J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 25 août 2022 03:45

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Ari Brown – Ultimate Frontier (1996)

En ces années-là le grand Ari Brown jouait avec le Kahil El’Zabar’s Ritual Trio ou encore avec l’Elvin Jones’Group, il avait également d’autres activités d’enregistrement mais peu de choses sous son nom en tant que leader. On remarque un album live de quatre-vingt-deux en co-lead avec Famoudou Don Moye, mais il semble assez peu courant et difficile à trouver.

Par chance cet album existe, chez Delmark, le label historique de Chicago. Ari Brown possède cette qualité que beaucoup peuvent envier, il joue du post-bop, mais avec des accents free qu’il maîtrise à merveille, ils surgissent soudainement dans sa musique, subrepticement, juste au bon endroit, avec la durée qui va, sans jamais effrayer personne, mais en ajoutant ce petit grain de folie qui le rend inimitable.

Côté répertoire il est l’auteur de tous les titres ici, sauf de la dernière pièce, le traditionnel « Motherless Child » dont il nous livre une éblouissante version. Multi-instrumentiste, il joue des saxs alto, ténor et soprano, mais également de la flûte et du piano, c’est un maître à chaque instrument. Kirk Brown joue du piano, c’est le propre frère d’Ari, Yosef Ben Israel est à la basse, Avreeayl Ra à la batterie et Dr. Cuz & Enoch aux percussions sur la seconde pièce de l’album, « Lester Bowie’s Gumbo Stew ». Il est également membre éminent de l’A.A.C.M de Chicago.

Sa discographie étant ce qu’elle est, bien qu’il soit très écouté et aimé à travers les deux formations auxquelles il collabore, il apparaît presque comme un nouveau ou un jeune dans les sorties discographiques de la fin des années quatre-vingt-dix, pourtant des albums comme celui-ci, à l’époque, il n’y en avait pas des tonnes !

La maîtrise est totale et exceptionnelle, cet album je l’écoute assez souvent en ce moment et chaque fois, sans en avoir l’air, il charme. Je dois ajouter que je me suis procuré le Dvd « Live At The Green Mill » de deux mille sept où il joue avec quatre des musiciens présents ici et c’est une véritable fête ou tout brille et se sent, le plaisir de jouer, le respect entre les musiciens, la grande maîtrise…

Toutes les pièces sont très réussies, mais j’aime particulièrement le morceau titre et la reprise qui décoiffe, « Big V » également, mais il est difficile d’extraire une pièce tant l’ensemble est équilibré.

Ultimate Frontier


Big V


Motherless Child


One for Luba
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 26 août 2022 03:49

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(L’endroit flouté sur la pochette cache le nom du label : « Silkheart presents the new American Jazz »)

Ernest Dawkins New Horizons Ensemble – Chicago Now - Thirty Years Of Great Black Music Vol.1 (1995)

Voici le premier volet d’une série de deux volumes dont j’ai déjà exposé le second élément, en expliquant à quel point sa musique me comblait de joie, il me fallait cette pièce manquante, voilà qui est fait ! il va bien avec l’album du dessus, lui qui fit partie également de l’Ethnic Heritage Ensemble de kahil El’Zabar. Nous sommes toujours à Chicago, au Streeterville Studios, les neuf et dix septembre mille neuf cent quatre-vingt-quatorze, sur le label «Silkheart ».

L’équipe est la même que pour le volume déjà présenté, pour faire vite, Ernest Dawkins aux saxophones alto et ténor ainsi qu’à la flûte et aux percussions, Steve Berry au trombone et aux percus, Ameen Muhammad à la trompette et aux percus, Jeff Parker à la guitare électrique, Yosef Ben Israel à la contrebasse et Reggie Nicholson à la batterie et aux percussions. L’album s’ouvre sur une improvisation totale, simplement nommée « Improvisation #1 », il y en aura une autre sur la troisième plage. Cette façon d’ouvrir les ébats promets un album organisé sous les hospices du free jazz, pourtant il n’en est rien, bien vite une structure rythmique et répétitive se forme sous la forme de riffs répétés autour desquels les improvisateurs se manifestent, mais très rapidement on bascule sur la seconde pièce : « The Times has come » pour un quart d’heure d’explorations sonores.

C’est la plus longue pièce de l’album, à l’image du titre de l’album qui se veut une sorte de photographie du jazz au moment où il se joue, la pièce se veut actuelle, ancrée dans la musique du milieu des années quatre-vingt-dix, ayant incorporé le free en le mélangeant à une sorte de post bop actualisé. Thème bref et prenant, sur lequel on joue et qui se transforme volontiers, libérant des espaces aux solistes qui se succèdent, le sax, la guitare, la basse, la trompette, trombone, chacun dit l’essentiel en quelques notes, avec un feeling inouï, le message est brut direct et vise juste et droit.

Seize ans qu’ils bourlinguent ensemble, tout est au point et l’efficacité est maximum, impressionnant ! la seconde improvisation est sous-titrée « My baby Blues », ce qui en dit long sur sa structure et ce qui s’y joue, personne ne sera déçu de ce court voyage au pays de la note bleue.

« Bold Souls » est un des thèmes les plus anciens joués par cette formation puis qu’elle date de la fin des années soixante-dix. Dawkins explique qu’ils ont arrêté de jouer cette pièce quand il s’est fait voler son saxo soprano, car il était essentiel dans l’élaboration du morceau. Il est vrai que le titre est très structuré et tout semble s’ancrer avec une précision extrême, comme l’atteste son exécution ici. On remarque tout de même la place faite à l’extraordinaire Jeff Parker, royal ici… et ailleurs !

La pièce suivante est un hommage au saxophoniste Rahsaan Roland Kirk écrite par Steve Berry, tromboniste ici je rappelle. Le morceau est tout en douceur et délicatesse, nostalgie et souvenir guident sonorités et timbres, pour que reste, à travers le temps, la douceur excentrique de ce surdoué du jazz, toujours prompte à donner tout ce qu’il pouvait au public qu’il aimait tant. Jeff éblouit encore, par ici.

« Zera » et « Flowers For The Soul » arrivent enfin, ils représentent un peu la partie « Colemanienne » du concert auquel Ernest Dawkins désire rendre hommage au travers de ces titres, tant dans l’exécution personnelle des solos, que dans la structure des pièces, leur conception et leur écriture. Les deux titres à cet égard sont justes parfaits.

C’est sur « Runnin’ From The Rain » que s’achève ce premier et excellent volume, on sait déjà que le second est énorme, il aurait fallu passer un peu plus de temps à vanter les qualités des solistes ici car ils le méritent, mais, déjà plus d’une heure vient de s’écouler…

The Time Has Come


Bold Souls


Improvisation #1


Dream for Rahsaan
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 26 août 2022 15:59

Je remonte le volume deux !
Douglas a écrit :
jeu. 2 juin 2022 04:38
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Ernest Dawkins New Horizons Ensemble – Chicago Now - Thirty Years Of Great Black Music Vol.2 (1995)

Celui-ci par contre est bien ancré dans la culture jazz, tout y est, et surtout une chaleur et un plaisir de jouer incroyables, qui transpirent à chaque note. Cet album est une fête, joie de l’échange et de la création commune, du partage et de la transe. Pourtant l’album est enregistré en studio, à l’écoute on ne le croirait pas, il a la force de et la spontanéité des performances live, comme si le concert avait été donné entre ces quatre murs : c’est sûr qu’ils devaient trembler les murs et se lézarder grave, sous l’assaut de ces musiciens au grand cœur !

Les voici tous : le leader Ernest Dawkins aux saxophones alto et ténor ainsi qu’à la flûte et aux percussions, le magnifique Steve Berry tromboniste et percussionniste, Ameen Muhammad à la trompette et aux percussions, Jeffery Parker à la guitare électrique, Yosef Ben Israel à la contrebasse et Reggie Nicholson à la batterie et aux percussions.

Tous réunis pour fêter le trentième anniversaire de l’AACM, comme l’indique son titre « Chicago Now, Thirty Years Of Great Black Music » bon ici c’est le volume II, j’attends le « un » pour bientôt, car une telle régalade, ça donne envie d’en entendre davantage…

C’est du jazz pour tous, post bop avant tout, dès le premier titre, « Monk’s Temptation » en hommage au moine, ça décoiffe terrible, il y a les thèmes qu’on récite et qui montrent cohésion et précision, et les solos qui envoient et font rêver, à ce jeu ils sont terribles, tous, c’est un récital qui n’en finit pas, du début à la fin de l’album.

« New York Is Now !» avait tagué Ornette, et bien voici la réponse avec ce « Chicago Now », très enlevé que livre Ernest et ses flèches, bien propulsés par cette rythmique mouvante qui s’enrichit sans cesse des percussionnistes avisés et renouvelés, car ici il n’y a pas de fonction unique et chacun marque le rythme et le tempo, c’est là le carburant qui nourrit ce feu musical incessant.

J’ai fait la connaissance d’Ernest Dawkins alors qu’il jouait avec l’Ethnic Heritage Ensemble de Kahil El'Zabar, puis j’ai creusé un peu et me voici comblé, heureux aussi d’avoir écouté ce chouette tromboniste groovy en la personne de Steve Berry, la luminosité de la guitare de Jeffery Parker, que vous connaissez sans doute avec son diminutif plus usité : Jeff Parker ira mieux, sans oublier Ameen, trompettiste de grande classe.

Monk's Temptation


Many Favors (en hommage à Malachi Favors)


Runnin' from the Rain (Alt)


Planet East
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Message par Douglas » sam. 27 août 2022 05:14

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Kokoroko – Could We Be More (2022)

Celui-ci vient de sortir, tout frais c’est véritablement le premier album de la formation Kokoroko, groupe londonien qui fit forte impression lorsqu’on commença à parler de lui. La première alerte se déclara sur la fameuse compile « We Out Here » sur Brownswood Recordings qui regroupait l’essentiel de la nouvelle scène anglaise.

La pièce finale de ce monument était titrée « Abusey Junction » et était jouée par ce fameux « Kokoroko », une pièce signée par l’excellent Oscar Jérome, guitariste émérite, on remarquait également dans la formation Sheila Maurice-Grey, joueuse de trompette et de bugle. Incontestablement c’était une des meilleures pièces de la compile qui n’en manquait pourtant pas.

Ensuite un E.P sortit, appelé simplement « Kokoroko », composé de quatre titres dont trois inédits, encore une belle sortie à l’actif du groupe, mais on en voulait davantage, les années passant, sans de nouvelles concrétisations. Enfin le premier véritable Cd est sorti ce mois, l’occasion de faire le point, mais déjà, une petite déception pour ce qui me concerne, je m’aperçois qu’Oscar Jerome n’est plus de la partie !

Les pièces sont souvent courtes, quinze se suivent, là c’est ma première écoute et je dois dire que le son uniforme de la production me laisse un peu froid, c’est extrêmement léché, rond, caressant dans le sens du poil. Mais je vais me faire une seconde écoute dans la journée, car sur la fin l’album me semble meilleur à partir de « War Dance », la dixième pièce, je remarque également le très bon « Something’s Going on ».

Seconde écoute, l’après-midi. Il est certain que l’album est assez commercial, touffu, avec une énorme basse à l’avant sur « Tojo » le titre d’ouverture, mais également sur l’ensemble de l’album. Onome Edgeworth, l’autre leader, est percussionniste et il enregistre deux petites pièces de transition, qui sont très sympas. L’album se veut assez funk avec une section de vents assez tranchante, comprenant cuivres et anche, mais équilibrée par la seule basse à nouveau, je suppose que ce doit être très efficace pour s’éclater sur le dancefloor, mais, pour ma part, on risque assez peu de m’y trouver.

« Age Of Ascent » est un titre mid-tempo qui vire assez vite plutôt mou, sans véritable originalité, le guitariste Tobi Adenaike-Johnson, remplaçant de qui vous savez, est trop souvent noyé dans la masse, peu audible, sauf à de rares moments où il se lance en courts solos.

L’album est décidément un peu ennuyeux, loin de ce à quoi je m’attendais, loin de l’afrobeat et de la musique de Fela, plus en royaume de guimauverie qu’au Nigeria. « Soul Searching », le titre six, surnage grâce au saxophoniste alto Cassie Kinoshi qui risque un excellent mais trop court solo. Le titre chanté « We Give Thanks » est finalement le plus à sa place, allant au bout du truc, et il s’en sort peut-être le mieux ici.

Je crois qu’une troisième écoute ce jour, n’y fera pas grand-chose, je vais le caser dans la lettre N comme nouba, à sortir au moment des apéritifs sucrés et liquoreux.

War Dance


Kokoroko - Something's Going On


Kokoroko - We Give Thanks


Tojo
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Cooltrane » sam. 27 août 2022 08:00

^^^^

Moins bon que leur premier àmha.

====================

RIP Joey DeFrancesco


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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 27 août 2022 08:11

Je l'avais évoqué ici, sur cet album où joait également Pharoah Sanders sur trois titres. Un grand homme de claviers, souvent organiste, il jouait même de la trompette et poussait la chansonnette à l'occasion...
Douglas a écrit :
jeu. 12 mars 2020 09:45
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L’air de rien, cet album signé par l’organiste Joey Defrancesco possède, le temps de trois pistes, un atout caché, on pourrait dire aussi une surprise et même parler d’une résurrection… Pas trop jeune la surprise, soixante-dix-huit printemps au compteur, alors forcément quand on écoute, ça secoue un peu, ça remue les souvenirs, rien que pour ça un grand merci à Joey.

Cet invité de choix faisait partie de la petite famille des saxophonistes « hurleurs », de ceux qui, pour toucher les âmes, se déchirent les poumons, vous touche au cœur et vous laisse larmoyant, reconnaissant à jamais…

Bon, le Papy est toujours vaillant, je l’avais vu lors de la transmission d’un concert en Angleterre il y a un paquet d’années, déjà il s’économisait, c’est sûr, mais il jouait bien et la flamme brûlait encore, il était entouré par de jeunes musiciens vraiment exceptionnels qui se donnaient à fond, mais j’ai oublié les noms… Ici, sur les trois titres il joue encore très bien, car s’il n’est plus chef de meute, ce n’est pas au vieux loup qu’on apprend à jouer du biniou !

Parmi les trois morceaux joués il y a « The Creator Has a Master Plan », c’est son hymne à lui et forcément, je ne sais pas pour vous, mais moi ça me remue, comme un vieux Ferré qui chante Ostende par exemple, ou l’autre qui saute à l’élastique et qui trimbalait son crabe lors de sa dernière tournée, bon je vous dis ça, c’est que Joey Defrancesco a sorti sa trompette et improvise sur « A Path Through the Noise » une belle ballade bluesy qui me pousse au sentimentalisme et à la nostalgie…

The Creator Has a Master Plan


And So It Is


Joey DeFrancesco - In The Key Of The Universe
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 28 août 2022 05:04

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Joe McPhee – Route 84 Quarantine Blues (2021)

Vous vous souvenez du confinement ? Une période de sa vie où il fallait pour chaque français s’autoriser par écrit à sortir de son domicile, sous peine d’amende. Eh bien, pour Joe McPhee la période du confinement fut celle aussi de la créativité. Pour ce faire il n’a pas hésité à défoncer un placard à vêtements de sa maison de Poughkeepsie, pour créer un espace avec du bon son et une certaine tranquillité. La nuit sera sa complice, le moment où le silence est là, le calme et la sérénité. Joe face au virus, face au confinement.

Joe est seul avec son saxophone ténor, sa voix et ses mots, quelques accessoires également et les bruits environnants, il capte ce qui sert sa musique et son projet. Les titres sont souvent introduits par un petit texte, parfois même à l’intérieur des morceaux lors des changements de partie, comme sur « A Self-Portrait In Three Colors : Red, Black, Green », un titre inspiré de Charles Mingus. Il faut dire qu’inquantassions et récitations parsèment l’œuvre, il est rare de trouver un McPhee aussi bavard !

Parfois ça bouleverse, comme sur l’introduction de « Route 84 Quarantaine Blues » où les larmes coulent, avant qu’il n’arrive sur la route où l’on entend les véhicules passer, l’enregistrement est multipiste et plusieurs bandes se superposent dans un effet de fuite en avant, un des grands moments de l’album.

Il y a également le titre d’ouverture « A Reflection On Ida Lupino », un hommage à Carla Bley, l’immense compositrice. Il retourne vers Charles Mingus pour une interprétation de « Goodbye Porky Hat » où il chante les mots de Joni Mitchell provenant de l’album « Mingus » de soixante-dix-neuf.

A partir du titre six, quatre courtes pièces s’enchaînent, chacune d’une durée autour de la minute, le titre est évocateur. « Be God Damned Bug », « Forget Paris », « Do You Still Love Me ? », « Improvisation For The End Of The COVID ». Les deux derniers titres sont un peu plus longs, « Im-Pro-Vi-Sation » et surtout l’étonnant « Tzedek, Tzedek (for RBG) » initiales de la plasticienne Ruth Bader Ginzburg récemment décédée. Pour cette pièce Joe se sert d’eau, ainsi que d’un moule à tarte, le résultat de cette tentative expérimentale surprend, et c’est le but.

C’est le volume deux des « Black Cross », étonnant et vivifiant, un McPhee plein de vie et de verve sur cet album dont la pochette est magnifique.

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 29 août 2022 03:07

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Joëlle Léandre – Contrebassiste (Taxi) - (1982)

Voici le premier album de Joëlle Léandre, contrebassiste prodige, née dans un milieu populaire et travailleuse acharnée, qui s’est hissée au premier rang des concours nationaux. Délaissant petit à petit la musique classique, au profit de la musique contemporaine, puis du jazz. Elle a beaucoup fait pour sortir son instrument de l’anonymat, particulièrement pour les musiques qu’on appelle savantes…

Joëlle c’est une forte personnalité pleine de bon sens, elle s’est consacrée pour une bonne part aux musiques improvisées, même si le combat fut rude, elle n’en a perdu aucun, malgré les difficultés. Le verso de la pochette nous la livre toute jeune encore, déjà virtuose et, sous la photo, une dédicace toute simple et touchante : « Dédié à mes parents ».

La première face commence avec « Ouverture », tout simplement, avec une utilisation de re-recording dont le dernier volet est improvisé. La seconde pièce « Témoignage » est assez lyrique, on entend encore le son plus « classique » de la contrebasse qui chante et s’émeut en même temps que la voix. Joëlle rend hommage à son professeur Pierre Delescluse, qui lui a transmis son savoir en même temps que l’amour de la musique.

La face deux débute par l’incroyable titre « Taxi », ou l’humour le dispute à l’absurde et à la difficulté, quand il faut se déplacer, accompagnée par une encombrante contrebasse. Le titre commence par « Taxi ! Taxi ! TAXI ! » suivent des réflexions, entendues et notées avec exactitude, par les chauffeurs toujours prêts à faire quelques remarques à propos de cet inhabituel et encombrant bagage. Le texte est parlé en même temps que la contrebasse est grattée, difficile de ne pas sourire à l’écoute de cette tranche de vie.

« Cri » le morceau suivant est consacré à nouveau au quotidien, ce sont les répondeurs téléphoniques qui sont ici mis en avant, le titre est très beau, presque romantique, tandis que les messages défilent, tendres et anonymes…

La dernière pièce, « Bass Drum » est, nous confie Joëlle, une « écriture des matériaux sonores naturels de la contrebasse ». Elle parle même un petit peu plus loin d’autopsie de l’instrument, cette bibliothèque sonore est en effet des plus surprenantes et servira à la musicienne lors de ses projets les plus avant-gardiste et les plus fous. Cette visite, plutôt intime, est toutefois guidée également par une progression musicale très intéressante.

Un chouette album, très plaisant, Joëlle est internationalement reconnue et louée, c’est l’une des musiciennes les plus actives et plus demandées de la scène française. Sa discographie est une suite de rencontres extraordinaires, avec une bonne centaine d’albums désormais…

Joelle Leandre - Taxi (1982)


Joëlle Léandre - Cri


Joëlle Léandre - Bass Drum


Joëlle Léandre - Ouverture
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Cooltrane » lun. 29 août 2022 17:13

RIP Jaimie Branch à 39 ans.



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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 29 août 2022 17:23

Cooltrane a écrit :
lun. 29 août 2022 17:13
RIP Jaimie Branch à 39 ans.
Homeward est déjà passé page précédente pour nous annoncer la triste nouvelle, ça m'a fait vraiment peine...
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 30 août 2022 02:18

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Zoh Amba – O, Sun (2022)

Voici une nouveauté Tzadik très étonnante, elle n’a été possible que grâce à John Zorn qui a pris sous son aile cette toute jeune saxophoniste, Zoh Amba, née en deux mille, pour lui faire enregistrer un premier album, et ce, dans la série « Spectrum », pourtant habituellement réservée aux artistes confirmés. Il s’engage même davantage en jouant du sax alto sur une pièce de l’album, Zorn ne fait pas les choses à moitié, quand il s’engage, il assume ses choix jusqu’au bout, voyons cela…

L’album se partage en deux parties, trois pièces sont composées par la saxophoniste ténor Zoh Amba, et trois autres sont entièrement improvisées, la septième, nommée « Satya » n’est pas créditée ni signée, mais elle semble être au crédit de Zoh Amba, car elle figure également sur son second album, enregistré en compagnie du bassiste William Parker. Pour tout dire, un troisième est également dans l’air, tout se passe très vite pour Zoh, la petite fée de la forêt.

Il se raconte que Zoh Amba, lorsqu’elle était toute jeunette, aimait aller jouer dans les bois, autour de sa maison, dans les Appalaches, là elle s’entraînait, créait et jouait, fille du vent et de l’air, dans cette belle nature. Plus tard elle alla étudier en ville, à New-York, Boston et San Francisco, c’est là qu’elle fit les rencontres décisives.

Les pièces écrites sont structurées, avec des thèmes, quand elle les joue son jeu au ténor me semble subir l’influence d’Alabaster de Plume, mais, si ça peut paraître étrange, on y entend cette même fragilité, au bord de la fêlure et de l’intime. On pourrait également penser que les deux ne se sont jamais écoutés et qu’ils partagent, sans le savoir, cette sensibilité commune.

Les pièces qu’elle a elle-même écrites sont tendres et un peu naïves, pleine de candeur et de sincérité, très belles, comme « Hymn To The Divine Mother » qui ouvre l’album, elles tranchent avec « Holy Din » par exemple, où John Zorn intervient pour apporter le feu dans le discours, né de la nécessité de l’improvisation, de l’urgence libertaire : jouer en prenant des risques.

A ses côtés se trouvent une autre jeune pousse brillante et précoce issu du terreau New-Yorkais, en la présence du pianiste Micah Thomas, sensible et lyrique, qualités que partage cette jeunesse. Mais il faut bien aussi des cadres solides et éprouvés pour tenir l’assise, le nécessaire encrage, et bien ce seront le bassiste Thomas Morgan et le capé Joey baron à la batterie qui endosseront ce rôle.

Une nouvelle fois un superbe album signé Tzadik, à écouter !

SoS Short Doc: Zoh Amba


(Comme toujours sur Tzadik pas d'extrait pour les nouveautés, je vous propose deux fichiers joints, je n'en mets pas plus car ils sont rarement écoutés)

Hymn To The Divine Mother
01. Hymn to the Divine Mother.mp3
(16.88 Mio) Téléchargé 51 fois
Holy Din
05. Holy Din.mp3
(15.49 Mio) Téléchargé 49 fois
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 31 août 2022 02:40

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Ndikho Xaba and the Natives - Ndikho Xaba And The Natives (1971)

Voici encore un album rare dans son état original, mais qui a bénéficié de rééditions bienvenues, dont la dernière cette année. A l’écoute, il passe très vite et semble assez court, ce que contredisent les durées renseignant le vinyle. En général c’est souvent bon signe…

Il est souvent classé dans la catégorie « Spiritual Music » ce qui correspond bien à une partie de son contenu et particulièrement pour ce qui concerne le titre d’ouverture, « Shwabada », écrit en hommage à la famille de Ndikho et plus particulièrement aux ancêtres défunts. Par extension c’est également une prière aux esprits, entre le monde des hommes et celui des âmes et de toutes les créatures spirituelles.

Mais la caractéristique essentielle de cet album, c’est que ces musiciens appartiennent tous à la communauté Sud-Africaine dont nous évoquons souvent le souvenir ici. En effet ce sont des déracinés, exilés, ayant fui l’apartheid qui se sont installés aux Etats-Unis, où ils se sont fondus dans la communauté noire, tout en cultivant leur culture et leurs racines propres, recevant en retour l’influence de la Great Black Music dans laquelle ils se fondent, comme l’atteste la seconde pièce « Freedom », un chant traditionnel universel.

« Nomusa » qui ouvre la seconde face est signé par Ndikho Xaba et son épouse, dont le nom est le titre de la pièce jouée. C’est un titre entraînant avec un thème facile à mémoriser qui groove gentiment, avec des airs de « déjà entendu » comme il arrive parfois.

Ndikho Xaba est le pianiste de la formation, il utilise le porte-voix et le « seaweed horn ». Plunky est saxophoniste ténor et soprano, il joue également de la flûte, je vous ai déjà parlé de lui ainsi que de Lon Moshe qui joue du vibraphone, à propos des albums sur « Strut Records », pour ceux qui se souviennent. Shabalala est le bassiste, Kieta le batteur et Duru joue de la conga, il est percussionniste, comme la plupart des musiciens ici.

Le dernier titre « Makhosi » est d’ailleurs consacré aux rythmes et aux percussions, concluant un agréable album qui fleure bon les années soixante-dix naissantes.

Ndikho Xaba and The Natives - Nomusa


Ndikho Xaba and The Natives - Shwabada


Ndikho Xaba and The Natives - Freedom


Makhosi
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 1 sept. 2022 03:43

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Ikue Mori – B/Side (1998)

Retour chez Tzadik avec ce troisième album d’Ikue Mori « B/Side » consacré aux musiques de films qu’elle a interprétées pour la cinéaste d’avant-garde Abigail Child. Ikue est spécialisée dans les percussions électriques ou électroniques, les samplers et les « drum machines », c’est son truc, pas vraiment jazz mais innovant en cette fin de vingtième siècle.

Elle s’est entourée de fins musiciens, Anthony Coleman à l’orgue, Erik Friedlander au violoncelle, Andy Haas au didjeridu, l’instrument le plus ancien au monde, qu’on utilise en utilisant la technique du souffle continu, on l’entend particulièrement bien sur « Passage 2 ». Zeena Parkins est à l’accordéon, à la harpe électrique et aux samplers, David Watson joue de la guitare, Kato Hideki est à la basse et Tenko chante.

On comprend que la musique électronique n’est qu’une variable ici, certes importante et parfois dominante, en restant toutefois un ingrédient parmi d’autres. Ainsi les genres passent et varient, de l’ambiant, mais également des rythmes latinos ou de la musique indus ou encore de la musique japonaise, du jazz et des mélodies qui défilent aussi.

Ce qui compte ici c’est précisément ce mélange parfois curieux et étrange, ces territoires que l’on traverse, ou ça grince parfois, ces paysages lunaires ou bucoliques, et, si on perd pied c’est momentané, le temps du repère et de la surprise, car les émotions font partie du voyage.

Les titres sont révélateurs, comme le terrible « Bulldozer Song » ou le surprenant « Geek Love », très contemporain, ou « Latino Interactive » qui balance. Treize séquences au total qui s’enchaînent en un long ruban riche d’une très grande variété musicale sans cesse renouvelée.

Bulldozer's Song
10. Bulldozer's Song.mp3
(14.37 Mio) Téléchargé 50 fois
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 2 sept. 2022 05:04

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Henri Texier – Heteroklite Lockdown (2022)

En fait cet album date du début de l’année, il est sorti en février/mars je pense, et puis il est arrivé chez moi récemment, merci donc ! Henri Texier fait tellement parti du paysage français du jazz que l’on n’y fait plus attention, pourtant tellement incontournable qu’il finirait par nous manquer s’il n’y avait pas une sortie de temps en temps.

Il est ici en trio, évidemment sa contrebasse lui tient compagnie, les deux vont ensemble comme si elle formait son double, et qu’ils ne se déplaçaient plus l’un sans l’autre. D’ailleurs le fruit de l’amour est là également, en la personne de Sébastien Texier saxophoniste de métier, plus précisément à l’alto, il faut dire qu’avec un tel père c’est comme s’il naissait accompagné d’un professeur, les deux réunis sous le même chapeau, celui que l’on voit en couverture, très beau portrait par ailleurs…

Le troisième larron, celui avec lequel ils s’entendent si bien, en foire ou sur scène, c’est Gautier Garrigue, un sacré batteur, je ne sais si on l’appelle Gégé, bien qu’il ne soit pas Gérard, mais par Dieu c’est un phénomène, de foire, comme les deux autres, avec tous leurs bras et leurs mains qui s’agitent sans cesse et toujours au bon endroit !

Henri est à l’âge où parfois on aime jouer les standards, alors qu’autrefois on composait, souvent seul, pour construire cette trilogie fameuse et incontournable qu’on aime encore écouter de temps en temps, celle des années « JMS ». Bon il ne faut pas réduire Henri à ce sommet, car il y en a d’autres, comme ceux du trio « Romano, Sclavis, Texier » et d’autres encore, car il n’y a pas d’album signé Texier qui soit anodin.

Trois standards donc, « Round About Midnight » qui ouvre l’album, « What is This Thing Called Love » et un « Besame Mucho » extrêmement ralenti, trois interprétations parfaites et précises, qui sont justes magnifiques, même s’il y en a eu tant auparavant, on ne s’en lasse pas, et l’enregistrement du son est si parfait, qu’il rend vraiment justice aux musiciens. Il y a également une belle pièce signée de Gégé « Forest Forgive Them » qui se tient parfaitement au milieu de toutes ces magnifiques compos.

Henri Texier nous offre trois magnifiques titres, dont un hommage à Jean-Pierre Bacri « Bacri's Mood », Sébastien en a écrit un, « Take Your Time », tout est donc parfait, et la musique aussi, certes dans un style convenu, sans aucun excès car le travail est d’orfèvre et chacun joue sa partie avec cette perfection qui signe, depuis toujours, le travail d’Henri Texier.

Un album où chaque son est là où il doit être.

Henri Texier - Round About Midnight


Henri Texier - Bacri's Mood


Henri Texier - Forest Forgive Them


Henri Texier - Izlaz
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 3 sept. 2022 03:18

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Khan Jamal – Infinity (1984)

Voici la réédition d’un album sorti en version originale sur un label obscur « Con'brio Records » en quantité très limitée, l’album a connu ensuite quelques rééditions souvent chères également. Mon exemplaire est certainement le seul à prix modéré et raisonnable, sur « Jazz Room Records », mais si je me fie à ce que j’entends, le pressage est tout de même assez moyen, il date de deux mille vingt et un.

Par contre au niveau musical c’est plutôt bon. Khan Jamal est un musicien que j’ai découvert avec l’album « Cool » que j’ai beaucoup apprécié, ce disque-ci bénéficie d’une grande réputation, sans doute exacerbée par la rareté des versions antérieures. Le leader est vibraphoniste de grande classe, sur cet album il joue également du marimba. Il appartient à peu près à la même génération que Bobby Hutcherson ou Roy Ayers mais n’a enregistré qu’assez tard, il s’entoure d’amis de la communauté jazz de Philadelphie.

Il est accompagné par Byard Lancaster à l’alto et aux flûtes, Bernard Sammul au piano, Reggie Curry à la basse, Omar Hill aux percussions africaines et à la conga et Dwight James à la batterie. Que d’excellents musiciens auxquels il faut ajouter deux invités sur « Infinity », Clifton Burton à l’harmonica et Sunny Murray à la batterie.

L’atmosphère est très « relax », la première pièce, « Nubian Queen » est traversée par les flûtes de Byard qui s’en donne à cœur joie, on ajoute le vibraphone et les percus et nous voilà transportés dans l’exotisme des Antilles ou des pays chauds… Ça balance et ça groove sympatoche, l’entrée en matière est réussie, mais le titre suivant n’est pas mal non plus !

C’est le morceau titre « Infinity » avec ses deux invités, le tempo est un peu plus vif et balance très agréablement, après le solo de Byard c’est l’harmoniciste Clifton Burton qui nous régale, ce qui n’est pas très courant dans le jazz car ici la structure n’est pas blues. Hélas la pièce ne dépasse pas les cinq minutes, on en aurait souhaité davantage encore.

« Lovely Afternoon » est plus contemplative voire romantique même, la mélodie est magnifique et correspond parfaitement à ce bel après-midi annoncé, au piano Bernard Sammul est remarquable. Aucun faux pas sur cette première face, de quoi en effet entretenir une certaine réputation autour de cet album rare.

Deux pièces sur la face B, tout d’abord « The Know Unknown » dont on apprend que ce titre aurait connu une carrière parallèle dans les compiles consacrées à l’Acid Jazz, ce qui n’est pas la première idée qui surgit lors de son écoute, mais la pièce est vraiment remarquable, bien rythmée il est vrai et surtout assez vite entêtante.

Pour finir la seule pièce qui n’est pas signée du leader Khan Jamal, « The Angry Young Man », une composition du pianiste très chouette elle aussi, vive et enjouée. Un bon album donc.

Khan Jamal – Infinity (Full Album)
00:00 Nubian Queen
08:53 Infinity
13:42 Lovely Afternoon
20:57 The Known Unknown
29:50 The Angry Young Man

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 3 sept. 2022 15:11

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Le Un – Le Havre (2022)

Pour préciser les éléments, « Le Un » c’est le nom de la formation et « Le Havre » c’est celui de l’album. Ce dernier contient à la fois un vinyle et un Cd, la pochette s’ouvre comme un livre avec des rabats, elle est sérigraphiée, ce qui lui donne un cachet original et très classe. L’illustration est signée par Mehdi Beneitez, elle prend toute son ampleur lorsque la pochette est ouverte.

Le vinyle contient un premier titre sur la face une, « Unité Nodale 11.2 », et deux titres sur la seconde face, « Unité Nodale 4.1 » et « Unité Nodale 8.2 ». Le Cd est une copie du vinyle à laquelle sont ajoutés deux titres supplémentaires, « Unité Nodale 7 » et « Unité Nodale 3.1 », en outre si vous achetez sur bandcamp vous obtiendrez également des versions numériques de qualité.

L’album a été enregistré en public à La Scène Nationale du Havre, « Le Volcan », les quinze, seize et dix-sept avril deux mille vingt et un. Les musiciens sont en grand nombre, on en annonce vingt-six, c’est-à-dire une très grande formation, j’ai relevé peu de nom de connaissance, si ce n’est David Chiesa à la basse, je vous en ai parlé lors de l’album « Sonoris Causa », Jérôme Noetinger à l’électro, Jean-Luc Petit évoqué lors de l’album « ... D'Où Vient La Lumière ! » et Michel Doneda sans doute le plus prolixe au niveau de sa discographie, mais celui-ci, je ne vous en ai pas encore parlé, me semble-t-il…

Il y n’y a que des musiciens de qualité ici, bien sûr, déjà confirmés ou en devenir. Cette formation possède quelques principes, particulièrement celui d’une musique improvisée dans un cadre non-hiérarchique, au niveau organisationnel on pense tout de même que certains ont davantage « la main » ce qui est une assez forte probabilité.

Pour l’organisation musicale, je me risque à penser qu’une grille préparatoire a été établie, mais ce n’est qu’une hypothèse probablement fausse, car chacun est central avec son bagage musical et se doit de l’exprimer avec toutes ses qualités, tout en veillant à ne pas prendre toute la place, car à vingt-six ça deviendrait vite la foire d’empoigne !

Le résultat pratique de cette démarche artistique est donc constitué par cet album fort intéressant, on remarque à l’écoute un effet de vagues lentes car l’évolution commune est assez retenue, elle est puissante et nourrie d’une variété de timbres importante, des voix enrichissent la musique, et l’avancée est souvent marquée par l’entrée de nouveaux instruments et la disparition d’autres qui retournent dans l’ombre.

Certains optent pour une apparition fugitive et récurrente alors que d’autres occupent l’avant avec une plus longue durée, ou même tapissent l’espace sonore par un « fond » au rendu plus continuel. Les deux dernières pièces sur le Cd sont dans lignée de l’œuvre et ne peuvent donc s’en séparer. « Unité modale 3.1 » est particulièrement plaisante car elle semble ouvrir des perspectives nouvelles avec une dynamique vive encore plus ouverte.

Je dois reconnaître qu’ils s’en sortent tous plutôt bien car au départ, avec un tel nombre de musiciens, ce projet peut paraître assez casse-gueule. L’improvisation à deux, trois, quatre ou cinq ça se tient assez facilement, mais ici l’enjeu est tout autre et le risque d’importance. Les grands orchestres free souvent s’arcboutent à une grille préétablie, mais ici le seul garde-fou est l’adhésion à la démarche commune.

Donc oui, je valide.

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 4 sept. 2022 04:04

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Dwight Trible With Matthew Halsall – Inspirations (2017)

L’album est récent et déjà une réédition en deux mille vingt et un, limitée à cent exemplaires il est vrai, les vinyles sont orange et l’album est double. Il en restait au Souffle Continu, du coup me voilà ravi, il y a même un lien pour télécharger sur bandcamp ! L’album est sorti sur « Gondwana Records » le label créé en deux mille huit par Matthew Halsall, un label plutôt dynamique.

Mais la vedette c’est surtout Dwight, son chant, sa voix, cette délicatesse infinie, et pourtant avec moi, ce n’était pas très bien parti. Je me souviens l’avoir écouté au temps de « Build An Ark » et l’impression était mitigée, mais, le temps passant, l’enregistrement avec Kahil El Zabar ou la rencontre avec Pharoah Sanders, la diffusion d’un concert où il apparaissait, bref, cette fréquentation épisodique m’a fait découvrir l’immense interprète qu’il est, et « Mothership », sorti en deux mille dix-neuf, a été une grande consécration.

Outre Matthew Halsall à la trompette, il y a Taz Modi au piano, Gavin Barras à la contrebasse et Jon Scott à la batterie, sur le troisième titre « Feeling Good » de Cole Porter, Rachel Gladwin est à la harpe et Luke Flowers à la batterie. Et, puisqu’on parle de harpe, le sixième titre, « Dear Lord » est de Dorothy Ashby.

Beaucoup de reprises ici et deux traditionnels qui terminent l’album, « Black Is The Colour Of My True Love’s Hair » et une magnifique version de « Deep River » où Dwight surperforme. La pièce d’ouverture est également un grand moment « What The World Needs Now Is Love » dont l’ouverture évoque « My Favourite Things ». L’interprétation du titre « I love Paris » semble vouloir évoquer les attentats qui ont endeuillé le pays en deux mille quinze.

Il y a donc huit titres au total, donc deux par face, chacune d’elle dépasse de peu la dizaine de minutes ce qui justifie difficilement le double LP, mais la qualité est là, tant au niveau du son que de l’interprétation, alors que demander de plus ?

What the World Needs Now Is Love


Deep River


I Love Paris


Tryin' Times
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Harvest » dim. 4 sept. 2022 13:20

Douglas a écrit :
sam. 3 sept. 2022 15:11
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Le Un – Le Havre (2022)

Pour préciser les éléments, « Le Un » c’est le nom de la formation et « Le Havre » c’est celui de l’album. Ce dernier contient à la fois un vinyle et un Cd, la pochette s’ouvre comme un livre avec des rabats, elle est sérigraphiée, ce qui lui donne un cachet original et très classe. L’illustration est signée par Mehdi Beneitez, elle prend toute son ampleur lorsque la pochette est ouverte.

Le vinyle contient un premier titre sur la face une, « Unité Nodale 11.2 », et deux titres sur la seconde face, « Unité Nodale 4.1 » et « Unité Nodale 8.2 ». Le Cd est une copie du vinyle à laquelle sont ajoutés deux titres supplémentaires, « Unité Nodale 7 » et « Unité Nodale 3.1 », en outre si vous achetez sur bandcamp vous obtiendrez également des versions numériques de qualité.

L’album a été enregistré en public à La Scène Nationale du Havre, « Le Volcan », les quinze, seize et dix-sept avril deux mille vingt et un. Les musiciens sont en grand nombre, on en annonce vingt-six, c’est-à-dire une très grande formation, j’ai relevé peu de nom de connaissance, si ce n’est David Chiesa à la basse, je vous en ai parlé lors de l’album « Sonoris Causa », Jérôme Noetinger à l’électro, Jean-Luc Petit évoqué lors de l’album « ... D'Où Vient La Lumière ! » et Michel Doneda sans doute le plus prolixe au niveau de sa discographie, mais celui-ci, je ne vous en ai pas encore parlé, me semble-t-il…

Il y n’y a que des musiciens de qualité ici, bien sûr, déjà confirmés ou en devenir. Cette formation possède quelques principes, particulièrement celui d’une musique improvisée dans un cadre non-hiérarchique, au niveau organisationnel on pense tout de même que certains ont davantage « la main » ce qui est une assez forte probabilité.

Pour l’organisation musicale, je me risque à penser qu’une grille préparatoire a été établie, mais ce n’est qu’une hypothèse probablement fausse, car chacun est central avec son bagage musical et se doit de l’exprimer avec toutes ses qualités, tout en veillant à ne pas prendre toute la place, car à vingt-six ça deviendrait vite la foire d’empoigne !

Le résultat pratique de cette démarche artistique est donc constitué par cet album fort intéressant, on remarque à l’écoute un effet de vagues lentes car l’évolution commune est assez retenue, elle est puissante et nourrie d’une variété de timbres importante, des voix enrichissent la musique, et l’avancée est souvent marquée par l’entrée de nouveaux instruments et la disparition d’autres qui retournent dans l’ombre.

Certains optent pour une apparition fugitive et récurrente alors que d’autres occupent l’avant avec une plus longue durée, ou même tapissent l’espace sonore par un « fond » au rendu plus continuel. Les deux dernières pièces sur le Cd sont dans lignée de l’œuvre et ne peuvent donc s’en séparer. « Unité modale 3.1 » est particulièrement plaisante car elle semble ouvrir des perspectives nouvelles avec une dynamique vive encore plus ouverte.

Je dois reconnaître qu’ils s’en sortent tous plutôt bien car au départ, avec un tel nombre de musiciens, ce projet peut paraître assez casse-gueule. L’improvisation à deux, trois, quatre ou cinq ça se tient assez facilement, mais ici l’enjeu est tout autre et le risque d’importance. Les grands orchestres free souvent s’arcboutent à une grille préétablie, mais ici le seul garde-fou est l’adhésion à la démarche commune.

Donc oui, je valide.


Acheté et si emballé par la musique et la pochette sérigraphiée alors encore une fois mon pressage est gondolée. Heureusement y’a le CD.

De plus en plus souvent je constate des pressages vinyles déplorables…

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 4 sept. 2022 19:38

Harvest a écrit :
dim. 4 sept. 2022 13:20

Acheté et si emballé par la musique et la pochette sérigraphiée alors encore une fois mon pressage est gondolée. Heureusement y’a le CD.

De plus en plus souvent je constate des pressages vinyles déplorables…
En tout cas ce n'est pas un problème de série car le mien n'a pas ce défaut, peut-être le transport avec les fortes chaleurs?

Je te rejoins dans tes constatations, au fur et à mesure que les prix montent la qualité des vinyles baisse. Pour ma part quand je constate un défaut j'essaie de le faire savoir par ici, au moins prévenir, car les erreurs de pressage sont souvent liées à un défaut lors de la fabrication.
Modifié en dernier par Douglas le lun. 5 sept. 2022 04:49, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 5 sept. 2022 04:29

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Oren Ambarchi – Live Hubris (2021)

Voici la version « live » d’un album enregistré en deux mille seize par Oren Ambarchi qui en est également le compositeur. Il a été enregistré à l’occasion de son cinquantième anniversaire et pour fêter également le dixième anniversaire de son label « Black Truffle ». L’enregistrement s’est effectué au Café Oto de Londres, après une répétition foirée par un voisinage peu amène, hostile, suite à des extravagances sonores.

Peut-être vous souvenez-vous de « Hotel Records » que je vous avais présenté il y a quelques temps et qu’il avait co-signé avec son épouse Crys Cole, que l’on retrouve ici. Nous ne sommes pas vraiment en territoire jazz, plutôt au royaume de l’électro et des machines pour le rendu sonore, mais elles ne règnent pas sans contrepartie ici, juste un élément parmi d’autres...

Par les musiciens tout d’abord, qui sont nombreux, ainsi huit guitaristes différents dessinent les paysages et le fond sonore, par la présence de Mats Gustafson et de son saxophone baryton, de Jim O’Rourke et da sa guitare virtuelle jouée au synthé, ainsi que de Konrad Sprenger et son « ringmaster », il y a également Eiko Ishibashi à l’électro et à la flûte, trois batteurs et un bassiste, au total quinze musiciens officient de concert.

On le voit, les machines ne dominent pas ce monde, même si parfois l’impression est contraire, pas de boîtes à rythme, ni de synthé extravagant, mais des guitares qui se combinent habilement. « Hubris » est construit en trois parties, la première s’étale sur la première face, vingt et une minutes et trente secondes, ainsi que de la seconde partie qui n’atteint pas les deux minutes.

Mais en fait, tout se joue sur la seconde face lorsque Mats Gustafson entre en jeu lors de la partie « trois », la première n’est qu’une longue préparation, belle et planante, par laquelle il est bien de passer, pour s’acclimater doucement et surtout sentir, par contraste, la puissance de la déferlante qui arrive en même temps que le son du baryton, quand l’orchestre dans son entier monte le son, développe une puissante énergie, et s’éclate comme un monstre vociférant surgi des enfers.

Live Hubris, Pt. 1


Live Hubris, Pt. 2


Live Hubris, Pt. 3
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