J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

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Douglas
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 7 avr. 2023 05:36

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Famoudou Don Moye - Ari Brown – Live At The Progressive Arts Center (1982)

En ce moment j’explore pas mal mes vinyles, rapport à cette nouvelle platine, et voilà que je tombe sur celui-ci, le premier de la lettre « F », un bout de temps qu’il ne s’est pas glissé entre mes oreilles, et même un peu oublié… Je savoure déjà, rien qu’en le posant sur le plateau, c’est la retransmission d’un concert donné au « Progressive Art Center » de Chicago, le vingt et un juin quatre-vingt-un.

Bien que la pochette ne le laisse pas paraître, ils sont en fait trois, Famoudou Don Moye comme promis à la batterie et aux percussions, Ari Brown, le saxophoniste très talentueux dont on a déjà parlé par ici, il joue du ténor, de l’alto et du soprano, le troisième laron est le bassiste Milton Suggs, très volubile ici, et essentiel, entre les deux « grands » il fait le lien et son apport est tout sauf négligeable.

La première pièce est un titre d’Horace Silver, « Peace » reconnaissable immédiatement. Son développement est un enchantement mais on s’y attendait… Ari Brown est chicagoan, il a appartenu à l’AACM après une solide formation de saxophoniste. Son style se situe à la frontière de la tradition qu’il n’oublie jamais et de la musique modale ou free avec lesquelles il fait des allers-retours.

Cet album le situe chronologiquement un peu avant qu’il ne se fixe avec le trio de Kahil El'Zabar, à une période où il collaborait beaucoup avec les musiciens de Chicago, Lester Bowie ou Anthony Braxton, par exemple. Ici il est superbe et son jeu très ouvert plaira à tous, à la fois consensuel et moderne, comme un flot qui s’écoule qui semble ne jamais vouloir s’arrêter.

Famoudou Don Moye est de la même génération, sensible au free jazz il a fait partie de l’Art Ensemble de Chicago, il sait tout faire dans son domaine, c’est un maître batteur-percussionniste qui s’est frotté à tout, et a multiplié les rencontres. Il n’y a aucune surprise à le voir au sein de ce trio, il nous offre d’ailleurs un exercice solitaire dès l’introduction de « Mobrusu » qui occupe toute la seconde face.

A l'écoute, on pourrait s'imaginer que l’on soit dans l’univers d’Archie Shepp, si ce n’était ce soprano à la place du ténor… L’association Ari Brown avec Don Moye est décidément très dense et réserve de grands moments musicaux. Mais il ne faut pas oublier le bassiste Milton Suggs, il ne fait pas partie des cosignataires des titres de l’album mais il apporte tant qu’il faut lui rendre hommage.

Il est situé au centre-gauche dans le spectre sonore, Ari Brown est au centre et Famoudou un peu partout. Son jeu à la basse est le véritable pivot central autour de quoi tout s’articule, il figure comme un totem fixe qui permet aux autres d’afficher leur différence et leurs audaces. L’équilibre ici est parfait.

Un petit mot sur la qualité d’enregistrement qui est très satisfaisante, on entend même quelques bruits d’enfants qui semblent intégrés à la musique, elle est ici, avant tout, de vie...
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 8 avr. 2023 06:33

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François Tusques – Intercommunal Music (1971)

Cet album de pur free jazz est l’un des premiers que j’ai écouté dans ce style de musique, après quelques autres devenus des classiques. Dans le genre c’est une tuerie, et la première face est l’une des plus intenses qui ait été enregistrée dans ce style, c’est dire ! L’intercommunal c’est d’abord François Tusques, le piano est son instrument de base, mais ici il joue également de la guitare à l’archet, de la scie musicale, des maracas et il donne de la voix itou.

A l’arrière siège le grand Sunny Murray, dans toute sa splendeur ici, violent et irréductible, puissant et révolutionnaire, ici c’est le maître des baguettes, il est également accompagné par Alan Silva qui joue du violoncelle. Ces deux-là étaient prévus, ce qui ne l’était pas c’est qu’ils arrivent très en retard, alors qu’il reste moins d’heure d’utilisation pour le studio…

Mais ce n’est pas tout, ils arrivent avec quatre amis musiciens qui viennent faire « le bœuf ». Pour ajouter un peu de volume percussif, on ne sait jamais, ils sont venus avec le percussionniste Louis Armfield, ça va guincher. Il y a également le contrebassiste Bob Reid, chouette, il fera la paire avec l’excellent Beb Guérin qui lui était prévu.

Les deux autres musiciens « surprises » sont Steve Potts au saxophone alto et Alan Shorter à la trompette, un line up d’enfer, une explosion de free inouïe qui va laisser des traces en ce début des années soixante-dix. Mais pour l’heure, il faut vite s’installer dans le studio et se lancer dans une épique improvisation, ce seront les deux titres de la première face, « intercommunal music » et « les forces progressistes ».

François Tusques a toujours été engagé, le visuel de l’album, couverture et intérieur, ainsi que le portrait d’Erika, le dernier titre de l’album, révolutionnaire, « symbole des forces qui vont renverser les « pigs » qui gouvernent les Etats-Unis » en témoignent… Les titres sont également un engagement.

La seconde face est un peu plus sur la réserve, bien que fort jolie, on y entend quelques thèmes proposés par François, source de départ pour de nombreuses improvisations. L’enregistrement de l’album s’arrêtera bien vite car il faut « rendre » le studio, mais toute la musique jouée ce onze mai à Paris, est contenue sur ce magnifique album !

La spontanéité qui suinte de cet album en fait un enregistrement complètement atypique, un des meilleurs albums free dans la rubrique "débridé, on lâche les chevaux", très certainement.

Francois Tusques - Sunny Murray - Intercommunal Music 1971 - Full Album (du confort sur le tube pour mieux naviguer dans l'album, avec vue sur la pochette intérieure et le verso)

1. Intercommunal Music
2. Les forces progressistes ............8:00
3. Les forces réactionnaires..........18:10
4. La bourgeoisie périra noyée dans les eaux glacées du calcul égoïste....21:10
5. L'Impérialisme est un tigre en papier......... 24:40
6. untitled......................................30:40
7. Portrait de Erika Huggins........ 31:24

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 9 avr. 2023 04:23

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François Tusques, Carlos Andreu, Ramadolf, Intercommunal Free Dance Music Orchestra – Le Musichien (1983)

Le temps est passé et quelques albums aussi, voici une autre étape sympa dans la discographie de François Tusques, mais dans une optique très différente de celle de soixante et onze. Cette fois-ci pas de free, une musique plus sage, du côté des histoires pour enfant, puisque le sous-titre du Musichien est « Conte Afro catalan ».

La première partie, sur l'entièreté de la première face, comprend « Le Musichien », elle est enregistrée au vingt-huit rue Dunois en juin quatre-vingt-un, y figure François au piano, Carlos Andreu au chant, Ramadolf au trombone et aux cloches, Yegba Likoba au sax soprano, Sylvain Kassap au ténor, Jean-Jacques Avenel à la contrebasse et Kilijus aux percussions.

La pièce frôle les vingt minutes, c’est une suite qui se développe longuement sur un rythme tranquille, presque badin, avec des percus qui tournent autour d’un mouvement stable figuré par un motif rythmique constant joué au piano. Des solos plutôt court et chantants interviennent à rythmes réguliers pour donner vie à l’ensemble, Carlos Andreu chante le conte en catalan et cette promenade, presque une ritournelle, est absolument magnifique, par son charme et sa simplicité.

On peut retrouver cette piste sur une magnifique compile en deux LPs, « Freedom Jazz France », qui contient d’autres pépites comme « Colchiques » d’ Eddy Louiss. Sur la seconde face qui est enregistrée à Rennes le dix juillet quatre-vingt-deux se trouve une autre interprétation, « Les Amis d’Afrique ». On retrouve François Tusques, Carlos Andreu, Sylvain Kassap et Kilikus.

Il y a également Bernard Vitet à la trompette, Danièle Dumas au soprano, Jean-Louis Le Vallegant et Philippe Le Strat à la bombarde, Tanguy Le Doré à la basse et Sam Ateba à la conga. On retrouve cette même flânerie musicale que sur le Musichien, avec un esprit très voisin. Les couleurs y sont différentes, ce qui paraît évident à la lecture des instruments joués par les musiciens…

Pour autant c’est également très sympa, voici quelques paroles :

« Oli, Olé, Oli Olà
Voici qu’arrivent
Nos amis d’Afrique
Avec leur musique
Viens danser
La danse est l’art le plus vieux
Le corps n’est pas de bois
Oli, Olé, Oli Olà… »


Le label qui a produit cet album est très confidentiel, « Edizione Corsica » est spécialisé dans les albums politiques, bien que cet album-ci soit plus « régionaliste » que politique. Du coup il n’est pas trop facile à trouver, et c'est bien là son défaut…

Françoise Tusques - Le Musichien


Francois Tusques et L'intercommunal Free Dance Music Orchestra - Les Amis d'Afrique (France-1982)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 10 avr. 2023 03:55

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Frank Lowe – Fresh (1975)

« Fresh » est le troisième album de Frank Lowe paru en tant que leader, il date de soixante-quinze et demeure dans doute une des meilleures cuvées de cette année-là. L’album est paru sur « Arista-Freedom », il reste facile à trouver à un faible prix, dans sa livrée originale. C’est un album enregistré au Blue Rock Studios de New York City, seule la dernière piste se distingue des autres par ses dates et lieu d’enregistrement, mais aussi par ses intervenants.

Du beau monde ici, pour les amateurs de musiques dites plutôt « free », Franck Lowe est au sax ténor, Les frères Bowie sont également présents, Lester à la trompette et Joseph au trombone, le grand Abdul Wadud joue du violoncelle et Charles Bobo Shaw est à la batterie, remplacé par Steve Reid sur le titre d’ouverture « Epistrophy ».

Cette pièce n’est pas la seule de Monk, la face deux s’ouvre également avec une autre pièce du moine, « Mysterioso », les deux versions proposées sont énormes et assez vertigineuses, il semble qu’elles rivalisent d’originalité avec Monk lui-même, tant elles sont traversées de fulgurances, versant dans une sorte d’abstraction, particulièrement « Mysterioso », transfiguré, entre contemplation et lamentation.

Mais auparavant, sur la face A, les chevaux ont été lâchés sur le titre « Play Some Blues », pas vraiment blues mais très « rentre dedans », une des pièces de l’album les plus puissantes, où l’impact des forces rassemblées par ces souffleurs est assez dévastateur, comme un ouragan de passage… « Fresh » qui suit ne lâche pas l’affaire non plus…

La dernière pièce, « Chu’Blues » n’a absolument rien à voir avec les autres, elle arrive un peu comme une intruse, avec une qualité de son en retrait et jouée par des musiciens non identifiés sur l’album, c’est un morceau assez funky avec un orgue, ça donne envie de danser, de bouger, une « jam » plutôt sympa avec de chouettes solos qui s’enchaînent, ça date de soixante-quatorze et ça a été enregistré à Memphis. Bien sûr on reconnaît Frank Lowe et il est quasi certain qu’on lui doit cette surprise finale…

Frank Lowe - chu's blues


Frank Lowe- Fresh (Full Album)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 11 avr. 2023 04:17

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Frank Lowe & Eugene Chadbourne – Don't Punk Out (1979)

Cet enregistrement s’est déroulé le treize octobre soixante-dix-sept, à New York, et il est paru sur le label QED en soixante-dix-neuf. Il réunit un duo de musiciens un peu étranges ou même extravagants, le saxophoniste ténor Frank Lowe et le guitariste Eugene Chadbourne. Évidemment, tout est inhabituel ici.

La guitare siège à droite et le saxophone ténor à gauche, quatorze pièces au total, plutôt courtes, de la minute sans jamais dépasser les quatre minutes trente. Il y a un peu de tout, des reprises, des créations et des improvisations. Ça commence par « Composition For David Murray », une courte pièce en hommage au saxophoniste composé par Frank Lowe, c’est très beau et les deux comparses sont extrêmement complémentaires, à l’écoute l’un de l’autre.

L’enjeu est là et nous voilà rassurés, c’est un album d’échanges, de complémentarité entre partenaires, même si rien n’est interdit tout au long de cette longue conversation, comme les bizarreries, dès le troisième titre, sur « Fright » par exemple, où Frank se fait guttural et sort des sons inhabituels de son saxophone…

Il est permis de se marrer un peu quand même, et avec Eugène, tout peut arriver, d’autant que Frank n’est pas le dernier à se lâcher non plus, d’ailleurs c’est lui l’aîné, Chadbourne lui rend une dizaine d’années. La reprise de « Ghosts » d’Albert Ayler, demandée par Frank est d’ailleurs très intéressante. Le thème est joué en duo, sur un rythme et une intensité ramollie, presque irrévérencieuse par Chadbourne qui joue un peu "chamallow". Lorsque Frank relance d’une façon plus classique, il embraye et repart lui aussi…

Face deux on ouvre avec le « St Thomas » le traditionnel popularisé par Sonny Rollins où l’échange est très stimulant et extrêmement réussi, comme l’entièreté de l’album par ailleurs. Il faut dire qu’Eugène reste toujours dans le contrôle et se comporte plutôt raisonnablement, pour qui le connaît, et son partenaire maîtrise tellement son affaire que tout va.

Les deux s’offrent chacun à leur tour un petit solo, Franck avec « There’s No Place Like Home » puis Eugène et son « Doctor Too-Much », avant de se rejoindre pour l’ultime pièce, le morceau titre.

On classera l’album entre le free et l’expérimental, dans un petit coin où on laisse sa chance à la création spontanée, au parcours non balisé, là où l’esprit est vif et irrévérencieux, créatif et audacieux.

Frank Lowe & Eugene Chadbourne - Don't Punk Out (1977) - c'est la version Cd avec ajouts, la version vinyle est plus courte !

1 Composition For David Murray - 00:00
2 If It Should Happen (Billy Patterson) - 01:51
3 Fright - 06:00
4 At Reel's End - 10:26
5 Bobo Did It - 13:01
6 Ghosts (Albert Ayler) - 15:37
7 The Clam - 19:57
8 Fire Down There (traditional, arr. Lowe, Chadbourne) - 20:56
9 Phantom To The Tower, Parts 1 & 2 - 22:28
10 You Were Right In The First Place - 26:53
11 45 1st Ave (take 1) - 29:41
12 45 1st Ave (take 2) - 30:01
13 There's No Place Like Home - 32:35
14 Doctor Too-Much - 35:29
15 Don't Punk Out (take 1) - 38:17
16 Don't Punk Out (take 2) - 40:08
17 Inner Extremities Suite 1 - 41:31
18 Inner Extremities Suite 2 - 46:39
19 Inner Extremities Suite 3 - 51:57
20 Cascades (Oliver Nelson) - 55:02
21 Manhattan Cry (Don Cherry) - 59:17
22 Open Vision - 1:02:36

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 12 avr. 2023 04:08

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Frank Wright Quartet – Uhuru Na Umoja (1970)

Retour vers l’année soixante-dix avec cet enregistrement très représentatif de son époque et du style de musique qui se jouait ces années-là. L’esprit de Coltrane brillait de tous ses feux dans les têtes des musiciens, et chacun mettait le meilleur de lui-même dans la création d’une musique libre et spirituelle. Les quatre ici ne sont pas les derniers à s’investir dans ce mouvement.

Franck Wright est saxophoniste ténor, il donne son nom au quartet, mais la création ici est essentiellement collective, pour preuve les cinq compositions jouées ici sont signées par le saxophoniste alto, l’immense Noah Howard. Bobby Few est le pianiste, son apport est capital, il apporte énormément au son du groupe en créant du lien dans cette musique, c’est Art Taylor le batteur, il s’essaie avec vaillance au free jazz, que des pointures ici !

Ces musiciens américains sont tous installés à Paris, devenue pendant quelques années la capitale du free jazz et des musiques nouvelles… mais ça ne durera pas. S’il fallait traduire la musique de l’album en quelques mots, on pourrait dire simplement « ça souffle ici », parce que ça y va, ça oscille entre le grand vent, la tempête et l’ouragan. Autrefois on avait inventé une catégorie spéciale pour classer Frank Wright, celle des « saxophonistes hurleurs », qu’il remplissait à lui seul.

Noah Howard est sans doute moins puissant, mais ça reste à vérifier car rien n’est définitivement sûr, mais ce qui participe le plus à ce sentiment de musique pleine et prête à éclater, c’est le jeu de Bobby Few, avec son clavier il remplit les espaces, percute sans cesse et bétonne serré, la musique présente une telle densité qu’elle semble prête à imploser, et Art Taylor qui se trouve pour la première fois de sa vie au centre d’un tel bouillonnement free, lui qui sert un be bop propret à chaque repas, se démène également comme un beau diable et devient un partenaire hautement crédible !

Un album qui demeure encore aujourd’hui un des marqueurs, avec quelques autres, de la musique de cette époque, irréductible et sans contrainte, virulent et féroce, d’ailleurs « Uhuru Na Umoja » ne signifie-t-il pas « Liberté et Unité » en swahili ?

Frank Wright Quartet - oriental mood


Frank Wright quartet - Aurora Borealis (1970)


Grooving (Instrumental)


Frank Wright Quartet - Pluto
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Stagger Lee » mer. 12 avr. 2023 07:55

Douglas a écrit :
mer. 5 avr. 2023 04:39
Bebeto a écrit :
mar. 4 avr. 2023 17:20
Douglas a écrit :
mar. 4 avr. 2023 04:23
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Eddy Louiss – Orgue (1972)
J'ai Multicolor Feeling Fanfare en CD. 70 minutes de folie...

J'ai la chance de le posséder en vinyle. Et l'enregistrement est fabuleux. Sur mes Clipper il sonne du tonnerre. Je peux me séparer de mes disques de jazz, mais celui-ci sera parmi les derniers.
Pour ma part, en matière de possession vinylique, je me comporte comme un immortel, s'il t'arrivait de vouloir vraiment t'en séparer, il se pourrait qu'il y ait quelques pièces que j'aimerais écouter avant que de m'évaporer...

Le volume deux de cet "Orgue" par exemple, ou le concert avec Stan Getz "Dynasty" de 71, pour rester avec Eddy Louiss...

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 12 avr. 2023 16:30

Stagger Lee a écrit :
mer. 12 avr. 2023 07:55

J'ai Multicolor Feeling Fanfare en CD. 70 minutes de folie...
De quoi allonger la liste des bons albums à écouter...
;)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 13 avr. 2023 05:25

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Frank Wright Trio – Frank Wright Trio (1966)

Remontons un peu le temps avec Franck Wright, jusqu’à son premier enregistrement pour ESP, le onze novembre mille neuf cent soixante-cinq. Bernard Stollman, le fondateur du label, a raconté comment il avait été ébloui lors d’un concert de John Coltrane où Frank Wright jouait en qualité d’invité, sur la scène du Village Gate. Dès la fin du concert il s’empressa de le signer, cet album est la concrétisation de cette rencontre. Un peu plus tard Franck jouera sur « Ascension ».

Assez rapidement le saxophoniste a formé son trio, avec Henry Grimes à la basse et Tom Price à la batterie. Deux musiciens de free remarquables, particulièrement Henry Grimes, qui connaîtra un destin très particulier, qui pourrait faire le scénario d’un film émouvant. Trois pièces ici, « The Earth » et « Jerry » sur la face une, et « The Moon » sur la face B.

L’album n’est pas très long, trente-quatre minutes seulement, c’est le signe de l’époque, mais il est très dense et concentre déjà ce qui fait les qualités des musiciens. Frank Wright particulièrement, qui était un ami de jeunesse d’Albert Ayler, il a d’ailleurs joué en sa compagnie, ils partagent ce don de soi qui les caractérise l’un et l’autre, tout donner quand on joue et ne rien regretter, comprenne qui pourra cette musique, et saura en voir la générosité, l’urgence dans son aspect brut.

« The Earth » est empreint de musique noire, de Rhythm & Blues, le gros son du sax s’en va même creuser dans les racines pour en extraire un thème qui accroche direct. La pièce est viscérale et, comme souvent avec Franck Wright, subit un traitement explosif. La rythmique est solide et maintient le cap et chacun ira de son solo.

Après la terre, voici la lune sur cette seconde face, c’est toujours aussi impétueux, sans compromission mais extrêmement écoutable, me semble-t-il, car cette fureur n’est que passagère finalement et ce qu’on entend ici n’est que l’expression d’une sorte de « classique » du free, le temps est passé des outrances et des indignations, ne reste que la pureté et la sincérité.

The Earth


The Moon


Jerry
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 14 avr. 2023 05:04

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Giuseppi Logan – More (1966)

Je continue sur ESP avec cet album de soixante-six dont je possède l’édition mono, c’est le second album de Giuseppi Logan, d’où le titre. C’est un peu une énigme Giuseppi, auteur de deux albums bravaches qui l’ont issé à la pointe du free jazz, il possède une discographie minime, essentiellement ses deux albums sur ESP et une participation sur l’excellent « Everywhere » de Roswell Rudd.

Il portait non seulement une voix originale, mais montrait également une autre « voie » avec un style et des conceptions plus personnelles. Ceux qui ont suivi la piste l’ont retrouvé en tant qu’employé des Postes, la carrière musicale semblant terminée. Restent ces témoignages assez incroyables pour qui s’intéresse au free jazz.

Giuseppi joue du saxophone alto, de la clarinette basse, de la flûte et du piano, avec le pianiste Don Pullen, les bassistes Reggie Johnson, face A, Eddie Gómez, face B, et le batteur Milford Graves. Un bel ensemble qui joue quatre titres répartis deux par deux sur les faces. La première est un enregistrement public au « Town Hall » en mai soixante-cinq, la seconde en studio ce même mois.

A l’époque il était célébré comme un pionnier du free aux côtés de Cecil Taylor ou d’Albert Ayler, puis il disparut des mémoires… Au saxo il ne recherchait pas les sons extrêmes, dans les aigus ou les graves, comme c’était souvent le cas, il préférait se cantonner dans les médiums et miser sur l’impact des flux de notes, un peu comme Cecil Taylor au piano. Sa façon de jouer était donc personnelle et reconnaissable.

Il joue donc des flux et des dissonances et se glisse dans le flot des impros de son incroyable formation, avec le génial Don Pullen et l’incroyable Milford Graves, déjà grand. Une remontée dans le temps bien agréable, souvenir d’une comète qui passa dans le ciel, illumina un moment la voute céleste avant de disparaître vers le pays des timbres…

Mantu


Shebar


Curve Eleven


Wretched Sunday
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 15 avr. 2023 03:38

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Fred Anderson Quintet – Another Place (1978)

Fred Anderson fait partie de l’ancienne génération des membres de l’AACM dont il est un membre fondateur, il a assisté à des concerts de lester Young ou de Charlie Parker, son amour du jazz remonte à loin. Il a conjugué sa carrière de musicien en même temps que celle de tenancier de bar, propriétaire de club et organisateur de concerts dans son bar de Chicago.

Pourtant la notoriété est arrivée un peu tard pour lui, c’est assez inexplicable car c'est un formidable musicien, sa discographie n’est pas ridicule, mais pas si abondante que ça non plus. Pourtant il fait partie de ces musiciens dont on peut acheter les albums à l’aveugle, à la seule foi de son nom.

Cet album-ci, même s’il n’est pas son meilleur est tout à fait remarquable pour les grands moments qu’il contient, particulièrement cette face B où se tient le morceau-titre de l’album, « Another Place » qui dépasse les vingt-trois minutes. La pièce s’ouvre remarquablement avec un jeune musicien d’alors, Georges Lewis au trombone qui est absolument étonnant, et nous joue un solo magnifique, il est secondé par Bran Smith à la basse qui bétonne grave à l’arrière et par Hank Drake à la batterie, qui est, en fait, plus connu sous le nom d’Hamid Drake…

Billy Brimfield, le trompettiste, prend le flambeau dans la suite des solos, et enflamme à son tour le public du festival de Moers, son jeu est plus saccadé, il lâche des perles de notes collées et fondues par brèves envolées. Fred Anderson au sax ténor prend son tour tandis que la basse et la batterie continuent imperturbablement à occuper l’espace de façon ininterrompue.

En cette période Fred Anderson commence tout juste à être connu à l’international, il lui faudra encore une décennie pour qu’il explose et se fasse un nom, même si la reconnaissance est tardive, elle est méritée, comme l’atteste le présent album, tout à fait passionnant. Ne ratez pas les aboiements du chien pendant le solo d’Hamid Drake à la fin de la pièce…

Pour ce qui est de la face une, elle s’ouvre avec l’excellent « Saxoon » et se poursuit avec « Dark Day », contrairement à ce qui est indiqué par erreur sur l’album. « The Bull » qui est mentionné a peut-être été joué ce soir-là, mais il ne figure pas sur la cire.

Un bel album avec de futurs grands musiciens…

Fred Anderson Quintet | Album: Another Place | Free Jazz | US | 1978(navigation plus aisée entre les pièces sur le tube).

(0:00) 1. Saxoon
(12:18) 2. The Bull (Actually this track may be called "Dark Day")
(23:28) 3. Another Place

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 15 avr. 2023 16:16

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John Zorn - Filmworks XVI: Workingman’s Death (OST) (2005)

Parmi les musiques de film composées par John Zorn, celle-ci est un peu particulière, elle a été écrite à la demande de Michael Glawogger pour son documentaire coup de poing : "Workingman's death".

Ces deux mots accolés, mort-travailleur dénoncent les conditions extrêmes dans lesquels sont exercés des métiers dangereux dans divers coins du monde, comme ces travailleurs qui extraient le soufre d'un volcan actif en Indonésie, ou les tueries dans un abattoir à ciel ouvert au Nigéria, ou bien encore ces épaves de cargos que l'on découpe sans respecter aucune norme de sécurité...

John Zorn, surbooké quand la proposition de concevoir une musique pour le docu lui est proposé, tergiverse, mais il finira par accepter d'en écrire la musique, emporté par la force des images. Le percussionniste Cyro Baptista sera le pivot autour duquel s'écriront les pièces musicales, métal, machine, ferraille, cisaille, tape, frappe, coupe, incise, sang, mort...

Ikue Mori et ses instruments électroniques, Jamie Saft au piano et à la guitare et même John Zorn lui-même apporteront leur écot à l'interprétation.

Une nouvelle étape dans la série des filmworks…

John Zorn - Ghost Ship
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 16 avr. 2023 05:34

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Fred Van Hove / Wolfgang Dauner – Requiem For Che Guevara / Psalmus Spei (1969)

Avant d’aller plus loin il faut préciser que cet album est un split, il contient deux œuvres distinctes qui n’ont rien à voir l’une avec l’autre, si ce n’est d’être présentées conjointement sur cet album. Contrairement à l'évidence, ce que laisse penser la pochette présente, en fait, ce qui se tient sur la face B, le « Requiem for Che Guevara, Martin Luther King, John F. and Robert Kennedy, Malcolm X » joué par la formation de Fred Van Hove.

La face A contient l’œuvre de Wolfgang Dauner, « Psalmus Spei for choir and Jazz Group ». C’est assez court, treize minutes et sept secondes. Les chœurs de Kantorei an St.Martin in Kassel » sont dirigés par Klaus Martin Ziegler, cette partie semble davantage tenir du registre classique ou hybride, mais ne manque pas de tenue. La partie Jazz Group est constituée par Wolfgang Dauner à l’orgue et au mélodica, Manfred Schoof est à la trompette, Gerd Dudek au sax ténor, Eberhard Weber au violoncelle, Jürgen Karg à la basse et Fred Braceful à la batterie.

Ce mélange des genres nous conduit vers une approche assez expérimentale, très structurée pour ce qui est du schéma général, mais incorporant de sauvages improvisations free qui déménagent, c’est assez audacieux bien sûr mais ne surprendra pas les amateurs de Dauner, au fait déjà de certaines extravagances, d’autant que le millésime s’y prête, soixante-neuf, tout de même.

La seconde partie sur la face B semble encore plus intéressante, elle est confiée à Fred Van Hove qui lui aussi, et c’est en fait le point commun de cet album, a enregistré live dans la « Kirche am Südstern », une église, donc, qui recevait les deux formations lors du Berlin Jazz Festival, ce dix novembre soixante-huit, dans le cadre d’une soirée titrée « Jazz In The Church ».

Fred Van Hove dirige donc le « Requiem for Che Guevara, Martin Luther King, John F. and Robert Kennedy, Malcolm X » pour orgue et groupe de jazz. Cette formation est composée de Fred Van Hove à l’orgue, Cel Overberghe, Kris Wanders et Willen Breuker aux saxophones, Ed Kröger au trombone, Peter Kowald à la basse et Han Bennink à la batterie.

La pièce est un peu plus conséquente que celle proposée par Wofgang Dauner puisqu’elle dure dix-sept minutes et trente secondes, elle se montre également plus émouvante, ressuscitant des accents Aylerien, dévoilant en son profond une âme qui devait s’identifier au lieu et aux musiques sacrées, de ce spiritual jazz qui célébrait, en son titre, ces personnes défuntes à qui la musique est dédiée.

Voici une réflexion provenant du texte de pochette intérieure, écrite par Fred Van Hove : « Oui, on pourrait même se poser la question de savoir si ce n’est pas seulement maintenant que le jazz est devenu « free », suffisamment pour le nouvel esprit dominant dans les œuvres les plus importantes de musique d’église contemporaine. »

Cette face remarquable, en même temps que la jolie pochette, justifient amplement l’achat de ce bel album.

Fred van Hove - Requiem for Che Guevara


Psalmus Spei for Choir and Jazz Group (Live)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 16 avr. 2023 14:14

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John Zorn - Filmworks X: In The Mirror of Maya Deren (OST) (2001)

On dit souvent que les musiques de film de John Zorn glissent facilement dans " l'easy listening", sans doute mais pas toutes et pas tout le temps... Il est vrai que le plus souvent elles sont très accessibles, faciles à écouter, souvent elles flattent l'oreille, jouent avec les mélodies, parfois même, comme ici, avec le minimalisme et les musiques répétitives.

En voici un parfait exemple, souvent brillant, extrêmement lyrique, offrant même plusieurs versions différenciées des mêmes morceaux. On voyage beaucoup ici, à travers les musiques, entre Haïti et l’Indonésie, ou encore à travers les genres musicaux, du jazz au klezmer, en passant par les orchestres à cordes. En outre, cet album a bénéficié par ailleurs d'un succès commercial mérité.

C'est sans doute le sujet de l'album qui a motivé John Zorn, un documentaire de Martina Kudlácek consacré à la cinéaste Maya Deren, pour laquelle il avait une grande admiration. Cet album est donc également une sorte d’hommage respectueux, John Zorn donne le meilleur de lui-même et cela se sent.

On retrouve des fidèles de John Zorn aux manettes, Cyro Baptista aux percussions, Jamie Saft aux claviers et Erik Friedlander au violoncelle.

Peter Hudler: Kiev 3 (d'après la pièce de John Zorn)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 17 avr. 2023 02:27

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Fred Van Hove – KKWTT (Pour Quintette À Cuivres Et Piano Improvisé) - (1985)

Restons un peu avec le pianiste belge Fred Van Hove qui nous a quitté il y a un peu plus d’un an. Il était également compositeur et surtout un des historiques du free jazz européen. On se souvient du fameux trio Brötzmann, Van Hove, Benninck et de « Machine Gun » qui enflamma la planète free européenne, servant de locomotive à un grand mouvement musical informe et libertaire.

Pour l’heure voici ce mystérieux « KKWTT », enregistré en quatre-vingt-quatre, et sorti l’année suivante sur le superbe label « Nato » de Jean Rochard. Les deux premiers « K » pourraient figurer le lieu d’enregistrement pour partie, le King Kong à Anvers (Antwerpen), ce dix-sept juin. L’autre moitié a été captée à la « Butte aux Oies » de Tassé, dans la Sarthe.

Le concept est assez simple, l’œuvre est issue d’un travail très précis de composition, effectué par Fred Van Hove, pour un quintet de cuivres. Ce dernier est formé par Arthur Van Der Hoeft au cor alto et à la trompette, par Leo Verheyen et Wim Becu au trombone, avec également Hubert Sleymer à l’euphonium et au trombone et enfin de Jozef Matthessen au tuba.

La partie entièrement improvisée est dévolue au seul Fred van Hove qui joue du piano en interaction totale avec la ligne écrite pour le quintet. Cette suite évolue en plusieurs parties, deux sont situées sur la face A, avec plusieurs sous parties notées A1 à A4, puis A5 à A8, la seconde partie est simplement notée B. Sur la face suivante figure la partie C, également décomposée, ainsi que la partie C5, notée Marche finale.

Je prends la peine de montrer le cheminement afin que chacun comprenne la précision de la partie écrite. Toute la subtilité de la pièce tient dans sa réalisation et dans cette sorte de « dialogue » entre une matière cuivrée et rigide et une autre mouvante, stimulante, espiègle qui joue et improvise totalement son discours autour d’une structure fixe.

C’est donc la dualité écrit/improvisé qui est mise en forme ici, plus dans une complicité que dans une adversité, car les deux sont issus du même concepteur et du même cerveau. La face B est très vive et trépidante, tant dans sa partie improvisée que sa partie écrite, mais c’est souvent la spontanéité du piano qui attire l’oreille, sans doute est-ce sa force de vie, son immédiateté qui attire l’oreille, et disons-le, Fred Van Hove est un tel improvisateur qu’il subjugue vraiment.

Du coup je crois bien ne jamais avoir autant réécouté cet album à la suite, ça fait quatre là, et il me régale toujours, avec la partie trois qui est ma préférée… Magnifique !

Fred Van Hove / Marche Finale (1984)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 17 avr. 2023 15:14

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Filmworks XIV: Hiding and Seeking (OST) (2003)

Le volume XIV des filmworks est consacré à nouveau à un documentaire "Hiding and Seeking" d'Oren Rudavsky qui raconte l'histoire d'un juif orthodoxe qui emmène ses deux fils en pèlerinage en Pologne, à la recherche de leurs racines, malgré la gravité du thème le film ne manque pas d'humour et de légèreté.

John Zorn confiera avoir écrit les morceaux en deux heures, les avoir enregistrés en une journée avant de les mixer le jour suivant. C'est proprement ahurissant quand on mesure la perfection du travail, à l'écoute de cette petite perle.

Marc Ribot est à la guitare acoustique, brillantissime à son habitude. Sa performance est remarquable tout du long, dans un registre calme et apaisé. Kenny Wollesen au vibraphone, Trevor Dunn à la basse, Cyro Baptista aux percussions et une voix féminine, Ganda Suthivarakom au chant sur quatre titres.

Sur le petit obi, joint à chaque sortie sur Tzadik, on évoque Martin Denny, qui pourrait être cité comme une influence ou une référence ici, c’est bien vu, nous sommes en effet plongés dans une sorte d’ « Exotica » de rêve et de dépaysement. Un album populaire et accessible à tous, très sensible, presque folk parfois.
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 18 avr. 2023 04:30

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Gabor Szabo – Bacchanal (1968)

Un musicien dont on entend parler épisodiquement, il a laissé quelques souvenirs ici ou là, quelques airs de guitare dont on se souvient assez facilement, souvent rattachés à un succès pop, à un air ancien que l’on connaît presque malgré soi, comme cette version de « Love is Blue » d’André Popp qui figure ici dans une version vouée à la guitare.

Car Gabor est guitariste, hongrois d’origine, installé aux States après avoir fui son pays à l’âge de vingt ans. Il est généralement rattaché au monde du jazz, il a même enregistré huit albums pour Impulse, c’est presque une consécration. Pourtant il sera toujours un peu à part, le répertoire peut-être…

Ce « Bacchanal », enregistré en soixante-huit, est souvent considéré comme son meilleur album, mais certains lui préfèrent « Dreams », question de goût sans doute. Les deux sont sur le label « Skye » créé par Gabor lui-même après son départ d’Impulse. La pochette est très costaude, laminée par-dessus un carton épais, elle en impose. L’album se caractérise par les nombreuses reprises qu’il contient, car seuls deux titres sont signés du guitariste.

Gabor Szabo et Jim Stewart sont à la guitare, Hal Gordon aux percus, Jim Keltner à la batterie et Louis Kabok à la basse. Ça tourne bien, mi-jazz, mi-pop, c’est bien ficelé, quelques belle pièces, «Three King Fishers » et « Sunshine Superman » de Donovan, « Some Velvet Morning » de Lee Hazelwood, « The Look Of Love » de Burt Bacharach and Hal David, que des tubes !

Les deux titres de Gabor Szabo sont également très bons, la chanson titre et « Divided City » qui ferme l’album. C’est un vinyle qui n’a certes rien d’indispensable dans une discothèque, mais on peut s’y attacher principalement pour cela, parce qu’il est futile, frivole et superficiel, presque ornemental, on peut tout aussi bien le juger léger, vaporeux, propre à vous tourner l’esprit à la façon d’un bon vin, ou même compagnon de chagrin, il apaise et réconforte avec la dérision qui est la sienne…

Pour cela il s’est fait une petite place.

Bacchanal (Remastered)


The Divided City (Remastered)


Some Velvet Morning


Love Is Blue (Remastered)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 18 avr. 2023 14:35

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John Zorn - Filmworks I: 1986-1990 (OST) (1992)

C'est le premier volume de la série des filmworks, il a été inspiré à John Zorn par le succès mérité de son excellent album "The Big Gundown" d'après les musiques de film d'Ennio Morricone, un classique désormais.

Ce premier projet regroupe trois courts-métrages ainsi qu'une musique de pub dont la création s'est étalée sur une période allant de quatre-vingt-six à quatre-vingt-dix. Trente-deux titres où éléments sonores se succèdent, ce sont le plus souvent de brèves séquences des plus savoureuses, enjôleuses ou surprenantes, comparables en cuisine à "la farandole des desserts", ceci pour vous mettre en appétit car tout détailler serait bien long...

Vraiment un excellent moment à passer en compagnie de ce petit joyau, la pochette n'est que de loin en rapport avec un polar, c'est en effet un pistolet-caméra, rien à voir avec la NRA !

John Zorn - The Heist (from "White And Lazy")


John Zorn - Main TItle ( from "White And Lazy" '86)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par The lad » mar. 18 avr. 2023 14:40

Douglas a écrit :
mar. 18 avr. 2023 04:30
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Gabor Szabo – Bacchanal (1968)

Un musicien dont on entend parler épisodiquement, il a laissé quelques souvenirs ici ou là, quelques airs de guitare dont on se souvient assez facilement, souvent rattachés à un succès pop, à un air ancien que l’on connaît presque malgré soi, comme cette version de « Love is Blue » d’André Popp qui figure ici dans une version vouée à la guitare.

Car Gabor est guitariste, hongrois d’origine, installé aux States après avoir fui son pays à l’âge de vingt ans. Il est généralement rattaché au monde du jazz, il a même enregistré huit albums pour Impulse, c’est presque une consécration. Pourtant il sera toujours un peu à part, le répertoire peut-être…

Ce « Bacchanal », enregistré en soixante-huit, est souvent considéré comme son meilleur album, mais certains lui préfèrent « Dreams », question de goût sans doute. Les deux sont sur le label « Skye » créé par Gabor lui-même après son départ d’Impulse. La pochette est très costaude, laminée par-dessus un carton épais, elle en impose. L’album se caractérise par les nombreuses reprises qu’il contient, car seuls deux titres sont signés du guitariste.

Gabor Szabo et Jim Stewart sont à la guitare, Hal Gordon aux percus, Jim Keltner à la batterie et Louis Kabok à la basse. Ça tourne bien, mi-jazz, mi-pop, c’est bien ficelé, quelques belle pièces, «Three King Fishers » et « Sunshine Superman » de Donovan, « Some Velvet Morning » de Lee Hazelwood, « The Look Of Love » de Burt Bacharach and Hal David, que des tubes !

Les deux titres de Gabor Szabo sont également très bons, la chanson titre et « Divided City » qui ferme l’album. C’est un vinyle qui n’a certes rien d’indispensable dans une discothèque, mais on peut s’y attacher principalement pour cela, parce qu’il est futile, frivole et superficiel, presque ornemental, on peut tout aussi bien le juger léger, vaporeux, propre à vous tourner l’esprit à la façon d’un bon vin, ou même compagnon de chagrin, il apaise et réconforte avec la dérision qui est la sienne…

Pour cela il s’est fait une petite place.

Bacchanal (Remastered)


The Divided City (Remastered)


Some Velvet Morning


Love Is Blue (Remastered)

C’est sûrement le disque de Gabor Szabo que je préfère, et cette version envoûtante de Lee Hazlewood n’y est sûrement pas pour rien.
Affreux, sale et méchant.

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par DaFrog » mar. 18 avr. 2023 14:49

Yes, beaucoup de bons disques chez Szabo, dont dont Spellbinder et Jazz Raga, peut-être déjà chroniqués ici même … belle constance Douglas :chapozzz:



It’s too late to be hateful :ange:

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