J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

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Douglas
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 11 déc. 2021 02:46

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Pour rester dans l’actualité voici un album paru au mois de juillet, chez ACT, un label qu’il ne faut pas négliger. J’ai acquis la version vinyle, je connais le sérieux des pressages et, de plus, un code de téléchargement est joint, pour emmener la musique avec soi, une attention que j’aime. La version cd est sortie un poil plus tôt, en mai.

Il s’agit de « Cloudland », l’album du Lars Danielsson Liberetto, un quartet emmené par Lars Danielsson à la basse et au violoncelle, le martiniquais Gregory Privat au piano, John Parricelli aux guitares et Magnus Öström à la batterie et aux percussions.

Il y a également deux invités ici, le trompettiste Arve Henriksen, il habite non loin de Lars et ce dernier est fan de son jeu. L’autre invité est Kinan Azmeh à la clarinette, joueur Syrien qui vient de New York.

Une écoute un peu inattentive, pourrait laisser entendre une musique un peu « mainstream » ou frivole, douze compositions douces et sucrées qui glissent facilement. L’impression n’est pas entièrement fausse, mais il y a un véritable travail sur l’inspiration mélodique, le souci de bien construire les compos et du travail bien fait jusque dans les plus petits détails.

Du coup le format est souvent court, ce n’est pas ici que naîtront des solos échevelés avec les tripes déposées sur la table, non, non, ici ça reste propret et poli. Convenable.

On peut retenir quelques beaux thèmes, « Desert of Catanga » et « Tango Magnifique » qui dépaysent, « The Fifth Grade » ou « Nikita’s Dream » qui permet au batteur suédois Magnus Öström de faire montre de sa technicité et de sa sensibilité. « Cloudland » qui donne son titre à l’album et « Villstad » et son final d’inspiration rock, ou bien encore la dernière pièce de l’album où Lars joue en duo avec le guitariste anglais John Parricelli « Imagine Joao » tout en lyrisme et dentelle.

Beaucoup de belles pièces très écrites qui nous rappellent que Lars Danielsson a bénéficié d’une formation classique.

Cloudland


Nikita's Dream


Desert of Catanga


Tango Magnifique
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 12 déc. 2021 03:52

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Passons au second ACT avec « Into The Night » un album enregistré live au concert du « Ystad Sweden Jazz Festival », le premier août deux mille vingt. On y retrouve Lars Danielsson à la basse, Jan Lundgren au piano et Émile Parisien au saxophone soprano. Toujours en version vinyle avec bon de téléchargement, c’est sorti dans la seconde partie de cette année.

Ce sont des circonstances particulières qui sont à l’origine de ce trio, en effet le batteur du trio habituel de Jan Lundgren étant indisponible, ce dernier choisit d’honorer son contrat pour ce concert en demandant à Emile Parisien de le remplacer. Ils se rencontrent la veille et le miracle a lieu, une fusion immédiate naît de cette rencontre, les bonnes fées étant présentes, il est même décidé d’en faire l’album que voici.

Jan Lundgren et Lars Danielsson partagent un héritage et une formation classique qui les rapprochent nécessairement, d’ailleurs ça s’entend, pour Emile Parisien c’est un peu différent car son goût pour le jazz se forge beaucoup plus tôt. C’est un travailleur acharné et un surdoué qui peut désormais s’intégrer dans n’importe quelle formation, comme on le constate ici.

Émile apporte la plus longue pièce ici « Préambule », je suppose que c’est lui également qui suggère la reprise de Vincent Peirani, en hommage au grand Frantz : « Shubertauster ». Plus prosaïquement Jan rend hommage à son animal domestique préféré au travers du titre « A Dog Named Jazz ». Les autres compos se partagent entre les deux musiciens suédois. On remarque "Glädjens Blomster" et "Asta", au lyrisme ciselé.

Cet album n’est pas sans rappeler celui décrit un peu au-dessus, cette même application, mais aussi ce manque de folie probablement, un album parfait jusque dans les détails, malgré qu’il soit largement un premier jet, pourrait-on dire. Moi qui connais assez bien Émile Parisien je le vois ici très appliqué mais, hélas, un peu froid, quand on connaît sa verve truculente et son bouillonnement habituel, ça reste un peu « en dedans », mais c’est ce qu’on lui demande ici, je pense. Par ailleurs Jan Lundgren ne tarit pas d'éloges sur cette rencontre à trois qui l'a véritablement enthousiasmé.

Glädjens Blomster (Live)


Into the Night (Live)


Asta (Live)


Préambule (Live)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 13 déc. 2021 04:02

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Parmi les exhumations de cette année, il en est une que personne n’attendait, et qui restera, pour les amateurs, la plus précieuse de toutes, je veux parler du fameux « Live In Seattle », au Penthouse, le deux octobre 1965, avec au programme une version inédite de la suite la plus célèbre du jazz, « A love Supreme », par John Coltrane.

L’existence du concert était connue, on savait également que la suite y avait été jouée, mais on ignorait que le saxophoniste Joe Brazil, habitant de Seattle, avait enregistré le concert à l’aide de deux micros, l’un près du piano et de la batterie, et l’autre non loin des saxophonistes.

Les bandes furent changées après « Acknowledgement », mais le reste est d’un seul tenant. Elles n’ont été dévoilées qu’en 2013, redécouvertes par un autre saxophoniste de Seattle, Steve Griggs. Elles sont enfin sorties cette année, remastérisées, mais, bien entendu, on comprend bien qu’ici nous sommes bien loin des standards Hi-Fi et qu’il faut accepter la moindre qualité. Sur la première face particulièrement, mais aussi plus généralement à l’intérieur de l’intégralité de l’enregistrement, piano et batterie sont en avant, piano à droite et batterie à gauche.

Les saxophones sont un peu les parents pauvres, mais sans tomber toutefois dans un certain excès de pessimisme, car le travail de restauration est convenable et permet d’entrer dans la musique et de la vivre de l’intérieur.

On sait que l’année soixante-cinq a été charnière pour le « quartet idéal » et que John Coltrane l’a remis en question dans une volonté de dépassement. Toutefois, ici il est encore présent avec ses quatre représentants, Coltrane au ténor et aux percussions, McCoy Tyner au piano, Jimmy Garrison à la basse et Elvin Jones à la batterie.

Mais on sent déjà poindre l’évolution prochaine avec la présence de Pharoah Sanders au ténor et aux percussions, de Carlos Ward au saxophone alto et de Donald Rafael Garrett à la basse. C’est que Coltrane est déjà malade et son corps marque des signes de fatigue, il s’orientera un peu vers la flûte et demandera à Pharoah de le suppléer au ténor, ce que ce dernier s’appliquera à faire avec une ferveur et un don de soi extraordinaire.

« Pursuance », la partie trois est particulièrement enflammée dans ses premières minutes avec un Pharoah incendiaire, très free, dans le cri et le désir de tout donner, de dépasser les limites de l’instrument, d’en atteindre l’ultime fêlure. Charge à McCoy d’éteindre le feu et de revenir à une approche plus habituelle.

« Psalm » est toujours aussi beau.

Il est à noter que la veille de ce concert John Coltrane enregistrait l’album « Om », free dans l’âme, avec Joe Brazil, flûtiste et, ici, preneur de son. Donald Rafael Garrett y jouait de la basse avec également l'ensemble complet de la compagnie. Au titre des curiosités il y a également des « Interludes » numérotés qui parsèment l’enregistrement, on y entend Carlos Ward en solo, et les deux bassistes également.

La version vinyle Impulse est parfaite avec un livret contenant des notes, peut-être est-ce davantage un album de fan, mais il est susceptible de plaire à tous. Écouter Coltrane est un privilège.

John Coltrane - A Love Supreme, Pt. I – Acknowledgement (Live In Seattle / Visualizer)


John Coltrane - A Love Supreme, Pt. II – Resolution (Live In Seattle / Visualizer)


John Coltrane - A Love Supreme, Pt. III – Pursuance (Live In Seattle / Visualizer)


John Coltrane - A Love Supreme, Pt. IV - Psalm (Live In Seattle / Visualizer)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 14 déc. 2021 05:30

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Passons sur « Another Land » avec Dave Holland, un double album vinyle doté d’une couleur jaune translucide, mais la couleur ne fait rien à l’affaire si elle n’altère pas la qualité du pressage. Dave à la basse, mais aussi à la guitare basse électrique, ce qui est assez rare me semble-t-il. Il est entouré par Kevin Eubanks, un guitariste qui jouit désormais d’un grand prestige et par Obed Calvaire à la batterie.

Le répertoire est assez partagé, quatre titres pour Dave Holland, quatre autres écrits par Kevin Eubanks et le dernier par Obed qui signe « Gentle Warrior » au début de la face B, le minutage des pistes n’est indiqué ni sur la pochette, ni sur le vinyle. Après un rapide coup d’œil sur l’édition Cd on s’aperçoit que les faces ici dépassent le gros quart d’heure, du coup ça passe vite d’autant que l’album est bon.

Dave Holland est un très grand bassiste, l’un des plus grands et des plus « historiques » de la scène jazz actuelle, ici sa basse est centrale et constitue le pivot autour duquel tout s’articule, la batterie dynamique ou métronomique et la guitare rythmique ou soliste. Le trio est parti s’échauffer et faire mûrir le répertoire lors d’une tournée de concerts, le studio n’est que la dernière étape de ce parcours, quant tout est nickel, rôdé, parfait.

Pour autant il y a ici le plaisir de jouer, il s’entend dans le feeling continuel qui habite la musique, quelque chose de rock palpite ici, la guitare d’Eubanks au centre droit, en équilibre avec la rondeur de la basse, plus centrale, tandis que les percussions épousent tout le spectre vers l’arrière. Kevin et Dave se connaissent bien, on retrouve une trace discographique de leur rencontre dès l’année quatre-vingt-dix, « extensions » et une autre en quatre-vingt-quinze « World Trio », ça aide.

Le plaisir de jouer n’engendre pas nécessairement celui d’écouter, mais par chance, ici c’est le cas. On pourrait même ajouter que la ré-écoute ne fait qu’améliorer les choses, et que le "bon" se bonifie encore au fil de l’écoute, le genre d’animal qui se plaît sur la platine et qu’on n’a pas très envie de dégager. Ainsi, une douce tyrannie se met en place.

Assez curieusement, et même très curieusement, cet album est très Hendrixien, j’y vais à pas de velours car la comparaison est osée et pour tout dire assez risquée, et pourtant elle tient au jeu de Dave Holland qui ressuscite chez moi les souvenirs d’autrefois, quand j’écoutais Hendrix, ado encore. Ça ne le fera peut-être pas à tout le monde, et même probablement pas, mai j’ai eu ce sentiment à plusieurs reprises à l’écoute de cet album, branché à mon cerveau « Hendreptilien ».

Parmi les "très bons" de cette année.

Dave Holland, Kevin Eubanks, Obed Calvaire ‎– Another Land (2021 - Album)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par vox populi » mar. 14 déc. 2021 06:26

Douglas a écrit :
dim. 12 déc. 2021 03:52
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Passons au second ACT avec « Into The Night » un album enregistré live au concert du « Ystad Sweden Jazz Festival », le premier août deux mille vingt. On y retrouve Lars Danielsson à la basse, Jan Lundgren au piano et Émile Parisien au saxophone soprano. Toujours en version vinyle avec bon de téléchargement, c’est sorti dans la seconde partie de cette année.

Ce sont des circonstances particulières qui sont à l’origine de ce trio, en effet le batteur du trio habituel de Jan Lundgren étant indisponible, ce dernier choisit d’honorer son contrat pour ce concert en demandant à Emile Parisien de le remplacer. Ils se rencontrent la veille et le miracle a lieu, une fusion immédiate naît de cette rencontre, les bonnes fées étant présentes, il est même décidé d’en faire l’album que voici.

Jan Lundgren et Lars Danielsson partagent un héritage et une formation classique qui les rapprochent nécessairement, d’ailleurs ça s’entend, pour Emile Parisien c’est un peu différent car son goût pour le jazz se forge beaucoup plus tôt. C’est un travailleur acharné et un surdoué qui peut désormais s’intégrer dans n’importe quelle formation, comme on le constate ici.

Émile apporte la plus longue pièce ici « Préambule », je suppose que c’est lui également qui suggère la reprise de Vincent Peirani, en hommage au grand Frantz : « Shubertauster ». Plus prosaïquement Jan rend hommage à son animal domestique préféré au travers du titre « A Dog Named Jazz ». Les autres compos se partagent entre les deux musiciens suédois. On remarque "Glädjens Blomster" et "Asta", au lyrisme ciselé.

Cet album n’est pas sans rappeler celui décrit un peu au-dessus, cette même application, mais aussi ce manque de folie probablement, un album parfait jusque dans les détails, malgré qu’il soit largement un premier jet, pourrait-on dire. Moi qui connais assez bien Émile Parisien je le vois ici très appliqué mais, hélas, un peu froid, quand on connaît sa verve truculente et son bouillonnement habituel, ça reste un peu « en dedans », mais c’est ce qu’on lui demande ici, je pense. Par ailleurs Jan Lundgren ne tarit pas d'éloges sur cette rencontre à trois qui l'a véritablement enthousiasmé.

Glädjens Blomster (Live)


Into the Night (Live)


Asta (Live)


Préambule (Live)
Emile parisien je l'ai vu plusieurs fois sur scène et je pense que c'est un des meilleurs saxophonistes que j'ai vu sur scène.
Pas au niveau technique mais pour sa folie et son inventivité.
Par contre sur disque je n'ai jamais été convaincu, un peu comme son acolyte, Peirani.
Lui ce qui me bluffe sur scène c'est sa musicalité, mais sur album je trouva ca souvent trop mou

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 14 déc. 2021 07:43

vox populi a écrit :
mar. 14 déc. 2021 06:26

Emile parisien je l'ai vu plusieurs fois sur scène et je pense que c'est un des meilleurs saxophonistes que j'ai vu sur scène.
Pas au niveau technique mais pour sa folie et son inventivité.
Par contre sur disque je n'ai jamais été convaincu, un peu comme son acolyte, Peirani.
Lui ce qui me bluffe sur scène c'est sa musicalité, mais sur album je trouva ca souvent trop mou
Pour ce qui me concerne, je confesse qu'Emile Parisien est l'un des musiciens dont le seul nom sur une pochette suffit à déclencher l'acte d'achat...
Je ne partage donc pas tes réserves, mais je suis d'accord lorsque tu dis qu'il est "un des meilleurs saxophonistes sur scène", mais, pour ce qui me concerne, en studio également, tout comme Vincent Peirani.
Ils ont désormais une stature internationale et côté technique, oreille absolue et un bagage énorme, Emile a joué avec Wynton Marsalis, Johnny Griffin ou Bobby Hutcherson et une grande partie de la scène européenne.

Je te propose de partager cette pièce sur l'album de Leïla Martial, "Baabel".
Voici "Smile" une lente montée qu'il partage avec la voix de Leïla, tout en puissance contenue, à fleur de peau:

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 15 déc. 2021 05:19

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Je vous présente cet album bien que j’attende le format physique d’ici quelques mois, mais il est millésimé deux mille vingt et un, alors allons-y ! Il s’agit du dernier album de la formation « I’ll Considered », nommé « Liminal Space », il est paru dans sa version dématérialisée début novembre de cette année, du tout frais, donc.

J’avoue mon inconfort devant ce support, moi qui ne jure que par le Cd ou le vinyle, j’écoute au format « wav » avec VLC, le casque branché sur l’ordi, pourtant, il faut bien le reconnaître, même comme ça, l’album est foutrement bon et le son est loin d’être détérioré, vil, ou de seconde zone, et ça ne tient pas qu’à la qualité du casque !

On retrouve Idris Rahman au saxo et Emre Ramazanoglu à la batterie, mais le troisième larron a changé, Leon Brichard a laissé la place à Liran Donin à la basse. On annonce également le renfort de plusieurs invités, pêle-mêle le saxophoniste baryton Tamar Osborn, les saxophonistes ténor Kaidi Akinnibi et Steam Down Ahnanse, le tubiste Theon Cross, le trompettiste Robin Hopcraft et le percussionniste Sarathy Korwar, enfin d’après ce qui se raconte, car de pochette, point !

L’album serait double, normal ça dépasse l’heure, ce luxe n’est pas habituel chez I’ll Considered, pourtant au fil de l’écoute, ni faiblesse, ni temps mort, ça se tient haut, sans jamais fléchir, une plénitude peut-être encore jamais atteinte.

On connaît les qualités du groupe, des compos taillées dans l’ébène, ciselées avec des mélodies qui font mouches, un côté sauvage également, l’art d’Idris Rahman qui hisse le tout, efficace et redoutable. Ici il faut ajouter la luxuriance, la foule des musiciens, comme si les compos étaient habitées et qu’elles vivaient par elles-mêmes, on peut cliquer au hasard des dix titres, il ne sort que du bon ! Sans doute le travail au niveau du studio, fini l’art brut, on fignole !

Reste à savoir ce que le temps dira, tous ces atours tiendront-ils la route ? Ou bien préfèrera-t-on le dépouillement ancien et son énergie première ? Le temps, et avec lui les écoutes livreront leur verdict, mais pour l’instant, dansons !

First Light (feat. Theon Cross, Kaidi Akinnibi, Robin Hopcraft, Ralph Wyld)


Pearls (feat. Theon Cross, Kaidi Akinnibi, Ralph Wyld, Sarathy Korwar, Tamar Osborn)


Sandstorm (feat. Oli Savill)


Knuckles
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 16 déc. 2021 05:04

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Je continue mon voyage immatériel dans l’attente de recevoir les vinyles dans les mois qui viennent avec ce bel album de ce début d’année "Nafs at Peace" par le groupe Jaubi. Une formation basée à Lahore, au Pakistan. La photo de pochette, assez saisissante, représente la mère du leader - compositeur de la formation.

Jaubi est un quatuor formé par Ali Riaz Baqar à la guitare, il compose également, Zohaib Hassan Khan au sarangi, une vieille à archet originaire de l’Inde, Qammar 'Vicky' Abbas à la batterie et Kashif Ali Dhani au tabla et au chant. Ils sont rejoints par Ed « Tenderlonious » Cawthorne, joueur de flûte et de saxophone soprano basé à Londres, ainsi que par le pianiste polonais Marek « Latarnik » Pędziwiatr du groupe Błoto, déjà évoqué lors de la sortie de deux vinyles sur ce fil.

Assez clairement nous sommes, avec cet album, dans un rapprochement hybride entre la musique indo-pakistanaise et le jazz spirituel, ce n’est évidemment pas le premier album du genre et ce rapprochement a bien souvent donné naissance à de bien beaux albums, on peut penser à Alice Coltrane, Don Cherry, Shakti et bien d’autres encore.

Il semblerait que l’album illustre un voyage spirituel qui se termine par le plus haut stade de la « purification », bien entendu je n’ai aucune compétence, ni aucun éclairage à apporter sur ce cheminement, étant moi-même assez inculte en la matière. Toutefois, ce clair handicap ne m’empêche pas de parcourir ce même voyage, au travers de la musique, avec tout le poids de la matérialité qui se colle à mes souliers de pèlerin amateur.

J’en profite pour souligner la bonne tenue de cet album, exotique mais finalement pas trop, sans doute même insuffisamment de mon point de vue, j’aurais aimé y rencontrer encore plus d’authenticité, plus de tablas et moins de cette basse ronflante, posée à l’avant. Il y a d’évidence une appétence commerciale.

De beaux thèmes quand même, comme « Raga Gurji Todi » ou « Nafs at Peace ». Un album qui s’épuise et se réédite sans cesse sur bandcamp, gage d’un public, probablement jeune, qui se motive, à l’image de leurs amis du groupe Błoto.

Raga Gujri Todi


Mosty


Nafs at Peace


Jaubi - Zari
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par vox populi » jeu. 16 déc. 2021 06:26

Douglas a écrit :
mar. 14 déc. 2021 07:43
vox populi a écrit :
mar. 14 déc. 2021 06:26

Emile parisien je l'ai vu plusieurs fois sur scène et je pense que c'est un des meilleurs saxophonistes que j'ai vu sur scène.
Pas au niveau technique mais pour sa folie et son inventivité.
Par contre sur disque je n'ai jamais été convaincu, un peu comme son acolyte, Peirani.
Lui ce qui me bluffe sur scène c'est sa musicalité, mais sur album je trouva ca souvent trop mou
Pour ce qui me concerne, je confesse qu'Emile Parisien est l'un des musiciens dont le seul nom sur une pochette suffit à déclencher l'acte d'achat...
Je ne partage donc pas tes réserves, mais je suis d'accord lorsque tu dis qu'il est "un des meilleurs saxophonistes sur scène", mais, pour ce qui me concerne, en studio également, tout comme Vincent Peirani.
Ils ont désormais une stature internationale et côté technique, oreille absolue et un bagage énorme, Emile a joué avec Wynton Marsalis, Johnny Griffin ou Bobby Hutcherson et une grande partie de la scène européenne.

Je te propose de partager cette pièce sur l'album de Leïla Martial, "Baabel".
Voici "Smile" une lente montée qu'il partage avec la voix de Leïla, tout en puissance contenue, à fleur de peau:

Beau morceau, oui, avec une seconde partie très prenante, merci :super:

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 16 déc. 2021 16:00

vox populi a écrit :
jeu. 16 déc. 2021 06:26

Je te propose de partager cette pièce sur l'album de Leïla Martial, "Baabel".
Voici "Smile" une lente montée qu'il partage avec la voix de Leïla, tout en puissance contenue, à fleur de peau:




Beau morceau, oui, avec une seconde partie très prenante, merci :super:
Ravi qu'il te plaise, "warm Canto" l'album suivant enregistré par Leila Martial est également une petite pépite!
;)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 17 déc. 2021 05:27

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Enfin un colis de la part d’International Anthem, il s’agit de « City Of Mirrors », l’album de Dos Santos, il est accompagné d’un autre album dont je vous parlerai prochainement. Il semblerait que le « Fly Or Die Live » de Jaimie Branch que j’attends depuis belle lurette, ait été renvoyé à l’expéditeur, le « livreur » n’ayant pas localisé mon adresse, il faut croire que la brousse qui entoure ma maison est bien impénétrable…

Mais saluons plutôt ce colis qui arrive à l’heure, et ce groupe aux influence latinos et Sud-Américaines, « Dos Santos » avec un bel album qui respire la chaleur et l’exotisme, pourtant cette formation est bien ancrée à Chicago. On avait parlé de son premier album sorti en 2018, « Logos » qui était bien chouette, mais celui-ci est possiblement meilleur.

Le groupe n’a pas bougé, toujours Alex Chavez et Nathan kariagianis au chant, aux guitares et aux claviers, Jaime Garza à la basse électrique, Peter « Maestro » Vale à la conga et aux percussions et Daniel Villarreal à la batterie et aux percus également. Deux invités aux instruments à vent, Elliot Bergman et Martin Perna, cette fois-ci pas de renforts côté grands noms du label.

On retrouve le format chanson propre à ce groupe, mais elles sont vraiment bien foutues et travaillées, au nombre de treize, le jazz en lui-même n’est qu’une composante de ce mix léché et aventureux qui prend son départ dans la chicha et la cumbia, des styles traditionnels Andins. Cet album est également celui d’un voyage musical qui passe par Los Angeles et se termine à Chicago, un voyage illuminé et étrange, parfois dramatique ou irréel. On retrouve le processus de création propre à International Anthem avec un travail sur les "boucles", les collages sonores, tout ça sous la houlette d'Elliot Bergman aux manettes.

Un album très agréable, malgré la gravité des thèmes abordés qui tournent autour de l'esprit de "frontière", la couleur ici est est tout simplement lumineuse et positive, qui fait vraiment du bien !

Dos Santos - "Alma Cósmica" (Official Audio)


Dos Santos - "City of Mirrors"


Dos Santos - "A Shot in the Dark"


Soledad


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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 17 déc. 2021 15:02

2021

Voici le premier jet des albums de 2021 dont j’ai parlé ici, en très grande majorité « jazz » mais parfois musique cousine ou apparentée. Certains qui sont dans la liste n’ont pas encore été présentés mais ça devrait arriver dans les jours qui viennent. D’autres ne sont pas encore dans cette liste mais viendront s’ajouter également. Quelques-uns ont peut-être été oubliés...

Pour retrouver des extraits c’est très rapide avec la fonction recherche, le nom de l’album ou du musicien dans « J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle ».

Archie Shepp - Jason Moran : Let My people Go
Michel Portal ‎– MP85
Pat Metheny ‎– Road To The Sun
Pat Metheny ‎– Side Eye NYC V1.IV
The John Zorn’s Bagatelles (1-4) VOL.1
The John Zorn’s Bagatelles (5-8) VOL.2
John Zorn – Gnosis: The Inner Light
John Zorn – New Masada Quartet
John Zorn – Heaven And Earth Magick
Julius Hemphill – The Boyé Multi-National Crusade For Harmony (Archival Recordings (1977-2007)
Tanz Mein Herz ‎– Quattro
Tony Hymas – De Delphes...
Floating Points, Pharoah Sanders & The London Symphony Orchestra ‎– Promises
Harry James - Buy The Numbers
Joëlle Léandre – Beauty/Resistance
Baptiste Boiron, Bruno Chevillon, Frédéric Gastard – Là
Stefano Di Battista ‎– Morricone Stories
Isfar Sarabski ‎– Planet
Jac Berrocal & Riverdog – Fallen Chrome
Wildflower ‎– Better Times
Binker Golding, John Edwards, Steve Noble ‎– Moon Day
R+R=NOW ‎– Live
Wollny - Parisien - Lefebvre - Lillinger ‎– XXXX
Gretchen Parlato – Flor
Anthony Joseph ‎– The Rich Are Only Defeated When Running For Their Lives
Futura Experience – Futura Experience
Sons Of Kemet ‎– Black To The Future
Jean-Marc Foussat – les vraies richesses
Carlos Niño & Friends ‎– More Energy Fields, Current
Various – Indaba Is
The Blue Butter Pot ‎– Jewels & Glory
Julian Lage – Squint
Marc Ribot's Ceramic Dog ‎– Hope
Damon Locks Black Monument Ensemble – Now
Lage Lund - Terrible Animals
Raymond Boni - Mémoire de l'Oubli : Images For Donald Ayler
Masami Kawaguchi – Self Portrait
Albedo Gravitas – Eihwaz
Taiju Sugimori, Yonju Miyaoka, Yuya Oishi - 秘密の回顧録
LSD March – The Night
Sweet Inspirations – Sweet Inspirations At Muon
Akiko Hotaka, Takuya Nishimura, Ikuro Takahashi – Live
Błoto – Kwasy I Zasady
Konstrukt, Thurston Moore ‎– Turkish Belly
Anne Paceo – Circles Live
William Parker ‎– Mayan Space Station
William Parker ‎– Painters Winter
William Parker ‎– The Music Of William Parker: Migration Of Silence Into And Out Of The Tone World (Volumes 1–10)
Julien Lourau - Power of Soul
Bruno Angelini - Transatlantic Roots
Michael Mantler – Coda - Orchestra Suites
Dominique Pifarély - Suite : Anabasis
Theo Croker - BLK2LIFE//A Future Past
Jon Batiste – We are
Natural Information Society with Evan Parker ‎– Descension (Out Of Our Constrictions)
Sophie Alour – Enjoy
Magma – Eskähl 2020 (Bordeaux-Toulouse-Perpignan)
Kenny Garrett - Sounds From The Ancestors
Dune - Voyage au creux d'un arbre
Jî Drû, Sandra Nkaké - Tribe from The Ashes
Sélène Saint-Aimé - Mare Undarum
Andrew Cyrille Quartet – The News
Samuel Blaser, Marc Ducret - Samuel Blaser, Marc Ducret
Pierrick Pédron - Fifty-Fifty
Belmondo Quintet ‎– Brotherhood
Judson Trio – light and Dance
Pat Metheny - Side-Eye NYC V1.IV
Francesco Bearzatti - Portrait Of Tony
Lars Danielsson Liberetto – Cloudland
Jan Lundgren, Lars Danielsson, Emile Parisien – Into The Night
Dave Holland - Another Land
I’ll Considered - Liminal Space
Jaubi - Nafs at Peace
Dos Santos - City Of Mirrors
Zarboth – Grand Barnum All Bloom
Irreversible Entanglements – Open The Gates
Susana Santos Silva & Torbjörn Zetterberg – Tomorrow
Wadada Leo Smith – Trumpet
James Francies - Purest Form
Thomas De Pourquery, Supersonic - Back To The Moon
makaya McCraven - Deciphering The Message
James Brandon Lewis Red Lily Quintet - Jesup Wagon
Juan Carmona - Zyriab
Jeff Parker - Forfolks
JP – JP's Myspace Beats
Jamire Williams - But Only After You Have Suffered
Misha Mengelberg - Rituals Of Transition
Levitation Orchestra - Illusions & Realities

Rééditions ou résurrections :

Nina Simone - The Montreux Years
Miles Davis - Live At Vienne
Don Cherry – Chateauvallon 1972
Don Cherry - Summer House Sessions
Marion Brown - Le Temps Fou
Archie Shepp – Live In Paris 1974
Graham Collier - British Conversations
John Coltrane - Live In Seattle – A Love Supreme
Sam Rivers Quartet - Undulation
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 18 déc. 2021 03:54

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On ne quitte pas vraiment les « musiques de traverse » avec « Grand Barnum All Bloom » du groupe Zarboth. Il avance à trois avec Etienne Gaillochet qui tient la batterie et chante, Phil Reptil, le guitariste qui chante aussi, et Macdara Smith le trompettiste qui chante encore, il faut dire qu’ici ça chante beaucoup, en anglais, les paroles figurent d’ailleurs sur le verso d’un mini poster qui tient dans le Cd. Tous les trois bidouillent un peu, de temps en temps.

Nul doute, il y a un côté punk ici, décalé, déconnant également, mais il y a aussi de la musique improvisée, quatre titres entièrement issus de la communauté du moment, vifs et inspirés, et c’est plutôt carrément bien. « Zarboth » peut-être parce qu’avant ils ne formaient qu’un duo un peu bizarre, ça aguiche et c’est attrayant, c’est vrai qu’il y a également un aspect rap dans le phrasé, « In The Name of… » dépote même grave en parlant de George Floyd.

Du coup il y a de la profondeur ici, de la révolte même, avec une ‘tite dose de cynisme quand même. Parfois poétique ou même un peu intello, tout en conservant l’humour et le second degré. Mais c’est aussi jazzeux, comme « Stainy » par exemple ou « What ? Music ? What Music ? » qui se mire, avec le jeu de Macdara qui évoque Don Cherry. De temps en temps je pense même à Jac Berrocal, sur certains passages, communauté de genre et de pensée.

Il est sorti le vingt-huit mai sur bandcamp et ne semble pas s’arracher, je vois des trucs bien moins sincères qui se vendent comme des petits pains, en tout cas il arrive très vite dans la boîte si on lui demande et ça fait plaisir !

Underground River


In the Name of...


Stainy


ZARBOTH - Live au Studio Sextan - 7 mai 2021
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 19 déc. 2021 04:28

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C’est sorti en juin de cette année, un Cd limité et numéroté, le mien porte le numéro deux cent quatre-vingt-cinq sur trois cents, c’est donc un petit tirage un peu hors norme, puisque le Cd se tient sur une pastille collée à l’intérieur d’un feuillet cartonné double page au format un peu supérieur au quarante-cinq tours.

Susana Santos Silva est une trompettiste portugaise que l’on pourrait rattacher à la nouvelle vague de la musique improvisée européenne. Elle vit en Suède, il n’y a donc rien d’étonnant à sa rencontre avec le contrebassiste suédois Torbjörn Zetterberg avec lequel elle enregistre ce duo essentiellement improvisé.

Ces deux-là se connaissent bien, il suffit de jeter un œil sur leur discographie pour comprendre qu’il y a entre eux une grande communauté artistique. Il y a ici dix compos qui baignent dans un climat très scandinave, la musique est un peu froide en apparence, bien que le feu intérieur bout sous la glace.

Ça plane fort ici, pas de rythmique apparente, nous somme davantage plantés dans un paysage sonore immense avec le son de la trompette de Suzana qui dessine de grandes et longues lignes droites qui s’incurvent lentement, il y a également de l’écho et de la réverbération. Se dégage ici un sentiment de contemplation, et, parfois, d’angoisse mêlée. Peut-être est-ce le lieu d’enregistrement, « Petruskyrkan », une église orthodoxe de Stockholm, qui diffuse cette sensation de recueillement et de sacré.

Torbjörn semblerait plus terrien, avec le son grave de sa basse que l’on devine bien accrochée au sol, sans doute, mais il ne recherche pas l’ancrage et les racines, son jeu au contraire est lui aussi aérien, comme s’il soufflait et poussait sa partenaire vers plus de grâce et de plénitude encore. Il n’enraye en rien l’esprit contemplatif qui règne aussi, bien plus, il le renforce avec son archet, plus complémentaire que contradicteur.

Au final un bel album qui creuse son sillon sans faire de bruit, les amateurs d’un son ECM un peu ascétique pourrait trouver ici de quoi se satisfaire…

Susana Santos Silva & Torbjörn Zetterberg - Stiltje


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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 20 déc. 2021 04:15

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Parmi les sorties de deux mille vingt et un, il en est une qui est exceptionnelle, elle concerne le contrebassiste et compositeur William Parker. Il a connu ces toutes dernières années une période de créativité tout à fait extraordinaire, en très peu de temps, de novembre 2018 à janvier 2020, il a pu écrire de quoi enregistrer les dix Cds qui composent le coffret « Migrations Of Silence Into And Out Of The Tone World ».

Jusqu’alors seul John Zorn pouvait atteindre un tel niveau de créativité sans fléchir en qualité, diversité ou originalité. Il faudra ajouter William Parker qui nous offre ici un coffret d’une richesse inouïe. Bien qu’il soit un contrebassiste extrêmement réputé, il ne joue pas nécessairement de son instrument favori ici, car, tout comme pour John Zorn, c’est le compositeur qui est ici mis en avant.

Pour mettre un peu d’ordre dans cette déferlante musicale, remarquons quelques lignes de force. La première serait sans doute la place très importante faite au chant et à la voix, souvent féminine, beaucoup de chansons et d’interprètes ici. Elles sont sept qui se succèdent. Je ne fais pas la liste car beaucoup me semblent peu connues, bien que chacune soit une interprète émérite.

Chaque album porte un nom qui le singularise, par exemple le Cd n° sept se nomme « Afternoon Poem », il est constitué du seul chant de Lisa Sokolov. Sur le troisième Cd « The Majesty of Jah » on entend Ellen Christi au chant, Jalalu-Kalvert Nelson à la trompette, William Parker à la basse, au donso gnoni et aux percussions ainsi que des invités sur un titre, dont Hamid Drake souvent présent ici.

On le comprend William ne se limite en rien dans les genres, il traverse blues, reggae, funk, bop, free et bien d’autres genres encore, comme le Cd huit, qui baigne dans l’amour du cinéma italien « Light In The Rain » dont chaque titre est le nom d’un réalisateur.

Le second volume est consacré au pianiste Eri Yamamoto qui joue quatorze compos de William, c’est très beau. Mais il existe ici une très grande diversité musicale qui s'exprime à l'intérieur de ce coffret, elle se signale par les nombreux instruments exotiques croisés ici, des flûtes et des percussions de toutes sortes, des références musicales à l'Afrique, à la World Music, en même temps qu'à l'éternelle "Great Black Music".

Mention spéciale à l’extraordinaire « Mexico », une apostrophe à Trump bien sentie, car cet album est aussi un voyage à travers les sons ou l’histoire, on pense à « Harlem Speaks » une autre étape encore.

Certainement l’une des sorties les plus importantes de cette année qui s’en va, dont je ne fais qu'effleurer la richesse et le diversité.

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 21 déc. 2021 06:54

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Celui-ci je l’avais un peu zappé à sa sortie, mais surtout parce que je ne le trouvais pas, oui, je sais ça paraît à peine croyable, comment se fait-il qu’un album du bankable Thomas De Pourquery soit difficile à dénicher ? Et bien je n’ai toujours pas la réponse, sinon qu’il faut juste patienter, car le monde nouveau est arrivé.

Alors, il y a le titre de l’album « Back To The Moon », la pochette qui nous positionne à l’intérieur d’un vaisseau spatial et cette imagerie autour de l’afro-futurisme et Sun Ra dont on nous rabat les oreilles… Bon, allons, mettons tout ça de côté, cette pacotille encombrante, car l’album vaut par lui-même plus qu’à travers ce marketing un peu outrancier qui n’ajoute rien. Oui je sais, je fais mon rabat-joie, c’est que le monde nouveau est arrivé.

Il faut dire que j’aime bien cet album, je le trouve même assez unique dans la discographie De Pourquerhyène, il est même très fin, subtil, presque féminin, en tout cas authentique, pour moi c’est certain, c’est d’ailleurs là le secret chez Thomas, plus c’est lui, meilleur c’est.

A l’heure où les cadeaux se font, je me dis que celui-ci serait parfait, il n’irradie que du positif, du beau, du charmant, de la grâce et même cette fenêtre vers le futur pour épater les naïfs, mais ça c’est du bonus un peu couillon pour ceux du nouveau monde qui est arrivé.

Un gros travail au niveau des compos, des arrangements aux petits oignons, des solistes de haut niveau, une rythmique presque rock parfois, Edward Perraud ce n’est pas n’importe qui, des voix aussi de temps en temps qui nous transportent dans leurs chants, souvent très doux, passés à la moulinette au travers des machines, ça nous rappelle le Thomas d’autrefois, celui des mélodies qui font mouche.

Il ne recule devant rien, son audace le pousse vers des trucs un peu variétoches et pas vers le free, mais c’est tellement bien fait qu’on ne lui en veut pas trop. Un album qui plaira à beaucoup, très convivial, pour les petits et les grands du nouveau monde qui est arrivé.

Thomas de Pourquery & Supersonic - BACK TO THE MOON (clip officiel)


Thomas de Pourquery & Supersonic - Yes Yes Yes Yes (Audio Only)


Bring Me Back the Day


Joy
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 21 déc. 2021 07:00

Thomas de Pourquery en Live, mais c'est un extrait de "Sons Of Love ", l'album précédent!

FROM PLANET TO PLANET Thomas de Pourquery & Supersonic Live Gaîté Lyrique

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 22 déc. 2021 05:55

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Voici "Purest Form" un album Blue Note signé par un musicien de la jeune génération, c’est le second album de la part de James Francies, tous les deux accueillis sur le prestigieux label. Vous imaginez bien que pareil honneur n’est accordé qu’à quelques musiciens d’exceptions, et là vous ne serez pas déçus, mais il faut également posséder un potentiel « vendeur » car, depuis le tournant pris au milieu des années soixante, le label lorgne bien souvent du côté des royalties.

James Francies joue des claviers électriques et aussi du piano, il est ici accompagné par les deux autres stars montantes du label, le saxophoniste Immanuel Wilkins et le vibraphoniste Joël Ross, trois musiciens virtuoses. Il y a une ribambelle d’autres accompagnateurs, on peut signaler le batteur Jeremy Dutton et le bassiste Burniss Travis III qui assurent la rythmique sur toutes les pistes.

Je ne m’attarde pas côté technique et savoir-faire où ça palpite dans tous les sens, mais plutôt sur le style de la musique dont j’ai déjà évoqué la tendance première, c’est-à-dire le goût de plaire et d’épater le public, alors ça penche vers un certain « jazz rock » que je rattacherais au Miles Davis des dernières années, sans les aspérités et les saillies, ce serait plutôt orienté vers un jazz assez « cocooning », douillet et confortable.

Mais il y a tout de même beaucoup de qualités dans les compos, dans l’équilibre entre les morceaux, les influences plus modernes de l’électro et d’un certain côté pop. Il y a une reprise de « My favorite Things », un peu étonnante, elle passe par son côté survolté, mais ne détrônera pas les versions de Coltrane, l’empreinte du géant est trop importante, d’où cette option un peu biaisée d’une version plutôt alternative.

Ce n’est sans doute pas ce qu’on retiendra le plus, plutôt « 713 », « Melting », «Eyes Wide Shut » avec Bilal, ou « Rose Water » avec Elliott Skinner au chant, on remarque également « Freedmen's Town » et son spoken word engagé, racontant l’histoire de la lutte des noirs américains. La troisième pièce « Transfiguration » résume assez bien l’album, avec les solos de James Francies et d’Immanuel Wilkins.

Un album bien agréable qui pourrait plaire à beaucoup, et avoir une petite place sous le sapin.

Eyes Wide Shut


James Francies - Melting


Transfiguration


713
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 23 déc. 2021 06:27

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John Zorn : New Masada Quartet


Un autre album très difficile à se procurer lors de sa parution en novembre dernier, juste patienter un peu avant que de le voir circuler aux endroits que les initiés connaissent. Il faut dire que l’appellation du groupe fait saliver, le « New Masada Quartet » avec quatre musiciens de grands renoms, Julian Lage le guitariste, Jorge Roeder le bassiste et les deux légendes, Kenny Wollesen à la batterie et John Zorn lui-même au saxophone alto.

C’est le tout premier album de ce nouveau quartet au nom si prestigieux, « Masada » renvoie les admirateurs aux meilleurs moments de l’épopée de John Zorn. Il est paru sur Cd dans les « Archival Séries », cinquante-trois minutes que se partagent les huit pièces ici jouées. La pochette est bien jolie, sur le rabat intérieur on y voit une photo représentant une édition ancienne du « Manifeste du Surréalisme » d’André Breton, un nouveau clin d’œil envers la culture littéraire française qu’il affectionne.

On plonge à nouveau dans le « Masada Songbook » pour y trouver les compos qui seront enregistrées par Bill Laswell à son studio du New Jersey. John Zorn est à la fois aux manettes et à l’exécution artistique, un peu dedans et un peu dehors, mais à fond ! Du coup on retrouve un peu de ces envolées free si décapantes qui plaisaient tant, ça se déroule à la fois dans une grande maîtrise et, dans le même temps, au bord du précipice et du casse-gueule, car la prise de risque est souvent grande !

Ce n’est pourtant qu’un premier volet pour ce « New Quartet » qui devrait à l’avenir décliner suites et autres sorties en parallèles aux « Bagatelles » qui nous nourrissent également, de quoi festoyer car cet album est juste magnifique. John Zorn, le seul musicien au monde avec lequel on ne sait jamais où tourner la tête !

On le connaît un peu sourcilleux sur la diffusion d'extraits sur le tube, on y trouve rarement ce qu'on y cherche le concernant. C'est là le seul lien que j'ai trouvé concernant le New Masada Quartet, de quoi se faire une idée assez fidèle de ce qui se passe sur l'album...

John Zorn’s New Masada Quartet - Sadomasadism 09-06-2019
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 24 déc. 2021 03:53

Le nouvel invité du New Masada Quartet, le guitariste Julian Lage nous a offert un magnifique opus cet année, un petit rappel à notre souvenir:
Douglas a écrit :
ven. 6 août 2021 04:47
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J’ai écouté et découvert le guitariste Julian Lage lorsqu’il a enregistré aux côtés de John Zorn, peut-être a-t-il rencontré ce dernier par l’intermédiaire du batteur Kenny Wollesen qui les a côtoyés tous deux. Pour ce qui me concerne, que ce soit au travers de « Salem », du « Book Beri'ah » en 2018, ou de « Nove Cantici Per Francesco D'Assisien » de 2019, ou encore de « Virtue » ou de « Songs for Petra » en 2020, j’ai été séduit et même impressionné par ce musicien.

C’est la raison pour laquelle je n’ai pas attendu pour commander « Squint » qui vient de sortir sous le nom du guitariste. Il opère en trio avec le bassiste Jorge Roeder et le batteur Dave King qui qui tient également la batterie dans le groupe « Bad Plus ». L’album sort sur Blue Note, ce qui est une sorte de consécration pour un musicien de jazz, ça marche encore, après toutes ces années.

Il faut dire qu’ici on baigne dans le classicisme, Julian est un guitariste extrêmement doué, jeune, il sait déjà tout faire, tout jouer à la perfection. Pour un gars comme lui la seule chose que l’on demande c’est de savoir s’il a une âme, enfin si ça s’entend et je crois pouvoir répondre que oui.

Il pourrait se la péter, mais non, il penche plutôt côté Bill Frisell, souriant et modeste, enfin c’est comme ça que je l’imagine. Ici seulement deux reprises, le reste ce sont ses compos et pour ceux qui aiment avoir affaire à des trucs fins et mélodiques, Julian est leur homme !

La basse est ronde et complice, ces deux-là se fréquentent depuis longtemps et l'amitié les rassemble. Le jeu de Dave King à la batterie est moins évident, déjà dans le choix d’une sonorité assez sèche, habile mais très directe, j’allais dire rock, mais ce serait abusé.

Un chouette album de jazz, virtuose mais sans tape à l’œil, il passe très vite et le vinyle à la note bleue est bien joli…

Julian Lage - Boo's Blues


Squint


Emily


Quiet Like A Fuse
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