J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Blues traditionnel ou blues blanc, jazz, soul, funk, c'est ici.
Avatar du membre
Douglas
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 4105
Enregistré le : mer. 11 sept. 2019 06:12

Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 8 juin 2021 05:42

Image

Dave Burrell - Echo

Voici un album de la mythique série BYG Actuel qui deviendra un repère historique dans l’histoire du free jazz. Elle voit le jour en mars 1967, elle est créée par trois passionnés dont la première lettre du nom formera le sigle BYG : Fernand Boruso, Jean-Luc Young et Jean Georgakarakos. Le premier à quitter le navire en 1969 sera Boruso, il sera remplacé par Claude Delcloo, à la fois batteur du « Full moon Ensemble » et fondateur du magazine « Actuel » qui alors ne se préoccupait que de jazz. Ainsi naîtra la série « BYG Actuel ».

Celui-ci porte le numéro vingt et on n’est pas déçu. C’est le pianiste Dave Burrell qui est ce jour-là le leader, il forme un septet de dingues, Sunny Murray à la batterie, Alan Silva à la basse, Clifford Thornton au cornet, Grachan Moncur III au trombone, Arthur Jones au sax alto et Archie Shepp au sax ténor. Ça se passa à Paris, le treize août 1969.

C’est un disque de pur free-jazz, basé sur une improvisation collective. Le pianiste Dave Burrell propose sa conception au septet réuni ce 13 août 1969 : deux notes complétées et amplifiées jusqu'à épuisement. C'est intense, puissant, sans répit, l'énergie renaît et se renouvelle sans cesse, un bouillonnement sonore continue s'autoalimente, sans montée ni paroxysme : tout, tout de suite ! Il explique : « C’est une manière certaine de découvrir un grand nombre de choses au sujet de ces deux notes, et de soi-même ».

Dans son commentaire Philippe Robert évoque le Festival Panafrican d’Alger et conclue : « L’Afrique est là ». Pour la petite histoire une grande partie des musiciens enregistrés dans cette illustre série sont passés par ce festival juste avant d’arriver à Paris.

La seconde face, pourtant bien intense, paraît, en comparaison, bien paisible, le morceau « Peace » l’occupe en son entier. Il évoque la sérénité et la contemplation, le mouvement et la grâce, la lumière, l’air et l’eau.

Un album mieux qu’à sa place dans la sélection FJMt°, un autre de la série est également dans la sélection, mais la majorité des albums auraient pu y figurer…


Dave Burrell-Echo (1969)
Modifié en dernier par Douglas le ven. 13 mai 2022 06:08, modifié 1 fois.
We will dance again...

Avatar du membre
Douglas
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 4105
Enregistré le : mer. 11 sept. 2019 06:12

Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 8 juin 2021 17:07

Image

Alice Coltrane With Strings ‎– World Galaxy

Les auteurs de FJMt° ne dédaignent pas les « grands noms » du free, comme Don Cherry, Pharoah Sanders, Shepp ou Ornette Coleman, en voici un qui sera porté deux fois dans la sélection, « Coltrane » d’abord par Alice que voici. Comme souvent le choix est rarement celui attendu, mais plutôt celui du trésor caché, voici donc « World Galaxy » par « Alice Coltrane With Strings ».

Pour parler net, c’est encore un excellent album et l’adjonction des cordes est une réussite parfaite qui ne trahit personne. Inutile de se montrer méfiant ici, la section de cordes donne de l’ampleur et de la solennité aux compositions sans jamais effleurer le côté sirupeux qui parfois savonne la planche.

Il y a également l’immense Frank Lowe aux saxophones soprano et ténor qui déchire à chaque fois qu’il s’extirpe de la masse sonore lors d’un solo. On peut également écouter Leroy Jenkins et son violon écorché, Reggie Workman à la basse et bien sûr Alice Coltrane aux claviers et percussions, mais surtout à la harpe dont elle joue avec grâce, prolongeant ou dialoguant avec la section de cordes avec tact et justesse.

Deux reprises sublimes, « My Favorite Things » qui ouvre l’album et « A Love Suprême » qui le ferme, avec une narration de Swami Satchindananda. Entre les deux une reprise de « Journey In Satchidananda» incorporée dans la suite des « Galaxy ».

Pour ce qu’il est, cet album est certainement l’un des plus originaux et des plus forts de l’année soixante-douze, et dieu sait que cette année-là fut riche en sorties de qualité.

My Favorite Things


Galaxy In Satchidananda


Galaxy In Turiya


A Love Supreme
Modifié en dernier par Douglas le ven. 13 mai 2022 06:09, modifié 1 fois.
We will dance again...

Avatar du membre
Douglas
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 4105
Enregistré le : mer. 11 sept. 2019 06:12

Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 9 juin 2021 06:36

Image

Gaetano Liguori Collective Orchestra ‎– Gaetano Liguori Collective

Il fallait bien que l’Italie se fasse entendre, ne serait-ce que par la présence du duo de « My Cat Is An Alien » composé par les deux frères Maurizio et Roberto Opalio. Ce sera donc, entre autres, Gaetano Ligori et son Collective Orchestra qui seront élus pour représenter le free jazz Outre-Alpin. Il y a peu de débat, l’album s’impose. Il y a eu une réédition en 2016, mais l’original se trouve encore facilement en très bon état, à portée de bourse.

Gaetano Ligori est pianiste, il décide de réunir quelques cadres et de jeunes musiciens originaires des métropoles italiennes jusqu’à rassembler ce grand orchestre de onze unités, saxophones alto, soprano et ténor ainsi que flûte pour les bois, trombones pour les cuivres, piano, contrebasse et batterie pour la rythmique.

Une suite en deux parties, une par face, « Collective Suite » et « Nuova resistenza ». Pour les amateurs de free organisé c’est un pur régal, beaucoup d’allant et d’engagement de la part des musiciens, on sent l’engouement des solistes qui s’investissent à fond. Des passages obligatoires sont organisés mais de nombreuses plages d’improvisations permettent de garder créativité et spontanéité. Un mélange qui a déjà fait ses preuves !

Encore un album qui file vite, j’en suis à ma troisième écoute en moins de vingt-quatre heures et l’effet est reproductif et la satisfaction au rendez-vous. Gaetano Ligori précise dans les notes de pochette qu’il se sentait dans un rôle de compositeur permettant aux musiciens de trouver des plages d’expression, et que la réussite du projet ne pouvait qu’être collective. Voilà qui en dit beaucoup sur l’état d’esprit qui préside sur cet album.

Modifié en dernier par Douglas le ven. 13 mai 2022 06:11, modifié 1 fois.
We will dance again...

Avatar du membre
Douglas
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 4105
Enregistré le : mer. 11 sept. 2019 06:12

Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 10 juin 2021 04:13

Image

Friendship Next Of Kin Featuring Selwyn Lissack ‎– Facets Of The Univers

A propos de cette sélection FJMt° il faut à nouveau parler du label BYG dont j’ai fait l’éloge à propos de l’album de Dave Burrell « Echo ». Pour être juste, il y a également une grosse part d’ombre sur ce label qui ne respectait pas les droits des musiciens, les contrats, il y a d’ailleurs eu des dissensions avec Archie Shepp concernant la diffusion de bandes sans respecter les droits d’auteur et les salaires des musiciens.

Je ne parle même pas des problèmes de pressage concernant certaines séries, ou des rééditions frauduleuses à partir du label Delmark Records. Avec ce dernier point on se rapproche de notre sujet car BYG a créé un sous label appelé « Goody » où précisément se trouvent les albums en question. Pourtant, un parmi eux échappe à la fraude et aux magouilles, c’est celui dont on parle aujourd’hui, « Friendship Next Of Kin Featuring: Selwyn Lissack ‎– Facets Of The Univers ».

Sous ce nom se trouve un groupe absolument remarquable. La liste des musiciens qui le compose est édifiante: Mike Osborne au saxophone alto, Mongezi Feza à la trompette de poche, Kenneth Terroade au sax ténor et à la flûte, Harry et Miller Earl Freeman aux basses, et, le leader, Selwyn Lissack à la batterie. Il faut ajouter pour quelques courts moments Louis Moholo aux percussions mais il n’est pas crédité sur mon album d’origine. Il y a également un narrateur non crédité, Earl Freeman.

C’est un peu l’Afrique du Sud qui est là, avec le batteur blanc Selwyn Lissack, Mongezi Feza, Harry Miller et Louis Moholo. L’enregistrement se fait à Londres en septembre 1969. La première pièce « Facets Of The Universe » est directement inspirée de l’album du Jamaïcain Kenneth Terroade « Love Rejoice » le numéro vingt-deux de la série « Byg Actuel ». Du point de vue du free jazz la présence de cet album est tout simplement incontestable dans la sélection, les musiciens sont tous très investis dans la performance, « habité » me vient spontanément pour qualifier la suite enflammée des solos et des improvisations collectives très spectaculaires.

Une cuvée 69, historique et indispensable.

Modifié en dernier par Douglas le ven. 13 mai 2022 06:15, modifié 1 fois.
We will dance again...

Avatar du membre
The lad
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 1135
Enregistré le : lun. 5 août 2019 15:06

Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par The lad » jeu. 10 juin 2021 08:53

Douglas a écrit :
mar. 8 juin 2021 17:07
Image

Les auteurs de FJMt° ne dédaignent pas les « grands noms » du free, comme Don Cherry, Pharoah Sanders, Shepp ou Ornette Coleman, en voici un qui sera porté deux fois dans la sélection, « Coltrane » d’abord par Alice que voici. Comme souvent le choix est rarement celui attendu, mais plutôt celui du trésor caché, voici donc « World Galaxy » par « Alice Coltrane With Strings ».

Pour parler net, c’est encore un excellent album et l’adjonction des cordes est une réussite parfaite qui ne trahit personne. Inutile de se montrer méfiant ici, la section de cordes donne de l’ampleur et de la solennité aux compositions sans jamais effleurer le côté sirupeux qui parfois savonne la planche.

Il y a également l’immense Frank Lowe aux saxophones soprano et ténor qui déchire à chaque fois qu’il s’extirpe de la masse sonore lors d’un solo. On peut également écouter Leroy Jenkins et son violon écorché, Reggie Workman à la basse et bien sûr Alice Coltrane aux claviers et percussions, mais surtout à la harpe dont elle joue avec grâce, prolongeant ou dialoguant avec la section de cordes avec tact et justesse.

Deux reprises sublimes, « My Favorite Things » qui ouvre l’album et « A Love Suprême » qui le ferme, avec une narration de Swami Satchindananda. Entre les deux une reprise de « Journey In Satchidananda» incorporée dans la suite des « Galaxy ».

Pour ce qu’il est, cet album est certainement l’un des plus originaux et des plus forts de l’année soixante-douze, et dieu sait que cette année-là fut riche en sorties de qualité.

My Favorite Things


Galaxy In Satchidananda


Galaxy In Turiya


A Love Supreme

Quel disque, le Galaxy In Turiya est un mantra bouleversant.
Au fait Douglas, à quoi correspond FJMT° ?
Affreux, sale et méchant.

Avatar du membre
Douglas
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 4105
Enregistré le : mer. 11 sept. 2019 06:12

Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 10 juin 2021 09:44

The lad a écrit :
jeu. 10 juin 2021 08:53
Douglas a écrit :
mar. 8 juin 2021 17:07
Image

Les auteurs de FJMt° ne dédaignent pas les « grands noms » du free, comme Don Cherry, Pharoah Sanders, Shepp ou Ornette Coleman, en voici un qui sera porté deux fois dans la sélection, « Coltrane » d’abord par Alice que voici. Comme souvent le choix est rarement celui attendu, mais plutôt celui du trésor caché, voici donc « World Galaxy » par « Alice Coltrane With Strings ».

Pour parler net, c’est encore un excellent album et l’adjonction des cordes est une réussite parfaite qui ne trahit personne. Inutile de se montrer méfiant ici, la section de cordes donne de l’ampleur et de la solennité aux compositions sans jamais effleurer le côté sirupeux qui parfois savonne la planche.

Il y a également l’immense Frank Lowe aux saxophones soprano et ténor qui déchire à chaque fois qu’il s’extirpe de la masse sonore lors d’un solo. On peut également écouter Leroy Jenkins et son violon écorché, Reggie Workman à la basse et bien sûr Alice Coltrane aux claviers et percussions, mais surtout à la harpe dont elle joue avec grâce, prolongeant ou dialoguant avec la section de cordes avec tact et justesse.

Deux reprises sublimes, « My Favorite Things » qui ouvre l’album et « A Love Suprême » qui le ferme, avec une narration de Swami Satchindananda. Entre les deux une reprise de « Journey In Satchidananda» incorporée dans la suite des « Galaxy ».

Pour ce qu’il est, cet album est certainement l’un des plus originaux et des plus forts de l’année soixante-douze, et dieu sait que cette année-là fut riche en sorties de qualité.

My Favorite Things


Galaxy In Satchidananda


Galaxy In Turiya


A Love Supreme

Quel disque, le Galaxy In Turiya est un mantra bouleversant.
Au fait Douglas, à quoi correspond FJMT° ?
Je m'excuse pour l'abréviation FJMt° qui peut en effet paraître étrange si on n'a pas pris le train dès le départ, voici l'explication, FJ = Free Jazz; Mt°= Manifesto.

Ce n'est pas un ouvrage de base pour explorer le free jazz, encore qu'il y ait quelques albums incontournables. Le parti-pris est de ne citer qu'un album par musicien, mais pas nécessairement le plus représentatif ou le plus connu, mais celui "du coup de cœur" avec un côté surprise ou découverte. Il se trouve que j'en ai quelques-uns dans ma discothèque ce qui me permet de présenter ici quelques albums...

Quand l'album provient de la sélection du livre, donc FJMt°, je le signale toujours, ce qui me permet également de réécouter tout çà avec plaisir. bien entendu il reste des albums que je ne possède pas et certains sont rares et chers, dont il faudra attendre une éventuelle réédition.

J'ai pensé que ça pouvait intéresser "les baroudeurs du son" de ce forum qui aiment sortir des sentiers battus.
Douglas a écrit :
sam. 24 avr. 2021 12:47
Image

Pour ceux qui ne sont pas passés par la case "label" je renouvelle le petit coup de pub pour Free Jazz Manifesto paru chez Lenka Lente au prix de 15€. Attention petit format: 15,5X10 cm, épaisseur 1,8 cm. Les pages ne sont pas numérotées.
Douglas a écrit :
jeu. 22 avr. 2021 09:24

Pour rester avec Lenka Lente, le duo "My cat is an Alien et Philippe Robert viennent de faire paraître "Free Jazz Manifesto", un nouveau concept de manuel, le livre est petit format, plutôt que de longs discours je vais vous faire un scan.

Image

Image

Image

Voilà, une photo de pochette, le petit mot de Philippe Robert puis celui de "My Cat is an Alien" deux fères, Maurizio et Roberto Opalio, des italiens.
C'est tout, ça se lit très vite, c'est uniquement la logique des coups de cœur, aucune autre ambition, ni chronologique, ni encyclopédique, des trucs on ne sait pas d'où ils sortent, une majorité fin 60 & 70. je l'ai reçu fin de la semaine dernière...
Un remarquable ouvrage, par son contenu d’abord, éclairé, brillant même, par ses choix et ses audaces, des trucs que je ne connais pas, qui restent à découvrir et ça, j’aime !

La forme aussi, le strict minimum pour donner l’envie, pochette, texte accrocheur, court, voire minimal, juste donner l’envie de chercher, de creuser, j’aime !

Du coup le bilinguisme n’est pas gênant, les trois auteurs ont inventé une règle qui n’obéit qu’à la passion, la seule qui vaille.
We will dance again...

Avatar du membre
The lad
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 1135
Enregistré le : lun. 5 août 2019 15:06

Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par The lad » jeu. 10 juin 2021 10:01

Incroyable, j'ai raté ton post qui chroniquait ce livre alors que je compulse quotidiennement ce fil. Putain ça a l'air tout bonnement excellent, je souscris au concept et à la maquette, et je viens de le commander. Merci Dougie les bons tuyaux !
Affreux, sale et méchant.

Avatar du membre
Douglas
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 4105
Enregistré le : mer. 11 sept. 2019 06:12

Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 10 juin 2021 17:32

The lad a écrit :
jeu. 10 juin 2021 10:01
Incroyable, j'ai raté ton post qui chroniquait ce livre alors que je compulse quotidiennement ce fil. Putain ça a l'air tout bonnement excellent, je souscris au concept et à la maquette, et je viens de le commander. Merci Dougie les bons tuyaux !

Merci pour ton assiduité!
:chapozzz:

Pour le petit manuel, j'essaie de ne pas trop en dire non plus : il faut bien qu'il se vende!
We will dance again...

Avatar du membre
Douglas
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 4105
Enregistré le : mer. 11 sept. 2019 06:12

Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 10 juin 2021 17:36

Image

Arthur Doyle Electro-Acoustic Ensemble ‎– Conspiracy Nation

Un album hors sélection mais free quand même. Arthur Doyle, malgré un parcours qui l’a emmené à de nombreuses rencontres, est resté plutôt dans l’underground, à la porte du succès commercial qu’il n’a jamais rencontré, bien qu’il ait participé à des albums d’importance.

En mars 2000, quand il est arrivé à Paris il a été joué dans le métro pour se faire des tunes, de quoi tenir un peu avant de rencontrer Sunny Murray. Juste pour situer un peu, mais déjà la formation qu’il animait, « Arthur Doyle Electro-Acoustic Ensemble » était formée et assurait des concerts de temps à autres, un album est même paru.

Celui-ci est le second, sur Qbico, un label italien assez intéressant mais pas toujours. Voici les musiciens Arthur Doyle au sax ténor, à la flûte et au magnéto, Leslie Q à la guitare basse, Ed Wilcox à la batterie et aux percussions, Vinnie Paternostro au synthé, Tim Poland aux claviers et Dave Cross aux platines et au sampler. On comprend qu’Arthur a quitté les rives du jazz traditionnel et même free pour frayer avec le monde de l’électro et des sonorités nouvelles.

Ce sont des extraits de concert qui sont restitués ici, sur la première face ça se passe à New-York fin janvier 2002, et l’autre à « l’Analog Shock Club » de Rochester, deux jours plus tard. Pour être sincère je ne suis pas bouleversé par cette musique très rythmé faisant appel aux sons nouveaux de l’époque mais qui, selon moi, laisse trop peu de place au sax ou à la flûte d’Arthur Doyle.

On pourra l’écouter plus à son avantage sur « The Black Ark » de Noah Howard, on pourra également se tourner vers « Live At Glenn Miller Café » chez Ayler records ou « Dawn Of a New Vibration » dont je vous ai parlé page 64 ou l’introuvable « Bäbi » avec Milford Grave.

Arthur Doyle Electro-Acoustic Ensemble ‎– Conspiracy Nation (2002)

1-Birdman
2-Ahead A Pothead
3-Barbatiri
4-Love Ship
5-Pull The String
6-Alabama And Mississippi Reunited
7-No Title

Modifié en dernier par Douglas le ven. 13 mai 2022 06:17, modifié 1 fois.
We will dance again...

Avatar du membre
Douglas
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 4105
Enregistré le : mer. 11 sept. 2019 06:12

Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 11 juin 2021 05:13

Image

Ornette Coleman ‎– Body Meta

Il fallait nécessairement un album d’Ornette Coleman dans la sélection FJMt°, l’évident « Free Jazz » tendait les bras, raison suffisante pour regarder ailleurs, vers « Body Meta », un album enregistré en décembre 1976 et sorti en 1978, qui est une sorte d’aboutissement pour ce qui concerne l’harmolodie, concept inventé par Ornette que l’on peut apprécier ici.

« Ornette invente le Free Funk ! » constate Philippe Robert en un raccourci imparable. L’altiste est à la tête de son petit groupe avec l’étonnant Jamaaladeen Tacuma à la guitare basse électrique, les surprenants Bern Nix et Charlie Ellerbe aux guitares électriques, et l’incroyable batteur Ronald Shannon Jackson. Tous obéissent aux lois de « l’harmolodie », un jeu de mot et concept qui indique l’union de l’harmonie et de la mélodie.

A l’écoute il est vrai que cette musique est nouvelle, elle est free, il y a comme une indépendance entre le jeu des instruments, mais également une complémentarité, elle semble verticale, dressée vers le haut, mais très solide avec une rythmique de feu pulsée par le solide Ronald Shannon Jackson et l’élastique et fantasque virtuose, Jamaaladeen Tacuma. Les guitares sont également complémentaires l’une plutôt rythmique et sa consœur plus mélodique, l’alto est au sommet de la pyramide il joue droit, mais avec lyrisme. Tout cela fonctionne très bien, c’en est même surprenant, l’effet d’un décrassage musical à l’œuvre, si j’ose.

L’œuvre d’Ornette est immense et je me pose cette question, qu’aurais-je choisi s’il m’avait fallu sélectionner un seul album dans cette discographie pantagruélique mais que je connais assez bien ? Je glisse sur « The Shape Of Jazz To Come » trop facile avec ce « Lonely Woman » toujours cité, non, mon premier arrêt serait certainement sur « Ornette On Ténor » qui, déjà, est parfait et dont l’originalité est dite dès le titre, l’étape suivante tiendrait peut-être la corde avec le sublime « Chappaqua Suite », double LP indémodable et fantastique.

Pour plus d’originalité encore je m’arrêterai également sur « Science-Fiction » aux climats changeants avec cette longue suite de grands musiciens qui se succèdent, mais je lui préfèrerai peut-être « Skies Of America » avec le « London Symphony Orchestra » un grand orchestre au service de l’harmolodie et un quartet jazz de tout premier plan, et, en remontant ainsi le temps j’arriverai à ce « Body Meta », et pourquoi pas ?

Ornette Coleman - "Body Meta" (full album) - 1978

- A1) "Voice Poetry" [at 0:00]
- A2) "Home Grown" [at 8:10]
- B1) "Macho Woman" [at 15:58]
- B2) "Fou Amour" [at 23:41]
- B3) "European Echoes" [at 32:18]

Modifié en dernier par Douglas le ven. 13 mai 2022 06:18, modifié 1 fois.
We will dance again...

Avatar du membre
Douglas
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 4105
Enregistré le : mer. 11 sept. 2019 06:12

Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 11 juin 2021 16:27

Image

Sun-Ra And His Astro Infinity Arkestra ‎– Strange Strings

Et voici venu l’heure de Sun Ra et de son Arkestra, les trois du FJMt° vont à nouveau faire preuve de finesse en allant chercher un album assez peu médiatisé du Sun, mais suffisamment étrange et intriguant pour retenir l’attention des curieux musicaux. Il est vrai que la profusion des enregistrements du vieux mage établit une vaste palette pour ce qui est des styles et des orientations musicales, il faudra cependant veiller à choisir un enregistrement free…

Le choix opéré est original et aventureux, ce sera « Strange Strings » non seulement la musique est free mais plus que cela, elle est inouïe, avec toute la dose d’étonnement qu’implique ce qualificatif. L’album a été enregistré en 1966 et sorti en 67, il a depuis été réédité sur Saturn Records. La pièce d’ouverture ne dévoile qu’une partie du projet « Worlds Approaching » verse dans l’exotisme et l’orientalisme mais de façon bancale, désordonnée et chaotique, un monde instable se fissure, craque et s’effrite.

Avec la seconde pièce « Strings strange » qui occupe la moitié de la première face le projet prend place. Il consiste en une appropriation par les musiciens de l’Arkestra d’instruments à cordes, réelles ou virtuelles, en provenance du monde entier. C’est que le vieux bougre est également collectionneur d’instruments neufs ou anciens qu’il met entre les mains de ses musiciens.

Bien entendu les musiciens n’ont aucune pratique de ces instruments, tout en gardant une ossature d’Arkestra, les autres sont invités à entrer dans la découverte de leur nouvel instrument à corde, en sortir des sons, créant un chemin entre apprentissage et improvisation collective.

La seconde face est consacrée au troisième et dernier morceau « Strange Strange », quelques percussions, basse et clavier pilotent l’ensemble qui navigue en suivant une certaine structure qui se dessine, ainsi tous ne jouent pas forcément en même temps, probablement le mage joue-t-il de son orchestre en organisant les masses orchestrales ou en les raréfiant.

Les apprenants sont à l’écoute et, s’ils sont limités dans leur expression technique, restent l’à-propos, le rythme, la répétition, tout ce qui peut faire « musique » dans un ensemble qui avance et évolue dans l’étrangeté des sons, le côté ludique, l’interaction et un certain ordre, une organisation qui se dévoile, l’unité « orchestre » qui tient et retient l’attention de l’auditeur, par le rythme principalement mais aussi par la beauté des timbres et la dissonance, quand elle surgit n’est pas moins belle.

L’album est en mono et le son est assez « écrasé » ne permettant pas de lire avec précision l’origine des sons lors des phases groupées. On peut penser que ce manque de définition est lié au lieu où ont été enregistrées ces bandes, sans doute chez Sun Ra lui-même, qui enregistrait chez lui tout ce qui se jouait.

Il faut souligner ce projet véritablement original et surprenant et, à la sortie, un album finalement assez fascinant.

01 "Worlds Approaching"


02 "Strings Strange"


03 "Strange Strings"
Modifié en dernier par Douglas le ven. 13 mai 2022 06:20, modifié 1 fois.
We will dance again...

Avatar du membre
Douglas
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 4105
Enregistré le : mer. 11 sept. 2019 06:12

Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 12 juin 2021 05:26

Image

Archie Shepp, Chicago Beau - Black Gipsy

Ce disque est cosigné par le batteur Philly Joe Jones qui accompagne Archie Shepp depuis plusieurs albums, il est en quelque sorte l’emblème de l’ancienne génération, celle des précurseurs, lui qui a côtoyé tous les grands du be bop et les a accompagnés pendant la première grande révolution artistique du jazz ! Il est même devenu membre à part entière du quintet mythique de Miles Davis et John Coltrane !

Le voici, aux côtés d’Archie Shepp, représentant en quelque sorte l’histoire et les racines, si importantes aux yeux du saxophoniste. Mais il est une autre génération présente également, celle de l’avenir et de la relève, Anthony Braxton l’incarne à merveille, ainsi que Leroy Jenkins déjà présent sur l’album précédent. Ce groupe de musiciens emblématiques de plusieurs générations va se réunir autour d’un projet musical qui réunit free jazz et blues.

Sur « The Lowlands » que l’on pourrait traduire pas Basse-Terre, la musique est revendicative, en colère. Les accents les plus free succèdent aux déclamations, une improvisation collective libère les tensions autour du saxophone d’Archie Shepp, puis un thème prend forme et se structure autour des déclamations du Chicagoan… Le blues de Chicago Beau (aka Chicago Beauchamp) et Julio Finn s’avère irréductible, au son des harmonicas qui se lient.

Le jeu de batterie de Philly Joe Jones se concentre autour des tambours, contrairement à Sunny Murray qui formait un mur de cymbales, ici les rythmes sont marqués de façon plus classique, avec des évolutions plus libres à certains moments, lors des changements de tempo qui mettent en évidence la voix et le cri.

Le morceau s’étire avec peu de variations, Archie Shepp développe un très long solo de saxophone sur la plus grande partie du morceau, au centre du spectre sonore, en compagnie d’Earl Freeman et de sa basse. A droite, on entend les improvisations de Leroy Jenkins au violon, qui font écho aux harmonicas qui occupent le canal gauche, rejoints bientôt par Anthony Braxton.

« Howling In The Silence » la seconde et dernière compo de l’album occupe toute la face B est divisée en deux parties, l’amour et la difficulté de l’exprimer. La première partie, « Raynes Or Thunders », est jouée de façon très sensible, tout en délicatesse, quasi à fleur de peau. Archie Shepp est au piano, dans un registre lyrique Leroy Jenkins se montre en véritable alter égo de Shepp, tandis qu’Anthony Braxton ressuscite le son de Trane, sur le mode de la quête. Le beau texte d’Augustus Arnold a trouvé en la personne de Chicago un interprète idéal.

Un petit solo de batterie de la part de Philly Joe Jones marque l’articulation entre les deux parties de la composition. « Julio's Song » est un blues qui s’inscrit dans la tradition de Chicago. La lecture est évidemment libre et prétexte à de magnifiques solos qui en font toute la saveur, saxo, basse, violon, piano, soprano enchaînent une succession d’improvisations brillantes et jamais ennuyeuses, confirmant la parfaite tenue de cette seconde face.

Cet album de soixante-dix a l’honneur de figurer sur la sélection FJMt° qui nous guide ici, après la longue série des Impulse d’où émergent « Fire Music », « The Magic Of Ju-Ju » et « Attica Blues » à venir. C’est le choix de « l’à côté » malicieux et clin d’œil aux merveilles de Shepp : « Blasé » en tête, « A sea of faces », « Mariamar », « Jazz A confronto 27 », « Force » avec Max Roach, « Going Home » avec Horace Parlan, « The tradition », « Here Comes the Family » avec Family Of Percussion , « African Moods » avec Jeanne Lee, la liste n’en finit pas et j’en passe, jusqu’au dernier « Let My People Go » en compagnie de Jason Moran.

Archie Shepp, Chicago Beau ‎– Black Gipsy (1970)

1-Black Gipsy
2-Epitaph Of A Small Winner (23:20)

Modifié en dernier par Douglas le ven. 13 mai 2022 06:29, modifié 1 fois.
We will dance again...

Avatar du membre
Douglas
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 4105
Enregistré le : mer. 11 sept. 2019 06:12

Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 12 juin 2021 16:03

Je remonte cette sélection FJMt°:

"From the secret realm of the best French Underground... " (My Cat is an Alien)

Douglas a écrit :
dim. 18 avr. 2021 13:07
Image

« Armonicord », un nom qui fleure bon les années anciennes et l’underground de l’époque, la musique libre et l’espérance en porte-drapeau, comme un contraste avec ce qui nous arrive : l’horizon barré à dix bornes. [Période du confinement]

Qu’importe ! Un nom placé un petit peu plus haut que les autres sur la pochette, Jouk Minor ! Qui s’en souvient encore ? Compositeur ici de presque tout, sauf de « Manoir de mes Rêves » un souvenir de Django (ne jamais oublier Django) ! Il joue de beaucoup de choses, du sax baryton et du sopranino de la clarinette basse, de la clarinette, de la flûte, du gumbri et du piccolo.

L’album porte le doux nom d’« Esprits De Sel » et le quintet se nomme « Armonicord », c’est sorti sur le label « L'Électrobande » en 1977. Jouk est conforté par un groupe hors pair, Jean Querlier joue du sax alto, du hautbois, du cor anglais et de la flûte, Joseph Traindl (son nom est déjà de la musique, je me souviens de lui) joue du trombone, Odile Bailleux ne fait pas tapisserie, elle joue du clavecin, Christian Lété, qui nous ramène aux beaux jours, joue de la batterie, des percussions et de la trompe.

Trois pièces se succèdent, chacune séparée en parties plus ou moins nombreuses. Néanmoins l’interprétation libre est privilégiée et l’album se range radicalement dans la catégorie free, de nombreuses articulations sont prévues sous une forme convenue, il y a une évolution au fil de l’album et quelques courts passages écrits marquent des étapes.

Mais ce qui domine ici, par-dessus tout, ce sont les improvisations folles, le rôle dévolu au clavecin qui s’affiche parfois à l’avant du son, l’originalité de l’ensemble et l’ouverture à de multiples influences, d’autant que les couleurs sonores sont exceptionnellement riches et variées. Que ce soit au niveau des « vents » ou de la rythmique en perpétuel renouvellement.

C’est le seul album du groupe, il témoigne de la dernière évolution d’Armonicord qui connut une autre vie, peut-être, un jour, des bandes sortiront. Mais remercions déjà pour cet album qui marque par sa qualité une étape importante du free jazz hexagonal.

ARMONICORD "ESPRITS DE SEL" FULL ALBUM FREE JAZZ FRANCE 1977
We will dance again...

Avatar du membre
Douglas
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 4105
Enregistré le : mer. 11 sept. 2019 06:12

Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 13 juin 2021 03:37

Image

Full Moon Ensemble Featuring Claude Delcloo ‎– Crowded With Loneliness

Après « Armonicord » voici une autre sélection FJMt° d’un groupe français avec « Full Moon Ensemble » et l’album « Crowded With Loneliness » que j’ai longtemps cherché, avant qu’une réédition n’arrive enfin. L’album date de 1970 et il est principalement animé par Claude Delcloo, batteur et compositeur qui s’est fait d’abord connaître à travers le magazine « Actuel » et le label « Byg » qu’il a marabouté.

Voici la composition de la formation : Jeff Sicard et Gérard Coppéré aux saxs ténor, alto et basse clarinette, jeff joue de la flûte également. L’excellent Joseph Dejean est à la guitare, Martine Tourreil au piano électrique et Ron Miller à la basse. Il y a également Sarah qui est récitante, chante et joue des percussions à l’occasion. Personnellement sa présence ici me pose problème, un peu trop emphatique et démonstrative dans son expression, particulièrement à la fin de la première face, mais ça reste très personnel. Il se dit qu’il s’agit en réalité de Nicole Aubiat du Chêne Noir, beaucoup plus à son affaire avec cet entourage, si cela est exact.

Il n’y a rien cependant qui puisse nous détourner de cet album qui reste très bon et même très saignant comme sur « 101 W.85th Street » de Claude Delcloo en début de face deux. Les musiciens sont excellents et brillent de façon originale par leurs solos, vient ensuite « King Kong » qui termine l’album d’excellente façon.

Il faut souligner la présence de poèmes de la part de Bob Kauffman de la Beat génération, face une, dits avec une grande conviction et un sens mélodramatique très enlevé, comme indiqué plus haut.

Il est à signaler que Claude Delcloo et Arthur Jones ont sorti un album en co-leader, « Africanasia », le numéro six de la Série « Byg Actuel » avec également des membres de l’Art Ensemble of Chicago.

Full Moon Ensemble - Crowded with loneliness (1970)

01 Tribute to Bob Kaufman
02 101 W. 85th Street
03 King Kong

Modifié en dernier par Douglas le ven. 13 mai 2022 06:31, modifié 1 fois.
We will dance again...

Avatar du membre
Douglas
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 4105
Enregistré le : mer. 11 sept. 2019 06:12

Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 13 juin 2021 16:47

Image

Sonny Sharrock ‎– Black Woman

« Black Woman » de Sonny Sharrock pourrait être comparé à un chef d’œuvre, il n’y aurait aucun scandale, alors, qu’il soit cité dans la FLMt° List n’a rien d’étonnant, c’est son absence qui aurait été regrettable, mais, dans cette hypothèse, nul doute que « Monkey – Packie- Boo », de la série Byg Actuel, aurait suppléer à ce manque.

L’album a été enregistré l’année de sa sortie, 1969, sur Vortex Records, assez curieusement il a été produit par Herbie Mann. La formation qui œuvre ici est assez exceptionnelle, sur la face A Sonny joue de la guitare et son épouse Linda Sharrock chante. Dave Burrell est au piano, Norris Jones à la basse et le grand Milford Graves est à la batterie. Face B ils sont rejoints par Teddy Daniel à la trompette et Richard Pierce à la basse.

Sur cet album le jeu de Sonny n’est pas si « destroy » que ça, on n’y entend pas les outrances dans les effets comme avec Jimmy Hendrix qui aimait les pédales et les distorsions, ça ne coule pas non plus comme chez Wes Montgomery qui virtuose en chef. Non ici la guitare de Sonny est souvent d’accompagnement, pourvoyeuse d’énergie et dessinant des paysages musicaux venant d’un peu partout comme sur « Bialero » présenté comme un traditionnel français, je confesse en avoir jamais entendu parler avant d’avoir écouté cet album.

Une guitare qui accompagne mais qui joue des mélodies et des dissonances aussi. L’autre pôle voyageur c’est Milford grave qui tricote des rythmes du bout des mondes. Dave Burrell est également un constructeur de monde mouvant et déstabilisant. Mais, surtout, la surprise vient de la voix de Linda Sharrock qui vocalise, chante et onomatopie à l’envie, elle chèvre même parfois avec le bon goût de toujours s’arrêter au bon moment afin de ne jamais risquer d’être autre chose qu’un tremplin à la beauté.

Un album court, et c’est là son seul véritable défaut, mais qui remue en profondeur…

Black Woman


Blind Willie


Peanut


Portrait Of Linda In Three Colors, All Black


Bialero
Modifié en dernier par Douglas le ven. 13 mai 2022 06:33, modifié 1 fois.
We will dance again...

Avatar du membre
Douglas
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 4105
Enregistré le : mer. 11 sept. 2019 06:12

Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 14 juin 2021 06:11

Image

Jacques Thollot ‎– Watch Devil Go

Jacques Thollot se place souvent hors des catégories, au-delà du jazz, du free, quelque part dans un coin bien à lui où les mélodies cristallines vous envoûtent, par- delà les simples chansons, la musique dite savante ou expérimentale. Il fixe ainsi sur une étagère, quelques vignettes pleines de beauté comme sur le morceau titre.

« Watch Devil Go » est le second album de Jacques Thollot, enregistré entre 74 et 75, il sort quatre années après avoir jeté une girafe à la mer, ce qui fut assez mal vu, il aurait gagné à le faire avec une plus grande discrétion. Il a conservé tout de même des amis, comme François Jeanneau qui joue de la flûte, du sax ténor et du synthé, Jean-François Jenny Clarke à la basse et aussi Charline Scott qui chante sur « Watch Devil Go » et un quartet à cordes qui intervient sur un titre.

La musique de Jacques Thollot peut tantôt être free et échevelée, comme sur "In Extenso" mais elle peut regarder côté électro et se jouer avec des boutons. Le quartet à cordes vagabonde « Entre Java et Lombok » ce qui ne saurait étonner sur une palette de couleur si vaste qu’il faut certainement faire le grand écart pour y retrouver ses petits.

Les pièces très courtes côtoient d’autres un peu plus longues, ce qui ajoute encore à ce curieux et génial « bric à brac » qui s’amoncelle, free, fanfare, électro, chant, expérimental, tout cela s’enchaîne dans un patchwork où tout semble égal à tout, ce qui compte c’est la patte, la touche, le truc qui fait mouche.

Il fallait bien un album « fourre-tout » de cet acabit dans la sélection FJ Manifesto, c’est manifestement le rôle de cet album-là, digne successeur de « Quand Le Son Devient Aigu, Jeter La Girafe À La Mer. »

Jacques Thollot ‎-- Watch Devil Go (1975)


1) Kanephoros
2) Up-Down
3) Watch Devil Go
4) In Extenso
5) Go Mind
6) Tryptique Pour La Foire Des Ténèbres De Ray Bradburry
7) Le Ciel Manque De Généalogie
8) Kamikaze's Nightmare
9) Entre Java Et Lombok
10) Eddy G, Always Present
11) Before In
12) Eleven
13) La Dynastie Des Wittelsbach
14) 1883-1945, Heavens
15) Au Stylo Feutre, Un Paysage
16) Canéphore
Modifié en dernier par Douglas le ven. 13 mai 2022 06:34, modifié 1 fois.
We will dance again...

Avatar du membre
Douglas
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 4105
Enregistré le : mer. 11 sept. 2019 06:12

Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 14 juin 2021 17:27

Je remonte, je remonte...
:sorcierzzz:

"Pluie d'éloges des plus aventureux de ses pairs: soit un guitariste pour guitaristes." Écrit Philippe Robert.

Douglas a écrit :
lun. 19 avr. 2021 15:18
Image

En parcourant mes étagères à la recherche d’un bon album free je tombe sur celui de « Ray Russell Live At The I.C.A. », et oups ! J’avais oublié que c’était un test pressing, la pochette est la bonne mais les labels sont peu diserts, des codes de lettres et de chiffres et un A4 de chez RCA contenant divers renseignements. Cet album est tout de même une légende du free jazz britannique, même si le secret reste bien gardé.

Mon document indique la date du onze juin 1971 et le Ray Russell Quintet à l’œuvre, les titres sont détaillés avec le minutage correspondant, alors que ce dernier n’est pas indiqué sur le verso de la pochette. Cette dernière indique par contre le nom des musiciens aux côtés du compositeur et guitariste Ray Russell. Harry Beckett est à la trompette et au bugle, Tony Roberts au sax ténor, à la basse clarinette et à la flûte, Daryl Runswick à la basse et Alan Rushton à la batterie.

Tout en menant une brillante carrière de musicos de studios, Russell a eu l’opportunité de sortir cet album free dès soixante et onze, une période où les labels recherchaient des musiciens s’exprimant dans ce style, et cet enregistrement de concert contient quelques passages d’anthologies avec une guitare flamboyante et déjantée.

Il est évident que la plupart des pièces contiennent une très grande part d’improvisations, et les tensions décroissent aussi rapidement qu’elles croissent, on pense à John McLaughlin à cette même période et au virage vers une nouvelle musique déjà négocié par Miles et ses adeptes.

Il existe une édition Cd très augmentée avec Gary Windo aux saxophones, un choix très convenable. Par contre, pas trouvé d'extrait!
We will dance again...

Avatar du membre
Douglas
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 4105
Enregistré le : mer. 11 sept. 2019 06:12

Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 15 juin 2021 04:33

Image

Wadada Leo Smith ‎– Kabell Years 1971-1979

Je connais « Wadada Leo Smith » dont j’ai quelques albums et d’autres où il participe en tant qu’invité. Pourtant, je dois le reconnaître, c’est sa sélection à FJMt° qui m’a incité à me procurer ce coffret sorti sur Tzadik, le label de John Zorn. Ces enregistrements proviennent précisément du label de Léo Smith, « Kabell », ils ont été remasterisés et il a été ajouté deux heures de titres inédits. Le coffret quatre Cds pleins à raz-bord, près de cinq heures de musique, contient également un livret assez conséquent, sur lequel on peut voir des graphiques étranges, des portées musicales étonnantes, bref, bien des mystères qui me laissent médusés.

Pour ce qui concerne Leo Smith avant tout il faut savoir un truc, il est du Mississipi, et son beau-père, Alex Little Bill Wallace, justement, il en connait un rayon sur le blues, il le chante, joue du piano, de la guitare et de la batterie, côtoie B.B. King ou Elmore James, alors forcément, Léo il baigne dedans, et, jamais il n’oubliera le goût terreux du blues.

Il apprend la trompette et le bugle, la composition aussi et monte à Chicago où il fréquente l’A.A.C.M., Anthony Braxton et Steve Mc Call mais aussi les autres qu’il côtoie. Il a ce petit côté intello avec des lunettes, la musique il l’étudie sévère, mais il garde, tout au fond, un petit coin de blues.

Figure dans ce coffret son premier album, en solo, « Creative Music I » de 1972 et, les petits plus qui font le sel de ce coffret. Le second album «Reflectativity » de 1975 est joué avec la formation « New Dalta Ahkri » qu’il anime avec Anthony Davis au piano et Wes Brown à la basse et à la flûte, Leo Smith étoffe son éventail sonore en devenant multi instrumentiste. Le troisième album « Song Of Humanity » est joué avec la même formation et sort en 1977. Arrive ensuite « Ahkreanvention » de 1979, enregistré en solo et enfin réédité car le prix le rendait inabordable.

Je vais rester très général à propos de ce coffret, mais il me fait tout simplement l’effet d’une pépite et j’applaudis à cette magnifique réédition, le son est superbe, limpide, clair et lumineux, chez John Zorn ils ont bossé grave. Malgré que Wadada Léo Smith soit souvent classé parmi les expérimentateurs et assez souvent parmi les solitaires, c’est un merveilleux musicien qui n’ennuie pas, il relève les défis avec grâce et, toujours, au fond, ce petit coin de blues qui fait du bien. Juste lumineux.
Modifié en dernier par Douglas le ven. 13 mai 2022 06:36, modifié 1 fois.
We will dance again...

Avatar du membre
The lad
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 1135
Enregistré le : lun. 5 août 2019 15:06

Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par The lad » mar. 15 juin 2021 12:54

Douglas a écrit :
jeu. 10 juin 2021 17:32
The lad a écrit :
jeu. 10 juin 2021 10:01
Incroyable, j'ai raté ton post qui chroniquait ce livre alors que je compulse quotidiennement ce fil. Putain ça a l'air tout bonnement excellent, je souscris au concept et à la maquette, et je viens de le commander. Merci Dougie les bons tuyaux !

Merci pour ton assiduité!
:chapozzz:

Pour le petit manuel, j'essaie de ne pas trop en dire non plus : il faut bien qu'il se vende!

Reçu le livre ce matin — c'était du rapide. Il va vite rejoindre la palanquée de miscellanées de cabinets fort utiles (Garageland, Dispatches, Babylon on a thin wire ou le Dico du rock entre autres…).
Affreux, sale et méchant.

Avatar du membre
Douglas
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 4105
Enregistré le : mer. 11 sept. 2019 06:12

Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 15 juin 2021 16:02

The lad a écrit :
mar. 15 juin 2021 12:54
Douglas a écrit :
jeu. 10 juin 2021 17:32
The lad a écrit :
jeu. 10 juin 2021 10:01
Incroyable, j'ai raté ton post qui chroniquait ce livre alors que je compulse quotidiennement ce fil. Putain ça a l'air tout bonnement excellent, je souscris au concept et à la maquette, et je viens de le commander. Merci Dougie les bons tuyaux !

Merci pour ton assiduité!
:chapozzz:

Pour le petit manuel, j'essaie de ne pas trop en dire non plus : il faut bien qu'il se vende!

Reçu le livre ce matin — c'était du rapide. Il va vite rejoindre la palanquée de miscellanées de cabinets fort utiles (Garageland, Dispatches, Babylon on a thin wire ou le Dico du rock entre autres…).
Je te souhaite une bon parcours lecture, qu'il te fasse bonne compagnie au milieu des autres !
:pausecaffé:
We will dance again...

Répondre