à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Pour y papoter, parler de ce que vous écoutez en ce moment, délirer, s'amuser...
Avatar du membre
alcat01
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 7669
Enregistré le : mar. 30 juil. 2019 20:51

Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par alcat01 » mer. 18 janv. 2023 13:55

Image

L'album suivant de Scorpions,"Virgin Killer", est sorti le 9 Octobre 1976 sur le label RCA Records et a été produit par Dieter Dierks.
Comme pour "In Trance", les compositions Schenker / Meine sont sur la face A, les compositions de Roth sur la B. Celui-ci propose des chansons aux riffs assez Heavy, comme "Virgin Killer" et "Polar Nights".
"Virgin Killer" constitue un quasi sans-faute quant à la qualité des morceaux. Livrant quelques ballades d'une beauté à couper le souffle ("Yellow Raven", précédemment citée, la mélancolique et sombre "In Your Park", ou encore la désespérée et solennelle "Crying Days"), le groupe met ainsi parfaitement en valeur ses titres les plus énergiques et rageurs, se transformant ainsi en un des groupes les plus violents de l'époque.

Après "In Trance" couronné de succès (notamment au Japon) et qui permit au groupe d'entrevoir doucement la fin des galères, "Virgin Killer" constitue un véritable choc:
Un choc visuel tout d'abord car sa pochette originale fit scandale à l'époque et elle a été censurée dans de très nombreux pays à l'exception de la France et du Royaume Uni. Dans beaucoup de pays, la pochette fut remplacée par une photo plus classique du groupe.
Il faut dire que cette photographie représentant une jeune fille pré-pubère de 10 ans qui pose entièrement nue, placée derrière une vitre et dont le sexe est seulement caché par un impact sur cette vitre, n'est pas vraiment un exemple de bon goût.
Les membres du groupe ont été choqués par cette photo mais ils furent obligés de l'accepter car imposée par la maison de disques de l'époque afin de générer un ramdam commercial. Un goût douteux, et une mauvaise interprétation de la part de RCA du titre "Virgin Killer" qui prend tout son sens à l'écoute des paroles du morceau éponyme: il n'est nullement question de tueur de vierge, ou de vierge tueuse comme put l'affirmer Tipper Gore à l'époque, brandissant la pochette de l'album comme l'avatar du diabolisme du Hard Rock et du Heavy Metal. Cette expression, comme l'expliquera plus tard Roth, auteur des paroles, désigne les méfaits de l'âge adulte qui annihile notre candeur et se fait le bourreau de notre virginité originelle... une thématique bien pieuse en somme.
Cette pochette créa une polémique bien après la sortie de l'album puisqu'en Décembre 2008, l'Internet Watch Foundation (IWF) jugera la photo de l'album indécente et potentiellement illégale pour son aspect pédopornographique.
Plusieurs FAI Britanniques ont interdit alors l'accès à la consultation de la page Wikipédia en Anglais consacrée à "Virgin Killer" (contenant l'image), ainsi que la page détaillant les métadonnées de l'image (Wikipédia en Français n'a jamais reproduit la pochette par refus des images non-libres, alors que Wikipédia en Anglais inclut des images en Fair use dans ses articles).
Le blocage provoquera de nombreuses protestations. Son principal inconvénient est que, par le jeu des proxies, quasiment toute la Grande-Bretagne sera interdite d'édition de Wikipédia. En effet, filtrer certaines pages d'un site impose de passer par un proxy, ce qui masque l'adresse IP de l'utilisateur. Or les IP servent habituellement à distinguer les utilisateurs malveillants, et les IP masquées sont donc interdites.
Ainsi l'affaire est devenue un symbole des risques de blocage excessif. Il n'était d'ailleurs que partiellement efficace, la copie de l'image sur Wikipédia en Anglais restant accessible en utilisant l'URL de l'image et non d'une page la contenant.
Wikimedia Foundation refusa de s'autocensurer pour obtenir la révision des listes noires, parce que l'image était unanimement considérée comme provocatrice, mais n'ayant jamais été jugée illégale. L'IWF a levé le filtrage au bout de quelques jours, en précisant par ailleurs que cette illustration était ancienne et largement diffusée sur l'ensemble du réseau Internet (à noter que l'affaire lui a donné une forte visibilité, de nombreux articles de presse ayant reproduit l'image en évoquant le filtrage de Wikipédia).

Mais "Virgin Killer", c'est aussi et surtout un choc auditif. Sous la houlette de Dierks, désormais 'membre' indissociable du groupe et artisan de sa croissance, Scorpions renforce à nouveau son côté Rock et mordant pour flirter avec le Heavy Metal et proposer des morceaux d'une violence inouïe pour l'époque, à l'image du riff saignant du morceau titre, une débauche d'énergie et de violence pures. Bien aidé par le chant habité d'un Meine désormais en pleine possession de ses capacités vocales, ce morceau s'impose comme un brûlot imparable dont la flamboyance n'a d'égale que la rugosité. Premier des quatre morceaux signés de la main de Roth sur l'album, il témoigne de l'inspiration décidément décalée du guitar-hero. Ce dernier signe trois autres titres, parmi lesquels le délire hendrixien "Hell-Cat", anecdotique et à l'opposé de l'identité scorpionnesque, le groovy et technique "Polar Nights" et la magnifique ballade servant de point final à l'album, la mésestimée "Yellow Raven", admirable en tous points et véhiculant une émotion d'une intensité ébouriffante.
Accomplissement de la complémentarité de la paire Schenker / Meine, "Virgin Killer" voit le guitariste rythmique et le chanteur proposer des titres Hard Rock quasi imparables et destinés à devenir des classiques, tout du moins des incontournables en concert dans les années 70. C'est le cas du titre d'ouverture, "Pictured Life", dont la mélodie luminescente en fait un tube délectable qu'on se repasse sans lassitude. Il en va de même du débridé et rapide "Catch Your Train" dont le thème (la routine, la misère quotidienne) en fait un réveille-matin du meilleur effet!, mais aussi pour "Backstage Queen", groovy et Rock'N'Roll, qui complète ce triptyque d'anthologie.

Mais si l'album permet au groupe de devenir une véritable star au Japon (l'album se classant premier dans les Charts du pays du soleil levant, il y devient même disque d'Or en peu de temps), il ne constitue pas encore l'aboutissement de la première partie de carrière du groupe malgré un succès grandissant en Europe. "Taken By Force", paru l'année suivante, en constituera le climax.
A noter que deux chansons en sont tirées en single : "Pictured Life" et "Crying Days".
La sortie de l'album est suivie d'une tournée en Europe. Vers la fin de celle-ci qui dure toute l'année 1976 et au cours de laquelle Scorpions assure notamment les premières parties des dates Européennes de Kiss, plus précisément lorsque le groupe joue au fameux Marquee Club de Londres le 21 Novembre, il devient clair que Roth a la volonté de se séparer prochainement de Scorpions: il est alors plus inspiré par Jimi Hendrix et la volonté de suivre ses propres projets musicaux que par la scène Hard Rock contemporaine.


Avatar du membre
alcat01
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 7669
Enregistré le : mar. 30 juil. 2019 20:51

Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par alcat01 » mer. 18 janv. 2023 15:43

Image
Faces A Nod Is As Good As A Wink... To A Blind Horse
Le troisième album des Faces démontre plusieurs choses. Premièrement, certaines des choses les plus intéressantes qui se passent dans le blues rock américain se passent de l'autre côté de l'étang depuis un certain temps. Oui, depuis que Cream, les Yardbirds ou the Jimi Hendrix Experience ont mis le Swinging London sens dessus dessous, il y a eu un flux constant de grandes œuvres qui ont amené le roots rock dans une autre dimension. De Led Zeppelin à Derek & the Dominos, en passant par Deep Purple ou les pères fondateurs, les Rolling Stones, le psychédélisme a réussi à faire entrer le blues rock dans tous les foyers.
The Small Faces aussi dont ce groupe est né des cendres. Avec le départ de Steve Marriott, la composante psychédélique s'est diluée au profit de riffs au couteau et du rock de taverne, ce honky tonk rugueux apporté par Rod Stewart et Ronnie Wood. C'est le deuxième point que je voulais soulever. La force de ces deux ajouts est incontestable et ils sont responsables de l'aboutissement de l'ensemble dans cette œuvre, somme d'un groupe auquel on reprochait d'être une copie éhontée des Stones précités. Une copie qui n'est pas aussi flagrante que certains le proclament. Stewart et Wood ont tous deux beaucoup de personnalité pour compléter leur propre matériel à haute teneur en énergie qui est essentiel en soi.
Autre chose : ils ont laissé Ronnie Lane, le bassiste du groupe, chanter sur trois de leurs compositions. Non, les ayant écrites, je ne pense pas que ce soit une excuse suffisante pour nous priver de la gorge rugueuse et balancée du blondinet de Highgate. Désolé de répeter, mais je tiens à préciser que la meilleure partie de l'album provient de la voix de Rod et du jeu de guitare superlatif de Ronnie. Lorsqu'il commence à sortir des riffs infectieux ou à taper fort sur la slide, je ne peux m'empêcher de me demander pourquoi Keith Richards et consorts n'ont pas fait appel à ses services beaucoup plus tôt, ce qui se serait passé s'il avait joué sur des œuvres aussi contemporaines que "Sticky Fingers" ou "Exile on Main St." (Les Rolling Stones, 1971, Les Rolling Stones, 1971). (The Rolling Stones, 1971, 1972) ? C'est difficile à imaginer, avec l'autorisation du non moins gigantesque Mick Taylor, bien sûr.
En bref, il s'agit d'une œuvre essentielle du rock & roll brut. Un album plein de guitares tranchantes et où règne cette musique insolente et sèche, qui s'accommode aussi bien de la country que du blues, qui lance des éclats de rock sudiste indompté. Une œuvre qui présente le problème du bassiste chanteur et qui n'est peut-être pas aussi ronde qu'elle devrait l'être. Certains l'attribuent au fait que Stewart était trop concentré sur une carrière solo plus que réussie avec ses deux fantastiques derniers albums ("Gasoline Alley" (1970) et "Every Picture Tells a Story (1971)).
Mais, d'un autre côté, le groupe aurait-il rassemblé le même nombre d'adeptes s'il n'y avait pas eu le tube "Maggie May" ? Honnêtement, pas dans un millier de vies.
laranra


Avatar du membre
alcat01
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 7669
Enregistré le : mar. 30 juil. 2019 20:51

Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par alcat01 » mer. 18 janv. 2023 17:52

Image
OSIBISA avait sorti un premier album éponyme fantastique, et presque immédiatement son deuxième album "Woyaya", en d'autres termes, ils avaient pris le risque, mais dans ce cas, ils ont enfoncé le clou, ""Woyaya" est au moins aussi bon que leur premier album, avec l'avantage d'être mieux enregistré et de prouver au monde que ce n'était pas que de la chance.
Comme le fait habituellement OSIBISA, le premier morceau "Beautiful Seven" fonctionne comme une introduction à l'album, de la même manière que "The Dawn", cette ouverture sonne comme une cérémonie tribale recevant un nouveau jour, plein de sons de la jungle. Mais au fur et à mesure que la chanson avance, nous pouvons remarquer que nous sommes devant un groupe exceptionnel, la belle flûte combinée aux chants cérémoniels, une guitare Psyché "à la" SANTANA, la narration et les cris, surprennent le tout nouvel auditeur qui ne saurait à quoi s'attendre ensuite.
"Y Sharp" explore plus le son Afro Funk, avec une guitare Wah - Wah, des trompettes, un Saxophone et un rythme frénétique, mais ce n'est pas aussi simple qu'il n'y paraît, les arrangements élaborés, les dissonances maîtrisées et le sentiment Jazzy, maintiennent l'album à un haut niveau.
"Spirits Up Above" est une forte combinaison de jazz et de psychédélisme, tandis que Robert Bailey fait pleurer le Hammond, Loughty Amao, Teddy Osei et Mac Tontoh calment l'ambiance avec les instruments à vent. Mais OSIBISA a encore plus à offrir, les beaux chants et le travail vocal élaboré combinent la nostalgie du Blues avec des airs africains, si cela ne suffisait pas, la longue section finale instrumentale est une explosion de rythme et de mélodie, tout simplement hallucinante.
"Survival" est ce que l'on doit toujours attendre d'un groupe africain du début des années 70 et difficilement trouver, une fusion parfaite entre les rythmes tribaux africains, le Rock et, fin Psychedelia et le Funk, soigneusement équilibrés pour ne pas paraître ringards ou vulgaires, tout est à sa place, encore une fois un succès parfait.
"Move On" nous présente une fantastique introduction de basse et de percussions, le son des congas, des cloches, des bongos et des tambours se fond dans un rythme contagieux, tandis que les instruments à vent ajoutent une touche caribéenne et que le Hammond B3 hurle en arrière-plan, je ne peut pas me lasser d'OSIBISA. Mais la cerise sur le gâteau, c'est la performance à la guitare de Wendel Richardson dans le style parfait de Carlos Santana.
"Rabiatu" commence avec Roy Bedeau et sa puissante basse ouvrant la voie à l'explosion d'instruments de percussion qui mènent à un autre mélange frénétique de sons et d'ambiances du continent noir et une touche de saveur caribéenne apportée par Roger Bayley de Trinidad & Tobago plus Wendel Richardson d'Antigua qui joue d'une guitare qui tue. L'extravagance finale des percussions est délirante.
Quand l'auditeur croit que les choses ne peuvent pas aller mieux, vient "Woyaya", une ballade africaine magique et mystérieuse aux paroles mélancoliques, un Hammond onirique et comme d'habitude des percussions parfaites, mais cette fois avec l'ajout de solos de flûte exceptionnels, l'un des plus beaux morceaux que j'ai jamais entendus. Même le fort accent de leur anglais colle parfaitement à l'ambiance.
Je crois honnêtement que cet album est essentiel et un chef-d'œuvre, alors vous savez maintenant où cela pointe, peut-être que le seul doute est l'élément rock progressif, mais si cette délicate fusion de styles, les sons et les genres n'est pas Prog, je ne sais toujours pas ce que veut dire ce mot.
ClemofNazareth


Avatar du membre
alcat01
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 7669
Enregistré le : mar. 30 juil. 2019 20:51

Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par alcat01 » mer. 18 janv. 2023 19:50

Image

Pour le groupr Canadien the Hunt, il aura fallu trois véritables longues années avant qu'un deuxième album intitulé "Back on the Hunt" ne soit enregistré et terminé.
A ce moment-là, c'était un groupe composé de trois musiciens qui sonne comme personne: Paul Kersey à la batterie, Brian Gagnon au chant à la basse, à la guitare et aux claviers, et Paul Dickinson à la guitare et au chant.

L'album est composé principalement de morceaux de Heavy Rock et il n'a malheureusement pas été bien accueilli, tout particulièrement aux États Unis.
C'est un changement radical de sonorité par rapport au premier album, et le Power Trio a opté pour un son Heavy Metal Hard Rock et une performance live puissante pour attirer les fans plutôt que le son progressif et l'instrumentation complexe du premier album.

C'est un très bon disque de Rock / Hard Rock qui a été bien trop criminellement négligé. La muique est peut-être un peu similaire à Triumph (sans le jeu des guitares histrioniques), mais certainement plus expérimental, plus Heavy par endroits, et peut-être bien meilleur que tout ce que Triumph n'a jamais sorti... avec de bien meilleures compositions, mais ça, c'est une question de ressenti.

Le chant 'Rock d'enfer' en est l'un des points forts avec le tandem Brian Gagnon / Paul Dickinson et les riffs sont véritablement superbes et accrocheurs.
La production de l'album est particulièrement soignée. Il faut dire que le producteur et ingénieur du son n'est autre que le réputé Steve Vaughan qui venait de les rejoindre.

Pour l'époque, c'est ce que l'on peut appeler un grand disque de Rock, mais tellement trop méconnu. A son écoute, il fait encore apprécier à quel point le Rock peut encore être et était génial...
Pour les ammateurs de Hard Rock, il faut absolument écouter "Standing in the road", "Little bit of love", "Heart bender", "What good is love", ou encore "It's all too much"; ce sont tous de bons morceaux que l'on nous a caché dans les années 80.

"Back on the Hunt" comprend dix compositions originales et percutantes à la guitare qui reflètent le son du groupe sur scène:
L'Arena Rock dans le style de groupes tels qu'Aerosmith, Bon Jovi, Kiss ou de nombreux groupes de Hard Rock ou de Heavy Metal du milieu et de la fin des années 80 est le son du groupe cette fois-ci, et si cet album était sorti dix ans plus tard, il aurait peut-être été un succès.
L'album comprend trois bonnes reprises, et pas des moindres: "Standing In The Road" de Blackfoot Sue, "Its All To Much'" de George Harrison et "Little Bit Of Love" de Free, qui sont toutes jouées avec beaucoup d'aplomb et de sérénité et qui s'intègrent parfaitement à l'ensemble et à leurs propres compositions.
"She Flew Freely" est probablement l'une de leurs meilleures chansons, avec son riff propulsif, sa section centrale obsédante suivie d'un solo de guitare rêveur, le tout couronné par un chant collectif très harmonieux.
Le morceau "Heart Bender" pourrait un peu ressembler à The Cars jouant une sorte de Prog Rock.
La chanson titre, "Back on the Hunt", est un grand Hard Rock joué avec entrain et beaucoup de feeling.
Le reste est parfaitement cohérent et, dans l'ensemble, cet album a un son qui lui est propre, avec des arrangements parfois déséquilibrés et beaucoup de mellotron et d'autres claviers analogiques assortis, mais c'est ce qui fait finalement sa force.

Le groupe a trouvé une petite base de fans au Canada, mais le succès international n'était pas dans les cartes et le son du groupe n'était pas en phase avec les tendances musicales de l'époque.
Il semble, malheuseusement pour lui, que Hunt ait été en avance d'une décennie sur son temps pour ce style de musique.


Avatar du membre
Cooltrane
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 2681
Enregistré le : mer. 31 juil. 2019 14:18
Localisation : La Cambre

Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par Cooltrane » jeu. 19 janv. 2023 09:02

J'aime bcp les deux premiers Osibisa :super: , mais à partir du 3è, cela commence à dévaler la pente.

alcat01 a écrit :
mer. 18 janv. 2023 19:50
Image

Pour le groupe Canadien the Hunt, il aura fallu trois véritables longues années avant qu'un deuxième album intitulé "Back on the Hunt" ne soit enregistré et terminé.
A ce moment-là, c'était un groupe composé de trois musiciens qui sonne comme personne: Paul Kersey à la batterie, Brian Gagnon au chant à la basse, à la guitare et aux claviers, et Paul Dickinson à la guitare et au chant.

C'est un très bon disque de Rock / Hard Rock qui a été bien trop criminellement négligé. La muique est peut-être un peu similaire à Triumph (sans le jeu des guitares histrioniques), mais certainement plus expérimental, plus Heavy par endroits, et peut-être bien meilleur que tout ce que Triumph n'a jamais sorti... avec de bien meilleures compositions, mais ça, c'est une question de ressenti.
En fait, au départ, The Hunt était la continuation de Dillinger avec les frères Harrison (québécois expatriés en Ontario) Cockburn et aussi Kersey (batteur aussi sur le premier album de Max Webster)

par contre, je n'ai jamais trop fait de lien sonore avec Triumph ( dont les trois - voir 5 - premiers albums sont excellents)...
faudra que je réécoute ce 2è Hunt..

Avatar du membre
alcat01
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 7669
Enregistré le : mar. 30 juil. 2019 20:51

Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par alcat01 » jeu. 19 janv. 2023 09:38

Image
Rock Island (1989)
Avant même que le LP Crest of a Knave de Jethro Tull, sorti en 1987, ne remporte de manière controversée le tout nouveau Grammy Award de la meilleure performance hard rock/métal (devant AC/DC, Jane's Addiction, Iggy Pop et - au grand étonnement de ceux qui ignoraient l'étiquette " hard rock " et se concentraient sur le " métal " - Metallica), il représentait un retour commercial pour le vénérable groupe britannique dirigé par Ian Anderson, devenant son premier album d'or aux États-Unis en huit ans.
On pourrait donc dire que cette suite avait quelque chose à voir avec la carrière du groupe, mais aussi avec sa crédibilité musicale. Mais cela ne semble pas avoir d'importance pour Anderson, qui, installé sur l'île de Skye, dans les Hébrides écossaises, se contente d'écrire un autre lot de ses chansons idiosyncratiques, faisant référence à sa maison dans le titre. Rock Island a quelque peu déçu dans les magasins de disques par rapport à son prédécesseur, malgré la diffusion à la radio et en vidéo de son premier titre, "Kissing Willie".
[Dix-sept ans plus tard, sur cette réédition, Anderson fournit des notes de pochette qui éclairent ses paroles parfois opaques. "Heavy Water ", par exemple, " réfléchit aux dommages environnementaux causés par Tchernobyl " - qui l'aurait cru ? -- tandis que "Big Riff and Mando" est le récit fantaisiste d'un incident survenu en tournée, lorsque la mandoline d'un membre du groupe, Martin Barre, a été volée et, étonnamment, restituée.
Quelle que soit la signification des chansons, le LP reste un album de Jethro Tull représentatif mais guère spécial. Pour les morceaux bonus, le groupe s'est réuni dans une loge dans les coulisses de Zurich, en Suisse, le 13 octobre 1989, pour interpréter des versions dépouillées de "A Christmas Song", "Cheap Day Return/Mother Goose" et "Locomotive Breath", Anderson présentant gracieusement les morceaux comme s'il animait une émission de radio spéciale, ce qui était peut-être le cas].
William Ruhlmann


Avatar du membre
alcat01
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 7669
Enregistré le : mar. 30 juil. 2019 20:51

Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par alcat01 » jeu. 19 janv. 2023 09:41

Image
The Battle of North West Six (1969)
Après un album fort réussi, Halfbreed en mars 1969, Keef Hartley Band décide de retourner en studio pour pondre un second effort intitulé The Battle Of North West Six publié en octobre de la même année toujours sur Deram. Entre temps le groupe à l’occasion lors de sa tournée de passer au festival de Woodstock. Toutefois, le combo s’est réduit entre les deux albums. Ne subsistent à la batterie Keef Hartley, à la guitare et au chant Miller Anderson, à la basse Gary Thain, à la trompette Henry Lowther et à la guitare Spit James. Se rajoute au line-up le saxophoniste Jim Jewell. Le trompettiste Harry Beckett et le saxophoniste Lyn Dobson, présents dans Halfbreed, sont relégués comme invités. Autres Invités, on constate la présence des saxophonistes Chris Mercer et Barbara Thompson, l’organiste Mick Weaver, le flûtiste Ray Warleigh ainsi que le guitariste Mick Taylor sur le titre final. Quant à Dino Dines, présent également dans l’opus précédent il se fait oublier pour un temps.

Halfbreed était marqué par des morceaux assez longs. Avec The Battle Of North West Six, fait de 10 pistes, celle-ci sont plus courtes, entre 3 et 5 mn. Forcément, ce second Lp est plus cadré sentant un peu moins l’improvisation aux effluves prog qui faisait le charme de Halfbreed. Le groupe prend donc peu de risque pour une production tout de même bien soignée en exploitant à fond les possibilités des cuivres. Toutefois, un titre fait exception, « Tadpole » un instrumental blues long de 7 mn au tempo lent, complétement stone qui nous ramène à la magie des débuts avec son orgue caverneux, sa guitare glissando sous acide, ce sax qui tire vers le jazz.

Pour le reste on trouve en ouverture un instrumental psyché et tribal « The Dansette Kid / « Hartley Jam For Bread » avec bombardement de cuivre suaves et colorés ainsi qu’une guitare funky et nerveuse. Le combo propose des titres à l’ambiance insouciante parfois légère ou rêveuse, virant à la balade avec « Don’t Give Up », « Hickory », « Waiting Around » et « Believe In You » en conclusion. Il y est utilisé une flûte rassurante et un violon mélancolique. Les musiciens s’essayent au blues à la BB king, « Me and My Woman ». Proposent du rhythm & blues, « Don’t Be Afraid », « Not Foolish, Not Wise » et « Poor Mabel (You’re Just Like Me) ».

Bref, voilà un bon 33-tours de blues rock assez varié et bien réussi.
jeanjacquesperez


Avatar du membre
alcat01
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 7669
Enregistré le : mar. 30 juil. 2019 20:51

Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par alcat01 » jeu. 19 janv. 2023 11:15

Image

Un an à peine après le remarquable et remarqué "Virgin Killer", Scorpions enfonce le clou avec une véritable perle studio, le bien nommé "Taken By Force".
Au sein du groupe, l'ambiance est pourtant loin d'être au beau fixe. Alors que la paire Schenker / Meine souhaite évoluer vers un Hard Rock plus traditionnel et moins aventureux, Roth ne souhaite pas renoncer à ses breaks groovy et aériens, marqués de l'empreinte Hendrix, qui sont sa marque de fabrique. La scission est marquée, et même renforcée par l'intégration dans le groupe du nouveau batteur qu'Uli trouve pataud et fort peu technique dans sa manière de taper sur les fûts.
Mais, malgré ses problèmes internes, Scorpions livre pourtant un album tout simplement exceptionnel, indispensable dans toute discothèque Hard Rock qui se respecte. Toujours sous la houlette de son producteur désormais fétiche Dieter Dierks, le groupe confirme la direction prise par "In Trance" et "Virgin Killer", tout en dotant ses compositions d'une substance et d'une profondeur encore supérieures!

Troisième album du groupe à faire l'objet d'une censure visuelle (la pochette originale, représentant des adolescents jouant avec des fausses armes à feu dans un cimetière militaire Américain fut interdite partout, et remplacée par une photo du groupe. La pochette censurée est cependant toujours disponible au Japon.
Enregistré entre Juin et Octobre 1977 à Cologne dans les studios de Dierks, ce nouvel album, paru le 4 Décembre 1977, fut le premier LP à être promu assez fortement aux États Unis ainsi que le premier enregistré avec le nouveau batteur Herman Rarebell. Originellement musicien de studio en Angleterre, Herman avait rejoint le groupe lorsque Rudy Lenners avait choisi de quitter le groupe pour des raisons personnelles. Bien vite, Rarebell avait imposé sa marque au sein du groupe, ses coups de baguette "...sifflant comme des fouets..." (selon le magazine Melody Maker). Il concurrençait même Klaus Meine dans l'écriture des paroles des chansons, avec "He's a Woman, She's a Man".

L'album contient certaines des plus belles chansons du groupe période Uli Jon Roth comme "The Sails Of Charon", le single "He's A Woman, She's A Man" et surtout "We'll Burn the Sky", une des plus belles chansons de Scorpions dans l'absolu dont les paroles ont été écrites à la mémoire de Jimi Hendrix par Monika Dannemann, son ancienne petite amie (elle était alors compagne de Uli Jon Roth). Monika s'adresse directement à son amour mort, Jimi Hendrix (mais sans jamais le nommer) et explique dans le premier couplet que tout lui rappelle son souvenir. Dans le deuxième couplet elle exprime son désespoir et son amour. Le reste da la chanson sous entend son envie de se suicider. Mais à ce moment-là, celui qu'elle aime s'adresse à elle et lui demande de ne pas se tuer en lui assurant que leur amour est éternel et quand viendra le temps pour elle de mourir, ils se retrouveront au ciel où leur amour pourra s'épanouir (d'où le titre de la chanson We'll Burn the Sky). La musique de la chanson a été composée pour s'accorder parfaitement au texte. En effet, les paroles ont été écrites avant la musique et c'est Ulrich Roth qui les a proposées au groupe. Rudolf Schenker a alors composé la musique, alternant des passages en arpèges et des riffs puissants.
Uli a composé trois titres, " I've Got To Be Free", "Your Light" et "Sails of Charon" dont il laisse, contrairement aux trois albums précédents, Meine interpréter le chant.

C'est un album complet et riche, à l'intérieur duquel chaque morceau possède une histoire, un attrait particulier qui rend l'ensemble plus délectable.
L'histoire prend vie avec "Steamrock Fever" dont la rythmique au marteau-piqueur et le riff agressif permettent au groupe de se faire les promoteurs d'un Heavy Metal Européen incisif et mordant. En réaction à l'émergence de la vague Punk, les groupes Hard Rock radicalisent en effet leur propos et se font plus violents que jamais : "... Nous aimerions vous présenter ce soir les rois d'un nouveau style : le Heavy!..." nous chante en substance un Klaus Meine au top de sa forme.
Témoignage d'une époque, "Taken By Force" paraît l'année de la mort d'Elvis Presley auquel Scorpions rend un hommage via l'alambiqué "Riot of Your Time", un des titres les plus mésestimés du répertoire du groupe. L alternance des guitares acoustiques et électriques, la superposition des lignes de chant sur le refrain, le solo et surtout ses ambiances post-modernes en font pourtant un des titres les plus remarquables de l'opus.
Au sommet de son art, la paire Schenker / Meine se fait encore une fois d'une redoutable efficacité, proposant la ballade finale, immense et épique: "Born to Touch Your Feelings". Une remarquable montée en intensité caractérise ce morceau de huit minutes d'une pureté et d'une sincérité désarmantes.
Écrite par Monika Danneman, "We'll Burn the Sky" donne également dans le style de la fausse-ballade, alternant arpèges et riffs plaqués, pour un résultat bluffant. Schenker s'impose alors comme un compositeur d'une classe et d'une sensibilité rares, créant là sans doute son chef-d'oeuvre des années 70, rien de moins. Ce titre reste d'ailleurs le seul de "Taken By Force" à s'être imposé jusqu'à la fin de carrière du groupe comme un standard joué lors de chaque concert.

Mais, malheureusement, "Taken By Force" est également l'album de la discorde, de la scission entre Schenker / Meine et Roth. Ce dernier propose trois compositions intégralement signées de sa main et chantées par Meine: L'alambiquée "The Sails of Charon", petite pépite Heavy considérée par beaucoup et à juste titre comme un standard du style (et reprise par Yngwie Malmsteen, disciple d'Uli, sur son album "Inspiration"), la lumineuse et énergique "Your Light", mais surtout la rapide et agressive "I've Got to Be Free" sur laquelle le guitariste déverse son fiel sur ses comparses, ces derniers ne comprenant que des années plus tard le sens réel des paroles : "...Ne voyez-vous pas que je ne suis pas votre souffre-douleur, je veux être libre alors laissez-moi tranquille...". Voilà pourtant qui a le mérite d'être très clair.
"He's a Woman, She's a Man" finit de convaincre Uli qu'il est temps pour lui de quitter le groupe. Écrit par le jeune Herman Rarebell, fraîchement recruté, ce morceau traitant des prostituées trans-genre (il est des thématiques plus gracieuse...) et pourtant servi par un riff d'anthologie, choque le guitariste au point qu'il refuse tout d'abord de l'interpréter, puis finit par se résoudre face au potentiel intrinsèque de ce tube en puissance.

Parvenant à se nourrir de ses différentes facettes, Scorpions livre avec "Taken By Force" un album exceptionnel, transcendé par le talent combiné de ses membres. Et si Roth s'en va voler de ses propres ailes l'année suivante (il part fonder son propre groupe Electric Sun), il laisse au préalable le temps au groupe d'enregistrer un live d'anthologie, "Tokyo Tapes".

À l'instar de "Virgin Killer", l'album est lui aussi certifié disque d'Or au Japon, ce qui confirme le succès naissant du groupe. Mais à ce moment, Roth commence réellement à prendre ses distances par rapport à Scorpions, car il désapprouve l'orientation musicale du groupe qui selon lui tend à se commercialiser, mais surtout parce qu'il souhaite se consacrer à une carrière solo.


Avatar du membre
alcat01
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 7669
Enregistré le : mar. 30 juil. 2019 20:51

Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par alcat01 » jeu. 19 janv. 2023 13:42

Image
1985: Hindsight
The George Hatcher Band a enregistré un dernier album pour Trout Records en 1985. Enregistré au studio Arthur "Guitar Boogie" Smith (du célèbre "Dueling Banjos") à Charlotte, Caroline du Nord, Hindsight a présenté Hatcher, Stines et Howe en plus des nouveaux venus Ace Philbeck à la guitare, Joe Nims à la basse, Ricky Kirby aux claviers et Joey Dunlevy aux claviers et au saxophone.
Cet album est un merveilleux chant du cygne du rock sudiste avec d'excellentes mélodies. Pure magie du Sud.
Très bien en effet. Un peu brouillon du côté de la production, mais très agréable tout de même.
artistcamp, Skydogg


Avatar du membre
alcat01
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 7669
Enregistré le : mar. 30 juil. 2019 20:51

Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par alcat01 » jeu. 19 janv. 2023 15:42

Image
1972 : Heads
Je ne peux pas nier que la qualité de leur musique, l'originalité de leur approche et une sorte de nostalgie de ma jeunesse, font de moi un grand fan d'OSIBISA, mais être un fan ne fait pas de moi un fanboy, et autant j'adore les deux premiers albums du groupe, autant je dois accepter que "Heads" n'est pas au même niveau, étant donné qu'une partie de l'originalité est perdue.
Je ne sais pas si le changement de manager, l'approche plus commerciale combinée à l'absence d'une pochette de Roger Dean, m'ont fait sentir que le groupe n'était plus le même que celui que j'aimais tant. Cela ne veut pas dire que l'album est mauvais, au contraire, il est toujours excellent, mais il est évident que les priorités d'OSIBISA changeaient, ils avaient gagné beaucoup en popularité et voulaient grandir encore plus, sacrifiant une partie de leur musicalité en faveur d'un attrait de masse.
"Heads" commence par "Kokorokoo", comme d'habitude une introduction à un nouveau jour symbolisé par le son d'un coq chantant dans l'aube. Ce titre est aussi bon que tout ce qu'ils ont fait auparavant, toujours le mélange subtil de Rock, de musique tribale, de Funk et de Psychédélisme avec une utilisation massive de Hammond est leur caractéristique, le dialogue entre les chanteurs et les instruments et le refrain indigène sont étonnants comme d'habitude, un bon début pour l'album.
"Wango Wango" est ma première déception, on dirait qu'ils ont sacrifié l'essence native qui a porté OSIBISA au sommet pour un son Motown très commun, quelque chose qui n'est pas mauvais "en soi", mais dans le cas d'un groupe si identifié à ses racines ethniques, cela implique une perte de personnalité.
Dieu merci, "So So Mi La So" nous ramène aux premiers jours, avec un bel instrumental dans lequel la guitare Psyché se combine parfaitement avec la flûte douce et les percussions élaborées, l'un des meilleurs morceaux de leur carrière, les peuvent encore être fidèles à leurs racines quand ils le veulent.
"Sweet America" est une déception partielle pour le suiveur de longue date d'OSIBISA, même si elle a quelques accents Prog, en particulier lorsque la flûte et le Hammond fusionnent, le chant et les paroles sont clairement éloignés de leurs racines (on dirait une tentative de toucher le public américain), mais le plus gros problème est que la chanson est très monotone et répétitiv.
Il semble qu'OSIBISA n'était pas totalement prêt à abandonner son son classique, car "Ye Tie Wo" est à nouveau un retour à leur son tribal naturel, avec une percussion extraordinaire et un chant contrapuntique, les sons de la jungle en arrière-plan renforcent l'atmosphère.
C'est le tour de "Che Che Kule", leur premier grand succès mondial, contrairement à ce qui se passe normalement, ils n'ont pas eu besoin de baisser leur niveau pour être vraiment populaires. La chanson est un excellent mélange de sons africains avec des échos arabes et les percussions les plus excitantes, les sons, les cris et les effets sont un bonus, un excellent matériel malgré le 'sur-play' criminel de la chanson dans les radios AM et FM, une vraie fête de musique et de sons.
"Mentumi" est probablement la première chanson caribéenne (rappelons qu'à ce moment-là, avec Spartacus R, le groupe comptait trois musiciens originaires de cette région d'Amérique centrale), elle ressemble à un mélange de calypso et de sons africains, un morceau intéressant bien qu'un peu répétitif, ce que l'on peut également dire du morceau suivant, "Sweet Sounds".
L'album se termine avec "Do You Know", une très belle ballade dans laquelle les éléments rock sont prééminents par rapport aux influences africaines et caribéennes, ils commencent à laisser leurs racines psychédéliques derrière eux et avancent vers une forme différente de rock plus proche d'une sorte de Prog léger avec des penchants pop.

Comme je l'ai dit dans le premier paragraphe, "Heads" n'est pas au niveau du premier album éponyme ou de l'excellent "Woyaya", mais nous sommes tout de même devant un grand groupe et un album solide.
Ivan_Melgar_M


Avatar du membre
alcat01
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 7669
Enregistré le : mar. 30 juil. 2019 20:51

Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par alcat01 » jeu. 19 janv. 2023 18:09

Image
1970 : Kingdom Come
Au début des années 1970, la scène hard-rock américaine n’égale pas son équivalente britannique en termes de qualité comme de quantité. Quelques groupes seulement émergent dans ce genre en lui donnant une forte tonalité locale (Grand Funk Railroad) et souvent en conservant les restes du psychédélisme déclinant (Josefus). Mais pour qui sait chercher, de mystérieuses formations offrent des moments intenses : retour sur Sir Lord Baltimore. 

Formé à Brooklyn en 1968 par Louis Dambra (guitare), Gary Justin (basse) et John Garner (chant et batterie), Sir Lord Baltimore produisit deux albums entre 1970 et 1971, sa carrière se concluant en 1976. Soutenu par Eddie Kramer, ils eurent quelques belles opportunités scéniques sans jamais réellement percer, malgré une musique assez novatrice et souvent ambitieuse pour l’époque, surtout aux Etats-Unis. Kingdom Come, qui paraît en décembre 1970, est leur premier album. 
En effet, s’il y a toujours des débats sur la naissance du Metal, sur les nuances entre Hard-rock et Heavy-metal, et Sir Lord Baltimore, comme Black Sabbath – toutes proportions gardées – font partie des groupes qui nourrissent ces interrogations. A bien des égards, leur musique se montre avant-gardiste en termes de saturation, de construction des riffs et des morceaux, si bien que les amateurs de Metal et de stoner en particulier y trouveront un ancêtre surprenant. 

Le groupe entame ainsi les hostilités avec le très lourd et efficace "Master Heartache", qui multiplie les riffs tous aussi bien trouvés les uns que les autres (le pont est terrible) ainsi que les fioritures saturées à la guitare. Une production parfois un peu abrupte accentue la sensation de rouleau-compresseur à l’écoute de l’album, alors que les effets (autant sur les guitares que sur la voix – "Hard Rain Fallin’") avaient déjà apporté leur pierre à l’édifice. Garner, complètement possédé, se hisse parmi les meilleurs interprètes (au niveau de l’incarnation plus que pour la qualité intrinsèque de sa voix) à ce poste pour ce qui est du début de la décennie : écoutez sa fougue sur "Lady of Fire", qui clôt une succession de trois titres d’une énergie redoutable. 

Mais attention, Sir Lord Baltimore est un groupe plus subtil qu’il n’y paraît, bien avant son tournant plus progressif sur leur second album. Croisant Yeats sur "Lake Isle of Innersfree", il propose un soupçon de romantisme avec des clavecins enjoués et envoutants, pour un moment de respiration et de calme avant le retour de la tempête musicale dans laquelle le hollandais-volant de la pochette semble s'engloutir. De même, "Kingdom Come", dans un tout autre registre est également plus complexe. Les guitares, acides et incisives, sont un contrepoids agressif aux parties chantées plus aériennes, tandis qu’on a le droit à un chorus exaltant quoique parfois maladroit. Une pièce que l’on s’empresse de conseiller. 

Des moments plus denses qui permettent de diversifier les plaisirs face aux très bons titres plein de groove et de puissance comme la reprise de Ray Charles "I Got a Woman", "Hellhound", ou le funky "Ain’t Got Hung on You". Des compositions solides qui permettent au groupe d’assurer en 1971 la première partie de Black Sabbath. 

Ecrire l’histoire du hard-rock naissant au début de la décennie nécessite d’avoir une vue d’ensemble de cette scène sans se limiter aux monstres sacrés : Sir Lord Baltimore fait partie des noms importants quoiqu’oubliés qui ont permis cette émergence. Il ne vous reste qu’à les découvrir.

François


Avatar du membre
Cooltrane
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 2681
Enregistré le : mer. 31 juil. 2019 14:18
Localisation : La Cambre

Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par Cooltrane » jeu. 19 janv. 2023 18:22

alcat01 a écrit :
jeu. 19 janv. 2023 15:42
Ivan_Melgar_M
Ha, mon pote réactionnaire péruvien - parfois surnommé Ivàn El Terribile. :]

Avatar du membre
alcat01
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 7669
Enregistré le : mar. 30 juil. 2019 20:51

Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par alcat01 » jeu. 19 janv. 2023 19:48

Image

Brian Gagnon désirant changer d'air quitte The Hunt pour former The Acetones et Carl Calvert le remplace à la basse.
Deux autres années s'écoulent avant qu'un troisième album, "The Thrill of the Kill", paraisse en 1982. Ce nouveau grand écart entre les enregistrements a certainement quelque chose à voir avec le peu de succès commercial qu'a connu le groupe jusque-là.

1982 est probablement l'une des années la plus forte de l'Histoire du Rock Canadien, avec les sorties remarquables et désormais classiques de "Juggernaut" de Frank Marino, de "Signals" de Rush, de "Metal On Metal" d'Anvil, de "Racing Time" de Santers et les débuts fracassants de Headpins avec "Turn It Loud", Lee Aaron et son "The Lee Aaron Project", Coney Hatchet et Aldo Nova et leurs albums éponymes respectifs.
Ce qui amène l'auditeur tout naturellement à ce petit joyau Canadien largement trop méconnu, "The Thrill of the Kill", en quelque sorte le chant du cygne du groupe, sorti à l'origine sur le petit label Daffodil vers la fin de l'année, peu de temps avant la fermeture dudit label.
Comme pour l'album précédent, la production est toujours particulièrement soignée et le fantastique Steve Vaughan est toujours là aux commandes et le nouveau trio, Paul Kersey à la batterie, Carl Calvert au chant à la basse, et Paul Dickinson à la guitare et au chant a fait un travail formidable.
Car c'est un album avec bien peu de points faibles dont les meilleurs moments sont sans aucun doute "You In the Night", "Time Goes On" et "The Hills", que l'on peut qualifier de grands morceaux de Hard Rock.
Il y a aussi deux reprises, "Fire" de The Crazy World of Arthur Brown et "Give It Up" écrit par Edward Leonetti, l'ancien guitariste de Privilege, mais elles ont reçu certainement le traitement de spécialiste de la part du groupe.
On y trouve quelques morceaux typiquement Canadiens comme "Show the World", "Hard Luck Story" et "The Great Divide" mais l'attrait de l'album réside dans des chansons plus froides comme "You in the Night ", "The Hills", "Seeing It Through", et "Time Goes On".
Ces morceaux sont presque, à la limite, de l'étranger avec leur combinaison de riffs en blocs et de voix exsangues, formant une masse métallique épaisse et soupeuse comme Triumph ou Helix à mi-régime.

La chanson d'ouverture, "Show The World" est un Rock des plus entraînants.
"You in the Night " est un morceau mid-tempo implacable doté d'un riff principal divin et de l'un des refrains les plus obsédants jamais entendu, et on ne peut plus l'oublier.
Avec Kim Mitchell, le guitariste de Max Webster en invité, "Time Goes On " continue de la même manière et brille par son refrain récurrent, presque mantrique et multicouche, avant que la basse ne s'arrête et que la chanson ne se transforme en une courte démonstration de guitare pour Paul Dickinson qui déchire tout à la manière de Randy Rhoads.
Puis il y a une version intéressante du classique d'Arthur Brown, "Fire", qui se compare favorablement à la version du groupe NWOBHM More sortie à la même époque. Bien sûr, elle vaut pas l'original.
"Seeing It Through" est un morceau de Hard Rock mid tempo particulièrement mélodique avec toujours ces riffs de tueurs.
Dans le même style que le morceau précédent,"The Great Divide" est dédié en partie à San Antonio.
Inspiré de Wes Craven, "The Hills" est un chef-d'œuvre dont la section d'introduction vous donnera des frissons - une tension et un relâchement typiques sur ce morceau qui vous attire et ne vous lâche plus. Un morceau de musique génial.
"Hard Luck Story" est un Hard Rock très inspiré et typique du groupe.
L'autre reprise est la chanson "Give It Up", plutôt banale mais entraînante, écrite par Eddie Leonetti, plus connu comme producteur de groupes comme Angel, Legs Diamond, Moxy et Skyhooks, entre autres. Il s'agit probablement d'une chanson destinée à la radio, bien que les compositions du groupe soient plus fortes.
L'introspectif "Wishing Well" est une magnifique ballade qui incorpore de belles guitares acoustiques.

En tant qu'album, "The Thrill of the Kill" est à la hauteur et il vaut la peine d'être découvert par les amateurs de Heavy.
Il est cependant dommage qu'il soit toujours resté un tuyau pour initiés. Après tout, il est sorti dans les années 80 et sonne encore frais et plein d'idées, un vrai petit chef-d'œuvre avec des pistes particulièrement remarquables.

Au cours de ses trois albums, le groupe aura changé de style à chaque sortie et cette fois-ci, il s'agissait d'un son Hard Rock plus commercial avec des refrains hymniques, une batterie puissante et des pistes de guitare brûlantes.
Et il est bien dommage qu'il n'y ait pas eu de disque suivant, car ce groupe démontrait vraiment un gros potentiel!

En 1984, Hunt se sépare de la plupart des membres du groupe qui se retirent de l'industrie musicale.


Avatar du membre
alcat01
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 7669
Enregistré le : mar. 30 juil. 2019 20:51

Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par alcat01 » ven. 20 janv. 2023 10:14

Image
Catfish Rising (1991)
C’est peu de dire que la production de Jethro Tull durant les années 80 est controversée. Ne retenant que le duo Ian Anderson-Martin Barre de la formation qui avait obtenu tant de succès dans les années 70, le groupe avait navigué entre tentatives de s’approprier les nouvelles sonorités et reflets fantomatiques de leur son d’antan.
Catfish Rising va marquer un remontée artistique pour les vétérans du Folk-Blues-Rock-Progressif anglais, à défaut d’être commerciale. Déjà il y a une bonne nouvelle, Jethro Tull cesse de se prendre pour Dire Straits, Anderson chantant moins comme Mark Knopfler (pour retrouver parfois même sa verve si particulière). Fini aussi les sons synthétiques qui convenaient souvent assez mal à la musique du groupe. Bref, c’est le Jethro Tull que l’on aime qui fait son retour ici, mais avec un son plus moderne, époque oblige.
Certes, « This Is Not Love » est dans la lignée des titres les plus Rock des albums précédents mais possède tout de même un côté plus rustique. Sans avoir de quoi devenir un classique comme « Locomotive Breath » ou « Hymn 43 », cela reste un bon petit Rock qui fait plaisir. Le Rock narquois de « Occasional Demons » est également plaisant, même s’il lui manque un petit quelque chose pour retenir vraiment l’attention. Même s’il a toujours un petit côté Rock FM, l’électro-acoustique « Rocks On The Road » montre un Jethro Tull retrouvant agréablement ses racines. Anderson fait le clown sur le très Country Folk « Thinking Round Corners », ramenant les ambiances médiévales pour lesquelles ils sont connus, mais avec un Martin Barre plus présent que par le passé. « Still Loving You Tonight » rappelle le type de slow blues FM que Gary Moore réalisait à la même époque (la mélodie de guitare est même très proche de celle de « The Loner »), mais avec en plus des interventions acoustiques, tandis qu’Anderson chante évidemment de manière moins poignante que le balafré irlandais.
Retour au Rock entrainant sur « Doctor To My Disease » avec sa guitare à la ZZ Top avant de passer à ce qui est à mon sens la grande réussite de l’album. « Like A Tall Thin Girl » voit Jethro Tull renouer avec la tradition du Folk Rock médiéval comme à la grande époque de Songs From The Wood et Heavy Horses. Incontestablement, Ian Anderson est l’un des compositeurs à avoir le mieux su tirer parti de la mandoline dans le format Rock, l’instrument se mariant à merveille aux riffs ponctuels de Barre. « Sparrow On The Schoolyard Wall » voit Jethro Tull à nouveau se rapprocher de Dire Straits, mais cette fois avec des arrangements (flute, guitare acoustique) complètement dans leur univers à eux. « Roll Yer Own » marie habilement Folk Rock et Rhythm n Blues et voit Anderson continuer à utiliser sa mandoline, comme sur l’entrainant « Gold Tipped Boots, Black Jacket And Tie », cette fois plus Country que Blues.
La version CD, outre un ordre des titres un peu différents de celui que je vous ai présenté, propose également trois titres supplémentaires. Tout d’abord « When Jesus Came To Play » un Rock entre Rythm n Blues et Folk dans la pure tradition Jethro Tull. Ensuite « Sleeping With The Dog » un bon Blues où la flûte se dispute les honneurs avec la guitare, le tout soutenu par la basse lourde de Dave Pegg. Enfin, rare titre à rallonge (tout de même modeste, le groupe a fait nettement plus long), « White Innocence » qui s’écoute sans déplaisir, mais sans enthousiasme démesuré non plus, et rappelle un peu « Budapest » sur l’album Crest Of A Knave.

Sans jeter pour autant à la poubelle ce qui était sorti dans l’intervalle, on peut ainsi considérer Catfish Rising comme l’un des meilleur albums de Jethro Tull depuis Stormwatch. S’il manque assurément un classique, un titre vraiment mémorable qui aurait fait la différence, il est indéniable que Ian Anderson semble avoir repris du poil de la bête.
Si bien sûr on perçoit encore les résidus du style que le groupe a pratiqué dans les années 80, on retrouve surtout avec plaisir le style qui avait fait le succès du groupe dans les années 70 (le côté progressif d’un Thick Of The Brick en moins évidemment).

Ce fut pourtant aussi un chant du cygne pour Jethro Tull dont les sorties allaient se faire de plus en plus rares…
The Wicker Man


Avatar du membre
alcat01
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 7669
Enregistré le : mar. 30 juil. 2019 20:51

Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par alcat01 » ven. 20 janv. 2023 10:16

Image
The Time is Near (1970)
Fin 1969, après la publication de The Battle Of North West Six, Keef Hartley Band entre en studio pour la publication d’un 3ème Lp sur Deram en 1970, The Time Is Near… à la pochette magnifique en noir et blanc sur fond jaune. On y observe un indien sioux à cheval implorant le ciel. Illustration, inspirée de la sculpture de l’américain Cyrus Edwin Dallin, « Appeal To The Great Spirit », placée devant le musée des Beaux-Arts de Boston. Statue équestre qui résume le désespoir de l’indien. Après avoir été confronté à des trahisons et des promesses brisées, après avoir subi défaite après défaite dans des conflits armés en étant incapable d’arrêter l’ennemi, il cherche de l’aide auprès d’un pouvoir plus juste et plus grand que le simple mortel. Il fait appel au Grand Esprit qui règne sur l’univers. Sa posture implique la vulnérabilité d’un peuple spirituellement intact mais accablé. Bref, la pochette du disque évoque l’impact de la colonisation euro-américaine sur les peuples autochtones mais également un appel à la paix après tant de conflits.

Concernant le line-up, du changement s’est opéré. On y trouve toujours le batteur Keef Hartley, le guitariste/chanteur Miller Anderson, le bassiste Gary Thain et trompettiste/violoniste Henry Lowther. Le guitariste Spit James s’en est allé vers d’autres horizons. Les membres restants recrutent le saxophoniste Lyle Jenkins et le trompettiste/pianiste Dave Caswell. Le saxophoniste Jim Jewell, présent dans les opus précédents est relégué au rang de musicien additionnel. Autres invités, on y constate l’organiste Stewart Wicks et le percussionniste Del Roll. 

Musicalement, le groupe s’éloigne du blues qui caractérisait les opus précédents pour s’orienter vers un rock jazz aux effluves prog proche de Chicago Transit Authority ou de Blood, Sweat & Tears. En effet la bonne exploitation des cuivres qui s’harmonisent et pondent de belles mélodies séduisantes à l’américaine, montre un combo qui soigne sa production. De plus le groupe fait un bon compromis entre Halfbreed qui proposait de longues pistes sentant par moment l’improvisation et The Battle Of North West Six plus varié. En effet, The Time Is Near… offre un équilibre parfait entre des chansons courtes et des pistes plus élastiques. Et cela dans une parfaite cohérence, grâce aux cuivres bien évidement mais également la voix de crooner rock de Miller Anderson qui participe activement à la composition. Concernant les courtes pièces on trouve des balades comme le nostalgique « Morning Rain » en ouverture, l’insouciant « From The Window » et le désenchanté « Change » en conclusion. On y entend l’instrumental « Prémonition » fait d’excellents chorus entre la trompette, le sax et la six cordes électrique. Parmi ces chansons une se distingue, « Another Time, Another Place » écrite par Miller Anderson où dans une ambiance intimiste sa guitare acoustique est accompagnée d’un bugle automnal.

Restent les morceaux les plus longs. La piste éponyme par exemple dépassant les 10 mn et qui varie les tempos et les décors. Cela débute de manière paisible via une flûte rêveuse. Puis le ton est plus dramatique. Vient un break bluesy stoner qui sent les grands espaces, où la guitare élabore un magnifique solo acid rock sur fond de chœurs célestes. Les cuivres reviennent pour laisser place à une fiesta carnaval funky avec cette trompette d’inspiration cubaine. Probablement l’attraction de ce 33-tours. Quant à « You Can’t Take It With You » nous sommes dans le registre rhythm & blues. Miller Anderson, plus nerveux, s’essaye à la soul. Il laisse place à un break jazz avec un furieux chorus au sax avant de nous balancer encore une fois un bon solo avec sa gratte.

Keef Hartley signait une réussite artistique mais surtout venait de trouver la bonne formule. Reste pour ce dernier à confirmer.
jeanjacquesperez


Avatar du membre
alcat01
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 7669
Enregistré le : mar. 30 juil. 2019 20:51

Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par alcat01 » ven. 20 janv. 2023 11:09

Image

Même si le départ de Roth est une perte importante, aucun des autres membres de Scorpions ne va s'y opposer car il est clair que les divergences musicales entre lui et le reste du groupe sont devenues trop importantes.
Pendant ce temps, au Japon, la notoriété de Scorpions ne va qu'en grandissant. Le groupe entreprend donc d'y enregistrer un live en 1978: "Tokyo Tapes", double album qui réunit des enregistrements faits lors des différentes prestations de Scorpions. Cette série de concerts au Japon marquera la toute dernière apparition de Roth avec le groupe.
Enregistré les 24 et 27 Avril au Sun Plaza Hall de la capitale Japonaise, "Tokyo Tapes" est le témoignage définitif de la première partie de carrière de Scorpions, certainement la plus intéressante du groupe. Si la musique de la formation s'apprécie particulièrement sur album, elle prend, en live, une dimension supplémentaire, quasiment divine.
Les Allemands honorent leur réputation de bêtes de scène (cristallisée par cette pochette dégageant une énergie folle) et proposent une prestation en tous points irréprochable, dont la durée (1h 30) n'a d'égale que l'intensité.
Filmé de la main de Dieter Dierks lui-même, les fans espèrent d'ailleurs une sortie de ces bandes au format DVD.

De manière originale, Scorpions décide de débuter ces concerts par un titre inédit, "All Night Long"», utilisé jusqu'alors uniquement durant les soundchecks. Bien lui en prit car ce titre développe une énergie brute parfaitement à propos pour saisir les spectateurs sur le vif et les faire rentrer dans le show. C'est ensuite un déluge de titres tous aussi imparables les uns que les autres qui s'enchaînent pour le plus grand plaisir de l'auditeur.
Difficile d'isoler les moments les plus percutants et marquants de ce live dont l'ensemble forme un tout indissociable et d'intensité homogène. La doublette "In Trance" / "We'll Burn the Sky" vaut néanmoins à elle seule le fait de se le procurer.
Au sommet de ses capacités vocales, Meine se transforme tantôt en forcené, tantôt en crooner habité au service de compositions qui prennent une nouvelle dimension, notamment la deuxième, présentée dans une version rallongée qui voit Roth s'envoler dans un solo final d'une richesse et d'une beauté à couper le souffle. Mêlant une technique irréprochable et un feeling décoiffant, le guitar-hero prouve une nouvelle fois qu'il maîtrise son instrument à la perfection.
Et si les titres les plus Hard Rock du groupe constituent de véritables pépites dont on se délecte sans modération ("Pictured Life", "Top of the Bill", "Speedy's Coming", "Steamrock Fever", "Dark Lady", "Robot Man"...), les plus épiques du combo s'insèrent parfaitement dans cette mixture d'énergie brute et de sensibilité à fleur de peau. Collés, "In Search of the Piece of Mind" (seule piste rescapée de Lonesome Crow) et "Fly to the Rainbow" (néanmoins dénué de sa première partie) sont à compter parmi les moments les plus intenses du concert, juste après l'interprétation dantesque de "We'll Burn the Sky".

"Tokyo Tapes", c'est aussi l'album-bilan qui permet à Scorpions de rendre hommage à ses idoles de jeunesse, via les interprétations débridées de "Hound Dog" (Elvis Presley) et "Long Tall Sally" (Little Richard), ainsi qu'au peuple Japonais, qui le vaut bien tant il a permis à la carrière du groupe de décoller, à travers la rendition du traditionnel "Kojo No Tsuki", une nouvelle fois magnifiée par un Uli Jon Roth à l'aura décidément céleste.

"Tokyo Tapes" ou la fin d'un chapitre pour Scorpions qui peut laisser partir sereinement Roth dont le talent est enfin capté sur un témoignage live. Véritable missile supersonique à envoyer à la figure de tous ceux qui prétendent que le groupe ne compose que des ballades, c'est un album indispensable pour tout amateur de Hard Rock des années 70 qui se respecte.

Juste après cette tournée de 1978, Uli Jon Roth quitte définitivement le groupe.


Avatar du membre
alcat01
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 7669
Enregistré le : mar. 30 juil. 2019 20:51

Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par alcat01 » ven. 20 janv. 2023 13:25

Suite à la mort de David Crosby...

Image
1971 :If I Could Only Remember My Name
Les années 60 étaient terminées et David Crosby vivait sur un bateau. Mis à part le studio d'enregistrement, sa goélette de 59 pieds, nommée The Mayan, était le seul endroit où les choses avaient un sens. Lorsque Crosby avait 11 ans, ses parents ont décidé d'inscrire leur fils à des cours de voile. Le gamin californien aux yeux fous et riant avait une tendance anti-autoritaire qui commençait à lui causer des ennuis, et un peu de temps sur les quais, imaginaient-ils, pourrait lui donner une certaine discipline, ou du moins un endroit où passer ses étés. La voile est venue naturellement, comme il avait commandé de nombreux navires dans une vie antérieure. C'était un sentiment étrange, réconfortant et étrange. À la fin de la décennie, Crosby a écrit la chanson titre de l'album à succès de Crosby, Stills, Nash & Young, Déjà Vu , sur cette sensation même.
À peu près à la même époque, il a subi sa première perte majeure. En 1969, en route pour emmener les chats chez le vétérinaire, la petite amie de Crosby, Christine Hinton, a fait un écart avec sa camionnette et s'est écrasée dans un autobus scolaire. Elle est morte instantanément. Affligé de chagrin et déprimé, Crosby se tenait au début d'une longue spirale qui consommerait ses deux prochaines décennies. "J'ai vu une partie de David mourir ce jour-là", a écrit son coéquipier Graham Nash. "Il s'est demandé à haute voix ce que l'univers lui faisait." Il s'est tourné vers les drogues dures. Quinze ans plus tard, il était en prison, presque méconnaissable, l'étincelle créative qui l'avait défini s'est presque dissipée. Crosby semblait n'exister qu'au passé.
Dans la belle comédie tragique qu'est la radio rock classique, David Crosby n'est presque jamais le protagoniste. Il ressemble plus à l'acolyte défoncé - coloré, adorable, toujours juste un peu dans les parages . De temps en temps, il prend la tête, mais sa voix reste la plus reconnaissable comme celle quelque part au milieu - d'abord dans les Byrds, ensuite dans CSN, puis dans CSNY. On a beaucoup parlé de son ego – et en grande partie par Crosby lui-même – mais peu d'artistes se sont autant contentés d'avoir un héritage défini par les gens qui les entourent. Entouré d'amis, il était heureux. "Je n'avais jamais vu quelqu'un qui avait autant d'intérêt, de joie et de réaction spontanée", a déclaré Grace Slick à propos de sa première rencontre avec Crosby dans les années 60. "Vous pouviez simplement regarder son visage et être ravi parce qu'il y avait un être humain qui tirait cette excitation enfantine de choses."
Comme la voile, la musique est venue naturellement au jeune Crosby. Son réveil est arrivé à l'âge de quatre ans, lorsque sa mère l'a emmené voir un orchestre symphonique dans le parc. Il était fasciné par tout, sauf par les compositions elles-mêmes. Il s'est assis dans la crainte des murmures chaotiques pendant que les musiciens accordaient leurs instruments; la danse syncopée de leurs coudes lorsqu'ils entrent en action ; comment un vaste corps de voix a pu s'unir, tout à coup, dans l'harmonie. Il a remarqué qu'aucun de ces sons ne serait aussi puissant à lui seul. "Ça vient de déferler sur moi comme une vague", se dit-il. C'est un fil qu'il a suivi tout au long de sa carrière.

Alors que If I Could Only Remember My Name de 1971 est la première sortie créditée à Crosby en tant qu'artiste solo - et pendant longtemps, la seule sortie - c'est un album défini par l'harmonie, la communauté et l'unité. Le groupe de soutien est composé de membres des Grateful Dead et de Jefferson Airplane, avec des apparitions notables de Neil Young, Joni Mitchell et Graham Nash. Au moment de sa sortie, il s'agissait de certains des noms les plus populaires de la musique, presque tous venant de leurs meilleurs pics de carrière et de leurs sommets commerciaux. Et pourtant, ensemble, ils sonnent glorieusement abstraits. La musique ressemble au son d'un rêve lorsque vous essayez de le raconter le matin : brumeux, vaguement cohérent, se dissolvant en temps réel.
C'est l'empreinte digitale de David Crosby. Revenez sur ses premières chansons et vous pourrez entendre un artiste se battre contre les limites de la musique populaire. Il jouait de la guitare de manière étrange, optant pour des accords étranges qui transportaient ses chansons et ses paroles dans des endroits inattendus. Sa première grande chanson, " Everybody's Been Burned " des Byrds , sonne un peu comme un standard, à l'exception du solo de basse tout au long. Plus tard, dans un morceau intitulé « What's Happening ?!?! », a-t-il chanté à travers ce qui ressemble à un rire à peine contenu, comme quelqu'un exaspéré par tout ce qu'il a à dire, réalisant à quel point les mots manquent à nos visions les plus profondes. Le groupe peut à peine le suivre.
L'histoire raconte que Crosby a été expulsé des Byrds pour plusieurs raisons. Premièrement, il était difficile de travailler avec lui. Deuxièmement, il s'était mis à se livrer à de longues diatribes sur scène, virant vers des théories du complot sur l'assassinat de John F. Kennedy. Troisièmement, il avait écrit cette petite chanson gênante sur un plan à trois. Poursuivant sa séquence non monogame, il avait également accepté de jouer un rôle avec Stephen Stills dans Buffalo Springfield au Monterey Pop Festival. Ses camarades de groupe l'ont pris comme un signe de déloyauté - ou peut-être juste une excuse pour l'abandonner. Peu de temps après son renvoi des Byrds, Crosby et Stills ont commencé à travailler avec Graham Nash des Hollies sur un nouveau projet axé sur l'écriture de chansons serrées et l'harmonie en trois parties. Avec Nash, Crosby a trouvé son partenaire le plus naturel et le plus cohérent : quelqu'un qui riait de ses blagues, lui apportait réconfort et sagesse quand il en avait besoin et le rejoignait sur The Mayan pour de longues randonnées le long de la côte californienne.
Vers la fin de If I Could Only Remember My Name, Nash et Crosby se sont mis en duo sur un morceau de musique magnifique et sans paroles, s'éparpillant sur l'une des meilleures mélodies que Crosby ait jamais écrites. "...Je l'ai appelé" A Song With No Words "...", annonce-t-il fièrement lors d'un spectacle en 1970, désignant Nash à ses côtés. « Il l'appelait « Un arbre sans feuilles ». Cela vous montre où il en est. Le public rit. Sur la pochette du disque, la chanson a les deux titres, Nash entre parenthèses, un compromis symbolique qui témoigne de la mentalité de groupe du disque. Seul avec sa musique, Crosby a entendu des sketches. Avec ses amis autour, ils sont devenus des forces de la nature.

La création de l'album impliquait que Crosby passe du temps libre seul dans le studio, appuyé contre un mur ou s'effondrant en larmes, avant que ses collaborateurs n'arrivent pour élever l'ambiance et animer la musique. La pédale steel de Jerry Garcia et la voix harmonieuse de Joni Mitchell transforment "Laughing", la chanson la plus conventionnelle du disque, en un idéal psyché-folk : un coucher de soleil paresseux qui gagne en résonance à mesure qu'il s'atténue. L'ouverture kaléidoscopique "Music Is Love" n'était qu'un riff de guitare plaintif avant que la chorale n'en fasse une commune. « Tout le monde dit que la musique, c'est l'amour », chantent-ils tous, l'un après l'autre, créant un monde où c'est vrai.
Crosby était catégorique de ne pas laisser sa douleur définir le disque. "Je n'ai pas plus de compréhension qu'une fourmi quand on lui arrache les jambes", a-t-il déclaré à Rolling Stone à propos de son chagrin. Il a parlé de son désir de garder la tristesse pour lui - "Ce fut le voyage le plus horrible de ma vie et personne n'a besoin d'y aller" - pour que sa musique reste une évasion. L'album se termine quelque part au milieu. C'est un son paisible mais brisé.
La seule chanson avec un arc narratif est "Cowboy Movie". Il raconte l'histoire à peine voilée de la dissipation de CSNY, moins intéressante pour sa mythologie hippy-comedown que sa description d'un narrateur se trouvant plus désespéré et seul à chaque minute qui passe. L'histoire est aussi dans la musique : un squelette noueux et paranoïaque de la chanson de 1969 de Young « Down by the River » qui crépite et s'estompe comme un feu de camp mourant. La voix de Crosby est plus rauque que d'habitude. "Maintenant, je meurs ici à Albuquerque", chante-t-il à la fin. "Je suis peut-être le spectacle le plus triste que vous ayez jamais vu."
Le disque se termine par deux chansons que Crosby a enregistrées lui-même. Les deux sont principalement a cappella, sa voix se superposant pour sonner angélique et vaste. "J'étais assis là, en train de faire l'imbécile", dit-il à propos de ces expériences, "et puis tout d'un coup, je ne faisais plus l'imbécile". Intitulée "I'd Swear There Was Somebody Here", la chanson de clôture a depuis été identifiée comme l'élégie de Crosby pour Christine. Sur un disque qui comprend certains de ses écrits les plus pointus sur la politique ("What Are Their Names") et la perte ("Traction in the Rain"), c'était sa déclaration la plus claire. Il a l'air impuissant, hanté.

Tout au long des années 70, Crosby est lentement devenu flou. Lui et Nash ont fait quelques disques solides en duo et CSN a eu plusieurs autres succès pendant qu'ils se séparaient. Nash savait que le groupe était fini quand il a vu Crosby abandonner un jam après que sa pipe à crack soit tombée d'un ampli. Les choses n'ont fait qu'empirer. À un moment donné, Crosby est monté à bord du Mayan pour tenter de fuir les flics avant de finalement se rendre au FBI. Il a quitté la prison un an plus tard avec ses cheveux coupés courts et sa moustache emblématique rasée. Devenu abstinent, sa santé a commencé à se détériorer. Il a failli mourir d'une insuffisance hépatique dans les années 90 et, lorsqu'il s'est rétabli, le diabète et les maladies cardiaques ont suivi.
Sam Sodomski


Avatar du membre
alcat01
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 7669
Enregistré le : mar. 30 juil. 2019 20:51

Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par alcat01 » ven. 20 janv. 2023 13:51

Image
1971 : Sir Lord Baltimore
Comme un grand cru, le premier album de Sir Lord Baltimore, Kingdom Come, était considéré comme n'ayant rien d'exceptionnel lors de sa sortie en 1970, mais après avoir vieilli pendant des années dans les caves poussiéreuses de la mémoire musicale, son maelström sonore révolutionnaire fait de volume et de distorsion sauvages a finalement été reconnu comme présageant l'essor du heavy metal (Kingdom Come en effet).
Tout cela n'est pas d'une grande utilité pour les natifs de Brooklyn en 1971, alors qu'ils s'apprêtent à retourner en studio avec un quatrième membre nouvellement ajouté, Joey Dambra (frère du lead guitariste Lou), pour une deuxième et, à leur insu, dernière fois. De plus, le puissant manager du groupe, Dee Anthony (Humble Pie, Peter Frampton, Joe Cocker, etc.), les avait récemment convaincus de rompre les liens avec leur découvreur et conseiller créatif, Mike Appel, et bien qu'Anthony ait tenu sa promesse de contrats d'enregistrement (avec Mercury) et de concerts de haut niveau (ouverture pour Black Sabbath, entre autres), SLB semblait manquer de conseils pour leur deuxième album éponyme.
La première face, en particulier, est presque méconnaissable comme étant l'œuvre des mêmes hooligans béatement naïfs mais inspirés qui ont violé et pillé leur chemin à travers Kingdom Come avec un abandon sauvage; Le morceau d'ouverture "Man from Manhattan" est un pastiche d'art rock maladroit comportant plusieurs sections déconnectées au cours de dix minutes déroutantes, tandis que le deuxième morceau, "Where Are We Going", tente sans succès de mélanger chanteurs de soul et hard rock, et est encore atténué par des bruits de foule superposés pour faire croire à un enregistrement en live. Pour sa part, la deuxième face présente un quatuor beaucoup plus familier et infiniment plus satisfaisant de heavy rocks concis et puissants tels que "Chicago Lives" et "Loe and Behold" [sic] qui sont à peine plus "civilisés" et, dans le cas du méga-riffé "Woman Tamer", nettement plus lents que ces éruptions du premier album - il ne reste que le "Caesar LXXI", une fois de plus influencé par le prog, pour conclure le LP de manière moins brillante.
Un peu comme la fin imminente de la carrière de Sir Lord Baltimore, en fait, une fois qu'ils ont été abandonnés par Mercury et Anthony après une nouvelle déception dans les magasins de disques avec ce LP.
Leur carrière ne s'en remettra jamais, mais leur héritage, oui... et comment ! [Lorsqu'il a finalement été réédité en même temps que le premier album de SLB au milieu des années 90, ce deuxième opus avait ses deux faces vinyles inversées de sorte que "Chicago Lives" passait en premier et "Where Are We Going" en dernier].
Eduardo Rivadavia


Avatar du membre
alcat01
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 7669
Enregistré le : mar. 30 juil. 2019 20:51

Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par alcat01 » ven. 20 janv. 2023 15:37

Image
1973 - The Marshall Tucker Band
THE MARSHALL TUCKER BAND: un nom bien connu aux USA, une institution même. Par contre, en Europe, quasiment personne ne connaît ce groupe, en dehors d’un cercle d’initiés comprenant fans et curieux. Ce groupe a marqué de son empreinte l’Histoire du Rock américain en ayant publié de nombreux albums devenus cultes, légendaires et s’avérant être des odes magistrales au patrimoine musical américain, mais aussi, hélas, en ayant connu des drames tragiques (comme de nombreuses formations de Rock Sudiste), 3 membres du line-up original (notamment les frères Caldwell) ayant passé l’arme à gauche.

Cette formation originaire de la Caroline du Sud (de Spartanburg, pour être tout à fait précis) a comme particularité de compter dans ses rangs un musicien (Jerry Eubanks) qui pratique de la flûte et du saxophone, ce qui n’est pas banal chez un groupe de Rock et contribue aussi à enrichir la musique du MARSHALL TUCKER BAND. C’est en 1973 que ce sextette américain effectue ses débuts discographiques avec la sortie d’un album éponyme qui sera le premier jalon d’une longue, très longue carrière (puisque le groupe est toujours en activité de nos jours avec, comme dernier rescapé du line-up de base le chanteur Doug Gray).

Ce qui frappe d’entrée, c’est la personnalité déjà affirmée de ce groupe évoluant en tant que sextette. En effet, la musique pratiquée par THE MARSHALL TUCKER BAND est un savant mélange de Country, de Rock Sudiste, de Blues et de Jazz, le tout sera d’ailleurs, avec le temps, enrichi d’influences progressives. Et pour compléter le tout, le groupe drivé par Doug Gray et les frères Toy et Tommy Caldwell a incorporé, comme indiqué un peu plus haut, de la flûte et du violon dans sa tambouille, ce qui forge davantage l’identité particulière du groupe. Qui plus est, l’inspiration et la qualité sont également au rendez-vous. D’emblée, le MARSHALL TUCKER BAND casse la baraque en assénant avec le mélodieux « Take The Highway » un titre épique assez long, gorgé de feeling, qui est une invitation à un voyage enchanteur, à des chevauchées aventureuses à travers les grands espaces et qui se voit transcendé par une flûte omniprésente, un solo de guitare particulièrement véloce et une petite jam finale impromptue pour parachever l’ouvrage façon feu d’artifice. En tous les cas, on peut dire que ce titre, un classique en puissance, porte vraiment bien son nom. On est à peine remis de nos émotions que le MARSHALL TUCKER BAND enfonce encore plus le clou en enchaînant magistralement avec « Can’t You See », un mega-hymne Rock Sudiste en forme de ballade countrysante qui transporte littéralement l’auditeur tellement il est irrésistible, goûteux de par ses textures mélodiques et son feeling qui font mouche. Voilà précisément le genre de titre, devenu intemporel, que toute station de radio Classic-Rock qui se respecte se doit de diffuser régulièrement afin d’initier les plus jeunes générations aux bonnes choses. Autre classique en puissance de cet album, « Ramblin’ « , qui s’avère être le titre le plus remuant, le plus résolument Rock n’ Roll de l’album et qui se voit enrichi de relents Jazz et Blues, notamment sur la jam instrumentale présente. Là, tous les musiciens sont au taquet, particulièrement exubérants: c’est flagrant sur le solo de guitare marathonien qui décoiffe et quelque chose me dit que Eddie Van Halen et David Lee Roth n’ont certainement pas été insensibles à ce titre bandant à souhait au moment de peaufiner l’entité VAN HALEN.

Si ces 3 titres mentionnés constituent les moments les plus marquants, les plus hymniques de l’album, celui-ci regorge d’autres trouvailles dignes d’intêrets, suffisamment inspirées pour que l’auditeur garde sa concentration. Le sextette de la Caroline du Nord a de la suite dans les idées pour utiliser à bon escient son savoir-faire. Ainsi, il n’a aucune peine à convaincre avec l’enjoué « Hillbilly Band » qui fait taper du pied et se voit arrosé de fiddle, la ballade résolument Country « Losing You » qui nous emmène dans l’Amérique profonde en fleurant bon le Far West, les westerns qui ont marqué des générations entières et qui est transcendée par un solo de guitare sèche de toute beauté, ainsi que des mélodies jazzys du plus bel effet. Avec « My Jesus Told Me So », on a droit à un Blues appuyé par des choeurs gospellisants inspirés qui donnent du tonus au refrain, le tout servi par des mélodies aux petits oignons, tandis que « Ab’s Song », quelque part entre Folk et Country », est une courte chanson qu’on peut apparenter à une sorte d’outro idéale pour clôturer un disque, une façon de dire à l’auditeur: « Au revoir et à bientôt pour de nouvelles aventures musicales en notre compagnie ».

Dommage cependant qu’il y ait au milieu du disque « See You Later, I’m Gone », un titre Country un peu trop expéditif, balancé à la va-vite. Il s’agit du seul titre faible, en tout cas en dessous du reste de l’album. Autrement, THE MARSHALL TUCKER BAND aurait réussi le sans-faute pour son premier album.

Toutefois, ce seul petit faux-pas n’est que peu de choses en comparaison avec la qualité intrinsèque de ce premier album éponyme du MARSHALL TUCKER BAND qui nous emmène gaillardement dans les contrées de l’Amérique sans ses artifices, sans ses mauvais côtés, celle qui est restée authentique jusqu’au bout des ongles. Avec ce premier album, THE MARSHALL TUCKER BAND a placé la barre très haut en étant passé tout près du 8/8 (il se satisfera d’un plus que satisfaisant 7/8).

Aujourd’hui, ce disque, qui a atteint le cap du disque d’or US quelques années après sa sortie, fait partie des classiques du Rock américain au sens large du terme.
Trendkill


Avatar du membre
alcat01
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 7669
Enregistré le : mar. 30 juil. 2019 20:51

Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par alcat01 » ven. 20 janv. 2023 18:08

Image
1983 : White Flames
Peu - dont Snowy White lui-même sans doute - auraient cru qu'un an après avoir quitté Thin Lizzy, il apparaitrait à nouveau sur Top Of The Pops, cette fois avec un single de son premier album solo, White Flames. Je me souviens de l'émission de radio de l'après-midi de Steve Wright (sûrement qu'il n'a pas été là tout ce temps ! ?) était largement responsable de la popularité de « Bird Of Paradise ». Mais la chanson n'est pas très représentative de White Flames, qui est un vrai melting pot de genres musicaux. Le batteur Richard Bailey (Jeff Beck - Blow By Blow) et Kuma Harada (basse) ont fait une section rythmique chic. Le livret ne crédite aucun claviériste, mais c'était Jess Bailey et Godfrey Wang.
Après le succès du single, les deux « Bird Of Paradise » et « Lucky Star » ont été retravaillés et le lp a son ordre de fonctionnement ré-équilibré sur le CD - cela donne un accent important sur les instrumentaux au début, ce qui fonctionne vraiment bien. Musicalement, je décrirais White Flames comme souvent : « Snowy White rencontre Colosseum II, Peter Green et Al Stewart avec une sensation contemporaine (pour l'époque) - un peu de Dire Straits et de New Wave pop - même Duran Duran et Nik Kershaw - et un peu rétro, avec des notes d'Hendrix et Santana, ainsi que quelques unes de Thin Lizzy jetées dedans pour une bonne mesure (!) ». D'une certaine manière, tout fonctionne, et si vous pensez que cela parait un mélange intéressant et n'avez pas rencontré White Flames avant, voici un rapide coup d'oeil au CD :

« Open Carefully» - Un instrumental, qui a une nouvelle sensation de vague (oui, vraiment) au début, puis se tourne vers du jazz-rock avant que Snowy ne déchire tout avec des solos trempés dans le blues.
« At The Crossroads » - dont la première partie est un long passage instrumental ; avec une guitare lourde qui cède la place étonnamment à une chanson douteuse et une belle guitare acoustique espagnole (le côté Al Stewart). Le chant de Snowy est OK, mais parlé plus que chanté - il est clairement guitariste d'abord et chanteur ensuite. Un écrivain décent cependant (une autre surprise) et des paroles très personnelles.
« The Journey Part One » - Un lent brûlôt pour démarrer cet instrumental en deux parties (très Peter Green/Fleetwood Mac) menant à...
« The Journey Part Two » - Où le rythme s'accélère (style Colosseum II), avec Milou utilisant un retour contrôlé pour un grand effet.
« Lucky Star » - une chanson pop qui a ouvert le LP face 1 et pourrait facilement être un autre single. Encore une fois, la voix cède la place à une instrumentation jazzy et puis Snowy saute avec un excellent solo jazzy blues. Il se termine par une longue guitare blues qui, pour moi, va trop longtemps sans direction claire.
« It's No Secret » - Une autre chanson pop mais plus rock et plus court, avec un outro de guitare blues qui se termine trop tôt cette fois.
« Don't Turn Back » - Plus pop - me rappelle le « Driver Seat » de Sniff 'n' The Tears' (que j'aime vraiment) rencontre « Echo Beach » de Martha et les Muffins (que j'aime aussi) avec un saupoudrage de guitare de style Peter Green pour une bonne mesure !
« Bird Of Paradise » - Une ballade très attenante, élevée par un bon solo de blues. Pas la version single et meilleure qu'elle.
« Lucky I've Got You » - Un morceau pop piloté par la basse. La seule piste légèrement faible ici. Joli lead de guitare.
« The Answer » - Un vrai orage pour finir. Je pense que Snowy a contribué plus à Thin Lizzy qu'il ne reçoit souvent le mérite et l'introduction à cette piste plus que des indices à ce sujet, avant qu'il ne se lance dans un riff de style Colosseum II et une voix lourde - pas de soupçon de pop ici ! Mon préféré de tout ça.
Je me souviens d'avoir acheté l'album et d'avoir été vraiment surpris par le mélange de styles - qui me plaisent, alors peut-être que j'étais obligé de l'aimer - bien que cela ne plairait pas à tout le monde. Les solos de Snowy sont improvisés et sans effort. J'imagine que c'était un album facile pour de tels types talentueux à faire et ils ont aimé le faire. Je suis vraiment heureux d'avoir redécouvert White Flames et le CD est superbement remasterisé et joliment présenté dans un digi-pak.Il y a un livret informatif, qui comprend un long essai du journaliste musical Chris Welch et des notes individuelles de Snowy lui-même qui feront une lecture intéressante.
Je recommande cet album à tous ceux qui apprécient la superbe musicalité avec un accent blues rock/jazz rock et un soupçon de pop.
Pour moi, au moins, il a fallu de la musique « cross-over » à un nouveau niveau (que ce soit le cas ou non). Tout guitariste demandé à jouer pour Pink Floyd et Thin Lizzy devait avoir du talent et White Flames le démontre parfaitement. Bien que cette musique sera toujours un intérêt minoritaire qui peut le rendre d'autant plus intéressant à découvrir.
Derek Clacton


Répondre