J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Blues traditionnel ou blues blanc, jazz, soul, funk, c'est ici.
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Douglas
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 23 nov. 2025 03:57

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Blazing Flame – Murmuration – (2016)

Voici un album qui, d’emblée, me met en difficulté et me pose problème. Je ne suis guère armé pour l’appréhender et toute personne qui maîtrise un peu l’anglais part avec un avantage considérable sur moi, et aussi un crédit bien supérieur car, si cet album est totalement improvisé côté musique, les paroles sont, elles, écrites par Steve Day qui les chante, en compagnie de Julie Tippetts.

C’est donc le chant qui pilote et commande ici, la musique n’intervient qu’au tout dernier moment, puisqu’elle est spontanée et non concertée. Douze pièces se succèdent et dessinent une trame que l’on peut deviner au travers des titres, même si c’est un peu léger, le premier « Off The Coast Of Fukushima » est toutefois explicite et ne sent pas vraiment la rigolade. Il y a de la gravité ici, indique la musique, souvent dramatique.

Côté musiciens on remarque sans surprise Keith Tippett au piano, Aaron Stanton est au saxophone alto, Peter Evans au violon électrique à cinq cordes, Julian Dale à la contrebasse, au violoncelle et aux bols musicaux, Anton Henley tient la batterie et utilise les percussions, il y a également un invité en la personne de Bill Bartlett qui joue de la flûte sur quatre pièces de l’album.

Les musiques sont donc plutôt descriptives, elles dessinent une peinture, un paysage, une impression ou un sentiment. Ainsi « In Darkness » est-elle extrêmement sombre et triste, voire dépressive, avec un soutien musical assez pauvre, rare, lourd et angoissant. La voix de Julie est traînante et narrative, le piano de Keith ne fait rien pour égayer la pièce, bien au contraire, la contrebasse est elle aussi assez rare tournant autour des accords angoissés qui accompagnent le chant…

La pièce qui suit autour du « geai » est beaucoup plus joyeuse, ce passereau peut être vu autant en campagne qu’à la ville et possède également un plumage souvent resplendissant. C’est donc une musique rythmée et virevoltante qui l’accompagne, avec des successions rebondissantes et joyeuses…

Ces quelques exemples pour souligner la correspondance entre musique et paroles qui fonctionne ainsi tout au long de l’album. Même si je ne suis pas le mieux placé pour la décrire avec précision, j’en apprécie tout de même les contours et les nuances, les atmosphères et les variations qui interviennent ici ou là.

Ce n'est pas un titre de l'album et ce ne sont pas exactement les mêmes musiciens, la période est également différente, trois années séparent l'album et la vidéo, mais ça donne une idée...

Blazing Flame : Flaming Gershwin - (2019)


Steve Day, voice, words; Peter Evans, electric violin; Mark Langford, tenor saxophone, bass clarinet; David Mowat, trumpet, flugelhorn; Julian Dale, double bass, voice; Marco Anderson, drums
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Message par Douglas » lun. 24 nov. 2025 04:29

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Girma Bèyènè & Akalé Wubé – Éthiopiques 30: “Mistakes On Purpose” – (2017)

Toujours « les Ethiopiques » mais vers la fin de la série, ce trentième épisode, bien qu’intéressant, n’obéit plus aux lois anciennes et cet enregistrement est une sorte de reconstitution actualisée. On prend un bout d’histoire réelle, et, faute de documents anciens ou de qualité, on « fabrique » une nouvelle réalité avec des musiciens d’aujourd’hui.

C’est Francis Falceto, l’éditeur en chef des Ethiopiques, qui prend en charge ce ravalement, ainsi « Akalé Wubé » est en fait constitué de musiciens français qui se regroupent autour de la légende, bien réelle, Girma Bèyènè, authentique musicien dont le parcours est narré dans le livret, et qui choisit, lorsque la junte s’installa en Ethiopie, de s’exiler vers les Etats-Unis en quatre-vingt-un, où il travailla dans une station-service car il avait du mal à se produire sur scène. Il retournera vers son pays en deux mille huit.

Le gars est tout de même fantastique, dans les Ethiopiques historiques son nom n’apparaît que quatre fois dans la série, alors que son influence était grande, c’est ce souci de réhabilitation qui a présidé à l’édition tardive de cet album dont Cirma Bèyènè a signé, ou co-signé, l’intégralité des titres, mis à part « For Amha » composé par le groupe accompagnateur.

A sa sortie j’avais bien aimé cet album, il est vrai qu’il perd en authenticité ce qu’il gagne en qualité d’enregistrement et de production, mais on ne peut le comparer aux autres, il possède un avantage qualitatif considérable pour la qualité du son, et c’est un choc extraordinaire de se confronter à ce répertoire neuf, léché et amoureusement mis en valeur.

Le vieux pianiste-chanteur est souvent émouvant, on imagine que l’âge a modifié le timbre et la fougue de sa voix, mais il ne s’en montre que plus touchant. Une anecdote, le titre « Muziqawi silt » a été le plus repris de toute l’histoire de cette musique, en troisième place sur l’album, il est remarquable, mais l’ensemble est une grande réussite.

On notera que, curieusement, l’album ne « sonne » pas autant éthio-jazz que ses prédécesseurs, mais penche davantage vers la pop ou la folk, particulièrement sur certains titres, peut-être les années passées aux States, ou le temps qui efface et formalise. Reste tout de même une belle personnalité et beaucoup de bonne zique.

Tewèdjign Endèhu (Ahun Negèrign)
Ené Nègn Bay Manèsh
Muziqawi Silt
Enkèn Yèlélèbesh
Tsegérèda
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 25 nov. 2025 03:10

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Curtis Amy & Frank Butler – Groovin' Blue – (1961)

Le fait que cet album possède deux leaders, l’un à la batterie et l’autre au sax ténor, garantit le bon groove et c’est effectivement le cas ici. « Groovin' Blue » est le second enregistrement de Curtis Amy, il n’en a pas enregistré beaucoup, il est solide et « swing » comme il faut, une bonne adresse pour les amateurs, sorti sur « Pacific Jazz » en soixante et un et régulièrement réédité depuis.

Pourtant on retient souvent cet album pour la présence d’un jeune musicien prometteur que l’on entend ici, âgé de dix-neuf ans au moment de l’enregistrement, ce sont en effet les premiers pas discographiques du prodige du vibraphone Bobby Hutcherson. Il n’est que d’écouter le magnifique « Beautiful You » pour se laisser convaincre…

Sont présents également l’excellent trompettiste Carmell Jones, qui faisait lui aussi ses débuts en studio, avec le pianiste Frank Strazzeri et le bassiste Jimmy Bond. Six pièces sont au menu dont on retient le titre d’ouverture « Gone Into It » et, début face B, le morceau titre, « Groovin' Blue ». Les autres pièces sont également très correctes même si la dernière « Very Franck » est un poil anecdotique par sa brièveté, bien qu’intense.

Curtis Amy fait partie de ces saxophonistes de talent qui sont passés un peu inaperçus, malgré qu’ils possèdent toutes les qualités requises pour se faire un nom. Aujourd’hui encore il reste un peu ignoré. Il appartient à l’école de la West Coast et s’installe à L.A. en mille neuf cent cinquante, c’est là qu’il enregistre ses albums.

Il n’a joué du ténor que sur le tard, pendant son service militaire, mais était déjà un clarinettiste abouti. Son album le plus connu et célébré est « Katanga ! » de soixante-trois, avec cette pochette si remarquable…

Gone Into It
Beautiful You
Groovin' Blue
Annsome
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 26 nov. 2025 04:40

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Brötzmann, Lonberg-Holm – The Brain Of The Dog In Section – (2008)

Les infos sont réduites au minimum sur le support, la date, vingt-huit novembre deux mille sept, le lieu, au célèbre « Hideout » de Chicago, les titres, ils sont trois, et quelques détails renseignent sur les instruments utilisés. Pour Fred Lonberg-Holm, un violoncelle et de l’électronique, pour Peter Brötzmann des saxs ténor et alto, une clarinette en si bémol majeur et un Tárogató, comme à l’habitude.

Évidemment c’est de l’impro, la première pièce dure treize minutes cinquante-deux, la seconde dix-neuf minutes et trente-neuf secondes, et la troisième quatre minutes et vingt-deux secondes, pas de titre ni d’autre indication. L’album est assez court, environ trente-huit minutes à la pesée.

Il y a du lourd, forcément parce que c’est Brötzmann, il faudra y passer, mais pas tant qu’on pourrait le croire, bien que si quand même, mais il y a comme une températion, un peu d’air qui circule dans les circuits, un lyrisme sournois qui s’insinue, une sorte de souffle aylerien qui se glisse dans la nappe…

Cherchez-pas, c’est Lonberg-Holm qui joue sa partie, parfois en faisant mine de ne pas voir le colosse, bien qu’il y pense sans cesse. Le violoncelle et l’électro tempèrent donc, et, petit à petit s’insinuent en volutes autour des instruments à vent, comme pour les assagir, sous la caresse et la douceur…

Ça dure ce que ça dure, mais c’est remarquable, alors on remarque, particulièrement sur la seconde pièce, la plus longue où Brötz, anesthésié, fait son gentil et murmure… Mais je vous rassure, bien avant il a tempêté, vociféré, éructé gravement et déménagé une partie du buffet…

Vers la fin de la seconde pièce, réveillé par l’électro rageuse de Londberg, il reprend du poil de la bête et retrouve son animalité virile qui impressionne même les métalleux de la zone ! Pour tout dire en quelques mots c’est d’enfer, majuscule, et l’album, malgré qu’il soit court n’en est pas moins formide, les deux se complètent et s’interpellent comme il convient et la symphonie est diablement réussie, comme l’atteste la grondante partie trois !

Section 1
Section 2
Section 3
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Message par Douglas » jeu. 27 nov. 2025 04:52

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Platform 1 – Takes Off – (2012)

Voici un album produit par le petit et excellent label portugais « Clean Feed », il est paru en deux mille douze. Il y a du beau monde sous la plateforme, en premier lieu Ken Vandermark qui n’est pas leader mais premier dans la liste, il joue du sax ténor et de la clarinette en si bémol.

Magnus Broo joue de la trompette, le grand Steve Swell du trombone, Joe Williamson de la basse et Michael Vatcher de la batterie. Des musiciens fameux et respectés dans le monde du jazz, on les classe volontiers free ou d’avant-garde, mais ici il va falloir réviser ses aprioris, car ce n’est pas si évident que ça.

Il est en effet difficile de le classer côté free, bien qu’il y ait évidemment des moments de liberté totale et d’improvisation sans contrainte. Pourtant, et nous y sommes un peu habitués avec certains albums de Ken Vandermark, on pourrait ici glisser vers le « post-free », qui pourrait également catégoriser cet album.

On y retrouve toute la qualité et la précision qu’on peut attendre de la part de ces musiciens de haut vol. Il y a neuf pièces pour environ une heure cinq, les compos sont proposées par les membres du quintet excepté Michael Vatcher. Chacun en apporte deux et Steve Swell trois, deux sont collées et jouées dans le même élan, semblant fusionner en une seule.

C’est capté live à Coimbra, au Portugal, au « Salão Brazil », les vingt-sept et vingt-huit mai deux mille onze. Ce peut être l’occasion également de rencontrer Magnus Broo dont on ne parle pas suffisamment ici, sa compo « Dim Eyes » est vraiment chouette, d’apprécier le grand Steve Swell ainsi que Joe Williamson vraiment au top sur cet enregistrement, il apporte beaucoup au son d’ensemble, ainsi que la chouette compo « Compromising Emanations » de Steve Swell.

Bon album à savourer si vous le croisez.

Stations
Tempest/2Aᐳ2B
Dim Eyes
Compromising Emanations
In Between Chairs
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 28 nov. 2025 04:07

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John Coltrane – Bahia – (07/12-1958)

J’avais commencé à lister les albums du label « Prestige » enregistrés alors que Coltrane était sous contrat avec ce label. Ce sont souvent des albums négligés et moins connus, enregistrés par le prestigieux saxophoniste, ils ne sont pourtant pas moins intéressants, même s’ils sont ancrés dans le hard bop et obéissent aux règles de l’époque.

Des sessions d’enregistrement rapidement effectuées, souvent avec les mêmes musiciens et composées essentiellement de standards, tout cela est juste, mais ces étapes restent essentielles et permettront au génie reconnu de briller tel un phare dans la nuit. Le paradoxe de ces albums c’est qu’ils sortiront lorsque John Coltrane sera en pleine gloire, celui-ci paraîtra en soixante-cinq, l’année du chef d’œuvre « A Love Supreme » …

Les cinq titres qui forment « Bahia » sont issus de deux sessions différentes, les deux dernières pour le label Prestige, ensuite il passera chez « Atlantic ». On sait pourtant que lors de ces sessions il enregistrait souvent du matériel qui pouvait remplir plus d’un album, ce qui est encore le cas ici.

Par contre il y a du micmac et des erreurs circulent certainement, puisque les renseignements sont contradictoires entre ce qui est écrit au dos des albums et ce qu’indiquent certaines sources provenant des Editions Prestige. Etant incapable de séparer le vrai du faux je vous livre le nom des musiciens, particulièrement pour les batteurs, sous toutes réserves, ainsi que le rattachement de « « Something I Dreamed Last Night » qui pourrait provenir de l’autre session, mais tout cela n’a guère d’importance, bien que ça me chiffonne un peu…

La session du onze juillet cinquante-huit se déroula au « Van Gelder Studio », deux pièces en sont extraites sur cet album, l’excellent « I'm A Dreamer (Aren't We All) » et la ballade « My Ideal ». Outre Coltrane sont présents Wilbur Harden à la trompette, Red Garland au piano, Paul Chambers à la contrebasse et Art Taylor à la batterie.

La session du vingt-six décembre cinquante-huit est la dernière pour Prestige. Il y a quelques changements de personnel, disparition de Red Garland, ajout de Freddie Hubbard et remplacement de Art Taylor par Jimmy Cobb à la batterie. Trois pièces sont enregistrées et ouvrent la face A du vinyle, « Bahia », « Goldsboro Express » et « Something I Dreamed Last Night » qui termine l’album.

La seule pièce signée par le saxophoniste est « Goldsboro Express », les autres sont des reprises. Cet album confirme la grande maîtrise Coltrane, Le morceau titre signé Barroso est bien plaisant, tout comme « Goldsboro Express », très enlevé et dynamique.

Il restera encore un album à publier pour clore les enregistrements publiés sous le nom de John Coltrane en tant que leader.


Bahia by John Coltrane from 'Bahia'
Goldsboro Express (Album Version)
Something I Dreamed Last Night (Album Version)
I'm A Dreamer (Aren't We All) by John Coltrane from 'Bahia'
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 29 nov. 2025 06:06

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Henri Texier, Michel Portal, Thomas De Pourquery, Manu Codjia, Bojan Z, Edward Perraud – Concert Anniversaire À La Maison De La Culture D'Amiens – (2017)

Henri Texier est un gars du genre fidèle, il enregistre la plupart de ses albums sur le sympathique « Label Bleu » situé à Amiens. Ce petit label opère en osmose avec la Maison de la Culture d’Amiens qui ne manque pas de programmer, à prix très raisonnables, les musiciens du label…

Et le temps passe, les années, les décennies, et voici qu’arrive un beau jour l’anniversaire des trente ans ! Henri Texier est celui qui a le plus enregistré pour le label, ce sera donc lui qui sera choisi pour organiser ce concert avec les forces vives qui le composent, ainsi une fine équipe est mise sur pieds.

Michel Portal aux clarinettes, au sax soprano et au bandonéon, Thomas de Pourquery au sax alto, Manu Codja à la guitare, Bojan Z, aka Zulfikarpašić, au piano et au Rhodes, Edward Perraud à la batterie et Henri Texier à la contrebasse, aux compos et à la direction musicale.

L’énoncé des noms suffit à comprendre où l’on se situe, et, très franchement, pas de déception, il est clair que tout le monde est sur la même longueur d’onde et que tout va. Une petite pensée pour Bojan Z, si présent en cette période sur la scène française et depuis quasi fantomatique, peu de nouvelles de cet immense musicien.

Le répertoire est issu des nombreux albums de Texier, « Mucho Calor » est extrait de Canto Negro, « Desaparecido » de Islaz/Colonel Skopje, « Y'a des vautours au Cambodge ? ... » de Holy Lola, et « Barth's Groove » de l’album Strings’ Spirit, pour n’en citer que quatre….

Un label formé de tels talents ne peut que prospérer et d’ailleurs il s’est ouvert aux musiciens étrangers, comme Bill Frisell, Enrico Rava, Joe Lovano, Lee Konitz, Joachim Kühn, Steve Lacy autrefois, et beaucoup d’autres, les réalisations se comptent aujourd’hui en centaines d’albums…

Un très beau souvenir à partager !

Colonel Skopje Live à la Maison de la Culture d'Amiens - Concert anniversaire 30 ans de Label Bleu
Barth's Groove (Live at la Maison de la Culture d’Amiens)
Desaparecido (Live at la Maison de la Culture d’Amiens)
Mucho Calor (Live at la Maison de la Culture d’Amiens)
Y'a des vautours au Cambodge - Henri Texier
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 30 nov. 2025 05:07

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Kali. Z. Fasteau, Kidd Jordan, Newman Taylor Baker – Live At The Kerava Jazz Festival : Finland – (2007)

Voici un trio tout de même étonnant enregistré au « Kerava Jazz Festival », le neuf juin deux mille sept en Finlande. La captation est réussie et l’album ne souffre pas du son, comme certains autres enregistrés par Kali Z. Fasteau.

Cette dernière joue à son habitude de nombreux instruments, du mizmar, du piano, de la flûte Nai et d’autres flûtes encore, ou du violoncelle, du violon, du synthé et du sax soprano. Edward « Kidd » Jordan joue du saxophone ténor, c’est grâce à lui si tous les profits générés par ce concert et la vente des albums reviendront à la « Louis Armstrong School of Jazz » de la Nouvelle Orleans.

Le troisième musicien est Newman Taylor Baker, batteur et joueur des fameux « Talking drums » ou tama. C’est un grand plaisir que d’entendre tous ces instruments défiler lors du concert ! Bien qu’elles aient des racines communes, les pièces semblent vouloir se différencier terriblement avec ces sonorités changeantes et toujours nouvelles. Par ailleurs l’improvisation, très inspirée, est reine sur ce bel album qui tient bon tout du long, d’autant que Edward « Kidd » Jordan est excellentissime au ténor…

Le Mizmar ouvre l’album avec « Sound Transport », puis fait place à la flûte Nai et aux Talking drums sur « Reed Trance Plant », « Received Wisdom » s’éclaire au son du violoncelle qui dialogue avec le ténor et « Violit Violines » s’orne du son du violon, je n’énumère pas la liste des neuf pièces, mais la multiplicité des sons assure une grande diversité.

Cette musique pourrait être étiquetée de free jazz, sans que ce soit scandaleux, mais on pourrait parler de musique terreuse ou organique, ancrée dans les folklores et les traditions, d’où sont issus certains de ces instruments. Une sorte de mariage réussi du vieux et du neuf…

Ici on dépasse les soixante-deux minutes sans y prendre garde. Kali Fasteau a signé toutes les pièces, Kidd Jordan en cosigne trois et le trio une autre. La dernière pièce, « Sound Science » termine merveilleusement cet album.

Sound Tranceport
Talking Trance
Sibelius Suite
Exponential Time
Sound Science
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 1 déc. 2025 04:56

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I.P.A. – I Just Did Say Something – (2016)

Un album enregistré par un groupe dont le sigle, I.P.A., m’est encore inconnu. Trois norvégiens et deux suédois le composent. Côté norvégien il y a Atle Nymo au saxophone ténor et à la clarinette basse, Håkon Mjåset Johansen à la batterie et Ingebrigt Håker Flaten à la contrebasse.

Côté Suède on retrouve Magnus Broo à la trompette, on l’a déjà évoqué un peu plus haut avec la formation « Platform 1 », ainsi que Mattias Ståhl qui est le vibraphoniste de la formation.

Voici ce que déclarait Nymo : « Nous sommes définitivement influencés par Don Cherry. Je nous considère comme faisant partie de cette scène jazz scandinave, mais nous sommes ouverts aux influences de partout. Nous couvrons vraiment beaucoup de terrain. »

En effet l’influence du trompettiste est évidente, ainsi que celle de son compère Ornette Coleman. Nous voilà replongés dans ces années soixante, qui furent si essentielles au jazz, au carrefour du bop complètement assimilé, et du free naissant.

On plonge dans cette période où les choix furent décisifs et importants, le quintet prouve aussi que tout n’a pas été dit, et qu’il est bon de creuser davantage, les mélodies sont présentes, souvent simples et évidentes. C’est le travail sur l’harmonie qui est le plus ouvert et le plus free, comme pour Coltrane qui défriche encore et toujours en cette période, la rythmique est riche et peut sembler légèrement azimutée, si on la compare au solide be-bop.

C’est une musique qui sait se livre facilement, en même temps qu’elle cultive urgence et complexité intérieure. Chaque musicien joue sa carte avec adresse tout au long de ces neuf pièces, toutes de longueur moyenne, pour un album qui s’approche de l’heure.

Difficile de ne pas saluer le niveau des musiciens et des solistes, que ce soit Nymo, Broo ou Ståhl, sax, trompette et vibraphone régalent tout du long, bien accompagnés par une rythmique de surdoués.

Un album vraiment agréable qui s’intéresse à une brève période du jazz si décisive pourtant. Un choix osé et parfaitement maîtrisé qui mérite toute l’attention des amateurs.

Sir William
Sayembara
Majken
Slakt Sving
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 2 déc. 2025 04:59

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Anna Butterss – Mighty Vertebrate – (2024)

Anna Butterss est une bassiste australienne installée à Los Angeles, « Mighty Vertebrate » est son second album en tant que leader unique, après « Activities » paru en deux mille deux. Ce dernier effort est paru sur le label chicagoan « International Anthem » sur un double LP, mais on le trouvera à prix plus accessible en Cd.

L’album est très sympa et très agréable à l’écoute, plutôt varié il ne demande guère d’effort, il suffit de se laisser porter pour accéder au charme. Pour autant il est travaillé, avec un son plutôt actuel, bien produit, avec des ramifications pop, rock et électro qui vont bien, mais on pourrait ajouter aussitôt jazz et musique expérimentale, car l’aventure sonore fait partie du voyage.

On remarque les participations de Ben Lumsdaine à la batterie, guitare et production, Josh Johnson au saxophone alto et Gregory Uhlmann à la guitare et aux différents effets, ainsi qu'une apparition remarquée de Jeff Parker sur « Dance Steve ».

Anna Butterss elle-même joue de la contrebasse, de la basse électrique, de la guitare, des synthés, de la flûte ainsi que de la « drum machine ». Ce mélange habile et souvent planant va bien, et s’harmonise parfaitement avec l’écurie International Anthem qui possède pas mal de représentants dans ces chercheurs de nouveaux sons, avec en tête Carlos Niño ou Makaya McCraven.

On remarque quelques pièces fondatrices, comme l’ouverture « Bishop », ou « Dance Steve » avec l’invité Jeff Parker. Il y a également le majestueux et cinématographique « Seeing You » qui s’impose, on pourrait également citer « Pokemans » dans les belles réussites.

Vraiment un bon album.

Bishop
Dance Steve
Seeing You
Pokemans
Shorn
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 3 déc. 2025 04:05

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Children Of The Sun – Ofamfa – (2024)

Avec cet album on sort des sentiers battus, du jazz ordinaire, et on franchit une sorte de « cap ». Il faut savoir que l’original de « Ofamfa », paru sur le label bien nommé « Universal Justice Records » est paru en l’année soixante-douze. C’est tout autant un album jazz, qu’un manifeste…

La formation « The Children Of The Sun » est dirigée par le poète – musicien, « Ajule » aka Bruce Rutlin, le contenu n’est pas que musical et contient de la poésie, de la chanson engagée, voire militante. Les musiciens rassemblés ici appartiennent tous au BAG, c’est-à-dire au Black Artist Group, basé à St Louis.

Le BAG « est une association libre de jeunes hommes et femmes noirs, est une force créatrice puissante et fertile ; un groupe qui a apporté une créativité forte/fraîche/inspirante dans les domaines de la musique, de l’écriture, de la danse et du drame », cet album possède une portée historique évidente qui le singularise et en fait un album qui dépasse le cadre ordinaire du jazz.

Outre Ajule, voici les membres qui le composent. Carl Arzinia Richardson est le bassiste, il joue, comme tous les autres, de « petits instruments », Rashu Aten joue de la conga, Vincent Terrell du violoncelle, Oliver Lake des saxophones, de la flûte et de la voix, Charles "Bobo" Shaw de la batterie, Ishac Rajab et Floyd LeFlore de la trompette.

Il faut également préciser que sont également cités les « danseuses ayant travaillé avec le groupe » : Carolyn Zachary, Etta Jackson, Johadi et Sandra Weaver. Le document est assez court puis qu’il tourne autour des trente-six minutes, mais ravira certains, ceux qui aiment creuser aux racines, à la recherche de l’authenticité.

Il est à noter qu’une réédition récente, que beaucoup attendaient, permet à tous de bénéficier à prix raisonnable d’un album qui fut longtemps très recherché et qui est devenu, dans sa version originale, un collector.

« Nous sommes nouveaux, oui nous sommes vieux, avant et après les vents puissants du changement et de la révolution. Le "Groupe d'Artistes Noirs" était là ! Oui nous sommes le désastre, les tons ruinés des souvenirs anciens, et le bruit des eaux courantes, les feuilles chantantes flirtant avec l'air idiot, et oui la lumière du soleil éclaboussait les visages sombres et ridés, les vents soupiraient, conduisant les saisons, les gémissements doués des amants chéris, oui, oui, oui, les visages sereins de beaux enfants ! Les nôtres ......... »

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Trane Song
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 4 déc. 2025 04:02

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Shizuo Uchida – Only A Live Solo Bass – (2009)

Le label « An'archives » aurait débuté son existence dans ces années-là, car celui-ci porte l’indication [An' 2], ce qui le situerait en deuxième position dans la liste des sorties. C’est un album Cdr, enregistré le vingt octobre deux mille-huit, qui plus est, limité à soixante-quinze exemplaires.

On retrouve déjà le goût pour le Japon, sa musique, sa culture, et tout ce qui s’y rapporte. Le format plus haut, le obi, l’attention méticuleuse à l’artwork, tout rappelle la précision de la finition, typique jusque dans les moindres petits détails, comme le « die-cut » de la pochette.

A l’intérieur de celle-ci on peut lire « Only a live solo bass by Uchida Shizuo ». Je ne vais pas aller contre ce qui est indiqué, puisque c’est écrit, c’est sûrement le cas. Mais il faut ajouter une contribution électronique, ou du moins des effets, qui s’entendent presque tout du long.

Ce travail sur le son de la basse suggère des drones, des séquences grondantes, qui se rapprochent de la musique noise, mais ne cède pas à la tentation du bruit ou du cri.

L’album est donc original, pas très concurrencé dans son créneau, plutôt doux bien que grave, il crée un univers sonore étonnant, le temps de la composition qui dure vingt-six minutes et quatorze secondes.

Des applaudissements s’entendent à la fin, l’album a été enregistré en effet à Urga, la célèbre salle de concert située à Kabukicho, Shinjuku, à Tokyo. Ne vous y rendez cependant pas, vous seriez déçu : la salle a été fermée en deux mille seize…

Faute d'extrait je vous propose ce lien de deux mille dix-huit qui permet de se faire une idée.

内田静男 shizuo uchida
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 5 déc. 2025 03:49

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Jeanne Lee – Natural Affinities – (1992)

En regardant bien la discographie de Jeanne Lee, riche en chefs d’œuvre, on s’aperçoit qu’elle n’a guère été seule leader d’un album, sans doute « Conspiracy » de soixante-quinze, et celui-ci de quatre-vingt-douze, je n’en vois pas d’autre…

C’est peut-être bête, mais cette observation produit sur moi un certain effet et donne une valeur supplémentaire à cet album. Mais de toute façon dès la première pièce nous sommes confrontés à un truc hors-norme, un hommage à Charles Mingus vraiment remarquable, qui s’appelle tout simplement « Mingus Meditations ».

La compo est signée de Jeanne Lee qui chante et de Dave Holland qui l’accompagne à la contrebasse, mais il y a un troisième signataire, Charles Mingus lui-même puisque les paroles sont extraites de son ouvrage « Beneath the Underdog ». Jeanne Lee nous offre un « parlé /chanté » plutôt merveilleux, ainsi la pièce de douze minutes s’écoule en nous projetant dans un autre monde, « pépite » diront les amateurs.

Après être passé par un standard, « I Thought About You », un nouveau grand moment avec une pièce qu’elle cosigne avec son compagnon Gunter Hampel, lui pour la musique et elle pour les paroles, « Journey To Edaneres », un nouveau voyage de douze minutes qui nous embarque à nouveau vers un trip bien sympa.

Gunter joue du vibraphone et de la flûte, Amina Claudine Myers du piano, Lisle Atkinson tient la basse et Newman Baker la batterie. La musique est tout simplement envoûtante, avec un piano hypnotique qui nous piège comme il faut, tandis que le vibraphone nous emmène loin…

Un petit mot pour saluer le trompettiste Wadada Leo Smith qui accompagne Jeanne sur les trois pistes suivantes, celles-ci s’inscrivent également dans la logique de l’album, continuant le tissage adroit et habile de cette œuvre un poil étrange, mais toujours fascinante, et certainement pas banale…

L’adjonction d’un livret, avec les paroles, est très apprécié et permet aux faibles de ne pas être trop vite largué. Un album à écouter.

Mingus Meditations
Journey To Edaneres
Peace Chorale I / Bushwhacked / Peace Chorale II
Trilogy
Ambrosia Mama (Celebration Of A State Of Grace)
We will dance again...

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Douglas
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 6 déc. 2025 04:02

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Dave Burrell Full-Blown Trio – Expansion – (2004)

Je suppose que pour beaucoup Dave Burrell est plus connu pour ses enregistrements free sur Byg Records, « Echo » et « La vie de Bohème », que pour le reste de sa production, s’arrêter là serait pourtant une erreur, car chaque fois que je l’ai abordé dans un autre contexte, j’ai écouté un musicien pour ainsi dire « énorme » !

Le « Full-Blown Trio » le voit en compagnie de pointures de haut vol, William Parker à la contrebasse et Andrew Cyrille à la batterie, deux monstres de leur instrument respectif, dites-vous bien que Dave Burrell est, lui aussi, membre de la famille !

Sept pièces et une quarantaine de minutes sont au menu, si le free des années Byg n’a pas perduré, il n’a pas disparu complètement et Burrell est capable de tout, y compris d’une reprise en solo de la pièce d’Irving Berlin, « They Say It's Wonderful », aux caractéristiques assez classiques dans une approche jazz.

La seconde pièce « Double Heartbeat » est, elle, bien free et décapsulée, ça bouillonne de tous côtés, on y entend un Andrew Cyrille libéré qui excelle, une autre pièce assez étonnante le doit à William Parker qui joue d’enfer, avec l’archet de sa basse sur le très beau « Cryin' Out Loud ».

« About Face » est également surprenant puisqu’il semble s’inscrire dans une démarche militaire, suggérant une sorte de marche de soldats au pas, le tambour de Cyrille joue la dramaturgie militaire et on y croit. Mais on sent également poindre une douce ironie dans ces répétitions autistiques…

« In the Balance » est certainement une des plus douces pièces ici, quasi folk avec William Parker qui joue merveilleusement de la kora, tandis que Cyrille ornemente la pièce de sonorités chatoyantes et que Burrell avance exquis dans la compo.

« Coup d’Etat », et son balancement léger, termine ce magnifique album fort bien réussi, l’un des plus variés et des plus beaux concernant la classique formule du trio.

Expansion
Double Heartbeat
Cryin' Out Loud
About Face
In The Balance
We will dance again...

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