J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

[Douglas]

2022

Voici la liste des albums millésimés 2022 dont il a été question par ici, pour les retrouver il suffit d'utiliser la recherche du forum.

Ils ne sont pas classés, ni par date de sortie, ni par préférence.

The OGJB Quartet – Ode To O (2022)
John Zorn - Bagatelles - III (Vol.9 - 10 - 11 & 12) - (2022)
Nduduzo Makhathini - In The Spirit Of Ntu (2022)
Various – Black Lives From Generation To Generation (2022)
Calvin Keys – Blue Keys (2022)
Patrick Dorobisz – Experimental Guitar 1973 (2022)
Fred Pallem & Le Sacre Du Tympan – Fred Pallem & Le Sacre Du Tympan (2022) - Re
Healing Orchestra – Free Jazz For The People (2022)
Daunik Lazro, Jouk Minor, Thierry Madiot, David Chiesa, Louis-Michel Marion – Sonoris Causa (2022)
Claude Tchamitchian Quintet – Ways Out (2022)
Ghédalia Tazartès – Gospel Et Le Râteau (2022)
Sam Rivers Trio Featuring Doug Matthews, Anthony Cole – Caldera (Avril 2022)
A Pride Of Lions – No Questions - No Answers (2022)
Brave New World Trio with David Murray, Brad Jones, Hamid Drake – Seriana Promethea (2022)
Noël Akchoté – Loving Highsmith (mars 2022)
Derviche - Murs Absurdes (2022)
John Hébert - Sounds of Love (2022)
Marc Berthoumieux – Les Choses De La Vie – Live (2022)
Chet Baker Trio – Live In Paris: The Radio France Recordings 1983-1984 (2022)
Minino Garay – Speaking Tango (2022)
Biréli Lagrène – Solo Suites (2022)
Horace Tapscott Quintet – Legacies For Our Grandchildren - Live In Hollywood, 1995 (2022)
Vinny Golia, Bernard Santacruz, Cristiano Calcagnile – To Live And Breathe... (2022)
Pierre Bastien – Sonic Folkways (2022)
Byard Lancaster – Soul Unity (2022)
Carlos Niño & Friends – Extra Presence (2022)
Ki – Tearful Face Of My Cute Love (Is Begging To Me) (2022)
Le Un – Le Havre (2022)
Noël Akchoté – Loving Highsmith (mars 2022)
Divers-Sous les pommiers : les artistes en résidence du festival (2022)
Surnatural Orchestra – Pic (2022)
Claude Tchamitchian Quintet - Ways Out (2022)
Loïs Le Van - Vind 2.0 (2022)
Matthis Pascaud & Hugh Coltman – Night Trippin' (2022)
John Zorn’s Bagatelles – Asmodeus – Vol.9 (2022)
John Zorn’s Bagatelles – Julian Lage and Gyan Riley – Vol.10 (2022)
John Zorn’s Bagatelles – Jim Black Quartet – Vol.11 (2022)
John Zorn’s Bagatelles – Cleric – Vol.12 (2022)
Charles Lloyd – Trios: Sacred Thread (2022)
Calvin Keys – Blue Keys (2022)
Leon Brichard, Idris Rahman, Gene Calderazzo – Live at Mu 22nd of April (2022)
Francesco Diodati, Leila Martial, Stefano Tamborrino – Oliphantre (2022)
Trondheim Jazz Orchestra & Gurls – Oui (2022)
Michael Leonhart Orchestra – The Normyn Suites (2022)
Enrico Rava / Fred Hersch – The Song Is You (2022)
Madeleine & Salomon – Eastern Spring (2022)
John Zorn - The Hermetic Organ Vol. 10 - Bozar, Brussels (2022)
Kham Meslien - Fantomes… Futurs (2022)
Hermon Mehari – Asmara (2022)
Andrew Cyrille, William Parker et Enrico Rava - Blues for Cecil (2022)
William Parker - Universal Tonality (Live) (2022)
Dave Gisler Trio, Jaimie Branch et David Murray - See You Out There (2022)
John Zorn et Bill Laswell - The Cleansing (2022)
Alexander Hawkins Mirror Canon - Break A Vase (2022)
Anteloper - Pink Dolphins (2022)
Avishai Cohen - Naked Truth (2022)
James Brandon Quartet Lewis - MSM Molecular Systematic Music Live (2022)
Julian Lage - View With a Room (2022)
Alabaster dePlume Gold (2022)

Joel Ross - The Parable of the Poet (2022)
Mark Guiliana - the sound of listening (2022)
Sylvain Rifflet - Aux anges (2022)
Vincent Peirani - Jokers (2022)
Tom Bourgeois Murmures / Rumeurs (2022)
Charles Mingus - The Lost Album from Ronnie Scott's (Live) (2022)
Takuya Kuroda – Midnight Crisp (2022)
Marion Rampal – Tissé (2022)
Cécile McLorin Salvant - Ghost Song (2022)
Jeremiah Chiu et Honer Marta Sofia - Recordings from the Åland Islands (2022)
Live de Charles Lloyd, Bill Frisell et Thomas Morgan - Trios: Chapel (Live) (2022)
John Scofield - John Scofield (2022)
Moor Mother - Jazz Codes (2022)
John Zorn - Spinoza (2022)
John Zorn - Incerto (2022)
Leyla McCalla - Breaking the Thermometer (2022)
Robert Glasper - Black Radio III (2022)
Zoh Amba - O, Sun (2022)
Bennie Maupin et Adam Rudolph - Symphonic Tone Poem for Brother Yusef (2022)
Arnaud Dolmen - Adjusting (2022)
Avishai Cohen - Shifting Sands (2022)
Magma - Kãrtëhl (2022)
Qasim Naqvi, Wadada Leo Smith et Andrew Cyrille - Two Centuries (2022)
Fred Pallem - "X" (2022)
Ezra Collective - Where I'm Meant to Be (2022)
Ches Smith - Interpret It Well (2022)
Horace Tapscott Quintet - The Quintet (2022)
Binker and Moses - Feeding the Machine (2022)
Binker Golding - Dream Like a Dogwood Wild Boy (2022)
Henri Texier - Heteroklite Lockdown (2022)
Miles Davis - That’s What Happened 1982–1985: The Bootleg Series, Vol. 7 (2022)
The Comet Is Coming - Hyper‐Dimensional Expansion Beam (2022)
Makaya McCraven - In These Times (2022)
Antoine Berjeaut - Chromesthesia (2022)
Tom Skinner - Voices of Bishara (2022)
Joshua Redman - LongGone (2022)
Mark Turner, Jason Palmer, Joe Martin et Jonathan Pinson - Return From the Stars (2022)
John McLaughlin: The Montreux Years (2022)
David Binney - Tomorrow's journey (2022)
Various Artists - Blue Note Re:imagined II (2022)
Camille Bertault et David Helbock - Playground (2022)
Stéphane Kerecki - Out Of The Silence (2022)
Theo Croker - LOVE QUANTUM (2022)
Magic Malik - Ka-Frobeat (2022)
Youn Sun Nah - Waking World (2022)
Various Artists - Jazz à Vienne : Past & Future (2022)
Yaron Herman - Alma (2022)
Charles Lloyd, Gerald Clayton et Anthony Wilson - Trios: Ocean (Live) (2022)
Daniel Villarreal - Panamá 77 (2022)
Immanuel Wilkins - The 7th Hand (2022)
KOKOROKO - Could We Be More (2022)
Anne Paceo - S.H.A.M.A.N.E.S (2022)
Charles Stepney - Step on Step (2022)
Laurent Bardainne & Tigre d’Eau Douce - Hymne au soleil (2022)
Laurent Coulondre - Meva Festa (2022)
Sélène Saint‐Aimé - Potomitan (2022)

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Pas de jazz mais...
The Smile - A Light for Attracting Attention (2022)
Goat – Oh Death (2022)
Wau Wau Collectif – Mariage (2022)

[Douglas]

John Zorn - The Hermetic Organ Vol. 10 - Bozar, Brussels (2022)

Voici une des séries les moins suivies de la part des amateurs de la musique de John Zorn, ou alors par ceux qui sont intrigués par cette bizarrerie, pourquoi donc s’est-il entiché de ces orgues au point d’en faire un de ses axes créatifs prioritaires ? Ceux qui suivent ont bien compris que la réponse à cette question plonge dans l’enfance par le biais de la liturgie, l’orgue étant le premier véritable « coup de foudre » ressenti par le jeune Zorn, pour un instrument de musique …

C’est le dixième volume de la rubrique « The Hermetic Organ », placé dans les « Archival Series » de Tzadik, pour les maniaques du rangement. Je vous ai déjà parlé du volume cinq à la « Philarmonie de Paris » et du volume huit « Pour Antonin Artaud ». Celui-ci possède quelques particularités. D’abord, pour la première fois, est inclus un Cd et un Dvd dans une série limitée.

Je dois dire que le Dvd me fait de l’œil, l’enregistrement s’est déroulé dans la salle Henri LeBoeuf, Bozar à Bruxelles. On sait que chaque orgue est unique, comme une œuvre d’art, c’est évidemment extrêmement rare de pouvoir jouer sur un tel instrument, et dans une telle salle, car l’acoustique fait évidemment partie intégrante du son de l’instrument, car l’orgue n’est, j’imagine, pas déplaçable…

Il n’est que de voir John Zorn, dès son entrée, habillé comme à la ville, avec son pantalon de camouflage et son T shirt noir, réclamer des applaudissements, non pas pour lui, mais pour l’instrument, pour ce qu’il représente et pour tous ceux qui l’ont fabriqué avec amour. Car l’orgue est récent et moderne. John Zorn enlève ses chaussures, puis ses chaussettes avant de se lancer dans une longue improvisation consacrée à « une lecture musicale dramatique de la légende épique de Faust » en huit mouvements pour une durée d’environ quarante-quatre minutes.

On sait que l’approche qu’il a de l’instrument est assez singulière, le contraire nous aurait étonné, mais grâce au Dvd on voit l’émotion qui l’étreint et l’immense respect qu’il voue à l’instrument, on voit également sa concentration et aussi, curieusement, la maîtrise dont il fait part lors de cette improvisation. Ce qui ne veut pas dire sans préparation, car Zorn est venu se familiariser avec l’orgue lors de répétitions. Après le solo d’orgue, John Zorn est rejoint par la cantatrice Barbara Hannigan, pour une nouvelle impro en duo « The Angel Of Rédemption ». Le plus fou c’est qu’à la fin de la représentation on voit quelques places libres au premier rang !

Il faudra s’y faire, tout ce que touche John Zorn est marqué d’une « aura » particulière, l’orgue est puissant, massif, et on sent bien que pour en apprécier tous les effets il faut être assis dans la pièce, ou l’église, ou la cathédrale, là où ça se passe, mais, même enregistrée sur Cd, la magie fonctionne avec une redoutable force, pour peu que l’on pousse le volume un peu plus qu’à l’accoutumée.

[Douglas]

Enrico Rava / Fred Hersch – The Song Is You (2022)

Enrico est chez lui, en Italie où les sessions d’enregistrements se sont déroulée, à Lugano très exactement. Il est aussi sur son label, ECM, où il enregistre de temps en temps. C’est une légende, mais un peu, pas par la technique où l’esbroufe, ce n’est pas là son champ d’action. Ce qu’il possède c’est le son chaud, celui de son Italie, une aptitude à ramener les sentiments et à les transformer en « sons », il aime les notes qui trainent et c’est un malin.

Fred Hersch est plus froid, parfois même très. Sa technique est d’enfer, c’est ce qui brille le plus en lui, avec également un certain sens de la mélodie et un gros bagage, qu’il porte sur ses épaules. C’est son premier sur ECM, du coup, pour sûr, il reviendra. Il est en visite en Italie et est content de jouer avec Enrico Rava, un « vieux » qui en a vu tant et joué avec tant de grands musiciens qu’il ressemble, un peu, à une légende.

Les deux s’écoutent, vraiment, et dialoguent, comme des bavards, comme s’ils avaient beaucoup à se dire, à se raconter, des commérages ? Oui, car parfois ils s’interpellent, caquettent, jaquetent et peut-être même rient de connivence. Ils semblent bien se plaire, tous les deux, le pianiste et le bugliste, autour de la musique…

Il y a des standards « I’m Getting Sentimental Over You » et « The Song is You », des reprises, deux de Monk en fin de piste, « Misterioso » et « ‘Round Midnight » et une d’Antonio Carlos Jobim et Chico Buarque pour ouvrir l’album « Retrato em Branco e Preto ». Une improvisation qui porte ce nom. Un thème de Fred Hersch « Child’s Song » et une de Rava, « The Trial » qui provient de l’album « Noir ». Fred y tapisse un petit nid douillet où Enrico se pose.

La marque de l’album c’est l’absolue bienveillance qui règne ici, chacun joue pour l’autre, les deux ont un touché remarquable et les émotions passent aisément, on remarque également ce fameux « ‘Round Midnight » où Fred est seul et nous livre une interprétation toute en finesse et délicatesse.

Un bel album d’échanges et d’improvisations, qui se termine en cette fin d’année, dans la liste des « Quarante », qui nous occupe pas mal ces temps-ci…

Retrato em Branco e Preto


Improvisation

[Douglas]

Kham Meslien - Fantomes… Futurs (2022)

Kham Meslien a été, de mille neuf cent quatre-vingt-dix-sept jusqu’en deux mille seize, le bassiste électrique de la formation angevine Lo’Jo, il est parti de par le monde et a joué et rencontré de nombreux musiciens, dont certains de renom, comme Anthony Joseph qui vient dire son poème sur « La Couleur (Elbows Of The Land) ».

C’est ensuite un hasard, ou bien des circonstances, qui ont forgé son destin et celui de cet album. L’histoire se raconte ainsi, un programmateur de festival recherche un artiste en solo, il est contacté, Kham décide alors de lâcher la basse électrique et se consacre à la « mère » de celle-ci, la contrebasse, acoustique et vaillante, il saura la faire chanter !

Voilà, il enregistre cet album après différentes apparitions en solo, « Fantômes… Futurs » est bien accueilli, et même loué, puisqu’il termine vingt vingt-deux parmi les « Quarante » de l’année, dans le classement des magazines spécialisés.

Il joue seul, mais pas uniquement de la contrebasse, déjà, il s’en sert parfois comme d’un instrument de percussion, qu’il frappe avec des accessoires différents. Il utilise également l’archet, mais aussi d’autres instruments non signalés sur l’album, mais ils sont bien présents, on les entend. Il utilise probablement le re-recording pour devenir un « homme-orchestre ».

Pas de monotonie donc, mais au contraire beaucoup de variété dans les sons et de grâce dans l’usage de la basse, pizzicato ou avec l’archet, elle est le centre de notre attention, jouant de magnifiques mélodies autour de rythmes habiles et enjôleurs. Il sait en extraire une musique qui parle directement au cœur, avec un langage simple et universel. Devrait plaire aux amateurs d'Henri Texier.

Le seul défaut que l’on pourrait souligner ici c’est la brièveté de l’album, il est vrai que beaucoup est dit, même en trente-cinq petites minutes, mais on attend déjà le suivant. A noter également la magnifique pochette…

Kham Meslien - Ta confiance (Official Audio)


Kham Meslien - Gnawen (Official Audio)


Kham Meslien - The Alarm (Official Audio)


Kham Meslien - F comme (Official Audio)

[Douglas]

Encore un album dans la liste des trente-neuf ...



Matthis Pascaud & Hugh Coltman – Night Trippin' (2022)

Matthis Pascaud est guitariste, il a rencontré Hugh Coltman, chanteur anglais plutôt renommé, alors qu’il faisait un remplacement dans son groupe et, entre ces deux-là, ça a collé direct. Ils se sont découverts une passion commune pour l’œuvre (au noir) du fameux Dr John, ce dernier est, comme on le sait, adepte du vaudou, fait appel aux loups-garous, avance dans le bayou à travers le marais, sur une pirogue qu’il guide entre les crocodiles, il ne risque rien : c’est un shaman !

Matthis et Hugh se concentrent sur la période des années soixante et du début des années soixante-dix, choisissant le matériau de leur album, en bricolant pas mal, le but ici c’est de recréer l’ambiance étrange et mystérieuse du bon docteur, et c’est globalement réussi, sans doute un peu inégal parfois, mais quand même quelques reprises d’enfer qui compensent.

Ça commence avec « Cha Dooky Doo », un titre de soixante-treize enregistré par le Dr avec Mike Bloomfield sur l’album « Triumvirate », c’est sans doute le meilleur titre ici, en tout cas le plus immédiatement accrocheur. On continue avec « Jump Sturdy », extrait de l’album mythique « Gris-Gris » de soixante-huit, grosse influence, qui a inspiré notre duo avec d’autres reprises, « Mama Roux », « Dance Flambeaux » et « I Walk on Guilded Splinters ».

Le second album « Babylon » de soixante-neuf, nous offre « Barefoot Lady » et « Glowin’ ». L’excellent « Remedies » de soixante-dix nous propose le célèbre « Loop Garoo ». « The Sun, Moon & Herbs » de l’année suivante est honoré par la reprise de « Black John The Conqueror » et le titre « Same Old Same Old » provient d’« In The Right Place » de soixante-treize.

Je pense qu’on a fait le tour des meilleurs albums du Dr John, bien qu’il en ait d’autres très honorables, « Desitively Bonnaroo » par exemple, le premier que j’ai écouté de la part du Sieur. L’ambiance est vraiment parfaitement bien restituée, la voix rocailleuse et hantée de Hugh Coltman fait merveille ici et le jeu de Matthis est parfaitement calibré pour cet exercice.

Un album qui plaira aux amateurs du bon docteur et sans doute plus largement au public rock qui devrait s’y retrouver plutôt bien.

Matthis Pascaud, Hugh Coltman - Cha Dooky Doo (Official Video)


Jump Sturdy


Loop Garoo


Matthis Pascaud, Hugh Coltman - Same Old Same Old (Official Video)


Danse Fambeaux

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Henri Texier Quartet – La Compañera (1983)

Bien que j’aie suivi Henri Texier lors de ses débuts discographiques dés soixante-seize, je me suis rendu compte qu’il y avait pas mal d’albums que je n’avais pas écoutés, bien que tout ceux qui étaient passés entre mes oreilles m’avaient fait forte impression, du coup je fais tranquilou mon retard…

Celui-ci est terrible lors du titre d’ouverture qui arrache bien, « Não Incomodar » se place très haut et le quartet, se donnent à fond, particulièrement Louis Sclavis qui s’éclate en faisant revivre sous ses doigts des fantômes trop tôt disparus.

Il joue de la clarinette et du saxophone, Philippe De Schepper est à la guitare, Jacques Mahieux à la batterie et Henri Texier à la contrebasse et aux compositions, excepté pour le titre « Zum Beispiel » qui est signé par le guitariste. Il y a un invité, Michel Marre à la trompette et au bugle, mais sur deux titres seulement.

« Nebia », le second titre ne possède pas l’impact et la force de son prédécesseur, malgré la présence de Michel Marre qui nous offre un chouette solo à la trompette bouchée, mais il tire les marrons du feu, grâce, surtout, à la guitare de Philippe de Schepper qui s’ébroue avec qualité, vélocité et ses riffs qui donnent du "peps" à cette pièce, qui parfois, semble en manquer.

« Résistance » fait la part belle au leader qui délivre un solo un peu compliqué, assez loin de la simplicité à laquelle il nous a habitué, il se prend pour Joëlle Léandre, mais ce n’est pas sur ce registre qu’il est attendu… du coup il rate un peu sa cible me semble-t-il…

« Hyeoka » marque un retour plus dans ses cordes, avec Sclavis à la clarinette, la pièce est mélodique mais le solo de batterie qui suit est un peu « plan », interrompant la dynamique du morceau qui a du mal à reprendre son second souffle du coup…

Il faut attendre la sixième piste pour que l’esprit revienne et ravive la flamme avec l’excellent « Terra Negra » où Michel Marre marque son retour, une belle pièce qui nous montre à nouveau de quoi ces musiciens sont capables ! L’album s’achève avec le bref « La Compañera », un poil court, ce n’est pas l’album d’Henri Texier que je conseille à ceux qui ne le connaissent pas, il possède tant d’albums merveilleux à son actif, que celui-ci semble un peu pâle en comparaison, si ce n’est quelques titres qui surnagent…

Mais au final, je me dis que peut-être était-ce mon attente qui était trop importante, ou bien suis-je mal luné? Dire comme ça "il se prend pour Joëlle Léandre" n'est-ce pas présomptueux de ma part? Surtout à un gars qui a passé sa vie à jouer de la basse avec force et personnalité... Du coup écoutez plutôt!

Henri Texier Quartet - Não Incomodar


Henri Texier Quartet - Terra Negra


Henri Texier Quartet - La Compañera


Henri Texier Quartet - Nebbia

[Douglas]

Un de plus dans la liste des 40!

Makaya McCraven – In These Times (2022)

Makaya est de retour avec un album qui a une particularité assez étrange : Il sort sur trois labels en même temps, les sigles se côtoient sur le macaron de l’album, « International Anthem » bien sûr, mais aussi « XL Recordings » et « Nonesuch Records », mais ce dernier était déjà là. C’est également un album de rassemblement et d’amitié, mais là on est habitué :

Junius Paul à la basse et aux percus, Jeff Parker à la guitare, Brandee Younger à la harpe, Lia Kohl au violoncelle, De'Sean Jones à la flûte et au sax, Matt Gold à la guitare, aux percus et au sitar, Marquis Hill à la trompette et au bugle, Joel Ross au vibraphone et au marimba, Greg ward et Irvin Pierce aux saxs, Greg Spero et Rob Clearfield aux claviers. Sans oublier ce qui restera un marqueur de l’album, une section de cordes est en effet présente et intervient à intervalles réguliers.

En fait l’album a été enregistré sur sept ans, ça nous plonge loin, c’est le fruit d’une sélection qui s’est opérée à partir d’enregistrements provenant de cinq studios et de quatre concerts enregistrés. A partir de ce matériau de base Makaya a opéré à la façon d’un Teo Macéro en faisant du collage, de l’overdubs et du sampling. Makaya a même utilisé une section de cordes enregistrée live. Cette montagne de documents sonores a exigé un énorme temps pour être écouté, sélectionné, découpé, monté, collé, traité, un « puzzle géant » selon son expression, jusqu’à arriver à ce résultat final, tout de même pas mal du tout.

C’est encore un album au-delà des genres, où il se sent étroit. Bien sûr le jazz est là, impossible de le nier, mais il y a de l’ambiant, de l’électro et même un zeste d’influence « classique ». Ce mélange donne une couleur assez inédite à cet album très personnel, différent de ce que Makaya a entrepris précédemment. Dès le magnifique « In These Times » qui ouvre l’album, on le comprend. Cette musique convient à une infinité de situations et l’auditeur peut se faire accompagner un peu partout par cette bande sonore très cool et agréable.

On pense par exemple à « Lullaby » qui clôt la face une en mettant en avant la harpe de Brandee Younger à partir d’un air folklorique Hongrois, c’est évidemment très surprenant, mais la propre mère de Makaya est une musicienne originaire de ce pays, ceci explique cela, et nous voilà transportés dans un univers folk raffiné et étonnant, totalement inattendu de la part de ce chasseur de Hip-Hop auquel nous sommes habitués.

C’est bien Makaya lui-même qui fait l’unité de cet album au fil des onze pièces qui défilent, son jeu de batterie est exceptionnel, un véritable régal à l’écoute, brillant, étonnant et riche d’une très grande variété de styles et de touchers. Je peux me tromper, mais je vois cet album comme marginal, un peu de côté, une direction qui n’aura peut-être pas d’albums successeurs, mais cela dépend peut-être de l’accueil qui sera fait à l’album…

A noter que la version japonaise en Cd contient deux titres supplémentaires, pour ma part j’ai le vinyle, la qualité sur ce support n’ayant jamais été défaillante chez International Anthem, je continue sur ma lancée, mais les prix montent sévère et les temps sont durs…

Makaya McCraven – In These Times


Makaya McCraven - Seventh String


Makaya McCraven - Dream Another


Makaya McCraven - So Ubuji


Makaya McCraven - Lullaby

[Douglas]

Hermon Mehari – Asmara (2022)

Voici un album de la fin de l’année qui a tout juste eu le temps de se classer dans le palmarès Jazz Mag/Jazz news au titre de « Musicien étranger de l’année », bien qu’étranger de papier, il soit cependant installé en France depuis sept ans.

Né aux Etats-Unis, le trompettiste a grandi et s’est formé à Kansas City, c’est son père qui a fui son pays natal, l'Erythrée, au milieu d'une guerre contre l'Éthiopie, en mille neuf cent soixante-dix-neuf. Ce dernier passera par l’Italie dans un camp de réfugiés, puis migrera vers les Etats-Unis. Cependant le chemin de migration d’Hermon se terminera en France où il vient d’enregistrer son troisième album, Asmara, qui se veut une rencontre entre le jazz et la musique érythréenne, comme une sorte de retour aux sources.

Il me semble que les racines africaines de cette musique ressortent avec plus d’acuité lorsque « Faytinga », chanteuse érythréenne, intervient par deux fois, sur « Tenafaqit » et « Milobe-Lawa Furda ». En effet, à son écoute on y croit vraiment, même si, à d’autres moments de l’album, particulièrement les tambours et le vibraphone participent également à cette immersion.

Hermon est accompagné par son ami musicien Peter Schlamb, venu des States pour le soutenir, il joue du piano et de ce vibraphone si exotique. La rythmique est française et de qualité, avec Luca Fattorini à la basse et Gautier garrigue à la batterie. L’album se trouve sur tous les supports, mon vinyle passe bien, mais à nouveau l’album est court, trente-cinq minutes tout au plus.

Cet album ne fait pas partie de ceux qui vous déménagent en Afrique, ou dans des pays aux origines culturelles lointaines, il s’y essaie, mais il ne faut pas s’attendre à un dépaysement total ou même conséquent, mis à part les moments que j’ai déjà cités. Pour autant l’album est réussi, mais de jazz, et les racines sont inévitablement mélangées entre pays d’adoption et pays imaginé.

Voilà encore un nouveau jalon de cette belle année musicale, à défaut de mieux.

Who Dared It


Tenafaqit


Soul Chant


Call Me Habesha

[Douglas]

David Encho – Family Tree (2022)

David Encho est trompettiste, c’est mon premier album de ce musicien, il est sorti au début de l’année précédente et a bien été accueilli par la presse spécialisée. Il se tient entre musique de jazz et musique plus classique, tout du moins avec quartet à cordes et voix chantées, de temps à autres. Il finit l’année dans le « top 40 », quelque part au chaud, mieux que Loïs Le Van qui n’y figure pas et qui aurait sans doute également mérité, aux côtés de Tom Bourgeois.

Mais cet album est beau, grâcieux, il me fait même très bon effet, alors que je craignais la déception, au vu du mélange annoncé, c’est que je suis un peu frustre et parfois l’esprit est obtus, mais ce que j’ai entendu me convient bien. Bien sûr tout est mesuré, calibré, très efficace, un peu folk, avec les cordes et la trompette qui ne débordent pas, jamais.

Du coup ça plaît également à mon épouse, à ma fille et à mon chat, une telle unanimité est assez rare. Il est vrai que le punk de la famille n’a pas écouté. La pochette finalement va bien avec la musique, si vous l’aimez, le gars qui marche seul sur cette plage, le regard dirigé vers le sol pour voir où il pose le pied, le ciel entre bleu et gris et cette ligne vague de bleu qui partage…

Et ce titre ? Quel est donc cet arbre, certainement généalogique, dont on parle ici ? Et bien commençons par le père, Jean-Claude Casadesus, chef d’orchestre de son état, sa mère, Caroline Casadesus, est cantatrice, on l’entend ici sur le titre « Hotel », une mélodie de Francis Poulenc sur un poème de Guillaume Apollinaire. David Enhco est également le beau-fils du violoniste Didier Lockwood. Une famille de musiciens, quoi, ça aide, évidemment…

D’autant que le propre frère de David, Thomas Encho joue du piano et que les amis ne sont pas loin, Florent Nisse à la contrebasse et Gautier Garrigue à la batterie. Si on ajoute le « Quartet Voce » et toutes ses cordes, la vocaliste Célia Kaméni qui chante sur « Soleils Couchants » un poème de Verlaine, et sur « Shadow Love » également.

Il faut également souligner l’apport d’une légende, Michel Portal qui joue de la clarinette basse sur « Hi-Law », tant de personnalités autour de cet album ne font qu’en renforcer l’image. Au titre des reprises il faut également citer celle de « Django » de John Lewis du « Modern Jazz Quartet »…

Train de nuit


Django


Waltz #1


The Lighthouse - David Enhco / Family Tree

[Douglas]

Toshinori Kondo, Paul Lovens, Paul Lytton – Death Is Our Eternal Friend (1983) – FJMt°

Voici une sélection Free Jazz Manifesto, histoire de se décrasser un peu les oreilles, un pur album de free joué par un trio de choc, avec Toshinori Kondo qui est à la trompette, aux sourdines, ainsi qu’au haut- parleur. Deux percussionnistes complètent le trio, Paul Lovens à la batterie et aux cymbales et Paul Lytton aux percussions et à l’électro.

Deux pièces sont jouées, « Osaka 1982 .9.27» et « «Morioka 1982 .9.22 », juste des lieux et des dates qui correspondent au concert. Les enregistrements sont bien entendu live et improvisés en totalité. Ce qui est intéressant avec ce genre d’enregistrement c’est la totale liberté, la surprise et l’inattendu qui sont au-rendez-vous.

On comprend que Toshinori Kondo va être moteur puisqu’il est à priori le soliste, ce qui apparaît une évidence dans un schéma habituel est bien entendu remis en cause d’emblée dans la musique libre, ainsi ce sont trois solistes qui s’expriment et dialoguent. Dialogue ? Pas forcément cependant, ce peut tout aussi bien être dispute ou querelle…

Je vous rassure nous n’en arriverons pas aux mains, c’est même le contraire, une alchimie subtile va se mettre à l’œuvre pour happer l’auditeur attentif et l’emmener au hasard des vagabondages sonores dans des lieux étranges, de jazz parfois, mais aussi, lors d’épisodes tumultueux, au milieu du chaos, ou encore dans un village africain ou bien au milieu d’une foule ou encore descendant en bateau une rivière…

Les percussions sont souvent à fort pouvoir émotionnel, exotiques et vagabondes, elles transportent et nous emmènent en voyage, dans les rues, les médinas ou vivent les hommes et les animaux… La trompette est une voix, elle fait langue et nous parle, utilise mille techniques pour se faire comprendre, ainsi cet environnement sonore nous envoie au contact de l’humain, de la vie qui bat, qui grouille, c’est une musique d’altérité…

Du coup cet album possède la force d’une expérience, il nous emmène et nous captive, nous procurant un sentiment de confiance et d’abandon envers ce monde qui nous est offert en retour, vraiment une belle recommandation de la part de FJMt° qui nous choie.

Tosinori Kondo, Paul Lovens, Paul Lytton 「Death Is Our Eternal Friend」 Osaka Simanouci church 1982 9


Toshinori Kondo, Paul Lovens, Paul Lytton - Morioka 1982. 9. 22

[Douglas]

Hadouk Trio – Now (2002)

Parlons à nouveau du Hadouk Trio avec cet album qui se situe chronologiquement juste après « Shamanimal ». Sur la pochette le mot « trio » n’est pas explicite, mais figure un « 3 » qui semble le remplacer, l’album se nomme « Now » et regroupe nos trois musiciens, Didier Malherbe et son fameux doudouk, instrument à anche double d’Arménie, sa flûte en bambou et son saxophone soprano ou sopranino.

Loy Ahrlich joue du hajouj, luth basse à trois cordes appartenant à la confrérie des Gnawa du Maroc, de la kora, une sorte de harpe d’Afrique de l’ouest dont on joue en se mettant de face, de la sanza, une guitare africaine ainsi que de différents claviers.

Steve Shehan joue des percussions : du hadgini, une sorte de cruche double, mélange de gatham indien et de udu nigérien, de l’ocean drum, un tambour à billes, du ringcick, des cymbalettes balinaises renversées ainsi que du percussion drumset, grosse caisse faite avec un djembé, charleston avec un afuché, derbouka accordée, trois congas accordées, un tom-basse, six cymbales et un djembé maître.

Sans doute me trouvez-vous savant tout à coup, c’est que cette fois-ci le livret nous dit tout, j’y ai trouvé la plupart de ces descriptions d’instruments. Ils font le son d’Hadouk, car ces trois-là ont une parfaite maîtrise instrumentale, faisant de ce trio un groupe unique, aussi bien connu en Europe qu’aux Etats-Unis, avec desadmirateurs de toutes nationalités, on peut donc parler de « World music » autrement qu’en termes commerciaux ici.

On connaît le goût du groupe pour son aptitude à créer des mélodies et des climats se rapprochant des musiques traditionnelles, des danses, des soirées festives et même parfois des musiques rituelles ou spirituelles, cet album ne manque pas lui non plus de très belles pièces, comme « Alma Celesta » qui ouvre l’album de façon magnifique.

Le jazz ici est abordé avant tout dans son esprit, dans les improvisations par exemples, les solos qui s’échappent avec profusion, mais les mélodies peuvent prendre leurs racines dans divers coins du globe, les rythmes également avec toutes ces sonorités exotiques et diverses, ainsi la légèreté gazeuse des instruments à vents s’appuie sur le son plus terreux des cordes et des rythmes multiples et colorés des percussions, pour que la fête soit belle…

On retient également « Polar Blues » ou « Bille en tête » ou encore « Grand Large » et « Théâtre des Singes » ou même « Barca Solaris »… Les titres ne manquent pas qui attirent l’attention, mais il faut encore citer « Echappée Belle » avec l’intervention du réunionnais Danyel Waro au chant qui, d’un coup, nous envoie les feux brûlants de son île !

Hadouk Trio-Alma Celesta


Hadouk trio – Théâtre Des Singes


Polar blues


Hadouk trio – Échappée Belle

[Douglas]

Music Revelation Ensemble – Cross Fire (1997)

« Cross Fire » est un album du « Music Revelation Ensemble » et, pour tout dire, le dernier de la formation. Celle-ci est composée par le guitariste James Blood Ulmer qui en est l’âme, mais, au fil du temps qui fuit, les éléments du groupe se sont disséminés, et il est ici le seul survivant de la formation d’origine. Un trio a été formé et complété avec Calvin « Hassen Truth » Jones à la basse électrique et Cornell W. Rochester à la batterie.

Exit donc David Murray, Jamaaladeen Tacuma, Ronald Shannon Jackson et Amin Ali. Pour autant la formation ne manque pas d’allure car James Blood Ulmer s’est entouré de deux véritables légendes qui jouent alternativement sur les pièces de cet album. Ainsi le saxophoniste alto John Zorn joue sur les pièces 1,3,5 et 8, et le grand Pharoah Sanders joue du ténor sur les pièces 2, 4, 6 et 7.

Oui, je sais, dit comme ça, ça fait son petit effet. Du coup c’est du sérieux, dès la pièce d’ouverture « Law », avec John Zorn, on tombe ou on s’élève, c’est selon, vers la musique d’Ornette Coleman dont James Blood Ulmer a été autrefois le guitariste, on entend à nouveau les règles de l’harmolodie et John Zorn, avec un son « droit » et clair, se glisse dans la peau d’Ornette et redonne vie au son ancien, si marquant.

Avec Pharoah c’est une autre paire de manche, celui-ci est encore jeune et puissant, il arrache encore les cris qui bouleversent et retournent la table, comme sur « Proof » par exemple, qui déménage gravement. Pharoah se sent bien et tient la forme, souvent il commence les pièces d’une façon douce puis s’énerve un peu avant de redescendre. La pièce la plus étonnante est « My Prayer » qui contient des accents quasi country-rock !

C’est le facétieux James Blood Ulmer qui est à l’origine de ces divagations, il est compositeur ici, mais surtout soliste hors pair, et ses solis sont fabuleux, il est sans cesse poussé dans ses retranchements par l’excellent Cornell W. Rochester qui pulse avec pugnacité, sans jamais rien lâcher.

La dernière pièce avec John Zorn est reposée, « Backbeat » glisse vers la sérénité, une sorte de calme après le tonitruant « Evidence » où Pharoah a lâché le cri, on redescend vers des sensations moins tendues et plus douces, une sorte de sentiment de paix, avant de partir…

A noter que l’album est sorti sur « Diw » un label japonais.

James Blood Ulmer "Law" feat. John Zorn


Music Revelation Ensemble - Proof


Music Revelation Ensemble - Sweet


Music Revelation Ensemble - Suspect

[Douglas]

Takuya Kuroda – Midnight Crisp (2022)

Voici un E.P. de trente-deux minutes trente, réparties en six pièces de durée relativement équivalentes. Takuya Kuroda qui en est l’auteur est un jeune trompettiste et arrangeur japonais qui connaît un certain succès en jouant un jazz très accessible, avec des influences funk ou hip hop, de quoi donner envie de bouger et de danser.

Pour autant ça plonge également dans le post bop, fa fusion, l’électricité avec les synthés et une guitare saillante. Mais avant tout, ce qui est prédominant, c’est l’importance de la rythmique et du groove sur lequel s’appuie une section de cuivres et de anches.

Ensuite tout tourbillonne en un magma sonore puissant qui donne envie de taper du pied, tandis que s’extraient des scories de guitare stridente et de trompette qui s’envolent vers le suraigu. C’est extrêmement efficace et ça fonctionne sans coup férir… Remontent les souvenirs d’Herbie Hancock et de Roy Hargrove avec le RH Factor et des albums CTI…

La dernière pièce « Choy Soda » contient une partie chantée qui évoque ces années-là et rappelle également le meilleur travail des frères Mizell, au cours des années soixante-dix. Cette fusion entre jazz et soul est très réussie. Les artisans de cette réussite sont Corey King au trombone et au chant, Craig Hill au saxophone ténor, Ryo Ogihara à la guitare, Rashaan Carter à la basse électrique, Takahiro Izumikawa aux claviers, Keita Ogawa aux percussions et Adam Jackson batterie.

L’album peut se trouver en vinyle, ou de façon plus économique dans un double Cd qui contient également « Fly Moon Die Soon », l’album précédent de Takuya Kuroda, sorti en deux mille vingt. Signalons également que le trompettiste a enregistré deux albums pour Blue Note, ce qui est toujours un honneur, en deux mille quatorze et deux mille dix-neuf. Bon, au final rien de bien nouveau quand même...

Takuya Kuroda - Midnight Crisp


Takuya Kuroda - Dead End Dance [Audio]


Takuya Kuroda - Choy Soda [Audio]


Takuya Kuroda - It's Okay [Audio]

[Douglas]

J'ai oublié de remonter celui-ci, il fait également partie des "Quarante"...

Laurent Coulondre – Meva Festa (2022)

Je vous ai déjà présenté deux albums du Nîmois Laurent Coulondre, son tout premier, et peut être son meilleur, « Gravity Zerø » sorti en deux mille dix-sept, son deuxième album « Michel On My Mind », l’hommage à Michel Petrucciani, plus classique, paru en deux mille dix-neuf et voici son troisième album, branché aux musiques cubaines et brésiliennes.

J’ai la version Cd, la pochette de ce dernier qui est très belle, est ornée de distinctions, « un événement Télérama », « Choc Jazz Magazine », « Indispensable Jazz news » et le « Must de TSF Jazz », bon c’est sans doute mérité, pourtant je ne suis en rien bouleversifié par ce que j’entends, ayant l’impression d’avoir déjà entendu ça mille fois avant.

Je sais, la critique est facile et pourrait s’appliquer à une grande majorité d’albums, et celui-ci ne démérite jamais. C’est juste qu’il ne correspond pas à ce que j’ai envie d’entendre. L’orchestre bâti par Laurent Coulondre possède de l’allure, le brésilien Adriano Dos Santos Tenorio aux percussions est une caution de valeur, les onze musiciens sont parfaits, mis en évidence par de très bons arrangements, on remarque la présence d’André Ceccarelli, dit « dédé », qui alterne à la batterie avec Martin Wangermée, il y a également une chanteuse, Laura Dausse, et des saxos, des trompettes, une basse, un chouette grand orchestre, quoi.

Les moyens sont là et ça s’entend, ça se voit également sur le verso où les sponsors s’affichent, mais je ne critique pas, j’aimerais même qu’il y en ait davantage ! J’aime bien « Piments doux » avec ses solos bien sympa, y’a pas à dire un beau solo et tout change ! L’intro de « Gato Furioso » avec la basse et les claviers est également très chouette.

Il faut également parler des trois premiers titres, « Meva Festa », « El Jonito » et « Agua Bon », bien foutus, bien arrangés, mais un peu trop propre sur eux à mon goût, maintenant, en live, ça peut cartonner, les solistes sont tout de même d’excellente qualité et c’est techniquement parfait.

Agua Bon


Laurent Coulondre Meva Festa - El Jonito [Official Music Video]


Laurent Coulondre - Meva Festa (OFFICIAL EPK)


Piment doux

[Douglas]

Dave Douglas & Frank Woeste – Dada People (2016)

Quelle pochette ! Voici deux dadaïstes rassemblés par la magie de la photo, Man Ray et Salvador Dali qui nous jettent un regard habité et hypnotique. Avec un tel titre, « Dada People », et une telle pochette, on pourrait s’attendre à une remise en cause de l’esthétisme habituel de la musique de jazz, à un coup de pied dans la fourmilière, ou du moins à des glissements « free » pleins de liberté et de remises en cause…

Point trop n’en faut, nous en sommes loin, et pas de révolution ici, ou alors de velours. Non pas que la forme soit habituelle ou consensuelle, car il se passe des choses ici, mais les changements sont à la marge, ils tiennent à quelques notes, ici ou là, qui font le job, transportent ou bouleversent, étonnent et surprennent, font mouche, souvent dans le jeu de Dave Douglas.

Il joue de la trompette, à son habitude, avec toute la maîtrise qu’on lui connaît, au piano et au Fender Rhodes, le co-leader, Frank Woeste partage avec Dave le goût de la composition. Les deux alternent dans la succession des pièces, dix au total, donc cinq chacun. Le bassiste est Matt Brewer et Clarence Penn est le batteur.

Un quartet classique, avec des compos très inspirées comme le superbe « Montparnasse » en hommage à l’égérie de Man Ray, Alice Prin, un titre qui balance entre tristesse et romantisme. Ou bien encore "Noire et Blanche" au rythme funk, qui donne envie de bouger. Il faudrait aussi parler du titre d’ouverture « Œdipe » qui évoque Éric Satie.

Cet album fait partie de ceux dont on se dit qu’ils sont parfaits, l’exécution, le travail, la mise en œuvre, tout est nickel. Alors, avec une certaine malice, on dira peut-être, un sourire en coin, qu’il est trop « lisse » et pour ainsi dire, trop parfait, sans surprise. C’est qu’il faut se pencher pour y trouver l’âme, se concentrer, et la chercher, seulement alors on a une chance de la trouver…

Dave Douglas & Frank Woeste ‎– Montparnasse


Oedipe (feat. Matt Brewer & Clarence Penn)


Mains Libres (feat. Matt Brewer & Clarence Penn)


Danger Dancer (feat. Matt Brewer & Clarence Penn)


Noire et Blanche (feat. Matt Brewer & Clarence Penn)

[Douglas]

John McLaughlin – Extrapolation (1969)

Avec ce millésime soixante-neuf on n’est pas surpris de rencontrer le premier album en solo de John McLaughlin, c’est un album de jazz à n’en pas douter, et de ceux qui paraissent indispensables, et même classiques. A son époque, on le découvrait moderne, et aujourd’hui encore il est quasiment actuel, malgré ses presque cinquante-cinq ans.

John McLaughlin a tout composé ici, les dix pièces, souvent assez courtes pour un format jazz, même si « Binky’s Beam » dépasse, tout de même, les sept minutes. Certaines compos sont très colemaniennes très tendues, acérées, comme le titre d’ouverture, « Exploration » au format de moins de trois minutes, qui dit tant en si peu de temps, tout comme le bref « Spectrum » d’ailleurs, qui projette l’extraordinaire John Surman au baryton. Ce dernier joue également du soprano, qui deviendra peu à peu son sax préféré.

Il se trouve qu’à cette époque aucune histoire n’était écrite sans Miles Davis, c’est par le biais du bassiste que son nom sera cité, en effet, alors que la date d’enregistrement de cet album approchait, voilà que Dave Holland, qui devait y tenir la basse, est appelé par le dit Miles pour rejoindre le trompettiste aux Etats-Unis, une telle proposition ne se refuse pas et le voici parti, laissant John sans bassiste.

Fort heureusement la Grande -Bretagne ne manque pas d’excellents musiciens et c’est Brian Odges, réputé requin de studio, qui s’acquittera de ce rôle. Il fait le job avec une belle assurance et ajoute sa « patte » aux sonorités de cet album, il fait la paire avec une sommité des batteurs Britanniques, le magnifique Tony Oxley.

Au registre des influences, ou plutôt du son d’époque, car les deux jouaient pendant la même période et devaient s’écouter, on pourrait citer également Elton Dean de Soft Machine, dont la sonorité était très proche de celle de John Surman, ce dernier est vraiment énorme sur cet album et apporte une couleur forte et puissante, qui marque l'album de son irrésistible empreinte.

John Mclaughlin est omniprésent, même s’il ne se lance pas dans de longues chevauchées solitaires, il montre une extraordinaire virtuosité et s’accroche au format jazz, dans une belle continuité avec les légendes de l’instrument, son jeu est un éternel ravissement.

Un classique indémodable. (Je vous mets la pochette originale sur Marmalade, mais hélas je ne la possède pas).

Extrapolation


Binky's Beam


Arjen's Bag


John McLaughlin — Spectrum (Extrapolation,1969) vinyl LP, B1

[Douglas]

Oan Kim & The Dirty Jazz – Oan Kim & The Dirty Jazz (2022)

Y’a comme un truc qui ne colle pas trop pour cet album, ou plutôt pour le traitement médiatique qu’il a connu. Paru en ce début deux mille vingt-deux, mais apparemment complètement ignoré et pour tout dire oublié, c’est parfois le lot des autoproductions. Bref totalement inconnu et confidentiel, sauf erreur de ma part… Jusqu’à ce que, de bouche à oreille, il se creuse un petit chemin jusqu’à devenir, dans nos journaux préférés, la « Révélation Française de l’année » !

Et là, pas de copinage, l’album est bien jugé sur sa valeur, ce titre, il le mérite ! Le seul petit problème c’est que l’album est resté inaccessible, arrivé chez moi il y a deux jours seulement, au format double vinyle, mais même le Cd était en rupture. Du coup cette dernière version est augmentée…

Oan Kim partage avec Youn Sun Nah la culture coréenne et française, toujours entre Paris et Séoul. Il est également photographe, vidéaste et documentaliste. Au total, ils sont trois, et encore de temps en temps et alternativement, Oan Kim joue un peu de tout, saxo, claviers, violon, guitare, il chante aussi. Sur deux titres, « Wong Kar Why » et « The Judge » il y a Edward Perraud à la batterie et sur trois autres Nicolas Folmer joue, très bien, de la trompette.

Le premier vinyle est une tuerie, enfin, moi ça me plaît beaucoup, pleins de trucs qui me touchent et me ravissent, presque un catalogue entier de ces petites choses qui me chamboulent, dans le souffle du saxo souvent à la limite de la fêlure, mais parfois très chaud aussi.

Dans les compos également, véhiculant des atmosphères particulières, souvent cinématographiques, comme des flashs, c’est tout un monde qui s’invite par le biais de cette musique, une mémoire qui se réveille. Vraiment le gars est habile et doué. Bien que l’album soit jazz, il semble que la « pop » ne soit jamais bien loin, quelques ballades sucrées émergent face D et, sans méchanceté, on pourrait sentir sur ce second volet un léger fléchissement, il est vrai qu’on part de très haut !

Sorti et album de l’année deux mille vingt-deux, c’est également le premier véritable frisson deux mille vingt-trois !

Whispers


Agony


Oan Kim - Wong Kar Why (Official Music Video)


Oan Kim - Mambo (Official Music Video)

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Trio SR9 – Déjà Vu (2022)

Un album qui n’est peut-être pas de jazz, mais qui est assez inclassable, malgré que l’on y trouve du mainstream à revendre, et même des succès planétaires. On le doit au Trio SR9 aka « « Square Root 9 », des gars pas très connus, pour l’instant, car il faut bien un début aux légendes, fussent-elles urbaines, mais ne grillons pas les étapes…

Les trois sont percussionnistes, il y a Alexandre Esperet, Nicolas Cousin et Paul Changarnier, ils se sont rencontrés au Conservatoire de Musique de Lyon en deux mille dix, et puis, un beau jour, ou était-ce une nuit, une mouche les a piqués. Ce sont des spécialistes du marimba, un xylophone d’Amérique latine. Mais ce sont également des bricoleurs et ils ont également inventés des instruments à leur mesure, on aime citer dans cette catégorie le « triangle à la mâchoire d’âne » ou la « machine à vent »…

Nos trois esthètes ont besoin de voix pour porter les chants qu’ils soutiennent avec leurs percussions, aussi ont-ils su s’entourer d’une myriade de chanteuses et chanteurs magnifiques, c’est ainsi que chaque titre interprété est sublimé par ce qui se fait de mieux dans notre coin de France.

Ces illustres invités interprètent chacun deux chansons. Le partenariat avec le label « No Format » intercède pour le chanteur Blick Bassy, il y a également Camille, Sandra Nkaké, Camélia Jordana et Malik Djoudi, ce qui va pour interpréter les cinq titres couchés sur chaque face.

Pour ce qui est du répertoire, même moi qui ne m’y connaît pas trop en pop, j’en ai reconnu quelques-uns, il faut dire que ce n’était pas trop difficile, « Happy » de Pharrell Williams par Camille, « Video Games » de Lana Del Rey par Sandra Nkaké accompagnée de verres de Cristal, « Dance Monkey » par Camélia Jordana dans une version lente, « Bad Guy » de Billie Eilish par Blick Bassy ou « Royals » par Malik Djoudi…

Chaque pièce a été réarrangée avant de passer à l’enregistrement, bien sûr l’oreille est attirée par le chant, mais il est bon également de se pencher vers le travail de notre trio et de s’intéresser à ce qui qu’ils font, le travail est d’orfèvre et mérite un satisfécit, c’est une véritable re-création à laquelle nous assistons, ces « pop-songs » prennent une nouvelle dimension tout en conservant leur dimension populaire.

Trio SR9 - Video Games ft. Sandra Nkaké (Official video)


Trio SR9 - Happy ft. Camille (Pharrell Williams cover)


Trio SR9 - Bad Guy ft. Blick Bassy (Billie Eilish cover)


Trio SR9 - Malamente ft. Camélia Jordana (Rosalía cover)

[Douglas]

INTERface – Live At Environ (1977) – FJMt°

Abordons cet album par son lieu d’enregistrement « Environ », au 476 Broadway de New-York, où siège un loft d’à peu près six cents mètres carrés. John Fischer, compositeur et pianiste d’INTERface, est à la fois le fondateur et le directeur de cet espace de performance « Environ Loft » où se donnent des concerts, des spectacles de danses, de poésie, des expos de peinture, bref un lieu où tous les arts sont bienvenus.

Mais ce sont les concerts qui font la célébrité du lieu, en plein dans la vague « Loft » du milieu des années soixante-dix. Le premier à ouvrir fut celui de Sam et Beatrice Rivers, le fameux « Studio Rivbea ». Il y eut ensuite le « Studio We » avec, entre autres Juma Sultan et son « Aboriginal Music Society » qui nous a laissé de brillants témoignages phonographiques.

A « Environ » le public s’installait à même le sol, sur des tapis que l’on espère moelleux, il n’y avait pas de bar pour faire rentrer la monnaie, mais il se raconte que l’on pouvait y trouver du cidre et du vin. L’essentiel était de ne pas être distrait de la musique et des performances, les lieux étaient avant tout culturels.

C'est là que défila toute l’avant -garde du jazz, y compris ceux venus de Chicago et de l’AACM. A Environ il y avait un fameux piano, il remplaçait celui utilisé fréquemment par Muhal Richard Abrams, puis détérioré par Alexander Von Schlippenbach. C’est le fils de Dave Brubeck qui finança le nouveau piano grâce à des concerts. Pourtant gagner de l’argent n’était pas un objectif ici, bien que les artistes touchassent un petit pécule en fonction des entrées, elles-mêmes très bon marché.

Cet album est donc un témoignage de ce qu’on pouvait y entendre, c’est bien John Fisher qui joue du piano, Perry Robinson est clarinettiste, Mark Whitecage au saxophone alto ainsi qu’à la flûte, Charles Tyler au saxophone baryton, Rick Kilburn à la contrebasse et Philip Wilson à la batterie. L’ambiance n’est pas au free destructeur mais plutôt à une sorte de jazz de chambre un peu déstructuré, la « patte » un peu « classique » de Fisher se laisse entendre ici ou là.

Il y a dans cette formation suffisamment de talents pour nous proposer une musique toujours digne d’intérêt, on pourrait même songer à une sorte de « super groupe » avec Tyler, Wilson et Robinson. Parfois ils jouent au bord du déséquilibre, mais tout se tient bien. Merci aux auteurs de « Free Jazz Manifesto » de nous diriger vers de telles pépites, certes parfois un peu underground, mais toujours passionnantes.

Interface - Live At Environ

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Various – QBICO U-Nite New York I (2004)

Qbico est un label Italien qui a enregistré plus particulièrement dans la première moitié des années deux mille. Les enregistrements sont essentiellement au format vinyle, ils sont remarquables car souvent très colorés, c’est un peu leur signature. Il y a des trucs pas mal sur Qbico, mais également des enregistrements pas terribles, surtout vers la fin de vie du label.

J’oubliais, c’est un label de free jazz. Cet album-ci est issu d’enregistrements effectués au club « Tonic » de new York le dix-huit mars deux mille quatre. Le premier album est consacré au trio Andrew Barker, Charles Waters et Daniel Carter sur la première face, ils sont augmentés de Shanir Ezra Blumenkranz et Perry Robinson sur la seconde.

Andrew Barker est batteur et percussionniste, Charles Waters est saxophoniste et clarinettiste et Daniel Carter également, mais il joue, en plus, de la flûte et de la trompette. La première pièce se nomme « Inferred Phenomenology », elle consiste en dialogues ou trilogues entre les musiciens, avec un immense Andrew Barker qui joue en immersion, à la façon d’un soliste pendant toute la pièce. Je ne sais si les phénomènes dont on parle sont les créatures aquatiques des fonds marins dont les photos illustrent la pochette, recto et verso…

Shanir Ezra Blumenkranz est bassiste et Perry Robinson clarinettiste, ce qui va bien puisque la seconde face est occupée par « Clarinetics part 1 » et « Clarinetics part 2 ». La rythmique est donc renforcée et le couple batterie/ contrebasse déroule une trame rythmique très libérée qui fait écho aux improvisations des trois souffleurs, quelques phases de très grande intensité se glissent dans ces plages.

Le second album est consacré au saxophoniste Arthur Doyle, à priori au même endroit et à la même date. Lors d’une brève ouverture de moins de trois minutes, il partage un duo avec Nuuj, ce dernier joue de l’électro, un peu, on entend également les bruits de conversation des clients du « Tonic » qui commentent…

Après cette phase introductive place à " l’Electro-Acoustic Ensemble" aux côtés d’Arthur Doyle, de Daniel Carter et Perry Robinson qui jouent sur les deux concerts. La face C est vouée au titre « A Preference Theme Of Inn On » qui marie l’électro et les instruments plus classiques du jazz. Synthés, platines et électronique se calent sur une rythmique batterie/basse, tandis que Daniel carter, Perry Robinson et Arthur Doyle se partagent les solos, portés par ce curieux tapis, gorgé d’électricité et de sons futuristes.

La face D se partage en quatre pièces, les deux premières se jouent dans le même esprit que la face précédente, et les deux dernières, beaucoup plus courtes, nous montrent Arthur Doyle en solo au ténor et au « chant » selon la pochette, mais on parierait plus volontiers sur une sorte de flûte…

Bravo au label QBICO pour la qualité de ses albums, au niveau de la présentation particulièrement, c’est rendre hommage aux artistes que de mettre leurs œuvres dans de beaux écrins. A ce propos je m’inquiète pour le label Nobusiness Records qui semble se mettre au ralenti, ce qui n’est pas bon signe. Il semble miser sur un luxueux coffret consacré à Sam Rivers, limité à trois cents et assez cher, et qui présente en majorité, semble-t-il, des enregistrements déjà sortis sur de précédents Cds.

Il n'y a vraiment rien à espérer pour un extrait, ces enregistrements font partie des oubliés du Net.