1996 Feed The Fire
"Rock n Roll Rebels" de 1987 contient certaines des meilleures chansons du groupe depuis de nombreuses années.
Cependant, c'était juste censé être une démonstration d'enregistrement et, pour diverses raisons, à sa sortie, il est devenu un superbe disque.
Mais Steppenwolf avait souhaité refaire un enregistrement tel qu'il aurait du être, et en 1996, ce fut chose faite. Huit des chansons de "Rebels" et deux nouveaux morceaux "Feed The Fire" et "Bad Attitude" ont été enregistrés et / ou remaniés et les résultats ont été beaucoup plus que satisfaisants.
Ce disque est pratiquement un 'chef d'oeuvre".
1967 Nefertiti
Nefertiti est le quatrième album enregistré par le deuxième Quintet de Miles Davis et s'inscrit dans l'ère de la fusion qui a débuté avec l'album In a Silent Way de Miles Davis. Alors que son prédécesseur, Sorcerer, était imprégné de hard bop et comportait beaucoup plus de solos, Nefertiti est davantage axé sur l'ambiance.
Le morceau-titre présente l'un de leurs thèmes les plus mémorables, joué sur un shuffle, tandis que les fills rapides de Tony Williams deviennent de plus en plus présents au fur et à mesure que le morceau progresse. Le morceau suivant, "Fall", est tout simplement un morceau de musique magnifique. Bien que la retenue de Williams et du bassiste Ron Carter aide le morceau à fonctionner, c'est le solo de Wayne Shorter et le jeu exquis de Hancock qui en font une œuvre d'art. Avec "Hand Jive", le groupe revient au hard bop et Shorter oscille entre expression et flots de notes rapides, tandis que Carter et Williams assurent un rythme implacable. "Madness" est plus dramatique et présente un excellent travail de basse de la part de Carter et un solo cool, en partie sans accompagnement, de la part de Hancock. "Riot" est un autre morceau sombre mais court où Shorter, Davis et Hancock jouent tous des solos puissants. "Pinocchio" est très mélodique, semblable aux morceaux de Miles Smiles, et Williams y joue comme un monstre absolu.
La version remastérisée comprend quatre prises alternatives, dont deux versions de "Hand Jive" encore plus chaudes que l'original et une version plus lente de "Pinocchio" qui fonctionne très bien.
En définitive, Nefertiti est un autre joyau du second Miles Davis Quintette.
Mandrake - Mandrake (1978)
Dans le genre groupe ultra-rare et obscur des 70’s, MANDRAKE se positionne là où il faut. Vu qu’il a plusieurs groupes qui sévissent ou ont sévi sous le nom de MANDRAKE, il est bon de préciser que celui qui est concerné dans cette chronique était actif durant la seconde moitié des 70’s, venait des USA, plus précisément de Houston dans le Texas (je le précise car, à pareille époque, il y avait un groupe de Rock Progressif japonais qui avait le même nom).
Ce MANDRAKE-là n’a sorti en tout et pour tout qu’un seul album. Mené par les frères Benny et Danny Valerio, ce groupe sévissait en tant dans que power-trio durant sa brève activité et avait trouvé refuge chez un label répondant au nom de Crazy Cajun. Son unique album, sans titre, est sorti en 1978.
Sur le plan musical, MANDRAKE propose un mélange de Hard Rock, de Blues-Rock et de Rock Sudiste. Parmi les 10 titres présents sur cet album, 3 sont des reprises. « Money », qui ouvre l’album, est une cover de Barrett STRONG (son origine remonte à 1959) et sa version ici est très crue avec des guitares sales, ainsi qu’un chanteur montrant parfois des intonations criardes. Le groupe texan remonte encore plus le temps et, avec « That’s All Right » (de Jimmy ROGERS), dégote un vieux standard de Blues de 1950 en proposant une version assez fidèle à l’original et convaincante avec un tempo lent, ainsi que la présence d’un piano. L’autre reprise est « Let it Roll » de Paul WINLEY (de 1959 comme « Money ») et sa version prend une apparence live, le groupe semblant même possédé.
Ceci dit, la majorité des titres sont des compositions originales et il est bon de s’y attarder davantage. Entre Hard Rock et Rock Sudiste, « Cold Hearted Woman » est une compo portée par des guitares acérées, tranchantes comme un rasoir, ainsi qu’un solo incandescent qui donne l’impression de tout faire exploser. Le mid-tempo rampant « Living In The World Alone » met tout autant en avant les riffs et les solos. Plus ancrés dans le créneau du Blues-Rock, le mid-tempo « I Got Loaded » est un morceau particulièrement travaillé avec une basse très présente, des guitares hurlantes qui répondent du tac au tac au chanteur, dont la voix se fait plus grave, plus voilée, et « Honey », qui laisse apparaitre de fortes inclinaisons Rock Sudiste, est un compo rythmée, plus enjouée qui fait taper du pied, à la fois roots et délicieusement jouissive, boostée de surcroît par un piano extraverti qui en fait, à mon avis, une des meilleures trouvailles du disque. Encore plus résolument Rock Sudiste,, « Realize » est une compo plus aérienne, plus mélodique avec des guitares plus claires avec un chaleureux parfum bluesy, la voix du chanteur accessible, plus envoûtante et le final plus emballé attire l’attention. Quand à « All the Same », un autre mid-tempo, c’est un titre qui fait, certes, la part belle aux guitares, mais qui n’est pas au-dessus du lot. Enfin, l’instrumental « Mandrakes Wild Hair » complète cet album: il s’agit d’un instrumental Hard/Blues qui permet au groupe de se lâcher, de montrer la belle cohésion entre les musiciens, leur côté compact avec la guitare, la basse et la batterie à l’unisson sur ce morceau brut, sans fioriture.
Cet unique album de MANDRAKE est donc plaisant avec son lot de bons riffs, de bons solos hurlants. Tout bien considéré, ce groupe était un second/troisième couteau des 70’s plutôt attachant, en tout cas largement meilleur que 95% des groupes mainstream Rock et Metal des 30 dernières années. MANDRAKE était un one-shot avec ses qualités, même s’il n’avait sans doute pas l’ambition de titiller les cadors de l’époque.
1994 After The Reign
Vous tenez entre vos mains le dernier album – en date, on ne sait jamais – de BLACKFOOT. Mettons aussitôt les points sur les « I » il s’agit évidemment à nouveau d’un album solo de Ricky MEDLOCKE sorti sous l’appellation BLACKFOOT pour des raisons contractuelles et bassement mercantiles, mais nous sommes loin du line up de la grande époque, pourtant l’album date de 94, il a presque 20 ans… Damned !
Ricky introduit le testament de BLACKFOOT sur « Sittin on top of the world » une reprise des MISSISSIPI SHEIKS, avec un bottleneck et une national, ce qui a pour effet de positionner le skeud sur des données finalement assez authentiques – accompagnant le loup et les bisons de la pochette - même si la vieille époque n’est plus. Et ce titre rappellera à tous les aficionados du groupe la grande époque du début des eighties, la voix de Ricky y fait merveille les chœurs assurent et l’ambiance y est du tonnerre, on se croirait sur Marauder, il y a pire comme référence, d’autant que les soli déchirent.
“The road’s my middle name” est une révision assez réussie de Bonnie RAITT. La dernière reprise de l’album est celle du vieux lion Van MORISSON « Tupelo Honey », la transition n’est pas forcément évidente entre le folk du britannique et le blues rock de l’amérindien mais le résultat est assez vivifiant.
Sur « Hang time », nous ressortons le bottleneck et un petit piano presque Boogie. « Tonight » est en revanche un slow qui se retient aisément dès la première écoute signe du talent évident toujours présent, puis « Rainbow » sans soulever d’enthousiasme particulier reste dans l’ambiance de l’opus.
Le slow AOR qu’est « It’s all over now » permet à Ricky de faire montre de belle voix grave, le morceau est d’ailleurs très américain ou l’on trouve un magnifique solo de guitare, il faut d’ailleurs bien admettre que quelque soit le style musical pratiqué par le grand pied noir sur ses albums, la guitare est toujours incisive originale et impeccable. No doubt about it !
« After the reign » est co-composée avec les autres membres actuels du BLACKFOOT de cette année, et cela se ressent, un peu plus de modernité pour une attitude intacte. Cela reste de bon aloi mais nous sommes tout de même plus proche de l’AOR que du Southern rock.
Mais allons, cette livraison contient un super classique ! Et oui... Un petit instrumental ou le fils spirituel de Crazy Horse donne toute la mesure de son talent hors normes. "Bandelaro" est juste merveilleux, fermez les yeux, vous serez immédiatement transporté sur un poney pommelé au milieu des prairies, les bisons passent au loin, le soleil baigne les rivières et les champs, les esprits des ancêtres planent au grès des chasses et des pow wow. Voila le symbole même de l'esprit amérindien. Très sincèrement, je vous la conseille ! Quand il était tout bébé, je mettais cette chanson à mon fils pour qu'il s'endorme... C'était magique.
Et c'est sur ce morceau d'exception que s'achève la discographie de BLACKFOOT.
Au bilan, ce dernier album ne manque pas de qualité. une certaine tristesse s'en dégage néanmoins. Diantre, c'est le dernier... La grande aventure studio des guerriers Pieds noirs s'achève ici, au milieu de nulle part, mais ainsi qu’il est précisé dans le titre, nous sommes "après le règne" . Rien d'étonnant donc à en finir ici, avec Ricky, dans le calme et le recueillement. Il s'apprête à rejoindre la tribu de LYNYRD SKYNYRD. Le reste est pour l'histoire.
BLACKFOT... La grande classe !
ERWIN
"After the Reign" fut accueilli avec enthousiasme par les fans car c'était beaucoup plus qu'un retour en forme.
Moving Gelatine Plates
Après pas mal de problèmes rencontrés pour pouvoir enregistrer un album sur un petit label, et reniant finalement, à juste titre, leurs principes underground, le groupe Moving Gelatine Plates accepta de signer chez CBS le 4 Février 1971.
A l'époque, le travail de composition n'était soumis à aucune règle précise dans le groupe. Parfois, un musicien arrivait avec toute sa partie prête et chacun venait se greffer dessus. Parfois, il arrivait avec un ou plusieurs thèmes et tout le groupe travaillait sur les enchainements et l'harmonisation. Parfois, mais cela plus rarement et plutôt vers la fin, il arrivait qu'un morceau soit entièrement écrit par un seul. Mais certains thèmes du second disque furent composés en 1968!
A l'époque, Gérard Bertram, Didier Thibault et Michel Coulon improvisaient trois heures durant en enregistrant la totalité puis faisaient le tri des thèmes intéressants à retravailler. Donc aucune règle n'était de mise. Certains morceaux à la guitare sèche furent composés parce qu'il faisait beau et que les répétitions se passaient sur l'herbe. Pour l'anecdote, "X 25" fut composé avec deux guitares sèches, sax et sans batteur durant une coupure d'électricité.
L'album sobrement intitulé "Moving Gelatine Plates", a été enregistré en seulement six jours au studio Davout à Paris, dans le XXième arrondissement. Le disque représentait avant tout pour eux l'aboutissement d'années de travail, mais aussi la carte de visite nécessaire au développement de leur carrière. Cette carte ne fut hélas que confidentiellement distribuée...
L'enregistrement se fit en 16 pistes, et, le groupe ayant bien rôdé les morceaux sur scène, les choses se passèrent facilement. Le son est resté très fidèle, il est vrai que l'on n'abusait pas à l'époque de noise gates, de filtres et d'égaliseurs qui ont une trop nette tendance à aseptiser la musique d'aujourd'hui.
Evidemment, l’illustration de la pochette comme le nom étrange du groupe donnent des indices sur l’univers musical qui est proposé par Thibault, Bertram, Maurice Helmlinger et Pons. Cela risque d'être déstabilisant pour certains.
En effet, deux grandes dynamiques portent le groupe dans l’écriture des morceaux. D’une part, une attention réelle portée au rythme, souvent alambiqué, avec de multiples transitions et changements parfois brusques, qui surprennent l’auditeur et le sortent de toute léthargie. D’autre part, un refus du silence au profit des déluges de notes sans interruption, les talents du multi-instrumentiste Maurice Helmlinger aidant ("London Cab" où le saxophone est en transe) à rendre cette densité sonore tout à fait cohérente.
Les passages improvisés n'étant pas comptés en mesures les chorus furent enregistrés en même temps que la rythmique. Il n'y eut pratiquement que les voix qui furent enregistrées en rerecording. Le résultat fut à la hauteur des espérances. Un son brut et direct, proche de celui que le combo avait sur scène, et fidèle dans la conception, Claude Delcloo laissa toute liberté, distillant néanmoins de précieux conseils, l'expérience du groupe en studio étant quasiment nulle.
Mélange de Rock et de musique contemporaine, la musique, essentiellement instrumentale, très bien produite, fait preuve d’originalité, d’énergie, de finesse, de justesse et de maîtrise, elle accroche remarquablement bien.
Les musiciens ont gardé un excellent souvenir de l'ingénieur du son, François Dentan. Charles Trenet ne voulait travailler qu'avec lui lorsqu'il passait à l'Olympia! Donc plutôt habitué à travailler dans la tradition, il fut enthousiasmé à l'idée d'innover, de découvrir de nouvelles choses.
Très surpris par exemple d'enregistrer pour la première fois de sa vie une basse avec distorsion, il se fit un plaisir de trafiquer le son de batterie dans le solo de "Last Song". Celà peut sembler facile aujourd'hui avec n'importe quel flanger, mais il dut courir partout afin de trouver un générateur de son, que Claude Delcloo devait maintenir ferme afin de ne pas perdre le "point de phasing".
Il y a, évidemment de la technique, mais ce sont la créativité, l'inspiration et l'originalité, qui priment, et ce, même si la complexité est le facteur dominant du premier contact avec Moving Gelatine Plates. Le groupe y ajoute sa touche personnelle pour un résultat qui aurait mérité bien meilleur retour sur investissement en temps réel. Juste retour des choses, les franciliens en touchent les bénéfices depuis.
S’il possède indéniablement une touche Jazz affirmée, parfois Free, flirtant grandement avec la scène de Canterbury et adepte d’expérimentations sonores (l’introduction de "London Cab", les voix accélérées) "Moving Gelatine Plates" ne sacrifie pas la mélodie et infuse des traits Heavy à travers un grand usage de la guitare électrique. On est bien au carrefour des genres, quand le Rock ne s'imposait aucune barrière, aucune convention, en matière d'explorations stylistiques.
On sera donc porté par des morceaux aux structures aussi denses que complexes comme, par exemple, "Gelatine" et son Jazz Rock cotonneux avec une ligne de basseincroyable. Le solo de batterie de "Last Song" puis les nappes d’orgue, les dissonances et syncopes de son introduction, les joutes instrumentales de la guitare et du saxophone: voilà un titre de quinze minutes varié et plus qu'insolite.
Ces débuts sont impressionnants: Pons, Bertram, Thibault, Helminger y font une excellente démonstration d’interaction musicale, qui leur vaut les éloges de leurs contemporains.
Moving Gelatine Plates a toujours été très attiré par la scène. Du fait des gros problèmes contractuels au départ concernant le disque, la promotion la plus importante se fit par les concerts. La rigueur de leur musique faisait que les morceaux sonnaient de la même façon sur scène que sur disque. Les improvisations (jamais collectives) n'étant pas limitées par un nombre de mesures mais par un repère précis du soliste, leur durée variait suivant l'humeur et l'ambiance.
CBS a sorti "Moving Gelatine Plates" le 3 Juin 1971. Mais, pénalisé par un déficit de promotion et par une gestion en interne plutôt scabreuse, ce disque, pourtant bien maîtrisé et bien accepté par la critique, boîte bas côté ventes, d'autant plus que, frein supplémentaire, le genre pratiqué n'a pas pour habitude de trôner en tête des Charts. Ce n'est d'ailleurs pas l'objectif avoué de Thibault, Bertram et consorts qui n'ont que l'aspect artistique comme fil conducteur.
Il est regrettable que leurs origines françaises les aient quelque peu pénalisés et qu’ils aient été peu soutenus sur le plan promotionnel, sans quoi… La distribution du disque fut très limitée. Les affiches envoyées par CBS étaient bien envoyées sur les lieux des concerts mais les albums, eux, étaient absents dans les rayons des disquaires locaux.
Malgré des ventes de seulement 10 000 exemplaires, Moving Gelatine Plates a reçu une réponse positive des fans et de la presse.
Il n'empêche que, malheureusement, cette démarche ne permet pas d'en vivre et que les problèmes financiers vont rapidement venir hanter le quotidien des acteurs.
Colosseum fait une seconde tournée, après sa réunion de 1997 afin de soutenir son nouveau CD studio "Bread and Circuses".
C'est le line up de 1970 composé de Mark Clarke, Clem Clempson, Chris Farlowe, Dave Greenslade, Dick Heckstall-Smith et Jon Hiseman que l'on retrouve sur cet enregistrement.
C'est un excellent CD et Chris Farlowe a toujours sa voix, Jon Hiseman est parfait comme toujours, Clem Clempson et Dave Greenslade sont tout simplement géniaux et Dick Heckstall-Smith est plus brillant que jamais avec ses glorieux breaks de sax...
Evidemment, "Bread and Circuses" est différent, très différent de tout ce que le groupe a pu faire avant. Colosseum a tout bonnement vieilli, tout comme ses fans, d'ailleurs. Il est plus mature, plus sage, plus organisé et plus accompli.
Il s'agit d'un digne retour d'un grand groupe. Ses membres étant plus âgés et plus sages qu'ils ne l'étaient, c'est un peu de l'exubérance et de l'expérimentalisme de leurs enregistrements de l'âge d'or est manquant.
En conséquence, on ne retrouve plus aucune improvisation sauvage au point de presque détruire une chanson comme "Beware the Ides of March" et certaines parties de la fameuse "Valentyne Suite", ni non plus l'image.de 'Jeunes hommes en colère'.
Mais, ce CD contient un mélange parfaitement sain de chansons bien pensées, bien construites et bien organisées, présentées presque au point de la perfection absolue.
Si vous avez vraiment aimé Colosseum et ses albums dans le passé, et si vous avez grandi avec eux, alors vous comprendrez et aimerez ce CD.
Jon Hiseman écrit dans le livret: "Si vous recherchez 'Le Fils de Valentyne Suite' vous pouvez l'oublier ... ces jours sont révolus depuis longtemps, pour nous, aussi bien que vous ..."
Dans les faits, "Bread and Circuses", c'est surtout onze nouvelles chansons qui semblent toutes être quelque peu des petites ballades plus ou moins ternes et, en dehors de cela, quelques solos de Saxophone et de guitare toujours aussi merveilleux, comme autrefois.
Mais ... c'est surtout encore et toujours le son Colosseum, et si ce n'est que cette musique qu'ils aiment jouer, c'est très bien comme cela, mais ils semblent avoir perdu un peu de l'énergie et le côté que Colosseum avait dans les années 1970 et qui avait fait leur renommée ...
Ce qui fait qu'au lieu d'une série de longs morceaux de Proto Rock Progressif plus ou moins improvisés, on ne trouve qu'une série de courtes chansons, chacune avec un teinte unique jazzy, Soul et Rhythm 'n' Blues que seul ce groupe peut et sait produire.
La nature plus courte de ces morceaux renie les longues séances de répètition entendues dans les années 70. Les musiciens jouent des choses plus carrées et produisent des chansons magnifiquement bien construites, l'une après l'autre, ce qui laisse évidemment beaucoup de passion derrière eux.
Dans tous les cas c'est un retour bienvenu pour le groupe et un disque que l'on ne peut que recommender chaudement!
1971 : So Long, Bannatyne
Enregistré en deux semaines en Juin, "So Long, Bannatyne" est sorti en 1971.
La couverture de l'album et la chanson-titre illustrent une transition dans la vie du membre Kurt Winter.
Bannatyne Avenue est situé à Winnipeg, la ville d'origine de The Guess Who.
Le recto de la pochette du LP vinyl a les mots "So Long, Bannatyne" sur une Chevy rouge avec une plaque d'immatriculation du Manitoba.
Dans le fond il y a un bâtiment portant la mention "Bannatyne Appartments". Sur le verso de la pochette, on retrouve est la Chevy rouge, mais, cette fois, dans un quartier résidentiel.
Produit par Jack Richardson, l'album, de nouveau avec les guitaristes Kurt Winter et Greg Leskiw à bord, s'ouvre par "Rain Dance" et le perceptif "She Might Have Been a Nice Girl", mais il tombe ensuite dans une sorte de méli-mélo de chansons presque sous-développées, décousues, en un mot, décourageantes.
Ainsi, le long "Goin' A Little Crazy", dans un style proche de Zappa dans sa conception est assez dur à écouter!
"Rain Dance", "Pain Train", "So Long, Bannatyne" sont du pur bonheur et "She Might Have Been A Nice Girl" est une superbe ballade.
"So Long, Bannatyne" n'est donc en définitive pas mauvais, mais il n'avantage pas le groupe, et il semble encore, après toutes ces années, comme une étonnante publication sous-produite avec, pourtant, des chansons plutôt mémorables.
En 1995 est paru l'album intitulé "Sky of Avalon: Prologue to the Symphonic Legends" de Uli Jon Roth.
La pureté et la luminosité des mélodies de Roth n'ont d'égale que la complexité des méandres de l'esprit de leur géniteur.
Ce "Sky Of Avalon", le premier album de la série des "Symphonic Legends" (la seule suite parue à ce jour s'appelle "Under a Dark Sky"), témoigne de cette incroyable force créative de l'artiste, à jamais figé dans les années 70. Le concept lui-même est assez déroutant, puisque cet opus est présenté comme un cadre de travail métaphysique et spirituel, mettant en scène des extraterrestres nommés 'Soldats de Grâce'.
Si Uli Jon est avant tout un virtuose de la six-cordes (sa Sky guitar en compte même sept), il n'en reste pas moins un créateur sans limites, toujours enclin à doter sa musique d'une substance thématique favorisant la réflexion et la transcendance des esprits.
"Sky Of Avalon" narre donc le périple de ces extraterrestres, envoyés sur Terre afin d'empêcher les humains de s'autodétruire. Pour réussir leur mission, ils doivent plonger au plus profond de l'âme humaine, à la recherche du 'Graal de la conscience'. S'ils échouent, la race humaine sera condamnée...
Contrairement à ce que le sujet laisserait penser, le traitement de ce concept n'est en aucun cas futuriste. Bien au contraire, Uli Jon propose avec "Sky of Avalon" une œuvre symphonique d'un grande beauté.
La présence du Sky Orchestra, qui accompagnera Uli sur plusieurs de ses réalisations futures, apporte une richesse musicale à cet album surprenant. Le virtuose a en effet pris le parti de présenter sa musique sous plusieurs formes, proposant tour à tour des concertos, des opéras, des oratorios, et même de la musique de chambre. Tout cela en trente minutes à peine (sans doute l'un des albums le plus court de l'artiste).
Si la guitare céleste d'Uli Jon est bien entendu un élément primordial de l'ensemble, elle n'en constitue pas pour autant l'élément prédominant. Sur la magnifique "Bridge to heaven", adaptation d'une pièce de Puccini, elle n'intervient d'ailleurs qu'en fin de morceau, comme une ultime ponctuation d'un chef-d'œuvre parfaitement interprété par le chanteur Tommy Heart (Fair Warning).
Si Uli Jon est le maître de l'ensemble (il se charge de la production, de l'enregistrement de la basse et des claviers, et même de la pochette, tirée d'une de ses peintures), il laisse un large espace d'expression à ses invités, parmi lesquels la soprano Leonora Gold qui livre des vocalises d'exception sur la sombre et prenante "Pegasus".
Mais, la star absolue de l'album reste, bien entendu, la sky guitar, qui respire et transpire du talent de son maître. Ce même "Pegasus" voit l'artiste livrer des mélodies prenantes et poignantes, et souvent dotées d'un aspect cinématographique. "Winds of war", plus énergique et plus Rock, rappelle qu'Uli a été une des inspirations principales du mouvement Heavy-néoclassique, tandis que "Until the end of time" propose un passage opératique sombre et magnifié par le talent lyrique de Tommy Heart, loin de son image de chanteur de Rock.
Que l'on prenne la peine de comprendre ou non le concept, "Sky of Avalon" transporte l'auditeur dans ces ambiances évoquant simultanément l'infini de l'univers et la noirceur (insoluble?) de l'âme humaine. Un voyage musical d'une intensité rare, et dont on sort éveillé, attentif à son environnement.
Ne serait-ce que pour ce tour de force, il ne fait nul doute que les 'Soldats de Grâce' ont atteint leur objectif.
1968 Miles In The Sky
Avec l'album Miles in the Sky de 1968, Miles Davis a explicitement éloigné son deuxième grand quintette du jazz conventionnel, le poussant vers l'hybride jazz-rock qui deviendra plus tard connu sous le nom de fusion.
Ici, la musique en est encore à ses débuts, et elle est un peu plus terre à terre qu'on ne pourrait le penser, surtout après l'insaisissable et changeant Nefertiti. Sur Miles in the Sky, la plupart des rythmes sont directs, reprenant les rythmes 4/4 du rock, et ils sont illuminés par le piano électrique de Herbie Hancock - l'un des tout premiers sons du disque, d'ailleurs - et par l'apparition du guitariste George Benson sur "Paraphernalia".
Tous ces ajouts sont tangibles et identifiables, et ils donnent lieu à une musique intrigante, mais la forme de la musique elle-même est étonnamment directe, jouant comme des grooves étendus. Cet album serpente beaucoup plus que Nefertiti, même s'il est nettement moins elliptique dans sa forme, parce qu'il s'agit principalement de quatre longues jams.
Des jams intrigantes et réussies à bien des égards, mais même avec les ajouts notables d'instruments électriques, et avec le délibérément bruyant "Country Son", c'est moins visionnaire que son prédécesseur et ressemble à un album de transition - et, comme beaucoup d'albums de transition, c'est intriguant et frustrant à parts égales.
Albatross - 1975 Rockin The Sky
Groupe composé de Mike George - chant, de Gary Ward - lead guitare, de Chris Massie - guitare, de Rudy Weaver - basse, de Joe Campbell - batterie et de Henry Reid - claviers, Albatross est un excellent groupe de Hard Rock Américain originaire de Virginie formé au début des années 70.
En 1975, il a sorti son seul et unique album intitulé "Rockin' The Sky" aux États-Unis.
Le Southern Rock était alors en plein essor dans les années 70, mais il est toujours d'actualité aujourd'hui.
En dehors des groupes que nous connaissons tous, il y en avait d'autres qui faisaient aussi de la bonne musique, Albatross en est un exemple concret.
Avec la présence de deux guitares, le groupe interprète un mélange de Hard Rock, Blues Rock, Country Rock et Folk typiques des années 70.
L'album est composé de douze chansons avec un son qui oscille entre Southern Rock et Hard Rock.
Comme dans d'autres groupes du genre, le travail de guitare est confié au tandem Gary Ward / Chris Massie qui assure avec aisance et habileté.
Des morceaux comme "Out of Control", "No Reason to Cry" ou encore "On the Run" en sont la preuve flagrante.
La partie calme de l'enregistrement se retrouve dans des morceaux comme "About Losing" ou "Other Side of Town".
Cet excellent album est un véritable petit bijou et il est très apprécié par les collectionneurs...
Little Feat (1971)
Le premier album de Little Feat tout simplement intitulé "Little Feat" sort en Janvier 1971. Sa pochette montre une peinture murale à Venice, Californie, peint par the L.A. Fine Arts Squad en 1970 intitulé "Venice in the Snow".
Bricolé à partir de diverses sessions enregistrées principalement entre Août et Septembre 1970, le son peut être mieux décrit comme l'antithèse de tous les enregistrements classiques du groupe (tels que par exemple, "Dixie Chicken" de 1973 et "Waiting For Columbus" de 1978).
Le Blues qui accentuera plus tard les enregistrements du groupe est en pleine forme sur "Little Feat".
Utilisant la légende de la slide guitare, Ry Cooder, le groupe a concocté un medley de deux chansons de Howlin 'Wolf, "Forty Four Blues" et "How Many More Years".
La réunion des paroles bizarres et de la superbe instrumentation qui dominent tous les albums de Little Feat à travers la position de Lowell George comme leader débutent avec le noir "Hamburger Midnight".
Les tranches brillante de la vie américaine qui sont présentes sur chaque album débutent par "Strawberry Flats" et "Willin '".
Le côté tendre du groupe est illustré avec des titres comme "Truck Stop Girl" et "I've Been The One".
En raison de son échec relatif dans le commerce (le groupe ne vend qu'environ 11.000 exemplaires de cet album), Little Feat ne retentera plus jamais d'enregistrer quelque chose comme ça.
Avec l'aide de quelques musiciens de session, Moving Gelatine Plates est retourné en studio fin 1971 pour enregistrer un nouvel album intitulé "The World of Genius Hans".
Ce second opus est paru en Février 1972. Inoubliable de par sa drôle de pochette qui est tout simplement une des dix plus hideuses de l'histoire de la musique enregistrée montrant un homme à tête bovine (une vraie tête de vache), avec un blouson de cuir avec col en fourrure, du persil bourré dans les naseaux, les oreilles et en guise de chevelure, un cigarillo pris entre les 'dents' d'une bouche hautement inspirée, sur fond rose façon boucherie, il y aurait presque de quoi en faire des mauvais rêves. Il vaut surtout par un contenu de première force musicale symbolisant à lui seul toute la pertinence de la scène Française Prog.
C'est certainement une sorte de clin d'oeil au "Trout Mask Replica" de Captain Beefheart!
Dommage que cette pochette ne donne pas franchement envie d'acheter et d'écouter l'album, car "The World Of Genius Hans" est clairement un des meilleurs albums de Prog Rock expérimental Français avec le "Obsolète" de Dashiell Hedayat, le "Camembert Electrique" de Gong, et l'"Album A Colorier" d'Albert Marcoeur. Sans oublier, bien sûr, "Kobaïa" et "Mekanik Destruktiw Kommandöh" de Magma.
En seulement sept titres, "The World Of Genius Hans" est un disque vraiment fou, comme sa pochette. Moving Gelatine Plates n'a certainement pas grand chose à envier à Soft Machine.
Leur style est relativement identique, un Rock Progressif expérimental un peu bizarre, le genre de musique qui, à la première écoute, ne donne pas spécialement envie de passer à nouveau du temps à l'écouter dans le futur. Pourtant, ça serait bien dommage, tant "Astromonster", "Cauchemar", "Moving Theme" et surtout, "The World Of Genius Hans" sont de véritables bijoux musicaux.
L'album, mieux travaillé que le premier, bénéficia d'un meilleur accueil. On peut même dire que l'accueil du public (lorsqu'il pouvait trouver les disques) fut très positif. Mais, pourtant, le disque ne suscita pas une augmentation conséquente de spectateurs aux concerts. La scène a toujours plus servi de promotion au disque que l'inverse.
Les critiques furent aussi, en général, excellentes, du moins pour les journalistes qui avaient reçu le disque.
Ce deuxième LP, fut-il meilleur, ne changea rien au problème. "The World Of Genious Hans" souffrit des mêmes carences promotionnelles que son prédécesseur et scella la fin de Moving Gelatine Plates.
Les problèmes de distribution et de promotion n'ayant pas évolué par rapport au premier, cela a à nouveau pesé sur les ventes du disque. Pourtant, comme pour le premier album, "The World of Genius Hans" a reçu une réponse chaleureuse de la part des quelques critiques et auditeurs qui l'ont entendu, mais il fut, malheureusement, vendu à environ 10 000 exemplaires comme le premier.
C'est un disque finalement rare et méconnu qu'il faut absolument (re)découvrir!
Tomorrow's Blues 2003
Tout comme l'album studio qui est sorti après le concert-retrouvailles de 1994, "Tomorrow's Blues" de Colosseum est tout aussi surprenant que son prédécesseur. Tout d'abord, il restera probablement le dernier (en studio du moins) avec le décès de Dick Hecktall Smith.
Ensuite, bien que le sextet ait été tranquillement en tournée régulièrement à travers le monde depuis leurs retrouvailles et cela pendant les 12 dernières années, ces gars-là se sont concentrés principalement sur leurs morceaux historiques en concert, et ils savaient encore rocker solidement.
Sorti en 2003, c'est, comme son nom l'indique, principalement un album de Blues. Il ne faut donc pas s'attendre à quelque chose de sauvage ou de progressif sur celui-ci comme sur leur précédent opus. Il s'agit d'un travail plus mature, un album qui porte les années d'expérience que les musiciens ont accumulé depuis les premiers jours. C'est un disque bien ficelé et assez original. Il s'agit d'une excursion tout à fait originale dans le Rock / Blues.
"Tomorrow's Blues" montre Colosseum dans son côté le plus jazzy. Avec des morceaux de bravoure de Rock et de Blues épars, cet album très varié est parvenu à un haut niveau musical. Le son et la production sont de qualité supérieure tout comme le reste de leur discographie.
Bien sûr, avec un groupe de ce calibre, la musique est exécutée avec brio et il y a de bons moments et les deux instrumentaux écrits par Greenslade sont les faits saillants de l'album, mais en aucun cas ils ne sont tout prog, même si "Arena In The Sun" a un certain côté jazzy.
Un fait amusant et surprenant, c'est que Colosseum a encore besoin des textes d'un poète Beat comme Pete Brown sur quelques quatre titres, mais ses paroles ne sont pas tout à fait aussi impressionnistes que dans son âge d'or.
Cet album n'est certainement pas mauvais, bien au contraire, mais les compositions en studio et l'énergie de leurs chansons ne sont plus rien qu'un fan de Prog pourrait vouloir considèrer comme indispensable.
Quoi qu'il en soit, le fan de base trouvera toujours de nombreuses qualités à ce disque et plus le temps passera avec une écoute répétée, plus il devrait pouvoir même avoir une place dans son cœur pour un tel album, mais le fan plus exigeant se sentira probablement obligé d'éviter de l'écouter plus que quelques fois, car trop différent.
Le CD démarre avec brio avec la chanson-titre, "Tomorrow's Blues" qui est tout sauf un blues classique. Rythmiquement inventive, une belle guitare en arpèges et en solo de Clempson, et au chant agréable de la merveilleuse voix de Farlowe. Elle a, plutôt, un démarrage très jazzy. Superbement groovy avec une forte dose de swing très classique, la guitare de Clempson sonne toujours aussi subtile. En fait, le groupe au complet fait sentir sa présence sur cette excellente chanson.
"Come Right Back" est peut être le morceau qui sonne le plus comme le Colosseum d'autrefois.
Seul la reprise de l'historique "In The Heat Of The Night" de Quincy Jones et "No Demons" sont du Blues dans sa forme la plus pure avec une guitare geignarde et le Hammond de Greenslade bien graisseux.
Jusque là, la meilleure version de "In The Heat Of The Night" était celle de Ray Charles La reprise dramatique de Colosseum n'est pas loin de la valoir!
La guitare de Clempson sonne tout à fait différent sur le Rock Soul "Hard Times Rising". D'ailleurs, tel un caméléon, il utilise à plusieurs reprises sur cet album ses variations de guitare. "Hard Times Rising" est joué avec un simple groove et on y trouve un joli solo de Sax de Dick Heckstall-Smith
Les deux instrumentaux, "Arena in the Sun" et "The Net Man" sont assez intéressants, le dernier étant le meilleur des deux.
"Arena in the Sun" regorge de Hardbop dans la meilleure manière de Wayne Shorter. Le solo de piano solo de Dave Greenslade swingue comme jamais.
"Thief In The Night" montre ce qu'a fait Colosseum pendant des décennies: un magnifique morceau de Rock. Le fascinant solo de guitare de Clempson sonne toujours très dynamique
Dans le même registre que "Hard Times Rising", "Take the Dark Times With the Sun" est agréable à écouter. Il rappelle un peu le "Theme From An Imaginary Western" de la fin des années 60. Il est agréable d'entendre des cuivres supplémentaires avec Steve Sidwell, Simon Gardner et Chris White sur cette chanson très mélodique. La voix de Chris Farlowe sonne fraiche et volumineuse, comme si le temps s'était complètement arrêté. Et Pete Brown est de retour pour le texte de ce morceau.
"The Net Man" est un retour à une approche plus jazzy. Cet instrumental signé Greenslade est bien écrit et convaincant avec de jolis sons de Hammond, de guitare et de saxophone.
Dans "Leisure Complex Blues" Dick Hecktall Smith joue probablement à nouveau de deux saxophones en même temps dans ce mélange réussi. Du Rock'n Roll avec du Blues emballé dans les années 60. Cependant, cette chanson est bien loin des normes habituelles de la musique de "Tomorrow's Blues" et elle démontre la grande polyvalence de ce groupe avec un Jon Hiseman au top comme d'habitude.
Ce disque n'est pas un chef-d'œuvre comme "Valentyne Suite", mais il est évident que Colosseum a repris son envol et qu'il était prêt à aller beaucoup plus loin!
1972 : Rockin'
Dans the Guess Who, le pouvoir du duo de guitaristes Kurt Winter / Greg Leskiw est démontré sur l'une de leur parution les plus Hard Rock.
"Rockin'", sorti en 1972, est un véritable retour aux sources. Il s'agit, en quelque sorte d'un album "retour aux fondamentaux", enregistré live en studio pour la plupart, avec très peu d'overdubs.
Deux singles ont été tirés de l'album. "Heartbroken Bopper" a passé sept semaines dans le Billboard Hot 100 atteignant même le numéro 47, et "Guns, Guns, Guns" est resté six semaines dans le Billboard Hot 100 culminant au numéro 70.
Pourtant, au tout début de la mode des Guess Who des années 70, "Rockin" dispose allégrement d'une définition exhaustive du Rock, dès les riffs lourds du morceau d'ouverture, le single "Heartbroken Bopper", le Boogie "Get Your Ribbons On" dans un style années 50 et "Running Bear", l'harmonie vibrante de "Big Smoke Factory", le socialement conscient, "Guns, Guns, Guns" et la suite psychédélique en plusieurs parties qui ferme l'album.
En 2000 parait un double album intitulé "Transcendental Sky Guitar I & II" qui est un monumental mélange de Rock et de Classique qui confirme la place de Uli Jon Roth parmi les meilleurs guitaristes mondiaux.
Mais si son influence majeure a été citée par des guitare-heros comme Eddie Van Halen, Yngwie Malmsteen et autrez Steve Vai, sa renommée est surtout encore trop uniquement Européenne.
La décennie des années 90 avait été prolifique pour Roth: Il avait, par exemple, été le directeur musical de la production télévisée allemande de "A Different Side of Jimi Hendrix", il avait aussi dirigé une représentation télévisée de sa première symphonie avec l'Orchestre symphonique de Bruxelles, intitulée "Symphonic Rock for Europe", et avait publié en 1996 son "Prologue to the Symphonic Legends", acclamé par la critique, sous le nom de "Sky of Avalon", pour ne citer que quelques-unes de ses réalisations.
Mais c'est l'album "Transcendental Sky Guitar", à prédominance instrumentale, qui sera facilement considéré comme l'heure de gloire de Roth.
Par ailleurs, Roth a également développé sa guitare, une Sky Guitar fabriquée exclusivement pour lui. Instrument à sept cordes (même à huit) en forme de goutte d'eau, la Sky Guitar possède une gamme de six octaves qui permet à Roth d'atteindre les plus hauts registres du violon.
Accompagné de Don Airey (claviers), Steven Bentley-Klein (violon, trompette), Liz Vandall (voix), Shane Gaalaas (batterie) et Barry Sparks (basse), Roth a enregistré ce chef-d'œuvre de guitare dans son château, sur la côte ouest de la Grande-Bretagne, devant un public choisi, ainsi que lors de concerts à Vienne et à Paris.
C'est un guitar hero, et transcendental Sky Guitar est l'expression correcte à utiliser pour décrire sa musique. Il alterne des moments très techniques avec des moments mélodiques transcendantaux et le résultat est très bon. Le truc c'est que pour remplacer le chant, il faut l'émuler avec la mélodie de la guitare, donc le chant ne manque pas trop.
Beaucoup de morceaux n'ont pas été écrits par Roth lui-même, il les interprète juste à sa manière transcendantale, mais il y a aussi beaucoup de processus d'écriture même pour les jouer de cette manière.
Ainsi, "Transcendental Sky Guitar" combine cinq siècles de musique et présente l'interprétation toute virtuose de Roth de compositions de maîtres classiques tels que Mozart, Bach, Paganini, Vivaldi et Beethoven, ainsi que la musique de son mentor Jimi Hendrix et quelques uns de ses propres morceaux originaux.
Le thème de l'album, comme l'explique Roth, "...est la tentative de vivre et de voir le monde à travers les yeux de la guitare céleste...".
"Transcendental Sky Guitar" pourrait bien représenter la meilleure œuvre jamais réalisée par Uli Jon Roth, deux CD contenant plus de deux heures de musique en 25 chansons.
Cette collection presque entièrement instrumentale comprend "The Phoenix", un CD contenant des morceaux de concert, et "The Dragon", un CD avec des rappels et des improvisations, dont des reprises de "Voodoo Chile", "Villanva Gem" et "Atlantis" de Hendrix:
"The Phoenix" présente 500 ans de musique à travers les capacités de la guitare de Roth. Le concert a une saveur néo-classique à classique. De Mozart à Vivaldi, en passant par Chopin et bien d'autres, des morceaux transformés en morceaux de guitare transcendants avec des adaptations de pièces de Mozart ("Rondo Alla Turca"), Paganini ("Paganini Paraphrases"), Mendelssohn ("Fairy Dance") et d'autres grands classiques.
Le deuxième CD, "The Dragon", qui alterne des reprises (Hendrix principalement) et des morceaux d'improvisation propres à Roth, est rempli de prouesses remarquables de Roth en matière de jeu de guitare, et culmine avec le magnifique "Air De Bach".
"Transcendental Sky Guitar" est, en quelque sorte, destiné à inspirer une génération de guitaristes en tant qu'exemple documenté de la puissance et de la gloire de la guitare électrique.
Pour ce qui est du son, il n'y a rien à redire, la production étant limpide, même sur les morceaux live.
Indéniablement, Roth est un grand guitariste et compositeur, mais ses variations entre Hendrix, la musique classique et le Rock conventionnel manquent certainement de trop de moments de tension sans chanteur.
Et comme "Transcendental Sky Guitar" est également livré sous forme de double CD, les choses traînent un peu en longueur.
Ainsi, même un génie comme lui doit se rendre compte que les albums instrumentaux ne sont destinés qu'à un groupe limité d'acheteurs dont je suis.
1969 In A Silent Way
C'est le genre d'album qui donne foi en l'avenir de la musique. Ce n'est pas du rock and roll, mais ça n'a rien de stéréotypé comme du jazz non plus. Tout à la fois, il doit presque autant aux techniques développées par les improvisateurs rock au cours des quatre dernières années qu'au bagage jazz de Davis. Elle fait partie d'une nouvelle musique transcendantale qui chasse les catégories et, tout en utilisant des dispositifs musicaux de tous les styles et de toutes les cultures, se définit principalement par son émotion profonde et son originalité sans affectation.
Miles a toujours suivi sa propre voie, c'est un musicien fort et digne qui n'a jamais fait le compromis (si empoisonné pour le jazz aujourd'hui) avec les modes "pop". Le fait qu'il ne se soit jamais soucié d'imposer des styles, mais qu'il ait poursuivi son expérience profondément ressentie depuis maintenant deux décennies, témoigne de son authenticité. Des albums comme Miles Ahead, Kind of Blue et Sketches of Spain ne vieillissent tout simplement pas et contiennent certaines des expériences les plus émouvantes que la musique puisse offrir. Dans son nouvel album, le meilleur qu'il ait réalisé depuis un certain temps, il se tourne vers la "space music" et vers un royaume révérencieux et intemporel de chansons pures, le genre de musique qui arrive de temps en temps et nous arrête momentanément, nous faisant penser qu'il s'agit peut-être du noyau autour duquel toutes nos routes musicales ont tourné, le son primal mais futuriste et totalement non-contrôlé qui donne la nourriture la plus profonde et la plus durable à nos âmes, la définition vivante et contemporaine du grand art.
Les chansons sont de longues jams avec un minimum de structure pré-planifiée. Qu'elles soient si cohérentes et soutenues témoigne de l'expérience et de la sensibilité des musiciens impliqués. Les lignes de Miles sont comme des coups de passion distillée, le genre de riffs évocateurs et libérateurs sur lesquels des décennies d'efforts construisent leurs styles. À part Charles Mingus, il n'y a aucun autre musicien vivant aujourd'hui qui communique une telle intensité ardente et contrôlée, la transformation des passions et des tensions inachevées de la vie en aventures sonores qui trouvent une place permanente dans votre conscience et influencent vos définitions de base de la musique. Et ses sidemen sont également à la hauteur de l'occasion, la plupart d'entre eux jouant mieux que je ne les ai jamais entendus auparavant. Certes, Herbie Hancock (piano), Wayne Shorter (sax ténor) et Joe Zawinul (orgue) n'ont jamais semblé aussi transportés. Le miracle du jazz est qu'un grand leader peut amener des musiciens simplement compétents à des sommets d'inspiration incroyables —; Mingus a toujours été célèbre pour cela, et Miles a de plus en plus prouvé qu'il était le maître de cet art incroyablement délicat.
La première face est occupée par une longue jam nommée « Shhh/Peaceful ». Le travail à la cymbale et au pinceau de Tony Williams et les subtiles arabesques de l'orgue de Zawinul créent un voyage dans l'espace, une ambiance de temps suspendu et des vues intérieures infinies. Mais lorsque Miles entre, l' humanité et la tendresse des doux cris de sa trompette suffisent à vous tirer des larmes. J'ai entendu dire que lorsqu'il faisait cet album, Miles écoutait Jimi Hendrix et Sly and the Family Stone, mais le sentiment ici est plus proche de quelque chose comme « 2000 Light Years From Home » des Stones. C'est de la musique spatiale, mais avec une composante extrêmement humaine qui la rend beaucoup plus émouvante et durable que la plupart de ses homologues rock.
La deuxième face s'ouvre et se referme sur le meilleur morceau de l'album, une prière intemporelle à la trompette intitulée "In a Silent Way". Il y a toujours eu quelque chose d'éternel et de pur dans la musique de Miles, et ce morceau capture cette qualité aussi bien que tout ce qu'il a jamais enregistré. Si, comme je le crois, Miles est un artiste qui traverse les âges, alors ce morceau fera partie de ceux qui traverseront les vastes étendues du temps pour rappeler aux générations futures l'unité de l'expérience humaine.
Entre les deux prises de "Silent Way" se trouve "It's About That Time", une space jam laconique et retenue qui rappelle un peu celle de la première face mais qui est un peu plus tranchante, permettant à l'éthos blues féroce de Miles de s'exprimer davantage. C'est le morceau qui pourrait être lié à l'intérêt de Miles pour Hendrix et Sly.
On dit que le jazz est devenu ménopausé, et il y a beaucoup de vérité dans cette affirmation. Le rock aussi semble avoir souffert d'une pléthore abrutissante de sons standardisés. Mais je crois qu'il y a une nouvelle musique dans l'air, un art total qui ne connaît ni frontières ni catégories, une nouvelle école dirigée par des génies indifférents à la mode. Et je crois aussi que la puissance inéluctable et l'honnêteté de leur musique prévaudront. Miles Davis est l'un de ces génies.
Gary Wright - 1971 Extraction
C'était l'époque des hommes de claviers. Des gens comme Keith Emerson (ELP) et Rick Wakeman (YES) ont prouvé que les groupes axés sur le clavier pouvaient avoir du succès. Le claviériste Gary Wright a signé en tant qu'artiste solo chez "A&M" et a enregistré le présent album "Extraction".
Le son est énorme. D'autant plus qu'il s'agit de matériel original datant de 1971. Mais un coup d'œil dans le livret permet de comprendre : "Restored and Remastered by EROC at the Ranch". Tout est clair, n'est-ce pas ?
Ce sont des titres comme "Get On The Right Road", "Sing A Song", "The Wrong Time", "Over You Now", "Too Late To Cry" et "I've Got A Story" qui m'enthousiasment encore aujourd'hui. Un rock prog simple, des refrains mélodieux avec une valeur mémorielle folle, des arrangements passionnants - tout simplement un beau voyage dans le temps.
Si l'on regarde attentivement la tracklist, on se rend compte que c'est un homme qui raconte son parcours. Le chemin du musicien inconnu qui s'est mis en route pour atteindre la gloire et le succès.
Écoutez cette histoire. Elle en vaut la peine. Du point de vue sonore...
Et musicalement de toute façon.
Ulli Heiser
Un disque très proche musicalement de Spooky Tooth...
Sailin' Shoes (1972)
L'album "Sailin' Shoes" de Little Feat, sorti en 1972 est remarquable pour plusieurs raisons:
-D'abord, il présente le travail de Neon Park pour le groupe, avec la conception de la pochette recto qui montre un escargot regardant une chaussure qui s'envole du pied d'une grosse part de gâteau qui se balance assise sur une balançoire, ce qui semble être une allusion à "The Swing" par le peintre Jean-Honoré Fragonard.
-Deuxièmement, c'est un album plus raffiné que son prédécesseur, signalant une réelle évolution dans cet album.
-Troisièmement, il marque le dernier album original avec le bassiste Roy Estrada.
Mis en évidence par une version retravaillée de "Willin '", il présente également des morceaux mémorables comme "A Apolitical Blues", "Easy to Slip" et la chanson-titre, "Sailin' Shoes", tous écrits par le guitariste et chanteur Lowell George, le second co-écrit avec Martin Kibbee (alias Fred Martin), et la première apparition de l'association "George / Martin" sur le songwriting d'un disque de Little Feat.
C'est le dernier disque complet de Little Feat à être produit par un outsider jusqu'au "Time Loves a Hero" de 1977, les trois albums dans l'intervalle étant produits presque dans leur intégralité par Lowell George.
Le manque de succès commercial conduit, cependant, à la scission du groupe en place, avec Estrada les quittant pour se joindre au Magic Band de Captain Beefheart.
Moving Gelatine Plates "Removing"
Didier Thibault s'est habilement entouré d'un incroyable nouveau groupe et il a ainsi réussi à se surpasser et à livrer un album bien conçu et plein d'une grande sensibilité.
La formation comprend alors Maxime Goetz (guitares), Éric Hervé (batterie), Stéphane Lemaire (claviers), Jean Rubert (saxophones, flûtes), Julien Taupin (violon, trompette) et Anton Yakovleff (violoncelle, contrebasse). Les invités au fil de l'album sont Nicolas Yakovleff (hautbois), Pierre-Olivier Govin (saxophone soprano et tenor), Michel Hausseguy (alto) et la Chorale Claire Joie (choeurs).
L'album "Removing" prouve que Didier Thibault, l'homme derrière ce groupe possède toujours l'esprit. Il a décidé de garder cet esprit vivant avec ce disque particulier. Ce n'est pourtant pas du calibre des deux originaux.
On y trouve de la fuzz basse, des arrangements intelligents joués avec des instruments à vent comme partie intégrante de leur son, des voix amusantes et globalement une atmosphère humoristique et venteuse.
Il ne s'agit en aucun cas d'un album rétro, mais d'un autre côté qui réussit à être un produit de son temps. Le style du groupe est là, et les compositions sont un peu plus concentrées et moins expérimentales et aventureuses qu'avant, cela ne veut pas dire que c'est moins de prog. Cette fois, la musique a moins son côté Canterbury, on peut dire qu'il a presque disparu, mais un style progressif plus jazzy.
Alors que leurs deux premiers albums avaient une nature plus complexe, cet album, bien que conservant une certaine complexité, tente de se concentrer sur la livraison d'une bonne mélodie ou d'avoir un thème cool que le groupe développe. Il n'y a pas d'explosions de panique ou d'idées folles, ils n'essaient pas de défier l'auditeur avec des pauses soudaines ou toutes sortes de directions bizarres, tout est sur place, si soigneusement pensé et parfaitement exécuté, l'écriture est mûre et juste et les chansons contiennent une énorme quantité de petits détails tissés dans les mélodies, ce qui pourrait prendre un peu de temps pour bien les remarquer et les apprécier.
Les chansons ne sont pas aussi complexes qu'avant mais le groupe sait comment le compenser par une utilisation intelligente des couches, les instruments à vent contribuent tellement, et peignant de manière colorée les chansons avec toutes sortes de couleurs chaudes, en remplissant les chansons avec un beau fond pour jouer les leads ou essentiellement en solo, ceci est bien sûr réalisé avec un arsenal respectable d'instruments comme le saxophone, la trompette, le violon, la flûte, le piano et le violoncelle, en plus des claviers, des guitares, de la basse et de la batterie.
Inutile de dire que ce groupe semble incapable de livrer quoi que ce soit de faible et le haut niveau de créativité est maintenu tout au long de l'album. Le jeu lui-même n'est pas moins que stellaire! chaque membre offre des ponts musicaux mémorables joués avec beaucoup de passion et de sensations.
Il semblerait que beaucoup d'amour et de temps aient été consacrés à cet opus qui est vraiment très agréable à écouter.
"Live 05"
Sans en faire trop, Colosseum , dans ce double CD live, "Live 05", est remarquable par son excellente qualité du son, comme toujours, et il retrace très bien l'historique du groupe.
A noter que la saxophoniste Barbara Thompson, épouse de Jon Hiseman, a rejoint le groupe en 2004 à la mort de Dick Heckstall-Smith.
Le premier set a été enregistré le 11 Juin 2005 à Stuttgart, en Allemagne et le second le 23 Avril 2005 à Worpswede, toujours en Allemagne.
On peut constater que les papys font de la résistance: malgré leur soixantaine révolue, et ces musiciens semblent même ne pas avoir pris une ride.
Dans l'ensemble, ce double album vraiment bon est absolument incroyable.
Les chansons originales et les reprises se succèdent sans jamais créer l'ennui: Chaque morceau embellit et sublime quelque peu le morceau original.