Miles Davis - Miles Smiles - (1967)
Il est arrivé qu’un jour de soixante-trois, Miles embaucha le pianiste Herbie Hancock, le contrebassiste Ron Carter et le très jeune Tony Williams, puis une série de saxophoniste ténor, George Coleman, Sam Rivers et enfin Wayne Shorter….
Et là on appuie sur le bouton pause, un premier album est enregistré, mettant en œuvre ce qu’on appela son « Second Great Quintet », ou « Quintet de rêve » par chez nous, c’est l’album « E.S.P. » de soixante-cinq qui semble quasi parfait, mais voilà qu’un événement inattendu se produit, « Miles Smiles » qui suit est probablement encore meilleur…
Mais le secret resta bien gardé, d’ailleurs personne n’en parle, encore aujourd’hui seuls les aficionados sont au courant, non pas qu’ils tiennent tant que ça à le garder par devers eux, mais ils n’y peuvent rien : il y a là forcément une raison cachée, une sorte de mystère à percer.
La pochette est pourtant très commerciale et le jeu de mot pour le titre bien trouvé, la présentation est bonne, il faut que ce secret se cache dans la musique. Peut-être est-elle terriblement en avance, torturée et presque torsadée, comme si elle n’appartenait au fond qu’aux musiciens eux-mêmes.
Ecoutez Tony Williams, le gamin, complètement habité comme sur l’incroyable « Freedom Jazz Dance » qu’il pulse, à la façon d’un damné. « Gingerbread Boy » qui suit est également effréné, presque frénétique, Miles se dévoie, il frôle le free, au bord de la glissade, retenu par Ron Carter qui se bat face aux démons !
Ecoutez Tony et Ron, et même Herbie à l’heure du solo, ils envoient dans la dissonance, la liberté trouvée, qui claque, étonnante ! Chacun sait que Miles n’aime pas le free, il en a fait son credo, et pourtant, tout semble basculer, sur la cime, tout près du précipice !
Ça avait l’air pourtant bien parti avec « Orbits » de Wayne Shorter, pourtant déjà Wayne découpe son discours à la Sonny Rollins, puis s’en va loin, dans les ombres, pourtant le grand producteur Teo Macero est de retour, Miles s’est fâché avec lui car il a sorti « Quiet Nights » en soixante-trois, contre l’avis de Miles qui ne souhaitait pas la publication de ces bandes chipées de droite et de gauche. C’est l’album de son retour, l’admiration mutuelle en est la cause, oui, l’affaire est sur de bonnes bases, juste laisser couler…
« Circle » de Miles, la pièce lente, ça va aller, d’ailleurs chaque titre ici ne donne lieu qu’à une seule prise, la première est la bonne. Pourtant « Circle » semble se déformer, défiguré comme un caoutchouc qui s’étire, mais ça tient…
Et puis tout à la fin de la dernière pièce, on entend la voix de Miles dire « Teo, rejoue-nous ça ! Teo ? Teo ? Teo ? Teo, rejoue-nous ça » !
Chef d’œuvre encore à découvrir...
Footprints
Freedom Jazz Dance (Evolution of the Groove)
Gingerbread Boy
Miles Davis - Circle