J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

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Douglas
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 5 janv. 2023 04:59

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Julian Lage – Love Hurts (2019)

Pour cet album, son huitième en tant que leader ou co-leader, le guitariste fonde un nouveau trio en compagnie du contrebassiste Jorge Roeder et du batteur Dave King. Dès la première pièce « In Heaven », ça vole très, très haut, la pièce est enchanteresse et envoie fort, nous voilà prévenus !

Beaucoup de reprises sur cet album, comme sur le second titre, « Tomorrow Is The Question » signé Ornette Coleman, ou les deux compos de Keith Jarrett, « The Windup » en provenance de « Belongig » de soixante-quatorze, ou « Encore (A)» de soixante-dix-huit, il y a également la remarquable dernière pièce de l’album signée de Roy Orbison, « Crying ». Ceci pour indiquer que Julian n’interprète que deux titres de sa composition, « In Circles » et « Lullaby ».

Il faut dire que cet album serait le troisième d’une série consacrée à l’americana, ceci expliquerait cela… mais qu’importe car il est fantastique, ce trio tourne au poil et rien ne vient assombrir ce splendide récital, ses deux acolytes sont des fantastiques, on les oublierait presque, pris de vertige par la splendeur de cette guitare.

C’est l’accumulation des écoutes qui fait prendre conscience de la justesse des deux soutiens, Dave King, fait tout ce qu’il peut pour ne pas être oublié, son jeu de batterie est à l’avant, souvent au centre de la dramaturgie, comme sur « Trudgin’ » de James (Jimmy) Giuffre, il joue plutôt « carré », avec une efficacité terrible.

Jorge Roeder est plus discret mais évidemment précieux et essentiel, élastique et bondissant, en dialogue avec la guitare dont il trace le chemin. Ainsi on se fraie une route dans l’histoire de l’Amérique au travers de ces compos, en caressant le blues, la country et même la pop, le voyage est très agréable et même presque ludique, ainsi, il apporte le sourire aux lèvres…

In Heaven


Julian Lage - Love Hurts (Official Video)


Julian Lage - Tomorrow Is The Question (Official Video)


Julian Lage - Crying (Official Video)
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Message par Douglas » jeu. 5 janv. 2023 14:44

Toujours la série des quarante avec ici Immanuel Wilkins qui livre sa seconde copie...
Douglas a écrit :
ven. 18 févr. 2022 06:36
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Immanuel Wilkins – The 7th Hand (2022)

Voici « The 7th Hand » le second album d’Immanuel Wilkins, après « Omega » dont je vous avais parlé avec enthousiasme. Celui-ci est aussi un double LP, mais il est plus court, la moyenne des faces qui tournait autour des quinze minutes sur le premier, se limite à dépasser les dix minutes seulement, il faut donc se lever assez souvent pour alimenter la platine, excepté pour la dernière face qui dépasse les vingt minutes.

Parmi les bonnes nouvelles on remarque la présence de la gracieuse flûtiste Elena Pinderhughes qui jouait autrefois dans la formation de Christian Scott, elle apporte ce petit plus sur les deux titres de la face C, « Witness » et « Lighthouse » qui sont parmi les plus enlevés de ce post-bop qui, hélas, semble assez souvent tourner en rond.

Immanuel Wilkins joue de l’alto en virtuose, Micah Thomas est au piano, ici ou là il sait se souvenir de McCoy Tyner, tant mieux. Daryl Johns est à la basse et Kweku Sumbry à la batterie. Tous les quatre sont de jeunes et brillants musiciens, bien élevés et tout.

Allons directement à la face quatre qui, d’une certaine façon, sauve l’album d’une léthargie qui guettait. « Lift », qui se souvient de John Coltrane, est la meilleure part ici, enfin pour ce qui me concerne. Certes, c’est plus free que l’entièreté du premier disque qui ronronne en jouant une musique que tout le monde a déjà entendu depuis quarante ans, un post bop assez conventionnel qui ne bouleverse plus.

Je ne sais trop si on peut qualifier « Lift » de pièce majeure, mais au moins, elle vibre, secoue et emmène vers un ailleurs. Elle est nourrie d’impros et ça compte, ça dans le jazz ! Elle représente une prise de risque évidente, on lâche prise et on perd pied pour se laisser embarquer et voir vers où pousse le vent… Je ne sais si c’est l’appartenance à Blue Note qui pousse Wilkins vers une sécurité musicale, me semble-t-il, assez mauvaise conseillère.

Bon, un disque sur deux c’est peu pour un vinyle assez onéreux, mais on peut opter pour la version Cd qui me paraît un meilleur choix, car Wilkins est malgré tout un fabuleux saxophoniste.

Immanuel Wilkins - Emanation (Pseudo Video)


Lighthouse


Witness


Lift
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 6 janv. 2023 05:42

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Aldorande – deux (2021)

Par une sorte de distorsion du temps cet album de la formation « Aldorande », son second d’où le titre, se classe dans « Les 40 disques de l’année 2022 » dans le classement opéré par nos spécialistes de Jazz Mag et de Jazz news réunis. Pourtant il y a là une sorte de bon sens car ils ne considèrent pas l’année de sortie, mais celle de la chronique associée dans leurs colonnes…

Ainsi cet album sorti en novembre deux mille vingt et un et chroniqué sur le numéro double « décembre 2021 et janvier 2022 » est-il tout à fait à sa place dans cette sélection. C’est également un album qui plaira sans doute aux amateurs de FIP, car la station l'a énormément programmé ainsi que son prédécesseur, c’est que le son « Aldorande » est gorgé de funk et baigne dans cette fusion qui fit, entre autres, les belles heures de la bande FM.

Côté musicos ça assure bien, Virgile Raffaëlli tiens la basse électrique et joue du mellotron sur « Arcane 17 ». Florian Pellissier joue des claviers, du Fender et des autres, Mathieu Edouard tient la batterie et Erwan Loeffel joue de multiples percussions, elles sont détaillées sur la pochette. Il y a également un trompettiste, Paul Bouclier, un saxophoniste ténor, Franck Chatona et un tromboniste, Benoît Giffard, ils forment une section à vent. Il faut signaler aussi l'importance des vocalistes qui s’ajoutent ici ou là, surtout des voix féminines qui marquent le groovent.

Les influences on les connaît, Herbie Hancock, Chick Corea, Stanley Clarke et la vague qui déferla dans l’ombre de Miles Davis, la filiation est assumée et bien digérée, ce qui permet à Aldorande de tenir la route avec classe et dignité. Ils ajoutent par ailleurs un ingrédient dans la marmite en misant sur une thématique interstellaire ou galactique qui apporte une touche planante et spatiale qui va bien.

Un album bien calibré pour les nostalgiques de ce qu’on appelait alors le « Jazz Rock » qui, ici, choisit l’option « Jazz Funk » et penche côté Herbie, les mêmes qui sont amoureux du bon groove qui tache et qui fait secouer la tête en tapant du pied…

Difficile de choisir un titre sur cet album très homogène et qui tient haut le challenge…

Vortex des possibles


Aldorande - Fenêtres Sur Le Temps


La promesse au soleil


Aldorande - La Pierre Des Mondes
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Message par Douglas » ven. 6 janv. 2023 14:20

Un autre album de 2021 classé dans le top 40 de 2022, vraiment magnifique celui-là !
Douglas a écrit :
sam. 5 mars 2022 05:45
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Wadada Leo Smith, Jack DeJohnette & Vijay Iyer – A Love Sonnet For Billie Holiday (2021)

Voici un album de novembre 2021, « A Love Sonnet For Billie Holiday » par le trio formé de Wadada Leo Smith à la trompette, Vijai Lyer au piano, au Fender Rhodes, au Hammond B-3 et à l’électro, et, enfin, le grand Jack DeJohnette à la batterie. C’est sorti sur "Tum Records", le label finlandais qui siège à Helsinki.

L’album commence directement par l’hommage à Billie Holiday, après une introduction de Jack DeJohnette, Leo Smith se lance dans une sorte de solo déchirant, à sa manière, avec de longues stries qui déchirent le ciel, s’éclipsent et se reforment avec une force toujours renouvelée, se chargeant à chaque fois d’un plein d’émotion.

Sur « Deep Time N°1 » la gravité est toujours de mise, Vijay Iyer tisse une toile sur laquelle Leo Smith lance ses flèches, tintées d’une sourdine, tandis qu’on entend, en bruit de fond, un discours de Malcom X, « "By any means necessary" ». DeJohnette joue de cymbales et des bruissements métalliques, en créant ainsi comme un sentiment d’urgence, une tension qui habite le morceau tout du long.

« The A.D. Opera: A Long Vision with Imagination, Creativity and Fire, A dance Opera » est la pièce la plus longue, dix-huit minutes qui se partagent en trois parties, elle est dédiée au pianiste Anthony Davis, comme l’indiquent le « A » et le « D » dans le titre. On y entend un Vijay lyer plein de dissonances et de romantisme, les deux se mêlant étrangement, dans une fuite en avant, transpercée des fulgurances de Léo Smith, et ornée des mille tintements colorés des cliquetis de Jack DeJohnette. La seconde partie est d’une grande beauté contemplative.

La pièce qui suit « Song for World Forgiveness », signée DeJohnette, est une des plus belles de l’album, le trio se combine avec une grâce infinie autour de cet hymne à la paix, une prière qu’il faudra savoir écouter et entendre…

L’album s’achève sur une impro, encore une fois un album plein et intense emmené par le grand trompettiste, âgé de quatre-vingt-un ans, lors de l’enregistrement.

Dingue !

Billie Holiday: A Love Sonnet - Wadada Leo Smith
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 6 janv. 2023 21:18

Déjà un classique, "Tissé" forcément là...
Douglas a écrit :
dim. 24 avr. 2022 03:53
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Marion Rampal – Tissé (2022)

Il y a quelques temps je vous avais parlé de l’album « Secret » de Marion Rampal, une manière de vous parler de la sortie prochaine de « Tissé », alors tout juste annoncée. Depuis, le temps est passé, j’avais beaucoup aimé « Le secret » et vous en avais fait part, particulièrement pour les liens tissés entre Marion et Archie Shepp, elle était de tous les projets du saxophoniste, les plus ambitieux ou, plus simplement, la choriste de passage. Il y avait également l’autre album « Main Blue » de 2016, un peu moins intense, mais qui contenait sa part de bons moments, dans un registre souvent bluesy.

Et puis voilà, « Tissé » est arrivé, je l’ai un peu snobé au départ, déposé dans la pile, sans plus de considération, comme un p’tit con un peu blasé, des fois on ne se rend pas compte... Et puis est venu le moment de l’écouter et là, la baffe ! Encore un album de peu de poids, trente-cinq minutes, mais une densité vraiment exceptionnelle, quand je pense à cette notion, me revient toujours le « Melody Nelson » de Serge Gainsbourg, si court et si bon !

Ici, artistiquement rien à voir, sinon les chansons. Oui, un album où tout tourne autour des trois minutes, le format commercial « chanson » le plus commun. Alors oui, du jazz, un peu, une pincette ici ou là, des airs des îles lointaines de chez nous, dans la voix de Marion, parfois. Du folk, sans doute, des airs vieux et traditionnels ? Juste une pincée.

Juste des chansons simples, qui touchent, une sorte d’épure, c’est fort et puissant « l’épure » quand c’est réussi, ça arrive, direct et évident, et ça vous parle en dedans. Alors trente-cinq minutes à ce régime, c’est toute une éternité…

C’est Marion qui a écrit les paroles, sauf le superbe « Où sont passés les roses », qu’elle a composé et interprète avec Piers Faccini et Alma Sarrazac. Elle a écrit également toutes les musiques avec Matthis Pascaud, sauf « Calling To The Forest » qu’elle a écrit seule.

Elle chante ce titre en compagnie d’Archie Shepp, c’est très émouvant. Archie joue très rarement du sax désormais et quand il le fait, les larmes coulent, et pas seulement les siennes, mais aussi celles de tous ceux qui sont là et qui écoutent, et aussi celles de ceux qui les voient par l’intermédiaire des écrans, alors toutes ces larmes qui débordent, on s’y noie. Du coup Shepp, il se contente de chanter, pour continuer à nous émouvoir, sans trop qu’on perde notre dignité.

Il y a aussi « D’autres soleils » avec Anne Paceo, le sympathique Tony Paeleman aux claviers ainsi que PF Blanchard au Rhodes également, Sebastian Llado au trombone, tuba et sousaphone, Raphaël Chassin à la batterie et aux percussions et le fameux Matthis Pascaud aux guitares, aux claviers et aux percus, du beau monde pour un bel album. Une des meilleures sorties de ce début d'année.

Tisser


Où sont passées les roses (feat. Piers Faccini)


Marion Rampal - "Calling to the Forest (ft. Archie Shepp)" @ New European Songbook 2021


L'île aux chants mêlés


Marion Rampal: D'autres soleils − Live


A volé
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 7 janv. 2023 06:09

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Arnaud Dolmen – Adjusting (2022)

Pour rester dans le cadre du palmarès des « Best Of Jazz 2022 » voici celui qui a été élu dans la catégorie « Musicien Français de l’année », c’est Arnaud Dolmen, qui, malgré son nom, n’est cependant pas breton mais batteur guadeloupéen, qui rafle la mise, il est vrai que l’album est beau et se tient.

Sans doute le choix n’a-t-il pas dû être aisé, il y avait du monde au « porte-sillon », mais Arnaud Dolmen a bien mérité sa récompense car l’album ne manque pas de qualités, ce serait de mauvaise foi que d’invoquer ici le copinage !

On reconnaît à Arnaud d’incroyables qualités de batteur, elles sont en valeur ici, sur la totalité de l’album, c’est un régal constant d’écouter son jeu d’une grande maîtrise, d’une pièce à l’autre, très diversifié, jouant des tambours, des caisses claires et des cymbales avec une belle élégance, c’est un axe par lequel on peut écouter ce disque, mais ce n’est qu’un aspect de son talent.

Il est aussi compositeur, offrant à ses musiciens de belles toiles pour s’exprimer, le très demandé Leonardo Montana au piano, Samuel F’Hima à la contrebasse et trois saxophonistes ténor, Francesco Ceminiani, Ricardo Izquierdo et Adrien Sanchez. Hélas à l’écoute du Cd on ne sait lequel des trois souffleurs est à créditer au fil des solos.

Il faut encore ajouter des apports importants par le biais d’invités de poids. L’accordéoniste Vincent Peirani sur « SQN », abréviation de "Sine Qua non", qu’il investit avec autorité. La chanteuse Haïtienne Moonlight Benjamin sur « Ajisteman » aux couleurs caribéennes et Naïssam Jalal, absolument magnifique sur le très beau « Résonnance », une des pièces maîtresses de l’album.

Le dernier titre, au nom troué, « Les oublié.e.s » nous renvoie au « bouladjel » typique de la Guadeloupe, avec ses vocalises particulières venant de la gorge et finissant en une sorte de halètement, une technique de chant typique de la Guadeloupe. Juste une remarque personnelle pour dire que même sans le « .e. » nous aurions compris que les « Oubliés » appartenaient aux deux sexes, non la langue n’est pas sexiste, alors pourquoi la défoncer ?

Après avoir reçu le prix de la « révélation » aux Victoires du Jazz, Arnaud est à nouveau honoré par une belle distinction très méritée, il n’en est qu’à son second album mais il a de nombreux projets qui se présentent à lui, c'est un musicien très certainement à suivre.

Arnaud Dolmen - The Gap (Studio session)


Arnaud Dolmen - SQN ft. Vincent Peirani (Official Video)


Résonance


Ti Moun Gaya
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 7 janv. 2023 13:38

Celui-ci est également dans la liste des quarante, encore un bel album, un début 2022 très prolifique en bonnes surprises...
Douglas a écrit :
lun. 18 avr. 2022 02:15
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Sylvain Rifflet – Aux Anges (2022)

Sylvain Rifflet est un musicien que je suis, l’oreille attentive à beaucoup de ses sorties, j’avais bien aimé « Perpetual Motion (A Celebration Of Moondog) » et « Mechanics » et encore davantage l’excellent « Troubadours » et l’enthousiasmant « Rebellion(s) ». Alors il est tout naturel de s’intéresser « Aux Anges », d’autant que la curieuse assemblée ici rassemblée m’intrigue déjà.

Sylvain au sax ténor, évidemment, mais également à la « shruti-box et à « l’homemade music-box », voilà d’étranges boîtes qui me laissent pantois. Le finlandais Verneri Pohjola est à la trompette et à l’électro, Philippe Gordani aux guitares et l’excellent Benjamin Flament aux percussions. Voilà une belle équipe de troubadours qui semble bien avoir le profil et les atouts pour partir en quête des anges…

Mais qui sont ces anges ? Sylvain y répond en parlant de son « intimité musicale », ainsi les entités en question seraient des musiciens, des personnages qui ont à voir avec sa vie, au travers de ses amitiés et de ses influences. Des pistes sont données au travers des titres des chansons et de ce qu’elles laissent à deviner. Ce qui a donné naissance à un jeu de piste dont voici quelques réponses.

« Abbey » c’est évidemment Abbey Lincoln et « Baldwin » l’écrivain James Baldwin, ceux-là sont les plus simples. « Sven Coolson » est le surnom de Stan Getz dans les années cinquante, « The Viking’sWaltz » c’est évidemment une allusion à Moondog dont il est un fervent admirateur et spécialiste, il lui a même consacré un album, on ne pouvait y échapper !

« Cake Walk From A Spaceship » est le nom de son album précédent, en duo avec le trompettiste Verneri Pohjola, celui-ci je ne l’ai pas encore écouté. « Awkward Commute » serait dédié à Jon Irabagon, je l’ai lu alors pourquoi pas, mais ce « trajet difficile » est celui de son plus proche ami musical et compagnon de route, celui avec lequel il a énormément partagé et célébré les différents hommages à Moondog.

Le très beau « duo » qui termine l’album est une improvisation entre les deux souffleurs de l’album, mais attention, il faut encore patienter car il existe un morceau caché, une improvisation du groupe, à la mode d’autrefois…

Bel album, assez intimiste, de ceux qui se partagent.

Sven Coolson


Déjà vu (official video)


Abbey


Mésanges (Official video)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 7 janv. 2023 21:23

Un autre nominé...
Douglas a écrit :
sam. 30 avr. 2022 03:53
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Vincent Peirani – Jokers (2022)

On arrive bientôt au mois de mai et de nombreuses nouvelles parutions et sorties excellent par-dessus tout, et si ça continue au même rythme, l’année deux mille vingt-deux promet d’être un grand cru côté jazz et musiques apparentées. J’ajoute cette dernière « qualification » car souvent on ne sait plus trop où l’on est, non pas pour remarquer la qualité des sorties, mais pour les mettre en boîte, dans les petites cases étroites qui ont été créées pour ça.

En voici un exemple avec cet album remarquable de Vincent Peirani, tout le monde le classera côté jazz, une grande partie de son éducation musicale s’est structurée autour de cette musique, question d’habitude. Pourtant certaines pièces de l’album, présentées à un auditeur peu versé en jazz, pourraient être classées rock par ce dernier, et il n’aurait pas forcément tort ! D’ailleurs il y a quelques reprises qui pourraient apporter de l’eau à son moulin, « This is The New Shit » est signé Marilyn Manson, « River » de Bishop Briggs et « « Copy Of A » est de Nine Inch Nails.

De plus Peirani s’essaie au trio, pour la première fois semble-t-il, après avoir énormément joué en duo et aussi en quartet. Il joue d’une impressionnante série d’instruments sur cet album, accordéon bien sûr mais aussi « accordina », l’accordéon du voyageur, clarinette, claviers, glockenspiel, music box et voix. Il est accompagné par l’italien Federico Casagrande à la guitare et l’israélien Ziv Ravitz, que nous avons entendu aux côtés d’Avishai Cohen, à la batterie.

Un disque sans faiblesse, avec quelques pièces très énergisantes, branchées à l’électricité saturée de la guitare de Federico Casagrande, qui fait plaisir tout au long de l’album, se souvenant de sa culture rock. Ziv Ravitz est lui aussi dans la puissance, mais aussi dans la finesse, son jeu, parfois discret, sait être tout en délicatesse.

La dernière pièce, « Ninna Nanna » de Frederico Alagna est jouée en duo entre Vincent et Federico, la formule la plus habituelle pratiquée par le Niçois. Ce serait difficile de sortir du lot les pièces car elles ont toutes un intérêt, celles qui attirent la curiosité sont évidemment les reprises, mais il y a également une jolie compo de Federico, « Twilight » et quatre pièces de Vincent, toutes intéressantes, « Circus of Light », « Heimdall », « Salsa Fake » …

Vraiment un bel album, de ceux qu’on aime réécouter souvent, il y a un petit livret à l’intérieur du Cd, avec un texte en français, en anglais, mais pas en allemand cette fois-ci, bien que nous soyons sur le label ACT.

Vincent Peirani - JOKERS - This Is The New Shit


Vincent Peirani - JOKERS - Les Larmes de Syr


River


Salsa Fake


Vincent Peirani - Copy of A (Nine Inch Nails cover)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 8 janv. 2023 05:48

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Wayne Shorter – Emanon (2018)

Emanon est un livre-disque contenant trois Cds et une BD faite de papier épais, avec une reliure d’excellente qualité, c’est du costaud ! Il faut savoir que Wayne Shorter est un fan de BD. Il en a lui-même écrit pendant son adolescence et il continue à en lire, celle-ci est co-écrite par lui et Monica Sly, et illustrée par Randy DuBurke connu pour ses publications chez Marvel. Éclairons tout de suite le mystère du nom de l’album, Emanon se lit de droite à gauche « no name », voici déjà une énigme éclaircie.

Wayne Shorter joue du saxophone soprano et ténor, il est entouré de Danilo Perez au piano, John Patitucci à la contrebasse et Brian Blade à la batterie. Le premier Cd est assez particulier puisque la formation est complétée par l’Orpheus Chamber Orchestra, un grand orchestre à cordes et à instruments à vent. Ils interprètent quatre thèmes, « Pegasus », « Prometheus Unbound », « Lotus » et « The Three Marias ».

Sans surprise, ces versions symphoniques ne sont pas ce que je préfère, bien qu’elles s’écoutent sans déplaisir et démontrent une certaine énergie, le quartet « Jazz » est cependant relégué au second plan, bien qu’il éclaire la partition avec, de temps en temps, de magnifiques solos souvent très brillants. Par ailleurs la fusion est parfois très réussie comme sur « The Three Marias ».

Les deux Cds suivants sont des enregistrements du quartet live au « Barbican » de Londres. Sur le second Cd deux titres seulement sont présents, « The Three Marias » qui bénéficie d’une très longue version de plus de vingt-sept minutes, faisant plus que doubler celle enregistrée en compagnie du grand orchestre. On se doute que cette version est d’emblée plus libre, ouverte aux improvisations, aux échanges entre musiciens, s’échappant de la contrainte de l’écriture, ainsi la pièce semble presque nouvelle, soumise aux lois du jazz, permissives et libres, ouvrant des espaces nouveaux, sans cesse, dans la liberté de chacun et le respect de tous. Le final de la pièce est intense et nous ramène à la version symphonique, presque tendue et dramatique.

La seconde pièce est « Lost And Orbits Medley » qui remonte historiquement jusqu’à « Orbits » qui ouvrait le « Miles Smiles » De Miles Davis sorti en mille neuf cent soixante-sept. Depuis de l’eau a coulé sous les ponts et ce medley est une sorte d’historique de ce morceau qui a accompagné Wayne Shorter au fil de son évolution. La pièce est très ouverte et brillante.

Le dernier Cd est toujours en provenance du concert de Londres, on retrouve ici deux pièces issues de la suite « Lotus » et « Promotheus Unbound », ces deux titres sont également revisités et le second est considérablement allongé, il double sa durée. Cette lecture jazz est également très stimulante.

C’est d’ailleurs l’écoute de ces pièces qui a guidé l’inspiration de Randy DuBurke lorsqu’il a créé le « comix ». Ainsi l’histoire dessinée obéit à la seule règle du ressenti, créant des mondes parallèles qui se superposent, le récit avance par saccade, ne se souciant pas de réalisme narratif. Il est conseillé de lire l’introduction signée d’Esperanza Spalding pour appréhender cet univers-là, où la science-fiction débouche sur la philosophie.

Emanon-noname voyage entre les quatre mondes du multivers, où il franchit des étapes à travers des épreuves, des combats, qui lui permettront de mieux se connaître. Un programme original soutenu par ce bel objet, perso j’ai acheté le mien d’occasion, car l’objet neuf est onéreux, et il serait dommage de se priver d’un tel plaisir. « Emanon » a d’ailleurs reçu le prix du « Meilleur album instrumental de jazz » aux Grammy Awards, cette année-là.

Pegasus (The Wayne Shorter Quartet With Orpheus Chamber Orchestra)


Wayne Shorter - Lotus


Prometheus Unbound (The Wayne Shorter Quartet Live In London)


The Three Marias (The Wayne Shorter Quartet Live In London)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 8 janv. 2023 05:53

J'enchaine avec un autre album exceptionnel malgré sa brièveté, un album marquant de 2022.
Douglas a écrit :
mar. 19 avr. 2022 05:13
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Avishai Cohen ‎– Naked Truth (2022)

Allez, autant commencer par ce qui pourrait être un défaut, la durée de l’album nous projette un demi-siècle en arrière, trente-cinq minutes seulement, c’est un peu short, il est vrai ! Mais on ne peut juger de la qualité de l’album au temps qu’on passe à l’écoute, pas plus que de la qualité d’une peinture au temps qu’il a fallu pour la peindre.

Si ces trente-cinq minutes sont sublimes, exceptionnelles, et vous transportent hors du temps, alors que valent les mesures ? Pesées, périmètres et aires s’évanouissent. Si ces trente-cinq minutes ne vous quittent plus et que vous réécoutez en boucle ces notes qui vous envoutent, vous font fermer les yeux, et ouvrir votre esprit vers des lieux et des contrées dont vous seuls connaissez le chemin. Si la magie de cette musique tient à l’intime…

C’est que Avishai Cohen, déjà, avec « Into The Silence » avait tracé la route et montré le chemin. Il possède le secret de la note juste celle qui surprend et touche, pas à la façon d’un Monk, espiègle et malin, mais avec de l’audace, juste poser le pied un peu plus loin.

Il est entouré par Yonathan Avishai, pianiste au feeling extraordinaire, déjà vieux compagnon d’armes, de Barak Mori à la basse et de Ziv Ravitz à la batterie. Ils sont arrivés aux studios La Buissonne presque les mains dans les poches, mais avec des idées plein la tête et quelques notes griffonnées par Avishai Cohen.

Ensuite ça s’est enchaîné très naturellement, les mélodies se sont succédées, nées du lyrisme combiné des musiciens, les harmonies toutes en dentelles de Yonathan ont créé une architecture fragile et les impros se sont enchaînées, souvent délicates et sûres. La suite en huit mouvements s’est ainsi structurée, jusqu’au dernier titre « Departure », un poème de Zelda Schneurson Mishkovsky dont Avishai fait la lecture.

Ce dernier a coupé sa barbe, mais il reste ce grand trompettiste que l’on connaît, on admire la technique mais plus encore l’émotion qu’il transporte dans sa musique.

Un des sommets de sa discographie.

Naked Truth (Pt. 1)


Naked Truth (Pt. 2)


Naked Truth (Pt. 7)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 8 janv. 2023 18:04

Après le trompettiste Avishai Cohen, continuons la série des quarante avec le Healing Orchestra...
Douglas a écrit :
ven. 13 mai 2022 02:38
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Healing Orchestra – Free Jazz For The People (2022)

Voici un double Cd commandé il y a quelques temps via bandcamp, et pas mal écouté depuis. C’est un groupe de treize musiciens qui en est à l’origine, sous la direction de Paul Wacrenier qui est également compositeur, pianiste et vibraphoniste. J’avoue ne pas le connaître avant cette parution, dont j’ai entendu parler sur les magazines spécialisés.

Le terme de « free jazz » dans le titre m’aurait plutôt envoyé un signe encourageant et positif, mais il ne faut pas se méprendre, même s’il existe une partie de l’album assez free, ce n’est pas ce qui domine ici, on pourrait plutôt dire « jazz moderne » qui plonge ses racines chez Gil Evans, Carla Bley ou Willem Breuker, dans une veine assez proche du Surnatural Orchestra.

Il y a un invité ici Sylvain Kassap qui joue de la clarinette et de la clarinette basse, ainsi qu’un groupe de musiciens tous épatants et véritablement excellents. A l’intérieur de la pochette chaque soliste est crédité personnellement, cette initiative est vraiment judicieuse elle permet de mettre en évidence tous ces talents que j’imagine jeunes, en tout cas brillants.

Car l’album est vraiment bon, dès le premier titre « Article 35 de l’an I » qui envoie sévère et vise haut, sur un album très dense qui ne semble jamais à court d’imagination et d’idées. L’album est issu de deux enregistrements en public, le premier en octobre 2020 au Petit Faucheux à Tours et le second, pour « The Fraternity Suite » qui se trouve sur une grande partie du second Cd, en janvier 2020 lors du Festival Sons d'Hiver, au Théâtre Jacques Carat de Cachan.

Bien qu’il y ait deux Cds l’album n’est pas démesurément long, moins de soixante-dix minutes au total, mais de grande qualité. La face une connaît également une suite en quatre parties, « Free Jazz For The People » qui emporte bien, sans pour autant se déstructurer exagérément, juste ce qu’il faut de folie pour vous emporter et vous offrir un voyage bien trippant. On peut citer également « Confluences », avant dernière partie sous la direction de Sylvain Kassap.

Finalement le véritable « free » tient sur les dernières secondes du très beau « Fraternity » et sur « A rare but Pleasant Feeling » qui enchaîne. La toute dernière pièce « Blooming in Though Days » est également magnifique. A noter également « Spirit Of Mal » qui est chantée par la voix de Fanny Ménégoz, également flûtiste, celle-ci côtoie également le Surnatural Orchestra, évoqué plus haut.

Un groupe qui mérite certainement du soutien car ils n’ont rien à envier à quiconque, le Cd est arrivé avec un petit mot accompagnant, le label qui le produit se nomme « Le Fondeur de Son », c’est celui que dirige… Paul Wacrenier !

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 9 janv. 2023 04:24

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Matthew Halsall – On The Go (2011)

Voilà un bel album, qui fonctionne agréablement, et même qui ne saurait déplaire, promis forcément à un grand succès, d’estime ou commercial, c’est selon les lois du hasard. Sorti en deux mille onze il a eu le temps de faire ses preuves et de séduire les amateurs, de jazz en général, mais surtout ceux qui penchent côté ECM, car l’album est bien poli, avec un beau son et de chouettes mélodies…

Peut-être n’est-il pas si original que ça, au fond, mais quelle efficacité, il vous scie les jambes et vous colle au mur avec maestria et dextérité, vite fait, impeccable. Oui, il est beau cet album, les compos obéissent sans doute à des recettes déjà éprouvées par les grands anciens, mais le jeune Matthew Halsall a eu la bonne idée de conserver les recettes et de les ressortir avec sagacité, c’est du très beau travail !

Il plaira sans doute même à ceux qui écoutent le jazz d’une seule oreille, ils seront happés par cette trame malicieusement fabriquée, et ne manqueront pas de tomber dans les filets du trompettiste, un gars de Manchester, qui n’a même pas pris la peine de descendre, et de s’installer à Londres. C’est pourtant là que tout est censé se passer, et bien non, la photo de pochette nous le montre en balade, la trompette à la bouche, pas très loin d’un pont où les gens se promènent…

Oui, il est beau cet album, et je ne saurais trop vous le recommander, car il ne peut que plaire, sauf si vous êtes rétif à la trompette, à la jeunesse ou à la musique, un méchant bonhomme quoi, ou bien encore une virago ! C’est un quintet à la manœuvre, Nat Birchall au saxo, Adam Fairhall au piano, Gavin Barras à la basse et Gaz Hughes à la batterie.

Mon exemplaire contient trois titres bonus placés à la fin de l’alboum, on dépasse l’heure de musique, sans s’en rendre compte et sans s’ennuyer, même si, répétons-le, il y a un air de déjà entendu dans cette musique, mais quelle bonne musique !

Music for a Dancing Mind (Special Edition)


The Move (Special Edition)


The End of Dukkha (Special Edition)


Song for Charlie (Special Edition)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 9 janv. 2023 14:11

Un autre album honoré par notre regroupement de journalistes...
Douglas a écrit :
mer. 27 avr. 2022 05:18
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Various – Black Lives From Generation To Generation (2022)

Stefany Calembert est productrice et, dans le même temps, à l’origine du label « Jammin’ColorS ». S’inscrivant dans l’actualité chaude de ces dernières années, et pour promouvoir l’égalité des droits et la lutte contre le racisme, elle est à l’initiative de ce projet, qui se concrétisera sous la forme d’un double Cd ou d’un double LP, au choix.

Il est important de noter que la réunion des pièces ici n’est en aucun cas une compilation, mais bien une œuvre originale, ou chacune des formations participantes amène avec elle un ou plusieurs morceaux originaux, en écho à la thématique générale « Black Lives ». On comprend bien que l’unité des pièces musicales n’est en aucun cas artistique, mais uniquement corrélée à la lutte contre le racisme.

Ainsi la musique est un peu disparate, mais cela peut également avoir son charme, car il y a tout de même une couleur commune dans un spectre assez large réunissant le jazz, la musique caribéenne et africaine.

Ainsi on côtoie Check Tidiane Seck, Immanuel Wilkins, Sonny Troupé, Grégory Privat, Jean-Paul Bourelly, Koyaki ou Jérémy Pelt, pour n’en citer que quelques-uns. Chacun faisant sa petite soupe dans son coin, c’est Stefany Calembert qui organisera le tout et s’occupera de la parution sur son label. Pour être très clair, il ne s’agit pas non plus d’une opération caritative, car les droits et bénéfices seront versés aux artistes.

Treize titres ont pour origine les Etats-Unis, trois l’Afrique, à travers le Mali, le Togo/Bénin et l’Afrique du Sud, et trois la Guadeloupe et la Martinique avec Troupé, Privat et l’excellent saxophoniste Jacques Schwarz-Bart. Il y a tout de même une surprise avec Alicia Hall Moran qui inscrit sa performance, sur « Walk », dans un registre plutôt de chant classique.

Pour parler strictement musique, on ne peut pas être déçu par un tel album car on tombe fatalement sur d’excellentes pièces, c’est même majoritairement le cas, on fait même quelques découvertes d’artistes encore inconnus qui donnent envie d’en savoir davantage. Mais, malgré tout, on tombe également sur d’autres qui plaisent moins, c’est un peu la loi du genre.

Si vous aimez le jazz et ses musiques cousines, plutôt avec des sonorités modernes, et que vous deviez recevoir un cadeau, vous pouvez discrètement souffler le nom de cet album à l’oreille amie qui saura quoi faire…

Colored Man Singin' The Blues! - Adam Falcon


Black Lives - from Generation to Generation / Cheick Tidiane Seck "Sanga Bô" (Official Video)


Praying · Immanuel Wilkins


Togged To The Bricks (feat. Kokayi)


Pre-Existing Conditions · Reggie Washington · Oliver Lake · DJ Grazzhoppa · Reggie Washington
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 10 janv. 2023 04:08

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The Lounge Lizards – The Lounge Lizards (1981)

Dès la photo de pochette on se rend compte qu’on les dérange ces gars-là, et que, sans doute, nous ne sommes pas forcément les bienvenus… Allons, entrons dans la musique malgré tout, même si c’est par effraction… Il y a du Steve Lacy dans cette curieuse et bizarre musique, d’ailleurs les adeptes du saxophoniste ne seront sans doute pas décontenancés ou surpris, ou alors pas trop…

On peut même, dès ce premier album de la formation, voire l’axe commun qui relie The lounge Lizards et Steve Lacy, c’est ce goût prononcé et profond pour le prophète, Thélonious Monk. Deux compos du moine sont présentes ici et subissent un traitement de choix, « Do The wrong Thing » et «Epistrophy ».

L’album est exquis, un peu sournois par moment, expérimental également, de temps en temps, histoire de balancer quelques banderilles, pour piquer un faire monter la sauce, et que tout baigne dans son jus. L’ambiance ici est importante, insécure, avec la nuit tout autour, et les chats qui rôdent en sortant les griffes… Pff ! Pfff !

John Lurie l’élégant, est aussi le principal compositeur, l’attraction sur scène, le gars qui met le feu avec son saxo, soprano ou sopranino. Il est de jazz de cœur et c’est un atout. Son frère, Evan Lurie, joue des claviers et déconne pas mal avec, ça part souvent, comme sur « Wangling » par exemple, une pièce où il dialogue avec ce fou d’Arto Lindsay, venu du rock expé, celui qui surprend, éraille, déraille et décale, quelle folie ce groupe !

Steve Piccolo est le contrebassiste, il fait la paire avec Anton Fier, le batteur, les deux s’entendent en foire, comme des larrons, ils se font plaisir et à nous aussi. De même pour les amateurs de Mike Hammer qui pourront jouir d’une version sympathique d’« Harlem Nocturne », histoire de glisser un peu d’huile dans les rouages et de mettre un peu d’eau dans les nuages.

C’est évidemment un son assez unique, je ne décris pas trop car l’appel à Steve Lacy en dit déjà très long, ajoutons que la discographie d’une dizaine d’albums contient pas mal de live, car sur scène le groupe était véritablement étincelant et déchirait grave, je ne les ai pas vu mais j’ai visionné le « Live in Berlin » et c’était véritablement sauvage !

Harlem Nocturne


The Lounge Lizards - Ballad


The Lounge Lizards - Demented


Incident On South Street
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 10 janv. 2023 13:00

Encore un bel album cité parmi les "Quarante" !
Douglas a écrit :
dim. 22 mai 2022 02:45
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Claude Tchamitchian Quintet – Ways Out (2022)

Claude Tchamitchian est né en 1960 dans une famille de musiciens, devenu bassiste il s’intègre dans le milieu du jazz français et joue avec Gérard Marais, Jacques Di Donato, Antoine Hervé, François Corneloup, Raymond Bony, Marc Ducret, Jimmy Giuffre, Joe McPhee ou Jacques Thollot auquel il rend hommage ici sur « The useless Fights Of The Broken Poet », et bien d’autres musiciens évidemment mais ceux-ci sont parmi ceux qui me parlent le plus.

Le musicien est extrêmement talentueux, il est également compositeur des cinq pièces ici, dont trois sont des suites. Il est accompagné par Daniel Erdmann au sax ténor et soprano, Régis Huby au violon, Rémi Charmasson à la guitare et Christophe Marguet à la batterie. Chacun d’entre eux est chevronné et réputé. L’association basse, guitare et violon fait pencher la musique côté cordes, ce qui est souvent propice aux reflets impressionnistes, aux teintes pastels, mais ce n’est qu’une face ici.

Il y a également ce souffle jazz assez vigoureux qui peut figurer la tempête, le retour au rythme impétueux et les envolées d’Erdmann qui vont loin quand ça pousse à l’arrière. Mais on revient assez vite vers des phases plus contemplatives, parfois presque romantiques, bien qu’une certaine gravité se fasse également sentir en même temps qu’un certain lyrisme, car ici la musique bascule vite d’un bord à l’autre, avec évidence et nécessité.

Il y a également un beau tribute envers Charles Mingus, d’une dizaine de minutes, « Healthy Rage » qui campe au milieu du Cd, rien de surprenant à cet hommage envers cette figure tutélaire de la basse. La partie introductive est toute en douceur et légère tension, la seconde plus accrocheuse, avec des relances, à la façon du grand Charles, quoi. Inévitablement montées et ruptures s’enchaînent, la musique bouge et ne cesse de créer ce mouvement de flux et de reflux qui semble la marque de cet album.

Ce « coitus interruptus » figé en principe est facteur de nombreuses tensions, montées extatiques et haletantes, ruptures brusques créant l’envie, et nouvelles montées sur un rythme différent parcourant des chemins de traverse, que le soliste du moment, souvent l’immense Daniel Erdmann saura magnifier au mieux.

Vraiment un bel album, qui risque même l’électricité sur la seconde partie de « The Useless Fights Of The Broken Poet », faisant très brièvement renaître le Mahavisnu Orchestra, dans un court mélange guitare et violon, car rien ne s’interdit ici, avant un retour au calme moins épique.

The Useless Fights Of The Broken Poet part1
07. Piste 07.mp3

The Useless Fights Of The Broken Poet part2
08. Partie 2.mp3

Côté extrait je n'ai rien trouvé, mais voici le quintet jouant des pièces qui ne font pas partie de l'album:

[EXTRAIT - ACT'ART ALIVE ] Claude Tchamitchian Quintet - Ways Out au Théâtre Luxembourg, Meaux
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 11 janv. 2023 06:58

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Michael Leonhart Orchestra – The Normyn Suites (2022)

Encore un album qui fait partie de la sélection des « Quarante » de Jazz Mag/Jazz News. L’album est un peu spécial, il contient deux longues suites avec grand orchestre et quelques pièces sans rapport apparent, une en début, une au milieu et en fin d’album. C’est brillant, cossu, avec un gros travail d’écriture, des ambiances cinématographiques et des invités de haut vol pour le fun, Elvis Costello, Bill Frisell, Joshua Redman, Nels Cline, Chris Potter et un certain JSWISS que je ne connais pas.

« Normyn », qui donne son nom aux suites, est le nom de la chienne de Michael Leonhart, un Teckel défunt qui vécut en parfaite harmonie avec son maître, au point que celui-ci lui rend ce vibrant hommage, de ceux qu’autrefois on réservait aux Dieux, aux Rois ou à nos amours humaines. Différentes photos de l’animal ornent la pochette et l’intérieur du Cd, pour que nous puissions voir de nos yeux de qui il est question. Ils sont parfois forts les liens que nous tissons avec nos animaux familiers.

Beaucoup de bons et même d’excellents albums ne figurent pas dans la sélection de nos amis journalistes et spécialistes, pour y figurer il faut des caractéristiques fortes, cet album en dispose, c’est certain. Le thème ici est celui de l’absence, du deuil, de la disparition d’une présence familière. Il est intéressant de formuler ces quelques mots pour entrer mieux dans l’esprit de la musique, qui est tristesse, mais aussi joie, mouvement, nostalgie, affection et réminiscence du souvenir.

Ce n’est pas un album qu’on analyse facilement car il échappe également aux standards du jazz pour révéler une écriture cinématographique qui balaye bien des genres, balades, romantisme, et même un peu de funk, un ensemble de musiques d’ambiances qui se succèdent en nous emmenant avec elles.

Là est tout le charme de l’album, Bill Frisell en est un vecteur formidable, pourtant il n’est qu’un élément ici car ils sont bien une cinquantaine, répertoriés à l’intérieur de l’album, des chœurs, des cordes, des sections de toutes sortes, et même des orgues se font entendre.

Les pièces de la fin sont un peu différentes, l’une d’entre elles, très belle, se nomme « Kenny Dorham », et une autre « Wayne Shorter » écrite dans l’esprit de ces « musiciens-titres », elles sont jouées en quartet et bien qu’elles figurent en qualité de « bonus » sont bienvenues.

Un album qui ne ressemble à rien d’autre et qui mérite sa place, ne serait-ce que pour sa singularité.

Shut Him Down


The Normyn Suite #1: Acceptance


The Normyn Suite #1: Denial


Kenny Dorham
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 11 janv. 2023 16:30

Encore un "Top Album" qui finit largement dans les "Quarante" et sans doute mieux...
Douglas a écrit :
ven. 3 juin 2022 18:33
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John Scofield - John Scofield (2022)

Voilà un Cd auquel il m’a été difficile de résister, je suis un adepte de ces performances en solo auxquelles parfois les musiciens s’adonnent, un peu comme un exercice ou comme un entraînement. De jazz, il n’en est question qu’au travers du répertoire, les échanges, qui sont le sel de cette musique, ne sont évidemment pas là, et l’intérêt se trouve dans le cheminement de l’artiste, ses choix, ses partis-pris, sa personnalité.

Pour John Scofield le parcours solitaire sera celui de l’amitié, du souvenir, de l’hommage aussi, envers un traditionnel « Danny Boy » et « Junco Partner », ou une légende de la country « You Win Again » de Hank Williams, le regard dans le rétro essentiellement, pour jouer ses propres compos également, une façon aussi de faire le point et de marquer une étape après ce long chemin parcouru, soixante-dix printemps déjà...

Une simple guitare électrique et un « looper », histoire de ménager quelques effets de boucles et des impros, bien souvent, à partir des thèmes aimés et élus. L’album s’ouvre sur « Coral » de Keith Jarrett dont le thème n’est joué qu’à la fin, après une longue improvisation dès l’introduction. Chaque titre est accompagné d’une petite explication qui nous est proposée sur le joli livret intérieur.

Je ne détaille pas tous ces renseignements qui nous sont livrés là, mais ils donnent à chaque titre une touche personnelle, expliquent le choix et légitiment la sélection, c’est évidemment extrêmement intéressant, parfois en rapport avec sa vie privée, ses goûts personnels ou son attachement pour quelques standards comme « It Could Happen To You » ou « There Will Never Be Another You ».

Au bout du compte un album extrêmement élégant, sur le ton de la ballade bien souvent, un opus pour rêver et se laisser aller à la flânerie, ou même à la paresse, c’est souvent tendre, presque émouvant, seule la reprise de « Not Fade Away » fait semblant de nous réveiller en nous forçant à lâcher un sourire et à tapoter du bout du pied… C’est Phil Lesh du Grateful Dead qui l’a plusieurs fois branché sur ce morceau, confie John.

Je ne me suis pas appesanti mais c’est un album ECM, au son très pur, d’une façon générale l’exercice solo est en effet très exigeant pour la qualité de la restitution, qui ne souffre pas le moindre défaut. Il a été enregistré à New York, au « Top Story Studio » au mois d’août deux mille vingt et un. Un bel objet en même temps qu’un bel album, pour ceux que ne rebute pas l’effort solitaire.

Honest I Do


Trance De Jour
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 12 janv. 2023 03:55

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Madeleine & Salomon – Eastern Spring (2022)

Celui-ci est également entré dans la sélection des « Quarante », mais c’est avant tout un album de chansons, en anglais, excepté pour le titre d’origine tunisienne « De l’Orient à Orion » qui est en français, et, pour quelques vers, à la fin du traditionnel turc. Madeleine, c’est Clotilde Rullaud, qui est également flûtiste, Salomon c’est le pianiste Alexandre Saada. Leur répertoire se crée dans deux périmètres très circonscrits.

Le premier considère l’espace, c’est-à-dire les environs de la Méditerranée et plus particulièrement la partie orientale, jusqu’en Iran. L’autre critère c’est celui du temps, à savoir ici les années soixante et soixante-dix, ce qui n’est pas pour déplaire ma foi. Ainsi sont repris, réarrangés et réinterprétés des airs relatifs à la pop tunisienne, israélienne, turque, iranienne, libanaise et marocaine, je pense n’avoir oublié personne...

A ce stade il faut dire un petit mot pour les textes qui accompagnent ces chouettes musiques. La plupart sont codés et à double sens, ils sont politiques mais également amoureux ou sensuel, mais tout se cache derrière d’autres mots que chacun sait décoder… On comprend mieux l’aversion de certains religieux pour la musique apparentée à « Sheitan », le diable. Encore aujourd’hui on enseigne aux enfants l’existence d’un enfer fait de flammes et de douleurs éternelles, qui se situe dans un espace réel, que l’on rejoint après la mort, si sa vie sur terre n’obéit pas suffisamment aux dogmes religieux.

Je dois avouer que j’ai été conquis par cet album, même s’il n’est pas vraiment « jazz », il n’en est pas si loin, la voix de Madeleine peut surprendre en début de l’écoute, un très léger chevrotement se fait entendre, mais on s’y habitue très rapidement et cela ne fait qu’ajouter à la qualité de son timbre. Salomon est également un excellent pianiste, pour ce qui est de la composition ici, mais également de l’interprétation, pleine de sensibilité.

Merci à eux de nous faire connaître ces merveilleuses chansons, pour qu’elles vivent encore, par-delà l’espace et le temps…

Matar Naem


Ma Fatsh Leah


De l'orient à orion / Rhapsodie 1


Komakam Kon / Howl
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 12 janv. 2023 12:35

Biréli Lagrène et son magnifique "Solo Suite", avec en prime une version de "Nature Boy", Lui aussi dans les "Quarante" !
Douglas a écrit :
lun. 27 juin 2022 20:19
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Biréli Lagrène – Solo Suites (2022)

Pour situer, pour ceux qui ne connaissent pas, Biréli Lagrène a été souvent qualifié d’héritier de Django Reinhardt, il faut dire qu’à l’âge de treize ans il a joué aux côtés de Stéphane Grappelli, ça vous marque forcément, surdoué donc. Quelque part on pourrait dire qu’il a toujours gardé ce côté en avance, précoce, devenant une sorte de prodige.

Le jazz manouche ça lui a longtemps collé à la peau, son côté virtuose éblouit les foules et fascine les autres guitaristes, il a même créé le « Biréli Lagrène Ensemble » puis le « Gipsy Project », mais Biréli n’est pas de ceux qui exploitent les filons à fond, ce qui l’intéresse avant tout c’est la musique, l’émotion, un gars simple et honnête qui laisse un grand souvenir partout où il passe, alors le jazz manouche oui, il l’aime, le joue et le défend, mais il ne s’enferme pas dans un genre ou un style.

La musique c’est sa vie, son carburant il a atteint un tel niveau technique, harmonique, de telles facilités pour écrire ou improviser qu’il ne s’intéresse qu’à l’essentiel, déclarant même que « le silence est parfois plus important que la musique ». Cette maxime est son moteur ici, pour ce premier véritable enregistrement en solo.

La guitare est jazz, mais elle sonne parfois presque folk, toute nue, exceptée sur le dernier titre « Angel From Montgomery », une reprise, où sa fille Zoé chante à son côté. Bien entendu Biréli a réfléchi à son projet, l’a préparé et organisé, pensé, mais il ne l’a pas répété, il est entré en studio et s’est lancé dans les improvisations, dix-sept titres au total, éblouissantes, délicates. Un morceau supplémentaire se cache également, au fond du fond.

Il y a bien quelques reprises, comme « Nature Boy », « Caravan », My Foolish Heart » et « Put Your Dreams Away » mais les interprétations qu’il en fait sont toutes personnelles et permettent d’en créer une autre vision. Ce qui caractérise le mieux son style c’est la pureté des lignes, claires et directes, simples, comme il est. Une musique toute en sincérité qui vient du cœur, généreuse, comme une offrande. Il a beaucoup travaillé les harmonies et sa technique n’est qu’un outil parmi d’autres pour arriver à cet « essentiel » qu’il nous livre ici.

Vraiment un magnifique album, sorti en même temps que celui de John Scofield dont je vous ai parlé également. Il faut souligner également la performance au niveau de la prise de son qui nous plonge à quelques centimètres des cordes…

Nature Boy


Caravan


Blue Blues


Angel for Montgomery
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 12 janv. 2023 19:05

Voici un autre album qui a fait l'objet d'une sélection parmi les "Quarante":
Douglas a écrit :
mer. 19 oct. 2022 03:58
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Antoine Berjeaut – Chromesthesia (2022)

Voici « Chromesthesia » à peine sorti en version vinyle sur le label franco-japonais « Menace », nous ne sommes pas très loin de ce qui précède car « Moving Cities » l’album précédent d’Antoine Berjeaut avait été enregistré et produit avec Makaya McCraven. Mieux encore, Antoine est un membre éminent du Surnatural Orchestra auquel il participe depuis ses débuts, que de coïncidences qui ne tiennent peut-être pas au hasard, les événements se télescopent avec leur rythme propre…

Sur bandcamp cet album a été annoncé il y a quelques mois avec un tirage de cinquante exemplaires au format vinyle, bon, j’ai tout de même remarqué qu’il était proposé à la fnac, sommes-nous toujours dans le continuum de cette même édition ? Qu’importe en fait, mais je vous livre cette observation.

On connaît les qualités du bugliste – trompettiste, particulièrement pour sa science des solos où il performe avec maestria, mais également pour ses talents de compositeur et de bidouilleur, à la façon d’un McCraven, il coupe, colle et transforme les réalités pour en présenter une nouvelle, virtuelle, née de son imagination.

Au jeu des comparaisons avec l’album précédent, il me semble que celui-ci est d’un accès moins immédiat, il se livre moins facilement mais n’est pas moins beau ni moins réussi, bien au contraire, mais il demande sans doute une écoute plus attentive.

Concernant les accompagnateurs on reste dans le très haut niveau du jazz français, mais, faut-il le préciser, notre pays regorge de talents, et il ne manque pas d’excellents musiciens, encore faudrait-il aider davantage à la création d’une scène française dynamique, particulièrement hors de la période des festivals.

Enzo Camiel est au Fender rhodes, au piano et aux synthés, Gauthier Toux au Prophet Synth, Csaba palotaï et l’excellent Arnaud Dolmen à la batterie et aux percussions. Il y a également des invités, ainsi on entend une guitare, une basse clarinette et une flûte, on remarque également la présence de Julien Lourau qui a arrangé le thème d’ouverture.

Le titre « Chromesthesia » évoque des « résonances synesthésiques » entre les sons et les couleurs, une sorte de démarche de peintre, ou de quelque chose qui a à voir avec l’art pictural. J’avoue que mon imaginaire ne s’est pas transformé en délire colorés et que je suis complètement passé à côté du truc, s’il y a quelque chose à saisir. Peut-être est-ce plus sûrement la démarche du musicien créateur qui s’inspire de ces choses-là…

Mais l’album est bon et chaque piste possède son charme, de « PPDQ » à « Meeting Point » ou de « Horns & Battle » à « Life in Ocre » ou bien encore de « Red Lines » à « Solar Hit » on ne s’ennuie jamais, dix compos qui s’enchaînent impeccablement. L’album baigne dans l’électro-doux, les petites touches malines et une sorte d’éther qui charme et séduit…

Antoine Berjeaut - PPDQ


Meeting Point


Chromaticism


Red Lines
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