Akira Sakata Trio – Dance – 1982
Et voici à nouveau « Dance » par le Akira Sakata Trio, deux fois revenus, la première fois car je vous avais présenté la reprise qu’ils jouent de « Comme à la Radio », de Belkacem et Fontaine accompagnés par l’Art Ensemble de Chicago, qui m’avait tant plu, et la seconde car je m’étais attelé à un premier exercice d’écriture sur ce bel album, avant qu’une manipulation peu sûre détruise le fruit de mes efforts, maladroits sans doute, mais cet album avait su allumer une petite étincelle sous mon chapeau troué.
Alors ils sont trois, des magnifiques, de la trempe des héros. Sur le titre d’ouverture « Right Frankenstein In Saigne- Legier » ils avancent brillamment, Akira au saxo alto est dantesque, excellemment brillant, avant de laisser la basse ronde et très à l’avant d’Hirohi Yashino remplir l’espace, tandis que Nobuo Fujii à la batterie arrive et ponctue la route tracée par les cordes graves.
C’est alors que Sakata, avec théâtralité et ampleur, se transforme en récitant et narre dans la langue du pays du soleil levant, ce qu’il faut savoir et connaître de la vie de Frankenstein, cet être fantasque et ridicule, fabriqué de bric et de broc qui se mit à penser…
Ensuite nous sommes partis vers une « Strange Island », peut-être une des mille quarante-deux îles qui forment l’archipel nippon. Je me souviens avoir appris ce chiffre, lorsqu’en troisième, je me préparais au brevet, pourtant jamais il ne me fût confirmé, car en matière d’îles, s’il est vrai qu’il en pousse, il est également vrai que certaines s’effacent sous les flots…
C’est à nouveau une belle pièce, dynamique avec ce diable de Yoshino qui dessine des arabesques avec ses cordes primesautières, tandis qu’Akira part à la découverte des étrangetés locales, avec un flow que l’on pourrait aussitôt qualifier de free, bien que lyrique et débridé. Les applaudissement nourris du public nous rappellent que nous sommes à la « Vielharmonie » de Munich, le onze juin quatre-vingt-un.
Ce passage vers l’Allemagne me rappelle que lors de mon premier texte, j’avais fait une petite pause pour évoquer l’album que Akira Sakata avait enregistré avec « Last Exit » de Peter Brötzmann, Bill Laswell, Shannon Jackson et Sonny Sharrock, le fameux « The Noise Of Trouble (Live In Tokyo) » de quatre-vingt-six, qui mérite le détour.
Arrive ensuite le titre qui m’a embarqué dans cette aventure sonore, « Comme A La Radio », reprise magnifique avec quelques accents aylerien qui dépassent et ornent la musique, tandis que le thème se fait peu à peu mettre à jour, puis se dévoile dans sa totalité pour une exposition fugace, et provoque un retour vers le lointain qui me remplit de joie.
La dernière pièce de l’album, « Inanaki, 2nd » est puissamment pulsé par la rythmique qui pousse Akira dans les cordes, ce qui permet de laisser sur cet enregistrement un témoignage vibrant du free nippon et de faire de cet album un morceau de choix.
Akira Sakata Trio - Right Frankenstein in Saigne-Legier (1981)
Akira Sakata Trio - Comme a la radio (1981)