J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 11 juil. 2023 03:26

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Full Blast – Risc (2016)

Le trio « Full Blast » composé de Peter Brötzman aux anches, Marino Pliakas à la basse et Michael Wertmüller à la batterie nous renvoie une décennie plus tôt au fameux « Last Exit » qui a laissé un grand souvenir aux amateurs du genre.

Comme souvent, un invité de passage vient enrichir la donne, c’est Gerd Rische à l’électro qui s’y colle. Une pointure quand même, membre de l’académie électroacoustique de Berlin et familier de la musique contemporaine.

Avec Full Blast, tout se passe à plein régime, à fond la gomme : une énergie féroce, gigantesque, démesurée se libère provocant éruptions et explosions. Wertmüller se déchaîne aux fûts, les cymbales vacillent sous les coups, la basse gronde et les cordes vibrent sous les assauts des doigts qui s’agitent et courent en allers retours continuels et incessants.

Le sax de Peter Brötzmann hésite entre cris et hurlements, tout est tension, engagement physique total, sueur, les sons montent, se gorgent d’une densité telle qu’elle explose comme une grosse bulle qui renaît de ses cendres et éclate à nouveau…

Gerd Rische agit de temps à autres comme un retardateur, ralentisseur, dont le rôle semble de refroidir les ardeurs, ce faisant il ne fait que rajouter des marches aux montées splendides et solaires des porteurs de feux !

Full Blast - TTD
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Message par Douglas » mar. 11 juil. 2023 12:37

Masada, une histoire de nombre.

613 est un nombre sacré dans la mystique juive de la Torah.

La première étape se déroule en 93/94, Zorn compose 100 pièces.Ensuite il rajoute 50 pièces.

En 95, 30 nouvelles compos sont ajoutées, puis 20, arrivant ainsi à 200.

C’est le « Masada Quartet » qui enregistre et joue ce premier Livret, le « Masada Book One ». John Zorn est au sax alto, Dave Douglas à la trompette, Greg Cohen à la contrebasse et Joey baron à la batterie.

En 2004 Zorn sort 316 nouvelles compos, elles formeront les 32 Cds du « Masada Book Two », également appelé « The Book Of Angels ».

Entre 2015 et 2017 il compose les 92 pièces qui manquent pour arriver au nombre 613. Ce seront les pièces du « Masada Book Three », nommé également « The Book Beri’ah ». 11 Cds sont confiés à onze formations.

The Book Beri’ah

Je vous ai déjà fait part du fiasco économique et de ses conséquences sur la vie de John Zorn, je n’y reviens donc pas. Cependant ça n’enlève rien à la qualité de ce livre et à l’attention toute particulière que John Zorn lui a porté, avec un investissement personnel colossal et une créativité sans borne.

Ce troisième recueil des volumes « Masada » sera également le dernier. Le principe est toujours le même, John Zorn compose, sur ce book quatre-vingt-douze nouvelles compositions sont au menu, invite des interprètes, ces derniers choisissent un ensemble de titres et les enregistrent, sous la supervision de John Zorn.

[Note: à l'évidence il en manque cinq, sans doute le seul Zorn sait où ils se cachent, ce qui est sûr c'est qu'ils sont bien là...quelque part]

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Le coffret regroupe les onze Cds du "Book Beri'ah".

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Les onze étapes du "Book Beri'ah".

Ce troisième Livret est composé de onze volumes, ce premier volet est confié à Sofía Rei et JC Maillard, il se nomme « Keter ».
Modifié en dernier par Douglas le mer. 12 juil. 2023 04:17, modifié 1 fois.
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Message par Douglas » mar. 11 juil. 2023 12:47

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Sofía Rei and JC Maillard – Keter (2018)

Masada Book 3 - The Book Beri'ah – 1

Ce mystérieux JC Maillard est en fait un guitariste français, également pianiste et chanteur, jean Christophe de son prénom, né à Pointe-à-Pitre en Guadeloupe. C’est un peu son heure de gloire ici. Sofía Rei est une chanteuse née à Buenos Aires et installée à New-York, elle a déjà travaillé avec John Zorn dans la formation « Mycale » déjà évoquée. Les deux nous offrent un chouette album un peu folk.

Il y a une prépondérance de la langue espagnole dans les chants, mais on y entend de l’anglais et même un peu de français. Autant le dire de suite, Sofia est une sorte de phénomène vocal, à l’aise un peu partout, dans les graves profonds et les aigus surprenants. Par ailleurs elle signe les paroles.

Jean-Christophe est un accompagnateur savant et précis, il joue également de la basse saz, un instrument rare dont il est un grand spécialiste, il se range dans le camp des multi instrumentistes, il est également arrangeur, particulièrement sur cet album, il cumule des qualités et des savoir-faire appréciés par John Zorn.

On remarque le chouette « Setumah », le volatile « Penimi » et le superbe « Orot ». Un insert joint contient les paroles.
06 - Orot.mp3
(14.9 Mio) Téléchargé 23 fois
05 - Penimi.mp3
(9.89 Mio) Téléchargé 25 fois
02 - Setumah.mp3
(11.65 Mio) Téléchargé 33 fois
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Message par Douglas » mer. 12 juil. 2023 02:36

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Peter Brötzmann – Solo + Trio Roma - (2012)

Voici un double Cd enregistré au Canada, lors du Festival International de Musique Actuelle de Victoriaville, les vingt et un et vingt-deux mai de l’année deux mille onze. L’album est paru l’année suivante sur un label canadien : « Les Disques Victo ». Il célébrait le soixante-dixième anniversaire du ténor de feu…

Comme l’indique le titre du recueil, le premier album est entièrement en solo, quatre titres sont joués, le premier d’entre eux se nomme « Never Too Late But Always Too Early », il dépasse le quart d’heure et est joué au saxophone alto. Le titre est vraiment très beau, Peter nous raconte une histoire, nous berce et nous enchante, trouvant des chemins, des parcours et des mélodies qui se livrent à la façon d’un récit, c’est de la pure magie, impossible de s’ennuyer…

La seconde pièce, « Shunkeln To Dark Blues » est presque aussi longue, elle est jouée à la clarinette en si bémol, celle que pratique le débutant. Inutile de vous prévenir qu’ici l’instrument va connaître une sorte de mutation entre les doigts du génial souffleur. Brötzmann va transformer l’instrument en vecteur de blues, le faisant pleurer et crier, geindre et s’essouffler, en même temps, dans la colonne d'air, on entend la voix de Peter, un peu comme parfois font les bassistes, épousant les notes du solo d’un chant d’accompagnement.

La troisième pièce « Frame of Motion » frôle les vingt-cinq minutes et Brötzmann retrouve son instrument fétiche, le saxophone ténor. Il semble monter l’engin avec force et virilité, se lançant dans un discours direct et péremptoire. Il montre la voie et trace la route, il nous emmène et, passées les cinq premières minutes, semble vouloir batifoler et charmer.

Il utilise quelques phases répétitives pour construire son discours et lui donner de la teneur, avec habileté il nous prend et nous embarque, nous sortant petit à petit de notre sphère de confort, il nous emmène petit à petit dans une sorte de fêlure, une fragilité inquiète, dont il nous sortira avec sérénité.
La dernière pièce est très courte, une version du « Lonely Woman » d’Ornette Coleman à l’alto. Juste magnifique.

Mais c’est pas tout, il y a également l’album en trio avec Massimo Pupillo à la basse électrique, il joue avec le fils de Peter, et Paal Nilssen-Love à la batterie, avec Brötzmann qui ajoute le tarogato à sa panoplie, voici le « Trio Roma ». Direct on est plongé dans une sorte de « mur du son » d’une furie intense, ne cherchez pas, Brötzmann rajeunit sous nos yeux, c’est plus que spectaculaire, d’une intensité incroyable, rarement entendu une telle puissance !

La première pièce « Music Marries Room To Room » frôle les soixante-dix minutes, une minute par année d’âge, et « The Turning Glory » qui suit termine brillamment le show quelques minutes plus tard, on est gavé de bonne musique, pleins les oreilles ! Au passage vous apprécierez Nilssen-Love et son touché-frappé unique, avec quelques épisodes en solo ou en duo. Quant à Pupillo, je vous assure, il n’est pas venu avec une corde à sauter.

Un album de la maturité grisonnante, plein de fraîcheur ! A noter que la sculpture de couverture est de Peter Brötzmann.

Never Too Late But Always Too Early


Frames of Motion


Music Marries Room to Room


The Turning Glory
Modifié en dernier par Douglas le jeu. 13 juil. 2023 01:52, modifié 1 fois.
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Message par Douglas » mer. 12 juil. 2023 10:59

John Zorn - Ge'ula (The Book Beri'ah)


Sofia Rei and JC Maillard “Keter” Album sample from John Zorn Masada Book 3
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Message par Douglas » mer. 12 juil. 2023 14:38

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Cleric – Chokhma – (2018)

Masada Book 3 - The Book Beri'ah – 2

Pour ce second volume Zorn invite le groupe de métal de Philadelphie, « Cleric », pour lequel il a un petit faible dans ce genre de musique. Cette formation reviendra à l’occasion des « Bagatelles », je vous en avais alors fait part. « Métal » serait un peu réducteur car la formation, sans rien renier des attributs du genre, est également un chouïa d’avant-garde, comprendre un peu barré, avec des interruptions fréquentes et des changements de direction continuels.

Zorn est très sensible à ce genre de style, il le pratique lui-même à un stade très avancé, c’est même une de ses signatures. Cela exige une parfaite cohésion et un grand bagage technique, les gars de Cleric font l’affaire. Matt Hollenberg, le guitariste également joueur de oud, avait filé une démo d’un morceau à Trevor Dunn, plusieurs semaines après, il répond à ces « crazy lunatic bastards » que Zorn a apprécié et s’est montré très fan, ensuite tout s’est enchaîné !

Outre Matt Hollenberg, Cleric est formé par Nick Shellenberger aux claviers et au chant, Dan Kennedy à la basse et Larry Kwartowitz à la batterie et aux percussions. Il y a également deux invités, Timba Harris de Secret Chiefs 3 au violon et Ludovic Beier à l’accordéon et à l’accordina, une sorte de mélodica avec des boutons…

Il y a une pièce calme, un peu, « Separ », mais l’ambiance est plutôt à la musique extrême, voire très. Le guitariste est phénoménal, anguleux avec des riffs accrocheurs, viciés et vicieux, de quoi bien vous allumer les conduits auditifs. Shellenberger est ultra performant au…chant, il ajoute une dimension démentielle ici, qui tient probablement de l’univers psychiatrique, c’est un malade je crois, mais je ne suis pas spécialiste.

La rythmique est de plomb, du lourd lourd, de quoi bien appuyer sur votre tolérance, pour l’éprouver je veux dire… Pour les morceaux c’est compliqué de choisir car ils sont tous bons si on aime le genre, disons « Gadolot » ou « Ta’amim », on remarque forcément « Chalal » la dernière pièce, un peu prog, avec une différence marquée par rapport au reste de l’album, pour le meilleur ou pour le pire...

Bref, c’est fantastique !

John Zorn's Book Beriah - Gadolot performed by Cleric


John Zorn's Book Beriah - Kav performed by Cleric


Cleric - IMMA - John Zorn Masada Book 3 - Town Hall NYC - 3.19.14
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 13 juil. 2023 01:44

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Peter Brötzmann Chicago Tentet – Signs (2004)

On retrouve le tentet de Chicago, rien que la liste des noms qu’il contient est déjà tout un programme plein de promesses qui, c’est l’évidence, seront tenues. Il y a une telle expérience musicale, un tel savoir-faire chez chacun de ses membres que rien de regrettable ne peut arriver.

Aux anches déjà, Peter Brötzmann, Mats Gustafsson, Ken Vandermark et Mars Williams, un all-stars incontestable, si on ajoute Joe McPhee à la trompette, Jeb bishop au trombone, Fred Lonberg-Holm au violoncelle, Kent Kessler à la basse, Michael Zerang et Hamid Drake aux batteries, c’est tout simplement l’un des meilleurs groupes d’improvisation au monde.

Trois titres sont joués, le premier « Bird Notes (for Bengt Nordström) » signé Mats Gustafsson est enregistré à Vasteras Konserthus, en Suède, le trois novembre deux mille trois. Un beau chaos bien organisé qui rend hommage à l’homme qui accueillit Albert Ayler en son temps.

La seconde « Six Gun Territory » de Fred Lonberg-Holm est capté au « Airwave Studio » les dix-sept et dix-huit juin deux mille deux, en même temps que « Signs », mais elle conserve des attributs de musique contemporaine, elle est magnifiquement interprétée, et on en distingue nettement la trace écrite, un peu stricte, particulièrement dans l’émergence des cordes.

La dernière pièce « Signs » de Peter Brötzmann est enregistrée dans le mouvement, improvisée après des conventions orales. Elle fonctionne par vague successives qui se suivent et varient par la force et l’intensité, elles dessinent en même temps différents motifs, ces signes dont parle le titre, à l’arrivée c’est plutôt réussi.

On remarquera la cohésion de l’ensemble, mais aussi celle des solistes, une certaine qualité dans l’écriture également, la pièce de Brötzmann est ma préférée. Un peu plus de cinquante minutes au programme.

Peter Brötzmann Chicago Tentet - Signs
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 13 juil. 2023 14:48

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The Spike Orchestra – Binah (2018)

Masada Book 3 - The Book Beri'ah – 3

Le Spike Orchestra est une sorte de Big Band basé à Londres et qui fonctionne de façon coopérative, deux leaders se dégagent cependant, Nikki Franklin et Sam Eastmond, les deux co-fondateurs. Le « Spike » a déjà collaboré avec John Zorn sur le vingt-sixième volet du Masada Book deux, « Cerberus », tout à fait remarquable. Rien d’étonnant donc à ce retour, également très réussi.

Le Spike doit sa reconnaissance musicale auprès de Zorn à leur premier Cd « Ghetto » tout simplement envoyé au sorcier qui a flashé sur cet album, il a répondu à Sam Eastmond en lui écrivant « J’aime vraiment Ghetto » la suite on la connaît, mais c’est juste pour la petite histoire. Sam a dû travailler sur les arrangements pendant de longues heures et de longues journées car il était sous la pression de Zorn qui devait rendre l’album à une certaine date.

« Arranger, c’est résoudre des problèmes ! » aime-t-il à dire, sa méthode collaborative et la proximité qu’il avait avec les musiciens a été un facteur de réussite. Il y a quelques fines lames du jazz britannique parmi les seize musiciens, Yazz Ahmed est sans doute la plus connue, mais impossible ici de se lancer dans une longue liste.

Dès « Levushim » qui ouvre l’album on est transporté, la musique « klezmer » est très présente et puissante sur cet album, mais on peut entendre également de la musique « surf » ou des ambiances de « films noirs », voyageant rapidement d’un mode à l’autre. « Posekim », « Kelim » et quasi toutes les pièces sont remarquables et tissent un album, peut-être de besogneux, mais où la vie éclate sans cesse avec des bulles de joie, d’optimisme, quel que soit le contexte et le terreau qui se profile…

Sam Eastmond retrouve l’actualité car son nom est cité parmi les participants au prochain Bagatelle, le volume IV, qui sortira ce mois, normalement…

John Zorn's Book Beriah - Levushim performed by the Spike Orchestra
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par nunu » jeu. 13 juil. 2023 21:00



Je viens de découvrir l'existence de cette vidéo, et par la même occasion de ce trio composé de Jaco Pastorius, de Alphonse Mouzon et de Albert Mangelsdorff.

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 14 juil. 2023 01:09

nunu a écrit :
jeu. 13 juil. 2023 21:00


Je viens de découvrir l'existence de cette vidéo, et par la même occasion de ce trio composé de Jaco Pastorius, de Alphonse Mouzon et de Albert Mangelsdorff.
Ça envoie du bois!
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 14 juil. 2023 01:15

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Brötzmann/Wilkinson Quartet – One Night In Burmantofts (2007)

Voici un concert enregistré au Irish Centre de Leeds le onze novembre quatre-vingt-seize et sorti bien plus tard sur « Bo'Weavil Recordings », un petit label indépendant anglais qui s’intéresse au free et à l’avant-garde.

Comme à son habitude Brötzmann joue de la clarinette, du tárogató et, bien sûr du saxophone ténor. Alan Wilkinson joue du sax alto et du baryton, Simon H Fells de la contrebasse et Will Kellers de la batterie. Pour résumer on pourrait dire que Brötzmann est une sorte d’invité et qu’il joue avec le Alan Wilkinson trio. D’ailleurs nous sommes sur ses terres et Leeds est sa base.

Trois pièces sont jouées, la première est la plus conséquente, d’une durée de plus de trente-huit minutes elle possède cependant deux parties, « Greetings Herr B and Herr K » et « Cormorant Number two ». D’emblée on comprend vite que l’intérêt majeur de l’album tient dans le dialogue entre les deux souffleurs.

Peter Brötzmann est aussi puissant qu’à l’habitude, il donne l’impression de mener le navire, mais Wilkinson se tient dans son sillage, puis s’en éloigne et revient, ramasse une bribe du flot ravageur et la travaille, l’amplifie et la renvoie, transformée, prête à une nouvelle renaissance…

La deuxième partie débute sur la pointe des pieds, doucement et par bribes, le temps d’installer un climat, nous parlerons d’une sorte d’introduction, c’est Wilkinson bien propulsé par Simon H. Fell qui va accélérer les affaires, jusqu’à ce que Brötzmann laisse tomber le couperet et enflamme définitivement les échanges.

L’album est tout de même massif, soixante et dix minutes au compteur, une performance physique pour les quatre musiciens qui se donnent sans compter, Simon H Fells est celui qui calme ou attise, offrant des alternatives et créant des espaces de respiration. Will Kellers à la batterie est très prolixe, il énergise l’ensemble, en le vivifiant, jouant des baguettes pour relancer ou sonner la tempête.

Certainement un bon album de la part du quatuor, avec un continuel sentiment d’urgence, gorgé d’impros et de feeling…

Modifié en dernier par Douglas le ven. 14 juil. 2023 13:55, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 14 juil. 2023 01:22

Brötzmann | Van Hove| Bennink - Free Jazz und Kinder (1973)

Vingt-six minutes d'impros !
Douglas a écrit :
sam. 19 sept. 2020 04:37
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Avant tout bien faire attention car le vinyle se lit en 45 tours. Cet album est la réédition de l’album double de 73 devenu introuvable ou très cher. En fait l’enregistrement s’est déroulé en 1972, notre trio de musiciens, Brötzmann au saxophone, Van Hove au piano et Bennink aux percussions se trouve plongé dans un groupe de quinze enfants improvisateurs, c’est la concrétisation d’un travail détaillé par le menu sur la sous-pochette de l’album, en allemand.

Dans le cadre d’une activité culturelle organisée par l'Académie des Arts de Berlin, quinze enfants de huit à dix ans se sont réunis pendant quatre jours, encadrés par notre trio pour élaborer des pièces de musique improvisées. Trois pôles se sont organisés en fonction des instruments :
Saxophone = respirer= ballons, fléchettes, pipes, tubes en plastiques avec embouts buccaux.
Piano = toucher = piano préparé, piano, radios à transistors.
Percussions = motricité = batterie, cymbales, piano préparé, cadre, pierres, générateur de bruit percussif.

Le premier jour les enfants se sont spontanément occupés principalement des instruments à percussion. L’observation indique qu’à cet âge les enfants sont soumis aux clichés et aux modèles, les rythmes sombrant dans la monotonie. Il faut canaliser l’agressivité et libérer la créativité.

Le deuxième jour, seuls les deux premiers ateliers sont proposés avec la formation de petits groupes et une prise en charge plus individualisée. Des personnalités s’affirment et un début d’organisation se fait jour, qui s’est approfondi les jours suivants.

Bilan – Les musiciens professionnels déclarent avoir bénéficier d’une expérience utile et importante à leur propre travail. La démarche utilisée montre qu’il ne faut pas se contenter des méthodes conventionnelles d’éducation artistique. Il faut populariser ces nouvelles démarches auprès d’un plus grand public d’enfants.

Et le bilan c’est surtout cet album, non conventionnel, libéré de nombreux carcans et s'inscrivant dans une façon libre de s’exprimer. Il restera un témoignage précieux, par- delà le petit monde du jazz, en interrogeant utilement la communauté éducative.

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 14 juil. 2023 14:34

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Julian Lage, Gyan Riley – Chesed (2018)

Masada Book 3 - The Book Beri'ah – 4

Ce quatrième volume est placé sous le signe des guitares, avec Julian Lage que nous connaissons bien par ici, et Gyan Riley qui n’est autre que le fils de Terry Riley. Les deux jouent de la guitare acoustique et font leur première rencontre sur ce Masada, il sera suivi par d’autres, notamment une en compagnie de Bill Frisell, pour un magnifique trio, Virtue, en deux mille un.

Ce sont deux formidables guitaristes qui partagent une grande technique mais aussi un grand sens du feeling qui feront de cet album une étape très estimée de ce Book Beri'ah. Les deux se reverront un peu plus tard pour échanger à nouveau lors des Bagatelles, je vous en avais dit deux mots.

Bien que Gyan ait bénéficié d’une formation plus classique, dira-t-on, que son homologue, il est très difficile d’en tirer des conclusions trop hâtives, les échanges sont extrêmement construits, avec des passages obligatoires qui sont le cœur de la compo voulue par John Zorn.

Ainsi tout s’organise de la meilleure des façons, chacun soutenant l’autre de manière alternative, avec des passages organisés pour l’improvisation, bien que les pièces demeurent sévèrement structurées. Une chose est sûre l’empreinte de John Zorn est très prégnante, c’est finalement sa signature qui s’impose avant toute autre.

John Zorn's Book Beriah - Sachel performed by Julian Lage & Gyan Riley


John Zorn's Book Beriah - Shevirah performed by Julian Lage & Gyan Riley
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 15 juil. 2023 00:24

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Peter Brötzmann / Paal Nilssen-Love – SweetSweat (2008)

Sans surprise voici l’enregistrement d’un concert donné le dix mai deux mille six au « Sting Jazzklubb » lors du festival de Stavanger en Norvège, là où Paal est né. Deux générations sont représentées Celle de Brötzmann l’ancien, en duo ici avec le batteur Paal Nilssen-Love qui a la moitié de son âge, mais pas froid aux yeux. On note également la présence de Frode Gjerstad, saxophoniste lui aussi, mais dont le rôle se cantonne à la prise de son et au mixage de l’album.

Sans surprise Brötzmann joue de la clarinette, des saxs alto et ténor ainsi que du Tárogató, le titre d’ouverture « SweetSweat », est joué avec douceur à la clarinette, tout doux, accompagné par Paal Nilssen-Love qui l’accompagne avec ses pinceaux, à petit pas, on entre dans le monde de Brötzmann douze minutes plus tard…

C’est l’heure de « Burnt Sugar » pour une plongée en apnée de près de trente-cinq minutes, d’évidence c’est le vieux qui tire le jeune et l’emmène dans son monde, avec le sax alto d’abord, plus petit, il tempête un peu moins que son frère ténor, mais se montre véloce et souple, répondant illico au moindre souffle du phénomène qui fait monter gravement la température.

Nilssen-Love, petit à petit, construit la baraque, il monte une barricade de percussions, frappant les tambours avec frénésie, et de temps à autre, actionnant les cymbales pour marquer des étapes. Quand le feu semble se calmer, presqu’en voie de s’éteindre, une mélodie surgit de l’esprit du moment, s’étend, avec une sorte de douceur, comme si la tendresse, avec ses fêlures, revenait ou renaissait…

Paal occupe alors le terrain et fait chanter les baguettes, vrombir les tambours, parler les rythmes et dodeliner les têtes de ceux qui sont là, au Jazzklubb. Il est l’heure pour Brötzmann de faire sonner le Tárogató, d’en explorer les possibilités et de faire sortir l’âme hongroise qui le créa, pas vraiment lyrique mais teigneux, le flow coulant et âpre, feulant et hargneux, Peter en extrait avec talent la face cachée et sombre…

« Never Enough » et « Weird Blue » sont les deux derniers titres, Brötzmann les joue au sax ténor, l’instrument qu’on imagine de suite quand son nom est prononcé, pourtant il maîtrise chacun de ses outils avec la même efficacité, ce qui fait son style, probablement c’est son tempérament, à la fois doux, un peu, mais aussi bougon, noueux, enraciné, plein de sève et de vigueur.

Alors forcément le ténor va bien avec Peter, tendre sur « Never Enough » ou porte-drapeau emblématique d’une révolte désespérée, sur le très beau « Weird Blue ».

Sweetsweat


Burnt Sugar


Weird Blue


Never Enough
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 15 juil. 2023 14:52

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Abraxas – Gevurah (2018)

Masada Book 3 - The Book Beri'ah – 5

L’histoire d’Abraxas se confond avec celle de Shanir Ezra Blumenkranz qui joue ici du gimbri, de la basse et des percussions. Ce musicien a traversé pas mal de projets de John Zorn, comme le Cyro Baptista's Banquet of the Spirits, Zion 80 ou encore Secret Chiefs 3. C’est à la demande et sous l’influence de John Zorn qu’il forme « Abraxas », en prenant le nom du volume dix-neuf du Book of Angels dont il est le leader.

Je fais l’impasse sur les histoires plus anciennes comme le projet « Satlah » sur Tzadik ou Masada Rock avec « Rashanim ».

Il s’entoure donc d’Aram Bajakian aux guitares et au banjo, d’Eyal Maoz aux guitares également et au saz et de Kenny Grohowski à la batterie et aux percussions. Le quartet ainsi formé nous offre une version électrique du vol. cinq du Book Beri'ah, toujours guidé par le mentor Zorn qui reste aux manettes.

L’importance du gimbri est primordiale dans l’aventure d’Abraxas car il porte en lui une partie de l’histoire de la musique gnawa, à savoir la transe qui guérit et l’hypnose. On pense de suite à « Joshua Abrams Natural Information Society » qui a suivi une route cousine, tout en restant plus proche des concepts originaux.

Il faut dire qu’ici l’influence électrique est primordiale et prend une grande place dans les musiques jouées. Les guitares sont reines et prédominantes, on peut citer « Tamidi » ou « Kavannot » par exemples où elles font merveille. Toutefois nous ne sommes pas au même niveau que Cleric, même si on s’en approche.

Une musique faite pour plaire, avec une pincée de blues, de klezmer, de folklore roumain, de rock et de métal et surtout avec les « gris-gris » du shaman qui passe…

Une version live par Abraxas du Book of Beria'ah:

Shanir Blumenkranz’ Abraxas play John Zorn's Book of Beriah (ISRUSA)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 16 juil. 2023 01:02

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Paal / Michiyo / Broe – Volda – (2010)

On retrouve notre duo Peter Brötzmann et Paal Nilssen-Love, augmenté de Michiyo Yagi qui joue du koto. L’album a été enregistré en Norvège en avril deux mille huit et sa sortie s’est effectuée en deux mille dix. Il est paru sur « Idiolect » un tout petit label que j’imagine japonais, si j’en crois les écritures, le obi et le soin apporté au Cd.

Un bel objet mais aussi un sacré bon album. Il faut sans doute saluer la présence de Michiyo Yagi qui joue du koto de vingt et une ou dix-sept cordes, selon le registre. Sa présence ajoute un « liant » particulier, ne pensez-pas qu’elle s’oublie dans un coin, bien au contraire, elle joue très à l’avant et magnifiquement de son instrument, dont elle nous démontre avec une très grande maîtrise les grandes possibilités.

Peu après la sortie de l’album une grande tournée sera organisée au japon, avec un succès très mérité. La première pièce « Volda I » est également la plus longue, un peu plus de vingt-trois minutes. Sublime musique, Peter au Tárogató occupe la scène avant de s’effacer en laissant la place au deux plus jeunes qui s’expriment en duo, un long moment, la vibration des peaux et des tambours et celle des cordes pincées, duo magique et rencontre étonnante, le temps s’efface et fait place à une autre dimension.

Avec le retour de Brötzmann rien ne se perd, bien au contraire, les vibrations se perpétuent, même si Michiyo se fait plus discrète. Le sax alto se glisse à l’avant, Peter semble vouloir recueillir la spiritualité du moment et nous voici bien barré dans cet espace un peu particulier où nous emmènent parfois les grands…

Volda II perpétue le rêve, ici tout est parfait, contemplatif, la batterie qui tapisse le chemin, le koto qui fonctionne comme un drone et le Tárogató qui papillonne et montre la voie, l’esprit n’a plus qu’à suivre et se laisser guider, la démarche possède quelque chose de l’ordre du spirituel, peu de musiques ont ce pouvoir-là…

Volda III est plus vive, plus dynamique, le koto dessine des stries, des montagnes, une puissante énergie, propulsé par le jeu des percussions de la batterie de Paal, le ténor de Brötzman s’installe dans le spectre droit, vers l’avant, et les trois nous offrent une montée vers les sommets qui nous prend et nous emmène avec la force d’un tourbillon…

Juste une belle éclatade ce truc, recommandé.

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Message par Douglas » dim. 16 juil. 2023 14:30

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Klezmerson – Tiferet (2018)

Masada Book 3 - The Book Beri'ah – 6

Klezmerson c’est avant tout le claviériste, violoniste et arrangeur Benjamin Schwartz, déjà présent sur le Masada Book deux avec « Amon », le volume vingt-quatre des Books of Angels. Zorn aime à revenir vers ceux qui ont magnifié les précédents albums, il réitère la confiance, pour le meilleur, comme ici.

Ils sont huit à l’intérieur de cet octet basé au Mexique, mais pour faire bonne musique et bonne mesure, il y a également huit invités, de quoi assurer l’ambiance, dans ces conditions, impossible de tout spécifier, nommer et identifier, mais l’écoute est la juste récompense du travail mis en place.

Par contre on peut chercher à donner un nom aux différentes influences et genres mis à l’avant, bien sûr on peut citer le rock, le jazz, la funk, les musiques klezmer et, plus surprenant la prog, et bien entendu les musiques mexicaines, à travers les ensembles Charanga, le cha cha cha, la salsa et la musique norteño du nord Mexique.

Sans doute un petit côté rétro souffle-t-il légèrement de temps à autres, histoire de rafraîchir les identités, mais tout cela est en fait diablement moderne, les violons, les accordéons et les rythmes, la multiplicité des percussions qui tissent des rythmes savants, les grattes qui s’électrisent, la grosse basse à l’avant, tout respire la fête et la joie, la danse et les larges sourires.

Benjamin Schwartz a confié, lors d’une interview, que Zorn lui avait dit avoir conçu le Book Beri’ah avec ce qu’il pensait être le meilleur des Book of Angels. Une telle sentence est sans doute vraie et fausse en même temps, mais on la conservera pour sa part de vérité.

Il faut reconnaître qu’entre « Amon » et « Tiferet » il n’est pas sûr que le second soit meilleur, bien qu’il soit assez différent, il ne possède pas l’immédiateté du premier, la simplicité efficace, il est même un peu « ampoulé » dans une certaine complexité qui ouvre vers autre chose, une autre dimension.

A mon avis il est bon d’avoir les deux…

John Zorn - Tiferet: Nekevah (The Book Beriah)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 17 juil. 2023 01:47

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Ishkero – Shama (2023)

Ishkero est un groupe parisien qui semble vouloir faire parler de lui, mon fils l’a vu en concert en première partie de Thomas de Pourquery, et, comme c’est un bon fils et qu’on partage pas mal de goûts musicaux, il a acheté un vinyle auprès du groupe après l’avoir fait dédicacer, puis me l’a offert, une façon de partager le plaisir qu’il a eu à écouter le groupe, délicate attention.

Par contre il semble bien que ce soit un EP avec trois titres par face, de quoi faire connaissance avec la formation et profiter de ce jazz-rock plutôt cool, électrique et bien foutu. Arnaud Forestier joue du Fender Rhodes, Antoine Vidal de la basse et Victor Gasq de la guitare, Tao Ehrlich est le batteur et Adrien Dutertre le flûtiste, principal soliste de la formation, mais pas le seul !

Cet album est le fruit d’une victoire au fameux tremplin Rezzo Jazz à Vienne qui leur a permis d’enregistrer cet album et de concrétiser une carrière débutante, mais déjà bien prometteuse, après quelques petits efforts discographiques qui les avaient sortis de l’anonymat.

Ce jazz rock bien propret, qui regarde d’un œil vers la paisible musique de chambre, semble vouloir en toucher le velours et le côté cosy, afin d’en goûter le confort et la quiétude. Les musiciens sont habiles et chevronnés, les compos sont signées de concert, ce qui dit beaucoup sur la bonne mentalité qui anime le collectif.

Les qualités de la musique tiennent pour une part au sens mélodique de la formation mais également à la grande qualité des solistes, on notera la présence de Christelle Raquillet, seconde flûtiste sur deux pistes.

Un groupe à suivre…

Ishkero "Tchoutchoupa" Live at Krispy House


Ishkero - Retro (Shama)


Ishkero - Qlimax (Shama)


Kneelo
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 17 juil. 2023 15:43

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The Gnostic Trio – Netzach (2018)

Masada Book 3 - The Book Beri'ah – 7

Et voici apparaître, au milieu des anges, le Gnostic Trio, avec Bill Frisell à la guitare, Carol Emmanuel à la harpe et Kenny Wollesen au vibraphone. Les trois-là, mine de rien jouent de la musique de chambre, ou plutôt du jazz de chambre, mâtiné de klezmer, ils ont créé ce petit monde autour d’eux, dont ils sont un peu les propriétaires, chacun peut y entrer, s’y asseoir et y tendre l’oreille…

Parfois Carol et Kenny font tourner la musique et Bill, devant, nous envoûte, alors que tout tourne. D’autres fois c’est Bill qui gratte un peu à l’arrière et pose le rythme, et les autres qui batifolent et font chanter les mélodies. Tout ceci n’est qu’un jeu car ils s’entendent bien, se font des politesses, et des courtoisies, chacun s’occupe de l’autre et tout va bien.

Il faut dire que les mélodies sont magnifiques, elles chantent dans les cordes, et aussi tintent sous les mailloches, elles semblent n’avoir pas d’âge et d’être de toute éternité, des chants d’avant, joués avec de vieux instruments oubliés, pourtant elles sont bien d’aujourd’hui, et peut-être de demain, avec leur éternité qui court, se rit et se moque…

Alors on s’émerveille avec « Re’cha », « Altarah », « Merkaba » ou « Olamot », pourtant la musique n’est pas insouciante, ou volage, elle porte même son propre poids, sa mélancolie en même temps que sa légèreté. La beauté tout en dedans, pour ceux qui se sont glissés entre les coussins, en tendant l’oreille, entre la musique baroque et celle de demain…
06 - Re'cha.mp3
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03 - Atarah.mp3
(10.45 Mio) Téléchargé 22 fois
07 - Merkaba.mp3
(14.66 Mio) Téléchargé 21 fois
09 - Olamot.mp3
(13.84 Mio) Téléchargé 21 fois
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 18 juil. 2023 01:28

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Elvin Jones – Revival (Live At Pookie's Pub) – (2022)

Le dix-sept juillet mille neuf cent soixante-sept à Huntington, Long Island, John Coltrane a quitté ce monde, laissant un grand nombre de personnes orphelins, tristes à mourir, plus rien ne sera plus comme avant. Il en avait tourné des pages, pour aller plus loin, toujours plus loin, au-delà des choses, des mondes visibles, dans un endroit où lui seul a réussi à nous emmener…

Parmi ces pages il y en eut de douloureuses, la séparation du quartet idéal, fin soixante-cinq déjà, la déchirure… Elvin est parti vivre sa vie, douze jours après le décès de Trane le voici qui entre au Pookie's Pub, au centre-ville de New York. Cet album nous raconte comment ça s’est passé et la musique qui fut jouée.

Il y a quelque chose qui fait peine à montrer, au travers des enregistrements: ce qui était si particulier chez Elvin Jones. Pour comprendre il faut savoir que le jeu d’Elvin était si puissant, si phénoménal, qu’il faisait trembler le sol et vibrer la vaisselle, Coltrane au beau milieu de ce chaos devait souffler à pleine puissance, tout donner, pour seulement espérer se faire entendre. McCoy Tyner devait batailler à fond avec sa main gauche, marteler sans cesse pour devenir audible et Jimmy Garrison gratter et frotter fort les cordes de sa contrebasse, heureusement, Elvin, de temps en temps, pausait et levait le pied.

C’est cette surpuissante énergie qui plaisait tant, autrefois… avant que ne vienne le temps de tout rebâtir. Elvin, lui, a continué sa marche, ne changeant rien à son jeu, on l’entend ici, dans le canal droit, impressionnant. Il a recruté un autre « Coltrane », dans un autre format, plus petit, moins historique, mais quel musicien ! Généreux, grand technicien, comme tous les autres il est à la remorque du géant, mais il en recherche les tours, et essaient d’en faire le détour, il s’appelle Joe Farrell, il joue du sax ténor et de la flûte.

Il y a également Billy Greene au piano, il ne sera jamais McCoy Tyner, il le sait bien, mais déjà être soi-même c’est beaucoup, et il donne tout ce qu’il a. Et puis un grand à la basse, Wilbur Little qui va bien et fait parfaitement l’affaire.

Ils stationnent tous dans ce post bop avancé qu’a autrefois tracé Coltrane, avec d’autres, mais enfin, on pense surtout à lui… Et Elvin, et le groupe d’Elvin aussi, tous pensent à lui. Et ça s’entend, même si, au répertoire, aucun titre du défunt ne figure, il y a sûrement une raison à ça ! On ouvre avec « Keino’s Birthday March », un titre d’Elvin, le seul joué ce soir, on peut y admirer le jeu du batteur, droit, direct, net, les battements, une leçon de batterie, et Fareell qui souffle, déjà grand.

C’est un double Cd car les titres sont longs, une orgie de musique cet album, absolument faramineux, mais il faut que je vous parle de la flûte car Farrell en joue vraiment bien, avec une véritable couleur jazz, sur « My Funny Valentine » ou « On the Trail », magnifique !

Sonny Rollins est ici avec le dernier titre de l’album, le dantesque « Oleo », de quoi quitter l’album avec un petit pincement. Des standards, nombreux, presqu’en pagaille, « 13 Avenue B » énorme, c’est un rêve ! « Softly As In a Morning Sunrise » version splendide, une des meilleures, c’est sûr…

Bon il y a également un gros livret joint, en anglais, avec des photos, c’est un album Blue Note qui existe également au format trois LPs, pour ceux qui peuvent.

Keiko's Birthday March (Live at Pookie's Pub, 1967)


Ginger Bread Boy (Live at Pookie's Pub, 1967)


Softly As In A Morning Sunrise (Live at Pookie's Pub, 1967)


Oleo (Live at Pookie's Pub, 1967)
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