Ce matin, j'ai écouté "New Born Day", le premier album de Ruphus.
"New Born Day" est un 'solide' début pour l'un des tout premiers groupes prog de son pays, mais qui n'a jamais vraiment été connu en dehors de la Norvège, à part quelques incursions en Allemagne et en Suisse.
Ce disque est définitivement un classique du Prog Norvégien perdu que le temps a quasiment oublié. C'est une sorte d'hommage très crédible aux premiers grands noms du prog qui vaut la peine d'être écouté par quiconque est curieux des premières racines de la scène Scandinave.
Il présente un son qui ressemble beaucoup à une version plus Heavy du Yes des deux premiers albums, avec l'influence d'un King Crimson pré-'Lark's Tongues' et un soupçon de Van der Graaf Generator.
Mais, ce qui est finalement le plus important, c'est l'aura enthousiaste et sauvage de chacune de ces chansons. En effet, bien qu'ils soient tous de bons instrumentistes, la musicalité n'est toutefois pas forcément toujours excellente, mais ce qui est le plus frappant est leur grand enthousiasme, surtout les chanteurs.
Plus Hard que Yes, donc, avec un puissant duo vocal masculin / féminin et des paroles réfléchies malgré la lourdeur générale, cela les distinguent de leurs contemporains Britanniques et si des comparaisons pouvaient réellement être faites, ce pourrait être plutôt avec le groupe Allemand Octopus, qui ne sera opérationnel que quelques années plus tard.
Ce premier opus est surtout un vrai coup de maître, car les musiciens avaient capté et bien intégré tout les sons exaltants de ces groupes Britanniques précités, il y a en effet un peu de tout cela: Le groupe s'inspire tour à tour de Deep Purple, de Yes, de King Crimson, mais aussi de Uriah Heep et les inclut dans son propre mixage, gardant des airs variés, imprévisibles, et particulièrement attachants.
Il contient du bon Hard Rock, du Hardprog et grâce à ses deux excellents chanteurs, Ruphus s'est inscrit comme un groupe dans une classe entièrement à part: Cet opus possède, en effet, quelque chose d'unique qui lui confère une ambiance particulière, le duo de chanteurs masculin / féminin qui chantent avec une passion enthousiaste.
Les parties vocales sont incroyables et vraiment poétiques: les voix masculines et féminines se fondent dans de puissantes incantations. Leurs mélodies sont instantanément accrocheuses et ne peuvent être oubliées.
Gudny Aspaas, sans aucun doute, est une chanteuse talentueuse et peut-être plus qu'un peu folle qui n'a pas le temps pour des termes comme la subtilité ou la retenue, elle pourrait même facilement rivaliser avec les Robert Plant ou Roger Daltrey de ce monde. Dès son introduction sur la première piste, elle monte dans les notes élevées d'une manière presque déséquilibrée, mais cela sonne bien.
Rune Sundby, quant à lui, joue plus de manière adéquate le rôle de fleuret masculin, distribuant de puissants vibratos et prenant le lead sur certains morceaux.
La dynamique vocale globale est excellente et ajoute beaucoup de caractère à l'album.
Le son est remarquablement années 70 dans son meilleur sens (bon mixage, son chaud). Les compétences techniques des musiciens sont de haut niveau! De plus, l'utilisation de mellotron apporte de la magie à cet incroyable voyage musical!
Sérieusement, chaque morceau est essentiel et certains d'entre eux fourmillent de ponts fantastiques et de mélodies exceptionnelles qui les traversent. Chaque piste a son propre groove accrocheur avec des harmonies vocales, des orchestrations aux claviers, des grosses parties de guitare et de l'orgue Hammond.
L'énergie et la dynamique de "New Born Day" ne peuvent pas être exagérées avec ses arrangements fluctuants qui ont aussi des suggestions classiques et des aspirations Jazz qui prendront de l'importance à mesure que la carrière du groupe progressera.
Ne manquant pas de prouesses, la musique plonge dans de multiples directions avec des sections plus mélodiques avec des guitares acoustiques, du saxophone et de la flûte particulièrement efficaces sur des titres tels que les prophétique "Scientific Way" et le rapide "Still Alive" donnant aux compositions encore plus de couleur.
Bien qu'il ne s'agisse pas d'un album conceptuel, tous les titres sont vaguement reliés par des thèmes de la guerre froide qui sont évidents sur des titres tels que "Scientific Ways", "The Man Who Start It All" et "Day After Tomorrow".
C'est certainement l'un des meilleurs disques Norvégiens de l'époque avec un son très excitant et un enthousiasme extraordinairement communicatif, même s'il sonne un peu daté. Sans aucun doute, il personnifie le véritable esprit de ce qui était en cours à cette époque.
La piste d'ouverture, "Coloured Dreams", donne le ton, essentiellement une mélodie Hard Rock avec une quantité généreuse de claviers Hammond en accompagnement pour titiller les guitares Heavy et la basse. Un joli riff Rock aussi, avec seulement le style légèrement jazzy de la batterie qui garde cette chanson du pur culte Deep Purple.
C'est une chanson quelque peu trompeuse avec ses riffs de guitare, son jeu d'orgue assez simple et ses duos des chanteurs, Gudny Aspaas et Rune Sundby car elle semble plus proche de quelque chose que Babe Ruth aurait pu faire que le reste de l'album.
Mention particulière à la chanteuse Gudny Aspaas pour son excellente voix hurlante façon Metal.
Le groupe ralentit considérablement les choses sur "Scientific Ways" qui révèle la nature prog plus aventureuse du groupe et introduit plus de variété à la fois aux claviers et à la guitare rythmée.
Il y a une trace d'une progression du claviers similaire à Yes, et une fois de plus, Sundby commence en soliste avant que Aspaas ne se joigne au chant au et qu'elle fournisse des voix stellaires avec une très bonne portée et la flûte fait ensuite son apparition jusqu'à la fin de ce morceau.
Sur le morceau suivant "Still Alive", Sundby chante en soliste et joue du saxophone et encore une fois les claviers sonnent bien et vont à l'encontre d'une ligne de basse groovy implacable avec un bon son Heavy et quelques paroles plutôt excentriques.
C'est un groupe qui avait sans aucun doute organisé un show en live énergique.
"The Man Who Start It All" est un morceau de Heavy Rock typique des années 70 dans la veine de groupes comme Uriah Heep qui s'ouvre avec le piano alors qu'une flûte se joint à elle, puis de bonnes lignes de basse suivent et des mélodies vocales masculine puis féminine prennent la relève dans une belle progression musicale. Superbe son.
Sur "Trapped in a Game" Gudny Aspaas et le guitariste Kjell Larsen font penser aux soeurs Wilson du groupe Heart de la fin des années 70. Ce serait probablement considéré aujourd'hui comme un morceau AOR si ce n'était pas couvert par des excellents passages d'orgue.
C'est une chanson des plus cool et pourtant quelque chose d'un très bon niveau musical, une sorte de chanson porte flambeau du Prog avec beaucoup de Soul et un passage d'orgue bizarre qui se transforme en fureur de batterie.
Le morceau titre, "New Born Day", s'ouvre sur un orgue puis la basse intervient et enfin la batterie. C'est joliment construit.
Aspaas intervient, mais c'est la basse qui vole la vedette car le jeu de basse ressemble à celui de Chris Squire.
Les passages de guitare s'enchainent merveilleusement. Un air tout à fait incroyable!
Enfin, "Day After Tomorrow" termine l'album sur une note appropriée.
C'est une piste épique qui dure près de neuf minutes. La batterie et les orgues ouvrent la voie dans un style proche d'Emerson, Lake and Palmer avant que la guitare n'intervienne de façon assez bruyante.
Un calme suit et les vocaux masculins prennent la suite, suivis de jolies mélodies vocales féminines.
Une chanson vraiment intense jusqu'à la fin.
Pour conclure, "New Born Day" est une excellente performance réalisée avec une exubérance absolue, et cet album mérite d'être recommandé à quiconque s'intéresse aux racines du Rock Progressif Scandinave.