J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

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nunu
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par nunu » mar. 18 avr. 2023 18:04

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Petit hommage A Ahmad Jamal avec cet album de 1968 avec Frank Gant et Jamil Sulieman

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Douglas
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 19 avr. 2023 03:41

The lad a écrit :
mar. 18 avr. 2023 14:40
Douglas a écrit :
mar. 18 avr. 2023 04:30

Some Velvet Morning

C’est sûrement le disque de Gabor Szabo que je préfère, et cette version envoûtante de Lee Hazlewood n’y est sûrement pas pour rien.
DaFrog a écrit :
mar. 18 avr. 2023 14:49
Yes, beaucoup de bons disques chez Szabo, dont dont Spellbinder et Jazz Raga, peut-être déjà chroniqués ici même … belle constance Douglas :chapozzz:



Cool à vous d'être passé par ici, cet album le mérite, c'est sûr! C'est malgré tout la première fois que je parle de l'un de ses albums...
Modifié en dernier par Douglas le mer. 19 avr. 2023 04:28, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 19 avr. 2023 04:14

nunu a écrit :
mar. 18 avr. 2023 18:04
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Petit hommage A Ahmad Jamal avec cet album de 1968 avec Frank Gant et Jamil Sulieman
Certes un grand pianiste nous a quittés et tu fais bien de nous y faire penser...

Je suis un peu plus fourni côté enregistrements de la part d'Ahmad Jamal, mais ce n'est pas la folie non plus.
Je l'avais pas mal écouté autrefois, quand j'enregistrais sur bande des émissions de France Musique, ses enregistrements anciens m'avaient bien emballés, mais je n'ai pas retrouvé cet engouement premier.
Je possède "At The Blackhawk" (62) en trio, " The Awakening" de 70 sur Impulse, "Blue Moon - The New York Session" de 2012 et son suivant "Saturday Morning - La Buissonne Studio Sessions" dans un esprit voisin, mais aussi "Ahmad Jamal, Yusef Lateef – Ahmad Jamal Featuring Yusef Lateef/ Live At The Olympia June 27.2012", un double Cd augmenté d'un Dvd, un album très émouvant où il accompagne le vieux Yusef, c'est même assez poignant.

Mais en parcourant les vieux manuels on conseille souvent:
"At The Pershing Room" de 58
"Extensions" de 65
"Poinciana revisited" de 68
" Ahmad Jamal / Gary Burton - In Concert" de 81
"Live In Paris 1992"
"In Search Of Momentum" 2003
"A Quiet Time" 2009

A mon avis ne pas hésiter à aller fouiller dans les vieux enregistrements...
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 19 avr. 2023 04:24

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The Gary Burton Quartet ‎– Lofty Fake Anagram (1967)

Voici une petite page d’histoire avec le Gary Burton Quartet enregistré en le quinze et le dix-sept août mille neuf cent soixante -sept, c’est le second enregistrement de la formation, quatre mois après « Duster » et un mois après « A Genuine Tong Funeral », en compagnie de Carla Bley, qui paraîtra en soixante-huit.

Le fameux quartet est au complet, Gary Burton est au vibraphone, Larry Coryell à la guitare, Steve Swallow à la basse et Bobby Moses à la batterie. Il est évidemment difficile de parler de « jazz rock » ici, ce serait sans doute abusif, mais l’enjeu existe, on peut risquer l’idée de prémisses. Ça tient à la personnalité des musiciens réunis, il y a comme une énergie qui n’appartient qu’au rock qui se manifeste ici, au travers de l’appétit de Gary, des riffs de Larry et de la boulimie rythmique de Steve, les trois propulsés par le drumming insatiable de Bobby !

L’homme aux quatre mailloches est un musicien incroyable et virtuose qui stupéfie ses auditoires, il a trouvé avec Larry Coryell un interlocuteur à son niveau, on balance entre les élégances subtiles et la puissance démonstrative, la section rythmique est au diapason et rien n’est faiblard sur cet enregistrement extrêmement brillant.

Quelques pièces se distinguent par leur mélodie mémorable, la reprise de « Fleur Africaine » de Duke Ellington et celle de « Mother Of The Dead Man » de Carla Bley. Il y a également deux reprises de Mike Gibbs qui ouvrent l’album. Gary Burton signe trois belles compos et Steve Swallow deux dont « General Mojo Cuts Up » un poil expérimental qui est très dans l'air du temps.

Un chouette album de l’époque qui mérite la plus grande attention…

The Gary Burton Quartet - Fleurette Africaine (HQ Audio)


June the 15th, 1967


The Gary Burton Quartet - I'm Your Pal (HQ Audio)


Mother of the Dead Man
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 19 avr. 2023 14:47

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John Zorn - Filmworks XVII: Notes on Marie Menken / Ray Bandar: A Life With Skulls (OST) (2006)

Je ne connais pas tous les filmworks mais celui-ci est particulièrement excellent !

Il se compose de deux bandes-son pour documentaires, le premier, composé de cinq pièces pour un court-métrage réalisé par Beth Cataldo sur Ray Bandar, un chercheur scientifique qui collectionne les crânes d'animaux. Pour conserver l'aspect brut et tribal John Zorn met à contribution Cyro Baptista et tous deux jouent les cinq pièces aux percussions et au piano à pouces, elles seront disséminées sur l'album, ménageant des pauses entre les 9 pièces qu'il compose pour le documentaire de Martina Kudlacek "Notes On Marie Menken".

Un quatuor est mis en place, Jon Madof à la guitare, en tous points excellents, Shanir Ezra Blumenkranz à la basse, Kenny Wollesen à la batterie et Zorn lui-même au piano et saxophone alto.

John Zorn est saxophoniste de formation et, à vrai dire, on l'entend peu sur ses enregistrements, l'occasion nous est offerte ici sur le sixième morceau, "GoGoGo", de l'écouter pendant huit minutes de folie, où il fait une démonstration époustouflante de ses talents d'instrumentistes, un brûlot free incandescent, du genre qui laisse des traces, il retrouve le sax également sur « Skull IV » !

Un grand album.
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 20 avr. 2023 04:56

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The Gary Burton Quartet With Orchestra – A Genuine Tong Funeral (1968)

Cette pochette pourrait laisser penser que Gary Burton est l’organisateur de cet « Opéra muet », mais en réalité il n’en est rien et il aurait été justice que l’album soit cosigné par Carla Bley, tant son empreinte est visible un peu partout ici. C’est bien elle qui signe par sa couleur, ses compositions, sa « patte » si personnelle, ce magnifique enregistrement, un classique pour moi.

Le titre signifie « Funérailles dans la tradition Tong », il provient d’un vieux film français projeté à la télé américaine pendant lequel on pouvait assister à une longue procession funéraire dans les rues de Hong Kong. Carla Bley s’est emparée du thème et des images, pour nous livrer sa sublime vision, toute en ressenti sensible, porteur d’une forte émotion.

En fait, cette longue et belle suite, dormait dans un fond de tiroir, attendant l’opportunité pour éclater en plein jour. C’est par le truchement de Steve Swallow, ami de Carla et musicien travaillant aux côtés de Gary Burton, que l’idée se concrétisa. Carla travailla à nouveau son œuvre pour la rendre compatible avec la formation du vibraphoniste, et l’orchestre réuni autour de Carla s’avère tout à fait exceptionnel.

Sont présents Gary Burton au vibraphone, Larry Coryell à la guitare, Steve Swallow à la basse et Lonesome Dragon à la batterie, ce dernier serait un pseudo choisi par le musicien, peu satisfait de sa prestation. S’ajoutent quelques invités d’importance, Steve Lacy au sax soprano, Mike Mantler à la trompette, Gato Barbieri au sax ténor, Jimmy Kneeper au trombone et trombone basse, Howard Johnson au tuba et enfin Carla Bley au piano, à l’orgue et à la direction orchestrale.

Nous sommes en juillet soixante-sept, un mois avant l’enregistrement de « Lofty Fake Anagram », l’album du dessus, qui verra paraître une version du magnifique « Mother Of The Dead Man » en avant-première.

Que de merveilles sur cet album, je cale toujours à l’idée d’écrire un truc sur « Escalator Over The Hill » tellement c’est grandiose, je m’incline avec respect puis range la plume. Ici c’est exactement la même chose, tout aussi beau, précis, parfait, une pure pépite rutilante, mais par bonheur, l’œuvre est à taille humaine, environ quarante-cinq minutes où chaque seconde est pesée, du coup je me lance malgré tout, me bornant à relater les circonstances…

A l’énoncé des musiciens vous avez certainement été troublés, tous seront bientôt célèbres et reconnus, chacun dans son domaine. Imaginez qu’ils sont au meilleur et que l’écrin tissé par Carla, au travers d’arrangement habiles et somptueux, est d’une telle magnificence qu’il vous embarque et vous emporte dans un voyage incroyable, bien qu’il soit, nous dit-on, lugubre et funéraire…

Je ne vous parle pas des thèmes magnifiques, Carla possède un don pour l’écriture ciselée, ni des soli qui sont extraordinaires, Gato, Steve L., Larry, Steve S., Howard, Mike et tous les autres qui s’époumonent parfois jusque dans la démesure…

Un chef d’œuvre, juste indispensable.

gary burton - 1. - the opening - shovels - the survivors - grave train


A Genuine Tong Funeral: A Beginning: The New National Anthem--Son of Jazz


A Genuine Tong Funeral: Events Leading To The End: Part One: Interlude: Lament


A Genuine Tong Funeral: Events Leading To The End: Part Three: Some Dirge---Hour of the Wolf
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 20 avr. 2023 15:12

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Filmworks XVIII: The Treatment (OST) (2006)

Cette fois-ci c’est une musique de film long métrage qui est proposé au démiurge, d'abord réticent, comme souvent, John Zorn s'est laissé convaincre par le réalisateur Oren Rudavsky qui lui a suggéré de jouer des tangos, ce faisant il a visé juste, notre génie "touche à tout" s’est laissé convaincre, et c’est ainsi qu’il a écrit des variations autour du tango, risquant, avec hardiesse, le mélange avec de la musique klezmer.

Le résultat final voisine comme toujours avec la perfection : exécution instrumentale aux petits oignons, rien ne dépasse ! Il faut dire qu'avec Mark Feldman au violon, Kenny Wollesen au vibraphone, Shanir Ezra Blumenkranz à la basse et Rob Burger à l'accordéon, les risques de dérapage étaient limités, Marc Ribot venu en ami joue même sur deux titres.

C’est une nouvelle page d'une grande beauté qui à mettre à l'actif de John Zorn, on finit même par s'habituer à cette exigence élevée !
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 21 avr. 2023 04:08

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George Adams – Suite For Swingers (1976)

Un album enregistré à Rome le vingt-huit juillet soixante-seize, au cœur de l’été. George Adams est un saxophoniste ténor, et chanteur sur cet album, qui a été élevé au son du blues et du rhythm’n’blues, il a ensuite viré bop et a appris également la flûte et même la basse. Il est cependant connu plus particulièrement pour sa participation dans l’orchestre de Charlie Mingus en ce milieu des années soixante-dix, on peut l’entendre sur « Mingus Moves », « At Carnegie Hall », « Changes One » et « Changes Two ». Cet album-ci est le second sous son nom en tant que leader.

Le voici à la tête d’un quintet à fière allure, il joue en compagnie de l’excellent Don Pullen au piano, de David Friesen à la basse, de Dannie Richmond à la batterie et d’Afonso Vieira aux percussions. Ils sont donc trois Mingusiens sur cet album, Don, Dannie et George bien sûr, les voilà bien rodés, ils s’entendent à merveille.

La première pièce, « Suite For Swingers » occupe toute la première face, un peu plus de vingt-deux minutes de bonne musique, un post bop ouvert à la musique libre, de telle sorte que chacun se sente bien, entre une certaine tradition et une large ouverture d’esprit qui laisse sa place aux improvisations les plus débridées. L’occasion de laisser briller Don Pullen qui aime cette Italie qui l’accueille toujours avec un grand sourire, lui dont le jeu est particulièrement apprécié là-bas.

David Friesen dans le rôle de Mingus n’est pas mal non plus, et que dire de Dannie Richmond, excellent et stimulé par le créatif Afonso qui joue de mille percussions aux accents les plus divers. Une chouette pièce qui respire la douceur conjuguée aux rythmes chauds du Brésil.

La seconde pièce est un blues, « Blues By The River », George Adams se souvient de son enfance, puis de ses premiers pas de musicien pendant lesquels il accompagnait Howlin’ Wolf, Little Walter, Elmore James, Lightnin’ Hopkins et d’autres encore… Un parcours idéal qui l’emmena jusqu’à Mingus qui s’y connaît en « roots ».

C’est sûr qu’ils savent faire et là rien à dire, si ce n’est que nous plongeons direct dans la tradition, avec George qui chante avec une voix éraillée mais bien placée, il s’offre également une belle partie au sax, histoire de bien plonger au temps d’avant, d’ailleurs chacun joue le jeu, même quand George se lâche un peu en s’offrant quelques vocalises un peu surprenantes.

La dernière pièce « Melodic Rapsody » dépasse le quart d’heure, de quoi remplir la face à raz-bord et finir le voyage de la façon la plus tendre et la plus romantique. C’est en fait un duo entre le saxophoniste et le pianiste, ce dernier joue du piano électrique et soutient le saxo qui s’évertue en saccades lyriques.

L’impression est très bonne, beaucoup de douceurs qui ouvrent les portes de la « spiritual music », histoire de partir un peu et d’échapper à la pesanteur…

Suite for Swingers


Blues By The River


Melodic Rapsody
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 21 avr. 2023 16:32

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John Zorn – Filmworks IV: S/M + More (1997)

Paru à l’origine sur Eva records au Japon, le cd est ressorti en quatre-vingt-dix-sept chez Tzadik, dans la série des Filmworks, avec le numéro quatre, à gauche de la pochette on remarque l'indispensable obi, il permet de classer les Cds avec classe. Plusieurs bandes sons sont ici compilées.

La première d’entre elles, « Pueblo » est une sorte de musique type western qui respire la chaleur, la torpeur et la sueur. La musique semble véritablement au ralenti, comme figée, assommée par les rayons du soleil. Marc Ribot et Robert Quine sont à la guitare, Anthony Coleman à l’orgue, Cyro Baptista aux percus, Chris Wood à la basse et Joe Baron à la batterie, ça démarre fort.

La seconde partie est une suite en deux mouvements, « Elegant Spanking » de Maria Beatty contient la première partie, c’est la bande-son d’un film SM que l’on suppose plutôt chic puisqu’ élégant. C’est un trio à corde qui officie, avec notamment Erik Friedlander, augmenté d’un vibraphone et de percussions. Violoncelle, harpe et alto procurent un fond sonore assez discret, tout en pincements et cordes frottées, tandis que les percus semblent s’agiter à un rythme régulier et marquer le temps qui s’écoule.

La seconde partie est constituée par la bande-son de « Credits Included (A Video In Red & Green) » de Jalal Toufic. C’est Jason Baker qui officie, de la musique électro assez torturée, avec des zébrures et des sons parfois agressifs, à d’autres moments c’est beaucoup plus calme et une sorte de musique orientale s’impose petit à petit, avec percussion, instrument à cordes et flûte.

La troisième pièce « Maogai » est un solo de piano qui illustre le film d’Hiroki Ryuichi, c’est le pianiste Kuroda Kyoko que l’on entend, tandis que sur le film on voit un acteur pianiste jouer… C’est un beau passage de l’album, assez intense, avec une mélodie simple et puissante, à la fois lyrique et mélodique.

La dernière pièce « Lot Of Fun For The Evil One » est construite à base d’échanttillons, Zorn plutôt rétif à ce genre de machine fait entrer une certaine modernité dans sa musique, cris d’oiseaux, litanie et bruit de moteur d’un navire se superposent dans un premier temps, avant qu’on ne s’embarque dans un voyage ferroviaire, ou quelque chose d'autre, car tout est possible.

Cet album est assez disparate, il conjugue des styles très différents et ne cultive aucune continuité, on peut imaginer que l’auditeur ne sera pas forcément conquis par toutes ces musiques en enfilade, mais qu’il trouvera ici ou là de quoi se repaître…
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 22 avr. 2023 04:02

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Gene Krupa – Drummer Man (1956)

Bien que cet album soit enregistré en cinquante-six, le millésime est trompeur car il vous projette beaucoup plus loin dans le temps, au milieu de l’ère « swing », au temps d’avant, dans les années trente ou au début des années quarante, tout en bénéficiant de la qualité de son de la fin des années cinquante.

Très certainement Gene krupa était un grand batteur, il s’est fait connaître en même temps que Benny Goodman. D’origine polonaise, il s’attache à Benny et le suit dans ses aventures, en trio, en quartet, puis dans le grand orchestre. Arrêté pour possession de drogue, le bon Benny le sortira de la panade. Petit à petit, il prend son indépendance et incorpore dans son orchestre la chanteuse Anita O’Day, ils obtiennent le succès avec le titre « Let Me Off Uptown » accompagnés par le trompettiste Roy Eldridge.

L’album « Drummer Man » est une sorte de relecture de ces années-là. Le trio gagnant est à nouveau réuni et, il faut bien le dire, pour le meilleur, car les bonnes années semblent vouloir renaître et la magie d’antan éclate à nouveau avec son « swing » indémodable et son énergie première.

La voix d’Anita O’Day est toujours aussi envoutante, pas si loin de Billie, elle sait mettre en valeur une mélodie et possède un charme exquis et personnel dans la voix, sans jamais se cacher derrière une technique pourtant brillante. Roy Eldridge lui aussi est au top, il brille sur les deux premiers titres, « Let Me Off Uptown » ou il dialogue en chanson avec Anita, et sur « Rockin’ Chair » qui lui est entièrement dédié en tant que soliste, une merveille.

D’une certaine façon on pourrait dire sans trop se risquer que « Drummer Man » serait le dernier album de l’ère swing. Il ne faut surtout pas oublier l’excellence des arrangements, signés le plus souvent par Quincy Jones, huit fois, Manny Albam, Nat Pierce et Billy Byers se partagent les quatre autres titres.

Il y a également des solistes de qualité, outre Roy qui se procure la part du lion, on peut entendre Eddie Shu et Aaron Sachs au sax ténor ou à la clarinette, Jimmy Cleveland au trombone Dave McKenna au piano. Le producteur n’est personne d’autre que Norman Granz lui-même.

Ici on ne dépasse jamais trois minutes trente par titre, certificat d’authenticité exige, seul compte l’énergie et le swing, une certaine légèreté également, car la scène est faite pour rêver, s’échapper quelques heures du réel et entrer dans un autre monde, fait d’artifices et de paillettes, mais surtout d’ivresse musicale, et là, le pari est bien gagné !

Rockin' Chair


Let Me Off Uptown


Drummin' Man


Boogie Blues
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 22 avr. 2023 15:24

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John Zorn – Filmworks VI – 1996

Le volume six des filmworks contient la musique de trois courts-métrages. Le premier d’entre eux, réalisé par Dina Waxman, « Anton, Mailman », ne sortira jamais pour des problèmes de financements concernant la dernière partie du film et sa fin. Quatre pièces sont cependant enregistrées, dans un style un peu western, des airs entraînants avec des guitares sympas, il est vrai que Marc Ribot est là, impérial, en compagnie de Greg Cohen à la basse, Cyro baptista aux percus et John Zorn lui-même au sax alto, dans le genre c’est vraiment très bon.

Le second film se nomme « Mechanics of the Brain », il est réalisé par Henry Hills. Les pièces sont très différentes, très courtes, elles sont neuf, et la plus longue dure trois minutes quarante-sept. Cette fois-ci on pense parfois à de la musique de chambre, mais plus souvent à une musique ouatée, de climats un peu inquiétants, une atmosphère un peu irréelle. Il y a également une séquence hardcore très violente « Brain Scan ».

On trouve ici Mark Feldman, Erik Friedlander, Marc Ribot, Ikue Mori et John Zorn, la garde rapprochée de ces années-là. La musique vient en appui du film et le sublime. Le morceau « Houdini » est superbe !

Le dernier court-métrage « The Black Glove » de Maria Beatty, est une nouvelle variation autour du SM. Deux pièces, « Part One (Hot) » qui frôle les vingt minutes, et « Part Two (Cool) » de presque huit minutes. La musique se veut atmosphérique et présente une thématique autour de trois éléments, le feu, l’eau et le vent. C’est très réussi, original et très bien vu.
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 23 avr. 2023 05:03

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George Russell Sextet – George Russell Sextet At The Five Spot (1960)

A la fin des années cinquante le jazz était à un tournant, chacun le sentait mais nul n’en était sûr, quelque chose devait se passer et ça arriva sous une forme un peu inattendue, le free jazz rua dans les brancards et John Coltrane prit une dimension colossale, mais tout cela ne se fit pas sans conséquences ni dégâts, n’épargnant personne.

George Russell était un compositeur, un arrangeur, il créait les conditions pour mettre les solistes à l’honneur, un travail obscur qui éclata en cinquante-neuf avec l’album « New York, N.Y. », et en soixante avec l’extraordinaire « Jazz In The Space Age », deux albums cultes qui marquèrent leur temps.

Et puis il y eut cet album « George Russell Sextet At The Five Spot » que tout le monde salua comme excellent, mais qui ne fit guère parler de lui. Peut-être est-ce lié au manque de notoriété des musiciens, mis à part Chuck Israels, ici noté Charles, à la basse, les autres ne sont pas très connus, bien qu’ils soient tous remarquables et très au niveau.

Et puis il y a également ce titre un peu bancal, c’est vrai qu’ils sont au « Five Spot Café » où venait de passer Thelonious Monk et John Coltrane, mais en fait, l’orchestre est réuni dans un studio, ce vingt septembre mille neuf cent soixante, et pas d’ambiance avec bribes de conversation, bruits de couverts ou applaudissements. Certes on y gagne en clarté, l’album semble immaculé.

J’ai été un peu soft tout à l’heure, la vérité oblige à dire que les solistes sont assez fabuleux, bien que restés dans l'anonymat, le trompettiste Al Kiger, le tromboniste David Baker, le saxophoniste ténor Dave Young et le batteur Joe Hunt sont vraiment excellents et le piano est tenu, de façon bizarre et géniale, par George Russell lui-même.

Deux pièces de Carla Bley, magnifiques, « Dance Class » et « Beast Blues », un titre d’ouverture signé Miles Davis, « Sippin’ At The Bells » et un autre de John Coltrane, « Moment’s Notice », de quoi faire, si on ajoute « 121 bank Street » de David Baker et « Swingdom Come » de George Russell, l’album est bouclé !

Chaque pièce est une mise en situation des solistes qui est ordonnée, de quoi mettre en valeur chacun, tout en mettant en scène la prestation, afin qu’elle sonne au mieux. Pour autant les structures sont souvent bancales, enfin faussement, avec des dissonances, des chausse-trappes, on pense très souvent à Monk en écoutant le jeu brinquebalant et imprévisible de Russell, par exemple.

Sippin' at Bell's


Moment's Notice


Beast Blues


121 Bank Street



Un album qui ne laisse pas indifférent, à écouter après les deux totems là-haut précités.
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par gabuzomeuzomeu » dim. 23 avr. 2023 13:26

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Gareth Sager Feat. David "Flash" Wright - Ghost Ship Trance Lamentations (2022)
Gareth Sager : Guitarist, keyboardist, songwriter.

In his early years, Sager became acquainted with the works of Erik Satie, Frédéric Chopin and Claude Debussy, an influential starting point revisited and expanded upon with 2017's solo piano album 88 Tuned Dreams.

After The Pop Group first disbanded in 1980, Sager formed the conceptual collective Rip Rig + Panic, headed by a young Neneh Cherry. They released three albums and a run of singles. During these years Sager also played saxophone on "A-Train", a track featured on The Flying Lizards' Fourth Wall. In 1985 Rip Rig + Panic (with Neneh Cherry) changed their name to Float Up CP releasing one final album and single before amicably disbanding.

Soon after, Sager helped initiate Head, transforming his work once again and pursuing a soused, anthemic pop under the influence of The Pogues, Captain Beefheart and the traditional sea shanties and folk tunes of Sager's base for many years, Bristol.

In a solo capacity, as CC Sager, Pregnant and as Gareth Sager respectively, Sager's work has been championed and comprehensively collated by Glasgow institution and John Peel favourite Creeping Bent. He was also engaged in manifold collaborations with the late Scottish punk poet and 'tragedian' Jock Scot, including regular live performances at Edinburgh Festival Fringe, as well as a record, Caledonian Blues, released by Geoff Barrow's Invada Records.
Rikikipèdia.

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 23 avr. 2023 13:47

gabuzomeuzomeu a écrit :
dim. 23 avr. 2023 13:26

Gareth Sager Feat. David "Flash" Wright - Ghost Ship Trance Lamentations (2022)
Gareth Sager : Guitarist, keyboardist, songwriter.

In his early years, Sager became acquainted with the works of Erik Satie, Frédéric Chopin and Claude Debussy, an influential starting point revisited and expanded upon with 2017's solo piano album 88 Tuned Dreams.

After The Pop Group first disbanded in 1980, Sager formed the conceptual collective Rip Rig + Panic, headed by a young Neneh Cherry. They released three albums and a run of singles. During these years Sager also played saxophone on "A-Train", a track featured on The Flying Lizards' Fourth Wall. In 1985 Rip Rig + Panic (with Neneh Cherry) changed their name to Float Up CP releasing one final album and single before amicably disbanding.

Soon after, Sager helped initiate Head, transforming his work once again and pursuing a soused, anthemic pop under the influence of The Pogues, Captain Beefheart and the traditional sea shanties and folk tunes of Sager's base for many years, Bristol.

In a solo capacity, as CC Sager, Pregnant and as Gareth Sager respectively, Sager's work has been championed and comprehensively collated by Glasgow institution and John Peel favourite Creeping Bent. He was also engaged in manifold collaborations with the late Scottish punk poet and 'tragedian' Jock Scot, including regular live performances at Edinburgh Festival Fringe, as well as a record, Caledonian Blues, released by Geoff Barrow's Invada Records.
Rikikipèdia.

Со всеми этими классическими отсылками мы могли бы получить своего рода легкую аудирование, путь, по которому часто шли величайшие, Джон Зорн даже делает из этого большую специальность, хотя дома легкое прослушивание часто легче слушать, чем играть. ...
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 23 avr. 2023 13:50

Douglas a écrit :
ven. 7 févr. 2020 21:30
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On le sait le travail de John Zorn donne lieu à de nombreuses productions, c’est un musicien très prolifique et sa soif de composer semble inaltérable, à tel point que ses œuvres sont souvent regroupées par thèmes, chaque volume s’intégrant dans un ensemble plus grand.

Voici par exemple "Secret Lives", le onzième volume des « Filmworks », comme le nom l’indique il s’agit de musique de film. La série des Filmworks est aujourd’hui achevée, elle compte désormais vingt-cinq volumes dont la publication s’est déroulée entre 1995 et 2013. Les "bande sons" ont été importantes pour John Zorn car elles ont généré des revenus (souvent petits) et lui ont permis d’enregistrer, le plus souvent avec un brio extrême, des musiques assez populaires, voire « mainstream » (ce qui ne veut pas dire au rabais), ça lui a également permis de faire travailler nombre de musiciens exceptionnels, comme ici.

C’est la musique d’un documentaire sur les « justes », ainsi nommés car ils sauvèrent, au péril de leur vie, des enfants juifs pendant la seconde guerre mondiale. C’est Aviva Slesin la cinéaste, elle et ses producteurs ont des idées arrêtées sur la musique qu'ils souhaitent pour le film, mais cela ne convient pas à John Zorn… Il a vu et aimé le documentaire, il se sent concerné jusque dans sa chair et il est rare qu’un projet lui tienne autant à cœur, il demande qu’on lui fasse confiance : il sait la musique qui tiendra le film.

Il fait appel au pianiste Jamie Saft et à son épouse Vanessa qui chante, ainsi qu’au « Masada String Trio » : Erik Friedlander au violoncelle, Greg Cohen à la basse et Mark Feldman au violon. Le volume est exceptionnel, servi par des musiciens qui réussissent à transmettre les émotions grâce à une sensibilité, une précision et une cohésion rare, on passe par le drame, la tristesse et l’espoir, des formes simples, classiques ou discrètement klezmer, vingt et un titres et autant d’occasions de porter les sentiments, les sensations et de sauver l’innocence perdue de l’enfance…
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 24 avr. 2023 04:55

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Oliver Lake – Life Dance Of Is (1978)

Un album intéressant de la part d’Oliver Lake, cofondateur du Black Artists Group de St Louis et également membre de l’Association for the Advancement of Creative Musicians de Chicago. Le musicien est, avec d’autres, au cœur du post free, cet album de soixante-dix-huit est révélateur des tentations de l’époque.

Le free-jazz engagé, puissant et brutal, dévastant tout sur son passage et ne gardant que l’impact puissant de l’improvisation collective a cessé de faire rêver. Les musiciens, et particulièrement les plus jeunes, tentent de créer d’autres voies, souvent plus expérimentales et originales, afin de faire naître une autre organisation des sons. Cet album est à cet égard intéressant puisqu’il ouvre différentes routes, des formes plus ou moins nouvelles, d’autres façons d’envisager la musique de jazz.

La première pièce « Rite-ing », d’une durée de douze minutes et vingt-deux secondes, nous offre un exercice qui sera souvent plébiscité par de nombreux membres de l’AACM, je l’appellerais le chemin des silences, des traits et des points. Ce n’est pas ce que je préfère mais ça a été assez largement exploité par ceux de la nouvelle génération.

On trouve des exemples très tôt de cette option, chez les musiciens du Spontaneous Music Ensemble par exemple. L’improvisation est collective, mais elle fait place aux silences au milieu des pièces, qui sont constituées par de brèves séquences musicales de quelques notes, incorporant des silences et un travail sur les temps, les timbres, les rythmes et les intensités. La musique n’est plus qu’un moment parmi d’autres sans. A cet égard « Rite-ing » est poussée très loin.

« Comous » retrouve la continuité de la musique avec une structure plus habituelle, mais elle semble très individuelle et chacun joue sa partie sans paraître écouter les autres, les solistes se succèdent et fournissent une énergie cacophonique qui devient quasiment structurante. « Shu-Ful » qui suit semble tenir à quatre pattes, et on goute à Michael Gregory Jackson et à sa guitare, au rythme du piano de d’Anthony Davis, à la basse de Leonard Jones et à la batterie de Paul Madox. Une formation simplement extraordinaire.

La face B s’ouvre sur « Tfon » le seul titre qui n’est pas signé par Oliver Lake, mais par le guitariste. C’est à nouveau une longue pièce qui incorpore des passages free, Michael joue de la guitare électrique et Oliver Lake joue du sax alto et de la flûte, la rythmique à l’arrière déstructure à souhait et chacun déconstruit, les saillies de la guitare sont, à cet égard, en première ligne !

La surprise provient de la pièce suivante qui incorpore un inattendu reggae, « Change One » est du coup bien réussi et fait plaisir. L’atout de cet album c’est donc sa très grande diversité et son pouvoir visionnaire. On n’oubliera pas qu’Oliver Lake est un très grand compositeur et qu’il possède le pouvoir de nous faire voyager, mais là où il veut…

Oliver Lake - Life Dance Of Is LP 1978
A1 Rite-ing
A2 Comous
A3 Shu-ful
B1 Tfon
B2 Change One
B3 Of Is
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 24 avr. 2023 15:09

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John Zorn – Filmworks VII: Cynical Hysterie Hour (1989)

Ce septième volume est très particulier, il est entré dans la famille des filmworks en quatre-vingt-dix-sept, à la faveur d’une réédition sur Tzadik.

Il explose un peu les catégories et les records, déjà il ne dure que vingt-cinq minutes, mais contient vingt-trois titres, le plus long culmine à trois minutes et trente-six secondes, le plus court à treize secondes, ça file !

Il faut dire qu’il est exceptionnellement consacré à de la musique de dessins-animés, ils sont quatre, imaginés par Kiriko Kubo. Pour chacun John Zorn réunit un orchestre différent, ils sont donc trente-deux musiciens à bâtir cette musique croquignolesque, qui n’est pas sans rappeler le rythme effréné de Naked City, pour ceux qui ont écouté.

C’est bref et bon, les climats se suivent à un rythme d’enfer, c’est foutraque et jubilatoire, je ne suis pas sûr que ça plaise aux enfants, ou alors il faut les préparer :

« Ce que vous allez entendre est incroyable, jamais vous n’avez entendu une chose pareille, parfois c’est doux, câlin et charmant, parfois, ça fait peur et c’est très inquiétant, d’autres fois encore ça fait un bruit très fort dans les oreilles, et ça donne envie de sursauter, mais il y a aussi des moments drôles et d’autres qui donnent envie de danser… »
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 25 avr. 2023 03:22

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Pharoah Sanders Quartet – Live At Fabrik Hamburg 1980 (2023)

Une nouveauté pour changer, bien qu’elle ressuscite un concert ancien, donné le six juin quatre-vingts à la « Fabrik » de Hambourg, par le quartet de Pharoah Sanders. Ce dernier est au ténor et se fait accompagner par le fidèle John Hicks au piano, Curtis Lundy à la basse et Idris Muhammad à la batterie, celui-ci s’offre un mini solo vers la fin du titre d’ouverture « You Gotta Have Freedom ».

Parlons un peu de ce qui fait que Pharoah est Pharoah, je parle de ce cri, né très tôt dans son jeu, dont il jouait et même, peut-être, abusait au temps de la jeunesse, bien que pour moi il n’est jamais arrivé qu’il me lasse. Ce cri venait de loin et exprimait à lui seul toute la générosité contenue dans le jeu surpuissant du saxophoniste. Il exprimait à la fois le don de soi et le plaisir du dépassement, tout donner et ne rien garder, jusqu’à l’épuisement, souffler encore et encore, et voir les foules se soulever…

Mais ça ne peut durer qu’un temps, le corps possède ses limites et il ne sert à rien de vouloir le forcer, sinon se mettre en péril, avec le temps le cri s’est amenuisé, est devenu plus rare, mais les aficionados s’en contentaient, c’était déjà beaucoup, car tout revenait, les plaisirs anciens augmentés du plaisir de l’instant.

Alors le cri s’est petit à petit domestiqué, n’intervenant plus vraiment comme une surprise, car on le sentait préparé, mais c’était déjà énorme de l'entendre, et c’était déjà beaucoup, largement suffisant pour plaire à son public reconnaissant, alors écoutons cette première face « You Gotta Have Freedom », en profitant à plein de ces moments rares.

La face B est la plus courte, les treize minutes d’« It’s Easy To Remember » passent très vite et permettent à Curtis Lundy de nous offrir un magnifique solo de basse sur cette jolie ballade signée Richard Rodgers, c’est un genre que Pharoah aime et auquel il s’est exclusivement livré sur plusieurs albums.

La face C est occupée par « Dr. Pitt », la pièce s’étale sur plus de vingt minutes, elle fait partie des morceaux qui sont très souvent joués en concert. Le piano de John Hicks dessine un thème très stimulant qui évoque la fête ou la liesse. Pharoah ouvre la ronde des solos et s’envole le premier dans un effort sans surprise oserait-on dire, c’est-à-dire tout bonnement excellent et digne de son art, avec quelques-unes de ses embardées légendaires, qui sont sa marque.

Le concert s’achève avec le fameux « The Créator Has A Masterplan », son hymne à lui, et enfin avec le magnifique « Greetings To Idris » qui plie le set et clôt dignement cet enregistrement qui est très honorable, bien qu’il n’apprenne rien de plus aux amateurs déjà bien pourvus en enregistrements du Pharaon. Les autres pourront se plonger avec plaisir dans les méandres de ce très bon concert, dans un lieu qui deviendra mythique et entrera dans la légende.

You Gotta Have Freedom (Live)


It's Easy To Remember (Live)


The Creator Has A Masterplan (Live)


Dr. Pitt (Live)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 25 avr. 2023 15:05

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John Zorn – Filmworks VIII: 1997

Ce huitième volume est très beau, il contient la musique de deux films. Tout d’abord un documentaire, « The Port of Last Resort » qui prend pour thème le départ des réfugiés juifs qui ont fui l’Allemagne nazie pendant les années trente, en direction de Shangai.

On retrouve ici la musique de chambre du Masada String Trio, c’est-à-dire Mark Feldman au violon, Erik Friendler au violoncelle et Greg Cohen à la basse. La formation est augmentée de Marc Ribot à la guitare, Anthony Coleman à la batterie et Min Xiao-Fen au pipa, un instrument chinois proche du oud qui s’utilise en pinçant les cordes.

Pour tout dire c’est une belle réussite, particulièrement la présence du pipa qui procure un mélange heureux et épicé entre la musique chinoise et les échos klezmer de la formation Masada augmentée. Douze pièces sont au menu, il y a de la pépite dans l’air…

L’autre film, « Latin Boys Go To Hell » n’a rien à voir, puisque le film d'Ela Troyano a pour sujet l’homosexualité, au vu des photos il semble un peu chaud. Bien entendu la musique est de John Zorn qui a invité un duo de musiciens pour l’interpréter. Cyro Baptista le percussionniste bien connu et Kenny Wollesen qui joue de la batterie, du vibraphone et des percussions.

A nouveau c’est une belle réussite et ce volume VIII est décidément très riche, la rencontre des percussions est très fine et très musicale, il faut dire que les deux sont des musiciens extraordinaires, maîtrisant leur art, il serait faux de ne pas y entendre de mélodie, d’échanges nombreux et d’une incroyable diversité musicale.

Ruan (Guitar Version) - John Zorn
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 26 avr. 2023 05:20

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Naïssam Jalal - Healing Rituals (2023)

Nous étions sans nouvelle depuis pas mal de temps, avant qu’enfin s’annonce cet album, créé à partir des « musiques de guérison ancestrales », de quoi libérer son corps des contraintes liées aux maladies et aux souffrances. Sans doute Naïssam a dû elle-même ressentir la tyrannie du corps, quand « le mal a dit », il faut bien guérir. C’est aussi par les voies de la musique à travers le silence, la transe et la beauté qu’arrive le « gai-rire ».

Pour suivre ces chemins anciens Naïssam fait confiance à sa flûte, à sa voix, au nay et au daf. Elle est entourée de Clément Petit au violoncelle et au chant d’accompagnement, à Claude Tchamitchian à la basse et à Zaza desidario à la batterie. Sept rituels et autant d’étapes parsèment le chemin de la guérison, il faut traverser le vent, les rivières et les collines, regarder le soleil et la terre et franchir les forêts et transpercer la brume...

S’il fallait rechercher une trace plus ancienne dans l’œuvre de Naïssam qui nous rapproche des « Healing Rituals », ce serait sans doute le double album « Quest of the Invisible » qui viendrait à l’esprit, comme s’il poursuivait sa quête par ici, trouvait au travers de ces rituels imaginés, de cette nature glorifiée, l’énergie du guérir et du renaître, de la vie et de la création.

Alors c’est bien beau, comme on s’en doute, on glorifie le calme, la plénitude, la sérénité et la contemplation. Toutes ces vertus qui nous envahissent à l’écoute de cette musique, l’énergie issue des tambours, des vibrations des cordes que l’on caresse et que l’on frotte, à la main ou à l’archet, et s’envolent dans le vent les chants des voix et des flûtes vers les airs et les éléments.

Et oui, c’est bien bel et bon, comme on s’en doute.

Rituel du soleil


Rituel du vent


Rituel des collines


Rituel de la rivière
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