A la demande générale de
Danzik (comme souvent

) je vous remets ma bafouille sur
RAM. C'est la même que sur le précédent forum, cela dit pour éviter des relectures intempestives.
La première, la deuxième, la troisième et la quatrième fois que j’ai écouté RAM de Paul & Linda McCartney. (Plus bonus)
Première fois.
Mine de rien, il commence à me faire confiance, le vendeur de disques. Je viens régulièrement avec ma mitraille pour lui acheter des trucs et je repars avec presque rien dans mon porte monnaie en forme de coquille Saint Jacques. Il aura fallu plusieurs achats pour qu’il arrête d’être hostile, mais c’est fait. Il ne recompte plus toutes les petites pièces avec moi et il m’a même lancé, presque amical : « A la prochaine ! Comme on dit… »
Je voulais qu’il m’ait à la bonne pour que je puisse passer du temps à fouiner dans ses bacs sans l’avoir sur le dos. Pas pour piquer des disques, hein, avec une éducation comme la mienne, je ne vole rien, pas même une allumette, mais pour qu’il me laisse tout regarder sans dire : « Allez, la récré est finie, on sort dans l’ordre et sans bruit. » comme il le disait immanquablement, en pensant être très drôle, toutes les premières fois que je venais dans sa boutique. Maintenant, je peux venir sans rien acheter et mater ses nouveautés. Son truc, c’est le classique, tout est très bien rangé dans ce rayon-là, mais pour la Pop, c’est le bordel. Il met ce qu’il reçoit en paquet sans trier, que ce soient les 45 tours ou les 33 tours.
Pink Floyd, Beatles, et tout le reste ensemble. Il n’y a que
Johnny qui ne soit pas en vrac ! Alors je les range… Je ne peux pas tous me les payer, mais je fais chez lui comme je ferais chez moi si les disques m’appartenaient. J’ai l’impression qu’ils sont un peu à moi. Je ne range pas tout, il y en a trop, mais quand je reviens, je vois si un 45 tours des
Beatles manque ou un 33 de
Pink Floyd. J’imagine la nana ou le mec qui l’a acheté. C’est mieux quand c’est moi, évidemment.
Là, je ressors avec
RAM, le deuxième
McCartney. A part des énormes tubes, des
Sheila ou
Claude François, il n’a aucun disque en double. Je lui ai donc précisé que je venais d’acheter son unique exemplaire de
RAM pour qu’il en recommande, je pense au suivant qui le voudra et qui ne le trouvera pas. Il a l’air de s’en foutre mais il l’a quand même noté. Je lui ai dit que c’était susceptible de se vendre autant que les
Beatles, c’est peut-être l’argument qui a marché.
Je vais l’écouter plusieurs fois tout seul avant de l’apporter à une des écoutes collectives que nous organisons dès que c’est possible chez un ou une de mes copines et potes. Je pourrai faire des petits gestes pour leur signaler les moments forts et dans les discussions, j’aurai des arguments car je connaîtrai par cœur certains passages.
La pochette est sympa, comme dessinée et collée par un enfant alors que c’est
McCartney qui l’a faite lui-même. Dedans, on peut lire : «
By Paul and Linda ».
Ma clique est Peace and Love, ils vont aimer, c’est obligé. Il a l’air d’être vachement « in Love » le Paulo, même « into Love », signer son disque avec sa femme, c’est rare. Et avec ses lardons au dos de la pochette et sa Linda enceinte allongée sur un canapé au centre, il est forcément « for Peace ». La vie de famille idyllique ne rend pas va-t-en-guerre.
La première écoute est fantastique. Je voulais prendre des notes comme le fait Sandrine mais la mine de mon Bic clic clac est restée à l’intérieur du stylo. J’ai tout écouté d’un coup en changeant de face le plus vite possible. Le premier morceau qui m’a retourné c’est
Uncle Albert Admiral Halsey qui s’enchaîne sur
Smile Away, le dernier morceau de la face A. On dirait comme la face B d’
Abbey Road en condensé. La face B de
RAM démarre avec deux titres bien différents,
Heart of the Country presque acoustique où on retrouve la voix du
McCartney en balade et
Monkberry Moon Delight où il est en colère comme dans
Helter Skelter et avec un refrain qui dit : « Ketchup, soup and purée », je n’ai compris que ça, ça doit être marrant. Je vais convier Sandrine à une écoute de décryptage des paroles et j’y verrai plus clair. Avec le reste des chansons, ça fait un 33 tours que je classe d’ores et déjà parmi mes disques préférés. Ca va être un plaisir de présenter ça aux autres : « M’sieur Dames, le
McCartney, il a fait un disque des
Beatles à lui tout seul ! »
C’est ce que je leur dis.
Et ils m’engueulent !
- Un disque de
Beatles ? T’es malade ! C’est de la soupe.
- Mais tu déconnes ! Tu l’as pas écouté, ce disque. Il est complet, il y en a pour tous les goûts de ceux qui aiment les
Beatles. Je te dis qu’il sait faire les
Beatles à lui tout seul. Il y a même comme une mini face B d’
Abbey Road.
- J’ai pas tout écouté, mais j’en ai entendu assez. On va pas passer la soirée à écouter de la variété. On veut de la Pop ou du Rock, pas de la musique pour minettes.
- Mais tu dis n’importe-quoi ! C’est pas de la variété. Des chansons d’amour, il y en avait des tonnes dans les disques des
Beatles.
- Ouais, c’est pas leurs meilleures et il fait comme s’il l’avait écrit avec sa gonzesse. Qu’est-ce qu’elle vient foutre là-dedans ?
- Elle joue, elle chante. Pis elle vit avec lui, elle l’influence, elle fait des photos. Il l’aime…
- Je suis sûr qu’elle joue de rien, c’est pas une musicienne, c’est trafiqué. Il a pris la grosse tête,
McCartney, il a osé auditionner des musiciens super bons, il se prend pour le chef. T’as pas lu la critique de
Chabiron dans
Rock & Folk ?
- Si on l’écoute ensemble, vous changerez d’avis !
- Non. C’est pas la peine de l’apporter, on en veut pas de ton disque, c’est de la guimauve. Comme
Another Day.
- Tu l’as pas entendu en entier ! Alors c’est fini ta grande tirade sur l’honnêteté : « Pas d’avis définitif avant d’avoir tout bien écouté ». Là, tu en connais que des bribes et tu dis que c’est de la merde, c’est pas réglo !
- Tu me fais chier avec ton disque, si un nouveau
Mireille Mathieu sortait, tu nous dirais pas de l’écouter avant d’avoir un avis. C’est plein de bons sentiments gnan-gnan, en plus. On s’en fout qu’il soit amoureux.
L’argument «
Mireille Mathieu » a tué mes envies de répondre. Devant tant de mauvaise foi, je préfère ne plus rien dire sinon je vais lui taper dessus.
Quand j’ai des problèmes avec un disque, il n’y a qu’une seule solution, un cri : « Sandriiiine ! Au secours ! »
Elle seule saura dire ce qu’il faut. Quand on parle de
Lennon, elle refuse de causer de
Yoko. Elle dit qu’il faut écouter la musique, c’est ce qui compte. Le reste n’a pas d’importance. Elle a forcément écouté
RAM. Elle parlera d’or, comme d’habitude. C’est pourquoi j’ai bon espoir qu’elle soit d’accord avec moi.
- Alors,
RAM ?
- Bof…
- Hein ? Toi aussi ? Me dis pas que c’est de la varièt’ comme les autres !
- Non, faut pas exagérer mais… Bof.
- Qu’est-ce qu’il y a qui te plaît pas ?
- Je sais pas trop mais j’y ai pas trouvé ce que j’attendais. On en attend peut-être trop. Il est rangé et amoureux maintenant. Les journaux pour minettes en disent du bien…
- Mais on s’en fout de ce que disent les journaux. C’est pas ce qu’on dit depuis qu’on écoute de la Pop : on aime ce qu’on veut sans se soucier de ce qu’en disent les autres ? Quand ils ont descendu
Grand Funk, on leur a pas dit d’aller se faire foutre ?
- Ouais, tu as raison. Mais comme je n’aime pas vraiment, je me vois pas t’aider à le défendre.
Même Sandrine ! Je suis seul.
Enfin pas tout à fait. Le canard pour filles,
Mademoiselle Age Tendre, en dit du bien et les nanas du bahut qui aiment bien
Lenorman et
Clerc aussi. Mais je n’irai pas en parler avec elles, pas que je répugne à discuter avec qui que ce soit, ma réputation est de parler avec tout le monde, même les parents, et c’est ce que je fais. Ca me permet de ne pas être mal vu quelque soit la personne à qui je m’adresse. Pour tout dire, j’aime bien parler avec elles, elles sont gentilles, même un peu trop. Elles me font de la peine c’est pour ça que je les évite. Quand on parle de musique ou de culture, elles ont un complexe qui leur fait dire des phrases que je trouve tristes : « Oh moi, je ne connais pas autant de choses que toi, j’aime des trucs de minettes, je ne suis pas une fille très intéressante… » Quand je m’indigne de tant de déconsidération de soi, ça n’arrange rien. Si elles savaient… Si je râle aussi fort, c’est que j’ai peur, moi-aussi, de ne pas être si intéressant que ça.
Je sais que les artistes s’en foutent que je les abandonne. Je ne suis qu’un cinq milliardième de la population, autant dire rien. Mais je suis coincé dans ma tête, pas de chance qu’on m’en sorte pour une autre plus confortable. Par peur du risque d’excommunication, j’ai déjà abandonné
Mary Hopkin et j’en ai presque fait des cauchemars. Je ne pourrai pas abandonner
McCartney, pas ce disque-là. Je l’aime vraiment. Je l’écouterai donc seul.
Je pensais qu’avant chaque écoute il me faudrait me débarrasser de toutes les vacheries que j’ai entendues sur lui, mais c’est inutile. La musique me plonge dans son monde et le monde, le vrai, n’a plus grande importance. Je pensais que j’aurais une sorte de fierté à être le seul à aimer un disque mais ce n’est pas le cas. Je me sens plutôt prétentieux. Pour qui je me prends ! Tous les autres n’aiment pas et je trouve qu’ils ont tous tort. Putain de crâneur ! Mais peu importe, quand j’écoute la musique, cette impression désagréable disparaît elle-aussi. Je suis moi en mieux. Et c’est pas du luxe. Comme quand je suis amoureux. Je m’aimerais presque. Ca va pas très loin dans l’amour de soi, faut pas pousser non plus, mais c’est agréable.
Justement, quelques années après, je suis raide amoureux. Et marié ! C’est la transformation, la transmutation, la métamorphose. Je ne trouve pas de mot juste pour exprimer la force du changement. Les gens qui m’ont connu avant sont totalement incrédules et ceux qui m’ont connu après pensaient que j’étais né marié, en gros.
Je comprends parfaitement le
Macca qui dit : «
Wherever I went Linda would just be with me. That was one of the amazing things about our relationship actually ; a fact that never really seemed to me - or her, I think – to be unusual. “
Un de ces après-midi dont on sait qu’il finira au lit, on écoute de la musique. Je mets
RAM sur la platine. Je n’attends pas qu’elle aime le disque ni même qu’elle en dise du bien. Elle aime ce qu’elle veut et moi je l’aime tellement, elle, que je ne serai pas déçu quelle que soit sa réaction.
Elle dit : « C’est
RAM, c’est ça ? Je ne l’avais jamais écouté en entier. C’est très bien, on dirait un peu un disque des
Beatles fait par
McCartney tout seul avec sa femme. »
Je lui raconte toute l’histoire. Elle est aussi ébahie que moi. Et elle sourit.
J’ai des milliers de raisons de l’aimer : Les centaines de millimètres carrés de sa peau douce, ses multiples sourires, mines et expressions bouleversantes, sa manière de résoudre des problèmes bien au-delà de la compréhension du commun des mortels (moi, principalement) sans jamais frimer, sa façon de placer le rock dur à guitares dans ses musiques préférées et sa tendresse vis-à-vis des enfants. Et là, je résume. J’ajoute à ça et à tout ce que je n’ai pas dit : elle aime
RAM.
J’ai ressenti la même chose que
Paulo et lui la même chose que moi : «
Her love came through and brought me round, got me up and around » (Dear Boy). Lui ne fait pas des listes pudiques qui énervent quand même mes collègues quand je les énumère, il fait des chansons. Il raconte la simple journée où il est émerveillé par des détails insignifiants du comportement de sa
Linda, « elle prend son bain, se sèche les cheveux »
(Another Day). Il lui dit qu’il veut passer la soirée à la maison, « on bouffe au lit » (
Eat at Home). Il admire simplement ses cheveux
(Long Haired Lady) etc… Il est dans une relation honnie par les gens qui pensent bien : un couple fusionnel. Et il énerve tout le monde ou presque. C’est parfois difficile à supporter et à comprendre mais c’est comme ça. On se console en sachant que dans un tel couple, quand l’un des deux veut fusionner, l’autre accourt immédiatement. Souvent, on n’a même pas besoin de parler.
Deuxième fois.
Dans ma
FNAC Parinor, il n’y a pas tous les disques que je voudrais, loin de là. Mais j’aime bien y aller quand même. C’est dans cet endroit où un vendeur écrivait des critiques hilarantes sur les petits présentoirs prévus pour. Sur un disque en écoute, une daube terrible, la phrase était : « Repose ça tout de suite ! » Je l’avais photographiée avec mon téléphone. A une époque, on y allait le soir après bouffer. Une de ces soirées, j’errais entre les rayons pendant que ma femme faisait de même dans les bouquins. Je rangeais certains disques qui n’étaient pas à leur place, j’aime bien le faire quand c’est possible, ça me rappelle quand j’étais petit, quand j’entends les premières notes de «
Too Many People », le premier morceau de
RAM ? Puis «
3 legs » ? Puis «
Ram On » ? Je vais me placer sous les hauts parleurs qui sont dissimulés dans le plafond et j’entends la suite du disque. Je cherche des yeux une personne au look bizarre qui pourrait être responsable de l’exécution en entier de
RAM dans un magasin grand public. Pourquoi au look bizarre ? Ca ne peut pas en être autrement, s’il y avait plus de monde dans les rayons, les gens manifesteraient leur mécontentement. Celui ou celle qui a mis ce disque ne peut qu’être étrange. Mais nous ne sommes que deux, moi et un vendeur très jeune.
Il semble connaître le disque, il bouge en rythme et chantonne imperceptiblement. Passé le moment où j’attends une interruption qui ne se produit pas pour le changement de face, les morceaux se suivent dans l’ordre jusqu’au dernier,
The Back Seat of my Car.
Je m’approche du vendeur qui est étonnamment normal et lui demande :
- C’est vous qui avez mis ça ?
- Oui, il est chouette le
RAM, non ? Ca fait plaisir à entendre. On met des tas de trucs pas terribles dans la journée alors le soir, je me régale. J’ai le temps d’écouter deux ou trois bons disques avant que ça ferme. Je me prive pas.
- Je l’aime beaucoup… Mais alors vous aussi aimez ça ?
- Oui, je l’ai entendu de temps en temps quand j’étais môme et je l’ai redécouvert là, ils l’ont sorti en CD. Il est très fort ce
McCartney. Qu’est-ce que je peux faire pour vous ?
- Ben… Me le vendre ! Je l’ai qu’en 33 tours. Je vais pouvoir l’écouter dans ma bagnole.
Il était pas né en 71, ce mec-là. Si des jeunots se mettent à
RAM il y a des vieux qui vont regretter le mal qu’ils en ont dit à sa sortie.
Ma femme arrive les mains vides comme d’habitude, c’est la seule personne que je connaisse qui peut se promener des heures dans les magasins sans acheter quoi que ce soit. C’est pas mon cas. Elle voit mon CD :
- Cool !
RAM en CD. On va pouvoir l’écouter dans la voiture.
- C’est un jeune mec qu’était même pas né quand c’est sorti qui le passait en entier et il kiffait, tu te rends compte ?
- Bien sûr, c’est un bon disque. Ils ont pas les mêmes préjugés que les vieux cons de notre époque. Ils en ont d’autres, mais ça permet au vent de tourner. T’es content ?
- Ben oui… Je suis épaté, surtout.
RAM peut être à la mode chez les jeunes gens de goût. Sans déconner ?
Troisième fois.
Paul McCartney décide de rééditer tous ses disques petit à petit. Bien que je sois sans arrêt sur le web à chercher des tas de trucs de musique et que je participe à un forum d’érudits ou je fais pâle figure, la plupart des inscrits en connait plus que moi,
le Forum Rock 60/70, je ne suis au courant de la nouvelle que pour la réédition de
RAM. Ce n’est pas si grave vu que c’est le
Macca que je préfère. Ce qui m’attire, c’est qu’il y a un pressage en 33 tours du disque original avec un disque de bonus où seront les 45 tours sortis à l’époque sans se retrouver sur un album.
Another Day,
Oh Woman Oh Why, etc… remasterisés sur un grand disque. Sur la page du vendeur en ligne pas gentil avec ses employés, il y a aussi une version intrigante : la pochette en est toute blanche et elle est présentée comme
RAM en mono. Je pensais qu’en 1971 le mono était abandonné depuis plusieurs années mais les radios étaient en « Grandes Ondes » pour la plupart et les rares stations en Modulation de Fréquences émettaient principalement en mono et parfois en stéréo ce qui n’avait réellement d’intérêt que pour les très rares possesseurs de postes avec deux hauts parleurs. Beaucoup de disques bénéficiaient d’un mixage mono dans ce but. Pour
RAM, c’est
Paulo en personne qui s’en était chargé, comme à la grande époque des
Beatles où ils mixaient leurs albums en mono et où ils laissaient la stéréo à qui voudrait bien.
Mon sentiment que
RAM est un disque digne des
Beatles est renforcé par ce mixage. Tout sonne
Fab’ Four traité de la sorte.
Uncle Albert et
Monkberry Moon Delight semblent sortis du
Double Blanc et
Heart of the Country de
Rubber Soul.
Je ne sais pas si Paul voulait se démarquer des
Beatles comme ça a été écrit. Mais il fait le Fab’ One tellement bien… Et puis il est quand même un des quatre qui soit expressément autorisé à le faire.
Quatrième fois.
En cherchant des tuyaux pour ne plus rater aucune réédition du catalogue
McCartney, je fais une découverte qui me cloue. Il existe depuis 1977 (1977 !) une autre version de
RAM. Une version orchestrale arrangée par un musicien classique mandaté par Paul lui-même. Voulant faire quelque chose d’anonyme, il ne fait que superviser de loin le boulot et nie toute participation au travail. Avec
Linda, il trouve un pseudonyme ridicule,
Percy « thrills » Thrillington qui sera crédité de l’idée et de sa réalisation. Cette version met six ans à sortir et n’a aucun succès. Elle est pourtant étonnante. Aucun mot n’est chanté, les instruments qui jouent les mélodies chantées à l’origine sont joués parfois pour singer la voix. Le résultat global est un mix onirique flottant entre
Gershwin et les bandes originales des films de
Chaplin.
Bonus.
Ma femme avait raison, le vent a tourné. On lit de plus en plus de critiques élogieuses de
RAM dans les journaux et sur le net. J’ignore ce qui s’est passé pour que tous ces gens retournent leurs vestes mais même le magazine
Rolling Stone qui avait descendu le disque à sa sortie a revu à la hausse les étoiles qu’il lui avait attribuées initialement ce qu’il ne fait pratiquement jamais. J’espère qu’ils sont tous devenus amoureux.
Paulo a eu soixante dix ans ! « Je suis là, emprisonné dans un corps de vieux » comme il le disait dans une interview. Un Danois, fan absolu, multi instrumentiste,
Tim Christensen a monté un groupe occasionnel pour lui rendre hommage et il a choisi
RAM comme album à jouer en entier et dans l’ordre le soir de la date anniversaire. Il a eu la bonne idée de recruter des pointures parmi lesquelles on trouve
Tracy Bonham, une excellente chanteuse elle aussi multi instrumentiste, qui fait plus que figurer
Linda dans le line up puisqu’elle fait le chant lead sur quelques morceaux. Les reprises sont pur jus et la fête complète.
Tous ces gens heureux d’écouter ces morceaux et les critiques positives ont un peu modifié mon abord de ce disque. Pas beaucoup, l’impression de départ étant tenace, je ne me sens pas faisant partie d’une vague ou d’un mouvement comme avec certaines œuvres. Simplement, je ne suis plus tout seul à être seul.