J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Blues traditionnel ou blues blanc, jazz, soul, funk, c'est ici.
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 21 janv. 2022 20:53

Pablitta a écrit :
ven. 21 janv. 2022 18:51
Oscar Wilde ? :gratzzz: ::d
Autrement il y a Proust:

"La musique est peut-être l’exemple unique de ce qu’aurait pu être – s’il n’y avait pas eu l’invention du langage, la formation des mots, l’analyse des idées – la communication des âmes."


C'est un peu long, c'est du Proust, mais c'est bôô !
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 22 janv. 2022 06:10

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MLB Trio – Birka (2021)

La photo sur la pochette renseigne bien sur ce « MLB Trio » sorti il y a peu, un curieux album pour les instruments qu’il fait se rencontrer, et pourtant tout va, tout chante et tout enchante.

A gauche Stéphane Belmondo, trompettiste et joueur de bugle, au centre Thierry Maillard pianiste et joueur de Fender Rhodes et Sylvain Luc, à droite, joueur de guitares. Trois grands maîtres des douceurs jazz, entre couleurs de début d’été et longues soirées qui se profilent…

Le bosseur c’est Thierry Maillard, huit compos sont issues de son inspiration, le bosseur moyen c’est Sylvain Luc, il en porte cinq dans sa besace et le petit bosseur c’est Lionel qui en a deux dans la poche, mais tous savent qu’en matière de jazz, c’est surtout l’interprétation qui compte, et là, les trois sont au taquet, à fond, unis et complémentaires.

Il n’y a pas de déséquilibre dans ce « jazz de chambre » sans les habituels instruments rythmiques, après tout, guitare ou piano peuvent se charger de la tâche, ensemble ou alternativement, et c’est ce qu’ils font, presque souvent, et de temps en temps. Personne n’est prisonnier d’un rôle assigné, d’une spécialité, même si ça souffle, gratte et sautille inévitablement, chacun crée, se situe dans l’ensemble, improvise et combine, pour que tout chante et tout enchante.

Les mélodies sont là, parfois avec la mélancolie qui s’invite aussi, ou alors la joie qui fait hop ! Parfois la musique se resserre et se referme, recueillie, intime et fragile… Quinze compos entre deux et six minutes, tout file vite, mais que de chants venus des trois points du triangle, que de hauteurs et de sommets gravis ici.

Cet album qui s’annonçait si étrange est finalement très consensuel, convivial, harmonieux, il ne fâchera personne et plaira à tous, ce qui constitue en soi une réelle performance, pour que tout chante et tout enchante...

Birka


Terres celtes


Couleurs atlantiques


Astor
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Pablitta » sam. 22 janv. 2022 13:01

Douglas a écrit :
ven. 21 janv. 2022 20:53
Pablitta a écrit :
ven. 21 janv. 2022 18:51
Oscar Wilde ? :gratzzz: ::d
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"La musique est peut-être l’exemple unique de ce qu’aurait pu être – s’il n’y avait pas eu l’invention du langage, la formation des mots, l’analyse des idées – la communication des âmes."


C'est un peu long, c'est du Proust, mais c'est bôô !
J'ai un peu peur que tu perdes ton temps ::d

Sinon, je ne sais pas pourquoi, mais j'ai pensé à toi en écoutant cette émission sur le tempo.
Je te l'indique, au cas où le thème te causerait :
https://www.franceculture.fr/emissions/ ... e-le-tempo

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par nunu » sam. 22 janv. 2022 14:11

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Ahmad Jamal et son album Freeflight de 1971, enregistré a Montreux, première fois que cette formation composé de Ahmad Jamal au piano, de Franck Gatt a a batterie et de Nasser Jamil (ou Sulieman suivant comment il est présenté) a la basse jouait en Europe continentale. Surement son trio le plus connu qui dura grosse modo de 1966 a 1973. C'est aussi la premiere fois que Jamal joue du piano electrique

Le disque comprend une courte intro de présentation et 4 morceaux, un de MCCoy Tyner, un de Hancock, une composition de Jamal et le morceau Poinciana un morceau Cubain des années 30 que Jamal avait déjà repris en Live sur un album de 1956 avec un autre de ces trios célebres celui composé de Israel Crosby et Vernel Fournier. Ce morceau dans la version de 1956 figurera sur la BO du film sur la Route de Madison

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par nunu » sam. 22 janv. 2022 14:49

Apres Ahmad Jamal la nouvelle génération du piano Hiromi (dont Jamal est une des idoles), même si elle est la depuis 20 ans maintenant ou pas loin. La c'est un album de son "Trio project", 4 album sont sortis de ce trio composé d'elle même au piano, d'Anthony Jackson à la basse et de SImon Philips a la batterie. Trio qui ne joue que des compositions originales excepté sur cet album ou on trouve une reprise d'un piece classique de Beethoven

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par nunu » sam. 22 janv. 2022 19:48




Un live de Medeski, Martin & Wood. A mon sens c'est vraiment un groupe de Live, c'est la qu'ils prennent toute leur ampleur. En studio j'ai plus de mal même si je les préferent avec John Scofield (même en Live)

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 23 janv. 2022 05:46

Pablitta a écrit :
sam. 22 janv. 2022 13:01
Douglas a écrit :
ven. 21 janv. 2022 20:53
Pablitta a écrit :
ven. 21 janv. 2022 18:51
Oscar Wilde ? :gratzzz: ::d
Autrement il y a Proust:

"La musique est peut-être l’exemple unique de ce qu’aurait pu être – s’il n’y avait pas eu l’invention du langage, la formation des mots, l’analyse des idées – la communication des âmes."


C'est un peu long, c'est du Proust, mais c'est bôô !
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Sinon, je ne sais pas pourquoi, mais j'ai pensé à toi en écoutant cette émission sur le tempo.
Je te l'indique, au cas où le thème te causerait :
https://www.franceculture.fr/emissions/ ... e-le-tempo
Merci pour le lien, je m'y pencherai dès que j'aurai un peu de temps devant moi!
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 23 janv. 2022 05:56

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Chlorine Free - Minirose (2021)

Et maintenant voici Chlorine Free, un septette qui porte le free dans son nom mais pas dans sa musique. Il faudrait plutôt parler de « jazz rock » ici, et encore pas dans toute son acceptation, car on stationne sur le versant « funk », un peu à la « Herbie Hancock », mais en y ajoutant une bonne dose d’électro, d’ailleurs quand je lis la liste des instruments j’ai l’impression de me projeter dans un film de science-fiction !

Le truc très en avant qui domine ici, c’est la basse, elle est énorme, c’est Virgile Lorach qui officie, mais il joue également du Fender Rhodes, un marqueur du jazz-rock d’antan, de la guitare, des claviers, des percussions mais aussi du Clavinet D6 et du « programming ». Il y a aussi Romain Clerc-Renaud qui joue du Rhodes et du Clavinet D6, mais également du minimoog, du Prophet 8 et du Wurlitzer. David Monet joue encore du Clavinet D6, du SH 101 et monte en gamme avec le Prophet 600.

Maxime Zampieri se contente d’être un honnête batteur, Michael Escande de jouer des percus, Benoit Giffard du trombone, Yann Cléry de la flûte et Doc Jones du « scratch ». Bon on aurait sans doute pu écrire synthé de temps en temps pour moins le crâne se casser…

Tout ça résumé en trois, quat’ mots : jazz-funk à la Herbie Hancock ! Ça groove un max ici, du début à la fin, secoue, secoue le popotin ! Rythmique carrée, batteur impec et grosse basse ronflante, Rhodes et synthés astucieusement mélangés pour former une structure balaise ou la flûte se balade à l’aise et le trombone joue la note et la bonne et si ça scratch, scratch c’est en rythme et bien en place.

Tout juste regretterons-nous que ça s’arrête juste après les trente-sept minutes, alors que restent encore des forces pour taper du pied et claquer dans les mains.

Chlorine Free - Minicocotte


Drum Jaune


Minirose


Georgio Felicio
Modifié en dernier par Douglas le lun. 24 janv. 2022 03:50, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 24 janv. 2022 03:44

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David Linx "Be My Guest - The Duos Project" (2021)

David Linx est un chanteur de jazz belge, nul doute qu’il possède une voix et une technique vocale exceptionnelle et qu’il doit avoir des tonnes d’admirateurs. J’ai eu l’occasion de l’écouter plusieurs fois lors de concerts sur mezzo, je reconnais incontestablement son talent et il m’est arrivé d’être embarqué par son chant et de faire un beau voyage, cependant l’ennui arrivait vite après l’emballement, comme un paradoxe qu’il me fallait lever…

C’est pourquoi je me suis précipité sur ce Cd paru il y a peu, de très bonne réputation, afin de l’écouter dans les meilleures conditions acoustiques. Il est constitué d’une série de duos entre David et un invité qui jouent ensemble, assez souvent une reprise, comme par exemple « Hunter » de Björk, « Close to You » de Burt Bacharach avec Magic Malik à la flûte ou bien encore « Round Midnight » avec Tigran Hamasyan au piano.

On croise également Nguyén Lé, Ran Blake, Diederik Wissels et Marc Ducret pour n’en citer que quelques-uns, car l’album frôle les soixante-dix minutes partagées en quinze titres tous d’une forte densité. Le chant de David Linx est aisément reconnaissable, c’est un chant jazz qui véhicule de l’émotion mais qui garde ses racines européennes. C’est toujours juste et toujours « propre », ne s’encanaille pas, mais porte en lui une charge émotionnelle assez forte. On pense parfois à Jeanne Lee pour la pureté et l’absence de vibrato.

Chaque pièce est un paysage ou un petit univers clos, ainsi le parcours de plage en plage se fait sans s’ennuyer, de surprise en surprise, mais en gardant avec constance le côté épuré et la simplicité du duo.

Le Cd est se loge dans un « livre » conçu à la façon de certaines publications « Nato » pour ceux qui connaissent. Du coup beaucoup de renseignements sur les contenus, d’illustrations qui vont avec, de paroles de temps en temps et même d’un texte d’introduction signé de l’auteur, c’est vraiment très chouette !

Pour finir je vous engage à écouter quelques extraits qui vous permettront de vous faire une idée, mais, pour ce qui me concerne, le Cd a définitivement balayé mes réticences premières…

David Linx - Round Midnight (feat. Tigran Hamasyan) [Official Music Video]


Close to You


Hunter


David Linx - I Think It's Going to Rain Today (feat. Peter Hertmans) [Official Music Video]
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 25 janv. 2022 04:58

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Vinny Golia, Aurora Josephson, Henry Kaiser, Mike Keneally, Joe Morris, Damon Smith, Weasel Walter – Healing Force - The Songs Of Albert Ayler

Avec cet album on quitte un peu l’actualité pour plonger en 2006, année où il a été conçu, il sortira en Cd l’année suivante. C’est un magnifique et audacieux hommage à Albert Ayler qui s’est enregistré à Berkeley, en Californie. Magnifique car il est de mon point de vue réussi, et audacieux car il y a une prise de risque assez importante.

Comme souvent dans ces cas-là, il y a une personne à l’origine du projet, ici c’est le guitariste Henry Kaiser qui batailla pour le mettre sur pied et aboutir à cet enregistrement. Il a réuni autour de lui quelques musiciens de grande renommée, Vinny Golia aux saxophones et à la flûte, Aurora Josephson au chant, Mike Keneally au piano et à la guitare, Joe Morris à la guitare et à la basse, Damon Smith à la basse et Weasel Walter à la batterie.

La prise de risque que j’évoquais tient au répertoire, plutôt que de s’asseoir sur les classiques les plus connus du grand Albert, Kaiser a fait le choix de puiser dans la période la plus décriée du saxophoniste, la dernière, à travers trois albums Impulse, « Music Is The Healing Force Of The Universe », « New Grass » et « Love Cry », soit la période 68-70. C’est aussi la période où chantait Mary Maria Parks, elle est donc créditée pour les paroles et Albert pour la musique.

Deux pièces sont à mettre au crédit de trois musiciens du groupe, « New New Grass » et « New Message » qui sont signés Golia, Morris et Smith, ce sont plutôt des impros d’ailleurs, mais ça reste anecdotique. Pour dire les choses, le principal obstacle que je perçois concernant le bon accueil à cette musique est plus lié à l’acceptation de la voix d’Aurora au chant, plutôt que le côté free qui ne m’apparaît pas si rédhibitoire que ça, finalement.

Le Cd n’est pas si loin des quatre-vingts minutes, c’est du massif, le choix du répertoire nous fait naviguer dans des eaux très diverses, perso j’ai été emporté par la version de « Music is The Healing Force of The Universe », vingt minutes hors du temps au service d’une musique à caractère spirituel, telle que la jouait Albert Ayler. Mais il y a pas mal de parties chantées qui ne valent pas les parties instrumentales de mon point de vue.

Un grand nombre de de grands moments quand même, « Heart Love » et son final, « New Generation » et son rythme entraînant, « Japan-Universal Indians » que l’on doit en partie à Pharoah et «Oh ! Love Of Life » et ses guitares. Il faut également citer les impros qui sont superbes.

On pourra mettre au crédit de cette œuvre son originalité liée à la recréation des pièces, loin d’une relecture passive. Chacun ici apporte un son neuf et de nouvelles idées, même le plus féru des admirateurs d' Albert Ayler trouvera ici de quoi le nourrir et l’étonner.

Healing Force - Oh! Love of Life


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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 26 janv. 2022 05:45

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Retour à l’actualité de 2021 avec cet album sorti en hommage à un autre grand du free, Cecil Taylor. Ce sont trois musiciens qui le côtoyèrent à un moment ou à un autre qui sont ici réunis, le bugliste Enrico Rava, le contrebassiste William Parker et le batteur Andrew Cyrille. L’album se nomme « 2 Blues For Cecil », il est sorti sur « Tum Records » un label finlandais. Il a été enregistré il y a environ un an, en février 2021, à la suite du festival « Sons d’Hiver ».

On y trouve des improvisations, des titres signés par chacun des musiciens, ainsi qu’une reprise de « My Funny Valentine », en fin d’album. Encore un Cd bien plein, il dépasse les soixante-dix minutes. Il contient un livret intérieur assez complet qui reprend la bio des musiciens ainsi que différents renseignements et quelques photos.

Celui qu’on n’attendait peut-être pas dans ce trio c’est Enrico Rava qui joue du bugle ici. C’est sans doute lui qui joua le moins longtemps aux côtés de Cecil Taylor parmi les trois, mais j’ai bien écouté l’album qu’il enregistra en 1988 en compagnie du « Cecil Taylor European Orchestra », et c’est bien l’un des meilleurs du pianiste. J’imagine sans peine que chaque membre qui participa à ce chef d’œuvre fut marqué par cet enregistrement, et envié par ses pairs qui auraient sans doute aimé prendre part à ce grand orchestre phénoménal.

William Parker a fait partie du Cecil Taylor Unit entre 1980 et 1991 et Andrew Cyrille participa aux légendaires « Unit Structures » et « Conquistador ! » ainsi qu’à un grand nombre d’albums. Ce sont des proches qui connaissaient intimement l’intègre musicien.

On sent à la fois le respect et l’admiration qu’ils avaient pour le géant en écoutant ce magnifique album. On pourrait hâtivement le classer dans le free mais ce serait une erreur, il y a également beaucoup de blues ici, la musique bleue de la peine et de la tristesse que l’on ressent parfois…

Ce que je voudrais dire c’est qu’ici on a probablement un des meilleurs albums d’Enrico Rava, sans jamais tomber dans l’esbroufe ou la vélocité gratuite, nous sommes, bien au contraire, face à un album où le feeling et la simplicité transpirent dans son jeu. Mais il faudrait ajouter aussitôt que c’est aussi probablement un des meilleurs de William Parker, c’est lui le grand timonier celui qui donne le cap et l’assise à ses deux compères.

Mais, ce serait encore aller un peu vite, si on oubliait de souligner qu’il se pourrait bien que ce soit également un des meilleurs enregistrements de Cyrille qui, ici, donne du tambour et des cymbales tel un décorateur- ornementiste des grands espaces, marquant le tempo comme sans y prendre garde, y compris à l’aide de trous d’air, de vides, tel un grand magicien des rythmes.

Ballerina - Andrew Cyrille, William Parker, and Enrico Rava
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Harvest » mer. 26 janv. 2022 11:32

Douglas a écrit :
mer. 19 janv. 2022 05:16
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EDQ ‎– They All Be On This Old Road (2021)

Cet album est une réédition du vinyle sorti en 1977, mais pas seulement, avec le format Cd il gagne en stockage et nous offre une grosse quantité d’inédits qui nous permettent d’écouter le concert dans son intégralité. Déjà, EDQ signifie Elton Dean Quartet, on sait que ce dernier a gagné une énorme notoriété pour sa participation aux volumes trois, quatre et cinq de Soft Machine. Le « Fifth » est excellent, mais le « Fourth » est hors norme et le « Third » tout simplement un classique. Il est évident que le saxophoniste possède une large part dans cette belle histoire.

Ici nous le retrouvons à la tête d’un quartet accompagné par un ensemble de rêve, avec Keith Tippett au piano, Chris Laurence à la basse et Louis Moholo-Moholo à la batterie. Avec les inédits présentés dans cette édition le temps du concert est quasiment doublé par rapport au vinyle. Les deux premiers titres et les deux derniers sont donc restés inconnus jusqu’à cette publication, mais sachez qu’ils valent bien la première sélection, soumise à la loi des trente-trois tours. Le concert a été donné au Seven Dials de Londres le dix-huit novembre mille neuf cent soixante-seize.

Toutefois le point d’orgue de l’album restera probablement cette magnifique version de « Naïma » qui tenait à elle seule sur la première face du vinyle avec ses vingt minutes et quarante secondes. L’esprit de Coltrane soufflait encore et notre quartet fouille la compo dans ces moindres recoins, en quête d’une appropriation ou d’une nouvelle voie pas encore explorée, ils sont tous magnifiques, Keith Tippett l’explorateur en chef, Chris Laurence, fureteur et dénicheur de merveilles, Louis Moholo, délicat et respectueux et Elton très lyrique qui se souvient…

Les souvenirs remontent en évoquant chacun de ces musiciens, Soft Machine, Soft Works, Centipede, Mike Westbrook, Alan Skidmore, The Blue Notes, Chris McGregor's Brotherhood Of Breath, mais il faudrait citer une majeure partie du jazz anglais ou Sud Af de l’époque ! Pour ceux qui seraient inquiets c’est bien à un concert de jazz que nous sommes conviés, le territoire le plus favorable à la passion partagée par les deux grands amis que sont Keith et Elton, ici à nouveau réunis pour le meilleur.

Sur le morceau « Easy Living » ainsi que sur la dernière pièce de l’album « Echoes », Elton Dean joue d’un instrument dont il est l’un des plus grands spécialistes, le saxello, que l’on entend assez rarement, l’occasion d’écouter ce « rare » appartenant à la famille des saxophones, pour le reste il joue plus classiquement de l’alto.
Possédant le LP, je pense aussi me procurer la réédition, vue la qualité exceptionnelle de cette musique.

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 27 janv. 2022 05:15

Harvest a écrit :
mer. 26 janv. 2022 11:32

Possédant le LP, je pense aussi me procurer la réédition, vue la qualité exceptionnelle de cette musique.
Un choix guidé par le bon sens, tu vas te régaler!
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 27 janv. 2022 05:22

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Alan Sondheim, Ritual-All-7-70 (1967) – S/FJMt°

Un petit voyage dans le passé, en 1967 avec « Ritual-All-7-70 » signé par Alan Sondheim, un album ESP. Citer le nom de ce label c’est déjà entrer un peu dans l’histoire du jazz et souvent du free, car les deux vont bien ensemble, même s’il y eut quelques albums de rock ou de folk signés par cette très étrange et rebelle maison de disques (Fugs, Godz ou Pearl Before Swine).

Alain Sondheim ne fait pas partie des « têtes de Gondole » du label comme Albert Ayler, Pharoah Sanders, Sun Ra, Steve Lacy ou le New York Art quartet, mais il n’y a pas d’albums insignifiants chez ESP, et celui-ci est vraiment digne d’intérêt car il se montre précurseur et, de plus, il vieillit carrément bien, et les années glissent sur lui sans altérer la fraîcheur d’écoute.

L’album a été enregistré à Providence, la capitale de l’état du Rhode Island sur la côte est des States. A cette époque le groupe vivait dans un loft qu'ils partageaient. Alain Sondheim est multi-instrumentiste, il joue d’une quantité incroyable d’instruments, heureusement sur cet album il s’est limité au xylophone, au saxophone alto, au sona, aux guitares classique, électrique et hawaïenne, au cor anglais, au bansari koto, à la clarinette et au suling.

Il est entouré par Ruth Ann Hutchinson qui chante, Chris Mattheson à la basse, Barry Sugarman qui joue des tablas et du bongo, J.P. qui joue de la batterie et Robert Poholek au cornet et à la trompette. La musique est vraiment très agréable et le groupe tient largement la route. Le seul petit reproche que l’on pourrait émettre serait le très léger souffle que l’on perçoit parfois, sans doute lié à la prise de son d’époque.

Cela ne constitue toutefois pas vraiment une gêne, mais je suis parfois pinailleur. Treize pièces se succèdent, la première se nomme « 770 » et la dernière « 782 », seule « June » se différencie, mais elle aurait pu s’appeler « 773 ». C’est globalement un peu free, mais sans le cri, on remarque surtout l’importance des percussions, du chant improvisé qui s’intègre à l’intérieur de la musique sans se poser en avant, de la qualité des solistes, Alan Sondheim qui régale ainsi que Robert Poholek.

L’album tourne autour des quarante minutes ce qui est dans les standards de l’époque, il nous donne l’impression de voyager car nous rencontrons divers folklores, de l’Espagne, du Moyen ou de l’extrême - Orient ou même d’Afrique, la faute probablement à tous ces instruments venus de partout.

Les pièces, souvent courtes, sont ciselées et enrichies d’impros qui disent beaucoup en peu de temps, d’agencements parfois un chouïa compliqués, sans toutefois perdre le rythme. Un sentiment de chaleur se dégage de ce free qui sent la joie de vivre et le plaisir de jouer.

Alan Sondheim / Ritual-All-770 – Ritual-All-7-70
00:00 770
03:19 771
08:21 772
09:35 June
12:37 774
14:27 775
19:51 776
24:55 777
26:49 778
29:59 779
32:32 780
34:22 781
38:26 782

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 28 janv. 2022 06:02

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John Medeski – Crawlspace (2021)

On connaît John Medeski pour son trio en compagnie de Martin et Wood, on sait également qu’il fréquente John Zorn depuis belle lurette et qu’il a participé à nombre de ses albums, il y a aussi cette amitié qui les réunit. Alors que les temps ne sont pas trop faciles pour Zorn qui a été escroqué, il a dû se recentrer sur Tzadik, son label, et y sortir principalement ses propres œuvres, ne pouvant s’offrir le luxe d’un bide commercial.

Ça, c’est ce qu’on pensait, mais rien n’est vraiment raisonnable chez ce démiurge, aussi, quand au début de la crise Covid, en 2020, il propose à son ami Jon Medeski de faire un album en solo en lui disant : « Tous tes claviers, tout ce que tu veux, de la folie, vas-y à fond », il savait qu’il pouvait s’attendre à de l’inédit !

Du coup le claviériste ne se fit pas prier, il s’enferma en studio pendant quarante-huit heures en compagnie de ses machines et s’attaqua aux « vides-sanitaires ». Côté matos c’est du sérieux, Yamaha CS-60, Korg Delta, pédales moog taurus, minimoog, mellotron m400, m400d digital mellotron, korg bx-3, microkorg, Hammond a100 et (sans déconner) un piano.

Voilà, voilà, le Cd est sorti en fin d’année 2021, avec le petit obi, typique de Tzadik, sur lequel on peut lire le message suivant : « Non il n’y a pas de problème avec votre chaîne Hi-Fi, c’est bien ainsi que la musique est censée être entendue ». Bon, c’est honnête vu que l'obi est lisible avant l’achat, chacun saura qu’ici Medeski cède à la musique expérimentale.

Le titre de l’album se nomme « Crawlspace », une fantaisie électro-acoustique. On y trouve deux mouvements, le « movement i » et le « movement ii », pour trouver un musicien assez proche de ce trip musical on peut penser à Jean-Marc Foussat, bien que ce dernier ait une démarche plus humble. Ici, passé l’introduction, on ne peut pas dire que l’on soit vraiment agressé, bien que les séquences alternent pour former un véritable patchwork musical assez étonnant.

C’est même parfois assez enlevé et ça vous embarque plutôt bien si vous n’êtes pas allergiques au son des machines, il faut s’attendre également à des bruitages inouïs, à des divagations sonores parfois sympathiques, à des collages souvent bien foutus, globalement c’est assez planant.

Par chance il y a des extraits youtube, bien que l’on sache qu’ils ne restent pas très longtemps, Tzadik les éradique en général assez rapidement.

John Medeski - Crawlspace


John Medeski - Crawlspace part 2
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 29 janv. 2022 05:22

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Sarāb - Arwāh Hurra (2021)

Voici un album qui recueille le minimum de la reconnaissance « jazz » pour entrer de justesse dans la catégorie. En effet le jazz n’est qu’une composante ici, voici le groupe « Sarāb », qui signifie mirage en français, constitué donc par de multiples composantes. Il faudrait déjà citer la chanteuse franco-syrienne Climène Zarkan, qui chante souvent en arabe, et le guitariste Baptiste Ferrandis qui sont tous deux à l’origine de la formation.

L’album se nomme « Arwāh Hurra » ce qui veut dire « Âmes Libres ». Au fil des pièces il se colorie différemment, jazz avec le trombone de robinson Khoury et le jeu de Thibaut Gomez au piano, mais il prend également de nombreux virages rock sous l’influence de la basse de Timothée Robert ou de la batterie de Paul Berne. Le titre d’ouverture « Celui qui occupe mes pensées – yally shaghalt al bāl » est la reprise d’un air chanté autrefois par Oum Kalsoum.

C’est à un véritable kaléidoscope auquel nous sommes confrontés car on verse également fréquemment du côté des musiques orientales, et le band en entier se meut et se transforme à volonté, d’autant que de nombreux invités entrent dans la danse, le percussionniste Wassim Hallal, le joueur de saz Abdallah Abozekry, le tromboniste basse Jules Boitin , le trompettiste Alexis Bourguignon ou encore Alain Damasio le récitant et auteur du texte « Etranger est un verbe » que l’on entend parfois sur les ondes …

On peut se croire tantôt sur un plan métal ou symphonique, et quelques minutes plus tard au beau milieu d’un solo de guitare psyché. Des chœurs se forment de temps en temps avec trois des musiciens, ce qui donne de la force et du « corps » à certaines parties musicales. Tout semble écrit et construit, sans laisser de véritable place à l’improvisation. Les textes sont dans l’air du temps et des préoccupations actuelles, féminisme, écologie ou autres. En fin d’album on nous fait même le coup de la chanson cachée !

Bref, un album plutôt agréable qui intègre et fusionne de nombreuses influences, entre énergie explosive, joie festive et douceur contemplative.

Sarāb - يلي شغلت البال Yally shaghalt al bāl - Celui qui occupe mes pensées


Nahnu Ḥaraq - Etranger Est Un Verbe (feat. Alain Damasio)


Liliths' Samāii (feat. Wassim Hallal)


Arwāḥ Ḥurra
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 30 janv. 2022 06:02

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Alexander Von Schlippenbach Trio – Pakistani Pomade - (1973) – S/FJMt°

C’est la réédition vinyle sur « CIEN FUEGOS » que je possède, l’original a été enregistré en 1972 à Brème et sorti l’année suivante sur FMP. Alexander von Schlippenbach est au piano, Evan Parker aux saxophones ténor et soprano et Paul Lovens à la batterie. Côté compos le pianiste signe deux titres et les deux autres musiciens chacun trois, on comprend qu’ici il n’y a effectivement pas de réel leader et que tout fonctionne sous le signe de l’amitié et de la coopération.

Cet album est une belle réussite du free jazz européen de l’époque, tout y est, l’inspiration en premier lieu, le plaisir de jouer également, Evan Parker a d’ailleurs confié que c’était un de ses albums préférés, mais tout cela s’entend dans les échanges, ce trilogue fécond qui devine et anticipe. Il y a également comme un appétit à écouter l’autre, tous ne jouent pas en même temps et solos et duos se forment au fil du temps.

C’est le fils d’Alexander Von Schlippenbach qui est le talentueux dessinateur de cette pochette et il a merveilleusement croquer les sourires des musiciens, tout en rondeurs et en volumes, ainsi que le superbe piano, pour les longs bras de son papa, dont le clavier s’offre dans le sens de la profondeur, à la mode Picasso.

L’occasion d’entendre chacun de ces trois grands musiciens en pleine période free, un album dont la musique reste submersive et tellement sympathique.

Untitled


Moonbeef


Butaki Sisters


Pakistani Pomade
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 31 janv. 2022 03:19

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Jamie Saft Trio – Trouble (The Jamie Saft Trio Plays Bob Dylan) - 2006

Il se trouve que Jaimie Saft, familier de John Zorn et de Tzadik sur lequel sort cet enregistrement, est également un fan de Bob Dylan depuis très longtemps. Finalement il n’y a rien de surprenant à cet hommage envers l’un des plus grand songwriter du siècle dernier.

Peut-être que le choix du répertoire pourrait être une source d’étonnement cependant, car, mis à part peut-être « Ballad of a Thin Man » qui provient de Highway 61 Revisited, le titres ne figurent pas parmi les plus connus de Robert Zimmerman. Une occasion pour beaucoup de découvrir de nouvelles faces trop vite écoutées ou moins célébrées.

Deux titres sont un peu à part car ils sont chantés, le titre cité ci-dessus est interprété par Mike Patton, ce dernier est souvent entier et exubérant, cette version lui ressemble donc et tranche forcément par rapport à celle de Dylan qui gardera la préférence de nombre de fans, toutefois elle a son charme et la puissance qu’elle véhicule offre un nouveau visage à la chanson.

L’autre titre chanté me semble moins connu, il s’agit de « Living The Blues » extrait de l’album « Self Portrait ». Il est interprété par Antony de la formation « Antony and The Johnsons », comme l’indique le titre c’est un blues plutôt sympa mais sans véritable originalité musicale, toutefois l’interprétation est bien réussie avec ce côté « jazz » qui va bien.

Jamie Saft joue du piano et de l’orgue Hammond, Greg Cohen est à la basse et Ben Parowsky à la batterie, c’est du solide qui tient la route, ce trio a également enregistré l’excellent « Book Of Angels Volume 1 », premier de la série des trente-deux. Un album parfait. Celui-ci est d’un autre genre, il contient six pièces entièrement instrumentales qui mettent en valeur les qualités du Dylan musicien, compositeur de grand talent.

Comme « What Was It You Wanted », provenant de « Oh Mercy », qui ouvre l’album et offre l’opportunité à Jaimie de montrer ses talents de pianiste, qui s’enroule avec facilité autour du thème, pour nous en donner une version jazz magnifiée. Il faudrait citer « God Knows », « Trouble » ou « Dirge » tous habillés de jazz et offert au public avec une nouvelle livrée.

« Dignity » fait partie des deux titres servis par l’orgue Hammond, tout comme « Disease of Conceit » qui ferme l’album. Ce dernier se diversifie ainsi entre les titres chantés, ceux interprétés au piano et ceux à l’orgue, offrant un éventail sonore varié et changeant ce qui demeure pour moi un de ses attraits.

Pourrait plaire aux amateurs de Dylan autant qu’à ceux de Jazz ! Malheureusement il n'y a pas d'extrait sur youtube, seul cet extrait de concert, bien sympa mais sans Mike Patton, ce qui est bien dommage...

Jamie Saft Trio / Ballad of a Thin Man @ Lincoln Center '06
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 1 févr. 2022 01:22

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Voici un album qui ne casse pas trois pattes à un canard, pourtant il est pétri de charme avec son parfum typique du début des seventy’s, il navigue entre blues, soul, jazz et funk avec ce côté rétro inimitable. A l’origine l’enregistrement est issu d’un pressage privé datant de 1972, sur « Seeds », le micro-label du pianiste Mait Edey, joueur de Wurlitzer également. Il partage avec le batteur Craig Herndon la particularité de figurer sur toutes les pistes ici.

Le groupe est issu de Boston, une ville très branchée à la pointe des mouvements sociaux et culturels à la fin des années soixante et au début des soixante-dix. Je possède la réédition Cd parue en 2007 chez Porter Records, avec son livret assez copieux.

En fait, hormis sa caractéristique temporelle qui provoque une véritable unité de ton, il y a ici un éventail un peu disparate de musiques accolées. On remarque des attelages distincts, une première formation avec Lance Gunderson à la guitare et Charlie Chapelle à la basse et une seconde avec Paul Lenart à la guitare et Phil Morrison à la basse. Par contre les pièces où ils jouent alternent sur le Cd.

On remarque également trois pièces qui s’enchaînent avec la vocaliste Latifah aka Brenda James, elle apporte une véritable couleur « soul » comme sur la reprise de « See See Rider ». Il y a également des invités, deux saxophonistes, Billy Thompson et Bill Hurt qui assurent bien et un guitariste prestigieux, John Abercrombie qui se faisait nommer John Crumbles sur le vinyle d’origine, et qui joue le second solo de guitare sur « Fair Breeze on Buzzard’s Bay ».

Bien qu’ici ça tourne pas mal autour du blues et de la musique noire, il y a également une influence psyche assez persistante, les guitares fuzz et wah wah, le Wurlitzer qui concurrençait le Rhodes auquel il est apparenté, l’acid rock qui pointe son nez, bref ce charme indicible lié à l’époque, difficile à catégoriser même si l’album n’est pas une de ces pépites oubliées qui surgissent parfois du passé, encore que...

Natural Food - Granny on the Gramophone
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 2 févr. 2022 03:30

Un petit rappel concernant Jamie Saft...
Douglas a écrit :
mer. 2 déc. 2020 06:23
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Voici un album dont les notes de pochette donnent pas mal de clefs, je vais m’essayer à l’ouverture des serrures…

Ça commence au Village Vanguard avec l’album de Coltrane, le mythique « Live at the Village Vanguard Again ! » de 1966. Il se trouve que ce soir-là, au premier rang, le jour de l’enregistrement se tenait Joe McPhee. La légende est en marche.

Bien des années plus tard, le bassiste Joe Morris et le pianiste Jamie Saft échangeaient à propos de cet album, Jamie parlait aussi de son admiration pour la pianiste Alice Coltrane, qu’il admire énormément et qu’il aimerait faire un album où il s’inspirerait de son jeu. C’est de cette conversation que naît le projet de cet album avec le saxophoniste Joe McPhee et le batteur Charles Downs, deux noms qui s’imposent à Joe Morris, deux musiciens qu’il connaît !

Ce dernier, Charles Downs, en fait, est plus connu sous le nom de « Rashid Bakr », une légende du free jazz, c’est également le neveu de Jo Jones, une référence pour les plus anciens. Il a joué aux côtés de Cecil Taylor, Peter Brötzmann, Arthur Doyle, Billy Bang et bien d’autres...

C’est lors de la réunion du quatuor que Joe McPhee fait état de sa présence au concert de Coltrane, frappant les esprits, comme si tout s’enchaînait et allait de soi, il est décidé de se réunir autour d’instruments acoustiques, comme des braves.

C’est dans les montagnes « Catskill », aux studios de Jamie Saft que les amis se rejoignent, juste en bas de la rivière de Ticonderoga, un mot mohawk signifiant « confluent », là où les cours d’eau se mélangent.

C’est ainsi que cette histoire, qui débuta au Village Vanguard, se termina à Ticonderoga. Alors, si au détour d’un solo, vous entendez quelques notes de Coltrane, ou si le piano s’échappe comme celui d’Alice, dites-vous bien que tout est normal, ce ne sont que les souvenirs qui surgissent, comme le fait la source lorsqu’elle apparaît…

Beyond Days


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Simplicity of Man


Leaves of Certain
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