
En Février 1974 est sortiu "Saints And Sinners", un nouveau disque de Johnny Winter, produit par Rick Derringer. A cette époque-là, Johnny était en plein milieu de sa scène de héros Rock-and-Roll.
On reste, en gros, dans une période Rick Derringer / Randy Jo Hobbs / Bobby Caldwell.
Nous sommes toutefois et malheureusement en fin de cycle malgré des moments bien Rock. Johnny ne sait pas encore produire de disques, alors il rameute un groupe de talentueux musiciens tels que son frère cadet Edgar, Derringer et cette merveilleuse section rythmique composée de Richard Hughes et Randy Hobbs, entre autres.
Johnny est, bien sûr, un monstre de scène et un véritable champion du Blues et du Rock.
Comme d'habitude, son travail de guitare est incroyable; il est surtout l'un des géants du Blues post-Cream, post-Mayall, post-1960. Son jeu est superbe et il montre qu'il peut encore prendre le contrôle du Rock And Roll!
Il ne faut pas oublier qu'il a joué un rôle crucial dans la popularisation de l'American Blues en Amérique car il était dans la grande tradition du Blues Delta et Texas.
Le travail de Johnny couvre, en fait, tous les aspects du Blues, y compris le Blues Rock.
En 1974, les temps sont en train de devenir douteux et Johnny est le dernier, peut-être, à creuser la quintessence de l'essentiel du coeur du Rock and Roll. Et le Blues aussi par la même occasion.
Le maestro a su se faire aider par Edgar qui joue un rôle important sur cet album, pour les arrangements et les parties de claviers et de sax.
Il en sort un opus au son plus sophistiqué qu'un simple Power Trio Blues Rock d'où une orientation nettement plus commerciale.
Les derniers albums de l'époque de Winter se ressemblent beaucoup; la même structure (toujours une ou deux compositions des Stones, un Rock, un classique du Blues, etc); le même genre de pochette dont CBS a le secret.
Sorti sous sa pochette bleutée et son lettrage germanique, "Saints and Sinners" est un joli mélange de titres composés par Johnny, de reprises et de titres composés pour lui.
On retrouve sur cet album les anciens membres de son Johnny Winter And et de son dernier album pour Columbia Records: Rick Derringer (basse, guitare, synthétiseurs), Edgar Winter (saxophone, claviers), Randy Jo Hobbs (basse), Bobby Caldwell (percussions), Richard Hughes (batterie), Randy Brecker (trompette), Dan Hartman (guitare, batterie, basse), Louis Del Gatto (saxophone), Lani Groves (chant additionnel, choeurs), Alan Rubin (trompette), John Smith (saxophone), Barbara Massey (choeurs) et Tasha Thomas (choeurs). Ajoutons à cela que Johnny chante et joue de la guitare et de l'harmonica.
Cet album a plus que sa part de Blues, mais la production est plus orientée vers le Rock des années 70, polie, certaines pistes avec des choeurs de style Memphis. Il est divisé en plusieurs parties: Il y a forcément les Rocks de guitare Heavy, une ballade de Soul et une bonne dose de bonne musique funky.
Un merveilleux petit tour à travers les nombreuses nuances de l'arc-en-ciel de Johnny Winter!
C'est un régal de Blues Rock imprégné de Hard. C'est même, en fait, plus un disque de quasi Hard Rock que du Blues Rock, un des albums les plus énergiques, teigneux, féroces de Winter pour l'époque et en général. Juste une bonne période pour le grand Hard Rock.
C'est probablement son meilleur album studio dans cette catégorie. Une bonne partie est la production. Il y en a plein sur cet album, même une section de cordes sur "Blinded by Love" et "Feedback on Highway 101" et une section de cuivres sur "Hurtin' So Bad". Il y a aussi beaucoup de parties de guitare multi-pistes avec des moments d'héroïsme de sa guitare tout à fait exceptionnelle.
Ce que les gens comme Johnny ont tendance à faire, c'est de faire ressortir les nombreuses variations mélodiques et rythmiques que le Blues peut offrir. La base musicale de Johnny étant le Blues, il a transformé tout cela en riffs foudroyants avec une voix de 'twang soul', grinçante, qui donne la chair de poule dans l'électricité stratosphérique.
Winter produit ainsi un Hard Rock énergique axé sur ses pistes de guitare et ses rugissements et sa voix tranchante.
Un album absolument fabuleux de Johnny Winter, l'un de ses meilleurs albums. Bien qu'il tire encore beaucoup du Rock and Roll, cet album est nettement plus bluesy que "Still Alive and Well" et "Johnny Winter And".
Le contenu mélodique du disque est merveilleux. Les albums de Johnny à la fin des années soixante et au début des années soixante-dix le consolidèrent en tant que maître de plusieurs genres, pas seulement du Blues Rock, mais de la Soul, du Rock, du Rock Psyché et du Blues Rock. Cet album en ajoute un autre à sa liste: le Southern Rock.
"Saints and Sinners" est essentiellement composé de reprises. Et s'il y a quelqu'un qui s'y connait pour dynamiter les classiques, c'est bien Johnny, voix râpeuse et guitare furieuse. La majorité de ces reprises sont donc magnifiques et ses propres morceaux de Blues sont parmi ses meilleurs.
L'album est constitué de dix titres, parmi lesquels pas moins de sept reprises:
Dès le départ, Johnny signale qu'il est prêt à emmener son auditoir dans son périple avec le glorieux hymne "Stone County", un morceau de southern rock très sous-estimé composé sur mesure spécialement par Richie Supa pour Johnny Winter. Doté d'une guitare à la sonorité de Dickey Betts et d'une voix multiple offrant une harmonie légère tout au long de la piste, le rythme de ce beat de batterie en ouverture avec son avance d'intro sert simplement d'avertissement. Johnny est à la hauteur de sa tâche. La chanson accélère comme un train de chemin de fer.
Le Rock 'N' Soul "Blinded by Love", composé par Allen Toussaint pour Johnny, est plus ou moins le même mais seulement cette fois, le riff devient plus concis et plus compact.
Johnny se distingue avec un torride "Thirty Days", un remix rythmique rythmé par le piano, une reprise vite expediée du morceau de Chuck Berry paru en 1955. C'est un rock rapide et Johnny devient un rebelle du rock.
L'album comprend aussi l'un des morceaux les plus intéressants, une superbe interprétation psychédélique de ce classique de The Rolling Stones, "Stray Cat Blues" et insuffle de nouveau la vie à une piste que The Stones n'avaient pas complètement développée. Johnny met en scène un Blues Rock Américain sur un morceau de British Blues classique des Rolling Stones. Il l'embellit avec son jeu de guitare et l'énergie frénétique nécessaires dont l'original manquait.
Cela continue avec le groove le plus bluesy dans "Bad Luck Situation" qui est l'un de ses morceaux les plus célèbres. Il contient l'un des meilleurs riffs rythmiques de l'album, et a une excellente section solo.
Signé Edgar Winter / Dan Hartman, "Rollin 'Cross The Country" est un Rock uptempo très flamboyant et rapide.
Ensuite, vient l'excellent et musclé "Riot in Cell Block # 9" qui est un titre de The Robins de 1954 composé par le duo Jerry Leiber et Mike Stoller, et qui rappelle un peu le "Jailhouse Rock" d'Elvis Presley.
Mention spéciale à "Hurtin' So Bad", ambiance ballade R'n'B qui utilise des cuivres à grand effet et mélange le Blues et la Soul de Stax dans une interprétation sincère. Le sujet séculaire - perdre l'amour d'une femme bonne - est de la pâte à modeler dans les mains d'un professionnel comme Winter. Et le solo de guitare est impeccable. Derringer et Edgar déploient tout leur talent d’arrangeurs; et c’est salement arrangé: c’est aussi la meilleure performance vocale de Johnny, qui semble véritablement se colleter avec les cuivres et l’ARP d’Edgar, lutter contre lui.
Il insuffle ensuite une nouvelle vie au vieux classique "Boney Moronie" de Larry Williams paru en 1957 qui garde le groove à un niveau plus rapide avec la variation plus rock du son Stax / Volt. Renversant et tumultueux, Johnny conduit cette version excentrique à la vitesse du son avec ses doigts qui volent si vite sur le manche que cela donne véritablement le vertige!
Le morceau de l'album est "Feedback on Highway 101": les cuivres et l'orgue propulsent cette chanson dans un groove moins intense. Johnny et tous les autres musiciens contribuent à un son et à un montage d'interaction très professionnelle. Cette reprise de Van Morrison, une chanson typique de groove bluesy que Morrison avait enregistré pour son album "Hard Nose the Highway" de 1973 mais qui avait été abandonnée.
En conclusion, cet album est un excellent mélange d'intensité Rock et Blues.
Il est passé plutôt inaperçu ou méprisé, comme le précédent, et pourtant... C'est de loin l'un des meilleurs albums de Johnny.
C'est un Must pour tout fan de guitare Rock.
C'est, en fait, une excellente alternative aux disques bluesy qui deviendront son principal pilier plus tard.
Cet album sera son dernier album sur le label Columbia; un peu plus tard dans la même année, l'Albinos signera sur un petit label du nom de Blue Sky.