J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 24 juin 2021 04:11

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Clifford Thornton ‎– The Panther And The Lash

Encore un magnifique album qui arrive, également cité sur FJMt°, en effet la température monte encore avec « The Panther and The Lash » du Clifford Thornton Quartet. Voici les musiciens en gardant l’ordre et l’énoncé de la pochette : Noël McGhie, percussion – Beb Guérin, contrebasse – François Tusques, piano, celeste, balafon, maracas – Clifford Thornton, cornet, shenai, valve trombone, maracas, piano. Quatre photos au verso de la pochette et indiqué : Live Concert At « La Maison de la Radio » (ORTF) Paris – November 7, 1970.

Le titre de l’album que l’on pourrait traduire par « La panthère et le fouet » ou « De la Panthère et du Fouet » ce qui sonne peut-être mieux, fait référence au poète noir américain Langston Hughes qui traversa le siècle dernier, et qui écrivit son ultime recueil de vers en le nommant ainsi. Il dénonce la politique raciale telle qu’elle existait encore dans les années soixante. Ces poèmes sont des références absolues pour Clifford Thornton qui se verra catalogué en tant que « Black Panther » par… les autorités françaises qui procèderont à son expulsion, si mes souvenirs sont bons.

Il faut dire que Clifford Thornton a participé à l’aventure « BYG Actuel » et qu’il a enregistré le volume vingt-trois de la série qui se nomme « Ketchoua », du nom de la grande mosquée située dans la casbah d'Alger. Celle-ci inspire à Clifford une intense et profonde méditation sur la quiétude, la condition de l'homme et l'importance des racines, à maints égards cet album introspectif et même philosophique, nous plonge dans le questionnement, entre rêve et réalité.

« The Panther and The Lash » possède une première face absolument merveilleuse, avec deux titres du saxophoniste absolument tripant, « Huey is Free » et « El Fath » qui sont d’un accès évident et immédiat. C’est engagé bien sûr, Huey c’est « Huey P. Newton » le fondateur des Black Panthers à qui est dédicacé cette pièce, Malcom X n’est pas loin non plus. Ils sont fûtés ces personnels des Renseignements Généraux, quel flair !

Bon arrêtons de rigoler car face deux François Tusques envoie également la sauce avec « Tout le Pouvoir au Peuple » qui ouvre la seconde face, suivi de « Paysage Désolé » et de « Right On ». Deux hommages à l’Afrique pour finir, « Shango/Aba l’Ogun » et « Mahiya Illa Zalab » un traditionnel tunisien, je pense.

La discographie de Clifford Thornton n’est pas immense, mais je souligne également un autre album enregistré en compagnie de la J.C.O.A. (Jazz Composer’s orchestra) « The Gardens Of Harlem » avec plein de gens formidables, une liste qui n’en finit pas…


Clifford Thornton - huey is free


El Fath (Live)


Clifford Thornton (Usa, 1970) - Shango Aba Ll` Ogun


Mahiya Illa Zalab - Clifford Thornton (1971)
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Message par Douglas » jeu. 24 juin 2021 17:05

Une remontée, juste pour le plaisir, Phil Cohran au meilleur de sa forme, en compagnie de l'Artistic Heritage Ensemble dont une partie des membres ira fonder "Earth, Wind & Fire", incroyable !
Douglas a écrit :
dim. 27 oct. 2019 06:03
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Philip Cohran est décédé en 2017 à l’âge de quatre-vingts ans. Il est surtout connu pour avoir été l’un des trompettistes de l’Arkestra de Sun Ra entre 1959 et 1961 mais aussi pour avoir fait parti des fondateurs de l’AACM de Chicago qui fit tant pour la « Great Black Music ». Pour les curieux et ceux qui fouinent dans les petits trésors un peu moins connus de l’histoire du jazz, c’est également une mine, témoin cet album écrit et joué en 1965, puis enregistré à l’Afro Arts Theâtre en 1968 en compagnie de "The Artistic Heritage Ensemble", formation qu'il crée et dirige.

Un seul morceau de quarante minutes : « The Spanish Suite (Martina, Delores, & Marguirite) ». On y entend un mélange de culture traditionnelle espagnole, arabe et même juive, on y ajoutera quelques passages latinos et de musique cubaine, sans oublier le souffle puissant du jazz. L’aboutissement tout à fait réussi de ce mix donne naissance à un superbe album ponctué par des solos inspirés. Tout juste regrettera-t-on une défaillance technique au milieu de la piste.

The Spanish suite (Martina , Delores & Marguirite)
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Message par Douglas » ven. 25 juin 2021 04:07

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Jacques Berrocal ‎– Parallèles

Voici venir « Parallèles » de Jac Berrocal, une sélection FJMt°, son second album après « Musiq Musik » sorti chez Futura. Celui-ci inaugure le petit label de Berrocal « d'Avantage », c’est un album un peu fourre-tout, de bric et de broc, assez génial en fait, mais très underground, du genre qui ne fait pas vivre son homme. L’épaisseur arrive au fil du temps et des décennies, quand on fait le point, il y a chez Jac quelque chose qui attire l’oreille, irrémédiablement.

L’album s’ouvre avec « Parallèles » un incroyable duo entre Ferlet au trombone et Berrocal à la valve de trombone, ça vous plonge dans l’ambiance, de l’inouï s’il vous plaît ! Avec « Post card » nous voici compilé dans une drôle de machine, Michel Potage nous parle et joue de la guitare, Berrocal du trombone et Ferlet de la trompette de poche, un texte surréaliste en forme de « tranche de vie », une carte postale, donc. Puis c’est l’heure de « Galimatias » un solo au cornet de Jacques qui déchire le silence…

Puis arrive ce truc en forme de tube, « Rock’n Roll Station », une histoire à trois avec le retour du mythique Vince Taylor, le « Rock’nRoll Speaker », Jacques Berrocal à la « bicyclette » et Pierre Bastien à la contrebasse. Voici l’extrait d’une interview de Jac par Philippe Robert, ce dernier demande des précisions sur sa rencontre avec Vince :

« - Vince était comme un OVNI allant et venant avec une souplesse de félin : un voyant et un séducteur au regard faisant mouche […] Vince Taylor a incarné le rock à un point inimaginable de folies sensuelles et scéniques. Si certains depuis ont élevé le rock comme un art, lui seul en fait a fait une messe imprévisible et troublante. Alors l’idée de « Rock’n Roll Station » m’est venue, son image s’est imposée immédiatement, et l’enregistrement fut bouclé en une heure. « Rock’n’Roll Station » c’est une chose qui m’a complètement échappée ; un geste rapide que j’ai mis vingt ans à chanter sur scène. » C’est dit, pour les amateurs le titre est également dispo en 45 tours.

La face B est entièrement dévolue à « Bric-à-brac (To Russolo) » un titre de vingt-quatre minutes de musique expérimentale rassemblant un octet jouant d’une vingtaine d’instruments en conversation improvisée, c’est surprenant, étonnant, quelque chose de la vraie vie, de la fanfare, de la joie, mais aussi du questionnement au fil de l’eau, du temps et de l’air qui se promène dans les valves en faisant un drôle de bruit…

A l’intérieur de la pochette Jac présente l’ophicléide dont il joue sur la pièce. «n.m (gr. Ophis, serpent, et kleis, kleidos, clef) Instrument de cuivre, à vent et à clef, qui a remplacé le serpent : L’ophicléide, qui a le son rude, lourd, et le mécanisme défectueux, est presque partout abandonné."

Et maintenant l’une des dernières questions de la part de P Robert :

« Aurais-tu aimé jouir d’une reconnaissance plus large que celle associée à ton statut, si tu me permets l’expression, d’artiste culte ?

Grosse Module

Il existe également une version Cd augmentée.

Jac Berrocal "Rock'n'roll station"


Jacques Berrocal - Occupé (1977)


Jacques Berrocal - Post-Card (1977)


Jacques Berrocal - Shorten (1975)


Jacques Berrocal - Cryptéa IV (1973)
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Message par Douglas » ven. 25 juin 2021 17:25

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Théâtre Du Chêne Noir ‎– Aurora

Toujours sous l’impulsion de FJMt° voici « Aurora » interprété par le « Théâtre du Chêne Noir d’Avignon », c’est la troupe dans son entier qui crée, joue, interprète, tant au niveau des textes et des voix que des musiques, de sa conception et de son interprétation. La première a été donnée en mai 71 à la Cartoucherie de Vincennes à l’invitation du Théâtre du Soleil.

L’enregistrement de l’album s’est effectué en juin 71 à Avignon, en monophonie. On retrouve Nicole Aubiat au chant et à la cymbale à l’archet, Bénédicte Maulet au chant également, Pierre Surtet aux flûtes et aux saxs, Guy Paquin au violoncelle et à la trompette et à la voix, Daniel Dublet aux gongs, aux bongos et à la guitare électrique à l'archet, Gérald Gelas à la batterie et aux gongs, et enfin Jean-Marie Redon à la flûte traversière ainsi qu’à la voix.

L’histoire tourne autour d’un conte fantastique dont le thème se situe dans le registre de la Science-Fiction, en effet la planète Terre est attaquée par les « Hommes-Oiseaux » venus de l’espace qui veulent asservir les habitants de notre planète. Tout se joue dans l’atmosphère fantastique et lugubre qui est ici mise en place. Musicalement c’est assez minimal, tout en réservant quelques passages d’envergure tout de même, à certains moments clefs.

Objectivement le scénario est assez basique, voire simpliste, mais l’interprétation dans son ensemble, tant par le jeu des acteurs que par l’exécution des pièces d’ambiance est très réussi. Le « Théâtre du Chêne Noir » gardera auprès des amateurs et des quêteurs d’albums une place de choix. Personnellement je préfère « Chant Pour Le Delta, La Lune Et Le Soleil » mais c’est juste pour vous donner l’envie d’écouter les deux si vous ne les connaissez pas !

Il y a eu une réédition récente au Souffle Continu dispo sur bandcamp.

Théâtre Du Chêne Noir D'Avignon - Aurora (1971) FULL ALBUM

00:00 A1. Arrivée De La Terre Et De Ses Enfants: L'aurore
06:15 A2. Le Bonheur
10:33 A3. La Vieillesse Et La Mort
15:56 B1. Le Conte De La Terre Et De Ses Enfants Et La Première Apparition Des Hommes Oiseaux
22:56 B2. La Fascination Des Enfants De La Terre Par Les Hommes-Oiseaux
28:38 B3. Vivre

Modifié en dernier par Douglas le ven. 13 mai 2022 01:21, modifié 1 fois.
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Message par Douglas » sam. 26 juin 2021 05:37

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François Tusques ‎– Alors Nosferatu Combina Un Plan Ingénieux

Il ne saurait être question d’évoquer le free jazz en France sans parler de François Tusques, pionnier du genre après qu’il ait rencontré et longuement joué avec Don Cherry au « Chat Qui Pêche ». C’est à l’intérieur de ce club que beaucoup s’est joué, alors forcément pour la sélection FJMt° on pense avant tout à l’album référence, « Free Jazz » de François Tusques sorti en soixante-cinq et devenu pièce de collection. Un album que je n’ai pu écouter confortablement qu’après la réédition 2017 !

Une nouvelle fois le pronostic est déjoué, ce seront des inédits des années « 69-71 » sans plus de précision confie François, bien que la date arrêtée sur l’album soit celle de l’année 1969. Le vinyle se nomme « Alors Nosferatu Combina Un Plan Ingénieux » et n’est sorti qu’en 2019. Par contre c’est du free de grande qualité, très dense, en compagnie d’une formation peu précise des dires même de François Tusques, mais d’un haut niveau technique.

Voici ce qu’écrit François sur les notes à l’arrière de la pochette : « […] les artistes qui ont participé aux concerts de 1969-1971 qui composent ce disque sont Ronnie Beer (sx), Joseph Déjean (g), Claude Delcloo (dm), Earl Freeman (b), Beckie Friend (fl), Eddy Gaumont (dm) , Beb Guérin (b), Noel McGhie (dm), Jouck Minor (sx), Barre Phillips (b), Aldo Romano (dm), Alan Silva (b), Kenneth Terroade (sx, fl), Jacques Thollot (dm) et Bernard Vitet (tp). Qui, quand, où (American Center assez souvent), exactement, je ne saurais le dire. » A titre indicatif j’ai ajouté entre parenthèses le nom de l’instrument référent de chaque musicien, sauf erreur de ma part. Bien entendu François Tusques est pianiste, il précise également que certains des noms cités ne figurent pas sur l’album en réalité.

Trois longues pièces, sur la face une « Le Fumet Du Jubjub », sur la deux « …La voûte d’un Caveau, ou d’un Charnier » ainsi que « Tout le Pouvoir au Peuple » dont on a parlé il y a peu. Ce sont là des témoignages précieux du free d’alors, des moments privilégiés qui témoignent avec force d’une époque qui se disait sans tabou ni limite, entièrement libertaire. Petit à petit François Tusques s’éloignera de sa fougue première et produira d’autres grands albums dans un style qui conserve plus de repères.

On remarquera « le Musichien », « Near The Oasis » avec Sonny Simmons et « Intercommunal Dialogue 1&2 » et d’autres encore…

François Tusques - Alors Nosferatu Combina Un Plan Ingénieux (Full Album)

O.OO - Le Fumet Du Jubjub
20.49 - ...La Voûte D'Un Caveau
33.00 - Tout Le Pouvoir Au Peuple!

Modifié en dernier par Douglas le ven. 13 mai 2022 01:23, modifié 1 fois.
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Message par Douglas » dim. 27 juin 2021 03:03

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Frank Wright ‎– One For John

Décembre 69, le saxophoniste Frank Wright qui a participé au festival d'Amougies, organisé par BYG Records, ne sait peut-être pas encore qu'il va s'installer pendant quelques années en France et animer le brillant collectif "Center of the world" avec le pianiste Bobby Few et le batteur Muhammad Ali. Ces deux-là sont déjà présents sur cet album qui porte le numéro trente-six de la série Byg Actuel. Muhammad est le frère de Rashied qui sera le dernier batteur de Coltrane.

Pour l’heure, ce cinq décembre 1969, ils sont rassemblés aux Studios Saravah avec un renfort de qualité dans la personne de Noah Howard, le fougueux saxophoniste alto. La première pièce qui dépasse les seize minutes est un vibrant hommage à Coltrane, comme l’indique le titre « One For John », on retrouve la manière de Trane, le souffle spirituel, l’engagement physique total et la soif du dépassement qui caractérise alors la « prière » Coltranienne.

La seconde pièce qui se trouve sur l’album est divisée en deux parties, afin qu’elle puisse tenir sur l’album. C’est donc l’introduction de « China part 1 » qui terminera la face, le temps de s’acclimater aux sonorités asiatiques. La pièce dépasse en effet les vingt-six minutes !

Elle est signée par Bobby Few, pianiste très lyrique, extrêmement doué, le thème est d'inspiration chinoise, il se déploie avec lenteur et répétitions, soit par le pianiste, soit par les souffleurs. Le grand Noah Howard à l'alto intervient de concert avec Frank Wright, ce dernier, appelé également "le révérend" semble encore un peu sur la réserve, le saxophoniste "hurleur", dévastateur et puissant est encore en devenir, bien que les échantillons présentés ici soient déjà très prometteurs !

Un album FJMt°, le troisième de la série Byg Actuel, « monstrueusement bandant » confie Philippe Robert, alors lâchez-vous !

Frank Wright - One For John


Frank Wright - China
Modifié en dernier par Douglas le ven. 13 mai 2022 01:26, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 27 juin 2021 15:58

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Albert Ayler ‎– Holy Ghost

Impossible pour l’équipe de FJMt° de faire l’impasse sur Albert Ayler, j’aurais misé d’abord sur « Spiritual Unity » en trio ou « Ghosts » ou encore « Spirits », mais non, ce sera l’énorme « Holy Ghost » la grosse boîte noire de dix Cds publiée sur Revenant en 2004.

Avant d’aller plus loin, je commence par le futile, le petit mystère qui se cache à l’intérieur du coffret. Il y a en effet une fleur séchée, blanche, qui a fait beaucoup parler les propriétaires des coffrets. J’ai entendu plusieurs versions différentes, puis je les ai oubliées. Un beau jour sur le net j’ai lu une explication qui semblait crédible, je l’ai conservée dans un petit coin de mon ordi, je n’ai pas la source mais voilà ce qu’elle dit :

"La fleur séchée est une fleur de cornouiller", a expliqué Waggener dans un e-mail. "On dit que la croix sur laquelle Jésus a été crucifié était faite d'un cornouiller. La légende raconte qu'après la crucifixion, les cornouillers ne poussaient plus assez fort pour crucifier une personne. Les fleurs de cornouiller par la suite sont devenues tachées de sang au centre, et avec des trous percés aux extrémités de leurs pétales pour symboliser les trous de clous dans la croix. "

Peut-être est-ce là une explication crédible, quand on connaît la force de la foi chez Albert Ayler. A l’intérieur du coffret il y a pas mal d’autres petites choses étonnantes, une photo du jeune Albert avec un saxo, un Cd bonus d'Albert avec un groupe de l'armée américaine, une brochure réimprimée de 1965 du poète Paul Haines qui était parue sur quelques exemplaires de « Spiritual Unity » me semble-t-il, mais je ne suis plus très sûr.

Mais surtout il y a un gros livret de deux cents pages avec pleins de renseignements de toutes sortes et particulièrement sur les sept Cds remplis de documents sonores incroyables, comme les funérailles de Coltrane pendant lesquelles Albert a joué comme l’avait souhaité le défunt, il y a eu également Ornette qui joua si mes souvenirs sont bons. Il y a plein d’inédits de concerts de grande qualité, un inédit avec Cecil Taylor, des extraits en compagnie de Don Ayler, son frère. Il y a également deux Cds d’interview.

Ce coffret est tout simplement magnifique et intéressera ceux qui sont fascinés par ce musicien d’exception, il est en effet difficile d’échapper à l’attraction de cet objet « précieux », mais fragile en cas de chute, semble-t-il, m’a-t-on raconté…

Albert Ayler - Holy Ghost: Rare & Unissued Recordings (1962–70)


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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 28 juin 2021 05:07

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The Jazz Composer's Orchestra

Second album du Jazz Composer’s Orchestra, Mike Mantler est la cheville ouvrière de cet essai : il compose et dirige ce concerto pour soliste et grand orchestre. À gauche les anches, à droite les cuivres, au milieu, en arrière la section rythmique et en avant les solistes. Cette structure est constante tout au long de l’album. La section rythmique piano-basse-batterie joue en continue, les sections de cuivres ou de anches de façon autonome ou conjointement, elles interviennent soit en accompagnant le soliste de façon improvisée, soit à la façon d’un riff, de façon répétée en créant une tension permanente interrogeant et relançant les solistes, les poussant jusqu’à l’ultime explosion… La masse sonore représentée par ce grand orchestre est en effet impressionnante, vingt-cinq musiciens dont cinq contrebassistes.

Les solistes abordent leur improvisation de façon différente, sur communications#8 les cuivres dominent par leur présence, Don Cherry surgit tout à coup de l’ensemble et converse avec l’orchestre, lui répondant en un dialogue ponctué de phases assez brèves. Gato Barbieri, lyrique et chaleureux, semble lui, s’appuyer sur l’orchestre, le défiant, puis le relançant sans cesse avec frénésie. Déjà la tempête gronde et la tension se crée.

Sur communications#9 Larry Coryell fait masse avec l’orchestre et s’y fond, son impro s’appuyant sur le tapis cotonneux qui lui est offert, douce fusion free de sons électriques et acoustiques, moments de grâce partagés.

Communications#10 est dévolu à Roswell Rudd, à l’origine, la pièce était écrite pour la basse de Steve Swallow, c’est d’ailleurs lui qui assume l’introduction du morceau. Du dixieland au free, Roswell Rudd aura parcouru avec son trombone l’histoire du jazz à travers toute sa diversité, technicien hors pair, il expose sur ces quelques minutes l’étendue de son savoir-faire, sans esprit de démonstration, en dialoguant librement avec la section rythmique puis, comme un privilège, avec la seule batterie de Beaver Harris.

Les 3 minutes 23 de Preview, dont le soliste est Pharoah Sanders, constituent une performance extraordinaire et un sommet de ce double LP. Rarement une telle intensité a été enregistrée sur disque, on ressent physiquement l’ampleur, la force et la puissance qui ne cessent de croître tout au long de l’ascension de ce volcan free, l’orchestre ponctue de façon rythmique cette montée crépusculaire, créant une tension qui emporte l’auditeur dans le souffle et le souffre…

Le second disque est dévolu principalement à Cecil Taylor pour ce qui touche aux solos, il dialogue et improvise avec le grand orchestre mené par Mike Mantler sur les deux faces de l’album, on imagine sans peine le respect immense dont bénéficie Cecil Taylor auprès du maître de cérémonie, celui-ci a préparé un magnifique écrin à notre soliste et lui a offert le plus merveilleux des cadeaux, un big band au complet prêt à le pousser et à le soutenir jusque dans ses ultimes limites : ce sera communication#11.

Cecil Taylor, c’est un monde à part qui fascine et subjugue, créateur d’une architecture sonore inimitable, parfaite et achevée. La masse sonore du grand Orchestre constitue, en même temps qu’un soutien, un défi permanent qui s’apparente parfois à un duel tant on craint pour notre pianiste, mais jamais ne faillit, étincelles et beauté pure naissent de cet échange brillant.

Ces faces sont sublimes et forgent chez l’auditeur ces quelques moments rares où l’on se sent hors du temps, transporté. L’osmose entre l’orchestre et le piano est ici parfaite, seule une qualité d’écoute exceptionnelle entre les participants peut expliquer une telle harmonie…

Certains esprits chagrins auront trouvé sans doute quelques défauts à ce projet mais, avec le temps, cet album se dresse vers le ciel comme une cathédrale et nous toise, et il tient son rang, à la façon d’un classique, au sein du bien aimé FJMt°.

Je n'ai pas trouvé d'extrait mais c'est un indispensable pour les amateurs de free.
Modifié en dernier par Douglas le ven. 13 mai 2022 01:34, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 29 juin 2021 04:51

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The Nihilist Spasm Band ‎– No Record

Avec « The Nihilist Spasm Band » on passe un cap. Ça commence en 1965 quand huit gars de London, en Ontario au Canada décident de créer un groupe d’inspiration free, ce sont de purs amateurs exerçant une profession par ailleurs. Pour commencer ils décident de fabriquer eux-mêmes les instruments dont ils jouent, mais pas que, ils jouent aussi du kazoo, de la « slide bass clarinet », comme l’affirme Archie Leitch « Je suis le plus grand canadien vivant jouant de la « slide bass clarinet » au monde ! » Ils fabriquent également des guitares de toutes sortes…

Et ils jouent.

Ils sont nihilistes, anars, révolutionnaires, décalés et ne se prennent pas tout à fait au sérieux. Mais pendant plus de cinq décennies, ils ont joué gratuitement pour qui voulait assister à la représentation, tous les lundis soir au même endroit.

Par contre, sans qu’ils s’en rendent compte, ils sont devenus le premier groupe « noise » et une référence absolue pour un grand nombre de musiciens, une influence qui a grandi encore lorsqu’ils sont apparus sur la « Nurse With Wound List ».

C’est loin d’être nul et je pencherais même plutôt côté opposé, si vous aimez « Trout Mask Replica » vous devriez jeter une oreille (pas trop loin pour être sûr de la retrouver) sur cet album bien délirant et jamais ennuyeux. Régalez-vous avec « Destroy The Nations » ou… « Destroy The Nations Again ». Ça déconne bien aussi et on comprend assez facilement les paroles, même sans être bilingue confirmé, « I Love a Horse » hurle William A. Exley !

Il existe une réédition vinyle de 2014, bien réussie, le son est excellent et un insert double apporte une foule d’informations, c’est la version que je possède.

Nihilist Spasm Band - No Record (Full Album)


1. Destroy The Nations - (0:00)
2. When In London Sleep At The York Hotel - (8:19)
3. The Byron Bog - (13:18)
4. Dog Face Man - (24:38)
5. Oh Brian Dibb - (32:34)
6. Destroy The Nations Again - (37:10)

Modifié en dernier par Douglas le ven. 13 mai 2022 01:37, modifié 2 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 30 juin 2021 05:15

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Edward Vesala Trio ‎– Nana

Une découverte pour moi cet album, je la dois à FJMt° et j’en remercie les auteurs sans qui je n’aurais sans doute jamais rencontré cette merveille. Le premier album de free Finlandais semble-t-il ! Ce trio n’est que l’émanation d’un quartet où l’un des membres, le trompettiste Mike Koskinen est tombé malade, restent donc le batteur et percussionniste Edward Vesala, le saxophoniste Juhani Aaltonen et le bassiste Arild Andersen.

Nous sommes en août 1970, la session d’enregistrement est organisée et un petit miracle va se produire, environ trente-cinq minutes au total, c’est bien court évidemment, mais le modèle ce sont les sessions ESP qui sont parvenues aux oreilles des musiciens, assez souvent shorts également…

En œuvre un équilibre formidable très rapidement trouvé, la basse ronde et audacieuse d’Andersen, le jeu de batterie de Vesala très axé sur les cymbales, et les glissements tantôt au soprano et tantôt au ténor de Juhani Aaltonen qui allie les sons contrastés, passant de l’extrême aigu au grave vibrant.

C’est vraiment très beau, il n’y a pas de sauvagerie free intempestive, au contraire c’est plutôt assez introverti, avec de la retenue et même un certain recueillement, Coltrane est dans l’ombre… particulièrement sur le titre d’ouverture « Alhambra Mood » signé du saxophoniste.

Pourtant, très vite les sons triturés, un peu à côté, comme des failles qui se creusent doucement éraillent la beauté plastique pour en extraire un aspect cru, quelque chose qui vient de l’intérieur, au-delà de l’apparence, comme une substance, un morceau de vie.

Ça file vite, très vite, c’est prenant pour peu que l’on s’abandonne, certainement une bonne claque cet album, hein, ça fait du bien, parfois, une bonne claque !

Edward Vesala trio nana


Gamma
Modifié en dernier par Douglas le ven. 13 mai 2022 01:39, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Harvest » mer. 30 juin 2021 09:32

Douglas a écrit :
lun. 21 juin 2021 02:26
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Et voici venu le tour de Steve Lacy ! Un album solide du label Black Saint a été élu par le jury FJMt° pour présenter l’art du saxophoniste soprano, c’est « Trickles » ! Comme souvent chez Steve, juste un nom qui claque, c’est une marque de la plupart de ses albums. Il est en excellente compagnie, mais c’est une constance chez lui, exigeant sur le choix de ses compagnons d’arme et fidèle en amitié également.

Roswell Rudd joue du trombone, et chacun songe à « Schoodays » (p.76), il joue du carillon sur la dernière pièce. Kent Carter est à la basse et Beaver Harris à la batterie. Du très solide même, ça tourne à la perfection, toutes les compos sont de Steve Lacy et ça s’entend, des titres souvent à tiroirs avec des répétitions, des variations et des subtilités qui s’enchaînent à grande vitesse, ça tourne, tout tourne : un grand manège la musique de Steve et parfois même l’effet virtuose d’une lessiveuse !

Ça monte, redescend, joue des timbres, et ça s’emballe souvent, tout est parfait ici, clean, plus que propre, chacun à son étage de l’échafaudage branlant qui jamais ne tombe ! Et puis il y a Roswell, badin, qui se promène et converse avec sa grosse voix et joue des cloches sur « Robes ». Ces deux-là sont parmi les meilleurs au monde sur leur instrument respectif, les écouter ici, c’est comme un privilège avec le vieux Beaver Harris qui frappe en expert et kent Carter qui jubile et s’éclate en telle compagnie.

Une pépite, mais il y en a tant dans la discographie de Steve Lacy !

Steve Lacy, Roswell Rudd, Kent Carter, Beaver Harris – Trickles (1976)

A1 Trickles 0:00:01
A2 I Feel A Draught 0:10:09
A3 The Bite 0:14:22
B1 Papa's Midnite Hop 0:21:04
B2 Robes 0:29:04

Réécouté hier. Mon exemplaire dormait depuis longtemps. Excellente redécouverte.

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Harvest » mer. 30 juin 2021 09:37

Douglas a écrit :
lun. 28 juin 2021 05:07
Image

Second album du Jazz Composer’s Orchestra, Mike Mantler est la cheville ouvrière de cet essai : il compose et dirige ce concerto pour soliste et grand orchestre. À gauche les anches, à droite les cuivres, au milieu, en arrière la section rythmique et en avant les solistes. Cette structure est constante tout au long de l’album. La section rythmique piano-basse-batterie joue en continue, les sections de cuivres ou de anches de façon autonome ou conjointement, elles interviennent soit en accompagnant le soliste de façon improvisée, soit à la façon d’un riff, de façon répétée en créant une tension permanente interrogeant et relançant les solistes, les poussant jusqu’à l’ultime explosion… La masse sonore représentée par ce grand orchestre est en effet impressionnante, vingt-cinq musiciens dont cinq contrebassistes.

Les solistes abordent leur improvisation de façon différente, sur communications#8 les cuivres dominent par leur présence, Don Cherry surgit tout à coup de l’ensemble et converse avec l’orchestre, lui répondant en un dialogue ponctué de phases assez brèves. Gato Barbieri, lyrique et chaleureux, semble lui, s’appuyer sur l’orchestre, le défiant, puis le relançant sans cesse avec frénésie. Déjà la tempête gronde et la tension se crée.

Sur communications#9 Larry Coryell fait masse avec l’orchestre et s’y fond, son impro s’appuyant sur le tapis cotonneux qui lui est offert, douce fusion free de sons électriques et acoustiques, moments de grâce partagés.

Communications#10 est dévolu à Roswell Rudd, à l’origine, la pièce était écrite pour la basse de Steve Swallow, c’est d’ailleurs lui qui assume l’introduction du morceau. Du dixieland au free, Roswell Rudd aura parcouru avec son trombone l’histoire du jazz à travers toute sa diversité, technicien hors pair, il expose sur ces quelques minutes l’étendue de son savoir-faire, sans esprit de démonstration, en dialoguant librement avec la section rythmique puis, comme un privilège, avec la seule batterie de Beaver Harris.

Les 3 minutes 23 de Preview, dont le soliste est Pharoah Sanders, constituent une performance extraordinaire et un sommet de ce double LP. Rarement une telle intensité a été enregistrée sur disque, on ressent physiquement l’ampleur, la force et la puissance qui ne cessent de croître tout au long de l’ascension de ce volcan free, l’orchestre ponctue de façon rythmique cette montée crépusculaire, créant une tension qui emporte l’auditeur dans le souffle et le souffre…

Le second disque est dévolu principalement à Cecil Taylor pour ce qui touche aux solos, il dialogue et improvise avec le grand orchestre mené par Mike Mantler sur les deux faces de l’album, on imagine sans peine le respect immense dont bénéficie Cecil Taylor auprès du maître de cérémonie, celui-ci a préparé un magnifique écrin à notre soliste et lui a offert le plus merveilleux des cadeaux, un big band au complet prêt à le pousser et à le soutenir jusque dans ses ultimes limites : ce sera communication#11.

Cecil Taylor, c’est un monde à part qui fascine et subjugue, créateur d’une architecture sonore inimitable, parfaite et achevée. La masse sonore du grand Orchestre constitue, en même temps qu’un soutien, un défi permanent qui s’apparente parfois à un duel tant on craint pour notre pianiste, mais jamais ne faillit, étincelles et beauté pure naissent de cet échange brillant.

Ces faces sont sublimes et forgent chez l’auditeur ces quelques moments rares où l’on se sent hors du temps, transporté. L’osmose entre l’orchestre et le piano est ici parfaite, seule une qualité d’écoute exceptionnelle entre les participants peut expliquer une telle harmonie…

Certains esprits chagrins auront trouvé sans doute quelques défauts à ce projet mais, avec le temps, cet album se dresse vers le ciel comme une cathédrale et nous toise, et il tient son rang, à la façon d’un classique, au sein du bien aimé FJMt°.

Je n'ai pas trouvé d'extrait mais c'est un indispensable pour les amateurs de free.

Remis sur la platine hier après-midi sans savoir que tu en parlais ici. Le déclic est venu en lisant le Free Jazz Manifesto.
Très bon double album….et Coryell est surprenant, totalement libre, dans les pas de Sharrock. Quel disque…

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 30 juin 2021 16:34

Harvest a écrit :
mer. 30 juin 2021 09:32
Douglas a écrit :
lun. 21 juin 2021 02:26
Image

Et voici venu le tour de Steve Lacy ! Un album solide du label Black Saint a été élu par le jury FJMt° pour présenter l’art du saxophoniste soprano, c’est « Trickles » ! Comme souvent chez Steve, juste un nom qui claque, c’est une marque de la plupart de ses albums. Il est en excellente compagnie, mais c’est une constance chez lui, exigeant sur le choix de ses compagnons d’arme et fidèle en amitié également.

Roswell Rudd joue du trombone, et chacun songe à « Schoodays » (p.76), il joue du carillon sur la dernière pièce. Kent Carter est à la basse et Beaver Harris à la batterie. Du très solide même, ça tourne à la perfection, toutes les compos sont de Steve Lacy et ça s’entend, des titres souvent à tiroirs avec des répétitions, des variations et des subtilités qui s’enchaînent à grande vitesse, ça tourne, tout tourne : un grand manège la musique de Steve et parfois même l’effet virtuose d’une lessiveuse !

Ça monte, redescend, joue des timbres, et ça s’emballe souvent, tout est parfait ici, clean, plus que propre, chacun à son étage de l’échafaudage branlant qui jamais ne tombe ! Et puis il y a Roswell, badin, qui se promène et converse avec sa grosse voix et joue des cloches sur « Robes ». Ces deux-là sont parmi les meilleurs au monde sur leur instrument respectif, les écouter ici, c’est comme un privilège avec le vieux Beaver Harris qui frappe en expert et kent Carter qui jubile et s’éclate en telle compagnie.

Une pépite, mais il y en a tant dans la discographie de Steve Lacy !

Steve Lacy, Roswell Rudd, Kent Carter, Beaver Harris – Trickles (1976)

A1 Trickles 0:00:01
A2 I Feel A Draught 0:10:09
A3 The Bite 0:14:22
B1 Papa's Midnite Hop 0:21:04
B2 Robes 0:29:04

Réécouté hier. Mon exemplaire dormait depuis longtemps. Excellente redécouverte.
Ravi (bien que ce ne soit pas une surprise) de voir qu'on partage le même engouement pour ce saxophoniste.

Il se trouve que sur Lenka Lente un ouvrage qui lui est consacré vient de paraître: Steve Lacy (unfinished). Il est écrit en trois langues, anglais, français et italien, pour ma part il n'y a que le français que je maîtrise mais ça suffit à mon bonheur, il y a également à la fin une discographie très complète.
Et surtout j'ai trouvé à l'intérieur la réponse à une question que je me posais, à propos de son désenchantement pour la France dans la toute dernière partie de sa vie. C'est Etienne Brunet qui explique:

"Steve était alité au plus mal, attaqué par le crabe. [...]Steve venait en plus d'apprendre l'assassinat d'Oliver Johnson* une nuit sur un banc dans le quartier des Halles. Le merveilleux batteur était devenu un clochard. Quelle tristesse. Irène Aebi** avait été agressée cette même semaine dans une rue d'un autre quartier. Steve semblait complètement perdu, affolé, pris au piège. En plus il venait d'avoir un sévère redressement d'impôts. L'administration lui demandait des arriérés délirants. Il se voyait victime d'un complot, rejeté par la France."

* Oliver Johnson était le batteur de Steve Lacy, celui-ci venait de recevoir la médail des Arts et des Lettres à l'Elysée et Oliver est arrivé en retard, complètement saoul et avait insulté tout le monde. Steve l'avait viré bien qu'il soit extrêmement fidèle en amitié.
** Irène Aebi est la compagne de Steve Lacy
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Harvest » mer. 30 juin 2021 17:25

Tout cela est d’une tristesse infinie….Décidément les artistes sont réellement malmenés pour pas dire maltraités.

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Piranha » mer. 30 juin 2021 19:39

Douglas a écrit :
mar. 29 juin 2021 04:51
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Avec « The Nihilist Spasm Band » on passe un cap. Ça commence en 1965 quand huit gars de London, en Ontario au Canada décident de créer un groupe d’inspiration free, ce sont de purs amateurs exerçant une profession par ailleurs. Pour commencer ils décident de fabriquer eux-mêmes les instruments dont ils jouent, mais pas que, ils jouent aussi du kazoo, de la « slide bass clarinet », comme l’affirme Archie Leitch « Je suis le plus grand canadien vivant jouant de la « slide bass clarinet » au monde ! » Ils fabriquent également des guitares de toutes sortes…

Et ils jouent.

Ils sont nihilistes, anars, révolutionnaires, décalés et ne se prennent pas tout à fait au sérieux. Mais pendant plus de cinq décennies, ils ont joué gratuitement pour qui voulait assister à la représentation, tous les lundis soir au même endroit.

Par contre, sans qu’ils s’en rendent compte, ils sont devenus le premier groupe « noise » et une référence absolue pour un grand nombre de musiciens, une influence qui a grandi encore lorsqu’ils sont apparus sur la « Nurse With Wound List ».

C’est loin d’être nul et je pencherais même plutôt côté opposé, si vous aimez « Trout Mask Replica » vous devriez jeter une oreille (pas trop loin pour être sûr de la retrouver) sur cet album bien délirant et jamais ennuyeux. Régalez-vous avec « Destroy The Nations » ou… « Destroy The Nations Again ». Ça déconne bien aussi et on comprend assez facilement les paroles, même sans être bilingue confirmé, « I Love a Horse » hurle William A. Exley !

Il existe une réédition vinyle de 2014, bien réussie, le son est excellent et un insert double apporte une foule d’informations, c’est la version que je possède.

Nihilist Spasm Band - No Record (Full Album)


1. Destroy The Nations - (0:00)
2. When In London Sleep At The York Hotel - (8:19)
3. The Byron Bog - (13:18)
4. Dog Face Man - (24:38)
5. Oh Brian Dibb - (32:34)
6. Destroy The Nations Again - (37:10)

Beaucoup plus musical qu'il n'y paraît. A écouter sur la longueur.
J'ai eu la chance de les voir sur scène il y a quelques années . Le beau tintamarre faisait son effet et avait été apprécié.

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 1 juil. 2021 03:35

Harvest a écrit :
mer. 30 juin 2021 17:25
Tout cela est d’une tristesse infinie….Décidément les artistes sont réellement malmenés pour pas dire maltraités.
En effet, toutefois l'ouvrage en question est d'une tonalité toute autre, ce sont des témoignages réunis autour de Steve Lacy et l'humeur générale est plutôt optimiste, Steve est un personnage attachant qui a créé une œuvre immense.
Piranha a écrit :
mer. 30 juin 2021 19:39
Douglas a écrit :
mar. 29 juin 2021 04:51
Image
Beaucoup plus musical qu'il n'y paraît. A écouter sur la longueur.
J'ai eu la chance de les voir sur scène il y a quelques années . Le beau tintamarre faisait son effet et avait été apprécié.
J'aurais bien aimé être à tes côtés pour voir ça de mes propres yeux, veinard!
:]
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 1 juil. 2021 03:44

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Juma Sultan's Aboriginal Music Society ‎– Father Of Origin

Le suivant, toujours dans la sélection FJMt°, tient dans un coffret composé de deux vinyles et d’un Cd. Il est signé par « Juma Sultan’s Aboriginal Music Society », il se nomme « Father of Origin » et est sorti sur Eremite en 2011. Il existe également un second double album qui sortira l’année suivante « Whispers From The Archive », je les ai tous les deux car je me suis intéressé de près à Jimi Hendrix et Juma Sultan fut l’un de ses accompagnateurs, certes occasionnel, mais on le voit jouer des percussions au festival de Woodstock aux côtés de l’icône.

De belles pièces ici, restées inédites et mises à la disposition du public pour la première fois. Sur le premier vinyle une session avec Ali Abuwi aux percus, Earl Cross à la trompette, au mellophone et au piano, Gene Dinwiddie à la flûte et aux sax ténor et soprano, Juma Sultan à la basse et aux percus, Ralph Walsh à la guitare et Philip Wilson à la batterie.

Une longue pièce en trois parties est interprétée « Fan Dance », elle tient sur une face et demie, alors oui c’est du free avec beaucoup d’impros, Juma Sultan est impressionnant à la basse et côté rythmique c’est absolument d’enfer, les solistes se donnent à fond, tant Earl Cross que Gene Dinwiddie. Ce dernier a longtemps joué dans la formation du « Paul Butterfield Blues Band », il se lâche ici à fond et c’est un plaisir !

Earl Cross a joué également avec Charles Tyler mais aussi dans le quintet de Rashied Ali, c’est aussi la face B du bundle de la partie dix « d’essence » du « Sam Rivers Tuba Trio », pour ceux qui se souviennent. La dernière pièce « Ode To A Gypsy Son », face B est jouée en trio avec, outre Juma, Earl Cross et Ali Abuwi. Un premier vinyle détonnant !

Le second n’est pas mal non plus avec Frank Lowe au ténor et aux percus, Juma aux percus, à la basse et au sax alto et Ali Abuwi aux percus et à la flûte. Une improvisation de très haute tenue, sans titre, et pour la face B « Sundance » d’une durée de huit minutes.

Ce n’est pas tout est joint un Cd de quarante-sept minutes, enregistré à Woodstock (non, non pas pendant le festival) en 1969 avec les gars de St Louis, Julius Hemphill en tête, Abdul Wadud, Philip Wilson, Gene Dinwiddie cette fois-ci à la flûte, Charles « Bobo » Shaw, Rod Hicks et Juma Sultan bien sûr, à la basse et aux percus… Côté définition du son on n’est pas au niveau des vinyles mais côté musique on est servi !

C’est sûr que c’est un bel objet qui intéressera forcément les amateurs de free, par contre les prix semblent vouloir monter un peu…

Edit: Extraits de "Whispers From The Archive " les autres étant supprimés sur YT:

Juma Sultan's Aboriginal Music Society - Damn my socks


Juma Sultan's Aboriginal Music Society - AMS (edit)


Juma Sultan's Aboriginal Music Society - Shake Your Money Maker
Modifié en dernier par Douglas le ven. 13 mai 2022 01:48, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 1 juil. 2021 16:09

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Ethnic Heritage Ensemble ‎– Hot 'N' Heavy Live At The Ascension Loft

Voici un album de « l’Ethnic Heritage Ensemble », une des formations menées par le percussionniste Kahil El’ Zabar, quand je me pose cette simple question, « pourquoi suis-je si attiré par cette musique ? » La réponse arrive toute seule, en un seul mot : « le groove » ! Et encore faudrait-il ajouter le qualificatif « tranquille », le « groove tranquille », serein, qui vous prend et vous emmène tranquilou, vers l’Afrique, sous le soleil, à dos de dromadaire, ou bien à l’ombre de « l’acacia à girafe », s’asseoir et écouter le griot, ses doigts qui s’agitent sur le piano à pouces…

Ceci dit, ici nous sommes « At The Ascension Loft », pas loin de Chicago, le trente juillet de l’année deux mille six, ils sont quatre, rassemblés pour partager la musique et l’offrir à ceux qui sont venus. Il y a Kahil, bien sûr, avec ses percus qu’il a bricolé lui-même bien souvent, Corey Wilkes avec sa trompette ou son bugle et les percus bien sûr, qui balancent, Ernest « Khabeer » Dawkins, l’ami qui joue du ténor ou de l’alto et des percus aussi, qui groovent, les yeux fermés, et aussi les guitares de Fareed Haque qui bouge lui aussi, doucement en suivant le rythme du droma qui navigue sur le sable…

Un peu plus d’une heure de voyage, gravée ici, en cinq étapes, jamais moins de dix minutes, il faut prendre le temps, se laisser embarquer, capter l’énergie, accepter l’hypnose qui s’installe, se brancher sur la mélodie derrière, dans le fond, qui berce, souscrire aux rires, de joie, aux cris qui poussent dans le lointain…

C’est du velours, du coton et de la dentelle, c’est doux et soyeux, ça caresse et ça frôle, juste le bout des doigts, sur la peau tendue des tambours, les maîtres-sorciers, sur la scène, créent les sensations et les paysages…

Après le groove, la transe avec « Hot’N’Heavy » le morceau-titre qui envoie, juste décoller et partir, rien à craindre, le retour est prévu tout en douceur avec le solaire « There is a Place », les voix, les chants, juste se laisser cueillir, résistance inutile et vaine, comme au crépuscule, entre ombre et lumière, à l’heure des lueurs, quand le jour le dispute encore à la nuit…

MT


Hot 'N' Heavy


Black as Vera Cruz


Major to Minor


There Is a Place
Modifié en dernier par Douglas le ven. 13 mai 2022 01:50, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 2 juil. 2021 05:18

Image

Soft Works ‎– Abracadabra In Osaka

S’il est un groupe que je vénère c’est bien Soft Machine, et pas que pour les trois premiers, déjà le « Quatre » est un chef d’œuvre, le « Six » je le récite presque par cœur et derrière il y a encore du lourd ! Voici Soft Works, une émanation de Soft Machine qui sortit un album en deux mille trois : « Abracadabra ».

Le bassiste Hugh Hopper est dans le coup, c’est un historique il sera du groupe dès 1969 et participera à l’enregistrement du second album « Volume Two ». Elton Dean, le saxophoniste, arrive ensuite, il participe au troisième album de mille neuf cent soixante-dix, « Third », une belle pierre lui aussi. En mille neuf cent soixante-douze c’est le batteur John Marshall qui marque son arrivée en remplacement de l’immense Robert Wyatt, une succession impossible ! Et, pour finir, « Bundles » en mille neuf cent soixante-quinze verra l’arrivée du guitariste Allan Holdworth.

Ce quatuor se forme en deux mille trois pour l’enregistrement de leur unique album qui sortira en mars de la même année, une tournée mondiale sera effectuée avec quelques dates au Japon. Le concert à Osaka se déroulera le cinq août, c’est lui qui donnera matière à cette sortie très récente, les bandes étant jusqu’alors restées inexploitées.

« Abracadabra In Osaka », est un nom qui va bien car une grande partie des titres seront issus de ce premier album, mais il faudra tout de même un double Cd pour restituer la totalité du concert, une heure et quarante-cinq minutes tout de même. Il s’y glissera quelques classiques de Hugh Hopper, « Facelift » qui provient de l’album « 3 » et « Kings and Queens » du « 4 ».

C’est vraiment un album enthousiasmant si on aime écouter ce genre de musique, le « jazz-rock » proposé est très vivant, et fait place à de vrais grands moments, avec Elton Dean royal au saxophone et Allan Holdworth extrêmement brillant dans ses solos. Hugh Hopper chapeaute le tout avec une classe énorme.

Seul John Marshall vit encore aujourd’hui, les trois autres sont partis, mais la Machine Molle fonctionne encore, un album est paru en 2018, « Hidden Details » avec John Marshall et John Etheridge, un live « Live At The Baked Potato » est également paru en deux mille vingt !

Modifié en dernier par Douglas le ven. 13 mai 2022 01:52, modifié 1 fois.
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Suricate
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Suricate » ven. 2 juil. 2021 10:12

Douglas a écrit :
ven. 2 juil. 2021 05:18
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S’il est un groupe que je vénère c’est bien Soft Machine, et pas que pour les trois premiers, déjà le « Quatre » est un chef d’œuvre, le « Six » je le récite presque par cœur et derrière il y a encore du lourd ! Voici Soft Works, une émanation de Soft Machine qui sortit un album en deux mille trois : « Abracadabra ».

Le bassiste Hugh Hopper est dans le coup, c’est un historique il sera du groupe dès 1969 et participera à l’enregistrement du second album « Volume Two ». Elton Dean, le saxophoniste, arrive ensuite, il participe au troisième album de mille neuf cent soixante-dix, « Third », une belle pierre lui aussi. En mille neuf cent soixante-douze c’est le batteur John Marshall qui marque son arrivée en remplacement de l’immense Robert Wyatt, une succession impossible ! Et, pour finir, « Bundles » en mille neuf cent soixante-quinze verra l’arrivée du guitariste Allan Holdworth.

Ce quatuor se forme en deux mille trois pour l’enregistrement de leur unique album qui sortira en mars de la même année, une tournée mondiale sera effectuée avec quelques dates au Japon. Le concert à Osaka se déroulera le cinq août, c’est lui qui donnera matière à cette sortie très récente, les bandes étant jusqu’alors restées inexploitées.

« Abracadabra In Osaka », est un nom qui va bien car une grande partie des titres seront issus de ce premier album, mais il faudra tout de même un double Cd pour restituer la totalité du concert, une heure et quarante-cinq minutes tout de même. Il s’y glissera quelques classiques de Hugh Hopper, « Facelift » qui provient de l’album « 3 » et « Kings and Queens » du « 4 ».

C’est vraiment un album enthousiasmant si on aime écouter ce genre de musique, le « jazz-rock » proposé est très vivant, et fait place à de vrais grands moments, avec Elton Dean royal au saxophone et Allan Holdworth extrêmement brillant dans ses solos. Hugh Hopper chapeaute le tout avec une classe énorme.

Seul John Marshall vit encore aujourd’hui, les trois autres sont partis, mais la Machine Molle fonctionne encore, un album est paru en 2018, « Hidden Details » avec John Marshall et John Etheridge, un live « Live At The Baked Potato » est également paru en deux mille vingt !

Je connaissais cet album studio mais pas ce live. Encore merci !! :chapozzz:


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