
Itakura Mineko, Shin'ichi Isohata, Michel Henritzi RQRQ – 情趣演歌
A nouveau un album un peu en marge de nos préoccupations « Jazz » mais qui pourrait cependant intéresser, déjà parce qu’il provient du label An'archives dont les centres d’intérêt principaux sont axés sur la musique japonaise, aussi parce que le travail de ce label est toujours hyper soigné et respectueux.
Sur cet album l’univers est axé davantage sur la musique folk avec une pointe de noise de temps à autres. Il s’intègre dans la série « Enka Mood » qui se concentre sur un aspect de la musique japonaise que l’on pourrait comparer à une version nippone de la musique country & western pour faire simple, des chansons un peu conservatrices mais très populaires. Sur la face une on trouve un trio formé par Mineko Itakura, Shin'ichi Isohata et Michel Henritzi.
« Kiri No Mashüko » qui signifie « Le Brouillard sur le Lac Mashüko » ouvre l’album, c’est une reprise d’un succès sorti en décembre 1966 qui se vendit à plus de six cent mille exemplaires à l’époque, très beau, très folk. La seconde pièce « Kyoto Kara Hakata Made » qui signifie « De Kyoto à Hakata » est une chanson de Fuji, sortie en janvier 1972, elle se concentre autour des pensées d’une jeune fille voyageant en train, recherchant son amour perdu :
Le froid sur mes épaules, la bruine lourde
L’impossibilité de te quitter me pèse
Les cloches sonnent, et j’ai pitié de moi
Comme si j’étais une idiote
De Kyoto à Hataka, je te poursuis
Femme à la dérive, vers l'ouest…
J'ai grandi à Kyoto, maintenant je suis habitué à Hakata
Même ce charmant accent a disparu maintenant
Seule, je ressens vivement ce malheur
Je me répète que je suis toujours malchanceuse
De Kyoto à Hataka, je te poursuis
Femme, qui aujourd'hui encore pleure sans toi
En toile de fond, sur cet air chanté, accompagné par une guitare sèche, un drone discordant strie la chanson comme pour imager l’infernale douleur.
Face B la première pièce « Gondora No Uta » est la plus ancienne ici, puisqu’il une version chantée dès 1915, inutile de dire qu’elle fit une très longue carrière chez nos amis nippons.
La vie est brève
Tombez amoureux, jeunes filles
Avant que le noir dans vos cheveux
Ne commence à s’estomper
Avant que la flamme dans vos cœurs
Faiblisse et meurt
Car le jour qui passe,
Ne reviendra jamais.
La seconde pièce est interprétée par Yuka Ijichi, Doronco, ex Rallizes Dénudés et Mitsuru Tabata qui participa à la formation Acid Mother temple, la pièce « Onna No Iji » a été créée en 1965 avant de devenir un succès dans l’archipel.
Toujours dans ce même esprit folk qui domine ici l’album se referme avec « Soshū Yakyoku » qui berce et ravit, comme l’ensemble de cet album, charmant, donc.
On soulignera l’aspect impeccable de la présentation, avec une enveloppe contenant des cartes postales et de longues explications sur les circonstances qui entourent l’histoire de ces chansons ainsi que des extraits qui permettent d’en comprendre les paroles, c’est en anglais, limité à 275, en version dix pouces et la couverture est gatefold, avec obi.