J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

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Douglas
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 15 août 2025 10:31

Voici la pièce qui fut considérée longtemps comme le chef d’œuvre de Lester Young.

Nous sommes à Los Angeles le vingt décembre 1945, et tout est là…

Lester et son ténor, accompagné par Vic Dickenson au trombone, Dodo Marmarosa au piano, Red Callender à la contrebasse et Henry Tucker Green à la batterie.

Tout se tient en un peu plus de trois minutes, il est l’heure de « These Foolish Things ».

La tendresse, la douceur, la caresse, probablement même la sagesse et la tranquillité…

Quand tout est parfait et que le travail est bien fait, la juste considération de soi.

L’homme au chapeau vous salue, et vous laisse là, stupéfié…


LESTER YOUNG - «These Foolish Things» (1945)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 16 août 2025 03:21

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Hasse Poulsen, Fabien Duscombs – Free Folks – (2017)

Sur le cello protégeant le Cd il y a un autocollant disposé, avec un petit message qui a l’air drôlement bien pour faire mon boulot, alors je m’efface et je vous recopie les précieuses infos qui y sont données pour que la foule de passage puisse s’informer, en plus c’est en français.

« Free Folks est un duo composé de deux grands flibustiers de la musique populaire et improvisée. La démarche est de tout jouer : des chansons, des improvisations, des bruits et des compositions – selon le moment, et les impulsions de l’instant. »

Pour moi c’est un menu bien alléchant, d’autant que j’aime bien Hasse Poulsen, guitariste danois basé à Paris, il joue dans la formation « Das Kapital » avec Daniel Erdmann et Edward Perraud. Fabien Ducombs est le batteur du Tigre Des Platanes et sûrement un bon camarade et bon déconneur s’il s’encanaille avec Hasse Poulsen.

Bien que ces deux-là soient bien « jazz » on va le mettre un peu de côté, mais on garde les impros comme ils ont expliqué plus haut, avec un « folk » qu’ils promènent dans leur musique, aussi.

Ça commence avec « Au Bord De Bordes », une magnifique impro, sont solides les gaillards ! La seconde pièce est une chanson du guitariste. Tiens-toi bien Zimmerman y’a Poulsen qui pulse et qui envoie… La troisième est une reprise de Eddie Harris et de Eddie Jefferson, mais sans Eddy « schmoll » Mitchell le local, mais ça va bien quand même !

Enfin, ça va, mais la pièce est improvisée et bruitiste, attention, musicien gare au coup de pied de l’âne, côté chant c’est envoyé, ou balancé comme on veut. « Sang Bleu » enchaîne une sorte de blues dégingandé absolument magnifique…

Place au Danois pour une chanson du terroir, « fjeldvandreren » qui signifie « le randonneur en montagne », la pièce la plus longue, sept minutes trente-neuf d’un suspense intense et difficilement soutenable, comme dit le dicton populaire, « la vie est une galette noire dont on mange un morceau tous les jours », mais restons délicat et n’en ajoutons pas, car, en vérité, il se moque des travers de son pays. On est gratifié d’un solo de Poulsen bien soutenu par l’incroyable Fabien Duscombs qui assure comme un animal du grand nord, bien que son auberge soit toulousaine. Un des sommets de l’alboum !

On avance encore avec une reprise de Tom Waits, « Jockey Full Of Burbon » où la voix de « Hass » (ça le faire toujours marrer quand on prononce son nom comme ça, sans la fin), donc sa voix devient gouailleuse et rauque comme celle du modèle, depuis le début on est toujours très haut sans parvenir à redescendre, cet album est décidément maudit !

« Folking Around » est bref et dément, où Ducombs se prend pour Rashied Ali, puis une chanson, reprise de Shell Silverstein, « Beans Taste Fine », on boit un coup et on repart vers une reprise de John Lennon, mais sans citron, ça s’appelle « Remember » et tout le monde connaît, mais pas dans cette version-là, cette fois-ci il chante comme John Lemon, avec la voix et les intonations, z’ont toujours pas chuté les deux-là !

Ça tombe bien, voici venir l’heure de la fin, « Highway To An Accident », signée par les deux comparses qui deviennent apocalyptiques, sentencieux, prophétiques et oiseaux de mauvaise augure…

Mais on reprend le dessus avec « While I’m Alive » puis « It’s all Over », l’album est tout simplement magnifique, cinquante-cinq minutes sans une once d’ennui, il file comme le vent et revient comme un lendemain, quand le lendemain revient…

À bord de bordes


Jockey Full of Burbon


Remember
Beans Taste Fine
Fjeldvandreren
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 16 août 2025 13:13

Un petit pas vers les années qui virent naître un genre nouveau, le be-bop !

Ce nom prend ses origines dans une onomatopée que les chanteurs "scat" utilisaient souvent lors de leurs improvisations.

Ce genre nouveau est viril, pur et férocement moderne, ça envoie sec, direct et frappe comme un uppercut !

Le répertoire se bâtit à partir de titres anciens restructurés au nouveau format, le be-bop, ainsi "Whispering" devient "Groovin'High", un titre que propose le nouveau roi de la trompette Dizzy Gillespie.

Il est ici entouré de la crème, le maître en la personne de Charlie Parker au saxophone alto et de quelques adeptes à la mode d'alors, Clyde Hart au piano, Remo Palmieri à la guitare, Slam Stewart à la contrebasse et Cozy Cole à la batterie.

Nous sommes en décembre 1945, le pianiste de cette session, Clyde Hart, décèdera trois semaines plus tard..

Dizzy Gillespie, "Groovin' High" (Guild 1001) Original 78 - 1945

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 17 août 2025 02:27

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[Casimages, lève-toi et marche]

Fred Frith – Storytelling (Live At Theater Gütersloh) – (2017)

Fred Frith est un maître improvisateur qui se renouvelle sans cesse, chaque enregistrement, chaque concert est une nouvelle aventure, une nouvelle page à écrire ou une nouvelle histoire à raconter.

Cet album-ci est tiré d’un concert enregistré au Théâtre Gütersloh en Allemagne, le dix-huit mars deux mille dix-sept, en trio avec la saxophoniste danoise Lotte Anker et le percussionniste suisse Samuel Duhsler. Fred sans surprise joue de la guitare et des effets. Les trois partagent le titre d’auteur-compositeur car l’impro est reine ici.

Une impro à la mode Fred Frith qui accepte volontiers le rôle de l’électricité dans la musique, ce qui apporte beaucoup aux couleurs qu’il convoie et au pouvoir qu’il s’octroie dans la fabrication de sons inouïs. Non pas que l’on ne reconnaisse pas forcément la guitare, mais il étend son territoire de façon grandiose, reculant les limites et franchissant les frontières.

La pièce principale ici est le morceau titre « Storytelling » qui se déploie sur la plus grande partie du concert, mais découpé en trois parties ou plutôt trois chapitres, ils sont d’inégales longueur, quinze minutes trente, puis douze minutes vingt et enfin le plus court, le chapitre trois, qui dure cinq minutes et trente-six secondes.

Rien à redire, la suite est très belle et s’écoute facilement, rien de véritablement revêche ou acariâtre, bien au contraire elle file doux et de façon agréable, il y a bien quelques dissonances, mais si elles n’avaient pas été présentes, elles nous auraient manquées. Des audaces également qui sont des embellissements, ne reste que belles choses agréables à entendre.

« La Pasión De Soñar » qui suit est également une pièce importante, elle pèse plus de dix-sept minutes et prend le temps pour livrer ses beautés, avec un lyrisme épatant. Elle démontre un grand caractère et semble se chauffer au soleil espagnol, le trio trouve les accents et les chemins pour en souligner la grâce. On ne sait trop parfois si Fred passe des cassettes à l’envers ou s’il fait semblant, en imitant les effets, mais quoiqu’il en soit c’est un maître qui arrive à extraire le maximum de cette technique.

Il m’est arrivé de parler de Fred par ici pour des albums considérables qui sont restés sans écho, il est encore un peu tôt pour savoir si celui-ci est de ce niveau, mais il se pourrait, car les trois ici rassemblés sont magnifiques et les émotions véhiculées par la musique se bousculent à l’intérieur.
« Backsliding » ferme le ban avec ce feeling si particulier qui chatouille à l’intérieur, c’est tellement beau, et simple…

Les polyglottes qui maîtrisent la langue profiteront de l’interview de Fred Frith qui dure un peu plus de six minutes où il raconte…

Mais, en bonne compagnie, il a déjà tant dit en musique…

C'est par ici:
https://www.allformusic.fr/albums/ee5c0 ... 0344aafa7a
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 17 août 2025 09:59

S’il fallait choisir une date pour marquer l’entrée de l’orchestre de Duke Ellington dans une autre dimension, vraiment originale et remarquable, il faudrait sans doute choisir l’année 1927.

Il enregistre pour « Pathe », en soixante-dix-huit tours, bien sûr.

Voici l’un des succès de l’époque qui reste malgré l’usure du temps, formidable à écouter, avec la voix d’ Adelaide Hall et le solo de trompette bouchée de Bubber Miley .

Voici « Creole Love Call », du vingt-six octobre 1927, dont la beauté semble éternelle.

Creole Love Call - Duke Ellington - Adelaide Hall - 1927
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