J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

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Douglas
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 7 août 2022 03:10

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Byard Lancaster – Soul Unity (2022)

Attention, il s’agit en fait d’une réédition double vinyle d’un album sorti en deux mille six par la formation « Thunderbird Service », d’après le surnom de Byard Lancaster. L’ordre des morceaux est différent du Cd original et deux pièces ne figurent pas, « Marry Don't You Weep » et « Christian Automobile ». Outre le nom de l’interprète principal, la pochette est également différente.

On trouve ici l’excellent vibraphoniste et joueur de balafon Khan Jamal, le pianiste Alfie Pollitt, Byard Lancaster évidemment, compositeur de trois titres, joueur de saxophone, de flûte et chanteur, Keno Speller à la conga et au bongo, une paire de tambours cubaine, Brett Andrew à la conga également et au chekeré ainsi que le Reverend Joe Craddock au chant avec le quartet de gospel « Men On A Mission ».

C’est dans sa ville, à Philadelphie en Pennsylvanie, au Morning Star Studio que Byard va enregistrer cet album qui porte bien son nom. En effet ici c’est la fête à la Great Black Music avec toutes ses formes et son histoire, du Gospel, de la Soul et du jazz comme il se doit. L’album s’ouvre avec une composition de Byard Lancaster « Sweet Evil » d’inspiration Gospel et religieuse, avec une pointe de modernité, malgré qu’il trainât au fond d’un tiroir depuis une quarantaine d’année. Le titre est très beau, chanté par le révérend qui s’y connait en la matière.

Pour conclure la face A un traditionnel est parfait pour maintenir une certaine unité, voici donc « Follow Me » avec le quartet de gospel « Men On A Mission », qui s’est formé à la faveur d’un séjour en prison, une belle réussite également avec le saxo de Byard à l’arrière qui fait le job.

La face B s’ouvre sur une courte compo de Coltrane « Dahomey Dance » tout à fait réussie, elle se démarque de l’original. Le thème suivant est encore une belle réussite, c’est une compo de Byard « Rhythm In The Dark », des percus s’affolent et Byard improvise longuement avec sa flûte, nous voici plongés dans l’ombre de la forêt comme le suggère le titre, la pièce s’étale et prend son temps, elle fait bien, c’est tellement beau, tout ce que j’aime …

La face C est marquée par le retour des Hommes en mission qui interprètent un nouveau traditionnel Gospel, « It’s Gonna Rain », ensuite arrive une compo du vibraphoniste Khan Jamal, « God’s Ready » qui dialogue avec le saxo de Byard Lancaster, c’est très aérien et acrobatique, riche et bouillonnant, les deux s’entendent parfaitement et la pièce se transforme vite en performance, avant un retour au calme final.

« Hard Times » un standard signé Mitchell clôt cette face de la façon la plus classique qui soit, une opportunité pour Alfie Pollit de montrer son talent de pianiste, c’est d’ailleurs lui également qui ouvre la face D avec une de ses compos « The Inspiration That I Feel », qu’il joue au piano solo.

La pièce suivante ne saurait nous décevoir puisqu’il s’agit de « The Creator Has A Masterplan » que l’on doit à Pharoah Sanders. Les vocalistes ici sont à la fête, nombreux pour rendre hommage à la partie de Leon Thomas, même Byard a rangé son sax ! L’album se termine par le fameux « Swing Low Sweet Charriot » avec le quartet de gospel et les chanteurs dispos, Lancaster a sorti sa flûte pour lancer quelques traits lumineux ici ou là.

Un album qui balance entre tradition et modernité, ce qui m’a bien plu…

Rhythm in the Dark


Sweet Evil


Byard Lancaster - Dahomey Dance


Thunderbird Service - The Creator Has a Master Plan
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 7 août 2022 14:30

Un autre album de Byard, un musicien dont il faudrait que je vous parle davantage, après ces dernières sorties...

Byard Lancaster ‎– Personal Testimony (1980)
Douglas a écrit :
dim. 21 nov. 2021 05:30
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Un album que j’ai écouté au moins six ou sept fois ces derniers temps, un truc qui fait du bien et qui peut se conjuguer avec l’endormissement (je suis doué pour l’endormissement) ou la lecture, en général la musique s’efface derrière les mots, mais elle berce et aime les voyages. Mais cette galette est surtout agréable lors de l’écoute – écoute, sans accessoire, avec l’esprit bien éveillé.

Byard Lancaster est à l’œuvre et il fait tout ici, voix, piano, flûte, piccolo, basse clarinette, sax alto et soprano, percussions, bref, tout ! L’album s’appelle « Personal Testimony » avec un sous-titre, « Then And Now », mais attention il y a une duplicité ou plutôt un piège qui se dévoile en regardant le verso de la pochette : en fait il faut lire « Then » un enregistrement de soixante-dix-neuf, et « Now » qui, lui, date de deux mille sept.

Deux œuvres jumelles mais éloignées dans le temps, ça tourne autour des vingt-neuf minutes pour le premier volet et des vingt-huit minutes pour le second, un équilibre apparent qui cache tout de même une certaine disparité, « Then » me régale un peu plus que « Now », mais ce dernier s’accorde tout de même parfaitement avec son prédécesseur, alors ne pinaillons pas.

Byard Lancaster est un homme rusé, il trompe sa solitude et notre attention en utilisant la bonne vieille technique du re-recording, se démultipliant ainsi de temps en temps. On l’a compris également, il varie les instruments et ne laisse pas s’installer un son monocorde qui pourrait engendrer la monotonie.

Le plus souvent il joue doux, caresse en tendresse et batifole folâtre. Juste un glissement sur le dernier titre de « Then », « Mind Exercise » un solo d’alto saxé désaxé qui vrille un peu, avant de passer à « Prayer Cry » premier titre de « Now » avec les voix qui arrivent, tribales, un air d’Afrique.

Quinze titres au total qui nous proposent un cheminement varié, mais toujours dépouillé, minimal et intimiste, d’ailleurs Byard nous offre une grille de lecture en choisissant un sous-titre évocateur pour chacune des pièces ici.

Le plaisir de l’écoute est au rendez-vous et se renouvelle sans jamais lasser, ah ! comme je me dis de temps en temps, je suis content de l’avoir celui-là !

Miss Nikki


In Lovingkindness


Byard Lancaster - Loving You


Global Key
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par nunu » dim. 7 août 2022 20:21

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Belladonna et Amaryllis, les deux nouveaux albums de Mary halvorson, sorti chez Nonesuch

Voila ce qu'elle en dit sur son site internet

I am pleased to announce the release of two new albums, Amaryllis and Belladonna, my debuts for Nonesuch Records! Belladonna features The Mivos Quartet plus me on guitar. Amaryllis also features Mivos, alongside my brand new sextet with Adam O'Farrill (trumpet), Jacob Garchik (trombone), Patricia Brennan (vibraphone), Nick Dunston (bass) and Tomas Fujiwara (drums). Both albums were produced by John Dieterich of Deerhoof, with artwork by DM Stith.

Je les aient commandé mais en attendant je me contente de la version MP3

Lien vers Bandcamp pour écoute ;https://bandcamp.com/nunu21300/feed?from=menubar

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 8 août 2022 02:02

nunu a écrit :
dim. 7 août 2022 20:21
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Belladonna et Amaryllis, les deux nouveaux albums de Mary halvorson, sorti chez Nonesuch

Voila ce qu'elle en dit sur son site internet

I am pleased to announce the release of two new albums, Amaryllis and Belladonna, my debuts for Nonesuch Records! Belladonna features The Mivos Quartet plus me on guitar. Amaryllis also features Mivos, alongside my brand new sextet with Adam O'Farrill (trumpet), Jacob Garchik (trombone), Patricia Brennan (vibraphone), Nick Dunston (bass) and Tomas Fujiwara (drums). Both albums were produced by John Dieterich of Deerhoof, with artwork by DM Stith.

Je les aient commandé mais en attendant je me contente de la version MP3

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Perso je préfère le sextet à l'orchestre à cordes, par contre il est indiqué:
"this product only ships in the US", on n'a droit qu'au téléchargement!
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 8 août 2022 02:17

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Binker Golding – Dream Like A Dogwood Wild Boy (2022)

Binker Golding est un artiste que je suis d’assez près, en soliste ou en duo avec son complice Moses Boyd. Justement il se trouve qu’il est passé au « Moods Club» de Zürich et que le concert a été diffusé sur Stingray Djazz, la chaîne hollandaise, du coup je l’ai visionné au moins trois fois, avec le même groupe que sur cet album, mais en quartet seulement car le guitariste Billy Adamson n’était pas du voyage.

Du coup les enseignements sont nombreux. Déjà l’arrivée du guitariste est très positive et ne fait qu’ajouter à l'impact de la formation qui gagne encore en facilité d’accès auprès d’un plus large public, il y a là un côté rock qui plaît d’emblée et qui accroche.

Quand je me pose cette simple question : Qu’est-ce qui me séduit dans la musique de cet album ? Curieusement la réponse ne vient pas si facilement, pourtant il y a bien quelques évidences, la première est l’excellente qualité des musiciens. Sarah Tandy, la pianiste, semble partager avec Binker Golding le côté besogneux d’un apprentissage long et difficile, qui en ont fait de véritables surdoués de leurs instruments respectifs.

Sarah se tient droite, presque rigide, face à son instrument, à la façon d’une danseuse face à un miroir, l’exact opposé d’un Bill Evans ou d'un Tigran, tout cassé, le visage à quelques centimètres du clavier, elle est concentrée et vit pleinement sa musique, parfois sa tête s’avance et recule au rythme de la musique, mais c’est lors des solos où il faut tout donner qu’elle se transforme, presque tentaculaire avec ses longs doigts, son corps tout à coup s’agite, saute même sur le siège, se penche, ses longs bras s’agitent et l’on entend, dans le même temps, les notes folles qui s’envolent à grands coups d’ailes.

Une sacrée pianiste ! Le bassiste, Daniel Casimir, a l’air d’un bon copain, il fait bien la paire avec Sam Jones à la batterie. Il est intéressant d’observer Binker Golding se tourner parfois vers son batteur en effectuant son solo, comme s’il recherchait un dialogue privilégié, lui qui a l’habitude de jouer en duo avec Moses Boyd ! En tout cas les deux rythmiciens se connaissent bien, habitués à accompagner Nubya Garcia, la cohésion du quartet est évidente, ce qui a permis l’ajout de cette guitare un peu country-rock, que l’on entend ici.

Mais il y a également le talent du saxophoniste qui s’exprime, point d’envolées free ici, mais une grande technique qui lui permet de jouer à peu près tout, on sent qu’il connaît son « Coltrane » par cœur, on retrouve le goût de la quête qui s’exprimait jusqu’en soixante-cinq, et ça fonctionne à plein, d’autant qu’il a une personnalité affirmée et un son propre, tendance classique, qui lui appartient.

Enfin, c’est du tout bon !

Binker Golding - (Take me to the) Wide open lows


My two dads


Love me like a woman


Howling and drinking in god’s own country
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par nunu » lun. 8 août 2022 05:50

:fouet2:
Douglas a écrit :
lun. 8 août 2022 02:02
nunu a écrit :
dim. 7 août 2022 20:21
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Belladonna et Amaryllis, les deux nouveaux albums de Mary halvorson, sorti chez Nonesuch

Voila ce qu'elle en dit sur son site internet

I am pleased to announce the release of two new albums, Amaryllis and Belladonna, my debuts for Nonesuch Records! Belladonna features The Mivos Quartet plus me on guitar. Amaryllis also features Mivos, alongside my brand new sextet with Adam O'Farrill (trumpet), Jacob Garchik (trombone), Patricia Brennan (vibraphone), Nick Dunston (bass) and Tomas Fujiwara (drums). Both albums were produced by John Dieterich of Deerhoof, with artwork by DM Stith.

Je les aient commandé mais en attendant je me contente de la version MP3

Lien vers Bandcamp pour écoute ;https://bandcamp.com/nunu21300/feed?from=menubar
Perso je préfère le sextet à l'orchestre à cordes, par contre il est indiqué:
"this product only ships in the US", on n'a droit qu'au téléchargement!
Oui je sais je les ait télécharger illégalement
et acheter sur discogs.

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 8 août 2022 08:48

Peut-être que ce n'est pas si anodin que ça, cette remarque: "this product only ships in the US"

Le problème c’est que les distributeurs ne distribuent plus, pour des problèmes de taxes ou de protection douanières minant les échanges intercontinentaux. Bientôt les petits disquaires artisanaux fermeront leurs portes, incapables de vendre des albums neufs devenus trop chers, leur marge, pourtant méritée et nécessaire, augmentant d’autant le prix des albums.

Quand les vinyles seront entre trente et quarante-cinq euros, seuls les Fnac et Amazon vendront encore, et pas tout, pas les petits albums confidentiels qu’on aime tant qui disparaîtront petit à petit, uniquement les produits « marquetés » vendus d’avance en masse à une population conditionnée par la publicité et les intérêts des « majors ».

En espérant que survive au moins le marché des occasions, qu’il permette aux plus décidés de continuer !
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 8 août 2022 12:05

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Specious Daïmôn – laminaire soul (2009)

Voici un album qui n’existe presque pas, ou alors juste dans un tout petit coin d’un rayon dans la boutique du « Souffle Continu », je n’en ai trouvé aucune trace nulle part, mais peut-être que certains, plus habiles arriveront mieux que moi… Aucune date ne figure sur le Cd mais j’ai trouvé deux mille neuf, en cherchant et trouvant un peu.

Je suis donc tombé dessus par hasard, catégorie « free jazz/free rock », la pochette, le prix et c’est tout. J’ai trouvé trois vidéos avec le nom « Specious Daïmôn » sur le tube, j’ai écouté et mis au panier. La pochette est pas mal, quelque chose qui fait penser à l’Asie, à l’orient plutôt extrême. Plus parlant, à l’intérieur un texte d’Aimé Césaire :

…Odeurs odeurs
Sueurs
Et
Tueurs
Poussière de rites de mythes
-mémoire mangée aux mites-
Fou farfouillement de sources
Parmi le bric à brac de terres qui s’éboulent
Aux paysages-mirages
Virage à l’habitude et
Narquois
Le grand air silencieux de la déchirure


Un truc qui grippe au ventre ce poème, la musique va bien avec, tantôt free avec une pincée d’expérimental, puis ça file rock au niveau du titre trois qui défonce bien.

Mais qui sont-ils ?

Piersy Daïmôn Roos à la guitare et à la basse, Daïmôn SK à la basse, à la clarinette basse, aux flûtes et aux voix, Daïmôn Bës aux percussions et aux voix. Il y a également des invités, Suli Gabeh à la guitare, Carole Stephanopoll au piano sur deux titres et Enidan qui chante sur trois titres.

On les voit en deux mille onze sur une affiche de concert, programmés en même temps que « Ressuage », une formation où jouait Jean Noël Cognard, Itaru Oki, Benjamin Duboc et Michel Pilz, du sérieux quoi !

A mon avis ceux-là n’ont rien fait pour vraiment se faire connaître, il n’y a pas de label, juste une musique tendue, étrange et bizarre, sur la piste cinq on a l’impression qu’Enidan nous parle et nous dit quelque chose, mais il faudra peut-être chercher la clef s’il y en a une…

C’est souvent lancinant, avec une impression d’être au bord du chaos, ou alors de vivre dans une période post troisième guerre mondiale, dans un monde où c’est chacun pour soi (piste cinq) Il n’y a pas de titre non plus. L’ambiance est donc tribale dans un monde en reconstruction, avec le free mélangé de jazz ou de rock qui sert d’énergie. Des chants survivalistes du troisième type sur la piste dix nous renvoient aux tribus primitives, chants de vie, d’espoir avec quelque chose d’ultime dans la voix qui transporte…

La musique du « grand air silencieux de la déchirure », rien que ça ! Un album que je suis content d’avoir.

Je vous mets deux pistes en écoute en fichier joint:
03. Piste 03.mp3
(15.26 Mio) Téléchargé 33 fois
10. Piste 10.mp3
(10.66 Mio) Téléchargé 35 fois
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 9 août 2022 04:29

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Carlos Niño & Friends – Extra Presence (2022)

Sorti ce mois, au moment où j’écris, c’est un album d’« International Anthem », un double pour être précis, pas vraiment de jazz en fait, plutôt une sorte de mélange d’ambiant et de bidouillages de bandes, des collages, avec des effets, des synthés et des percussions car Carlos Niño est avant tout percussionniste.

Du coup ce n’est pas si facile à aborder, il y a une partie ancienne qui s’apparente à une réédition et une partie nouvelle, d’après ce que j’ai compris, ça plane, ça flotte, ça coule aussi comme l’eau qui passe, c’est à la fois aérien et aquatique, mais ça a peu à voir avec la terre et les racines. Du coup les deux albums glissent faciles, sans véritablement accrocher au sol, les éléments sont de vent et d’eaux, ils passent, ou tombent, ou s’envolent, et font la place à une autre forme, et ainsi de suite…

Le parcours n’est pas spécialement ennuyeux car il est varié, les séquences qui s’enquillent sont souvent assez courtes, elles s’enchaînent et créent du changement et de la variété, les instruments utilisés participent énormément à cette diversité et concourent à rendre la trajectoire toujours addictive et surprenante. Ainsi l’élément principal, à l’avant, peut-être un synthé, ou une kalimba, une guitare, puis un piano, un chant, des cloches, la cithare, un koto, un clavier électrique… La suite est sans fin…

Le double album file comme ça, dans un cocon protecteur où rien ne rompt la quiétude des climats, tout est zen, nature et sérénité. Ce pourrait être une musique méditative ou curative, quelque chose censé faire du bien et réparer vos nerfs malades, votre addiction coupable, vos sautes d’humeur ou votre stress. Dr Carlos Niño arrive et va vous guérir, profitez, les temps sont difficiles…

Dans cet univers de béatitude il faut souligner le rôle du leader dans le domaine percussif où nous sommes extraordinairement gâtés, tout y est, les gongs, cloches, carillons, tambours divers et petits instruments de percussions de toutes sortes, aux tintements métalliques ou aux sonorités boisées, un régal ! Il y a également un grand nombre de musiciens qui passent, Jamire Williams que nous connaissons désormais, Jameel Dean, le plus sollicité au claviers, Nate Mercereau à la guitare, Lasos aux sons célestes et plein d’autres…

Un album très agréable à écouter pour peu que l’on aime s’échapper des rythmes usuels liés aux musiques plus habituelles.

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Actually


Carlos Niño & Friends - "WaterWavesArrival" (featuring Jesse Peterson)


Explorations 7


Youwillgetthroughthis, I promise
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Algernon » mar. 9 août 2022 09:45

Douglas a écrit :
dim. 22 déc. 2019 18:02
andy a écrit :
dim. 22 déc. 2019 15:44
hello quelqu un pourrai t il me conseiller un ou deux albums de quincy jones
Je ne suis pas sûr d'être de très bon conseil, c'est un artiste que j'ai très largement survolé, il a fait des musiques de film et est surtout connu comme arrangeur. On peut citer par exemple ces deux albums "Walking in space" (1969) et "Back on the block" (1989).

Quincy Jones - Walking In Space (1969)


Quincy Jones- Birdland
Sur FIP now !
Quincy Jones, Give me the Q
Jusqu'au 26 août, dans le destin gargantuesque d’un homme passé du ghetto au gotha par la seule force de son talent.

Série déroulée tout le mois d'août

https://www.radiofrance.fr/fip/podcasts ... e-me-the-q

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Je ne suis pas trop vieux pour ces conneries.

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 10 août 2022 04:55

De quoi se nourrir de bonne musique pendant un bon moment!

Pour l'heure...

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Charles Lloyd – Trios : Chapel (2022)

Encore un album tout chaud, la preuve il a été enregistré au Texas, live à la chapelle « Elizabeth Huth Coates » à San Antonio. Comme le titre l’indique, en trio, c’est même le premier volet d’un triptyque qui devrait sortir à petit rythme, celui-ci a été enregistré en 2018, le quatre décembre. Aux côtés de Charles Lloyd, au sax ténor, à l’alto ainsi qu’à la flûte, se tiennent l’extraordinaire Bill Frisell à la guitare et le jeune Thomas Morgan à la basse.

C’est un album Blue Note, belle pochette et jolies photos à l’intérieur. On y voit les musiciens dans cette chapelle, paraît-il à l’acoustique remarquable, il est vrai que le rendu de l’album, de ce côté est tout à fait réussi. Cinq compositions, trois sur la face A, « Blood Count » la première est signée Billy Strayhorn, c’est sa toute dernière composition, écrite juste avant de mourir, Charles au ténor s’envole, elle convient bien au jeu aérien de Bill Frisell, toujours juste, malgré l’impression qu’il laisse, de se faire oublier.

La seconde est signée de Charles Lloyd « Song My Lady Sing », charmante et enlevée et la troisième, « Ay Armor » est une reprise du pianiste et chanteur cubain Villa Fernandez Ignacio Jacinto, toujours dans ce même équilibre entre les trois musiciens qui se complètent à merveille.

La face B comporte deux titres, le premier « Beyond Darkness » est signé de Charles Lloyd qui y joue de la flûte, la pièce est magnifique, légère et volatile, avec le duo des cordes qui se soutiennent et se font de plume. Le titre est tout en douceur, presque cotonneux, on retrouve le goût de Bill pour les grands espaces et les horizons lointains, sans doute ma pièce préférée.

La dernière pièce, « Dorotea’s Studio » est dédiée à l’épouse de Charles, une compo qui date de quatre-vingt-dix-neuf, ce qui démontre la force du lien qui les unit, il faut dire que l’âge est arrivé et que noytre saxophoniste a désormais quatre-vingt-quatre ans, ce qui ne fait qu’ajouter au charme de ce titre, qui s’échappe en danse rythmée, quand les couples s’enlacent et tourbillonnent doucement.

Si tout va bien, le second Trios « Ocean », sera composé du guitariste Anthony Wilson et du pianiste Gerald Clayton. Le troisième « Sacred Thread » verra arriver le guitariste Julian Lage et le percussionniste Zakir Hussain. Une suite qui s’annonce des plus agréables.

Beyond Darkness (Live)


Charles Lloyd - Blood Count (Visualizer)


Charles Lloyd - Ay Amor (Pseudo Video) ft. Bill Frisell, Thomas Morgan


Dorotea's Studio (Live)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 11 août 2022 02:39

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Anteloper - Pink Dolphins (2022)

Voici le retour d’Anteloper sur International Anthem, un album où je me sens immédiatement à l’aise, dans mon élément, avec de la modernité et des synthés, certes, mais aussi le groove et l’esprit jazz qui souffle. On se souvient, Anteloper c’est d’abord un duo, Jaimie Branch à la trompette, aux synthés, percus et au chant sur le très beau « Earthlings », et Jason Nazary à la batterie et aux synthés.

Pour cet album il il y a également la présence de l’immense Jeff Parker à la guitare, à la basse, aux percus et au Korg MS-20, en outre Jeff a également produit l’album. Un invité est également présent, Chad Taylor qui joue du Mbira, le piano à pouces, sur « Delphin Rosado » le second titre de l’album.

La pochette pourrait suggérer un album soft où tout est rose et candide, voire enfantin, l’apparence est trompeuse et il n’en est rien. A intervalles irréguliers me revient l’image de Miles Davis dont l’image s’incruste parfois, le temps de quelques secondes, vite chassée par ces synthés insistants ou par la guitare à l’arrivée impromptue au milieu des pièces.

Côté rythmique c’est souvent basique, juste l’essentiel, histoire de fournir une base rock, carrée, percussive. Jason Nazary n’hésite pas à marteler simple à l’avant, même s’il envoie des secondes couches malines un peu à l’arrière, et même par en-dessous, car rien n’est simple.

L’album est vraiment bon, limité à cinq cent cinquante-cinq en couleur et à je sais pas combien en vinyle noir, avec également une version Cd moins coûteuse. Ce qui est sûr c’est que sur International Anthem, pour l’instant je n’ai eu aucun problème de pressage, de plus les envois se font depuis l’Autriche, donc pas de problème de taxe douanière.

La première face est assez sublime, parfaite dans son genre, les trois titres sont faciles à écouter avec un côté « rock » qui les rend addictifs, le mbira de Chad Taylor ajoute une pulsion rythmique décisive à « Delphin Rosado » qui l’envoie sur une côte exotique, après l’hypnotique et martial « Inial », mais la plus belle pièce est encore la troisième, avec le chant de Jaimie, « Earthlings » est sublime.

Deux titres sur la face B, « Baby Bota Halloceanation » et « One Living Genus » qui occupe majoritairement la face, cette dernière est plus cosmique et planante, sans les accroches rythmiques, on sent que l’improvisation est ici la caractéristique première, avec son lot d’incertitude, on pourrait se raccrocher à une expérience plus « krautrock ».

Après « Kudu » en 2018 et l’ E.P. « Tour Beats Vol. 1 » en 2019, ce troisième volume s’installe dans une belle continuité, moi, j’adhère.

Inia


Delfin Rosado


Earthlings


One Living Genus
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 11 août 2022 17:06

Pour rester encore dans l'électro-jazz avec Anteloper voici le premier album de la formation:

Anteloper – Tour Beats Vol. 1 (2020)
Douglas a écrit :
dim. 11 oct. 2020 02:16
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Pour parler de vague et presque de déferlante en provenance d’International Anthem, il faut bien encore un autre album, et le voici, après Makaya McCraven, Carlos Niño et Miguel Atwood-Ferguson, voici Anteloper et l’album « Tour Beats Vol.1 » tous les trois arrivés dans le même souffle. Anteloper c’est Jaimie Branch et Jason Nazari, un autre duo.

On se souvient de Jaimie Branch et des deux volumes de « Fly or Die », sortis l’un en 2017 et l’autre en 2019, le genre de truc qu’on n’oublie pas vite ! Jason Nazari est un batteur que je découvre ici. L’album se lit en 45 tours, c’est pas un poids lourd, moins de vingt-trois minutes au total, un pur produit International Anthem au niveau du son. En fait, à l’origine, c’est une cassette enregistrée en préparation d’une tournée, sortie à la vente en 2019, et voici la version luxe, vinyle de poids, couleur, insert et pochette avec obi, juste la classe, et le contenu vaut le contenant pour qui n’est pas allergique à l’électro.

Jaimie joue de sa trompette, mais c’est beaucoup trop peu pour moi, c’est beau mais ne me touche pas comme elle a su le faire auparavant, elle s’enfouit dans le son, s’y noie, à tel point que sur Discogs ils leur accordent le style « psychédélique », moi j’en serais plutôt resté au travail studio et au qualificatif « électro », mais bon, psyché c’est pas faux. Il y a un gros boulot sur les bandes ce qui semble devenir une caractéristique incontournable du label, car ils savent faire…

Au final un beau tir groupé d'International Anthem qui définit une véritable identité et un style original.

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Bebeto » jeu. 11 août 2022 22:15



The Yussef Dayes Experience - Live At Joshua Tree,'22)
Le truc qui m'éclate bien en ce moment, jazz funk. Avec le fils de Pino Palladino, à la basse, sur les traces de son illustre padre.

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 12 août 2022 05:05

Bebeto a écrit :
jeu. 11 août 2022 22:15


The Yussef Dayes Experience - Live At Joshua Tree,'22)
Le truc qui m'éclate bien en ce moment, jazz funk. Avec le fils de Pino Palladino, à la basse, sur les traces de son illustre padre.
Bonne pioche!
:super:
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 12 août 2022 05:12

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Ki – Tearful Face Of My Cute Love (Is Begging To Me) (2022)

Un album qui est sorti sur le label « An'archives » dont je suis les sorties avec intérêt, bien que les contenus soient parfois assez extrêmes, ce label est résolument tourné vers le Japon, ou vers les expériences mélangeant des européens et des japonais. On retrouve cette même démarche sur une partie des sorties de « Nobusiness Records », mais ces dernières sont exclusivement orientées vers le jazz, le plus souvent free. Ici les musiques ne sont pas toutes de jazz, elles peuvent être expérimentales ou même folkloriques, ou encore « rock » parfois.

Ce qui est sûr c’est que chaque album est une surprise, avec de l’inattendu, ce dernier album, s’il fallait le catégoriser serait sans doute à ranger côté expérimental, avec une énorme dose d’improvisation et un côté « free » résolu et sans compromission. Il est issu de bandes assez anciennes, on retrouve ici l’aptitude du label pour dénicher des trucs incroyables !

La première face « Untitled » a été enregistrée le trente janvier deux mille huit, au « Grasslands » de Brooklyn. La seconde face, toujours sans titre est issue d’une prestation qui s’est déroulée le six juillet de la même année au « Paris London West Nile », toujours à Brooklyn.

Ki est formé de Miko aka Takahashi Michiko qui joue de la batterie, du vocodeur, du mélodica, du piano, des percussions et de la voix également. Il y a aussi Tamio Shiraishi qui joue du saxo et dont on entend la voix également, et le troisième larron est le batteur-percussionniste et chanteur Fritz Welch.

Ce trio est connu pour avoir sorti deux Cdr, c’est ici le premier vinyle de la formation et donc son troisième album. Les deux membres japonais sont des personnalités reconnues de l’underground nippon, les parties vocales chantées en japonais sont évidemment hors de compréhension, mais l’intensité des voix et le ton qu’elles utilisent suggèrent une tension, ou parfois une lamentation.

Le jeu au sax de Tamio Shiraishi se change souvent en une sorte de sifflet strident et aigu, parfois calme, mais le plus souvent tendu, voire extrême, selon les phases et les moments. Les percussions sont importantes ici bien qu’elles ne s’intéressent pas au rythme mais uniquement à l'énergie, au timbre et à la sonorité, ce travail est intéressant même s’il échappe à l’analyse rationnelle, on peut souligner le côté lyrique de l’œuvre, qui se termine même en chanson.

Un album qui plaira aux amateurs de musiques très alternatives et underground, on sent bien que la partie visuelle manque à la fête. Comme toujours chez « An'archives » de nombreux inserts accompagnent l’œuvre, ces petits riens qui font beaucoup…

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 13 août 2022 05:26

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Leyla McCalla – The Capitalist Blues (2019)

Leyla McCalla est née à New-York mais ses origines sont Haïtiennes et, depuis 2010, elle vit à La Nouvelle-Orléans. Elle est également multi instrumentiste, joue du banjo, du violoncelle, de la guitare, et bien sûr elle chante. Sa musique est d’engagement comme l’atteste le nom de cet album, « Capitalist Blues » où elle décrit les méfaits de ce monde où l’ennemi des pauvres, c’est la finance, qu’on se le dise !

C’est un disque de chansons, des blues, des airs Haïtiens, des références à la musique de La Nouvelle Orléans et de la Louisiane, c’est parfois chanté en créole comme sur « Mize Pa Dous » où l’on goute quelques compréhensions, « Li fatigue mwen, Tet mwen chaje, Tout la jounen m’ap travay, Tout la jounen m’ap bourike, Mwen pa gen yon bon krayon, Pou’ m ekri chante », oui, la misère n’est pas douce !

Je vous parle de cet album bien que ce ne soit pas du jazz, sinon à travers la fenêtre « New Orleans », mais on y retrouve cette musique des déshérités qui ont créé le blues et la musique noire, ce terreau de musique populaire si fertile qui n’accepte pas la fatalité et se révolte. Le titre « The Capitalist Blues » est à cet égard sans illusions et dénonce férocement ce monde de requins, il est suivi du titre « Money Is King » qui se termine par cette phrase « You see how a dog is better than you », ce qui nous renvoie à la phrase de Mingus, cruelle et désabusée, « Moins qu’un chien ».

Je vous rassure bien d’autres thèmes sont abordés sur ce magnifique album plein de banjo, de steel guitar, de fiddle et même d’une bouteille de whisky dont joue King James. J’évoquais Radio Nova il y a peu pour Pharoah Sanders, et bien cet album et ses « protest songs » pourraient très bien être programmées à la suite, sans problème au milieu du Grand Mix !

Leyla McCalla - 'The Capitalist Blues' (Lyrics Video)


Leyla McCalla - Money Is King [Official music video]


Leyla McCalla - Mize Pa Dous


Leyla McCalla - Lavi Vye Neg
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 14 août 2022 05:03

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Theo Crocker - Love Quantum (2022)

Il est vrai que cet album arrive très rapidement après le précédent « Blk2life || A Future Past », seulement neuf mois sont passés, le temps de l’enfantement sans doute, mais il y a un prix : l’album dépasse de quelques minutes seulement la demi-heure, c’est forcément un peu short, en deux mille vingt-deux, alors que le support peut allègrement dépasser l’heure sans problème, mais on le sait ce critère peut vite sembler mesquin si les trente et quelques minutes sont belles et rares.

On connaît Theo Croker, c’est un musicien de qualité qui fait partie de ceux qui comptent par son aptitude à défier les genres, à mélanger les sauces, à créer des sons nouveaux, ouverts sur les musiques populaires. Il possède son propre groove, flatte le funk, le hip-hop et les musiques spatiales, nées de l’électro et des synthés.

Le jazz également bien sûr, il a chopé son style trompettiste chez Miles pour une grande partie, ce n’est pas le premier, ni le seul et il ajoute sa patte, ce qui va. Mais il supervise aussi, ouvert aux sons d’aujourd’hui, rien ne lui échappe, il peut tout faire, tout jouer, et souvent en trois minutes et des poussières, le titre sucré et langoureux « Somethin’ » avec Ego Ella May, le hip-hop sur « She’s Bad » avec Wyclef Jean, on peut également signaler l'excellent « Royal Conversation » avec la voix de James Tillman ou « To be We ». Tous ces titres défilent comme des vignettes accolées les unes aux autres, des photographies qui flashent le temps d'un instantané.

Il déclare, provo, que le jazz est mort, c’est même peut-être l’un des meilleurs titres ici, ça rap et ça râpe un peu quand même, en plus il invite le vieux Gary Bartz sur ce titre, comme grand témoin, probablement, d’ailleurs ce dernier joue du sax mais déroule son flow également.

Mais il faut tout de même parler de l’essentiel, ce qui est le plus important ici, « l’amour », difficile de lutter contre les sentiments les plus puissants, contentons-nous de dire que le thème de cet album est une sorte de suite au précédent, qui avait vu naître un héros, qui, ici, rencontrerait l’amour, au sens large et peut-être particulier…

Probablement un album de transition, une étape de plus sur la route…

Theo Croker - SOMETHIN' (Official Video) ft. Ego Ella May


Theo Croker - JAZZ IS DEAD (Official Video) ft. Gary Bartz, Kassa Overall


ROYAL CONVERSATION


Theo Croker - TO BE WE (Official Video) ft. Jill Scott
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 14 août 2022 15:42

Voici l'album précédent de Theo Croker, un peu moins "léger" que la dernière fournée :

Theo Croker – Blk2life || A Future Past (2021)
Douglas a écrit :
mar. 26 oct. 2021 05:53
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Voici le tout dernier Theo Croker, « BLK2LIFE//A Future Past », derrière le titre se cache l’idée du « Carpe Diem » qui plaît tant aux ados, le futur n’existe pas encore et le passé est révolu, reste le présent dont il faut profiter. Oui, Theo nous offre une magnifique bande-son pour « cueillir le jour » …

S’il fallait trouver des références pour décrire cette musique il faudrait piocher dans la toute dernière période de Miles Davis, y ajouter ou accentuer avec du rhythm’n’blues, du hip-hop et du funk, en faire une sorte de mix, de mélange savant et on pourrait obtenir cet album décidément fait pour plaire avant tout, d’ailleurs il ne manque pas de qualités.

Pour le reste la pochette est assez révélatrice et accrocheuse, dessinée par un artiste japonais, avec une collection de références plus ou moins digérées, l’Egypte Antique fait bien l’affaire, une façon de faire référence à Sun Ra, Horus, le troisième œil, le scarabée sacré, la transformation de la chenille en papillon, etc… Je n'y vois pas de véritable profondeur mais plutôt une façon d’hameçonner le chaland.

Il y a quand même du gros boulot sur cet album, il faut bosser pour plaire et l’album transpire. Le travail est très bien fait, méticuleux même, le savoir-faire est considérable et le résultat à la hauteur de l’attente. De belles mélodies, des rythmes chaleureux, la trompette est virtuose et la production est aux petits oignons.

Le saxophoniste Gary Bartz est présent et une pléiade de vocalistes que je ne connais pas mais qui assurent bien, la couleur est très jazz-fusion-pop et beaucoup prendront plaisir à écouter cet album dont le secret se tient caché dans une complexité non apparente, la musique coulant comme du bon miel, gageons qu’il sera un succès et ce ne sera pas démérité !

Soul Call || Vibrate


Theo Croker - Happy Feet (for dancers) (Official Video) ft. Malaya


Hero Stomp || A Future Past


State Of The Union 444 || BLK2THEFUTURE
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 15 août 2022 02:05

Theo Croker encore avec

Theo Croker – Escape Velocity (2016)
Douglas a écrit :
sam. 14 déc. 2019 08:33
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Petit à petit Theo Croker s’est fait un nom dans le monde du jazz, sa discographie s’enrichit lentement mais sûrement. « Espace Velocity » sorti en 2016 est son quatrième album, il a également sorti un album cette année mais je ne l’ai pas encore écouté. Théo me fait l’impression d’un « gentil musicien » en ce sens qu’il s’inscrit parfaitement dans la tradition de la musique jazz. D’ailleurs il l’a étudiée, je suppose qu’il était brillant, à l’écouter il est difficile d’en douter.

Mais ce n’est pas tout, c’est également un musicien parfaitement moderne, utilisant toutes les techniques actuelles de traitements des sons, son bagage est donc énorme et la « fusion » qu’il crée est celle de la musique d’hier avec celle d’aujourd’hui, l’histoire rencontre l’actualité, il jouit d’ailleurs d'un succès parfaitement mérité.

Trompettiste, je ne peux m’empêcher de le comparer à Ambrose Akinmusire que j’aime également beaucoup, pourtant il me semble moins austère, sans doute plus léger, tout en partageant avec Ambrose une grande créativité qu’il démontre dans l’écriture des compositions qui sont toutes magnifiques et très faciles d’accès.

Anecdote : Les riffs qui introduisent le titre « It’s Gonna be Allright » sont d’ailleurs devenus très connus des amateurs de la chaîne « Stingray Djazz » qui les diffuse quotidiennement dans ses spots sonores.

It's Gonna be Alright


Because of You


Transcend


This Could Be (For The Travelling Soul)
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