Albums délétères

[CCR]

Il est mentionné dans une chronique du Slow Dazzle de John Cale, que je viens de parcourir, qu'il s'agit d'un des albums les plus vénéneux des années 70 : je suis assez d'accord même s'il me semble qu'on peut étendre ce constat à une bonne partie de l'oeuvre du susnommé.

Je me demandais donc si on pouvait étendre ce constat à d' autres albums ( ou artistes ) , genre qui font du mal tout en étant magnétique, un peu à l'instar de la phrase "hit me with a flower" tirée, tiens quelle coïncidence, de Vicious de Lou Reed !

[Unserious Sam]

J'espère avoir bien compris ton post...

Je dirais "The Final Cut" de Pink Floyd (Roger Waters ?), album à la fois magistral (à mes oreilles) et d'un pessimisme à se pendre...

Sinon, "Songs Of Love And Hate" de Leonard Cohen, n'est pas mal dal genre non plus... Tu l'écoutes et t'as envie de manger des lames de rasoir juste après... "Dress Rehearsal Rag" est d'une tristesse... On sent le mec en train de se noyer. Ça fait ça aussi avec les 2 premiers albums solo de Syd Barrett...

[gabuzomeuzomeu]

Tout les albums de GG Allin donnent envie de se suicider après avoir chier dans son froc !

[CCR]

@ gabu ok, je vois ( enfin je pourrais aussi dire "je sens"...)

@ unserious sam alors plus ou moins : disons que j'envisageais plutôt une certaine forme de "tension intérieur" que le fait d'avoir envie de se jeter par la fenêtre ( du rez de chaussé de préférence) ; disons quelque chose d'un peu vicié que le disque laisse derrière lui , et qu'on se dit au final que ce disque est loin d'être innofensif...

Pour le Floyd, je m'attendais à voir surgir Animals ...
Et le parcours de Barret en solo, si je le trouve déprimant c'est parceque globalement assez à ch..., surtout si on compare à son génie avec le Floyd

[The Dark Dude]

En ce qui me concerne, mon numéro 1 (car étant un grand malade, j'ai toute une liste... ) est occupé depuis longtemps par Diamanda Galas et le double album "The Divine Punishment & Saint Of The Pit" dont voici un extrait bien représentatif:



A l'époque, le disque avait la réputation d'être interdit en France. de fait, je l'ai acheté en Suisse et me faisait un plaisir (coupable) de véhiculer cette rumeur.
Ceci dit, si je l'écoute en entier, je cauchemarde la nuit suivante. Sérieux.

Par ailleurs, c'est le disque que je mettais en fin de set quand j'étais DJ pour signifier que la soirée (souvent gothique) était finie.

[CCR]

Bine vu ( ou entendu) Dark Dude : quand j'ai posté ce sujet j'ai aussitôt pensé à elle ...mais comme je connais super mal ce qu'elle a fait. Après, quand on l'a entendu une fois, on a tout compris !

[Silence]

J'écoutais le morceau de Diamanda Galas et je me suis fait la réflexion suivante : C'est quasiment devenu en genre (plutôt confidentiel il faut bien admettre) à part entière ce type de morceau. Appelé "Witch House" et dont le représentant le plus connu est Mater Suspiria Vision

[CCR]

La Witch House, je connais un minimum via Salem, qui me semble figurer parmi les références du genre et en tous cas, ça me semble être bien éloigné de ce que fait Diamnanda Galas, artiste atypique s'il en est. D'ailleurs la witch house serait un style ayant émergé assez récemment tandisque Diamanda Galas a fait ses débuts à l'aube des années 80.
Après, il est possible qu'elle ait influencé le style mais sans doute plus par la dimension ésotérique sombre de sa thématique. Ceci dit, je connais trop peu ce qu'elle a fait musicalement pour juger : toujours est-il que la witch me semble être un style teinté, entre autre d'électro ou de trip hop si je me réfère à Salem voire d'indus concernant le groupe que tu mentionnes, Silence .

[Silence]

C'est en effet ce que je voulais dire. Bien entendu Diamanda Galas est totalement en dehors et bien avant tout ça .... mais lorsque j'écoute les albums de Mater Suspiria Vision que je possède je te garanti que je retrouve énormément de ce morceau posté par The Dark Dude. Et je reste persuadé qu'elle a été une influence majeure. Quant au terme "witch house" je le trouve de toute façon très con. Je ne reconnais pas grand chose de la house la dedans ! genre fun et festif s'il en est !

Mater Suspiria Vision n'est ni fun ni festif ....

L'attrait de l'ésotérisme est évidemment flagrant mais pas uniquement, l'ambiance projetée est aussi assez similaire.

[Cooltrane]

@ unserious sam alors plus ou moins : disons que j'envisageais plutôt une certaine forme de "tension intérieur" que le fait d'avoir envie de se jeter par la fenêtre ( du rez de chaussé de préférence) ; disons quelque chose d'un peu vicié que le disque laisse derrière lui , et qu'on se dit au final que ce disque est loin d'être innofensif...

Pour le Floyd, je m'attendais à voir surgir Animals ...
Et le parcours de Barret en solo, si je le trouve déprimant c'est parce que globalement assez à ch..., surtout si on compare à son génie avec le Floyd

Bon, je dirais que pour moi, délétère = toxique ou empoisonné, mais en musique, j'en serais plutôt à le traduire en acerbe, glauque ou gothique et limite suicidaire.

Alors forcément dans le gothique suicidaire, il y des trucs du style Shub-Niggurath ou Univers Zéro et Présent.

Pour ce qui est du vieux Roger Waters, en effet, il broyait du noir à partir de 77, vu que Animals est basé sur La Ferme Des Animaux d'Orwell, et effectivement Final Cut, Radio KAOS et Amused To Death sont assez délétères.

On pourrait dire que Rock Bottom le soit aussi.

[CCR]

Je en connais pas les groupes que tu cites : après le terme gothique c' est aussi un beau fourre tout.

Pour en revenir à John Cale, c'est sûr qu'il a dû faire partie des influences du versant le plue sombre la scène post-punk qualifiée de gothique.

Après, par délétère, j'envisageais plus des albums qui tissent leur toile, un peu à l'instar du morceau de Galas posté plus haut qui commence avec un chant doucereux pour muter danger.
Volontairement ou pas d'ailleurs, vu que je situerais un classique comme Forever Changes dans le registre délétère , quelque part.
On va dire des albums qui n'ont pas forcément une connotation négative qui sauteraient aux oreilles à priori mais qui la détiennent quand même.

Rock Bottom, oui, c'est un album dépressif et qui a quelque chose de délérère dans la mesure ou c'est en même temps un ovni qui possède un certain pouvoir de facination artistique : une oeuvre aboutie.

Ceci dit, le but de ce (triste) topic est surtout motivé par la curiosité vis à vis de de ce qui sort un peu des rails.

@Silence Wich house ....oui, ça m'a l'air d'être encore un beau fourre tout comme apellation, vu les styles que ça à l'air de brasser, de la dream pop à l'indus (2 styles antagonistes s'il en est)

[nunu]

Du Bon Black Metal norvégien des années 90 ou du Funeral Doom, une bonne lame de raosir et le tour est joué

[CCR]

quitte à faire du suicidal black genre Shinning ou Forgotten Tomb, histoire d'être sûr de ne pas se rater

[Silence]

Sans tomber dans le volontairement morbide .... ce qui n'était pas il me semble l'idée du sujet, il y a des albums que j'adore mais qui installent chez moi irrémédiablement un certain spleen. Celui ci par exemple :

[whereisbrian]

Je verrais bien les Gelbes de Silvester Angfang,
en mode Général de Goule.

[vox populi]

Dans le genre d'albums qui sont à la fois magnifiques et foutent le cafard je citerai Pink moon de Nick Drake
Je peux plus l'écouter tellement il est déprimant (et pourtant magnifique)

[Silence]

Je verrais bien les Gelbes de Silvester Angfang,
en mode Général de Goule.

Tiens ! comme quoi c'est vraiment une question de ressenti. Celui là je l'écoute souvent mais il ne m'a jamais paru "anxiogène" dois-je m'en inquiéter finalement ?

[whereisbrian]

Non, je ne pense pas, le côté délétère est ce qu'on y met comme intention.

[CCR]

Connaissais pas Silvester Angfang mais ça peut effectivement susciter une petite angoisse quand on tombe sur ce genre de musique qui peut évoquer une musique de secte. Après, disons que ça semble orienté vers la recherche d'états d'esprits divergents, transe ou méditation, avec, peu-être, l'angoisse inhérente au fait d'envisager les choses sous un autre angle et le fait de ne pas savoir ou ça va mener , surtout quand ça semble sonner un peu sombre.

The Legendary Pink Dots , je ne connais pas cet album et au final relativement peu la jungle de leur parcours mais je dirais que l'impression d'ensemble que leur musique me laisse est effectivement un petit quelque chose de dérengeant dans la mesure ou on ne sait pas toujours de quel coté ça penche : ombre ou lumière ? Et ça je dois dire que c'est le témoignage d'une certaine richesse artistique et en tous cas un certain exploit. Alors oui, du coup on peut dire que ça comporte une dimension délétère mais d'un autre coté, on sent une volonté de progresser, chez ce groupe, et pas une volonté d'extinction qu'elle soit tournée vers soi ou vers l'auditeur : une dynamique vitale et positive en quelque sorte.

[DaFrog]

De l’éther ... qu’importe le flacon (Philippe Buvard in « Mes années psyché » aux éditions du Champignon doré - 1967)