du jazz. Il est accompagné par des musiciens très à l’écoute, versés dans sa manière de faire.

Sergio Gruz est le pianiste, Gildas Boclé le contrebassiste, Fabrice Moreau le batteur et Javier Campos Martinez le percussionniste sur trois titres. Les compos sont de Ricardo et « Pueblo Nuevo est cosigné par Javier Campos. L’ensemble est très poétique, posé et plein de cette coolitude qui semble faite pour plaire, bien qu’elle soit très personnelle, et, finalement, osée, car il faut pencher côté risque pour présenter ce qui sort des sentiers balisés.

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Monsieur-Hulot » mer. 26 juil. 2023 06:08

Douglas a écrit :
mer. 19 juil. 2023 02:14
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Bravo Douglas, je découvre des trucs sympas avec toi ! En tout cas jolie pochette ! Merci à ton épicerie de tenir vaille que veille cette rubrique Jazz sur un forum de braillards chevelus décatis ! :chapozzz:
FILLES & MOTEURS, JOIES & DOULEURS.

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 26 juil. 2023 14:52

Monsieur-Hulot a écrit :
mer. 26 juil. 2023 06:08

Bravo Douglas, je découvre des trucs sympas avec toi ! En tout cas jolie pochette ! Merci à ton épicerie de tenir vaille que veille cette rubrique Jazz sur un forum de braillards chevelus décatis ! :chapozzz:
Ah Bé... Je te remercie pour ce sympathique encouragement, il est vrai que les pochettes "jazz" sont souvent pas mal, voir les Blue Note d'époque qui sont magnifiques ainsi que celles du Miles électrique et tant d'autres...
L'épicerie est encore ouverte avec deux articles /jour, mais, vu que j'écoute avant d'écrire, et pendant aussi, le rythme est sans doute un peu trop rapide je le crains, mais tant que ça tient...
Surtout ne pas hésiter à entrer quand on on voit de la lumière...
:envahisseurzz:
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 26 juil. 2023 15:05

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The Bagatelles Vol.5 – Kris Davis Quartet

Cet album se situe dans second coffret des Bagatelles qui contient encore trois autres albums. Kris Davis est pianiste, elle aussi est partie en tournée pour rôder son quartet, entre deux mille quinze et deux mille dix-neuf, donnant des concerts et des représentations ici ou là. A ses côtés il y a Mary Halvorson que l’on retrouve à la guitare, Drew Gress à la basse et Kenny Wollesen que nous connaissons bien maintenant, à la batterie.

Kris a arrangé les thèmes de Zorn et a organisé les solos dans les compos, elle est assez Monkienne dans son approche, elle désarticule et détourne avec talent, toujours en mouvement, vive et précise, mais, il faut bien le reconnaître, Mary Halvorson est ici la principale attraction.

Sans doute moins identifiable que dans ses propres albums elle utilise tout de même les déformations du son avec pas mal de reverb, comme elle aime, chacune de ses interventions retient immédiatement l’attention, elle attire la lumière comme une star...

Côté rythmique c’est extrêmement solide avec deux géants de leur instrument, l’assise est ainsi très jazz, et l’auditeur ne risque pas de perdre ses repères. La bagatelle#88 est une ballade que Kriss a particulièrement travaillée, on y entend une magnifique Mary Halvorson !

Ce second coffret est construit autour du monde des claviers…
06. Bagatelle #88.mp3
(17.08 Mio) Téléchargé 20 fois
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En achetant directement chez tzadik, on peut choisir l'option signature, mais c'est plus cher...
:hehe:
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 27 juil. 2023 02:31

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Rob Mazurek, Exploding Star Orchestra – Lightning Dreamers (2023)

Voici Rob Mazurek et son « Exploding Star Orchestra » pour un nouvel album entre électro et jazz électrique, une fusion qui doit à l’univers de Miles Davis au temps de sa période électrique, au jazz-rock qu’il perpétue et aux échantillonnages et bidouillages tels qu’on les pratique souvent sur International Anthem.

Rob est le chef d’orchestre ou de « band » si on préfère, il joue de sa trompette, toujours fort bien, compose et recourt aux traitements électro sans hésitation. Jeff Parker est royal à la guitare, à chaque fois ça fonctionne, qu’ils soient courts ou un peu longs, ses soli nous régalent. Craig Taborn est également magistral, il joue du wurlitzer et du moog matriarch, il n’est pas pour rien dans la réussite du produit final !

Angelica Sanchez joue également du wurlitzer, mais aussi du piano et du moog sub 37. Damon Locks ajoute des textes, dit ou chante des imprécations venues de l’espace-son, il ajoute des samplers et des traitements électro. Gerald Cleaver joue de la batterie à l’ancienne. Mauricio Takara joue des percussions et des percus électroniques également. Et enfin la magnifique Nicole Mitchell chante et, surtout, joue de la flûte.

Toute la première face est très écrite pourrait-on dire, mais ce serait tout de même ambigu de le dire comme ça, disons qu’elle est construite sur des matériaux stables, rassurants, plaisants.

La seconde se compose en deux parties, « Black River » est la première, elle inclue des samples de l’Exploding Star Orchestra enregistrés aux sons d’hiver à Paris en février deux mille vingt-deux avec la regrettée Jaimie Branch, ainsi que Tomeka Reid, Thomas Roher et d’autres dont ceux présents ici.

La musique est du coup très libre, presque abstraite, certainement née d’une improvisation collective assez tendue où chacun s’exprime dans l’espace commun, c’est le moment le plus free de l’album, il exprime précisément ce sentiment de liberté, sans entraves ni dictat, une grande beauté naît de cette jam qui se conclut toutefois sur des rythmes rassembleurs.

« White River » qui termine l’album a perdu cette tension qui habitait le titre précédent pour présenter une musique presque rêvée, d’un autre monde, quelque part dans l’espace, irréelle et presque immatérielle…

Rhodes, guitare et électro embrayent, alors que Gérald Cleaver dessine de grands espaces avec ses percussions, l’ambiance est presque psychédélique, elle vous envoie, c’est sûr, vers une autre dimension…

Un bel album, enregistré non pas à Chicago, mais quelque part au Texas, près de là où vit Rob…

Rob Mazurek - Exploding Star Orchestra - "Future Shaman"


Dream Sleeper


Black River


White River
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