J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

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Monsieur-Hulot
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Monsieur-Hulot » mar. 20 mai 2025 04:51

Ètrange et curieux phénomène, j'écoutais le très joli "Lover man" -(et merci pour le partage)- quand le morceau fini, mon lecteur enchaine avec un autre Kenny, Rankin et son "Haven't we met?" qui contient le même son de guitare "à la Burrell"...il se passe des choses ! :gratzzz:
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 20 mai 2025 15:58

Monsieur-Hulot a écrit :
mar. 20 mai 2025 04:51
Ètrange et curieux phénomène, j'écoutais le très joli "Lover man" -(et merci pour le partage)- quand le morceau fini, mon lecteur enchaine avec un autre Kenny, Rankin et son "Haven't we met?" qui contient le même son de guitare "à la Burrell"...il se passe des choses ! :gratzzz:
En effet, de magnifiques soli, les anciens ont bien montré la voie !
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 21 mai 2025 01:57

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Stanley Turrentine – Up At "Minton's", Vol. 1 – (1961)

Voici Stanley Turrentine, plutôt dans ses débuts discographiques, dans un ambiance « club » comme les aiment les puristes, conjuguant un certain relâchement, en même temps que l’enregistrement capte le public et ses manifestations plus ou moins bruyantes, dans un cadre qui ne menace pas la qualité sonore, mais laisse percevoir l’ambiance dans son entièreté. Ce que l’on aime en général, ceux qui ont connu cela n l’oublieront jamais.

Ambiance hard bop donc, l’époque dicte le style. Stanley est au ténor, il partage la scène avec Grant Green à la guitare, Horace Parlan au piano, George Tucker à la contrebasse et Al Harewood à la batterie. Du solide avec des grands noms, Grant green et Horace Parlan étaient déjà des références solides en cette période.

Seulement quatre titres, étirés en longueur dans ces merveilleuses versions live qui ont besoin de temps et d’espace pour faire leur nid. Trois standards et un blues d’opportunité, ce sera « Stanley’s Time » pour ce soir-là, une pièce bien accrocheuse qui va bien. Les standards également qui se défendent, « But Not For Me » de Gershwin en ouverture, « Broadway » et « Yesterdays » pour finir.

On dit souvent de Stanley Turrentine qu’il est « doux » ou « caressant », c’est qu’il se fera, au fil du temps, une spécialité de ces titres lents et charmeurs, qui enveloppent un son et une ambiance chaude, parfois sensuelle. Mais nous n’en sommes qu’au début, en cette année soixante et un, il nous reste à ressentir et deviner la suite…

Il y a également Grant Green qui dévoile ses talents lors de ces quelques solos qui égrainent l’album, à chaque fois remarquables et même éclatants, ils enchantent et séduisent immédiatement. La rythmique est également au niveau, avec Horace Parlan déjà au tout premier plan. Le contrebassiste George Tucker nous gratifie d’un court solo lors de « Yesterdays », en troisième position après Green, Turrentine et Parlan.

A l’avenir Turrentine développera encore davantage ce côté un peu funky et soul-jazz qui plaira au public et fera sa popularité, mais ces enregistrements au Minton’s participeront déjà de sa légende et resteront dans l’histoire.

But Not For Me (Live)
"Stanley's Time" Stanley Turrentine
Broadway
Yesterdays (Remastered 2017)
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Message par Douglas » jeu. 22 mai 2025 03:23

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The End – Svårmod Och Vemod Är Värdesinnen – (2018)

Avant d’aller trop vite et afin d’éviter un trop rapide dérapage, regardons attentivement cet assemblage, ici réuni sous le nom de « The End ». La fin de qui ? de quoi ? nous verrons bien quand la question se posera, et si elle se pose…

La chanteuse qui performe par ici, nous la connaissons, déjà apparue avec la grande formation dirigée par Mats Gustafsson, « Fire ! orchestra », mais gardons-nous de tirer de trop rapides conclusions et voyons, voyons …

Sofia Jernberg, car c’est elle, est d’origine éthiopienne, elle vit en Suède et son approche est assez originale. Mats Gustaffsson, déjà évoqué, est bien là, mais il est clair que l’approche de cette nouvelle formation n’est en rien comparable à la première susnommée, il joue du sax baryton et aussi du ténor ainsi que des effets électros. Le norvégien Kjetil Møster joue des mêmes instruments que Mats, mais pas forcément en même temps, on peut donc jouer au jeu du « qui joue quoi ? », mais ce n’est pas facile.

Il y a également Anders Hana à la guitare baryton, lui aussi norvégien. Il s’est remis à la guitare récemment, après un abandon relatif pendant une durée de sept années. Ce sont ses amis qui l’ont convaincu de remettre ça, et, comme c’était de vrais bons amis, il s’est laissé convaincre. Il y a également le nécessaire batteur, le chilien Greg Saunier, qui chante également.

Pour clarifier tout ça, il serait pratique de sortir une étiquette, mais il faudra repasser, il faudrait plutôt en sélectionner plusieurs, et peut-être pas les meilleures, car je ne les ai pas toutes en mains !

« Free jazz » sortirait assez-vite, « avant-garde » également, « noise » fonctionne également assez bien, ainsi que « no wave » car il y a un aspect rock, « chants ethniques », un petit peu, mais pas tant qu’on croit, car Sofia ne s’enferme nulle part, elle est libre et le fait savoir, elle possède une grande technique vocale qu’elle utilise ou contrarie.

Soprano de formation elle l’oublie assez vite et utilise sa voix comme d’un instrument, elle grogne ou crisse, crie des lamentations, des chuchotements, des respirations animales ou autres effets étranges, mais elle fait tout cela avec tant de classe que ce n’est jamais agressif et, ce jeu risqué est parfaitement réussi et maîtrisé, tant d’autres s’y sont perdus qu’il faut souligner la performance !

On peut parier qu’une grande partie de cet album est improvisé, mais qu’une autre, de moindre importance quantitative est écrite. L’équilibre fonctionne très bien, chacun s’y retrouve, et des points de rendez-vous sont probablement fixés de façon descriptive. Cette aventure aura des lendemains, deux autres albums sortiront, dont un assez récemment, « Why Do You Mourn » de deux mille vingt-trois.

Et cette guitare baryton est bien chouette !

Svårmod
Vemod
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Message par Douglas » ven. 23 mai 2025 02:19

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Louis Moholo, Evan Parker, Pule Pheto, Gibo Pheto, Barry Guy Quintet – Bush Fire – (1996)

Voici un album de free jazz pur, sans entraves, ni rien qui puisse empêcher la spontanéité de s’exprimer. On le classifiera côté jazz britannique, mais sans véritable raison valable, en fait ils sont deux, Evan Parker et Barry Guy à être des régionaux, car l’album a été enregistré en quatre-vingt-quinze, au mois de juillet, dans les studios Gateway de Londres.

Mais la couleur est également Sud-Africaine, avec Louis Moholo à la batterie, entouré des frères Pheto, Pule au piano et Gibo à la contrebasse, côté gauche. En effet, et c’est une particularité, il y a deux contrebassistes, ainsi Barry Guy joue à droite. A l’écoute il est aisé de les discerner, mine de rien, la rythmique ici est tout simplement extraordinaire.

Mais pas seulement, car une merveilleuse leçon de free se cache ici, l’album est long, presque soixante-dix-neuf minutes au total, mais l’ennui ne vient pas, pour peu que l’écoute se déroule avec concentration, dans un environnement propice. C’est pourquoi j’aime le petit matin, quand la nuit est encore présente et que rien ne dérange…

Bien qu’ils soient cinq, il arrive à certains moments qu’un musicien se repose, laissant le champ aux autres, ainsi « South Afrika Is Free – OK ? » se joue sans Evan Parker, et « Mark Of Respect » est une affaire strictement Sud-Africaine, et même un duo de bassistes se forme pour « Back Beat », il y a même un solo de piano, « Coincidence » !

Il n’y a pas de règle, c’est le feeling qui décide, le plaisir de jouer et d’échanger, juste se lancer, car on peut également passer un merveilleux moment à écouter, c’est ce à quoi nous sommes conviés ! Les pièces en quintet sont tout de même les plus nombreuses, au nombre de cinq à mettre en regard avec les dix pièces présentes au total sur l’album.

Autant l’admettre, le dire et le poser, il y a comme une « magie » ici, elle se ressent tout du long de cet album, comme si la grande bienveillance, la communion entre les musiciens et la tendre complicité, tout cet état d’esprit se glisse dans les notes de musique et transpire.

Bien sûr, on remarque la relation Moholo/Parker, quasi fusionnelle, qui s’installe, mais elle emporte l’ensemble des participants, jusqu’au « pékin » qui écoute la galette en fin de chaîne, avec un casque sur la tête…

Ceux qui recherchent un free, non pas « apprivoisé », ce serait un vilain mot, mais essentiellement respectueux, où chacun s’écoute et ne joue pas plus fort que son voisin immédiat, peuvent se tourner vers cet album et y jeter une oreille, il pourrait vous convaincre que le free, c’est génial ! Evan Parker est souvent dans ces coups-là, alors merci à lui, il a su se promener en musique avec cette philosophie bienveillante, portée également par John Stevens.

Un très bel album publié par Ogun.

Bush Fire
For Chisa
Baobab
For Mpumi
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 24 mai 2025 03:46

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Joachim Kühn - Majid Bekkas with Ramon Lopez – Kalimba – (2007)

Je suis assez fan de Joachim Kühn, j’aime le gars depuis ses débuts sur Byg, j’ai accroché de suite et l’écoute de temps à autres, parcourant de ci de là, sa discographie, avec un gros coup de cœur pour son album « Voodoo Sense », avec un extraordinaire Archie Shepp, et déjà Majid Bekkas, l’album sortira bien après celui-ci, avec une version de presque vingt minutes de « Kulu Se Mama ».

Ici nous ne sommes pas tout à fait dans les mêmes eaux, mais l’albeau est bum ! L’allemand de l’est Kühn rencontre le marocain Majid Bekkas qui chante, joue du guembri, de l’oud et du kalimba, qui donne son titre à l’album. Ils sont accompagnés et soutenus par le batteur espagnol Ramon Lopez dont l’instrument est complété par des tablas indiens, des hochets et des shakers ouest-africains.

Pour parfaire cette ambiance chaude et orientale, Joachim s’est installé à Ibiza la mercantile, carrefour et lieu de rendez-vous de ces trois-là. Mais cette affaire se concrétisera en Allemagne aux CMP Studios de Zerkall, en Rhénanie du Nord-Westphalie. Je sais, ça envoie un p’tit coup de froid, mais le son est de qualité et l’enregistrement est effectué avec beaucoup de soins et d’attention.

Majid écrit les textes et les chante, l’album s’ouvre avec « A live Experience », le seul texte en anglais et peut-être est-ce mieux ainsi, sa voix est extrêmement chaude, suave, sa sonorité fait merveille et cajole. Mais il y a également quelques instrumentaux qui laissent vivre la musique sans l’accrocher au terreux, le piano de Kühn a besoin également de cette respiration-là. Ce-dernier embouche également son saxophone alto, afin de colorer « Sabbatique ».

Ce mélange entre jazz et musique moyen-orientale constitue la saveur principale de la musique proposée, il faudrait également ajouter la couleur andalouse ou indienne apportée par l’art des percussions de Ramon Lopez, qui joue avec beaucoup de raffinement et de subtilités, voire de légèreté.

C’est le premier d’une aventure qui s’achèvera en deux mille treize avec le cinquième album, « Voodoo Sense », déjà évoqué.

Youmala
Dounia
Kalimba Call
Hamdouchi
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 25 mai 2025 03:26

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Clint Jackson III, Byard Lancaster – Mother Africa – (1974)

L’écoute de cet album sera l’occasion de renouer avec une ancienne tradition qui s’était faite jour il y a trois ou quatre années, voici en effet un album distingué par la sélection FJMt°, cela faisait pas mal de temps qu’elle n’avait plus été dégainée !

Il s’agit ici de la réédition réalisée par ces deux fripouilles du Souffle Continu, en Cd, avec en complément un titre supplémentaire « Love Always », merci à eux pour ce beau travail de résurrection phonographique, les originaux étant diablement rares, donc très chers !

D’après les notes de pochette Jef Gilson serait à l’origine de cette rencontre, qui s’est déroulée dans le foyer de la rue Montorgueil, là vivent des musiciens de passage qui se rencontrent et jouent ensemble, répètent et même enregistrent dans ce studio, quand Jef Gilson « du haut de sa cabine, enregistre le tout », ce huit mars soixante-quatorze.

Clint Jackson III, âgé seulement de vingt et un an, n’est pas un néophyte, il a déjà joué au côté de Khan Jamal et de Noah Howard et se montre ici sous son meilleur jour, à ses côtés se trouve William Byard Lancaster, le saxophoniste alto, qui fera une belle carrière, son dernier album, le très beau « Soul Unity », date de deux mille vingt-deux.

Deux autres américains, Keno Speller à la conga et aux clochettes, ainsi que Jonathan Dickinson à la batterie assurent la rythmique avec un français, Jean-François Catoire, qui joue de la contrebasse et de la basse électrique, par le passé il a joué en trio avec Mal Waldron et Christian Vander. Ce bel équipage va enregistrer cet album qui sera distingué, avec ce commentaire des frères Opalio : « How to deny that France represented Mother Africa for many renegade Afro-American cats ? »

Déjà il faut absolument souligner la chance de bénéficier de ce titre supplémentaire qu’il aurait été regrettable de ne pas associer à cet enregistrement, même s’il est déjà paru sur une anthologie consacrée à Jef Gilson. Il faut dire qu’il en est le compositeur, ainsi que de « Mother-Africa », titre en trois parties. La pièce d’ouverture est signée par le jeune trompettiste, Clint Jackson III, à l’origine les deux titres se tenaient chacun sur une face.

Sur l’album, et plus particulièrement sur ce premier titre, l’influence est très Colemanienne, c’est très beau avec beaucoup de densité et de spiritualité, on pourrait penser même parfois à Ayler dans ce duo sax/ trompette, même si c’est un alto, Clint Jackson est particulièrement saignant et s’emploie, tel un Don Cherry d’alors à faire pleurer le cuivre !

Je n’insiste pas davantage, les amateurs de free sauront trouver le chemin…

We The Blessed
Mother Africa (In 3 Parts)
Love Always
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 26 mai 2025 01:35

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Bengt Frippe Nordström – The Environmental Control Office – (2003)

Voici un authentique enregistrement de jazz capté en club, comme l’aiment les puristes, nous voici en effet au « Fasching » à Stockholm, le quatre juin mille neuf cent quatre-vingt-huit très précisément. Bengt Frippe Nordström est réputé pour avoir produit le premier album d’Albert Ayler, « Something Different!!!!!! » enregistré le vingt-cinq octobre, à Stockholm, en soixante-deux.

Cette heure de gloire le marquera profondément et fera de lui un musicien tout à fait unique, on peut sans crainte dire de sa musique qu’elle est tout à fait inouïe. On peut supposer que le fait d’avoir côtoyé la légende a laissé sur lui une empreinte qu’il a su cultiver.

Ainsi son style au saxophone, ou à la clarinette, est-il très particulier. Il se caractérise par une sorte de lenteur assumée, il ne recherche pas la vélocité, d’ailleurs il semble avoir totalement zappé le be-bop et ses voltiges stupéfiantes. Lui, tout comme Ayler, puise dans les folklores traditionnels ou les comptines, ces airs anciens qui traversent les générations, ils seront ses premiers matériaux, avec lesquels il jouera.

Le premier Cd ne contient qu’une longue pièce de plus de cinquante minutes, « The Environmental Control Office » où il joue du sax ténor, en improvisant continuellement avec une belle intensité. Il est d’ailleurs familier des impros en solo qu’il développe, dit-on, avant tout le monde. Il est accompagné par Lars Svanteson au violon, dont il joue parfois en le maltraitant, pour lui faire sortir des sons inusités qui nous rappellent les audaces d’Ayler.

Il y a également un contrebassiste, Bjorn Alke, tout à fait excellent, ainsi que le maître de la batterie, Peeter Uuskyla, qui connaîtra une carrière intéressante auprès de musiciens free européens, comme Peter Brötzmann ou Mats Gustafsson, pour n’en citer que deux.

Sur le disque deux il embouche sa clarinette et semble tout à coup joyeux et « Swinging In Sweden » est bien plaisant et sautillant. C’était un artisan, il fabriquait lui-même ses albums en grande partie et les vendait de la main à la main, les acheteurs d’alors n’ont pas fait de mauvaise affaire en achetant ces albums, devenus très recherchés.

Non pas qu’il fut devenu célèbre ou même très connu, mais une poignée de fans ont su trouver l’intérêt de cette musique, si rare et originale. Bengt lui-même n’était pas un grand communicant, c’est avec ses instruments qu’il s’exprimait le mieux, comme sur « Fripping » si optimiste et même parfois guilleret.

Ce qui est certain, c’est que pour Bengt, la musique était un engagement sérieux et total, celui de sa vie très certainement, même si la reconnaissance n’est pas venue. A travers lui on entend encore sourdre la musique du vieil Albert, par bribes et par moments, comme un écho lointain qui surgit, déformé, ressassé, mais on sait qui habite son esprit, on le sent et le devine !

Voici ce que déclare le batteur Peeter Uuskyla, dans les notes de pochette : « C'est frais, comme des enfants jouant à un nouveau jeu » et d’ajouter un peu plus loin : « Tout était possible et rien n'était interdit… » La musique vivait en suivant le fil de la pensée, sur la dernière pièce de l’album, Bengt retrouve son ténor et sa voix grave qui dévale en escalier, d’un pas franc et décidé, mais lourd et appuyé.

« Fasching » s’appuie solidement sur la batterie de Peeter, qui balise le chemin, assise solide et structurante qui offre un équilibre où rien ne semble pouvoir arriver. Cet enregistrement est le dernier qui ait été publié par Maître Nordström, Frippe est en effet décédé en l’année deux mille, il sortira sous cette forme, par les bons soins de Jan Ström, trois années plus tard, sur le label Ayler Records, dont il fut le créateur et le premier propriétaire. Près de quatre-vingt-dix minutes d’une musique hors-normes.

Un nouveau Saint dans la galerie.

The Environmental Control Office, pt.1
The Environmental Control Office, pt. 3
Fasching
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 27 mai 2025 02:16

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John Zorn – Through The Looking Glass – (2025)

Et voici le tout dernier album de Chaos Magick, le sixième effort, arrivé avec le printemps, la pochette est couleur argent, avec un effet miroir fans lequel on peut se voir, ou se deviner plutôt. Les quatre sont là, au complet, Medeski à l’orgue, Marsella au Fender Rhodes, Matt Hollenberg à la guitare et Kenny Grohowski à la batterie.

La première pièce de plus de dix-huit minutes « Nine Secret Crossings To The Eternal Repetitions Of Existence » est la plus imposante de l’album. Ce dernier n’étant pas bien long, elle en constitue, à elle seule, la moitié. Elle nous propose un jazz-rock finement exécuté et savamment mis en place. Le duo des claviers est monstrueux et Hollenberg avec sa guitare ressuscite des sons psychés et bluesy.

Il y a pas mal d’énergie qui est envoyée, mais on descend encore d’un cran par rapport à Simulacrum, même si le côté anguleux, avec des virages à quatre-vingt-dix degrés, est toujours présent. Une impression planante est néanmoins maintenue au fil de la pièce, ce qui lui octroie une face attachante et addictive.

« The Pentacle of Albucius » qui poursuit l’aventure sonore est plus atmosphérique, évanescent, les claviers murmurent gentiment des airs doux qui calment et reposent, la guitare participe également à ce semi-rêve éveillé qui nous berce, c’est la batterie de Grohowski qui maintient une certaine énergie, un groove qui envoie et stimule. On goûte les impros qui s’activent et nourrissent la pièce vers des directions multiples…

« A Tear in Time » est la pièce la plus courte, on garde cet esprit « jam improvisée » qui parcourt cet album, mais cette fois-ci les rythmes s’accélèrent, et remontent les réussites des années soixante-dix autour d’un jazz-rock vif et saccadé, on peut penser à Mahavishnu ou encore à Herbie Hancock, mais c’est Zorn et ce n’est pas mal non plus ! La seconde partie de la pièce est plus calme, comme si se conjuguait ici l’union de la première pièce de l’album et de la seconde.

C’est bien sûr trop court, pourtant absolument excellent, ce qui compense, mais le support pourrait, aujourd’hui, supporter le double de musique et, forcément, nous, pauvres auditeurs, sommes au courant ! Zorn est si prolixe qu’il n’aurait pas de mal à fournir un peu plus de thèmes à mettre dans nos rêves…

Nine Secret Crossings to the Eternal Repetitions of Existence
The Pentacle of Albucius
A Tear in Time
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 28 mai 2025 02:11

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Pete La Roca – Turkish Women At The Bath – (1967)

« Femmes Turques au Bain », avec en couverture une reproduction d’une peinture de Jean Auguste Dominique Ingres, est un album du batteur Pete La Roca, également auteur de toutes les pièces, qui connut un destin un peu particulier. C’est, en fait, dû à la richesse des accompagnateurs. Mais regardons bien la date de sortie de l’album, ce vingt-cinq mai mille neuf cent soixante-sept.

Il y a ici comme une sorte de modernité, même si elle ne glisse pas franchement vers le free jazz, l’écoute des compos révèlent des structures innovantes, au caractère parfois répétitif, subtil et légèrement anguleux et, j’y reviens, des musiciens d’exception, qui offrent à cet album une patine moderne, malgré que les structures restent ce post-bop, dont on a du mal parfois à définir les contours.

Pete La Roca est accompagné par le pianiste Chick Corea, tout jeune, mais déjà brillant et éclatant, le saxophoniste est John Gilmore, le saxophoniste ténor attitré de l’orchestra de Sun Ra, ici en permission, et le contrebassiste est Walter Booker, ce quartet est phénoménal, ce qui ne porta pas chance à Pete La Roca !

En effet, comme indiqué sur la pochette d’origine, l’original est paru sur le label naissant « Douglas », appartenant donc à Alan Douglas, qui contient de véritables pépites. Mais, pour des raisons financières, les droits de l’album furent vendus à « Muse Records », qui fit paraître une réédition en modifiant l’auteur, ainsi Chick Corea fut crédité de l’album dont le nom devint « Bliss ! », en soixante-treize.

Pete La Roca intenta un procès à Muse qu’il gagna, mais il fallut attendre deux mille quatre avant que l’album ne soit réédité et poursuive sa vie. Il y a beaucoup de raisons pour aimer cet album, la beauté des compos, la fraîcheur qui s’y lit, le jeu incroyable de John Gilmore et sa sonorité unique, ici très bien captée, on se régale à chaque solo.

Chick Corea qui n’est pour rien dans la suite des événements qui advinrent, est également un rouage essentiel, son jeu est très juste et plein d’intuitions inattendues, il crée autant qu’il joue, quant à Pete il s’avère un batteur brillant, d’une grande finesse, avec un jeu de cymbales plein de générosité et grand compositeur, dommage qu’il dût batailler plutôt que de poursuivre un parcours discographique continu. Il retrouva son métier d’avocat, et ne revint vers la musique que plus tard.

Vraiment un bel album à découvrir, si vous ne l’avez pas déjà rencontré !

Turkish Women At The Bath by Pete La Roca Sims (from album : "Turkish Women At The Bath")
Dancing Girls by Pete La Roca Sims (from album : "Turkish Women At The Bath")
Sin Street by Pete La Roca Sims (from album : "Turkish Women At The Bath")
Pete La Roca - Bliss (1967)
Pete La Roca - Love Planet (1967)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 29 mai 2025 03:06

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Ted Curson Quintet – Live At La'Tete De L'Art – (1962)

Probablement le second album de Ted Curson, après « Plenty of Horns » de soixante et un. On retrouve ici l’ambiance « Club » chère à certains, vous l’avez deviné, l’établissement en question se nomme « La Tête de l’Art », un titre qui va bien. Nous sommes donc à Montréal, avec une formation qui n’est pas habituelle pour Ted Curson.

Il enregistre pour une émission de radio, on ne peut pas vraiment flatter la prise de son, mais elle reste correcte vu les circonstances, cet enregistrement est même le premier, pour Ted en tant que leader. Son groupe est donc constitué par des musiciens du cru.

On découvre donc Al Doctor au saxophone alto, Maury Kaye au piano, Charles Biddles à la contrebasse et Charles Duncan à la batterie, toutes les pièces, c’est-à-dire cinq, sont signées par le trompettiste qui se place dans un registre assez souvent hard bop, ce qui permet à tout le monde de suivre avec efficacité.

Car il y a de la flamme ici, de l’engagement, on se sent bien à la Tête de l’Art, et ça envoie avec une belle densité, les inconnus de circonstance qui entourent Curson sont au taquet, ils donnent le meilleur d’eux-mêmes, on ne recherche pas la virtuosité mais la note juste, et ça, ils savent faire à la perfection !

Le set s’ouvre avec un titre mid-tempo, « Cracklin’ Bread » qui permet à chacun de prendre sa place gentiment et à Ted de développer un beau solo, assez long, avant de faire place à l’alto d’Al Doctor, qui apporte sa couleur, puis Maury Kaye développe à son tour un solo qui va, avant que Ted ne reprenne la main dans le final, tout est OK, la suite maintenant !

« Ted’Tempo » accélère la cadence et déjà le trompettiste lâche les chevaux sur une trame rapide et même effrénée, histoire de déposer les points sur les « i », et ça fonctionne du diable, Ted est en forme et envoie à fond, sa virtuosité technique fait merveille et éblouit l’auditoire, et chacun comprend que le gars, là, n’est pas venu pour passer l’aspirateur !

« Playhouse March » se tient bien, dans l’esprit de Art Blakey, et s’avère très en place, délivrant avec entrain une marche qui ne s’essouffle pas. « « Straight Ice » qui suit est un blues qui permet à Ted Curson d’envoyer serré, avec un esprit lointain, qui plonge dans les racines et déchire comme il convient, tandis qu’à l’arrière, c’est très efficace, et personne ne demande davantage ! C’est la pièce la plus longue de l’album, quasi treize minutes qui se déploient avec toute l’ardeur nécessaire, et Al Doctor au sax alto envoie lui aussi comme un Dieu, avec Curson qui le pousse dans ses retranchements…

« Quicksand » est cependant la pièce la plus en vue, celle qui commence à avoir une certaine notoriété, c’est sans doute pourquoi elle conclue le set. Il est vrai qu’elle est bien chouette avec un départ qui évoque l’Espagne et permet à Ted d’installer un climat chaud et latin. Il montre également ses talents d’improvisateur en développant un solo effervescent d’entrée, sans lâcher le fil trop vite… Ses capacités techniques sont évidemment au-dessus du lot, alors il survole avec tranquillité, au-dessus de cette rythmique qui envoie avec application.

C’est pourquoi, bien qu’il n’ait rien qui puisse émerveiller le monde, cet album est si attachant et passe si souvent, simple et efficace, chaud et même brûlant, qu’il est sûr qu’il possède ce quelque chose d’essentiel qui fait les bons albums.

Ted Curson - Live At La Tete De L'Art:
Cracklin' Bread 0:00
Ted's Tempo 8:07
Playhouse March 15:17
Straight Ice 23:07
Quicksand 36:06

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 30 mai 2025 02:25

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Steve Lacy / Eric Watson – Spirit Of Mingus – (1992)

Un petit retour vers le grand Steve Lacy, délaissant momentanément son compagnon de route et pianiste, Mal Waldron. Les raisons m’en sont inconnues, mais il faut bien le reconnaître, il trouve avec Éric Watson, un partenaire de double très convaincant, et même un peu plus, bien que ce dernier ne porte pas sur ses épaules un passé aussi conséquent et évocateur que celui du grand Mal, il s’en sort pourtant vraiment bien et se montre excellent tout au long de ces soixante-trois minutes et trente-quatre secondes…

L’autre sommité qui habite cet album, c’est le grand Charles, résistant et costaud, il portait vaillamment sa contrebasse sur le dos, bien protégée dans son étui. Steve Lacy a côtoyé cette montagne et a étudié sa musique avec un grand intérêt, à la fin des années cinquante et au début des années soixante, période charnière, certainement une des plus éruptives de l’histoire du jazz.

Steve raconte : « J’ai dit un jour à Charlie combien j’aimais son « Reincarnation of a Loverbird » Charles McPherson m’initia à ce thème dans la cuisine du club, pendant la pause. Mingus m’écouta et me mit au défi de le jouer avec l’orchestre au cours du set suivant. Je m’en sortis bien, et il me demanda de participer le lendemain, à la répétition de son grand orchestre. A mon arrivée, il était gêné : il n’y avait pas de partition pour saxophone soprano. Il lui aurait fallu reprendre l’ensemble des morceaux, j’en suis sûr !

J’aime Mingus, ce géant inoubliable
» - (notes du livret)

Comme cet album prend la forme d’un hommage à Charles Mingus, il est bien naturel que les pièces jouées soient toutes signées par le maître, aussi reconnaît – on quelques totems qui ont fait la gloire du contrebassiste, parmi les plus connus et les plus représentatifs du talent du Mingus-compositeur, qui était par ailleurs un meneur d’hommes et un immense arrangeur.

Ainsi Steve Lacy et Éric Watson ont-ils joué en duo trois dates durant, les cinq, six et sept juillet quatre-vingt-onze, de quoi extraire les neuf pièces qui sont présentées ici, interprétées de façon extraordinaire par le duo, mais comment ne pas saluer le travail de Lacy, un travailleur assidu qui recherche dans chaque pièce la « substantifique moëlle » pour en offrir la quintessence et la vérité essentielle ?

Ainsi se remarquent « Nostalgia in Times Square », « Reincarnation Of A Lovebird », « Pithecanthropus Erectus », « Goodbye Pork Pie Hat » et « Remember Rockefeller At Attica », dont le duo s’empare et en offre des versions extraordinaires, sans jamais les dénaturer, elles s’offrent à nous avec de nouveaux atours et sont encore plus belles, dans leur fragile nudité.

Nostalgia In Times Square
Reincarnation Of A Lovebird
Pithycanthropus Erectus
Goodbye Pork Pie Hat
Remember Rockefeller At Attica
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 31 mai 2025 01:38

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David S. Ware Quartet – Great Bliss Volume 1 – (1990)

Cet album est la toute première tentative de David S. Ware en quartet, je vous ai déjà présenté le second volet, celui-ci est le premier, probablement encore meilleur, bien qu’il faille s’accrocher un peu. L’affaire est prise au sérieux, en effet les quatre vont répéter pendant cinq jours avant de pénétrer dans les studios, les huit, neuf et dix janvier, afin de présenter suffisamment de matériel pour remplir deux albums à raz-bord.

David S. Ware tient à présenter un éventail assez large de son savoir-faire, aussi joue-t-il du saxophone ténor, ce qui n’est pas une surprise, mais également de la flûte, du saxello et du stritch, un saxophone alto droit. C’est également le premier album avec Matthew Shipp, un pianiste recommandé par William Parker et Reggie Workman, voici ce que celui-ci déclara : « J'étais un grand fan du travail de Ware. Jouer avec Ware, c'est comme être à la maison. Mon style de piano correspond vraiment à ses compositions. Il me donne la liberté d'être moi-même. »

Le contrebassiste William Parker avait rencontré David S. Ware dès soixante-treize, au sein du Cecil Taylor Big Band, mais son compagnon le plus ancien et le plus fidèle, est le batteur Marc Edwards qu’il côtoie depuis mille neuf cent soixante-huit, ils participèrent également tous les deux au Cecil Taylor Unit. Edwards joue également des timbales, des clochettes, carillons et des percus.

Lors de la première pièce, « Forward Motion » on l’entend avec son petit matériel former comme une texture avec les clochettes qu’il agite savamment, tandis que Ware joue de sa flûte, écoutez également la basse de Parker qui chante côté gauche, et le piano qui dessine des accords sourds. Ça bruisse et dessine comme la trame d’un voyage qui vous prend et vous embarque… « Bliss Thème » ressemble à un tube, et c’est bien beau, envole-toi, petit oiseau !

Sur « Cadenza » s’entend le stritch dont Ware nous propose une petite démonstration, il mène la danse, fait le fanfaron puis dialogue avec les siens. Tout s’improvise et évolue à petit pas, d’une phrase à l’autre, les trois s’unissant pour répondre, jusqu’au passage où Ware utilise la respiration circulaire et conclue avec maestria.

« Sound Bound » cache également un des secrets, ou des buts, de la musique de Ware, ainsi, à environ neuf minutes après le commencement de la pièce, jusqu’alors forte et intense, pleine de vie et de force, un silence d’environ six secondes se fait entendre. Voici ce que déclare Ware : « Le premier but de la musique n'est pas de divertir, mais d'élever l'esprit humain […] En Inde, où la respiration circulaire peut être née, toute la science de la musique vient de la méditation, révélée par le silence – des voyants et des saints, assis en silence. »

Assez curieusement ce premier volume est l’un des plus variés et des plus libres du saxophoniste qui construit ici un album ambitieux et plein, très intense, probablement plus « spirituel » que d’autres à l’accès plus facile. « J'espère que les gens prendront le temps de s'asseoir et d'écouter cette musique, pour lui donner une chance » déclara-t-il.

Forward Motion
Bliss Theme
Cadenza
Sound Bound
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 1 juin 2025 02:07

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Jimmy Smith – Cool Blues – (1980)

Voici un album de Jimmy Smith paru sur le tard, des bandes oubliées dans un fond de tiroir explique-t-on habituellement dans ces cas-là. Pourtant les dates affichées de ces bandes auraient pu attirer l’œil du connaisseur car l’enregistrement de base est millésimé cinquante-huit, soit l’année du fameux « The Sermon », heure de gloire du maître du Hammond-B3.

Jimmy Smith est réputé être le premier à avoir fait sonner le B3 à la manière « jazz », il aurait affirmé avoir « apprivoisé la bête » ! C’est ainsi qu’il devint l’un des plus prestigieux musiciens « Blue Note », qui fit remplir les caisses, et donna l’élan nécessaire au label naissant qui, en se développant, révolutionna le jazz.

Ces bandes ont été enregistrées au « Small's Paradise » à New York en cinquante-huit, donc. La première édition de quatre-vingts contient quatre titres avec Lou Donaldson à la trompette, Tina Brooks au saxophone ténor, Jimmy Smith à l’orgue, Eddie McFadden à la guitare, Art Blakey à la batterie pour les trois premiers titres, et Donald Bailey au même instrument pour les autres. Voici la liste des pièces : « Dark Eyes », « Groovin' At Smalls », « Cool Blues » et surtout le magnifique « A Night In Tunisia » qui dépasse les dix-sept minutes.

Mais je possède la réédition Cd de deux mille deux avec les titres bonus : « Announcements by Babs Gonzales », « What's New » avec Lou Donaldson, « Small's Minor » et « Once in a While ». Les deux dernières pièces sont jouées uniquement en trio, avec un fabuleux solo de Jimmy sur « Small's Minor » qui s’avère tout simplement époustouflant. Il est également très agréable d’entendre la voix si particulière de Babs Gonzales faire les annonces de présentation !

Alors c’est du tout bon, Lou Donaldson qui joue sur les six premiers titres est à son meilleur, Tina Brooks qui joue uniquement sur les quatre pièces de l’édition originale est également phénoménal, malgré qu’il ne perçât jamais vraiment, le guitariste Eddie McFarden est lui aussi au top, chacun de ses solos régale et Smith n’est pas le dernier à enflammer la salle !

On peut admirer également le travail sur le rendu de l’orgue de Jimmy, ici quasi parfait, ce qui n’est hélas, pas si souvent le cas, bien qu’à la longue on se soit habitué, enfin ceux qui l’ont beaucoup écouté. Rudy Van Gelder a également énormément travaillé le son, d’origine monophonique, de cet album.

A classer aux côtés des plus grands classiques du maître.

Jimmy Smith "Cool Blues".Tracks 03 & 04:"Announcement by Babs Gonzales" & "A Night in Tunisia"
Dark Eyes (Live At Small's Paradise, New York/1958/Remastered 2002)
Cool Blues (Live At Small's Paradise, New York/1958/Remastered 2002)
Small's Minor (Live At Small's Paradise, New York/1958/Remastered 2002)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 2 juin 2025 01:23

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Alice Coltrane – Translinear Light – (2004)

Nous sommes en deux mille quatre, vingt-six années sont passées depuis le dernier enregistrement d’Alice, « Transfiguration » qui date de mille neuf cent soixante-dix-huit, un live où elle interprétait des pièces de John Coltrane. Mais cet album est bien différent.

C’est son fils et aussi celui de John, Ravi, qui produit l’album et joue des saxophones et parfois des percus. De par son ascendance, il a été souvent « couvé » par les maîtres du jazz qui lui ont apporté savoir et protection, jusqu’à ce qu’il devienne un musicien complet. Mais le tour de la famille n’est pas terminé puisque « Oran », le plus jeune fils, joue du sax alto sur « The Hymn ».

Mais sorti de la famille, on rencontre ici quelques sommités, comme Jack Dejohnette qui joue de la batterie en alternance avec Jeff « Tain » Watts, ou encore Charlie Haden à la contrebasse qui passe le témoin à James Gebus, de temps à autres. Il y a également une chorale, « The Sai Anantam Ashram Singers », qui intervient sur la dernière pièce, « Satya Sai Isha ».

Alice, quant à elle, joue du Wurlitzer, cet orgue particulier, ainsi que des synthés, mais ce dont elle joue le plus, c’est du piano, elle fut en effet la dernière pianiste à officier dans la formation de John Coltrane. Comme toujours chez Alice la musique est spirituelle, la face calme souvent contemplative et intériorisée, elle ne laisse pas s’échapper la flamme intérieure, brûlante et sacrificielle, trop démonstrative ou trop crue.

Alors ici on se tient, sans trop faire de vague, comme sur « The Hymn » qui aurait pu, mais s’arrête à une image de soixante-trois, pour faire court. Pourtant deux titres de John sont repris ici, « Crescent » et « Leo », deux belles pièces avec Ravi au ténor, en hommage à ce qui fut. Quatre traditionnels sont également réinterprétés, Alice s’y est souvent arrêté, à ces pièces anciennes qui racontent les racines, comme « Sita Ram » qui ouvre l’album ou « Satya Sai Isha » qui le ferme.

Les autres pièces sont signées Alice, « Sita Ram » provient « d’Universal Consciousness », « Blue Nile » est issu de « Ptah, The El Daoud ». Alors peut-être regretterons-nous l’absence de la harpe, qui fit tant pour personnaliser le son de sa musique, la rendant inimitable et reconnaissable de suite, mais à l’écoute de « Leo » où elle joue de l’orgue Wurlitzer, on se dit qu’il ne faut rien regretter car l’essentiel est sans doute ailleurs. On remarque également « Walk With Me » et « Translinear Light » le morceau-titre…

La présence des deux monstres, Jack Dejohnette et Charlie Haden participe beaucoup également à la réussite de cet album, sur lequel plane forcément la force de l’esprit, qui transperce la musique sur l’entièreté de ces faces, et les rend impropres au jugement du non-initié.

Sita Ram
Walk With Me
Translinear Light
Blue Nile
Satya Sai Isha
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par whereisbrian » lun. 2 juin 2025 06:25

Douglas a écrit :
lun. 2 juin 2025 01:23
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Alice Coltrane – Translinear Light – (2004)

Nous sommes en deux mille quatre, vingt-six années sont passées depuis le dernier enregistrement d’Alice, « Transfiguration » qui date de mille neuf cent soixante-dix-huit, un live où elle interprétait des pièces de John Coltrane. Mais cet album est bien différent.

C’est son fils et aussi celui de John, Ravi, qui produit l’album et joue des saxophones et parfois des percus. De par son ascendance, il a été souvent « couvé » par les maîtres du jazz qui lui ont apporté savoir et protection, jusqu’à ce qu’il devienne un musicien complet. Mais le tour de la famille n’est pas terminé puisque « Oran », le plus jeune fils, joue du sax alto sur « The Hymn ».

Mais sorti de la famille, on rencontre ici quelques sommités, comme Jack Dejohnette qui joue de la batterie en alternance avec Jeff « Tain » Watts, ou encore Charlie Haden à la contrebasse qui passe le témoin à James Gebus, de temps à autres. Il y a également une chorale, « The Sai Anantam Ashram Singers », qui intervient sur la dernière pièce, « Satya Sai Isha ».

Alice, quant à elle, joue du Wurlitzer, cet orgue particulier, ainsi que des synthés, mais ce dont elle joue le plus, c’est du piano, elle fut en effet la dernière pianiste à officier dans la formation de John Coltrane. Comme toujours chez Alice la musique est spirituelle, la face calme souvent contemplative et intériorisée, elle ne laisse pas s’échapper la flamme intérieure, brûlante et sacrificielle, trop démonstrative ou trop crue.

Alors ici on se tient, sans trop faire de vague, comme sur « The Hymn » qui aurait pu, mais s’arrête à une image de soixante-trois, pour faire court. Pourtant deux titres de John sont repris ici, « Crescent » et « Leo », deux belles pièces avec Ravi au ténor, en hommage à ce qui fut. Quatre traditionnels sont également réinterprétés, Alice s’y est souvent arrêté, à ces pièces anciennes qui racontent les racines, comme « Sita Ram » qui ouvre l’album ou « Satya Sai Isha » qui le ferme.

Les autres pièces sont signées Alice, « Sita Ram » provient « d’Universal Consciousness », « Blue Nile » est issu de « Ptah, The El Daoud ». Alors peut-être regretterons-nous l’absence de la harpe, qui fit tant pour personnaliser le son de sa musique, la rendant inimitable et reconnaissable de suite, mais à l’écoute de « Leo » où elle joue de l’orgue Wurlitzer, on se dit qu’il ne faut rien regretter car l’essentiel est sans doute ailleurs. On remarque également « Walk With Me » et « Translinear Light » le morceau-titre…

La présence des deux monstres, Jack Dejohnette et Charlie Haden participe beaucoup également à la réussite de cet album, sur lequel plane forcément la force de l’esprit, qui transperce la musique sur l’entièreté de ces faces, et les rend impropres au jugement du non-initié.

Sita Ram
Walk With Me
Translinear Light
Blue Nile
Satya Sai Isha
Album magnifique!

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 2 juin 2025 16:59

whereisbrian a écrit :
lun. 2 juin 2025 06:25
Album magnifique!
[/quote]

C'est de le voir cité sur "Qu'écoutez-vous en ce moment ?" que l'envie est venue...

;)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 3 juin 2025 01:12

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Bireli Lagrene – Standards – (1992)

Et voici le cinquième et dernier album de Biréli Lagrène pour le prestigieux label Blue Note, entièrement consacré aux standards. Il s’ouvre avec le délicieux « C’est si bon » dont certains parmi vous connaissent probablement la version de Louis Armstrong. Une telle entrée en matière est juste prémonitoire tant l’album est une réussite.

La seconde pièce, « Softly as in a Morning Sunrise » semble placée à cet endroit juste pour vous donner le tournis, tellement ça va vite ! Peut-être pour se débarrasser une bonne fois de l’image du guitariste prodige qui le menace, car il est diablement véloce, en même temps qu’il sait parfaitement que la maîtrise technique n’est qu’une façade, un moyen pour atteindre son véritable but.

C’est que notre compatriote, Rom ou manouche comme vous voulez, né à Saverne dans le Bas-Rhin, c’est bien ça le département situé juste au-dessus du Haut-Rhin, a depuis longtemps compris que ce qui compte vraiment, c’est de toucher les gens, parler à leur âme, et que s’il est bon de posséder de la technique, elle n’est jamais une fin en soi.

Mais il n’est pas seul, l’effort solitaire viendra plus tard, avec « Solo Suites » de deux mille vingt-deux, dont je vous ai déjà parlé. Il y a ici l’ami André Ceccarelli, « Dédé » pour les intimes, qui lui aussi est un maître, à la fois métronome et décorateur expert, de ceux qui savent allier les deux pôles sans effort. Et puis, avec la notoriété, une légende à la contrebasse, rien moins que Niels Henning Orsted Pedersen, que l’on appelle le plus souvent « NHOP », comme par souci d’économie.

Jouer les standards, c’est aussi entrer dans l’arène de la grande famille du jazz, qui a tant bataillé autour de ces titres quasi mythiques, qui éclairent d’un jour nouveau chaque musicien qui s’y colle. Je vous recommande « Automne Leaves », quasi méconnaissable tellement la version offerte ici ne colle en rien à ce qu’on attend de ce titre, et pourtant c’est juste magnifique !

Alors on se laisse prendre par les versions fascinantes de « Donna Lee » que les Parkeriens adoreront, ou « Body and Soul » pour les amateurs de Coleman Hawkins, ou encore « Ornithology » qui servit de terrain d’essai à tant de boppers, et même « How Insensitive (insensatez) » de Vinicius De Moraes et Antonio Carlos Jobim, histoire de convoquer les saveurs tropicales.

La dernière pièce, « Nuages », évidemment incontournable, voit l’arrivée de Dominique Di Piazza à la contrebasse électrique, un tel album ne saurait, en effet, faire l’économie de Django Reinhardt, le père du jazz manouche, qui fascine encore aujourd’hui.

C'est si bon
Softly, as in a Morning Sunrise
Donna Lee
Body and Soul
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 4 juin 2025 01:39

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Noah Howard – Patterns – (1971)

Voici un album assez stupéfiant, dont on ne comprend pas tout, ce que l’on entend ici n’est (peut-être) qu’un extrait, ou une pièce tronquée, ou bien manque-t-il le début, ou bien la fin ? Toutes ces questions sans réponses ne sont finalement pas bien graves, car ce qui reste, ce « consistant », est tout simplement énorme !

Voici ce que l’on sait, la pièce est une commande de la « vpro radio », une station hollandaise, l’enregistrement s’est donc déroulé dans cette Europe alors bien accueillante, dans les studios de cette radio, à Hilversum, un jour non précisé d’octobre soixante et onze. La pièce a une durée de trente-six minutes et vingt-six secondes.

L’enregistrement est loin d’être un modèle du genre, la prise de son est très imparfaite et ne satisfera pas les amoureux du bon son, mais pourtant l’essentiel n’est pas là, et toutes ces petites contrariétés s’effacent devant la beauté du titre et de son interprétation. C’est que le jazz il faut le capter au bon moment, et c’est d’évidence le cas ici, malgré les imperfections techniques…

Les forces en présence sont considérables, de par les personnalités en présence. Noah Howard est au sax alto, mais il faudra attendre une dizaine de minutes avant qu’il ne rugisse, il joue des cloches, shakers et fait entendre sa voix, ce cri qui s’entend, plutôt vers les débuts. Han Bennink joue de la batterie, des percus et du cor tibétain, Misha Mengelberg est au piano, Earl Freeman à la contrebasse, et enfin Jaap Schoonhoven, un peu là par hasard, joue de la guitare, apportant une note psychédélique au début de la pièce, et c’est probablement lui que l’on voit sur la pochette.

Très vite une tension assez forte s’installe, très durablement pendant l’intégralité de la pièce qui ne connaît que quelques moments de relâchements. Quand le sax alto de Noah Howard lance ses feux, la musique, déjà transpercée par le piano assassin de Misha Mengelberg, se met à rugir et à vociférer, faisant trembler les capteurs de la prise de son, c’est alors qu’une sorte d’emprise s’installe…

Les percus percutent de tous côtés, et Han Bennink (le fou ?) balance dans toutes les directions, alimentant la combustion jusqu’au moment où Noah lâche prise, pour faire une place à Misha Mengelberg, qui dialogue avec Earl Freeman, et que s’entend au loin le son grave du cor tibétain… Nous sommes alors aux environs des deux-tiers de la pièce et les percus et autres clochettes se font entendre, on croirait voir surgir Ayler ressuscité, mais c’est juste Noah qui envoie…

Après cette phase calme tout repart, relancé par les accords du piano vrombissants, les émissions diverses des uns et des autres, on sent que ça pourrait repartir à tous moments, puis ça décolle et s’envole vraiment après un farouche emballement polyrythmique de Han Bennink, qui donne le signal d’un départ sans espoir de retour…

La cacophonie free redémarre avec une force considérable, une nouvelle montée se profile, et on y croit, avant qu’elle ne s’essouffle à nouveau, faux départ…

Et puis tout se relance à nouveau vers une apogée que l’on attend, inévitable et annoncée, hélas la pièce s’achève et nous laisse-là, pantelants, presque frustrés, abattus, mais conscients tout de même du moment d’exception qui vient de s’écouler…

Noah Howard - Patterns
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 5 juin 2025 01:20

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Noah Howard – Patterns/Message To South Africa – (1979)

C’est une autre édition, celle-ci en Cd, dont je vais vous faire part maintenant, elle contient en effet une pièce inédite de mille neuf cent soixante-dix-neuf, enregistrée à Paris dans les studios Vincenee (probablement à Vincennes).

Huit années ont passé et une autre formation est en place avec Johnny Dyani à la contrebasse, Kali Fasteau au « sheng » et au chant, Chris McGregor au piano et Noel McGee à la batterie, Noah Howard est au sax alto, aux clochettes et, comme d’autres, donne de la voix de temps à autres.

Le titre « Message To South Africa » est un hommage au militant SudAf anti-apartheid Steven Biko, kidnappé et ligoté par la police le onze septembre soixante-dix-neuf et décédé dans les jours qui suivirent. C’est la raison pour laquelle Noah Howard réunit les deux SudAf, Johnny Dyani et Chris McGregor, le Caribéen Noel McGhee et Kali Fasteau avec son instrument à vent asiatique.

Côté qualité sonore c’est du tout bon, rien à voir avec l’enregistrement précédent, mais on ressent le goût d’Howard pour la prise directe et l’impro, même si elle est préparée. Les chants sont également très présents et c’est le cœur plaintif de l’Afrique qui bat ici.

L’ambiance est très centrée sur la souffrance de l’Afrique du Sud sous le joug de l’apartheid, unie dans la peine de cette mort cruelle et injuste, les voix hurlent et crient, la plainte s’exprime avec une force incroyable, un côté très sombre, ce qui ne plut pas à « Mercury Records » qui ne sortit jamais l’enregistrement. Mais l’essentiel est qu’il existât, même si sa parution n’arriva qu’en mille neuf cent quatre-vingt-dix-neuf.

Par son existence même cette pièce est importante, le piano de McGregor est central, c’est là son habitude, la rythmique est très solide avec McGhee imperturbable, c’est Dyani avec sa basse qui grossit le flux des larmes quand il soutient Noah Howard et le chœur des pleurs et des lamentations qui parsèment la pièce pendant dix-huit minutes et vingt-six secondes…

Ce long blues africain que l’on annonçait engagé et que l’on censurât, ressemble pourtant davantage à une prière qu’à un brûlot revendicatif.

(envoi dans 5 jours environ)
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