J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

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Douglas
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 14 avr. 2024 15:22

Pour rester avec Joe McPhee il y a cet enregistrement étonnant de 1970 où il s'enregistre avec son magnéto multipiste. Il joue du ténor et de l'orgue Wurlitzer.

Ce titre est sorti en deux mille dix sur l'album "Sound On Sound" qui regroupe des enregistrements "maison" entre 68 et 73.

Il existe également un rare 45 tours avec cette pièce, édité en 2014 par Corbett Vs. Dempsey.

Joe McPhee - Cosmic Love
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 15 avr. 2024 02:02

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Mary Halvorson And Jessica Pavone – Departure Of Reason – (2011)

Je l’ai sorti il y a quelques temps celui-ci, bien écouté et ré-écouté, puis il a disparu dans la pile avant que je ne le retrouve, un bel album vraiment qui mérite qu’on en parle un peu. On connaît Mary Halvorson et sa guitare, mais elle chante également ici. Sa partenaire est en fait une habituée, depuis deux mille cinq elles se croisent et voici leur quatrième duo.

Jessica Pavone qui joue du violon alto et chante également, non pas qu’il y ait beaucoup de parties chantées, mais un peu, comme sur « The Object of Tuesday », « Saturn » ou « Why Should You Surrender ? », la dernière pièce de l’album.

Côté compositions elle se partagent l’affaire de façon très équitable, dix pièces au total et cinq composées par chacune des participantes. Pour que l’harmonie soit totale elles alternent les compos, ainsi Jessica a composé toutes les pièces qui se présentent dans l’ordre impair, et Mary celles qui correspondent à l’ordre pair. Rien que ce détail en dit long sur l’esprit de concorde et de parfaite entente qui règne sur cet album.

Mais il faudrait également saluer la parfaite complicité musicale et la merveilleuse connivence qui s’entendent au fil des pièces. De chouettes mélodies parsèment l’album, comme sur l’incontournable « That Other Thing » qui ouvre l’album de façon quasi tubesque. Mais ce fil mélodique parsème tout l’album en fait, avec quelques surprises ici ou là, et encore ici et encore là…

Les chansons me semblent magnifiques et interprétées de façon merveilleuse, alors oui, de temps en temps ça penche côté folk, d’autres fois on glisse un peu vers l’expé, c’est souvent la guitare de Mary qui dérape avec sa façon particulière et délicieuse de le faire, mine de rien, tout d’un coup, on glisse, sans pour autant casser la carafe, comme sur « Ruin » par exemple.

Parfois il y a même quelques sons presque métalleux, sur « New October » ou « Ruin » encore, mais c’est juste pour se faire peur, le temps de quelques secondes, voir comment ça fait, le faire, s’y plaire et y goûter à nouveau un peu plus loin. On passe ainsi du très sage au décadent, de l’équilibre à la glissade, du stable au mouvant, du sombre à la clarté, le temps de quelques frissons…

Un album qui donne envie de creuser encore cette collaboration et d’écouter les œuvres précédentes, on ne peut tout écouter il est vrai, mais il est bon parfois de dérouler le fil, car à chaque écoute me vient l’envie d’en entendre davantage, et encore…

That Other Thing


The Object of Tuesday


Mary Halvorson and Jessica Pavone-Hyphen (Departure of Reason)


New October
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 16 avr. 2024 03:53

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Gary Peacock / Marilyn Crispell – Azure – (2013)

J’ai bien quelques albums de Marilyn Crispell, mais plutôt situés dans les années quatre-vingts. Ils sont free, certes, débridés, libérés, et placent Marilyn dans le sillon de Cecil Taylor. Elle est américaine, née à Philadelphie, je l’ai toujours appréciée et, à l’occasion, me procurer et écouter un album encore inconnu, me stimule l’imagination.

Gary Peacock fait partie des légendes, son passé le place d’emblée parmi les grands, passer d’Albert Ayler à Keith Jarrett représente en soi un parcours phénoménal, il n’y a pas grand-chose à rajouter ! Allez, on compte un peu, onze c’est le nombre de compos, trois sont signées par le duo, quatre par Marilyn seule, et quatre par Gary seul également, et chacun d’entre eux joue une courte pièce en solo, voilà le menu…

Histoire de notabiliser complètement la rencontre, c’est ECM qui invite, avec tous les avantages qu’apporte ce luxueux parrainage, au niveau du son, de la distribution et de la notoriété. Il faut dire, pour être complet, que plane ici le souvenir de l’extraordinaire trio formé par Marilyn Crispell, Gary Peacock et Paul Motian, le temps de deux albums sur le prestigieux label.

Pour autant personne n’est guindé, et place est laissée à la libre improvisation, et même à la liberté tout court. Les deux se rejoignent autour d’un projet limpide, calme, aéré, très zen. Une belle place est laissée aux mélodies, au lyrisme, à une certaine recherche du « beau ». Comme on s’en doute, les trois compos signées en duo sont des impros du moment, elles révèlent la grande qualité du duo et cette facilité à se comprendre et à collaborer.

Bien entendu les albums de Marilyn des années quatre-vingts n’ont que peu à voir avec ce qu’on entend ici, mais c’est une telle évidence qu’il est presque inutile de le dire. Ce qui n’enlève rien à la beauté d’un « Rhythms Hung In Undrawn Sky » pour Marilyn, ou d’un « Ghosts » pour Gary Peacock !

Gary Peacock, Marilyn Crispell - Azure
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 17 avr. 2024 02:29

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James Brandon Lewis Quartet – Transfiguration – (2024)

Il me faut bien reconnaître que je n’ai pas raté beaucoup d’albums de James Brandon Lewis, que ce soit en quartet, en duo avec Chad Taylor, en trio ou en compagnie du Red Lily Quintet, voici donc le dernier du lot, sorti il y a environ deux mois. Il y a bien quelques trous mais l’essentiel est là, et il me semble avoir déjà abondamment parlé de ce musicien remarquable.

Il faut dire que la discographie du gars commence à enfler, souvent plusieurs albums par an, il vient à peine de sortir celui-ci que paraît un autre album en compagnie des « Messthetics » avec James Brandon Lewis en invité principal, l’année dernière il avait enregistré « James Brandon Lewis, Red Lily Quintet – For Mahalia, With Love » ainsi que « Eye Of I », en fait il n’arrête pas !

C’est que le gars est passionnant, avec sa tête de bon élève, un côté un peu traditionnel mais toujours au bord de la rupture, proche du glissement, de l’emballement déraisonnable, et il nous fait encore le coup ici, intenable je vous dis. Avec toujours cette même rigueur, cette façon d’évoquer Coltrane, mais pas trop, un côté déférent qui se comprend.

Il compose tout ici, et il faut reconnaître qu’il a un don pour ça, les compos s’enchaînent et chacune est une réussite, depuis le titre d’ouverture « Transfiguration » jusqu’à celui de fermeture, « Elan Vital », vraiment rien à jeter tout est bon dans l’Brandon. Pour le soutenir et même un peu plus il peut compter sur les valeureux Aruán Ortiz au piano, Brad Jones à la basse et Chad Taylor à la batterie.

S’il fallait distinguer celui-ci par rapport aux précédents, il faudrait souligner la grande maîtrise et la grande maturité, et, il y a ce truc indéfinissable, peut-être l’équilibre du groupe, ou bien le jeu de Chad qui s’emploie, ou encore cette sonorité incroyable, mais l’ombre de Trane est là, comme si James Brandon en avait fait le tour et qu’il suinte malgré lui, à aucun moment il n’est évoqué, pas de citation, de plan en copié/collé, ou de mimétisme discernable, mais cette influence rentrée, intériorisée, et présente dans le souffle, au service de la musique de Brandon Lewis et de lui seul.

Bon un autre ne vous dira pas forcément la même chose, mais au ténor, difficile d’échapper à l’ombre du géant. Alors contentons-nous d’apprécier, nul doute que c’est un grand, et que ça commence déjà à frétiller du côté des meilleurs albums vingt-vingt-quatre. Au titre de l’anecdote, « Elan Vital » dont je vous ai déjà parlé, est dédicacé au philosophe français Henri Bergson, il a de drôles de lectures notre saxophoniste !

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 18 avr. 2024 03:22

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Tiger Hatchery – Sun Worship – (2013)

Un album qui vous balance « un bon coup de jeune », non pas du « jeûne » avec le chapeau qui vous prive de nourriture, non, tout au contraire, ici vous en prenez plein les dents, comme une claque d’entrée qui vous balance dans le passé, quand vous étiez encore minot, immature et arrogant, les bras pleins de traces de piquouzes, les draps usés par les partouzes et les oreilles emplies du blouze d’Ayler et de Brötz !

Le voyage est bref, intense d’entrée, puissant essentiellement, du free sauvage et intenable, avec en outre, pour le fun, une pointe de noise qui se marie joliment avec le parfum de révolte qu’incarnent mieux que tout autre, les enregistrements ESP. Celui-ci est le numéro 5003.

Ces gars sont trois, Mike Forbes est au sax, Andrew Scott Young à la basse, acoustique ou électrique, et Ben Billington est à la batterie. Le voyage est très court, à peine plus de trente et une minutes, réparties en trois titres, le féroce « Chieftain » qui ouvre le chahut et vous assaille direct, histoire de vous donner leur définition de la zénitude. Quatre minutes plus tard on assiste à une baisse de tension, puis à une remontée côté volume sonore, au-delà du permis, vers la fin de la pièce…

La seconde dose « Sonic Bloom » possède également ses phases énervées, tendues et crispées, une place est accordée à la basse d’Andrew Young qui lâche quelques solos ravageurs et mêmes lucifériens, avant la montée finale vers les enfers.

La dernière pièce est la plus longue, elle se nomme « Grand Mal » et dépasse le quart d’heure. Ça commence tout doux, mais on sait que ça ne durera pas, l’hypothèse se vérifie assez rapidement sans qu’on ait grand mal à l’anticiper. La prise de son n’est pas irréprochable sur cette pièce, mais qu’importe puisque de toute façon, il faudra en prendre plein les oreilles !

Il est heureux que ce soit ESP qui sorte cet ovni surgi du passé, ce label est probablement le plus fameux et le plus historique du free jazz, donc le mieux placé pour avoir cette audace-là : Risquer un tel album en deux mille treize ! Je me dis qu’il n’y a que la catégorie des gens de mon genre pour risquer un billet dans cette aventure, bien qu’il doive bien se trouver quelques fêlés du style parmi les plus jeunes, aucune génération ne peut se prévaloir d’ignorer le pire…

Bonnet coûte !

Chieftain


Sonic Bloom


Grand Mal


Un p'tit bonus: Tiger Hatchery @ ESP-Disk' 50th Anniversary Party - Part 1 (monte bien le son ! )
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 19 avr. 2024 02:32

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Greg Spero, Makaya McCraven, Marquis Hill, Joel Ross, Irvin Pierce, Jeff Parker, Darryl Jones – The Chicago Experiment – (2022)

C’est par hasard que je suis tombé sur cet album, sur le net, en fouillant un peu la discographie de l’un des participants. Il faut dire que les noms affichés sur cette pochette sont énormes. J’ai ensuite creusé le filon et ça m’a emmené en Hollande où j’ai commandé à prix très correct cet album vinyle tiré à cinq cents exemplaires lors de sa sortie. Il est arrivé ce matin en « suivi », y compris en France, ce qui n’était pas le cas autrefois, même si tout se passait essentiellement bien, le plus souvent…

L’idée de départ provient du label « Ropeadope » qui a lancé une série d’albums qui réunissait des musiciens natifs d’une ville particulière, regroupés ensemble, dans le but d’enregistrer un album. Ainsi sont parus « The Philadelphia Experiment » en deux mille un, suivi par « The Detroit Experiment » deux années après, et enfin « The Harlem Experiment » en deux mille sept. C’est à cet endroit que l’histoire s’arrêta…

Jusqu’à l’année deux mille vingt-deux qui voit arriver ce magnifique « The Chicago Experiment » avec le pianiste, producteur, compositeur et arrangeur Greg Spero, le batteur Makaya McCraven, le trompettiste Marquis Hill, le vibraphoniste Joel Ross, le guitariste Jeff Parker, le bassiste Darryl Jones et le saxophoniste ténor Irvin Pierce.

J’ai cherché bien inutilement le nom des auteurs de ces onze compos, six d’un côté et cinq de l’autre, avant de trouver la solution du mystère. Nous dirons qu’il y a bien un organisateur, Greg Spero qui prend le lead et donne certaines indications, mais l’essentiel est en fait improvisé, ce qui est presque une évidence quand on connaît chacun des musiciens réunis. Cet album reflète le Chicago d’aujourd’hui, sa respiration, et le feeling qui traverse la ville de nos jours, avec ces musiciens qui la représentent brillamment.

Tour à tour chacun propose son idée et l’ensemble des participants lui donne forme. L’album est extrêmement agréable, très reposant et plutôt aérien, il n’est que de penser à la guitare de Jeff Parker ou au vibraphone de Joel Ross pour en être convaincu. Chicago aime la ballade, la décontraction et sans doute la nuit également…

Le funk n’est jamais loin non plus, particulièrement sous les doigts de Darryl Jones lorsqu’il chatouille sa basse électrique, mais il sait également rester économe et sur la retenue, au service des autres. Le bon groove est omniprésent, c’est le ciment sur lequel chacun se cale, les solos des uns et des autres profitent de cet encrage pour installer les couleurs d’une créativité continuelle autour d’une fusion douce et électrique.

On retient parmi d’autres « The Chant », « Always be », « Rose Petal », «Sizzle Reel » ou encore « Double Take » et « Cloud Jam » …

The Chant


Always Be


Rose Petal


Sizzle Reel
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