J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Blues traditionnel ou blues blanc, jazz, soul, funk, c'est ici.
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Douglas
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 31 août 2025 01:33

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Flash Pig – Year Of The Pig – (2018)

Je vous avais déjà parlé de Flash Pig, en vingt-trois, lors de la sortie de « Le Plus Longtemps Possible », celui-ci est encore plus ancien, puisqu’il plonge en dix-huit, entre-temps, j’ai également écouté « Remain Still » qui remonte en quatorze, et qui n’a fait que confirmer le bien que je pensais de ce groupe français, très intéressant.

C’est pourquoi je me décide à vous parler de celui-ci, qui est tout de même étonnant, puisqu’il y est question de lenteur. A quoi servent tous ces années d’étude autour de l’apprentissage et de la maîtrise des instruments si c’est pour, en fin de course, se ligoter les mains et privilégier la lenteur…

D’ailleurs la bonne question serait peut-être : « Y parviennent-ils ? ». Et bien oui et non. Oui si on observe la suite en quatre mouvements qui ouvre l’album. Chaque mouvement est appelé par le nom d’un animal réputé pour sa lenteur, l’Astérie, le Monstre de Gila, le Lamentin et l’Aï.

On sent un désir de lenteur, l’ouverture est un moment très caractéristique de ce point de vue, la lenteur semble réfréner la virtuosité, pourtant les pièces sont toutes en tendresse et présentent une trame habilement menée, qui réserve de grands moments d’émotion…

Mais ça ne saurait durer et bientôt tout s’accélère ce qui autorise nombre de fantaisies et de chouettes envolées musicales. La plupart des pièces sont signées par Maxime Sanchez pianiste virtuose donc, frère du saxophoniste ténor Adrien Sanchez, Florent Nisse est le contrebassiste et Gautier Garrigue le batteur, tous virtuoses avec des têtes de premier de la classe.

Tout ici est très propret et sent bon le linge frais, et tout est nettoyé de la cave au grenier, ceux-là ont sans doute goûté au classique, mais ils ont su conserver l’essentiel, l’âme reste jazz et le voyage qu’ils nous proposent sur cet album est tout simplement enivrant, comme prendre une bonne pétée au moment où on s’y attend le moins.

C’est pour ça que je vous en parle, c’est de la bonne came, du bon cochon, et, finalement, le tout est d’arriver à bon porc...

Year Of The Pig, Part 1 : Astérie
Year Of The Pig, Part 2 : le Monstre de Gila
Year Of The Pig, Part 3 : Lamantin
Evanescent Queen
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 31 août 2025 08:08

Ce blues a été enregistré en 1954 par Big bill Broonzy qui nous renvoie dans les années 1880, lorsque les racines du jazz ont commencé à prendre forme.

"Joe Turner Blues" est considéré comme un "traditionnel", désormais.

Ce "blues primitif" est popularisé par William Christopher Handy (W.C. Handy), que l'on a surnommé "le Père du Jazz".

Big Bill Broonzy-Joe Turner Blues (Vocal)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 1 sept. 2025 02:23

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Joëlle Leandre / Nicole Mitchell - Sisters Where – (2014)

Joëlle Léandre est très certainement l’une des plus remarquables bassistes contemporaines, sans frontière aucune. On pourrait écrire le même compliment pour l’étasunienne Nicole Mitchell, qui est une flûtiste de classe internationale et plus si possible…

Et cela semble possible parce qu’ici, c’est décidé, on escalade notre système solaire, en commençant par « Vénus », puis « Uranus », et encore « Mercure », « Mars » et « Saturne » et enfin, retour vers le plancher des musiciens, d’où on part et là où on atterrit.

Les deux sœurs improvisent de concert, ça s’est passé un vingt février deux mille treize, les deux ensemble, associées en gémellité, elles se complètent et se regardent, semblables et cependant complémentaires, uniques mais indissociables, liées par des liens de partage.

C’est ce qui semble et ce qu’on ressent avec force, à l’écoute de ce disque magnifique. Il faut concéder qu’elles se connaissent et se fréquentent depuis quelques années déjà, ce qui s’est forgé entre les deux est à la fois puissant et inouï, il semble qu’une fusion d’ordre spatio-temporel se soit forgée à leur corps défendant. C’est ce voyage qui nous est raconté.

Alors certes, ce saut de planète en planète ressemble à un voyage en absurdie, mais il permet une sorte de découpage des pièces en plus petites entités, chacune représentant une planète et un moment d’échange entre les deux composantes. C’est à la fois semblable dans la couleur et les tonalités, mais différents dans les traitements et la forme évolutive, d’évidence chaque pièce ayant sa couleur, sa température et son climat…

On assiste à la séparation du grave et de l’aigu, mais également, et assez curieusement à leur mélange et à leur fusion, chacune des deux musiciennes se plaisant dans la peau de l’autre, les cordes terreuses et l’air flûté jouent également de ce même masquage, chacune jouant dans l’ombre de l’autre.

Le retour sur terre remet tout en ordre et ramène le réel, avec la pesanteur aussi, et probablement une certaine lourdeur également, mais ça on le devine, car les pays dont on vient, plein de musiques spatiales, mais sans effets spéciaux, sont parmi les plus réussis dans le genre et méritent une grande considération, ce qui, cependant, n’arrivera probablement pas…

En jazz on connaît ça !

Sisters on Venus
Sisters on Mercury
Back on Earth
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 1 sept. 2025 08:44

1953 - Voici l'une des belles gueules du jazz de l'époque, Chet Baker lui-même, qui envoie un joyeux petit rayon de soleil aux jeunes filles de L.A.

La compo est signée du pianiste Russ Freeman, avec Carsson Smith à la contrebasse et Larry bunker à la batterie.

Enregistré un 19 juillet sur la West Coast...

Chet Baker - Happy Little Sunbeam (1953)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 2 sept. 2025 03:01

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4Walls – Which Side Are You On – (2004)

Curieusement cet album est paru à deux endroits en Europe à peu près en même temps, aux Pays-Bas, au format digipack, ainsi qu’en France sous le label « OrkhÊstra », l’importateur qui fit une très brève carrière dans l’édition, et qui a désormais baissé pavillon, à mon grand regret. Cette fois-ci le format d’édition est traditionnel.

4Walls est composé de quatre membres, le chanteur anglais bien connu Phil Minton est accompagné par un de ses compatriotes, Veryan Weston au piano, il y a également le guitariste basse néerlandais Lux Ex, quant au batteur il est étasunien, c’est Michael Vatcher qui s’y colle.

Beaucoup de titres sont signés par les quatre qui composent, mais il y a une reprise de Jacques Brel « Ces gens-là ». Le morceau-titre, « Which Side are you on » provient d’un traditionnel américain. « Im Rhein » qui termine l’album est même signé Robert Schumann, c’est dire si le spectre d’investigation est large. Une partie des textes sont signés Paul Haines, à la mémoire de qui l’album est dédié.

Les textes des chansons sont tous en anglais, je sais qu’ils sont plutôt corrosifs et de bonne qualité, mais malheureusement je suis peu apte à les comprendre, il me faudra un peu de temps pour y entrer grâce au livret joint.

J’ai acheté cet album à petit prix après l’avoir en partie écouté sur le tube, particulièrement pour Phil Minton, chanteur oserais-je dire un peu à l’ancienne, mais engagé et convaincu qui vit pleinement la musique et lui donne chair et sang.

Pour le reste c’est un chouette accompagnement au service des textes, ce qui évidemment est le propre des chansons, mais on ajoutera simplement que ces quatre-là sont vraiment d’excellents musiciens et qu’on dépasse souvent le simple accompagnement, Minton bien sûr, mais également les trois autres qui assurent avec classe, il n’est que d’écouter « Not all olives have pits : An under funded sense of wonderment ».

4walls - Which Side Are You On (Full Album, 2004, Avant garde Jazz/Prog, UK)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 2 sept. 2025 11:10

Et voici Gil Evans en 1959.

Il joue "Chant of the Weed", un hommage à la bonne beuh, qui l'eût cru?

Au niveau orchestral c'est vraiment balaise, les arrangements sont aux petits oignons et, bien sûr, parfaits !

Grand orchestre au complet avec, entre autres, Budd Johnson à la clarinette, Steve lacy au soprano et Elvin Jones à la batterie

Ça monte et ça descend, s'arrête et repart, sur un rythme cool, cool, cool...

Gil Evans - Chant of the Weed
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 3 sept. 2025 02:33

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The Noonan Trio - Inherit a Memory – (2024)

Je tombe sur celui-ci et me voilà perdu, impossible de me souvenir d’où il provient, les noms, le titre, la pochette (fort belle), rien n’éveille un souvenir. Aie ! il est millésimé deux mille vingt-quatre et peut se tenir dans son coin depuis pas mal de temps, je ne gère pas très bien, au milieu des Cds, des vinyles, et des revues…

Rien sur Discogs, on en parle un peu, mais pas très longuement, sur le net, deux ou trois pages de résultats plus ou moins pertinents. Il est sur le tube mais quasiment pas de vue… Chameau ! Ne s’appelle-t-il pas « Héritier d’une mémoire » ? Je préfère passer à l’écoute …

Je suis vraiment content de cet album sans racine, pas ordinaire, entre jazz malin et chansons qui poussent. Le Noonan Trio c’est Matthew Bourne au piano, Michael Bardon à la contrebasse et Sean Noonan à la batterie, au chant et aux compos. Y’a matière à se réjouir pendant les quasi cinquante minutes qui se présentent à moi.

Ils sont forts les gars, mais c’est sans surprise, ils sont tous comme ça, mais ceux-ci sont originaux, solides en instrumentaux et cabotins en chansons, du coup il y a une grande variété dans la musique proposée, on dépasse des cadres et on sort des ornières, c’est frais, hors des sentiers battus, avec ici ou là quelques références pop ou folk.

Le pianiste Bourne est fabuleux, grand technicien au toucher fin et subtil, il s’accorde bien avec la voix de Noonan et son drumming atmosphérique. Il semble également qu’il y ait des impros, mais aussi un gros travail au niveau du studio, quant à Michael le bassiste il fait le job, haut la main.

Ce mélange réussi suffit à notre bonheur, c’est moderne mais pas trop, pas vraiment free, mais ça peut dissoner ou s’échapper des normes, ça se calme quand la voix prend la main, et que la bouche narre. Les climats sont parfois légèrement tendus, mais pas trop, on peut également rencontrer quelques moments de rêverie, il y a un peu de tout ici, et surtout une belle incertitude pleine de charme !

Drunkard Landlady
Inherit A Memory
Polly's Eyes
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 3 sept. 2025 09:34

1954 - Voici une Jam Session telle qu'il en existait à l'époque, celle-ci se déroule dans les studios du label Mercury, à Los Angeles.

Le père de ces "Jams" était souvent Norman Granz, comme ici, dans le cadre des JATP, c'est à dire "Jazz At The Philarmonic".

De nombreux musiciens pouvaient s'y rencontrer, venant de générations différentes, et même de styles et d'écoles différentes, ce qui comptait c'était d'apprécier les rencontres et de donner le meilleur de soi-même!

Celle-ci est assez fameuse grâce à la présence de Clifford Brown, mais il n'est pas le seul trompettiste sur le plateau, il y a également Clark Terry et Maynard Ferguson. Herb Geller est au sax alto, Harold Land au saxo ténor, Ritchie Powell et Junior Mance au piano, Keter Betts et George Morrow à la contrebasse, Max Roach à la batterie et Dinah Washington au chant, mais on ne l'entend pas sur cette pièce, l'intérêt se situe dans les suraigus en provenance des trompettes.

Voici "Move" de Keter Betts!

Move
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 4 sept. 2025 05:19

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John Zorn – The Unknown Masada – (2003)

Après avoir composé deux cent huit pièces qui se sont concrétisées dans le premier volume du « Masada Songbook » qui en contient dix, John Zorn célèbre l’anniversaire des dix ans de « Masada » en sortant quelques albums mettant en scène ses interprètes fétiches du moment. Cette nouvelle série de cinq volumes s’appellera « Masada Tenth Anniversary Editions ».

Je vous ai déjà présenté le volume un, « Masada Guitars », j’ai bien le cinq, « Masada Rock » mais j’ai oublié de le présenter, il faudra réparer. Celui-ci est le troisième, il est consacré également, et uniquement, à des inédits du grand livre, confiés à divers artistes dont beaucoup seront honorés de la confiance de Zorn, qui leur confiera bientôt le second Song Book, oui, celui avec les petites étoiles ajourées sur les pochettes.

On comprend bien que la seule identité forte de cet album est la couleur « Masada » portée par Zorn, la seule force des compositions est cependant forcément insuffisante pour former une unité de ton sur cet album, c’est donc à un patchwork incroyable auquel nous avons affaire.

Mais ça fait partie du jeu, cette variété que nous rencontrons ici sera la même qui habitera le second book, mais en interprétant un titre unique à la place d’un album. Certains ici ne sont pas forcément très connus, mais ce sera la participation au second book qui leur apportera la notoriété et la reconnaissance.

Voici en vrac quelques noms, Erik Friedlander dans la tradition klezmer, Dave Douglas, le seul historique rescapé, Jamie Saft qui penche ici côté hard, Koby Israelite bien déjanté, mais peut-être moins que le groupe suivant, Fantômas avec Mike Patton, Dave Lombardo, King Buzzo et Trevor Dunn, qui tiennent leur rôle et jouent avec les limites, Wadada Leo Smith le grand, avec Ikue Mori, dans un style presque ambiant, et Eyvind Kang, voici pour les plus connus. Il y a également la formation Rashanim avec Mathias Künzli, Shanir Ezra Blumenkranz et Jon Madof, des noms qui resteront attachés à la galaxie Zorn.

Il n’y a donc aucune unité artistique ici, entre le traditionnel « Shagal » chanté par Zahava Seewald en hébreux et le dément « Zemaraim » de Fantômas c’est le grand écart, on peut donc picorer l’album dans le sens que l’on souhaite, aller de ci, de là, comme s’il s’agissait de sept pouces accolés.

Nous sommes bien entendus très éloignés de la formation Masada et du Book initial, Zorn a déjà le regard tourné vers le futur et le Masada Book deux qui sera une sorte de concrétisation pour ce que l’on peut entendre ici, au moins pour partie.

Fantômas - Zemaraim [John Zorn "The Unknown Masada"]
Erik Friedlander - Kinyan
Jamie Saft - Sarach [The Unknown Masada]
john zorn, wadada leo smith and ikue mori - demai - the unknown masada (2003)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 4 sept. 2025 18:13

Petit retour vers Jimmy Giuffre et son "Jimmy Giuffre 3" en 59 avec l'album "The Easy Way" et le titre du même nom.

Il joue du sax ténor et de la clarinette, sur ce titre particulièrement, accompagné par Jim Hall à la guitare et Ray brown à la contrebasse.

The Easy Way
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