
Je ne suis pas cinéphile, mais je peux aisément croire ce que l’on dit de ce film : Boulevard du crépuscule est sans doute l’une des plus grandes œuvres de l’histoire du cinéma.
Le film raconte le dernier tour de piste d’une star du cinéma muet, dont le besoin d’amour la conduira à sa perte. Tout est absolument remarquable dans ce chef-d'œuvre — vraiment tout : le scénario, la mise en scène, le jeu des acteurs, mais surtout la réflexion sur le sentiment amoureux, dans toutes ses nuances, et la cruauté inhérente à ce jeu. Car l’amour, ici, ou ailleurs, n’a aucune pitié. Ni l'amour du public, ni celui de l’amant(e).
Chacun des personnages est à la fois bourreau et victime. Il n’y a ni bien ni mal, simplement des êtres humains prisonniers d’un théâtre tragique, d’un jeu de dupes qui les dépasse et sur lequel ils n’ont, en fin de compte, aucun pouvoir.
Billy Wilder pousse le réalisme jusqu’à faire interpréter le rôle principal par une véritable ancienne star du muet. On croise aussi dans son film le dernier tour de piste de grandes stars des années 1920, qu’il remet pour l’occasion sous les feux de la rampe lors d’une partie de bridge crépusculaire. On y voit Buster Keaton, Anna Q. Nilsson et H. B. Warner, trois stars du muet totalement tombées dans l’oubli, jouer aux cartes autour d’une table sans jamais prononcer un seul mot. Condamnés au silence — dans tous les sens du terme.
Boulevard du crépuscule est un chef-d’œuvre, car il ne parle pas que d’Hollywood ni du star-system. Il parle de ce qui se cache derrière : non pas un besoin d’argent, mais un besoin d’amour fou, totalement insatiable, qui peut entrer en résonance avec la vie de chacun.