J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

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Douglas
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 6 août 2025 04:44

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John Medeski – A Different Time - (2013)

Medeski n’est pas un spécialiste de l’enregistrement au piano solo, c’est sa toute première fois… Le producteur l’a convaincu à l’aide d’un atout terrible, un piano Gaveau français de sept pieds, fabriqué en mille neuf cent vingt-cinq !

Dis comme ça, à un gars comme moi, ça intrigue, mais ne clarifie pas les enjeux. Il faut aller voir le livret pour mieux saisir de quoi il retourne. Medeski, comme la plupart des pianistes, joue sur des Steinways à l’habitude, c’est lui qui explique son ressenti face au vénérable qui se tient là.

« Le « feeling » est très différent des instruments d’aujourd’hui. Le Gaveau répond à un toucher plus délicat et nuancé, exigeant à chaque instant toute l'attention du musicien pour contrôler le son. Il faut chanter avec les doigts. »

A l’écoute on ressent cette différence, c’est difficile à analyser et je manque d’arguments tangibles, mais cette délicatesse dont on parle, ce toucher délicat, ces notes qui vibrent longtemps et occupent l’espace, cette façon de « chanter » est une expérience vraiment unique.

La musique semble méditative, avec des sonorités très amples qui s’installent dans l’espace, chaque note semble ne jamais vouloir mourir et les sons se superposent sans que rien ne les arrête. Le répertoire est réparti entre trois pièces improvisées, quelques pièces anciennes et une reprise de « I’m Falling In Love Again » de Willie Nelson et « His Eye Is On The Sparrow » de Charles Gabriel et Sivilla Martin.

« Waiting at the Gate » est également un titre particulier car il a été écrit par Medeski alors qu’il était encore adolescent…Il participe à cette couleur nostalgique qui habite cet album, il me semble même percevoir des intonations qui pourraient évoquer Éric Sati, il faut comprendre que le jazz est tout de même un peu loin, mais cette autre musique est fort agréable et convient bien, même si, évidemment, je n’aurais jamais imaginé que Medeski puisse la jouer !

John Medeski - 01 - A Different Time
John Medeski - 06 - Luz Marina (for Mama Kia)
John Medeski - 08 - Lacrima
John Medeski - 09 - Otis
Modifié en dernier par Douglas le mer. 6 août 2025 12:03, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 6 août 2025 09:44

Parlons un peu d'Ornette Coleman au moments des débuts, quand tout commença, avec une drôle de musique.

Pas le premier "Something Else!!!" qui secoua le cocotier et présenta le magnifique "The Blessing".

Pas le troisième, " The Shape Of Jazz To Come" avec le stellaire "Lonely Woman" !

Non, voici le second, enregistré en février 59, un peu moins célébré que les deux autres, avec de la qualité tout de même, le titre qui ouvre et donne son nom à l'album, "Tomorrow is the Question".

Mais aussi celui qui suit, "Tears Inside", avec Don Cherry à la trompette, Percy Heath à la contrebasse, Shelly Manne à la batterie et le boss au saxophone alto.

Ornette est en Californie, il goûte aux musiciens locaux en même temps qu'à la douceur qui s'installe.

Il sait, mieux que personne créer ce son unique, avec une acidité qu'il est le seul à cultiver, avec son compagnon de route du moment, l'incroyable Don Cherry.

Il pousse le bop hors des limites, même s'il coule encore à la façon d'une rivière souterraine, alors, forcément, on dira plus tard qu'il a subi l'influence de Tristano et d'autres encore, mais la source qui coule de sa musique n'a pas fini de prospérer...

Tears Inside (Instrumental)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 7 août 2025 03:36

Voici une magnifique rencontre entre Gerry Mulligan, la blanc au saxophone basse, et Johnny Hodges, le "rabbit" au saxophone alto, l'un des musiciens les plus fameux de l'orchestre de Duke Ellington.

Claude Williamson est au piano, Buddy Clark à la contrebasse et Mel Lewis, le plus célèbre de la rythmique, à la batterie.

Ils interprètent une pièce de Gerry Mulligan, "18 Carrots for Rabbit", vous l'avez compris, ce vorace lapin c'est Johnny Hodges, dont c'est le surnom.

Nous sommes à Los Angeles et l'ambiance est cool, ce 17 novembre 59 !

Gerry Mulligan - 18 Carrots for Rabbit
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 7 août 2025 15:19

Un Duke de la maturité avec une belle pièce illuminée par le trompettiste Booty Wood, qui utilise la sourdine et les effets, et nous rappelle le style "jungle" popularisé par le Duke dans les années trente.

Duke Ellington: Sweet and Pungent (1959)

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 8 août 2025 04:34

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Daniel Humair, René Urtreger, Pierre Michelot – Hum ! – (1960)

« HUM » qui reprend l’initiale de chacun des membres du trio, est ici le titre de l’album, mais il sera également le nom d’un trio qui se retrouvera encore deux fois, gravant dans la cire à chaque fois un témoignage éclatant qui restera dans les mémoires.

Celui est historiquement le premier, enregistré au « Club Saint Germain » les cinq, six, sept et huit septembre mille neuf cent soixante. Le son a par ailleurs été éclairci aux studios La Buissonne, mais l’ambiance club est bien là, fond sonore qui nous plonge au milieu du public, la place qui nous revient est idéale…

Daniel Humair est évidemment le batteur, René Urtreger le pianiste et Pierre Michelot le contrebassiste. Ce trio n’est pas une réunion d’occasion ou d’opportunité, ces trois-là ont l’habitude de jouer ensemble, ils partagent également les mêmes gouts pour ce jazz de l’époque, celui de leur jeunesse.

Le plus jeune est Daniel, vingt-deux ans, qui baigne dans cette musique et partage avec René, vingt-six ans, ce même amour pour ce jazz typé bop, qui swing avec efficacité, le plus âgé est Pierre, trente-deux ans, extraordinaire contrebassiste qui sera le premier à prendre le large, pour de bon, en deux mille cinq.

Sans doute comme beaucoup parmi vous, j’ai écouté ce fameux HUM, à un moment ou à un autre, et me suis trouvé embarqué dans un beau voyage et surtout dans un « trip » plein d’admiration…

« Ah Moore », la troisième pièce, est la première ballade qui surnage sur un tapis de conversations que l’on pourrait presque suivre, tant le brouhaha est présent, pourtant il ne dérange en rien, ne faisant qu’ajouter au caractère d’intimité qui prévaut ici, faisant de nous des témoins de premier ordre, d’authentiques privilégiés.

« Monsieur De… » qui arrive est bien chouette, c’est la seule pièce signée par un membre du trio, René Urtreger qui appose sa signature au milieu de toutes ces reprises, Gillespie, Jimmy Heath, Rollins, Al Cohn, Cole Porter ou Monk au travers de « Well You Needn’t ». Un répertoire de standards tel qu’il existait à l’époque, des pièces connues par tout amateur de jazz un peu branché.

Il faut imaginer que ces gars n’arrêtaient pas de travailler, et servaient de musiciens d’appoint aux vedettes américaines qui passaient en France, ils ont, tous les trois, joué avec les plus grands, et ont su fournir un soutien idéal aux stars du moment, qui savaient qu’elles pouvaient compter sur les représentants de la fine fleur du jazz français.

Un magnifique album !

Just One of Those Things (Live)
Bye Bye Blackbird
René Urtreger, Pierre Michelot, Daniel Humair – Airegin (Sonny Rollins)
Laura (Live)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 8 août 2025 12:17

Le Modern Jazz Quartet es bien connu, particulièrement par le titre "Django" qui fit flores.

John Lewis, le pianiste, est un arrangeur et un compositeur fin, qui mieux que personne réussit ses "coups" avec une grande sensibilité et un sens mélodique subtil.

Milt Jackson est un instrumentiste hors pair et un improvisateur de haute qualité. Percy Heath est un contrebassiste sûr et fiable, lui aussi d'une grande qualité.

Connie Kay est le batteur, il est également un peu la vedette ici, avec une partie presque "à rebours", pourtant tout se passe très bien et même de façon idéale!

Je n'ai pas toujours suivi ce jazz un peu "blanchi" mais j'ai une immense estime pour ces musiciens considérables.

"Pyramid" est paru en 1960, le morceau titre signé Ray Brown, fait part belle à Milt Jackson et à Connie Kay, vraiment la classe, sur cette pièce...

The Modern Jazz Quartet - Pyramid - 1960
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 9 août 2025 02:40

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Elton Dean Quartet – Seven For Lee Variations – (2023)

Cet album est issu d’un concert donné il y a fort longtemps, en mille neuf cent soixante-dix-neuf, à Milan. Une partie a déjà été publiée sous le nom de « On Italian Roads », « Live au Teatro Cristallo », en deux mille vingt-deux. Cet album est donc un complément.

La formation qui est ici rassemblée est tout à fait remarquable, Elton Dean joue des saxophones, Keith Tippett du piano, Harry Miller de la contrebasse et Louis Moholo de la batterie. La performance est à la hauteur de la réputation des musiciens, dans un style free complètement débridé et d’une très grande intensité !

Après une plongée sans nuance on est immergé dans un brûlot incandescent d’un peu moins de treize minutes, le genre d’expérience que j’aime par-dessus tout, intense du début à la fin, on aurait aimé que ça dure encore davantage ! La pièce se nomme « Oasis (version 2) » Elton Dean y joue du sax alto puis de saxello au registre très aigu. Tippett se déchaîne du début à la fin, complètement débridé et la rythmique fracasse et envoie sans cesse…

La seconde pièce, également signée par Elton Dean, « Seven For Lee Variations » s’éteint au bout de vingt-trois minutes. Elle prend donc le temps d’une assez longue introduction qui prend soudainement vie et accélère, dès que Keith Tippett se lâche côté clavier. Harry Miller est un grand contrebassiste, tout du long il donne corps à la musique et maintient haut le cap, sa basse est quasiment au premier plan et se pose comme le point de repère central de la pièce, autour de laquelle tout gravite.

L’album est plein d’énergie, il est traversé par une passion qui déborde et emporte, le sax de Dean rappelle la musique de Soft machine lors de son solo vers la quatorzième, et on se dit que oui, il va falloir se procurer l’autre album ! Il apparaît complètement nécessaire, comme un double obligatoire, seul apte à faire durer encore la magie…

Oasis (Live Version 2)
Seven For Lee Variations (Live)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 9 août 2025 10:47

Voici le Cecil Taylor Quartet en 1959, avec l'album " Looking Ahead ! ", la seconde pièce "African Violets" au charme indéniable, en déséquilibre avec menace de chute et de casse-gueulade, mais tout tient...

La pièce doit beaucoup au vibraphoniste Earl Griffith qui est parfait, il y a également Buell Neidlinger à la contrebasse et Dennis Charles à la batterie.

Cecil reste dans son couloir et tricote de la dentelle, ça ne durera pas nous dit-on dans l'oreillette, alors profitons !

Cecil Taylor - African Violets
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 10 août 2025 02:14

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Lester Young With The Oscar Peterson Trio – (1952)

Dans l’histoire du jazz, de grands saxophonistes ont laissé une empreinte durable, les deux plus grands sont probablement John Coltrane et Charlie Parker, ils possèdent chacun une envergure exceptionnelle et ont modifié profondément le jazz dans sa pratique.

En cherchant encore un peu on citerait probablement Albert Ayler, Steve Lacy, Archie Shepp et bien sûr Ornette Coleman, mais il en est un auquel on ne pense pas forcément, bien qu’il ait également eu une grande influence sur la pratique de l’instrument et sur l’environnement Jazz, c’est Lester Young.

Cet album de mille neuf cent cinquante-deux fait partie de ses meilleurs et se montre assez bien représentatif de son art. Pour comprendre les bouleversements que Lester apporte à la musique de son époque, il est important de l’écouter, mais aussi de lire ses contemporains et ceux qui ont connu et vécu ces bouleversements.

Car Lester a été controversé en cette période, bien qu’il ait joué longtemps derrière un pupitre dans le big band de Count Basie, et qu’il fut adulé par une grande partie du public. Avec le regard d’aujourd’hui on le voit aisément comme le premier représentant de la musique « cool », premier leader et inventeur de ce style, avec des suiveurs de renom, comme Miles Davis et l’ensemble des musiciens blancs de la West Coast, comme Art Pepper, Chet Baker, Al Cohn, Lee Konitz ou Shorty Rogers.

Mais, pour être juste, il faut également inclure qu’il fait également partie des précurseurs du be-bop, plus particulièrement quand il jouait dans de plus petites formations, ce qu’il adorait, car il aimait la souplesse qui lui offrait le pouvoir d’innover.

Il remit en question la vieille notion de « swing » et préféra la notion de « détente » à celle d’explosion, il rechercha une nouvelle liberté dans ladouceur, la relaxation et une certaine fluidité. Il est à l’origine des musiques vaporeuses, ouatées ou flottantes. Des musiciens comme Jimmy Giuffre, Al Cohn ou Stan Getz et même Dexter Gordon lui sont donc redevables.

On trouve ici, sur cet album, des titres particulièrement représentatifs de son art, comme « Just You, Just Me », « I Can’t Get Started », « Tea For Two » ou « There Will Never Be Another You », « Stardust », « I'm Confessin' », « On The Sunny Side of The Street » pour n’en citer que quelques - uns …

Lester Young with Oscar Peterson Quartet - Ad Lib Blues
I Can't Get Started
Stardust
I'm Confessin'
Almost Like Being In Love
Lester Young with the Oscar Peterson Trio - On the Sunny Side of the Street
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Monsieur-Hulot » dim. 10 août 2025 05:42

Aaaaaah découvrir ton message et écouter ça au petit déjeuner un matin d'été, MERCI Douglas !!!!! :love1:
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 10 août 2025 12:22

Monsieur-Hulot a écrit :
dim. 10 août 2025 05:42
Aaaaaah découvrir ton message et écouter ça au petit déjeuner un matin d'été, MERCI Douglas !!!!! :love1:
Je n'y suis pour rien, c'est Lester qu'il faut remercier, me suis bien régalé également, l'album est superbe !

Une vieille tradition américaine consistait dans l'élection, par les lecteurs de Down Beat, de Play Boy et d'autres journaux, des meilleurs jazzmen du moment.

En cette année 1957 le guitariste Barney Kessel (au centre), le contrebassiste Ray Brown (à gauche) et le batteur Shelly Manne (à droite) ont été élus, chacun à leur poste.

Ils deviendront donc "The Poll-Winners", les voici dans une interprétation du standard "On Green Dolphin Street":

On Green Dolphin Street (The Poll Winners)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 11 août 2025 03:15

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Mal Waldron Trio – Blood And Guts – (1970)

Cet album est issu d’un enregistrement public au centre Culturel Américain de Paris, alors un haut lieu du jazz contemporain. Il s’est effectué le douze mai de l’année mille neuf cent soixante-dix et se présente comme un nouveau fleuron du label d’avant-garde « Futura ». C’est évidemment Gérard Terronès qui produit l’album, ce dernier sera affublé de la certification « FUTURA GER 13 ».

Il semble que ce soit là le tout premier enregistrement du pianiste en live, il est épaulé par deux fabuleux musiciens français qui sont également exceptionnels, se hissant au niveau du pianiste et participant, de fait, à un enregistrement marquant.

Il s’agit de Patrice Caratini à la contrebasse et de Guy Hayat à la batterie. Ce dernier est un habitué du rôle, il joue en effet en soutien du pianiste But Powell qu’il accompagne fréquemment.

Les enregistrements Futura en version vinyle ne suivent pas le même ordre que ceux réédités, plus trad, en Cd. Il est donc difficile de dire quel est l’ordre historique des pièces, mais on conviendra qu’il n’y a rien là de véritablement important.

« My Funny Valentine » est la seule reprise, standard des standards signé Rodgers et Hart. Ici la version est assez originale et déborde un peu des cadres habituels, s’échappant des habitudes et s’étalant sur une longue durée, plus de quatorze minutes. Pourtant ce n’est pas ce dont nous nous souviendrons le plus, car les trois autres compos de Mal Waldron sont véritablement magnifiques.

« Down At The Gill’s » pourrait faire penser à une architecture rock, tellement le titre balance, on se confronte d’entrée à une des qualités de cet album, la prise de son de la contrebasse de Caratini est un modèle du genre, grain fin et basse ronde, pièce d’anthologie à haute énergie.

« Blood and Guts » qui donne son nom à l’album est très grave, de haute tenue, et véritablement magnifique, tout comme « La Petite Africaine » qui donne envie de balancer la tête et de taper du pied. Cet album est une véritable réussite de la discographie de Mal Waldron qui est coutumière des cimes et des sommets, il est vrai !

Mal Waldron Trio - Blood And Guts (Waldron)
Down at The Gill's
La petite africaine
My Funny Valentine
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 11 août 2025 11:21

Voici une formidable compo de Mal Waldron, jouée en quintet avec l'extraordinaire Steve Lacy au saxophone soprano. Les deux ont joué ensemble dès la fin des années cinquante et ont toujours eu de l'admiration l'un pour l'autre.

Les enregistrements qu'ils partagent en commun font partie du top de la discographie de l'un comme de l'autre. Leur réunion est scellée par l'admiration commune qu'ils portent à Monk, musicien dont ils ont chacun une pratique érudite et profonde.

Le quintet est formé également avec le trompettiste Manfred Schoof qui joue ici du cornet, l'enregistrement ayant lieu en Allemagne, il existe ce même album sous une autre pochette avec Waldron et Schoff en co-leader.

Jimmy Wood à la contrebasse et Makaya Ntshoko à la batterie complètent le quintet, cet album est paru en soixante-dix-sept.

Les airs marins et les « Les mouettes de Kristiansund » ont inspiré le grand Mal dans une de ses plus magnifiques compositions:

Mal Waldron Quintet with Steve Lacy "The Seagulls of Kristiansund"
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 12 août 2025 02:38

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Chet Baker – In Bologna – (1992)

Ce concert s’est donné au « Teatro Delle Celebrazioni » le vingt avril mille neuf cent quatre-vingt-cinq, personne ne le sait, mais il est dans la dernière partie de sa vie, trois années lui sont encore accordées. Il ne va pas très bien, il y a des hauts et des bas, certains concerts sont annulés, car il ne peut tout simplement pas jouer. Je me souviens d’un concert qui s’acheva au bout de quelques notes…

Mais il peut tout simplement être éblouissant, un phare dans la nuit, jouant et chantant comme personne. Quand ça va il donne tout, tout ce qui reste, les accus se rechargent aux côtés de son public, s’il sent la communion, le respect dû à l’artiste, l’écoute, la vraie, alors il vous déchire et vous emmène là où vous n’irez plus…

Ces dernières années sont terribles, la dope le tient sévère, et parfois il est entre deux, avec des éclairs et des flamboyances, mais aussi des creux où le physique lâche un peu, c’est un peu ce qu’il semble ici, mais cette fragilité même fait de cet album un témoignage unique.

Il est ici en trio, entouré de deux musiciens belges absolument fantastiques, Jean-Louis Rassinfosse est un bassiste discret mais efficace et solide, quant au guitariste Philip Catherine il est éblouissant et tient la barque comme un prince, apportant plus qu’un soutien à Chet, il resplendit tout du long.

« Conception » passe assez vite, puis Chet nous cueille avec « My Foolish Heart » où il chante comme il sait, ce qui déjà dit beaucoup. Le « Tune Up » de Miles Davis passe assez bien, côté technique c’est pas du top de très haut niveau, mais ça va et les échanges entre les trois se tiennent.

« My Funny Valentine » est un passage obligé pour Chet qui assure tout de même, mais révèle des failles et semble vouloir faire durer, on arrive à dix minutes, mais Chet semble pâlir et fléchir, après le très beau solo de Catherine à la guitare, la voix est incertaine mais va et chante…

« But Not For Me » est scattée, les paroles semblent oubliées, mais Catherine est là, et quand arrive le tour de Chet à la trompette tout rentre dans l’ordre, puis… le trou encore, ça va et vient dans la tête de Chet, la vie errante et dézinguée fait une courte apparition sur scène et ça repart…

La dernière pièce est « Down », encore de Miles Davis, avec les trois qui se donnent et se soutiennent !

L’album a le cœur qui saigne, mais il bat, encore…

Chet Baker- My Foolish Heart (LIVE IN BOLOGNA, 1985)
Chet Baker - Tune Up (Live In Bologna 1985)
My Funny Valentine (Live)
But Not for Me (Live)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 12 août 2025 12:19

Pour faire le lien avec ce qui se tient un peu plus haut, à nouveau le grand Steve Lacy cette fois-ci au "Newport Jazz Festival 1957".

Il joue dans le quartet de Cecil Taylor avec Buell Neidlinger à la contrebasse et Dennis Charles à la batterie.

La pièce est de Billy Strayhorn, dans la sphère Ellingtonienne donc, voici leur interprétation de "Johnny Come Lately".

L'album est paru chez Verve, une face pour "The Gigi Gryce-Donald Byrd Jazz Laboratory" et l'autre pour "The Cecil Taylor Quartet" il se nomme "At Newport" et date de 57.

Steve Lacy se montre déjà envoûtant et entêté, tandis que Taylor bâtit dans le profond son autre monde, qui se révèlera être une déflagration...

Johnny Come Lately (Live)
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