
Voici un double Cd enregistré par la formation « Xol », un trio suisse composé par Guy Bettini à la trompette ou au bugle, Luca Pissavini à la basse et Francesco Miccolis à la batterie. L’enregistrement est live au Sowieso de Berlin, mais il y a deux dates, chacune correspond à un Cd et à un invité. Le premier Cd a été enregistré le quatre juin 2016 et le saxophoniste soprano finlandais Harri Sjöström est l’invité du trio. Le second est antérieur, il date de juin 2015 et c’est Peter Brötzmann au sax ténor et à la clarinette qui complète la formation.
C’est du free improvisé certifié 100% pur jus, ce premier Cd comprend deux pièces, « Öxö » et « Xöx », c’est un pur régal, une fois de plus Julien Palomo du label bien de chez nous « Improvising Beings » a eu du nez. Tous ces musiciens sont fabuleux, le trio met carrément les pieds dans les pas d’Albert Ayler, c’est intrépide et d’une énergie folle.
Sans doute les démons et les esprits ne proviennent ni du fond de la terre, ni des cieux, mais la voie tracée par le grand Albert est encore fréquentée par des adeptes venus de partout. Harri Sjöström, qui a joué aux côtés de Cecil Taylor, n’est pas le dernier à se reconnaître dans ces folles improvisations plus joyeuses et ferventes que ténébreuses, qui s’expriment ici avec un lyrisme fou.
Le second Cd avec Peter Brötzmann ajoute de la fureur au discours, il possède une telle puissance au ténor qu’il faut réduire les paramètres du volume si l’écoute se situe dans le prolongement du précédent. On s’attend bien évidemment à une musique pleine de paroxysmes, de montées sans merci, pleines de rage et de fureur. Bon, on n’est pas déçu, dès « Xolomoto » qui ouvre le Cd le message est bien reçu, si vous n’êtes pas un brave, passez votre chemin !
Les chemins d’Albert encore avec « Oxolo » qui propose une longue plainte, une sorte d’agonie qui s’étire avec des tambours qui font la trame, la basse qui geint et le ténor qui chante sa plainte, rejoint de temps à autres par la trompette de Guy Bettini qui lui fait écho. Un petit mot aussi sur « Moxolo », le dernier des cinq titres qui occupent le second C, transfuge de l'âme du grand incompris.
Cet album est un trésor pour les amateurs de free, d’Albert Ayler, et certainement à ranger parmi les indispensables de Peter Brötzmann.