
Kali. Z. Fasteau – Animal Grace - (2010)
Voici le retour de Kali Fasteau dans nos colonnes, après avoir, par le passé, abordé pas mal de ses enregistrements, dont les fameux « Expatriate Kin » et « Comraderie », complètement indispensables.
Celui-ci, « Animal Grace » est beaucoup plus tardif, d’un autre temps, avec une spécificité particulière : Il recouvre deux concerts distincts et très différents. On a observé dans la production phonographique de la musicienne une sorte de « laisser aller », hors des chemins balisés et des sentiers usuels, ainsi, y a-t-il souvent un côté amateur et mal léché, qui peut écarter les perfectionnistes et les amoureux du « bon son ».
Si le son ne scintille pas et peut sembler un peu lointain pour ce premier concert, il ne manque pourtant pas d’attrait et de bonnes surprises. Kali joue du piano, du Mizmar, de la flûte Nai, du chant, du violon et du sax alto. Elle joue de ces instruments alternativement, au fil de ce concert qui dure un peu plus de trente-deux minutes.
Elle est ici en compagnie de la légende Sud Af Louis Moholo-Moholo qui joue de la batterie. Cette partie se nomme simplement « Live in Harlem » et contient six pièces dont « Impulse » qui ouvre l'album, « Swans’ Flight » où elle joue de la flûte nai, et l’étrange « All Things » où elle chante, et fait appel à un séparateur de signal. Le concert s’est donné « at the Big Apple Jazzspace », le quinze juin deux mille sept.
La dernière pièce « Past Future Present » offre l’opportunité à Maholo de cogner avec véhémence et de faire surgir les tambours d’Afrique, tandis que le sax alto vagabonde, libre et fier, pour finir en un lieu où les tambours se sont doucement éclipsés…
Le second concert « Live in the Alps » d’une durée comparable, rassemble, en plus de Kali, Bobby Few au piano, Wayne Dockery à la basse et Steve McCraven à la batterie. Kali ajoute le mbira à sa panoplie sur « Melting Ice », une belle pièce. Le son est indubitablement meilleur, nous ne nous en plaindrons donc pas.
Le concert s’est déroulé à « l’Uncool Festival of Jazz », en Suisse, le six mai deux mille cinq. « A Gift » qui ouvre le concert est un brûlot free bien jouissif, « Airstreams » qui suit est beaucoup plus étrange avec la flûte de Kali qui se promène libre comme l’air… « They Speak Through me » est à nouveau une curiosité vocale, qui se déploie sur un tapis free totalement ouvert… On se quitte avec l’excellent « From Above » qui détartre avec efficacité.
Sans doute l’album est-il placé sous le patronage de la « grâce animale » et que la jungle rencontrée ici est bien sauvage et libre, sans entrave et libertaire, de quoi nourrir le souffle nouveau que l’on entend sur ces plages, ou au fin fond de cette jungle…
Impulse