J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

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Douglas
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 7 nov. 2020 21:54

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Où il est question à nouveau de Raymond Boni, de sa guitare, et même de son harmonica, mais surtout de ses proches et de ceux qu’il affectionne : Voici « Boni’s Family » ! Avant tout on pense à son frère contrebassiste, Bastien qui est souvent son partenaire, mais il faut encore ajouter à cette fraternité une amie, Geneviève Sorin, chorégraphe mais aussi musicienne puisqu’elle joue du piano, bien que, sur cet album, elle se contente du « piano du pauvre » : l’accordéon !

Basse, guitare, accordéon et harmonica, ça tient la route, maintient la barque à flot et assure l’assiette de l’aéroplane, c’est sûr on arrivera à destination, à bon port après l’atterrissage ! C’est ainsi qu’on débarque à Pernes-Les-Fontaines, aux Studios La Buissonne que l’on commence à bien connaître désormais, climat chaud et « son » impeccable !

C’est la famille, on sent les choses sans les dire, on fait, tout simplement. Le poids du temps qui réunit, la transmission commune héritée des générations précédentes, mais aussi l’urgence partagée, la nécessité de l’improvisation, du langage qui se crée, ensemble, à trois.

Les formes sont là, le tango, la valse, la musette un peu, le jazz manouche qu’on admire, mais aussi la musique libre qui court et qu’on rattrape. A chacun son rôle, le son de l’accordéon donne la forme et le genre, la basse assure l’ossature et forme le squelette, la guitare électrique ajoute le sel et l’épice, l’esprit et l’imagination vagabonde.

« After The Rap » nous promet l’album, un voyage en neuf étapes diverses et variées, près de soixante minutes riches de climats changeants, parfois convenus mais le plus souvent surprenants et insaisissables…

Les feuilles


Le voleur d'harmonica


After the Rap


La redonne
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 8 nov. 2020 14:53

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Avec « The Goofy June Bug » on retrouve quelques noms récemment cités, celui d’Ig Henneman qui a produit cet album ainsi que celui d’Ab Baars, dont le trio est à l’œuvre. On remarque également la présence de Ken Vandermark dans le rôle de l’invité de marque.

Ab Baars est un saxophoniste et clarinettiste néerlandais qui joue également, sur deux morceaux, du Shakuhachi, la flûte de bambou japonaise. Il est accompagné par deux membres de son trio, Wilbert De Joode à la basse et Martin Van Duynhoven à la batterie. Tous les trois sont des membres historiques de la formation « ICP » autrefois menée par Misha Mengelberg et animée par Han Bennink. Des musiciens foufous, anars et géniaux.

Ken Vandermark est également saxophoniste et clarinettiste, il est américain et s’est installé à Chicago, comme d’autres il lui est arrivé un jour d’écouter Joe McPhee et ça l’a chamboulé, depuis il suit la route, souvent avec Hamid Drake.

Il faut de temps à autre jeter un petit clin d’œil sur le livret qui accompagne, pour les commentaires en étranger d’Eric Van Den Berg mais surtout pour l’ordre des solos entre Ab et Ken, c’est intéressant et parfois surprenant.

Encore un album extrêmement varié comme le précédent ici présenté. « Straws » un hommage à Stravinsky, « Waltz for Monk » tout est dans le titre, « Goofy June Bug » très jazzy, « Prince Of Venosa » à l’ambiance médiévale, « Munmyo » et « The Memory Moves Forward" inspiration Zen, abstraits, contemplatifs et sonorités orientales…

Un bel album aux reflets impressionnistes, qui file à la façon d’une promenade, de tableau en tableau…

Goofy June Bug


Return


Memory Moves Forward


Waltz Four Monk
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Ben-J » dim. 8 nov. 2020 15:13

Douglas a écrit :
jeu. 5 nov. 2020 09:09
vox populi a écrit :
mer. 4 nov. 2020 17:55
Ben-J a écrit :
dim. 18 oct. 2020 16:33
Je poursuis ma découverte de Miles avec un de ses orchestre les plus fulgurant :

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j'avoues n'avoir jamais complètement adhéré à Miles , ce disque est sympa par contre.
Bon je ne dirais pas non plus que c'est un incontournable, mais je l'aime bien
Tu fais bien !
:super:

Cet album sorti en pleine veine électrique (1976) a, en fait été enregistré dans les années 67/68 bien qu'il n'y ait aucune date sur la date de ces enregistrements. L'album est sorti avec un sticker"Progressive rock" qui ne correspond en rien à la musique qui figure à l'intérieur et l'esthétique de la pochette est bien postérieure à la création de cette musique.
En fait c'est un album charnière entre la fin du quintet mythique et la pré-période électrique, à savourer sans réserve donc!
Je n'aurais pas dit mieux ! :kiss2:

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par vox populi » dim. 8 nov. 2020 18:41

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Il y a quelques mois j'ai vu en concert et beaucoup apprécié Laurent Coulondre qui a sortie un album magnifique hommage à Petrucciani.
L'occasion de le réécouter

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 9 nov. 2020 04:14

vox populi a écrit :
dim. 8 nov. 2020 18:41
Image
Il y a quelques mois j'ai vu en concert et beaucoup apprécié Laurent Coulondre qui a sortie un album magnifique hommage à Petrucciani.
L'occasion de le réécouter
Ça doit être celui-ci:
viewtopic.php?f=27&t=103&p=33715&hilit= ... dre#p33715
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 9 nov. 2020 10:42

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Oyez, oyez braves gens, amateurs de free jazz pur jus, certifié d’époque, voici un album miraculé, enregistré par ESP, en deux parties datées de novembre 1968 ! La période n’est pas faste pour le label historique qui peine à sortir de nouveaux enregistrements, celui-ci ne sera alors diffusé que sur quelques dizaines de cassettes. Les bandes sont retrouvées dans leur intégralité et publiées sous la forme d’un Cd en 2007 !

Elles sont signées par le duo Norman Howard à la trompette et Joe Philips au saxophone, si ce dernier a été oublié, il n’en est pas de même pour Norman Howard qui fut le trompettiste d’Albert Ayler lors des sessions de « Spirits » alias « Witches & Devils », ça fleure bon la grande histoire du free tout ça. Norman laissera ensuite la place à Don Ayler, puis à Don Cherry, ainsi s’écrivit, au travers d’Albert Ayler, l’une des plus poignante et des plus belles pages de la free-music.

Il faut dire que Norman vient de Cleveland, la terre natale des frères Ayler et sa musique est fortement imprégnée de l’influence du grand Albert. Joe Philips fait lui aussi plaisir à être entendu, grand musicien de cette ère bénie, il en donne la preuve ici. Les deux sont confortés au sein d’un quartet par Walter Cliff à la contrebasse et Cornelius Millsap à la batterie.

La plupart des morceaux sont signés Joe Philips et révèlent une belle qualité d’écriture comme le morceau « Sad Miss Holiday », un hommage touchant à Billie. Sans atteindre l’expressivité hors norme d’Albert Ayler on s’en approche bien souvent, et son image s’impose à notre esprit au fil de l’écoute, on retrouve ici le lyrisme et le vibrato qui furent la marque et l’empreinte de l’immense saxophoniste.

On peut regretter que ces musiciens n’aient pu persévérer et que ce seul enregistrement de plus de cinquante-cinq minutes reste l’unique témoin de ces temps passés.

Sad Miss Holiday


Haunted


Burn Baby Burn


NxJx
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par vox populi » lun. 9 nov. 2020 17:33

Douglas a écrit :
lun. 9 nov. 2020 04:14
vox populi a écrit :
dim. 8 nov. 2020 18:41
Image
Il y a quelques mois j'ai vu en concert et beaucoup apprécié Laurent Coulondre qui a sortie un album magnifique hommage à Petrucciani.
L'occasion de le réécouter
Ça doit être celui-ci:
viewtopic.php?f=27&t=103&p=33715&hilit= ... dre#p33715
Oui
Grand moment en concert et le disque est très bien aussi :super:

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 10 nov. 2020 06:49

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Andy Haas ‎– Arnhem Land

Voici « Arnhem Land » signé par Andy Haas paru en 1997 sur le label japonais « Avant ». C’est John Zorn qui est à l’origine de ce label spécialisé dans les musiques expérimentales, d’avant-garde ou de free jazz. Ainsi ce sont plus de quatre-vingts albums qui sont parus entre 1992 et 2004. La création de « Tzadik » sonnera la fin du label « Avant » qui recèle pas mal d’albums de très grand intérêt.

Celui-ci par exemple est hors norme. Andy Haas y joue du Didgeridoo ou « didgeridu », cet instrument traditionnel australien est âgé de plus de soixante-cinq mille ans et fait partie de la culture et de la spiritualité des aborigènes. Il est fabriqué à partir d’un tronc d’eucalyptus rongé en son intérieur par les termites. Chaque instrument est unique, pour en jouer il faut utiliser la technique du « souffle continu » ou « souffle circulaire ». Il a la réputation d’être l’instrument le plus ancien du monde à l’exception des percussions.

Je possédais déjà un album autour de cet instrument, « Terra Africa » de Bruno Moury et Christophe Mad’dene, plutôt folk, il ne s’échappait guère d’une certaine tradition, je l’aime beaucoup. Celui-ci je l’ai acquis il y a peu, le temps que son écho arrive à moi, il faut dire qu’il a dû traverser la terre.

Ce qui le différencie du précédent c’est l’approche très actuelle, ainsi le didgeridoo devient-il l’interlocuteur privilégié pour un autre musicien. C’est donc une succession de duos qui s’affiche ici et les intervenants sont des figures des musiques improvisées ou d’avant-garde, gravitant le plus souvent autour de la planète John Zorn.

Ainsi se succèdent à différents instruments Iku Mori, Cyro Baptista, Fred Frith, Anthony Coleman, Makigami Koichi, Cyro Baptista et Keiji Haino. Andy Haas possède une longue pratique de l’instrument et s’inscrit lui aussi dans la modernité, son interprétation est à la fois traditionnelle par la technique utilisée et actuelle dans sa démarche musicale, extrayant des sons inattendus de cet instrument millénaire.

Hélas je n'ai pas trouvé d'extrait.
Modifié en dernier par Douglas le dim. 15 nov. 2020 06:24, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 11 nov. 2020 08:20

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Après un début de carrière prometteuse au début des années soixante Sonny Simmons fit parti de ces musiciens maudits qui connurent une carrière hiératique avec des petits hauts et de grands bas. Condamné à faire la manche pour survivre, il connaîtra une seconde vie à l’âge de soixante ans et vivra en France où son chemin connaitra un parcours plus heureux.

Cet enregistrement par exemple témoigne de cette période faste où sortent de nouveaux albums. Nous voici chez Marge, le label de Gérard Terronès qui accueille le Sonny Simmons quintet avec Sonny au saxophone alto et au cor anglais, le fabuleux Eddie Henderson à la trompette, John Hicks au piano, Curtis Lundy à la contrebasse et Victor Lewis à la batterie. L’album se nomme « Mixolydis » et est enregistré les 27 et 28 juillet 2001 à Paris.

Bien que l’activité de Sonny Simmons soit souvent associée au free jazz ce serait une erreur d’attendre de cet album un retour aux débuts de la part du maître de session, il marque plutôt un pas vers un hard bop survolté qui évoque les débuts d’Ornette Coleman pour le titre d’ouverture « Echoes of Eric Dolphy », ou du modal de bon aloi joué au cor anglais comme sur la très belle reprise de Coltrane « The Promise » ou bien encore une tendre valse sur le titre signé par l’élégant John Hicks « Blues in the Pocket ».

Un album finalement aux contours assez classiques, interprété par de solides musiciens très aguerris qui offrent le meilleur d’eux-mêmes, de quoi passer un bon moment en leur compagnie.

Sonny Simmons Quintet The Promise


Sonny Simmons Quintet - Mixolydis


Sonny Simmons Quintet - Reverend Church


Sonny Simmons Quintet - Echoes Of Eric Dolphy
Modifié en dernier par Douglas le dim. 15 nov. 2020 06:25, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 12 nov. 2020 06:37

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Restons avec le label Marge et Gérard Terronès pour cet enregistrement du Sam Rivers quartet intitulé « Crosscurrent / Live at Jazz Unité » enregistré le 4 avril 1981 à « La Défense », au Jazz Unité, ce grand espace consacré au jazz improvisé qui fermera dès mars 1982 alors que Terronès avait été l’un de ses premiers concepteurs.

Sam Rivers est aux saxophones ténor et soprano à la flûte et au piano, Jerry Byrd à la guitare, Rael Wesley Grant à la basse électrique et Steve Ellington à la batterie. Tous ces musiciens sont fantastiques, le réservoir des grands musiciens est immense aux Etats-Unis et le succès ou la notoriété sont souvent question de chance ou de relation. Il suffit d’écouter l’album pour s’en convaincre.

Jerry Byrd est sans doute le plus connu après Sam Rivers ici, il a fait une belle carrière d’artiste solo, c’est un virtuose plein de feeling et d’à-propos. Rael Wesley est lui aussi énorme, j’ai écouté le vinyle sur ma chaîne et le Cd du même album sur un gros lecteur portable avec augmentation des basses, une fonction dédiée pour la danse, c’était dantesque, la basse de Rael s’adressait directement aux tripes, la sensation était physique sans même pousser le son, ça faisait penser à Jamaaladeen Tacuma ! Quant à Steve Ellington il assure avec toute l’énergie que l’on pourrait souhaiter.

L’album étant un live, et connaissant Sam Rivers, il est quasi improbable de faire tenir huit titres sur les deux faces d’un vinyle, et, bien que ce ne soit noté nulle part, un charcutage a été opéré et ne figure ici qu’une partie du matériel enregistré ce soir-là. Nous avons affaire soit au début des morceaux, soit à la fin ou même à l’entre-deux, heureusement c’est fait très habilement, mais on aurait souhaité l’exhumation des bandes.

Sont présentés en priorité les solos de Sam Rivers, à la flûte sur trois titres, au piano sur un, au soprano sur un autre et au ténor sur les trois qui restent… L’album est vraiment excellent, c’est un témoignage très intéressant car ils ne sont pas si nombreux les albums où il se présente en quartet, profitons-en !

Sam Rivers Quartet - Swirl


Sam Rivers Quartet - Eddy


Crosscurrent (Live)


Breeze (Live)
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 13 nov. 2020 06:31

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Il y a longtemps qu’il n’a pas été question de Paal Nilssen-Love, et bien le voici en compagnie du guitariste Anders Hana avec lequel il a improvisé l’album « AM/FM ». Celui-ci a été enregistré live à « Tou Scene » à Stavanger en Norvège au mois d’août 2004. L'album a connu une première sortie limitée à cent cinquante exemplaires en 2005, puis a été réédité en 2010 sur PNL Records, le label de Paal Nilssen-Love, c’est celui que je possède. Un seul morceau loge sur l’album « AM/FM » qui est très court, trente-trois minutes et douze secondes.

On connait Nilssen-Love, ses qualités de batteur percussionniste, sa fougue légendaire mais aussi la qualité de son toucher quand il faut caresser les peaux. Anders Hana est moins connu mais il a tourné avec pas mal de groupes, allant du grindcore à lla musique expérimentale, il a même fait partie de Jaga Jazzist, mais il n’a pas froid aux yeux, c’est un risque-tout ouvert à tous les excès.

On peut donc en conclure que ces deux-là vont bien ensemble et qu’ils font la paire, c’est un peu l’impression que l’on a, mais, au final, mon ressenti est plutôt calme et serein, comme si la fureur avait quitté le navire, certes de la noise, du bruit et même un certain vacarme concèdera-t-on, mais sans agressivité inutile, d’ailleurs les cinq dernières minutes sont presque silencieuses avec un final qui va decrescendo, comme s’il fallait ranger les jouets avant de quitter la pièce…

Un chouette album, hélas trop court !

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 14 nov. 2020 05:11

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On se souvient du dernier album de Sylvain Rifflet, « Troubadours » dont il avait été question ici il y a environ un an et huit jours, un fameux album qui m’a marqué, sans défaut. Parfois dans les temps un peu plus lointains a-t-il, peut- être, été un peu inégal, pas excellent tout du long, mais ce temps est bien fini, l’œuvre se tient debout, exigeante !

Justement, un concert vu et revu il y a quelques mois sur Mezzo avec des morceaux bizarres, « Jean Moulin », « Greta T. », « Olympe » ! Sylvain Rifflet et son complice Jon Irabagon qui, avec les saxophones, suivaient les intonations des voix enregistrées d’André Malraux, de Greta Thunberg ou de Jeanne Added qui prononçaient des discours célèbres, comme celui qui accompagne l’entrée des cendres de Jean Moulin au Panthéon, celui de Greta Thunberg concernant l’urgence climatique à l’ONU ou bien encore la déclaration des droits des femmes d’Olympe de Gouges.

Un fameux concert qui célèbre et glorifie, ça secoue toujours un peu, a-t-on besoin de modèles, de révolutionnaires et de repères pour mieux grandir ? Sans doute répondent Sylvain et Jon car l’album se nomme « Rebellion(s) ». Il est question également d’Emma Gonzalès qui dénonce la puissante N.R.A. aux Etats-Unis et de Paul Robeson, tout à la fois acteur, athlète, chanteur et militant des droits civiques afro-américain. Musique et révolte, jazz et rébellion se sont toujours mêlés et confondus dans les luttes pour la justice et les droits.

Il faut ajouter également la participation de Sébastien Boisseau à la basse et de Jim Black à la batterie qui forment la rythmique du quartet de cet album. Celui-ci a été enregistré en studio à Budapest en Hongrie, c’est sans doute la raison de ce livret écrit en anglais et traduit uniquement en bulgare. Il faut signaler que l’album reste un peu secret, discret dans sa diffusion, il y a eu quelques traces de fichiers mis en place sur bandcamp et très vite enlevés, une distribution un peu confidentielle, rien sur discogs, pour ma part je ne l’ai trouvé qu’à la Fnac.

Jean Moulin


Greta T.


America: Daybreak


The Adults in the Room
Modifié en dernier par Douglas le dim. 15 nov. 2020 06:30, modifié 1 fois.
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Message par Piranha » sam. 14 nov. 2020 07:37

Douglas a écrit :
mar. 10 nov. 2020 06:49
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Andy Haas ‎– Arnhem Land

Voici « Arnhem Land » signé par Andy Haas paru en 1997 sur le label japonais « Avant ». C’est John Zorn qui est à l’origine de ce label spécialisé dans les musiques expérimentales, d’avant-garde ou de free jazz. Ainsi ce sont plus de quatre-vingts albums qui sont parus entre 1992 et 2004. La création de « Tzadik » sonnera la fin du label « Avant » qui recèle pas mal d’albums de très grand intérêt.

Celui-ci par exemple est hors norme. Andy Haas y joue du Didgeridoo ou « didgeridu », cet instrument traditionnel australien est âgé de plus de soixante-cinq mille ans et fait partie de la culture et de la spiritualité des aborigènes. Il est fabriqué à partir d’un tronc d’eucalyptus rongé en son intérieur par les termites. Chaque instrument est unique, pour en jouer il faut utiliser la technique du « souffle continu » ou « souffle circulaire ». Il a la réputation d’être l’instrument le plus ancien du monde à l’exception des percussions.

Je possédais déjà un album autour de cet instrument, « Terra Africa » de Bruno Moury et Christophe Mad’dene, plutôt folk, il ne s’échappait guère d’une certaine tradition, je l’aime beaucoup. Celui- je l’ai acquis il y a peu, le temps que son écho arrive à moi, il faut dire qu’il a dû traverser la terre.

Ce qui le différencie du précédent c’est l’approche très actuelle, ainsi le didgeridoo devient-il l’interlocuteur privilégié pour un autre musicien. C’est donc une succession de duos qui s’affiche ici et les intervenants sont des figures des musiques improvisées ou d’avant-garde, gravitant le plus souvent autour de la planète John Zorn.

Ainsi se succèdent à différents instruments Iku Mori, Cyro Baptista, Fred Frith, Anthony Coleman, Makigami Koichi, Cyro Baptista et Keiji Haino. Andy Haas possède une longue pratique de l’instrument et s’inscrit lui aussi dans la modernité, son interprétation est à la fois traditionnelle par la technique utilisée et actuelle dans sa démarche musicale, extrayant des sons inattendus de cet instrument millénaire.

Hélas je n'ai pas trouvé d'extrait.

Bien avant-gardiste cette approche de l'instrument.
Connais tu Lights in a fat city ? Sorti sur le label australien Extreme? Un groupe d'artistes (San Francisco principalement) avec une approche plus "ambient/élecrtonique" de l'instrument

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 14 nov. 2020 13:06

Piranha a écrit :
sam. 14 nov. 2020 07:37

Bien avant-gardiste cette approche de l'instrument.
Connais tu Lights in a fat city ? Sorti sur le label australien Extreme? Un groupe d'artistes (San Francisco principalement) avec une approche plus "ambient/élecrtonique" de l'instrument
Je te remercie pour cette recommandation, j'ai écouté l'album sur le tube et c'est vraiment très intéressant, j'ai passé un bon moment!
:super:
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 15 nov. 2020 06:16

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Un album de Don Cherry, ça fait toujours plaisir, même si celui-ci n’est pas officiel, paru sur le label Hit Hat, coutumier du fait. Le livret consiste en une vague biographie pas du tout centrée sur l’album. Les photos utilisées sont piquées sur d’autres albums et plantées au pif, ça fait joli. Par hasard, sans doute, au verso figure un cliché assez intéressant où l’on voit, en noir et blanc, un portrait de Don, issu d’un court métrage qu’il avait tourné à Paris, pendant la période du « Chat qui pêche » avec François Tusques.

J’ai vu le film et ça m’a fait plaisir car j’aime énormément ce musicien, j’attendais beaucoup de la bande son mais je fus déçu, l’ensemble est très amateur et le scénario très flou, il reste le plaisir, suffisant pour moi, de voir évoluer Don Cherry, lui rendre humanité, je l’ai vu une fois en concert, mais bien après…

Cet album est donc enregistré au célèbre Studio 105 de Radio France, avec André Francis dans les parages, je suppose. Concernant le son, il est bon, très satisfaisant, la musique excellente, trois titres seulement, mais splendides. Don Cherry vient de sortir sur Blue Note « Symphony For Improvisers » dont il interprète le morceau titre ici, en seconde position.

Parlons des membres du trio, Don Cherry est un « touche à tout » magnifique, ainsi il joue du cornet, du piano, de la flûte de bambou et du gong. A ses côtés il y a Karl Berger, multi-instrumentiste également qui joue du vibraphone, du piano, du Marimba et des Percussions. Le troisième membre du trio est lui aussi également un grand créatif, Jacques Thollot qui joue de la batterie, fait tinter les cloches et sonner les timbales.

Les trois pièces sont magnifiques, « Infant Happiness » qui ouvre l’album est également la plus longue, vingt-sept minutes et quarante secondes qui passent très vite, il faut dire que tout ici est léger, cristallin et lumineux, les impros sont nombreuses et variées, soumises à l’imagination des musiciens qui ne se tarit jamais. On connaît le penchant de Don Cherry pour les petites mélodies qui souvent prennent corps au milieu de ses impros, quand il en a trouvé une, il aime à en faire le tour et à la décliner, pour le plus grand plaisir des spectateurs qui assistent, médusés, à la création qui cherche et trouve.

Thollot et Berger sont épatants, soutiens mais aussi partenaires à égalité dans l’évolution des pièces qu’ils enrichissent sans cesse de mille façons différentes, il n’y a jamais de temps mort, de pause ou d’interrogation, tout évolue et s’enchaîne sans l’ombre d’une hésitation. Les rythmes sont à la fois soutenus mais également légers, aériens, la musique de Don est solaire et irradie avec une constance qui enivre.

Un « non officiel » qui a la saveur d’un grand cru…

Infant Happiness (Live)


Symphony For Improvisers (Live)


Elephantasy (Live)
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 16 nov. 2020 13:04

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Il est des disques qui arrivent sans crier gare, une invitation à l’écoute, au partage, s’offrant comme un fruit de la mer qui s’ouvre lorsqu’arrive le sel. Et la musique se déploie lentement, au rythme de la vague, la voix, ample ou timide, pleine après avoir été murmure et chuchotement, occupe l’espace au-dessus de l’onde que ponctuent le souffle et la respiration régulière de la vie qui passe… C’est ainsi que « Les lampes brillent » !

Et chante Bao Luo, venue de Chine, ou nous parle dans sa langue, doucement, avant que les mots ne se déstructurent en son. Ou bien encore chante une simple chanson, ou gratte les cordes du gu-zheng sur « Trace légère » ou joue de la flûte sur « Ces yeux, amoureux des ténèbres ».

Mais ce n’est pas tout. Il faut un tableau, un décor, une architecture, pour que tout tienne. Jean-Marc Foussat, maître du Synthi AKS qu’il utilise depuis quelques décennies désormais, tient dans sa main les clefs de l’édifice, bâtisseur d’espaces grandioses ou simple tisserand qui fabrique toiles et fonds sonores, créateur de gouttes de pluies et de larmes qui perlent.

On pourrait parler d’ambient, ici, c’est un voyage sonore qui file sous nos yeux, propice à créer des images, à livrer des sensations, la douceur et la sérénité nous enveloppe et nous emmène, de la plage à la place, puis nous prend, alors qu’« Il était nuit » avant de nous quitter, en souriant…

« Surface calme », comme un poème :
Les lampes brillent sur la place, il était nuit, trace légère… Ces yeux amoureux des ténèbres.

Trace légère / Bao Luo rencontre Jean-Marc Foussat
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 17 nov. 2020 09:38

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Voilà un album qui mérite le détour, il porte en lui toute une histoire qui touche souvent les albums de free jazz de l’époque héroïque. Milford Graves est un batteur né en 1941 qui vit encore aujourd’hui. Au milieu des années soixante on peut dire qu’il fit partie de ceux qui ont libéré leur instrument, pour ce qui le concerne il a arraché le rôle de la batterie au strict tempo, en élargissant son spectre sonore à l’intérieur des formations auxquelles il a participé. Ainsi, sous ses baguettes, la batterie est devenue coloriste, instrument à part entière, commentant plutôt que formulant les rythmes. On peut sans aucun doute l’associer dans cette évolution à Sunny Murray.

Don Pullen est lui aussi un pianiste free, il joue aux côtés de Milford Grave dans le groupe de Giuseppi Logan avec lequel ils enregistrent deux albums mythiques du free-jazz en 1965 chez ESP. Don Pullen curieusement n’est pas trop connu en France mais il est célébré en Italie, décédé en 1995, il laisse derrière lui une abondante et riche discographie. Il n’est pas sans faire penser à Cecil Taylor avec lequel il partage le goût des « clusters », rien à voir avec la covid, c’est l’action de jouer des groupes de plusieurs notes, souvent de façon percussive, en martelant les touches.

Le duo Don Pullen/Milford Grave a enregistré deux albums, depuis devenus extrêmement rares, en 1966. Le premier se nomme « In Concert At Yale University » et le second, avec le patronyme de Milford Grave cité en premier se nomme « Nommo ». C’est un petit label « Self-Reliance » qui édite ces albums auto-produits, d’où l’extrême rareté des objets. Les deux albums témoignent d’un concert qui se déroula à la « Yale University » en ce jour du trente avril 1966.

Les bandes originales semblant définitivement disparues, détruites ou égarées, une restauration sera effectuée à partir de vinyles d’époque. Nettoyage et remastérisations sont donc à l’œuvre ici. Les deux albums originaux sont donc réunis sur ce Cd d’une durée frôlant les soixante-quatorze minutes. Côté qualité du son, il ne faut pas rêver, un live de soixante-six restauré à partir de vinyles, pour partie en mono, ça laisse peu de chance à la Hi-Fi style ECM : peu de dynamique donc, auquel s’ajoute l’effet tunnel, mais, franchement ce n’est pas ce qui compte ici. Il est à noter que le résultat de la restauration sur « Nommo », le second album dans l’ordre de parution, est d’une qualité très supérieure, c’est sans aucun doute lié à la qualité du support original.

En définitive seule compte la résurrection de ces raretés et la mise à disposition auprès d’un large public qui peut goûter, enfin, à ces musiques jusqu’à maintenant réservées par la force des choses aux aficionados les plus fortunés.

Milford Graves & Don Pullen - Nommo (Full album) [1967]


Don Pullen & Milford Graves: P.G. II (In Concert At Yale University)


Don Pullen & Milford Graves: P. G. I (In Concert At Yale University)
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 18 nov. 2020 08:40

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Voilà un album qui devrait faire une belle carrière, il est taillé pour ça. De grands noms, plutôt fédérateurs, voire consensuels même. Une musique qui représente le reflet d’une époque, il n’est que d’écouter pour que ça saute aux oreilles, un jazz-rock de bon aloi, certains diront de bonne tenue. Bien sûr il y a Lockwood et son violon, avec ce côté élève surdoué et bien sage qui parfois m’anesthésie un peu, mais c’est très personnel, c’est lui qui se greffe, en qualité d’invité, à la formation dirigée par Gordon Beck…

Ce dernier est l’ainé ici, celui qui tient le piano et qui fait bonne mesure, il fait valoir son style fluide et élégant, il a également emmené trois compos, les deux autres sont signées de Didier Lockwood. Gordon n’est pas le seul british puisqu’il y a également l’excellent et trop discret Allan Holdsworth qui illumine l’album de solos que l’on aimerait voir s’étendre davantage, mais, bon, il faut respecter les structures. Il y a également l’excellent Jean-François Jenny-Clark et sa basse bien ronde, incontournable et à la mode, il est de tous les bons coups, enfin à la batterie l’italien le plus parisien, Aldo Romano.

Sur le verso de la pochette il laisse un témoignage à propos de cette soirée, « celle-ci est en moi » et un hommage émouvant à ses partenaires : « Gordon, Allan, JF, Didier, nous nous aimions et je vous aime encore, très fort. J’ai eu la chance de vous survivre, mais vivre sans vous est-ce vraiment une chance ? »

Ce qu’il faut également savoir c’est que cette formation n’a existé que le temps d’un concert au « Théâtre de la Ville » le premier novembre 1980. On doit l’enregistrement à Radio France et sans doute également à André Francis, le Monsieur Jazz des ondes, à l’époque. Le concert est présenté ici intégralement, exhumé des archives de l’INA où il sommeillait aux côtés d’autres trésors encore à découvrir je suppose.

L’album se termine par une interview d’Aldo Romano par Frédéric Goaty, une plongée sympathique dans l’intimité de la formation.

Flight


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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 19 nov. 2020 07:38

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Il y aurait tant à dire à propos de Joe McPhee ! Par hasard l’actualité du disque ouvre opportunément une porte qu’il est facile de pousser, celle du « jeune » Joe McPhee, plus accessible et sensible à la musique populaire. « Black Is The Color » est la réunion de trois concerts aux univers assez distincts mais qui ont, réunis, le pouvoir de brasser un grand éventail de la Black Music. Ces enregistrements de janvier et octobre 1969 et de mai 1970 sont des prémisses à « Nation Time » le premier album officiel de Joe McPhee qui sera également le plus funky.

Ce double Cd se joint à d’autres pour témoigner de cette période bénie. Les deux premiers concerts réunissent le « Contemporary Improvisational Ensemble » avec Joe à la trompette, aux saxos ténor et soprano, Tyrone Crabb à la basse, Bruce Thompson à la batterie auxquels se joint le vibraphone d’Ernest Bostic sur le premier concert et Reggie marks au ténor et à la flûte pour le second.

Le premier concert provient Du « Vassar College » au « Chicago Hall » dans l’état de New York. Il est très jazz, avec quelques classiques merveilleusement interprétés au menu : « God Bless The Child » de Billie Holiday, « Naïma » de Coltrane et « Afro Blue » que ce dernier a popularisé, ajoutons « Improvisation » signé McPhee.

Ce premier Cd est idéal pour faire connaissance avec ce grand musicien qui se place dans une perspective coltranienne, mais on sent déjà, au détour de quelques solos, le chemin qui s’ouvrira bientôt. Ernest Bostic est magique au vibraphone, distillant une atmosphère étrange ou mystérieuse, on pense à Archie Shepp à Newport accompagné par Bobby Hutcherson.

Le second set s’est déroulé dans un monastère voisin de « New Windsor », il n’en reste qu’une partie car des problèmes techniques ont rendu l’exploitation des bandes impossible. La performance reste toutefois grandiose, on y trouve deux interprétations signées McPhee, « Improvisation » avec Tyrone Crabb qui reprend à la basse le thème d’« A Love Supreme » et « Juju for John Coltrane ». Il y a également une reprise du traditionnel qui donne son titre à l’album « Black Is The Color », Reggie Marks au ténor et à la flûte y déploie tout son talent avec McPhee qui l’aiguillonne, le premier lyrique et le second plus saignant, la collaboration est magique.

Le troisième concert tient lui aussi sur le second Cd, la formation en place se nomme « Joe McPhee Featuring Octavius Graham » ce dernier est au chant sur deux titres, Mike Kull est au piano et Chico Hawkins à la batterie, le fidèle Tyrone Crabb est toujours là. Le concert se déroule dans le parc du Lincoln Center de Poughkeepsie en extérieur. Le répertoire est très différent, on y trouve une reprise de James Brown « I Don’t Want Nobody », une autre de Wilson Pickett « Funky Broadway » et une pièce du grand Joe « Blues For The People », ça groove et déchire, avec « Nation Time » en ligne de mire.

L’ensemble de ce matériel provient des archives personnelles de Joe McPhee, malgré quelques faiblesses techniques au niveau du son sur le second Cd, l’ensemble témoigne d’enregistrements de très haute volée. Malheureusement je n'ai trouvé aucun lien vers la musique...
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Message par vox populi » jeu. 19 nov. 2020 16:23

Douglas a écrit :
mer. 18 nov. 2020 08:40
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Voilà un album qui devrait faire une belle carrière, il est taillé pour ça. De grands noms, plutôt fédérateurs, voire consensuels même. Une musique qui représente le reflet d’une époque, il n’est que d’écouter pour que ça saute aux oreilles, un jazz-rock de bon aloi, certains diront de bonne tenue. Bien sûr il y a Lockwood et son violon, avec ce côté élève surdoué et bien sage qui parfois m’anesthésie un peu, mais c’est très personnel, c’est lui qui se greffe, en qualité d’invité, à la formation dirigée par Gordon Beck…

Ce dernier est l’ainé ici, celui qui tient le piano et qui fait bonne mesure, il fait valoir son style fluide et élégant, il a également emmené trois compos, les deux autres sont signées de Didier Lockwood. Gordon n’est pas le seul british puisqu’il y a également l’excellent et trop discret Allan Holdsworth qui illumine l’album de solos que l’on aimerait voir s’étendre davantage, mais, bon, il faut respecter les structures. Il y a également l’excellent Jean-François Jenny-Clark et sa basse bien ronde, incontournable et à la mode, il est de tous les bons coups, enfin à la batterie l’italien le plus parisien, Aldo Romano.

Sur le verso de la pochette il laisse un témoignage à propos de cette soirée, « celle-ci est en moi » et un hommage émouvant à ses partenaires : « Gordon, Allan, JF, Didier, nous nous aimions et je vous aime encore, très fort. J’ai eu la chance de vous survivre, mais vivre sans vous est-ce vraiment une chance ? »

Ce qu’il faut également savoir c’est que cette formation n’a existé que le temps d’un concert au « Théâtre de la Ville » le premier novembre 1980. On doit l’enregistrement à Radio France et sans doute également à André Francis, le Monsieur Jazz des ondes, à l’époque. Le concert est présenté ici intégralement, exhumé des archives de l’INA où il sommeillait aux côtés d’autres trésors encore à découvrir je suppose.

L’album se termine par une interview d’Aldo Romano par Frédéric Goaty, une plongée sympathique dans l’intimité de la formation.

Flight


Zebulon Dance


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Merci, j'aime beaucoup!
Comme tout ce que je connais de Lockwood et le solo de Holdsworth au premier morceau est fantastique..lui par contre il avait tendance à me faire un peu chier parfois avec sa guitare synthé, mais là pas du tout :)

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