à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Pour y papoter, parler de ce que vous écoutez en ce moment, délirer, s'amuser...
Avatar du membre
alcat01
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 10397
Enregistré le : mar. 30 juil. 2019 20:51

Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par alcat01 » mer. 22 févr. 2023 16:16

Image
666
Pour moi, Demis Roussos a été mon cauchemar dans ma jeunesse avec mes parents qui écoutaient en boucle ses disques et Vangelis un formidable compositeur de musique de films. Pourtant, ces deux là ont fait partie d'un sacré groupe de rock.
Aphrodite’s Child n’a sorti que trois albums mais ça a suffit pour lancer ces deux artistes dans de longue carrière. Après le succès des deux premiers albums, les grecs vont sortir 666. Au moment de la sortie du disque, le groupe est déjà séparé et ce disque s’est enregistré dans des conditions calamiteuses. Il se dit aussi que les musiciens étaient sous l’emprise du sahlep au moment de l’enregistrement.
Non, il ne s’agit pas d’un dérivé du LSD mais d’une boisson chaude turque à base de café et de diverses épices. Contrairement aux apparences, 666 n’a rien à voir avec Belzébuth. C’est un concept-album qui tourne autour de l’apocalypse selon St-Jean. Les textes signés Costas Ferris en sont d’ailleurs fortement inspirés. Vangelis s’est chargé des musiques et on devine la voie empruntée par le musicien dans un futur proche au détour de quelques titres. Les autres membres se contentant de bribes à l’image de Demis Roussos qui ne chante que quatre titres ….
Pour résumer ce disque, je dirais que c’est un immense foutoir ou se côtoient rock, pop, jazz, musique orientale et délire interdit aux moins de dix-huit ans. L’album est assez long et il faut bien plusieurs écoutes pour arriver à en capter les sens. Certains titres comme « Babylon » ou « The Four Hoursemen » sont délibérément rock progressif avec Demis Roussos au chant. On y retrouve tous les ingrédients pour faire un bon rock efficace avec une bonne rythmique et des guitares assez acérées. Les mélodies et refrains sont assez simples mais efficaces, en gros c’est le Aphrodite’s Child que l’on connaît. Un grand nombre d’instrumentaux plus ou moins courts parsèment cet album. On passe du floydien « Aegian Sea » à l’oriental « The Marching Beast » sans oublier le jazzy « Do It ». Là ou les choses se compliquent c’est avec des titres comme « Altamont ». Le chanteur se lance dans un funk compulsif avec au passage un scat du meilleur aloi. C’est assez spécial mais c’est rien par rapport à « The Beast ». Un titre complètement déjanté avec comme seules paroles des cris de jouissance plus ou moins exaltés. Le genre de morceau qu’il vaut mieux éviter de mettre trop fort histoire d’éviter de passer pour un obsédé sexuel de premier ordre …. Ce disque contient aussi deux titres franchement pop assez faciles d’accés avec « Break » et « Hic Et Nunc ». Si par hasard, vous n’arrivez pas à supporter ce disque, je vous conseille «All The Seats Were Occupied ». Un titre de vingt minutes qui résume le contenu de cet objet musical non identifié. Tout y passe, des passages de chansons aux ambiances arabisantes ou rock sans oublier quelques passages de « The Beast ». C’est la symbiose parfaite de ce disque et vous verrez vous allez passer vingt bonnes minutes bien barrées !

Décrire 666 est mission impossible mais ça reste une belle expérience auditive.
alf04180


Avatar du membre
alcat01
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 10397
Enregistré le : mar. 30 juil. 2019 20:51

Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par alcat01 » mer. 22 févr. 2023 17:50

Image
Holiday Harmony (2002)
Alors que Gerry Beckley et Dewey Bunnell se chargent des guitares et du chant sur cet album de vacances, Andrew Gold devient en quelque sorte un troisième membre, produisant, arrangeant, réalisant l'ingénierie et jouant de tous les autres instruments (à l'exception de l'alto sur "Let It Snow").
Bien que trois de ces 13 titres soient des originaux sur le thème des fêtes, la majeure partie est consacrée à l'interprétation par America des standards de Noël et des fêtes, dont la plupart sont très connus : " Winter Wonderland ", " Let It Snow ", " White Christmas ", " Sleigh Ride ", " Silver Bells ", " Frosty the Snowman ", " Silent Night ", " The First Noel ".
C'est un album compétent, mais qui a l'air d'être jeté, comme c'est le cas de nombreux albums de Noël réalisés par des artistes qui n'en sont plus à leur coup d'essai.
Il est certain que des traits de type America sont souvent entendus, comme sur le lever de rideau "Winter Wonderland", où certaines des harmonies semblent arrangées pour imiter celles de leur ancien tube "A Horse With No Name".
Il s'agit d'un enregistrement discret, insipide et sans importance, avec une touche de rock contemporain pour adultes, qui ne figure pas parmi les meilleures options pour les collections de vacances ou les sorties d'America.
Richie Unterberger


lienard
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 2846
Enregistré le : ven. 2 août 2019 18:28

Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par lienard » mer. 22 févr. 2023 17:57

Hé moi qui croyais tout posséder au sujet de AMERICA .. on trouve toujours plus fort que soi ... merci à toi d'avoir croisé ma route .. :chapozzz:

Avatar du membre
alcat01
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 10397
Enregistré le : mar. 30 juil. 2019 20:51

Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par alcat01 » mer. 22 févr. 2023 19:55

Image
1969 : Spooky Two
Le temps engendre l’oubli et dans la rock music, des tas de groupes tombent dans le gouffre sans fond de l’histoire, alors que d’autres bénéficient de coffrets anniversaires augmentés de bonus ou de versions inédites.
Spooky Tooth par exemple qui s’en souvient ?
Pourtant en cette année 1969, ce groupe est au top, mais regardons d’abord le line up.
Greg Ridley est à la basse, il rejoindra bientôt les Small Faces puis Humble Pie, Luther Grosvenor le guitariste changera de nom (Ariel Bender) avant de rejoindre Mott the Hoople, Mike Kellie et Gary Wright feront les beaux jours du groupe de notre Johnny avant de jouer avec George Harrison ou Ringo Starr et des tas d’autres. Et puis Mike Harrison le chanteur, que dis-je LA VOIX du groupe. Comment expliquer que Paul Rodgers, Robert Plant, Roger Chapman, Ian Anderson, Joe Cocker soient restés dans les mémoires alors que lui vivote avec un groupe au nom improbable le Hamburg Blues Band, en écumant les clubs allemands.
Car ce mec a une voix fabuleuse, je le situe juste derrière Steve Winwood dans la catégorie chanteur anglais du début des seventies.

A la production Jimmy Miller et Andy Johns, rien que cela et pour la photo de pochette Ethan Russell (le mec qui a fait la pochette de Let It Be) et l’album sort chez Island Records, le label de Chris Blackwell.
Et c’est un grand disque qui débute en douceur par une batterie qui monte, monte pour arriver sur « Waitin' for the Wind" où Wright et Harrison se répondent, puis "Feelin’ Bad" avec Joe Cocker justement dans les chœurs, suivi d’un romantique "I've Got Enough Heartaches".
Mais voici le meilleur, les titres suivant, presque dix minutes de "Evil Woman" la guitare se fait furieuse, le chant de Harrison est particulièrement sensuel et Robert Plant a certainement écouté plusieurs fois ce morceau.

"Lost in My Dream" compose par Wright continue la montée en puissance, amplifiée par "That Was Only Yesterday” et surtout "Better By You, Better Than Me" dont la reprise par Judas Priest se terminera par une action en justice.
Pour l’anecdote, les ligues de vertu américaines avaient crié au blasphème, alors que cette chanson n’était même pas composée par Judas Priest.
"Hangman Hang My Shell on a Tree" termine en beauté et en douceur l’album, moment de douceur et de de paix après le déferlement des titres précédents.

Spooky Two est un chef-d’œuvre méconnu, mélange délicat et réussi de romantisme, de solos de guitares inspirés, propulsés par les nappes d’orgue et sublimés par la voix de Mike Harrison.
Le groupe ensuite fera un LP avec Pierre Henry (Ceremony) avant de sortir The Last Puff autre grand disque en 1970, mais les multiples changements de personnel mineront la formation qui se séparera en 1974.
Quelques tentatives de reformation en 1998 puis en 2004 ne seront hélas qu’éphémères.

Il reste ce disque qui a traversé le temps.
BAYOU


Avatar du membre
alcat01
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 10397
Enregistré le : mar. 30 juil. 2019 20:51

Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par alcat01 » jeu. 23 févr. 2023 10:16

Image
Anytime, Anyplace, Anywhere
On le sait, le drame du crash de l’avion de Lynyrd Skynyrd coûtera leur vie à deux membres du groupe (ainsi qu’une de leurs choristes et de plusieurs autres passagers). La majorité du groupe se retrouve aux soins intensifs et pour un bon bout de temps. Seuls le batteur Artimus Pyle et le pianiste Billy Powell s’en sortent relativement bien. Rejoints par le bassiste Leon Wilkeson et la choriste Jojo Billinglsey à leur sortie de l’hôpital, ils forment le groupe Alias avec le guitariste Barry Lee Harwood (un proche du Skynyrd) le temps d’un l’album. Mais lorsque Gary Rossington et Allen Collins (les deux fondateurs survivants) sortent à leur tour, la fine équipe (Rossington, Collins, Powell, Wilkeson et Pyle) se reforme fatalement. Evidemment, sans Ronnie Van Zant, s’appeler Lynyrd Skynyrd semble hors sujet et pour éviter toute comparaison avec leur ancien chanteur, il est décidé que le groupe engagerait une chanteuse. Curieusement ce ne sera aucune des deux choristes survivantes (Billingsley et Leslie Hawkins) qui sera retenue mais une certaine Dale Krantz. Barry Lee Harwood, déjà cité, tiendra la troisième guitare. Mais juste avant de commencer à travailler à un album, voilà qu’Artiums Pyle est victime d’un grave accident de moto. Le batteur, qui doit avoir un sérieux ange gardien, s’en tire à nouveau mais avec des blessures bien plus sévères que précédemment. Se sachant immobilisé pour longtemps, il décide de passer son tour et c’est donc Derek Hess qui deviendra le batteur de ce qui s’appellera désormais le Rossington Collins Band.

Dès « Prime Time » il est évident que ce sont les membres survivants de Lynyrd Skynyrd qui officient ici. Le style est dans la continuité de ce que le groupe avait effectué jusqu’alors. Rossington, Collins et les autres ont pris la bonne décision, poursuivre l’héritage sans pour autant donner l’impression d’une continuité immédiate. La voix de Dale Krantz, chaude et rauque, un peu comme une version moins Pop de Bonnie Tyler ou une Tina Turner moins sauvage, convient parfaitement au style du groupe. Le titre en lui-même n’a rien d’extraordinaire, c’est un mid-tempo Southern Rock des plus classiques, mais a certainement dû faire du bien aux fans orphelins de Lynyrd Skynyrd. Peut-être la ballade « Three Times As Bad » vient-elle un peu vite dans la chronologie. C’est malgré tout une belle ballade où la voix de Krantz met bien en avant la dominante Soul. Plus remuant, « Don’t Misunderstand Me », qui voit Krantz chanter en duo avec Harwood, se retrouvera être le tube du groupe et gagnera à juste titre ses galons de classique du Southern Rock. Le plus sombre « One Good Man » est le premier titre à s’approcher un peu du Hard Rock (genre où Lynyrd Skynyrd a parfois été un peu abusivement classé). Solos mélodiques et performance vocale vibrante, voilà un autre grand moment de ce premier album.

Et ce n’est pas avec l’entrainant « Opportunity » que le niveau va s’affaisser. A coup sûr, le groupe a trouvé avec Dale Krantz la personne qu’il leur fallait (Gary Rossington en sera tellement convaincu qu’il finira par l’épouser), tout comme Barry Lee Harwood se trouve être le parfait successeur d’Ed King et Steve Gaines. Même réussite pour ce « Getaway « , mid-tempo typiquement Southern Rock où la chanteuse nous communique son inquiétude. Si « Winners And Losers » est plus quelconque, « Misery Loves Company » aurait pu trouver sa place aux côtés des bons titres de Lynyrd Skynyrd. Energique et enjoué, « Sometimes You Can Put It Out » nous donne des envies de grands espaces en même temps qu’il termine l’album presque comme dans une jam.

Anytime, Anyplace, Anywhere fut un joli succès pour notre Rossington Collins Band. Probablement tant grâce au capitale sympathie de voir revenir les survivants d’une tragédie que par sa qualité réelle qui en fait un album de référence du Southern Rock. Durant la tournée, le groupe allait interpréter l’incontournable « Freebird », mais en version instrumentale en hommage à leurs partenaires disparus.
The Wicker Man

[media] [/media]

Avatar du membre
alcat01
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 10397
Enregistré le : mar. 30 juil. 2019 20:51

Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par alcat01 » jeu. 23 févr. 2023 10:17

Image
Cloud Nine (1987)
Si Cloud Nine était simplement un disque décent, il marquerait quand même un grand retour pour George Harrison , dont les efforts solo des derniers jours n'ont pour la plupart présenté qu'un mélange fatigué de banalités spirituelles, romantiques et musicales. Mais la bonne nouvelle est que Cloud Nine - le premier album de Harrison depuis Gone Troppo en 1982 - est bien plus que simplement décent ; il s'agit en fait d'un disque savamment conçu et infiniment contagieux qui constitue le meilleur album de Harrison depuis All Things Must Pass inspiré des années 1970.
Une partie du mérite du succès de Cloud Nine doit revenir au coproducteur de Harrison, Jeff Lynne. Si quelque part le long de la ligne, le Beatle George a oublié comment façonner un disque pop, Lynne – qui a dirigé l'Electric Light Orchestra lors de son propre magical mystery tour fortement inspirée des Fab Four – ne l'a évidemment pas fait.

Le morceau d'ouverture, "Cloud Nine", est un rock midtempo étonnamment dur qui présente des riffs savoureusement retenus de Harrison et Eric Clapton. Dès ce début solide, Cloud Nine réaffirme puissamment le charme considérable de Harrison en tant que chanteur, auteur-compositeur et guitariste. (Lui et Lynne sont aidés par un soutien instrumental simpatico de notables tels que Clapton, Ringo Starr, Elton John et Gary Wright.)
Tout au long de Cloud Nine , Harrison et Lynne ajoutent des couches de touches de production inspirées qui font des confections sonores indéniables même à partir de certaines des chansons charmantes mais légères de l'album ("Fish on the Sand", "This Is Love", "Just for Today", " Got My Mind Set on You », « Someplace Else »). Lorsque l'équipe apporte son intelligence sonore pour porter sur des morceaux plus substantiels (« Cloud Nine », « When We Was Fab », « That's What It Takes », « Wreck of the Hesperus »), les résultats donnent une pop sublime.
Cloud Nine est un retour en forme particulièrement réconfortant car il suggère qu'Harrison a accepté son propre domaine de Beatle. "When We Was Fab", l'étrange Sgt. Pepper - morceau au son similaire qui termine la première face de l'album, est l'envoi drôle de Harrison et un hommage à ses jours en tant que Beatle.
Et sur la pochette de l'album, George enregistre le dernier de ses remerciements spéciaux pour John, Paul et Ringo. Et c'est tout à fait approprié, car Cloud Nine est un disque totalement fabuleux qui est à la hauteur de l'héritage de toutes ces années.
David Wild


Avatar du membre
alcat01
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 10397
Enregistré le : mar. 30 juil. 2019 20:51

Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par alcat01 » jeu. 23 févr. 2023 11:15

erreur
Modifié en dernier par alcat01 le ven. 12 juil. 2024 21:43, modifié 1 fois.

Avatar du membre
alcat01
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 10397
Enregistré le : mar. 30 juil. 2019 20:51

Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par alcat01 » jeu. 23 févr. 2023 14:11

Image
Wildlife (1971)
À ce stade de leur carrière, Mott The Hoople s'interroge sur son identité. D'une part, leurs albums ne marchent pas et les singles ne sont pas diffusés ou soutenus, d'autre part, leurs concerts attirent des foules avec leurs performances incendiaires.
Alors, prenant une mesure drastique, ils ont coupé les liens avec le producteur Guy Stevens et se sont mis à faire un nouvel album avec un son modifié qui était finalement moins abrasif et plus pastoral et folklorique que leurs sorties précédentes.
"Wildlife" n'a pas connu le succès non plus. Considéré par beaucoup (y compris par le groupe lui-même) comme trop doux et pas assez rock, il les ramènera à Stevens pour produire l'album emblématique "Brain Capers" plus tard dans l'année.
Malgré tout, il s'agit d'un très bon album qui ne mérite pas la mauvaise réputation dont il fait l'objet. Pour la première et unique fois, le guitariste Mick Ralphs domine l'écriture et chante même la moitié des morceaux originaux de l'album tandis que Ian Hunter prend l'autre moitié.
Ma chanson préférée, "Wrong Side of the River", se targue de son chant à la Neil Young, qui s'inscrit parfaitement dans l'ambiance folk de l'album. Hunter, quant à lui, a exploré sa vie personnelle pour ses chansons : une nuit avec une femme à New York avec "Angel of 8th Avenue" et son divorce en cours avec "Waterlow"; deux chansons d'une beauté obsédante qui montrent l'autre facette de ses talents d'écrivain en plein essor.
En vérité, ce n'est pas un mauvais album, mais il s'éloigne du Rock and Roll effronté de l'album précédent et des suivants et je pense que c'est un changement de rythme agréable. Après cela, la dominance de l'écriture de Hunter deviendra plus grande, mais le départ de Ralph à la fin de 1973 s'avérera trop pour Hunter, qui partira à la fin de 1974 pour une carrière solo.

C'est donc une véritable île en soi, le départ de Mott dans la campagne par un après-midi ensoleillé.
Jacob Koehler


Avatar du membre
alcat01
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 10397
Enregistré le : mar. 30 juil. 2019 20:51

Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par alcat01 » jeu. 23 févr. 2023 15:42

Image
Eric Clapton’s Rainbow Concert (1973)
Suite à une cruelle déception sentimentale, la mort de plusieurs amis (Hendrix, Duane Allman), Clapton s’était retiré du monde de la musique depuis quasiment deux ans pour devenir un véritable junkie. Dans la tête de beaucoup, il est le prochain sur la liste des défunts du Rock. C’est probablement ce que pense aussi son pote Ronnie Wood (alors guitariste des Faces) qui demande à un ami commun, Pete Townshend (guitariste de… mais vous le savez ça) d’organiser un concert mettant Clapton en vedette dans l’espoir de le faire décrocher de l’héroïne. Townshend accepte et réunis d’autres potes de Clapton comme Steve Winwood et le bassiste Ric Grech (ce qui fait qu’on a là les trois quart de Blind Faith) ainsi que le batteur Jim Capaldi, le percussionniste Rebop Kwaku Baah (ce qui fait qu’on a là une bonne partie de Traffic) et le batteur Jimmy Karstein pour soutenir un Capaldi de moins en moins passionné par les tambours. Clapton accepte et après des répétitions chez Wood le groupe monte sur la scène du Rainbow Theater de Londres le 13 janvier 1973 pour deux concerts – eh oui c’était le temps où les groupes effectuaient fréquemment deux prestations par jour ! – exceptionnels.

Evénement mythique car il ramena Clapton à la musique (menant au véritable début de sa carrière solo avec le succès que l’on sait), il fut évidement enregistré et une version album en présentera quelques extraits six mois plus tard. La version originale de Eric Clapton’s Rainbow Concert montrait une répartition plutôt équitable. Un titre de Cream (« Badge »), un de Blind Faith (« Presence Of The Lord »), un de son album solo (la reprise de J.J. Cale « After Midnight »), deux de Derek & The Dominos (« Roll It Over » et la reprise d’Hendrix « Little Wing »). A quoi l’on ajoute un titre de Traffic (« Pearly Queen ») rappelant qu’une partie du groupe était là. Mais, franchement, six titres pour témoigner de deux concerts où étaient à chaque fois interprétés quinze morceaux (avec en plus quelques changements d’un concert à l’autre) c’était au mieux pingre, au pire du foutage de gueule. Surtout quand l’on sait qu’on été joués des classiques comme « Layla », « Let It Rain » ou « Crossroads » ! Heureusement, la version CD de 1995 a permis de voir édité un concert presque complet, même s’il s’agit d’une compilation de titres des deux prestations, et même si on déplorera qu’un titre aussi dantesque que « Why Does Love Got To Be So Sad? » n’ait toujours pas été intégré (pour permettre de tenir sur un seul CD) ? On rêve d’une version deluxe qui regrouperait l’intégralité des deux concerts (pour les 50 ans l’année prochaine ? On croise les doigts !). En attendant, il faudra se satisfaire des versions bootlegs facilement trouvables…

Que dire sur la prestation en tant que telle ? Elle particulièrement rugueuse, témoin d’un groupe loin d’être rodé. Ce sera peut-être un défaut pour certains (le groupe ne se lâche pas complètement et l’interprétation est moins ‘pro’), mais ce sera aussi l’une des dernières fois que l’on entendra Clapton aussi Rock et brut. Au niveau des temps forts, Ronnie Wood tient sur « Layla » la partie de slide du regretté Duane Allman, ce qui permet de jolis échanges entre Clapton et lui tandis que Townshend assume la rythmique de sa poigne de fer. On appréciera aussi ces versions bien Rock de « Badge », du trop méconnu « Blues Power », de « After Midnight » ou encore de « Let It Rain ». Difficile de ne pas mentionner également cette très belle version de « Pearly Queen » de Traffic qui bénéficie à merveille des interventions du héros du jour ou cette version très réussie de « Little Wing » qui fait honneur à Hendrix. On remarquera enfin que tant vocalement (qui n’a jamais été son point fort) que d’un point de vue de sa dextérité, Clapton ne semble pas avoir tellement pâti de son régime élevé de stupéfiants et du manque d’activité musicale. Le reste du groupe est impeccable, le soutenant efficacement sans essayer de lui voler la vedette.

Si en l’état Eric Clapton’s Rainbow Concert n’est pas l’album live le plus incontournable du monde, il reste un témoignage d’un moment important du Rock anglais. Encore une fois, il serait bon d’avoir enfin en version officielle de l’intégralité des deux concerts qui sous cette forme pourrait bien devenir l’album live définitif de la carrière solo de Clapton. Cette époque juste avant qu’il ne se laisse glisser paresseusement dans un Rock indolent et sans beaucoup d’éclat malgré quelques gros succès commerciaux.
The Wicker Man


Avatar du membre
alcat01
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 10397
Enregistré le : mar. 30 juil. 2019 20:51

Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par alcat01 » jeu. 23 févr. 2023 17:49

Image
Here & Now (2007)
Même pendant son apogée dans les années 70, le soft rock n'a jamais gagné beaucoup de respect, et parmi ces soft rockers, aucun autre groupe n'a reçu autant de dédain qu'America, un groupe inspiré à parts égales par le folk-rock de Crosby, Stills, Nash & Young et la pop des Beatles.
En plus d'incarner les qualités qui ont fait du soft rock un anathème pour les hipsters et les critiques de rock - America, comme le style lui-même, était trop lisse, mélodique et carré pour être considéré comme cool - il est fort probable que le groupe ait reçu le gros de la critique parce qu'il portait ses influences trop ouvertement : Leur tube numéro un de 1972, "A Horse with No Name", ressemblait étrangement à celui de Neil Young, et ils étaient produits par le cinquième Beatle, George Martin, deux démarches qui ont donné l'impression à certains qu'America agissait comme les héritiers d'un trône qu'ils ne méritaient pas.
Ils ont également été considérés comme diluant et pervertissant les idéaux du folk-rock, le transformant en une bouillie fade pour les masses, et ils ont été méprisés par les faiseurs de goût pour cela : la deuxième édition du Rolling Stone Record Guide a noté tous leurs albums studio entre zéro et une étoile, tandis que Robert Christgau a noté leur compilation de 1975 History : America's Greatest Hits, en 1975, un C-.
America n'a peut-être pas été acclamé, mais il a été populaire, avec "Ventura Highway", "A Horse with No Name", "Tin Man", "Lonely People" et "Sister Golden Hair" qui ont tous atteint le Top 10 du Billboard dans la première moitié des années 70, tous grâce à leur art mélodique impeccable et à leurs vibrations faciles, Des qualités qui se sont avérées durables, puisque ces chansons sont restées des incontournables des stations de radio et de pop douce pendant une bonne partie du nouveau millénaire, gagnant au passage de nouveaux fans, des fans qui n'étaient pas préoccupés par l'image d'America et appréciaient la musique dans ses propres termes.
Parmi ces fans, on trouve des membres de Gen-X comme Adam Schlesinger de Fountains of Wayne et l'ancien Smashing Pumpkin James Iha, dont le premier album solo de 1998, Let It Come Down, était baigné d'une lueur brumeuse et ensoleillée qui rappelait indubitablement America. Generation X était connue pour avoir adopté et fait revivre de manière ironique les icônes des années 70, mais il n'y avait aucune trace d'ironie derrière l'amour de Schlesinger et Iha pour America, comme le prouve leur production de Here & Now, le 16e album studio d'America et sa première tentative non dissimulée de retour.
Schlesinger et Iha réalisent quelque chose de remarquable avec Here & Now : ils ne laissent aucune empreinte derrière eux. Le duo est à la tête d'une production qui est, sur le papier, un disque de retour de l'indie rock hipster - avec des caméos de Ryan Adams et Ben Kweller et des reprises de My Morning Jacket et Nada Surf - mais l'album fini ne sonne jamais de manière autoconsciente ou étouffante, il est fidèle au son et à l'esprit d'America.
De la production chaleureuse et accueillante aux harmonies douces, aux vibrations moelleuses et aux mélodies suaves, Here & Now pourrait facilement être confondu avec un album d'America datant du milieu des années 70. Il n'y a eu aucune tentative de modernisation du groupe ; Schlesinger et Iha ont simplement ramené Gerry Beckley et Dewey Bunnell à leurs points forts. Fini les lourdes couches de synthétiseurs qui encombraient America depuis le début des années 80 ; fini la pop adulte sérieuse mais sinueuse qui rendait les albums des années 90 comme Hourglass et Human Nature décevants.
À leur place, on trouve des couches de mélodies et d'harmonies présentées simplement et proprement dans des chansons si faciles à apprécier qu'il est facile de ne pas voir à quel point elles sont bien construites. Cet art discret signifie également qu'Here & Now ne produit pas de révélations sur le groupe ou sur la façon dont il a influencé les musiciens modernes qui se fondent sagement dans l'arrière-plan ici, mais la nature tranquille de cet album s'accorde confortablement avec le meilleur du travail du groupe.
En effet, comme les tubes que l'on entend encore sur les radios anciennes - et que l'on retrouve ici dans un disque bonus live, où Beckley et Bunnell interprètent toutes les chansons de History - les chansons de Here & Now sont séduisantes à la première écoute, mais révèlent leur véritable force lors d'écoutes répétées, lorsque les mélodies commencent à s'ancrer dans le subconscient et que la chaleur de la musique devient amicale et familière.
Au fil de ces écoutes répétées, Here & Now gagne en stature et n'est pas seulement un retour réussi, mais le disque que les fans d'America de tous âges attendaient depuis des décennies.
Stephen Thomas Erlewine


Avatar du membre
alcat01
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 10397
Enregistré le : mar. 30 juil. 2019 20:51

Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par alcat01 » jeu. 23 févr. 2023 19:53

Image
1970 : the Last Puff
Quel curieux nom que SPOOKY TOOTH, groupe anglais plus ou moins formé sur les cendres des V.I.P.’s qui prendront bientôt le nom de Art. Nous sommes en 1970 et la Sinistre Dent enregistre son quatrième opus « The Last Puff », un disque qui a bien failli ne jamais exister. En effet, si les deux premiers albums sont excellents malgré un manque de succès commercial difficilement explicable, la troisième galette des anglais « Ceremony » avec le français Pierre Henry, l’un des pionniers de la musique électronique synthétique, auteur entre autre de « Messe Pour Le Temps Présent » et du standard « Psyché Rock », a bien failli sonner la fin du groupe.
Ce troisième opus se révélera comme l’un des plus gros échecs du label de Chris Blackwell. Malgré son manque de succès dans les classements des hit-parades européens, Spooky Tooth avait tout pour réussir et constituait avec TRAFIC l’une des meilleures innovations du point de vue de la sonorité et de la créativité. De cet échec, le groupe va laisser pas mal de plumes, le bassiste Greg Ridley avait déjà quitté le navire depuis un an pour rejoindre Humble Pie. Suite à l’échec de « Ceremony », Gary Wright l’ancien étudiant américain en psychologie quitte le groupe pour fonder Wonderwheel et s’envoler vers une carrière solo.
Durant l’automne, il ne reste que trois membres de la line-up initiale. On décide de grossir la troupe avec les arrivées du bassiste Alan Spanner, du guitariste Henry McCulloch et du multi instrumentiste Chris Stainton tous en provenance du Grease Band de Joe COCKER.

Niveau compos, le groupe ne s’est pas cassé le bonichon ni une dent et ne propose que deux originaux « The Wrong Time », un recyclage de Gary Wright, combine Rock Psy et témoigne que Mike Harrison figurait à cette période parmi les tous meilleurs chanteurs de la Perfide Albion, avec un timbre de voix évocateur de Robert PLANT. En fermeture, « The Last Puff » qui donne son nom au disque s’offre comme un instrumental sans grand intérêt, comme si le titre évoquait la dernière cigarette du condamné. Les deux indiens de la pochette fumant le calumet comme une pipe d’opium semblent plus inspirés sur ce coup-là, bien qu’à moitié endormis.
Au rayon des reprises, la formation gomme les effets transe-oriental avec cithare du « Something To Say » de Joe Cocker et si elle n’a rien inventé, la reprise de Spooky s’avère meilleure que le futur hit de Cocker, le chant d’Harrison y étant pour beaucoup. Le groupe s’attaque à un inusité de Mike Post chanté par Bobby Doyle (futur Blood Sweat & Tears) titre mélancolique pouvant s’inscrire dans un album de POCO. Dans la même lignée, reprise d’une chanson de David Ackles avec « Down River » bien supérieure à la future version des Hollies. Ils s’attaquent à « Son Of Your Father », un inusité d’Elton John, qui avait déjà fait l’objet d’un single, alors que l’homme aux lunettes ne reprendra son morceau qu’en fin d’année dans son second disque « Tumbleweed Connection ». La version épurée de Spooky Tooth parait largement moins bastringue que celle du futur Sir et pour tout dire nettement plus captivante.
Mais c’est sur « I am The Walrus » que les Anglais signent l’un de leur plus beaux passagexs Si certains fans des BEATLES restent attachés à la version de Fab Four, Spooky Tooth restera comme le premier groupe à s’être attaquer à ce standard dans une superbe version décalée et bien barrée de plus de six minutes. Peut-être la meilleure version avec celle de CRACK The SKY délivrée en public. Le titre sera édité en single dans une durée beaucoup plus courte afin de respecter les schémas radio du moment.

Moins inventif et novateur que « Spooky Two » et bien que comportant deux pièces plus faiblardes, cette Dernière Bouffée se situe dans le haut du panier de la production anglaise du tout début des seventies. Superbe chanteur au timbre parfaitement reconnaissable, Mike Harrison aurait mérité meilleur sort.
LE KINGBEE


lienard
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 2846
Enregistré le : ven. 2 août 2019 18:28

Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par lienard » jeu. 23 févr. 2023 19:59

alcat01 a écrit :
mer. 22 févr. 2023 19:55
Image
Un peu que je m'en souviens .. en 69, dans la cour de récré, nous étions trois à ne parler que de Led Zeppelin et du Spooky Two .. un des 3 était ... Dédé, pas encore chez "Métrophone ni chez Caroline Music " mais déjà fondu de Rock .. :)

Avatar du membre
gabuzomeuzomeu
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 10728
Enregistré le : mar. 30 juil. 2019 17:36
Localisation : Dans les rades
Contact :

Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par gabuzomeuzomeu » jeu. 23 févr. 2023 21:05

alcat01 a écrit :
jeu. 16 févr. 2023 19:44
Image[/img]
Jacques Higelin Champagne pour tout le monde 1979
Le Jacquot est un peu compliqué parfois, il a sorti deux disques en même temps, le premier, "Champagne pour tout le monde", prévu pour insérer le second, "Caviar pour les autres..." , dans la pochette, sauf que c’est Caviar qui est sorti en premier. L’aspirine est dans le tiroir de gauche. Le Hig est dans une période de grande créativité, "No Man’s land" est sorti l’année précédente et a cartonné. Il tourne beaucoup dans le circuit des MJC et dans les festivals, tout se passe bien pour lui.

"Champagne", qui ouvre le premier album, est devenue une chanson-signature, le titre joué souvent en rappel et qui, parfois, dépasse la demie-heure. De champagne, il en est question juste à la fin, le thème de la chanson est un voyage onirique au pays des sorcières, des fantômes, des vampires, un des meilleurs textes du Jacquot complètement à la démesure de son talent. Pourtant, cette chanson ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt, ainsi "Tête en l'air" est remarquable et fait référence à Charles TRENET tant par les paroles que par la musique. Le Fou Chantant aisément peut se reconnaître dans cet univers. Le troisième temps fort de l’album est "Hold Tight (Sea Food)" qui deviendra également un monument en live. Jacques pouvait faire pendant un quart d’heure des digressions sur son plat favori (le fish), en poussant des miaous de chat en rut.
La version studio est, certes, plus sage mais elle est bourrée d’humour et de feeling. Sinon "L'attentat à la pudeur" avec l’actrice Elisabeth Wiener ressemble à une scène de vaudeville, une mini opérette assez inattendue et qui arrive un peu comme un cheveu sur la soupe. HlIGELIN semble apprécier les histoires d’avion déjantés et bien avant "Tombé du Ciel", il s’en donne à cœur joie avec "Dans mon aéroplane blindé" et "Captain Bloody Samuraï".Quelques faiblesses avec "Ah là là quelle vie qu'cette vie" et même "Cayenne c'est fini" qui évoque le bagne avec les bruits de chaîne des bagnards.

Les albums, "Champagne pour tout le monde" et "Caviar pour les autres...", ont tout drux été enregistrés à Hérouville et au Studio In The Country, Bogalusa, en Louisiane avec le superbe Mickey Finn aux guitares; la section rythmique de Lou REED (Bruce Yaw basse, Michael Suchorsky batterie), Bernard Paganotti dont la basse a résonné avec MAGMA, tous de sacrés pointures, ce qui permet à HIGELIN d’aborder des univers musicaux assez différents tout en restant cohérent dans sa démarche.

Fort logiquement, en 1985, les deux albums seront regroupés en format CD.
BAYOU

[media]
[/media]
Avec le clip des étudiants tu es plongé dans la folie du Jacques ! :)

L'humour est le seul vaccin contre la connerie… Le con lui n’a jamais trouvé la pharmacie ! (Aphorismes et Blues - Pierre Perret 2020)

Avatar du membre
alcat01
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 10397
Enregistré le : mar. 30 juil. 2019 20:51

Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par alcat01 » jeu. 23 févr. 2023 21:58

lienard a écrit :
jeu. 23 févr. 2023 19:59
alcat01 a écrit :
mer. 22 févr. 2023 19:55
Image
Un peu que je m'en souviens .. en 69, dans la cour de récré, nous étions trois à ne parler que de Led Zeppelin et du Spooky Two .. un des 3 était ... Dédé, pas encore chez "Métrophone ni chez Caroline Music " mais déjà fondu de Rock .. :)
C'est le premier disque du groupe que j'ai acheté, le premier était introuvable à l'époque!

Avatar du membre
alcat01
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 10397
Enregistré le : mar. 30 juil. 2019 20:51

Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par alcat01 » jeu. 23 févr. 2023 22:02

gabuzomeuzomeu a écrit :
jeu. 23 févr. 2023 21:05
alcat01 a écrit :
jeu. 16 févr. 2023 19:44
Image[/img]
Jacques Higelin Champagne pour tout le monde 1979
Le Jacquot est un peu compliqué parfois, il a sorti deux disques en même temps, le premier, "Champagne pour tout le monde", prévu pour insérer le second, "Caviar pour les autres..." , dans la pochette, sauf que c’est Caviar qui est sorti en premier. L’aspirine est dans le tiroir de gauche. Le Hig est dans une période de grande créativité, "No Man’s land" est sorti l’année précédente et a cartonné. Il tourne beaucoup dans le circuit des MJC et dans les festivals, tout se passe bien pour lui.

"Champagne", qui ouvre le premier album, est devenue une chanson-signature, le titre joué souvent en rappel et qui, parfois, dépasse la demie-heure. De champagne, il en est question juste à la fin, le thème de la chanson est un voyage onirique au pays des sorcières, des fantômes, des vampires, un des meilleurs textes du Jacquot complètement à la démesure de son talent. Pourtant, cette chanson ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt, ainsi "Tête en l'air" est remarquable et fait référence à Charles TRENET tant par les paroles que par la musique. Le Fou Chantant aisément peut se reconnaître dans cet univers. Le troisième temps fort de l’album est "Hold Tight (Sea Food)" qui deviendra également un monument en live. Jacques pouvait faire pendant un quart d’heure des digressions sur son plat favori (le fish), en poussant des miaous de chat en rut.
La version studio est, certes, plus sage mais elle est bourrée d’humour et de feeling. Sinon "L'attentat à la pudeur" avec l’actrice Elisabeth Wiener ressemble à une scène de vaudeville, une mini opérette assez inattendue et qui arrive un peu comme un cheveu sur la soupe. HlIGELIN semble apprécier les histoires d’avion déjantés et bien avant "Tombé du Ciel", il s’en donne à cœur joie avec "Dans mon aéroplane blindé" et "Captain Bloody Samuraï".Quelques faiblesses avec "Ah là là quelle vie qu'cette vie" et même "Cayenne c'est fini" qui évoque le bagne avec les bruits de chaîne des bagnards.

Les albums, "Champagne pour tout le monde" et "Caviar pour les autres...", ont tout drux été enregistrés à Hérouville et au Studio In The Country, Bogalusa, en Louisiane avec le superbe Mickey Finn aux guitares; la section rythmique de Lou REED (Bruce Yaw basse, Michael Suchorsky batterie), Bernard Paganotti dont la basse a résonné avec MAGMA, tous de sacrés pointures, ce qui permet à HIGELIN d’aborder des univers musicaux assez différents tout en restant cohérent dans sa démarche.

Fort logiquement, en 1985, les deux albums seront regroupés en format CD.
BAYOU

[media]
[/media]
Avec le clip des étudiants tu es plongé dans la folie du Jacques ! :)

C'est tout à fait ça, merci, gabu! :super:

Tekilla1953
Contributeur
Contributeur
Messages : 94
Enregistré le : dim. 25 août 2019 22:20

Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par Tekilla1953 » ven. 24 févr. 2023 05:35

[/quote]
Avec le clip des étudiants tu es plongé dans la folie du Jacques ! :)


[/quote]

C'est tout à fait ça, merci, gabu! :super:
[/quote]
le clip est tout simplement GENIAL :super:

Avatar du membre
alcat01
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 10397
Enregistré le : mar. 30 juil. 2019 20:51

Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par alcat01 » ven. 24 févr. 2023 09:28

Image
This Is The Way (1981)
Après la tournée de soutien de "Anytime, Anyplace, Anywhere", le guitariste Allen Collins s'est retiré, faisant parfois acte de présence en studio lors des sessions d'enregistrement de "This Is the Way".
À sa place, Barry Lee Harwood s'est imposé et a contribué de manière importante au deuxième LP du Rossington Collins Band, qui aurait pu facilement être publié sous le nom de Rossington Harwood Band.
Harwood se distingue sur "Fancy Ideas", dans lequel il assume également le chant principal, ainsi que sur le court "Pine Box" et l'acoustique "I'm Free Today".
En l'absence de Collins, Gary Rossington et Harwood se chargent habilement du travail sur le fretboard, tandis que Dale Krantz continue d'accentuer les chansons avec sa voix assurée.
"Gotta Get It Straight", un morceau de club de golf, démarre "This Is the Way", avec Krantz qui fait immédiatement sentir sa présence, et de douces touches de piano ajoutées par Billy Powell. Le sobre "Tashauna" rend hommage à Ronnie Van Zant et John Lennon, avec une intro tirée du légendaire "Simple Man" de Lynyrd Skynyrd. "Tashauna" est la première chanson extraite de l'album de 1981 en tant que single. La chanson AOR ready "Gonna Miss It When It's Gone" aurait pu facilement être publiée en tant que single également. La face A est complétée par "Pine Box", et le solide "Fancy Ideas".
Le roadhouse rockin' "Don't Stop Me Now" a également été publié par MCA Records au format sept pouces. Le doux "I'm Free Today" est présenté dans un accordage en A ouvert, tandis que l'arrangement de "Next Phone Call" fait penser à Blackfoot. Le rythme moyen de "Means Nothing to You" clôt "The Is the Way", alors que Krantz se présente derrière le micro avec une attitude forte et provocante. Le batteur Derek Hess et le bassiste Leon Wilkeson méritent des félicitations pour avoir tenu fermement le bas du spectre tout au long de "This Is the Way_".
JonFox


Avatar du membre
alcat01
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 10397
Enregistré le : mar. 30 juil. 2019 20:51

Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par alcat01 » ven. 24 févr. 2023 09:30

Image
Brainwashed (2002)
George Harrison était le plus jeune et le plus silencieux des Beatles. Il a également été le premier à écrire une chanson sur la difficulté d'être un Beatle : « Don't Bother Me », pour le LP britannique de 1963 With the Beatles. Il n'a jamais cessé d'écrire à ce sujet. La meilleure musique de Harrison — « Within You Without You » et « While My Guitar Gently Weeps » avec les Beatles ; son chef-d'œuvre solo All Things Must Pass de 1970 ; le retour de 1987 Cloud Nine - était un récit courant de sa guerre pour la paix intérieure, une lutte de toute une vie pour concilier les bienfaits mitigés de la renommée mondaine avec son désir dévorant d'atteindre un état de grâce plus élevé et plus pur.

Lorsque Harrison est décédé d'un cancer le 29 novembre 2001, il n'avait toujours pas toutes les réponses. "Je suis une preuve vivante de toutes les contradictions de la vie", admet Harrison avec une pointe de gaieté dans sa voix basse et sablonneuse dans "Pisces Fish", l'une des onze chansons originales de Brainwashed, son dernier album studio. "Seigneur, nous devons nous battre / Avec les pensées dans la tête, avec l'obscurité et la lumière", chante-t-il sur le premier morceau, "Any Road", sans aucune ironie. Mais en tant qu'auteur-compositeur et guitariste, Harrison n'a jamais perdu sa façon doucement enivrante de poser de grandes questions sur la culpabilité et la transcendance. Si les hymnes richement orchestrés de All Things Must Pass (« My Sweet Lord », « What Is Life ») étaient l'idéalisation par Harrison de la vie au-delà de la forme matérielle, Brainwashed est un au revoir chaleureux et franc, un disque remarquablement posé sur la réalité de la mort, par un homme sur le point de l'être. La peur et l'acceptation vont de pair dans ces chansons, la colère aussi bien que la sérénité. Le plus important, il y a beaucoup de guitares.

Harrison est mort avant d'avoir pu finir Brainwashed. Mais ses coproducteurs - son fils Dhani et Jeff Lynne d'ELO - ont terminé l'album avec une sensibilité impressionnante, au point que Harrison se sent immensément présent : fort et centré dans son chant sur les rivières paresseuses de strum, peu encombré par un excès de réverbération ou surchargé de chœurs. Vocalement, Harrison semble en fait plus jeune et plus engagé qu'il ne l'était à l'âge moyen sur des disques sans enthousiasme tels que Dark Horse (1974) et Gone Troppo(1982). Il met un véritable ressort dans la leçon zen de "Any Road" - "Si vous ne savez pas où vous allez / N'importe quelle route vous y mènera" - avec de longues boucles brillantes de slide guitare. Et il y a une déchirure plaintive dans son recul dans "Looking for My Life" - "Oh, les gars, vous n'avez aucune idée de ce que j'ai vécu" - surtout quand les harmonies de fond se retirent et que Harrison est seul et proche du micro.
Il est normal que l'une des meilleures chansons de Brainwashed soit un "Marwa Blues" instrumental. La première composition enregistrée de Harrison était "Cry for a Shadow", une vitrine de guitare magnétique de base co-écrite avec John Lennon et coupée par les Beatles à Hambourg en 1961. "Marwa Blues" est dans cette tradition : une cascade nettoyante de guitares slide. En tant que guitariste principal des Beatles, Harrison a fait en sorte que chaque note compte pour quelque chose, et c'est vrai pour tout ce qu'il joue ici, des anneaux de guitare électrique qui se chevauchent dans "Run So Far" au dobro hula-blues qui serpente à travers "Rocking Chair". à Hawaii." Il est difficile de dire ce que Harrison n'a pas fait sur l'album : Dhani et Lynne jouent aussi de la guitare. Mais le trémolo tremblant dans "Pisces Fish" et le jangle d'escalier dans "Any Road" reflètent la classe et le toucher de Harrison, peu importe qui a fait les honneurs.
Le son luxuriant et le ton réfléchi permettent de confondre Brainwashed avec une simple homélie, un recyclage de sermons de disques Harrison du milieu des années 70 tels que Living in the Material World. En fait, il fait une allusion pointue à son cancer et à son destin scellé à la fois avec humour - la référence sèche à "mon smoking en béton" dans "P2 Vatican Blues (Last Saturday Night)" - et, dans "Looking for My Life", candide choc : "Je n'avais aucune idée que je me dirigeais vers un état d'urgence." Harrison avait aussi une pointe de prédicateur en lui. "Brainwashed" termine l'album sur une note effrénée, une longue liste de maux sociaux (Wall Street, la presse, etc.) adoucis uniquement par une vieille cassette de Harrison interprétant un chant indien avec la voix plus tard à double piste de son fils, une coda bienvenue de délivrance.

Brainwashed ne nous dit pas si Harrison ne s'est jamais remis d'être un Beatle. Mais il y a peu d'amertume ou de regret dans cette musique - principalement de l'acceptation, de l'anticipation et un gros twang.
C'est une belle épitaphe enchanteresse pour un homme qui, jusqu'à la fin de sa vie, a cru que le rock & roll était le paradis sur terre.
David Fricke


Avatar du membre
alcat01
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 10397
Enregistré le : mar. 30 juil. 2019 20:51

Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par alcat01 » ven. 24 févr. 2023 10:54

Image
Vinegar Joe (1972)
En 1970, le groupe Dada⃰ enregistre son seul album pour l’écurie Atco, filiale d’Atlantic. Composé de douze musiciens dont quatre chanteurs, le groupe ne connait qu’un succès d’estime et le disque ne se vend pas. C’est par le biais d’un pressage anglais que certains titres attirent l’attention de Chris Blackwell, patron du label Island Records. Ancien assistant de production (on le retrouve au générique du film James Bond contre Dr. No), Blackwell a le vent en poupe ; si sa maison de disques s’illustre dans le domaine du Reggae et du Ska, elle connait depuis la fin des sixties de surprenants succès avec SPENCER DAVIS GROUP, TRAFFIC, JETHRO TULL, FREE, KING CRIMSON ou MOTT THE HOOPLES (pour n’en citer que quelques uns). Si Dada a éveillé l’intérêt du producteur, celui-ci ne retient que trois membres du groupes la chanteuse Elkie Brooks, Robert PALMER (qui connaîtra bientôt une carrière solo internationale) et le guitariste bassiste Pete Gage, ex membre des Zephyrs et un ancien compagnon de route de Geno Washington qu’on retrouvera plus tard chez Dr. FEELGOOD.

Fondé en 1971 sur une partie des cendres de Dada, VINEGAR JOE regroupe le batteur Rob Tait (ex Arc, Pete Brown, Kevin AYERS), la bassiste harmoniciste Steve York (ex Manfred MANN, East Of Eden, Graham Bond) et le claviériste Tim Hinkley (ex Jody Grind, Al STEWART). Plusieurs musiciens sont invités à finaliser l’album : le batteur Keef Hartley ( ex ARTWOOD, John MAYALL) ou l’organiste Dave Thompson (ex Pete Brown) ainsi qu’une section cuivre. Enregistré aux célèbres Olympic Studios de Londres, endroit prisé par les STONES, LED ZEP ou les WHO, ce premier éponyme bénéficie d’une production maison, l’ingé-son Vic Smith et Pete Gage tentent de s’inspirer d’une sonorité proche de l’ALLMAN BROTHERS BAND et de WET WILLIE.

Si VINEGAR JOE connait un certain succès sur les scènes anglaises, les mauvaises langues diront qu’il le doit à la plastique et au charme d’Elkie Brooks (durant un temps Madame Gage à la ville). La pochette de John Padley avec des figurines en pâte à modeler représentant les différents membres servira également à interpeller les potentiels acheteurs d’un disque qui se vendra difficilement. Pour preuve, la pochette de cet éponyme ornera longuement la vitrine de Dave Music, magasin de disques tenu par Guy l’Américain à deux pas du Gibus, prenant ainsi la poussière.
N’enfonçons pas plus que nécessaire cet album qui connaîtra le même sort aux Etats Unis via une production Atco, échange de bon procédé entre Atlantic et Island. On retrouve ici une coloration rappelant légèrement celle de Data, avec des musiciens venus d’univers différent ; mais si Data nous invitait dans un décor mêlant Jazz Rock et Prog, ici c’est vers une ambiance nettement plus bluesy à laquelle le combo nous convie. VINEGAR JOE délivre un disque assez personnel, les dix titres provenant de l’imagination du groupe, Palmer et Gage étant les plus gros pourvoyeurs avec quatre chansons chacun, les deux titres restants provenant de collaboration entre Gage et Elkie Brooks, et Gage avec York et Thompson.

"Rusty Red Armour" avec son assemblage de guitare funky et fuzz pourrait servir de synthèse au futur répertoire de Robert PALMER. Mais quand on tend bien l’oreille, on reconnait bien un refrain pioché dans un succès des STONES, enregistré pour la petite histoire par Vic Smith. Le timbre puissant et parfois aigu d’Elkie Brooks prend la relève sur "Early Monday Morning", une pièce bluesy pleine de nuances. Bourré de breaks, chaque instrumentiste semble vouloir mettre la chanteuse au diapason. La chanson se termine sur des effets de vocalises et on comprend alors pourquoi la chanteuse avait enregistré quelques années avant quelques titres d’Etta JAMES publiés en single par Decca.

Si un harmonica, une guitare acoustique et une contrebasse viennent tempérer la cadence sur "Ride Me Easy, Rider", la chanteuse ne l’entend pas de cette oreille et n’hésite pas à pousser son organe vocal. Interprétée par Robert PALMER, "Circles" est une ballade Pop à mi chemin entre Cat STEVENS et Billy JOEL. Cette face A s’achève sur "Leg Up", un Rock qui évoque fortement Back Street Crawler, probablement le titre le plus faible de la face. "See The World" se démarque par les harmonies vocales (les trois préposés au chant sont de la partie) et la présence de l’orgue, l’instrument instaure une sonorité à cheval entre Prog et ambiance churchy. Sur "Never Met A Dog", la basse prend de l’ampleur et de la rondeur et parait être un bon consensus face à la slide de Pete Gage, un titre évocateur de BRINSLEY SCHWARZ.

Etonnante transposition de "Avinu Malkenu", une prière issue du Talmud récitée entre Rosh Hashana et Yom Kippour. Là, le bottleneck de Gage nous emmène non pas vers les rives du Jourdain mais vers celles plus boueuses du Mississippi, avant que la guitare et les chœurs nous expédient vite fait bien fait sur les bords beaucoup plus gris de la Tamise. Si la prière a été reprise sous forme de chanson par Barbara STREISAND ou Julie ZENATTI, Elkie Brooks change totalement les paroles pour ne reprendre que deux strophes en hébreu. Un titre qui permet de parcourir des facettes diamétralement opposées. "Gettin’ Out", une ballade Pop chantée par Robert PALMER et dans laquelle le piano endosse le premier rôle s’inscrit en droite ligne avec un répertoire à la Elton JOHN, un morceau banal mais qui monte crescendo. Le disque se termine sur "Live A Little, Get Somewhere" une somptueuse ballade gorgée de douceurs dans laquelle l’orchestration n’a de cesse de lancer la voix d’Elkie Brooks sur de bons rails. Une chanson d’une incroyable tranquillité d’âme pouvant s’inscrire dans les répertoires veloutés de Kate BUSH, Martha VELEZ ou Tori AMOS. Selon nous la meilleure part de la galette.

Bien qu’inégal, avec un répertoire conjuguant à la fois Pop, Rock à des séquences bluesy, ce disque s’écoute toujours avec plaisir. Si trois ou quatre titres auraient mérités une autre approche, ce premier jet vaut essentiellement par la qualité d’une orchestration plus élaborée que les productions du moment et par le chant d’Elkie Brooks. Un disque qui ne mérite pas une note inférieure à 3 et qui sera classé dans le tiroir de la Pop.
LE KINGBEE


Avatar du membre
alcat01
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 10397
Enregistré le : mar. 30 juil. 2019 20:51

Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par alcat01 » ven. 24 févr. 2023 13:51

Image
"Brain Capers" a clôturé la dynastie des quatre premiers albums de Mott, produits par Guy Stevens, et c'est le plus rock de tous. Enregistré en live en studio sur une période de quatre jours, il a été fait comme s'il était conscient du fait qu'il était sur le point de se faire larguer par sa maison de disques - ce qui, avec le temps, s'est produit.
C'est peut-être ce sentiment de désespoir qui a poussé Guy Stevens à revêtir un masque noir et une cape tout en brandissant des pistolets (et à forcer l'ingénieur du son Andy Johns à faire de même) afin d'"encourager" les cinq Hoople à se lever ou à se livrer. Et c'est ce qu'ils ont fait : "Brain Capers" était un album dépouillé et sérieux qui a vu les vents dominants de "Blonde On Blonde" qui régnaient autrefois presque en maître sur le paysage de Mott diminuer considérablement. Même les deux reprises improbables de "Darkness Darkness" des Youngbloods et de "Your Own Backyard" de Dion brillent comme des originaux dans les traitements de Mott, et tout au long de cette démonstration énergique d'un album de rock'n'roll, la production amplifie jusqu'à une résolution et un punch chatoyants : la seule brume qui se cache derrière les lunettes surdimensionnées de Hunter alors qu'il se fraie un chemin vers le haut hors des toilettes perpétuelles de la deuxième division du rock'n'roll, alimentant le sentiment d'abandon qui parcourt l'album.
"Death May Be Your Santa Claus" est une chanson tirée uniquement du titre d'un album obscur de The Second Hand, qui démarre "Brain Capers" par un battage au pochoir "Brown Sugar" que l'on peut qualifier de musique fantastiquement "leapy", l'épithète même attribué à Mott par Andy Dunkley, le DJ de Hawkwind, lorsqu'il a présenté leur session Radio One de l'automne 1971. "Death May Be Your Santa Claus" est tout secoué, nulle part où aller et si vous n'avez pas bougé pendant celui-ci, posez votre tricot et devenez fou ou mourrez. La batterie est énorme, l'orgue de Verden Allen est encore plus énorme avec des tourbillons supersoniques et tout le groupe rocke comme un fou sur le répétitif "I don't care what the people might say/ I don't give a...anyway" avec un coup de pied au cul en fanfare encore et encore. Puis tout s'apaise avec l'ouverture acoustique de "Your Own Backyard", la récente réflexion de Dion sur ses luttes antérieures contre les confusions de la vie et les drogues. Ce morceau au rythme régulier est édifiant dans sa conclusion qui invite à chercher à l'intérieur de soi et non pas à travers des diversions transitoires destructrices, le tout soutenu par Verden Allen qui joue sans vergogne de l'Al Koop à l'orgue en arrière-plan. "Darkness Darkness" est un refuge de solitude pour la fin d'une nuit d'automne, chanté avec talent par Mick Ralphs, tandis que les toms de Buffin, omniprésents en toile de fond, enveloppent tout de brume et de mystère, tandis que les éclats de guitare solo de Ralphs se déchirent sur le tapis sonore des sons graves et soutenus de la corne de brume de Verden Allen. Rampant dans le désert et luttant pour trouver une quelconque lumière, le dernier couplet implore "Keep my mind from constant turning/towards the things that cannot see...". Cela allume alors la mèche d'un riff abrégé en outro et d'un jeu de batterie qui tue car il crépite d'énergie.
"The Journey" termine la première face par un long morceau de Ziggy Dylan qui jette un regard mélancolique sur les pertes qui surviennent avec le passage du temps, tandis que le piano de Hunter et son apocalypse mentale torturée et libre s'accumulent en un raz-de-marée d'images et d'émotions contre l'orgue d'Allen - vous l'avez deviné - Al Kooperistique jusqu'à ce que Mott se rassemble collectivement, encore et encore, pour frapper d'un riff rugueux comme un poing unique contre la porte toutes leurs erreurs passées avec une répétition de BA DA DA DA DA DAAAAA. .../BA DA DA DA DA DA encore et encore, comme pour clouer des passages du texte de Hunter qui s'infiltrent dans toutes ses pages arrière. Il se maintient tout au long d'une strophe et demie sur le chagrin personnel de Hunter, et refait surface après l'aiguillage de Ralphs avec un solo de guitare fluide qui s'envole et se déplace au-dessus du fond. Puis, une fois de plus, le BA DA DA DA DA DAAAAA.../BA DA DA DA DA revient, revenant en arrière de manière encore plus intrépide bien au-delà du fade out qui clôt la première face.
La deuxième face commence par "Sweet Angeline", qui aurait dû s'intituler "Absolutely Sweet Angeline", car c'est une véritable "Blonde On Blonde", surtout avec les tons d'orgue en roue libre dignes de Kooper et les touches de piano de Hunter, plus fortes que la batterie de Buffin (et ce n'est pas un mince exploit, car elles sont enregistrées aussi fort qu'elles ont été jouées). Il y a un moment où tout le groupe s'emballe sur un riff raté, juste après la première intonation de Hunter sur une "New York City queen", ce qui l'amène à se racheter par réflexe en accélérant sa chasse à l'ivoire extra forte. Overend Watts ancre l'ensemble de façon stupéfiante, et ce n'est que grâce à lui et au solo de guitare tranchant de Mick Ralph que l'ensemble ne dévie pas complètement vers le territoire de Dylan 1966. La brève "Second Love" de Verden Allen s'ouvre sur une chanson qui ressemble beaucoup au cousin des adieux à la chambre d'hôtel de "Shine A Light" ou "Loving Cup" des Stones. Il n'est donc pas surprenant que Jim Price, le sideman des Stones, y ajoute des cuivres, comme il le fera sur "Exile On Main Street" (plus précisément sur "Let It Loose"). "C'est un riff lent qui a fourni à Bowie le modèle pour son refrain brechtien "We should be home by now/La-la-la-la-la-la-la-la-la" sur "Time" (ce qui était probablement une récompense suffisante pour avoir écrit la chanson de Mott pour eux, je pense).
Puis, c'est un retour direct à la veine ouverte de "Death May Be Your Santa Claus"avec le cinglant "The Moon Upstairs". Whoa - c'est le propre "Won't Get Fooled Again" de Mott, sans le VCS3 et beaucoup plus effronté dans sa manière et son attitude musicale (plus méchant), lui donnant un coup de pied dans les pantalons jusqu'aux escaliers du grenier alors que la fièvre de la pleine lune commence à transformer toutes vos questions en réponses et que Hunter vous donne un morceau de l'endroit où vous savez qui vous êtes, où vous allez, ce que vous devez faire et tout le reste en un éclair aveuglant qui décrit et définit sans mots, avec l'émotion et les qualités de la musique qui secoue la tête et les poings de ceux qui, malgré les amputations mentales de la scène rock'n'roll, ne peuvent encore se lever juste assez pour hausser les épaules, pisser et se plaindre de tout cela. Et pendant tout ce temps, l'orgue côtier surdimensionné d'Allen lance des avertissements en zigzag pour prévenir de l'approche imminente de récifs que Mott heurte encore et encore et encore. La basse d'Overend n'est pas seulement au bout du rouleau, mais aussi au sommet, alors que Hunter lance une variété de missives du coeur du rock'n'roll comme : "J'emmerde le mec !" "Alright !" et "Hahahahahaha..." Mick Ralphs joue maintenant de sa guitare sur le refrain avec une feuille de sandpiper de qualité supérieure au lieu d'un médiator, juste pour suivre le putain d'orgue le plus saturé d'Allen, qui éclipse même le distorto-vamp de Jon Lord, rien que pour sa tempétuosité. Et Buffin continue à frapper avec simplicité et efficacité le même motif simple de caisse claire/cymbale/hi-hat qui rend subtilement le morceau encore plus lourd, jusqu'à ce que sa dernière vignette de batterie avec des baguettes jetées signale un arrêt (apparemment) définitif.
Jusqu'au léger retour de " The Wheel of The Quivering Meat Conception " : une reprise finale de "The Journey", une face complète de l'album plus tard, avec tout le monde qui se déchaîne sur le riff signature, le soumettant à un martèlement et si ce n'est pas les poings de Guy Stevens frappant sur les 88's comme le jeune frère attardé de L'il Richie Penniman, ça devrait l'être. Hunter annonce dans le fondu que c'est "The Mott The Hoople Light Orchestra" alors qu'ils commencent à tout déchirer en haut, en bas et tout autour de ce riff strident jusqu'à ce que tout soit submergé par des coups de vent, des glapissements et un chaos général.
Une fois qu'ils ont terminé, le piano du studio n'a pas seulement perdu ses deux pattes avant, mais ses entrailles sont saturées d'une caisse de bière dirigée par Stevens, laissée fouettée et malmenée dans les confins de l'enveloppe noircie de ce qui fut un studio. Pire encore, il a laissé la bouilloire bouillir à blanc dans la cantine du studio jusqu'à ce que la poignée fonde, alors qu'il était occupé à grimper aux murs, rendant tout le monde fou avec ses méthodes de folie uniques qui garantissaient que la moindre parcelle de rock'n'roll était vraiment arrachée à ses protégés.
The Seth Man


Répondre