J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

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Douglas
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 23 nov. 2025 03:57

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Blazing Flame – Murmuration – (2016)

Voici un album qui, d’emblée, me met en difficulté et me pose problème. Je ne suis guère armé pour l’appréhender et toute personne qui maîtrise un peu l’anglais part avec un avantage considérable sur moi, et aussi un crédit bien supérieur car, si cet album est totalement improvisé côté musique, les paroles sont, elles, écrites par Steve Day qui les chante, en compagnie de Julie Tippetts.

C’est donc le chant qui pilote et commande ici, la musique n’intervient qu’au tout dernier moment, puisqu’elle est spontanée et non concertée. Douze pièces se succèdent et dessinent une trame que l’on peut deviner au travers des titres, même si c’est un peu léger, le premier « Off The Coast Of Fukushima » est toutefois explicite et ne sent pas vraiment la rigolade. Il y a de la gravité ici, indique la musique, souvent dramatique.

Côté musiciens on remarque sans surprise Keith Tippett au piano, Aaron Stanton est au saxophone alto, Peter Evans au violon électrique à cinq cordes, Julian Dale à la contrebasse, au violoncelle et aux bols musicaux, Anton Henley tient la batterie et utilise les percussions, il y a également un invité en la personne de Bill Bartlett qui joue de la flûte sur quatre pièces de l’album.

Les musiques sont donc plutôt descriptives, elles dessinent une peinture, un paysage, une impression ou un sentiment. Ainsi « In Darkness » est-elle extrêmement sombre et triste, voire dépressive, avec un soutien musical assez pauvre, rare, lourd et angoissant. La voix de Julie est traînante et narrative, le piano de Keith ne fait rien pour égayer la pièce, bien au contraire, la contrebasse est elle aussi assez rare tournant autour des accords angoissés qui accompagnent le chant…

La pièce qui suit autour du « geai » est beaucoup plus joyeuse, ce passereau peut être vu autant en campagne qu’à la ville et possède également un plumage souvent resplendissant. C’est donc une musique rythmée et virevoltante qui l’accompagne, avec des successions rebondissantes et joyeuses…

Ces quelques exemples pour souligner la correspondance entre musique et paroles qui fonctionne ainsi tout au long de l’album. Même si je ne suis pas le mieux placé pour la décrire avec précision, j’en apprécie tout de même les contours et les nuances, les atmosphères et les variations qui interviennent ici ou là.

Ce n'est pas un titre de l'album et ce ne sont pas exactement les mêmes musiciens, la période est également différente, trois années séparent l'album et la vidéo, mais ça donne une idée...

Blazing Flame : Flaming Gershwin - (2019)


Steve Day, voice, words; Peter Evans, electric violin; Mark Langford, tenor saxophone, bass clarinet; David Mowat, trumpet, flugelhorn; Julian Dale, double bass, voice; Marco Anderson, drums
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Douglas
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Message par Douglas » lun. 24 nov. 2025 04:29

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Girma Bèyènè & Akalé Wubé – Éthiopiques 30: “Mistakes On Purpose” – (2017)

Toujours « les Ethiopiques » mais vers la fin de la série, ce trentième épisode, bien qu’intéressant, n’obéit plus aux lois anciennes et cet enregistrement est une sorte de reconstitution actualisée. On prend un bout d’histoire réelle, et, faute de documents anciens ou de qualité, on « fabrique » une nouvelle réalité avec des musiciens d’aujourd’hui.

C’est Francis Falceto, l’éditeur en chef des Ethiopiques, qui prend en charge ce ravalement, ainsi « Akalé Wubé » est en fait constitué de musiciens français qui se regroupent autour de la légende, bien réelle, Girma Bèyènè, authentique musicien dont le parcours est narré dans le livret, et qui choisit, lorsque la junte s’installa en Ethiopie, de s’exiler vers les Etats-Unis en quatre-vingt-un, où il travailla dans une station-service car il avait du mal à se produire sur scène. Il retournera vers son pays en deux mille huit.

Le gars est tout de même fantastique, dans les Ethiopiques historiques son nom n’apparaît que quatre fois dans la série, alors que son influence était grande, c’est ce souci de réhabilitation qui a présidé à l’édition tardive de cet album dont Cirma Bèyènè a signé, ou co-signé, l’intégralité des titres, mis à part « For Amha » composé par le groupe accompagnateur.

A sa sortie j’avais bien aimé cet album, il est vrai qu’il perd en authenticité ce qu’il gagne en qualité d’enregistrement et de production, mais on ne peut le comparer aux autres, il possède un avantage qualitatif considérable pour la qualité du son, et c’est un choc extraordinaire de se confronter à ce répertoire neuf, léché et amoureusement mis en valeur.

Le vieux pianiste-chanteur est souvent émouvant, on imagine que l’âge a modifié le timbre et la fougue de sa voix, mais il ne s’en montre que plus touchant. Une anecdote, le titre « Muziqawi silt » a été le plus repris de toute l’histoire de cette musique, en troisième place sur l’album, il est remarquable, mais l’ensemble est une grande réussite.

On notera que, curieusement, l’album ne « sonne » pas autant éthio-jazz que ses prédécesseurs, mais penche davantage vers la pop ou la folk, particulièrement sur certains titres, peut-être les années passées aux States, ou le temps qui efface et formalise. Reste tout de même une belle personnalité et beaucoup de bonne zique.

Tewèdjign Endèhu (Ahun Negèrign)
Ené Nègn Bay Manèsh
Muziqawi Silt
Enkèn Yèlélèbesh
Tsegérèda
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 25 nov. 2025 03:10

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Curtis Amy & Frank Butler – Groovin' Blue – (1961)

Le fait que cet album possède deux leaders, l’un à la batterie et l’autre au sax ténor, garantit le bon groove et c’est effectivement le cas ici. « Groovin' Blue » est le second enregistrement de Curtis Amy, il n’en a pas enregistré beaucoup, il est solide et « swing » comme il faut, une bonne adresse pour les amateurs, sorti sur « Pacific Jazz » en soixante et un et régulièrement réédité depuis.

Pourtant on retient souvent cet album pour la présence d’un jeune musicien prometteur que l’on entend ici, âgé de dix-neuf ans au moment de l’enregistrement, ce sont en effet les premiers pas discographiques du prodige du vibraphone Bobby Hutcherson. Il n’est que d’écouter le magnifique « Beautiful You » pour se laisser convaincre…

Sont présents également l’excellent trompettiste Carmell Jones, qui faisait lui aussi ses débuts en studio, avec le pianiste Frank Strazzeri et le bassiste Jimmy Bond. Six pièces sont au menu dont on retient le titre d’ouverture « Gone Into It » et, début face B, le morceau titre, « Groovin' Blue ». Les autres pièces sont également très correctes même si la dernière « Very Franck » est un poil anecdotique par sa brièveté, bien qu’intense.

Curtis Amy fait partie de ces saxophonistes de talent qui sont passés un peu inaperçus, malgré qu’ils possèdent toutes les qualités requises pour se faire un nom. Aujourd’hui encore il reste un peu ignoré. Il appartient à l’école de la West Coast et s’installe à L.A. en mille neuf cent cinquante, c’est là qu’il enregistre ses albums.

Il n’a joué du ténor que sur le tard, pendant son service militaire, mais était déjà un clarinettiste abouti. Son album le plus connu et célébré est « Katanga ! » de soixante-trois, avec cette pochette si remarquable…

Gone Into It
Beautiful You
Groovin' Blue
Annsome
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 26 nov. 2025 04:40

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Brötzmann, Lonberg-Holm – The Brain Of The Dog In Section – (2008)

Les infos sont réduites au minimum sur le support, la date, vingt-huit novembre deux mille sept, le lieu, au célèbre « Hideout » de Chicago, les titres, ils sont trois, et quelques détails renseignent sur les instruments utilisés. Pour Fred Lonberg-Holm, un violoncelle et de l’électronique, pour Peter Brötzmann des saxs ténor et alto, une clarinette en si bémol majeur et un Tárogató, comme à l’habitude.

Évidemment c’est de l’impro, la première pièce dure treize minutes cinquante-deux, la seconde dix-neuf minutes et trente-neuf secondes, et la troisième quatre minutes et vingt-deux secondes, pas de titre ni d’autre indication. L’album est assez court, environ trente-huit minutes à la pesée.

Il y a du lourd, forcément parce que c’est Brötzmann, il faudra y passer, mais pas tant qu’on pourrait le croire, bien que si quand même, mais il y a comme une températion, un peu d’air qui circule dans les circuits, un lyrisme sournois qui s’insinue, une sorte de souffle aylerien qui se glisse dans la nappe…

Cherchez-pas, c’est Lonberg-Holm qui joue sa partie, parfois en faisant mine de ne pas voir le colosse, bien qu’il y pense sans cesse. Le violoncelle et l’électro tempèrent donc, et, petit à petit s’insinuent en volutes autour des instruments à vent, comme pour les assagir, sous la caresse et la douceur…

Ça dure ce que ça dure, mais c’est remarquable, alors on remarque, particulièrement sur la seconde pièce, la plus longue où Brötz, anesthésié, fait son gentil et murmure… Mais je vous rassure, bien avant il a tempêté, vociféré, éructé gravement et déménagé une partie du buffet…

Vers la fin de la seconde pièce, réveillé par l’électro rageuse de Londberg, il reprend du poil de la bête et retrouve son animalité virile qui impressionne même les métalleux de la zone ! Pour tout dire en quelques mots c’est d’enfer, majuscule, et l’album, malgré qu’il soit court n’en est pas moins formide, les deux se complètent et s’interpellent comme il convient et la symphonie est diablement réussie, comme l’atteste la grondante partie trois !

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