J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 2 févr. 2022 03:51

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Marion Rampal – Le Secret (2019)

Alors que s’annonce un nouvel album de Marion Rampal pour la fin février, je réécoute « Le Secret » sorti en 2019, un album où la chanteuse est accompagnée par le pianiste et joueur de clavier Pierre-François Blanchard. Il faut également noter la présence d’un invité prestigieux dont le nom n’étonnera pas les amateurs de Marion, car ils connaissent les liens d’amitié qui réunissent la chanteuse au saxophoniste Archie Shepp.

Il intervient par deux fois, sur « Prison » avec les paroles de Verlaine « Le ciel est par-dessus le toit si bleu si calme » interprété sur un thème de Gabriel Fauré, et l’autre sur « le Blues de la Prison » d’après John Lomax à Jennings en Louisiane, auquel Marion a ajouté les derniers vers du poème : « Dis, qu’as-tu fais toi que voilà, pleurant sans cesse ? Dis qu’as-tu fais toi que voilà, de ta jeunesse ? ». C’est tout simplement magnifique.

Il y a aussi un autre intervenant, Raùl Barboza qui ajoute au duo la couleur de son accordéon sur « Je suis décadente » qui provient de l’album « 13 Chansons Décadentes et Fantasmagoriques » de Brigitte Fontaine, Marion nous en offre une interprétation grandiose et… décalée.

Trois poèmes de Verlaine sont interprétés ainsi que deux autres de Sully Pruhomme, pour les soutenir des mélodies de Claude Debussy, Gabriel Fauré ou Ernest Chausson ont été choisies. On peut également entendre un Lied de Schubert chanté en allemand « Auf Dem Wasser Zu Singen ».

En outre ill y a une reprise de « Sans Amour » autrefois interprété par Joséphine Baker avec la revue du Casino de Paris. Michel Legrand est également au menu avec « Sans Toi » en provenance du film « Cléo De Cinq à Sept ». Pour finir l’album, une superbe interprétation de la chanson de Barouh et Raymond Le Sénéchal « Des Ronds Dans L’Eau », l’album est d’ailleurs dédié à Pierre Barouh dont Pierre-François fut l’accompagnateur, rappelons qu’entre autres, il est fondateur de Saravah, le label à la fameuse devise : « Il y a des années où l'on a envie de ne rien faire ».

Un album qui brasse donc très large, poésie, musique classique, chanson française, blues, bien entendu ça déborde du jazz, mais il est là partout dans le timbre, la technique, et même l’humour, car il y en a comme lors de l’interprétation de « Didon Dîna Dit-On ».

En attendant « Tissé » qui sortira le vingt-cinq de ce mois si tout va…

PRISON


Blues de la prison


DES RONDS DANS L’EAU / Marion RAMPAL & Pierre-François BLANCHARD “LE SECRET”


Je suis décadente
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Message par Douglas » jeu. 3 févr. 2022 04:48

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Abdullah Sami – Peace Of Time (1978) - S/FJMt°

Un album paru à l’origine, en 78, avec un tirage ultra limité de trois cents copies, les originaux s’arrachant à des prix de plus en plus élevés, une réédition a été effectuée en 2019 sur « Spiritmuse Records », un petit label qui édite également des vinyles de Kahil El'Zabar.

Comme souvent dans ce genre de cas il y a au départ des amateurs qui recherchent le musicien et, pour se faire, se transforment en détective privé, le récit de cette quête est toujours épique et fournit une belle histoire qui finit bien, comme c’est le cas ici. Les originaux étaient souvent « travaillés » à la main, un peu comme les premiers albums de Sun Ra sur Saturn.

Spiritmuse, qui a travaillé sans le matériel d’origine, certifie que la version proposée sur la réédition est de meilleure qualité audio que l’édition originale, ce qui me paraît tout à fait possible. Un insert est proposé avec des reproductions de documents d’époque d’un côté et des textes documentés de l’autre.

Abdullah Sami joue du saxo alto et des percussions, il est en compagnie de Germahn Nazario à la guitare, d’Hogan Jiggetts à la basse et de Wade Barnes à la batterie. La rythmique est souvent répétitive, tenace et obsédante, elle suggère, avec l’apport de la guitare, une filiation avec certaines pièces de Pharoah Sanders, notamment sur le titre d’ouverture « Afrikan Samba ».

Il y a deux titres par face, le second de la première face, « Song For My Friends » met particulièrement en valeur le jeu de ce guitariste méconnu qui apporte beaucoup au son de la formation. Mais il faut également parler du leader, Abdullah Sami dont le jeu au saxophone alto, ajouté à celui du trio, lui fait décerner par Philippe Robert sur FJMt° la qualification de « l’un des sommets du free jazz d’essence spirituelle », ce qui est un grand et rare compliment.

La seconde face est essentiellement occupée par « Aretia » une longue pièce de plus de dix-huit minutes, nous sommes à nouveau plongés dans ce groove assez basique et cool sur lequel la guitare de Nazario palpite merveilleusement, rejointe par Sami et son jeu aérien et hypnotique. La dernière et courte pièce est celle qui donne son titre à l’album « Peace Of Time ».

Un album qui a l’air de rien, presque fragile et minimal, mais qui a su s’élever très haut par sa grâce et sa simplicité. Le seul album connu de ces Chicagoans, bien que le destin ne lui accordât qu'une reconnaissance tardive…

Afrikan Samba


Song for My Friends


Aretia


Peace of Time
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Piranha » jeu. 3 févr. 2022 05:56

Fort intéressant, je ne connaissais pas.
Merci Douglas :hello:

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 4 févr. 2022 04:00

Piranha a écrit :
jeu. 3 févr. 2022 05:56
Fort intéressant, je ne connaissais pas.
Merci Douglas :hello:
On peut encore le trouver sous cello.
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 4 févr. 2022 04:08

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James Blood Ulmer ‎– Plays The Music Of Ornette Coleman : Music Speaks Louder Than Words

Voici James « Blood » Ulmer sur le label japonais DIW le temps d’un album : « Plays The Music Of Ornette Coleman : Music Speaks Louder Than Words ». On connaît le rapport qu’il existe entre Ulmer et Ornette Coleman, c’est à l’intérieur de la formation du saxophoniste que le guitariste s’est fait connaître, alors ce « tribute » n’a en soi rien d’étonnant.

Il est même souvent exceptionnel, James Blood Ulmer est un guitariste ébouriffant, qui surprend et subjugue l’auditeur au coin d’un concert par exemple. Je me souviens d’un live sur mezzo où il jouait en solo dans une église, un moment rare et fort encore vif dans mon esprit. Il y a également la riche et abondante production discographique dont je ne connais que quelques faces, car, pour tout dire, il existe plusieurs James Blood Ulmer…

Le (petit) problème avec cet album c’est qu’il fait côtoyer les deux faces de ce musicien prolifique sur cette même galette réunissant des styles très différents. Il y a la partie « Ornette » absolument extraordinaire qui offre la meilleure face du guitariste virtuose, adepte de l’harmolodie.

La version de « Lonely Woman » qui ouvre l’album est vraiment parfaite, bien soutenu par Calvin « Hassén Truth » Jones à la basse et Rashied Ali à la batterie. Se succèdent « Elizabeth », « Sphinx », « Cherry Cherry », « Street News » et une très belle version de « Skies Of America » qui auraient suffi à faire de cet album un des plus précieux du guitariste.

Mais Ulmer a joint trois titres de sa composition éparpillés dans l’album qui jouent sur des ressorts très différents, plutôt blues ou Rhythm and blues, « Dance In The Dark », « I Can’t Take it Anymore » et « Rap Man », non pas qu’ils soient mauvais en soi, mais ils brisent le voyage et cassent la magie d’ensemble. D’ailleurs ils proviennent d’une session différente avec Amin Ali à la basse (le fils de Rashied) et Aubrey Dale à la batterie.

Voilà, James « Blood » Ulmer est un musicien qui embrasse la musique noire dans son ensemble, et il n’y a rien à redire, mais parfois, quand s’entrechoquent des concepts au cousinage éloigné, ça ne fonctionne pas forcément, comme ici. Ceci dit les plages avec Ornette sont si belles qu’il n’y a aucune raison de se priver de cet album au son magnifique, dans sa chouette livrée japonaise.

James Blood Ulmer - Lonely Woman
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par nunu » ven. 4 févr. 2022 06:39

Douglas a écrit :
ven. 4 févr. 2022 04:00


On peut encore le trouver sous cello.
Ca fait chier d'acheter un violoncelle pour trouver un disque dessous :hehe:

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 4 févr. 2022 07:13

nunu a écrit :
ven. 4 févr. 2022 06:39
Douglas a écrit :
ven. 4 févr. 2022 04:00


On peut encore le trouver sous cello.
Ca fait chier d'acheter un violoncelle pour trouver un disque dessous :hehe:
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Après achat, il suffit de secouer doucement avant que le disque n'apparaisse... (parfois, mais rarement, ça prend un peu de temps!)
:taré1:
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 5 févr. 2022 06:14

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Ben LaMar Gay – Open Arms To Open Us (2021)

Drôle de destin cet album qui vient d’arriver at home avec trois mois de retard. Il faut dire qu’International Anthem a dû se séparer de son distributeur allemand pour l’Europe et en choisir un autre plus performant en Autriche. Il est vrai que les albums arrivent, bien qu’il m’en manque encore un qui, sans mal, battra ce record banal de trois petits mois de retard, après une précommande qui se situe déjà à huit mois.

Mais cet album est beau, d’une immense richesse et d’une très grande variété, à tel point que regrouper le tout en quarante-cinq minutes semble presque impossible, mais pas pour Ben LaMar Gay. Un album avec des signes, comme le titre « Open Arms To Open Us » et cet insert avec un texte de LaMar peu banal, « l'improvisation est la seule liberté à laquelle nous avons tous accès », ou bien encore « Les choses n'ont jamais été bien, du moins dans cette brève période de la planète où l'homme vend et tue pour la propriété de la terre ».

Ça c’est juste un aperçu, mais surtout ce qui étonne c’est que l’album donne beaucoup à manger, il ne se digère pas d’un coup, il faut s’en imprégner, rien que pour en apprécier la densité, le poids, il semble construit de mille détails qui s’emboîtent et s’articulent, il y a même des chansons, par exemple « Lean Back. Try Igbo », un air autour de l’alphabet Igbo dont la langue se parle au sud-est du Nigéria.

Les références sont multiples, parfois étonnantes comme on vient de voir, il y en a une autre inspirée par les chants funéraires de la Nouvelle-Orléans, mais on retrouve au fil des seize pièces des petits univers qui s’emboîtent, parfois on peut songer au krautrock, ou à la samba, aux rythmes des tambours et des percus qui tissent des structures mouvantes, l’inspiration est souvent tribale, « Nyuzura » me plaît énormément.

Les invités sont extrêmement nombreux et pour la plupart m’étaient inconnus, je n’ai relevé que le nom d’Angel Bat Dawid et celui de Tomeka Reid qui évoquaient quelques souvenirs. Bien sûr il y a toute cette électro qui draine tout ça en un savant mélange, pas facile à analyser ce truc tellement ça bouillonne de partout, en tout cas je vous engage à écouter…

Une belle réussite de la part d’International Anthem.

Ben LaMar Gay - Sometimes I Forget How Summer Looks on You (feat. Ohmme) (Official Video)


Ben LaMar Gay - Oh Great Be the Lake (Official Video)


Ben LaMar Gay - Aunt Lola and the Quail (Official Video)


Nyuzura


Ben LaMar Gay - Mestre Candeia's Denim Hat (Official Video)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 6 févr. 2022 05:40

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Leroy Jenkins – Space Minds, New Worlds, Survival Of America (1979) - S/FJMt°

Voici un album fourni avec un mode d’emploi d’utilisation, je vous rassure c’est très succinct : Side A "Play Loud", Side B "Play Soft". Une façon de distinguer la personnalité des deux faces. La première contient la longue suite qui donne son titre à l’album, la seconde est formée par quatre pièces distinctes.

Toutefois l’ensemble de l’album baigne dans ce qu’autrefois on appelait le « Third Stream », ce troisième courant un peu blanchit qui ne se référait pas exclusivement à la musique noire, mais également à la musique classique européenne. C’est Gunther Schuller avec le pianiste John Lewis qui lancèrent ce mouvement musical qui incluait également une bonne part d’improvisation. George Russell, Jimmy Giuffre, Ran Blake,Bill Evans, Eric Dolphy ou Ornette Coleman accordèrent du crédit à cette mouvance. On pourrait inscrire cet album, me semble-t-il, dans ce courant.

C’est donc le violoniste Leroy Jenkins le leader ici, il rassemble autour de lui Andrew Cyrille à la batterie et aux percussions, Anthony Davis au piano et George Lewis au trombone. Sur la face une il faut ajouter Richard Teitelbaum qui utilise différents moogs, Anthony Davis joue également du piano électrique et George Lewis est aussi à l’électro. Rien qu’à l’énoncé des différents instruments on comprend que la première face est plus « moderne » et novatrice dans le matériel utilisé et la seconde un peu plus traditionnelle.

La suite « Space Minds, New Worlds, Survival Of America » est décomposée en six mouvements, nous naviguons entre parties écrites et improvisations, dans une ambiance assez souvent "musique contemporaine" avec pas mal d’effets liés à l’électro. Pourtant la musique ne manque pas de chaleur, le violon de Jenkins, moins « roots » qu’à l’habitude, ravira cependant les fans, très enlevé et créant sans cesse.

George Lewis lui aussi mérite un satisfécit, adepte de musique expérimentale il brille ici. Mais chacun apporte sa pierre, ainsi Anrew Cyrille est comme toujours parfait, Richard Teitelbaum énormément créatif et Anthony Davis est peut-être celui qui s’engagera, par la suite, le plus profondément dans l'exploration de ce style musical.

Une étape un peu différente dans l’exploration du free jazz, comme un pas de côté. Les amateurs de Leroy Jenkins pourraient également se poser autour de l’album en compagnie du Jazz Composer's Orchestra et écouter le très beau « For Players Only ».

Through The Ages Of Jehovah


Space Minds, New Worlds, Survival Of America


Kick Back Stomp


The Clowns
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 7 févr. 2022 03:55

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Emile Parisien – Louise (2022)

Enfin une nouveauté de cette année avec « Louise » signé Émile Parisien, toujours sur le label ACT auquel il reste fidèle. Il est ici à la tête d’un sextet de haute volée avec rien moins que Theo Croker à la trompette, Joe martins à la basse et Nasheet Waits à la batterie, eux ce sont les américains. Mais il y a aussi le français Manu Codjia à la guitare et l’italien Roberto Negro au piano et, bien sûr, Emile joue du saxophone soprano.

Côté compo c’est Émile le plus prolifique, il signe cinq titres, Roberto Negro, Manu Cojia et Theo Croker apportent chacun une compo, et il y a également une reprise de Joe zawinul « Madagascar » qui est le morceau le plus long de l’album, un peu au-delà des huit minutes.

Le livret nous apprend que le titre « Louise » a été choisi en hommage à Louise Bourgeois, sculptrice d’origine française puis naturalisée Étasunienne, plus particulièrement pour « Maman », une « sculpture-araignée » que l’on peut admirer au Musée Guggenheim de Bilbao. C’est également le titre d’ouverture de l’album, très beau, très maîtrisé, c’est d’ailleurs l’une des caractéristiques fortes de cet album.

Émile Parisien a atteint le stade des grands maîtres, ceux dont le son où le style d’écriture le font reconnaître immédiatement. C’est d’ailleurs le cas aussi pour « Memento part I » où nous baignons dans le son typique et unique d’Emile Parisien, un cocon dont il est le seul à connaître la recette, d’autres iront y puiser.

Paradoxalement, il ne se met pas au premier plan, encore moins qu’à l’habitude, il ne fait pas le « kéké », et, si sur scène il se love à la façon d’un charmeur de serpents, tourbillonnant autour de lui-même, dessinant avec son soprano des mouvements circulaires hypnotiques, c’est que ça fait partie de lui et de son prolongement, l’air qui bat autour de lui est aussi sa musique. Ici point d’égo, chacun tient sa place, c’est ce qui rend la musique belle.

Je ne m’étale pas sur les talents de chacun, ici ils sont tous à leur place, virtuoses et respectueux. Les bandes ont été enregistrées au « Studio Gil Evans » de la Maison de la Culture d’Amiens, un autre point fort de l’hexagone, qui s’ajoute aux Studios La Buissonne, déjà renommés.

J’aurais aimé, avant que le chat n’arrive, devenir une petite souris (ne riez pas) pour assister à cette session d’enregistrement et voir chacun dans son compartiment, concentré, abandonné à la fêlure des sons, parti dans l’extase musicale, et assister à l’enregistrement de « Prayer 4 Peace » de Theo Croker qui termine l’album.

Louise


Madagascar


Jojo


Memento, Pt. I


Prayer 4 Peace
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par nunu » lun. 7 févr. 2022 16:54

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Kinga Glyk-Dream (2017)

Kinga Glyk est une jeune bassiste Polonaise, née en 1997

Dream est son deuxième album qui comprend 9 morceaux dont 7 compositions, les deux reprises étant Tears in Heaven de Clapton et Teen Town, morceau figurant sur l'album Heavy Weather de Weather Report et composé par un bassiste pas trop mauvais prénommé Jaco.

Bass, Producer – Kinga Głyk
Drums – Gregory Hutchinson
Piano, Keyboards – Nitai Hershkovits
Tenor Saxophone, Bass Clarinet, Soprano Saxophone – Tim Garland



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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 8 févr. 2022 05:52

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Stephen Horenstein – Collages Jerusalem '85 - S/FJMt°

Voici un album paru en 1985 sur le label italien « Soul Note », ce dernier est cousin de label « Black Saint » à grande réputation. A l’origine l’existence de ces deux labels se distinguait par les catégories de musique qu’ils accueillaient. Ainsi « Black Saint » était plus orienté free Jazz et musiques expérimentales, alors que « Soul Note » était destiné aux musiques plus faciles ou moins pointues.

Avec le temps cette distinction s’atténua, les musiques décidant par elles-mêmes et se riant des catégories. On remarquera tout juste que les musiciens de l’AACM de Chicago se retrouvaient assez souvent sur « Black Saint », ces labels furent tous deux des planches de salut pour nombre de musiciens qui purent enregistrer et vivre ainsi de leur musique, même si « profit » était un mot quasi inconnu pour ces musiciens-défricheurs.

C’est ainsi que Stephen Horenstein se retrouva sur Soul Note, c’est un saxophoniste et compositeur d’origine juive qui naquit à Boston aux Etats-Unis et migra vers Israël en mille neuf cent quatre-vingts, bardé de diplômes. Il a beaucoup fréquenté Bill Dixon et participé à ses côtés à de nombreux concerts, les conceptions musicales du trompettiste trouvèrent un écho chez Stephen Horenstein qui garda de cette période une grande ouverture d’esprit.

« Collages Jerusalem ‘85 » est une œuvre importante de la part de ce grand musicien, elle intègre du jazz contemporain, free ou expérimental, s’ouvre également à la musique contemporaine et inclut des éléments de musique juive traditionnelle. Ainsi sur la pièce d’ouverture « Breaking The Walls » on entend les « shofaroth », pluriel de « shofar » une sorte de trompette en corne de bélier que l’on utilise lors des fêtes religieuses juives.

La seconde pièce « Chiasmus » enchaîne logiquement avec le titre précédent pour s’installer dans la durée, seize minutes au total. Elle intègre le bruit de l’environnement quotidien, tandis que Stephen introduit une longue suite de solos sur différents instruments, saxophone ténor, baryton, flûte, piano cloches et cymbales, bien soutenu par la batterie de Rafi Ben Aron. Un collage sonore donne de l’écho et du volume à la musique, lui donnant petit à petit une véritable puissance qui monte crescendo. C’est magnifique !

La deuxième face débute par « Piece For Large Ensemble », la pièce est dédicacée à Bill Dixon. Elle est interprétée par un grand orchestre composé d’une section de cuivres et d’une autre de cinq anches, ainsi que d’un violoncelle, de deux pianos, d’une basse et de deux batteurs, treize musiciens au total qui nous offrent six minutes magiques, avec encore une montée finale !

« Early Morning Song » nous accorde quelques moments de quiétude et de contemplation en prélude à « Meditation on a Line », un duo formé par Stephen Horenstein au saxophone baryton et Yuval Mesner au violoncelle. L’album se termine par « Seven Faces Of A Garden », pièce où l’on entend brièvement le chant de Judith Axelrod, sopraniste qui exprime une très grande sérénité, dans un registre bien planant.

Stephen Horenstein - Piece For Large Ensemble
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par nunu » mar. 8 févr. 2022 19:37

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Ray Russell-Rites and Rituals

Bass – Daryl Runswick
Drums – Alan Rushton
Guitar – Ray Russell
Saxophone – Tony Roberts
Trombone – Nick Evans
Trumpet – Harry Beckett


Ray Russell est un musicien de studio qui a joué avec un paquet de gens connus, perso je le connaissais surtout pour sa collaboration avec Bill Fay. La rien a voir il se lache complètement avec un album free

Pas trouvé d'extrait a partager. Si vous voulez l'écoutez https://myzuka.club/Album/1307959/ray-r ... tuals-1971

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 9 févr. 2022 06:33

nunu a écrit :
mar. 8 févr. 2022 19:37
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Ray Russell-Rites and Rituals

Bass – Daryl Runswick
Drums – Alan Rushton
Guitar – Ray Russell
Saxophone – Tony Roberts
Trombone – Nick Evans
Trumpet – Harry Beckett


Ray Russell est un musicien de studio qui a joué avec un paquet de gens connus, perso je le connaissais surtout pour sa collaboration avec Bill Fay. La rien a voir il se lache complètement avec un album free

Pas trouvé d'extrait a partager. Si vous voulez l'écoutez https://myzuka.club/Album/1307959/ray-r ... tuals-1971
J'avais un peu parlé de Ray Russell à propos de ce vinyle enregistré dans la même période:
Douglas a écrit :
lun. 19 avr. 2021 15:18
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En parcourant mes étagères à la recherche d’un bon album free je tombe sur celui de « Ray Russell Live At The I.C.A. », et oups ! J’avais oublié que c’était un test pressing, la pochette est la bonne mais les labels sont peu diserts, des codes de lettres et de chiffres et un A4 de chez RCA contenant divers renseignements. Cet album est tout de même une légende du free jazz britannique, même si le secret reste bien gardé.

Mon document indique la date du onze juin 1971 et le Ray Russell Quintet à l’œuvre, les titres sont détaillés avec le minutage correspondant, alors que ce dernier n’est pas indiqué sur le verso de la pochette. Cette dernière indique par contre le nom des musiciens aux côtés du compositeur et guitariste Ray Russell. Harry Beckett est à la trompette et au bugle, Tony Roberts au sax ténor, à la basse clarinette et à la flûte, Daryl Runswick à la basse et Alan Rushton à la batterie.

Tout en menant une brillante carrière de musicos de studios, Russell a eu l’opportunité de sortir cet album free dès soixante et onze, une période où les labels recherchaient des musiciens s’exprimant dans ce style, et cet enregistrement de concert contient quelques passages d’anthologies avec une guitare flamboyante et déjantée.

Il est évident que la plupart des pièces contiennent une très grande part d’improvisations, et les tensions décroissent aussi rapidement qu’elles croissent, on pense à John McLaughlin à cette même période et au virage vers une nouvelle musique déjà négocié par Miles et ses adeptes.

Il existe une édition Cd très augmentée avec Gary Windo aux saxophones, un choix très convenable. Par contre, pas trouvé d'extrait!
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 9 févr. 2022 06:52

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Wadada Leo Smith – Najwa (2017)

Voici un nouvel album de Leo Smith à nouveau sur le label Finlandais « TUM Records », cet enregistrement paru en 2017 a été enregistré à New York en 2014. Le Cd se présente sous la forme d’un digipack à trois volets, sur celui de gauche est collé un petit livret d’une quarantaine de pages très documenté avec textes et photos.

C’est là que sont indiquées les intentions de Leo Smith, il remarque que les instruments traditionnels utilisés dans le jazz, comme la trompette, le piano ou le saxophone, sont supplantés par la guitare électrique ainsi que les pédales qui la complètent, en y ajoutant des effets électroniques. Du coup cet album est consacré aux guitares, ainsi qu’à la fusion.

Pour se faire il fait appel à quelques guitaristes de grande renommée, Michael Gregory Jackson, Henry Kaiser, Brandon Ross et Lamar Smith. Bill Laswell joue un grand rôle ici et tient la basse électrique, Pheeroan AkLaff est à la batterie et Adam Rudolph est aux percussions.

Les pièces jouées sont au nombre de cinq, elles sont toutes dédiées à de grandes personnalités du jazz, sauf « Najwa », qui ne dure que trois minutes, et qui est lié à une inspiration plus personnelle, Najwa semble en effet avoir tenu un rôle dans la vie sentimentale du trompettiste. Ainsi Ornette Coleman, John Coltrane, Ronald Shannon Jackson et Billie Holiday sont célébrés.

Miles Davis n’est pas dans la liste, pourtant son influence est bien présente dans la musique, le jeu de trompette de Wadada éveille chez l’auditeur des réminiscences fréquentes, se rappelant à son souvenir. Il faut dire qu’il joue de façon exceptionnelle dans cet environnement inhabituel, les fulgurances dont il fait preuve et ses montées dans les aigus sont autant de traits qui transportent là-haut.

L’autre caractéristique majeure, c’est la force des percussions, on sait Adam Rudolph maître dans ce jeu, il se combine ici avec akLaff et ça grouille sévère, d’autant que Bill Laswell n’est pas un manchot, la rythmique est tout simplement d’enfer, martelante et surpuissante. Il faut au moins ça pour contenir nos guitaristes qui se relaient.

La première pièce de seize minutes se nomme « Ornette Coleman´s Harmolodic Sonic Hierographic Forms: A Resonance Change In The Millennium ». On se souvient qu’Ornette a également utilisé l’électricité sur « Dancing in Your Head » et « Body Meta », voici donc un univers partagé par les deux musiciens, Wadada n’hésite pas à s’inscrire dans le jeu Colemanien, s’appropriant son style en y greffant des guitares très rock.

Le second morceau, qui frôle le quart d’heure, « Ohnedaruth John Coltrane: The Master Of Kosmic Music And His Spirituality In A Love Supreme » est inondé de percussions sur lesquelles les guitares dessinent des nappes, Smith dispense des séquences souvent courtes qui ponctuent la pièce. Les guitares peinent parfois à s’extraire de la masse sonore et sont moins audibles que la trompette, on goute cependant le travail sur les pédales et les effets.

La troisième pièce « Ronald Shannon Jackson: The Master Of Symphonic Drumming And Multi-Sonic Rhythms, Inscriptions Of A Rare Beauty » est un hommage au batteur qui joua aux côtés de Charles Mingus, Jackie McLean, Joe Henderson, McCoy Tyner, Cecil Taylor et même d’Albert Ayler et de bien d’autres encore, ainsi qu’en leader et, bien sûr, aux côtés de Wadada Leo Smith.

La dernière pièce « The Empress, Lady Day: In A Rainbow Garden, With Yellow-Gold Hot Springs, Surrounded By Exotic Plants And Flowers » est très calme et reposée. On peut également, à son écoute, ressentir une certaine tristesse, ici la guitare cesse d’être stridente et se fait acoustique, une façon de se dire au revoir, avant de se quitter…

Wadada Leo Smith – Ronald Shannon Jackson: The Master of Symphonic Drumming and Multi-Sonic Rhythms


Najwa - Wadada Leo Smith
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 10 févr. 2022 05:31

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Laurent Bardainne & Tigre D'eau Douce – Hymne Au Soleil (2022)

Suite à quelques recommandations, particulièrement un « choc » de Jazz Mag et une chronique enthousiaste de Fred Goaty, je me suis procuré le Cd et il est arrivé. Il y avait également les quatre « f » alignés de l’événement Télérama et la distinction de la sélection Fip. Le texte d’accompagnement officiel, sans doute offert par la maison de disques, n’y allait pas par quatre chemins, je résume rapidement :

« Après un premier album acclamé par la critique […] (ils) reviennent avec un album encore plus puissant. […] Le saxophone mat de Bardainne laissant les grands noms du jazz spirituel faire écho dans ses clés […] de Pharoah Sanders à Kruhangbin et Sault […] Vers une soul rétro futuriste… »

« Bla, Bla, Bla », il y a quelques jours je me suis isolé dans ma chambre pour faire des trucs avec le Cd et ça s’est pas trop bien passé. J’aime bien écouter un album dans le noir, concentré, confortablement allongé, ce qui, en outre, me met à l’abri de la pollution télévisuelle qui sévit dans mon foyer. J’ai cru vraiment avoir affaire à une mauvaise blague.

En principe je ne parle pas des albums que je n’ai pas aimé, histoire de ne pas en dégoûter les autres déjà, et surtout pour ne pas heurter ceux qui sont d’un avis contraire. On est trop souvent ce que l’on aime. Mais là j’y vais quand même, because le lancement commercial, même si j’en n’ai rien à faire si Bardainne se fait des « coquilles » en or avec sa soupe.

Bon je redeviens méchant, pas bien. Déjà y’a deux trucs qui m’ont plu et même peut-être un peu plus, car la soupe peut être épicée et de bonne qualité, et même assez géniale et pour tout dire carrément « bandante » avec l’immense Bertrand Belin qui vient pousser la chansonnette sur « oiseau », la dernière piste de l’album.

Mais c’est pas tout, il y a aussi « Jou An Nou Rivé » chanté par Célia Wa qui m’a définitivement convaincu que Bardainne et son Tigre D'eau Douce sont un excellent groupe accompagnateur, bien meilleur qu’un simple groupe de bal, déjà il y a Arnaud Roulin qui assure bien à l’orgue Hammond, avec Sylvain Daniel à la basse, l’excellent Philippe Gleizes à la batterie et Roger Raspail aux percus qui fait aussi le boulot. Le travail sur le son est également excellent.

Pour moi le problème vient de Bardainne, c’est sûrement un grand saxophoniste, son « son » chaud et sucré, et même très, très sucré, moi qui bois mon café expresso italien bien serré sans sucre, mais en le touillant avec la cuillère malgré tout… Donc, je lui trouve une tendance à répéter les mêmes phases, systématiquement deux, trois, quatre ou même cinq fois de suite avec de simples variations finales, c’est assez ennuyeux je trouve, bien que ça puisse faire style, je suppose.

Bref, ce manque d’imagination plaira aux chalands, pourquoi pas, mais ne ramenons ni Gato Barbieri, ni Pharoah Sanders dans ce menu, alors. Eux au moins prenaient quelques risques, mais la vérité m’oblige à révéler qu’il en prend un sérieux, le Bardainne, sur « Verte Gronouille » où il intègre les babils du petit dernier dans la chanson, le risque est majeur et le péril aussi, la suite lui prouva que oui.

Bon, je lui ai donné une autre chance, une autre écoute, c’est le minimum, après tout l’écoute concentrée n’est pas toujours bonne conseillère. Et puis il y a Goaty qui s’y connait tout de même mieux que moi et qui parle de « travail de haute tenue », « mettant en valeur des mélodies comme on les aime », « Joliment hanté par les esprits de Gato barbieri et de Steve Grossman », « le ténor de Bardainne trace délicatement sa route sans jamais oublier de chanter ».

Voilà, la dernière parole est à la défense, comme il se doit.

Laurent Bardainne & Tigre d'Eau Douce feat. Bertrand Belin - Oiseau (Official Audio)


Laurent Bardainne & Tigre d'Eau Douce feat. Célia Wa - Jou en nou rivé (Official Audio)


Laurent Bardainne & Tigre d'Eau Douce - La vie, la vie, la vie (Official Video)


Laurent Bardainne & Tigre d'Eau Douce - Verte Gronouille (Official Audio)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 11 févr. 2022 05:56

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Unknown Artist ‎– Love Is A Drag - For Adult Listeners Only

« Love is a drag » est le titre de cet album mono paru en 1962, il est écrit également en gros caractères sur la pochette : « For Adult Listeners Only ». Cette mise en garde est très surprenante en ces début des sixties et on se met à craindre pour des atteintes aux bonnes mœurs, des excès, ou tout au moins de l’indécence !

En s'approchant un peu des caractères plus fins, les avertissements se précisent, on peut lire la mention « Style sensuel par une voix des plus inhabituelles ». Toutes ces mises en garde sont en fait écrites pour favoriser la sortie de cet enregistrement et amadouer la censure qui sévit alors…

Le mystère s’épaissit quand on regarde le verso de la pochette, aucun nom pour le chanteur, ni pour les musiciens qui l’accompagnent, juste la liste des titres, des standards célèbres de la musique américaine : « Lover man », « Bewitched », « My man », « The man I love », « Jim », « He’s my Guy » …

Peut- être avez-vous deviné le « pourquoi ? » de ce qui peut choquer alors, en 1962, aux States : Oui, ces chansons d’amours sont interprétées par … un homme ! Cet album est probablement le premier album « gay » revendiqué comme tel, tous ces airs fort connus étaient alors la chasse gardée des voix féminines, et le seul fait qu’un crooner masculin les interprète est en soi un « scandale » suffisant pour justifier les multiples avertissements retranscrits sur la pochette.

Les interprétations des pièces sont merveilleusement chantées par Gene Howard dont le nom figurera sur la pochette de l’album lors d’une réédition. En fait, ce qui est le plus remarquable dans ce projet, c’est le côté respectueux envers la communauté homosexuelle qui est à l’œuvre ici, pas de rire ni de moquerie, ce qui n’avait rien d’évident en 1962 !

On raconte que Frank Sinatra était fou de cet album et qu’il en fera la promotion dans le monde du Show Bizz. Il restait toutefois difficile à dénicher, rapidement devenu assez rare, car le petit label naissant « Lace Record » n’avait que de faibles capacités financières et était incapable d’en assurer la promotion.

Il existe une réédition vinyle de 2016, sortie à l’occasion d’un « Black Friday Record Store Day ».

My Man


The Man I Love


Lover Man


He's Funny That Way
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 12 févr. 2022 06:13

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Ike Quebec ‎– It Might As Well Be Spring

Ike Quebec est né en avril 1918, dans un premier temps danseur et pianiste il se tourne vers le saxophone ténor autour des années quarante, incontestablement c’est à cette période qu’il forme son style et s’apparente à l’école de Coleman Hawkins et Ben Webster. Sa carrière prend un tour discographique important à l’automne de sa vie, lorsqu’il devient conseiller musical de Blue Note.

C’est en 1962 que sortent la plupart de ses albums, parmi lesquels ce « It Might As Well Be Spring » enregistré en décembre 1961. Ike est au ténor, bien entouré par Freddie Roach à l’orgue, Milt Hinton à la basse et Al Harewood à la batterie. Pas de grandes vedettes ici mais un jazz déjà un peu rétro, vraiment délicieux.

La présence de l’orgue projette en sous-main l’image de Jimmy Smith, couplée avec celle de Stanley Turrentine qui venaient de sortir « Midnight Special », cependant il ne faut pas aller trop vite car, si l’atmosphère est bien là, il subsiste des différences. Ainsi le son de de Quebec est moins velue que celui de pas mal de ses aînés, il n’atteint pas le volume un peu « gras » de Webster ou Hawkins mais conserve cette part, plus modeste et subtile, que l’on trouve chez Lester Young. Son école est celle du blues et du rhythm’n blues et creuse loin.

Il aime paresser au rythme des ballades, bien porté par l’orgue Hamond, le couple saxo et orgue est souvent d’enfer, la rythmique assure avec une grande justesse. Le travail sur le son effectué lors des remastérisations est paraît-il superbe, n’ayant pas écouté les originaux Blue Note, je me fie à ce que je lis. Il faut dire que j’ai la version nippone dont la réputation en matière de qualité sonore n’est plus à faire.

L’album n’est pas très long, dans l’esprit de l’époque, avec les grands hommes de Blue Note aux petits soins, Rudy Van Gelder, Francis Wolf, Reid Miles et Alfred Lion. Il y a deux compos de Quebec et une série de standards, dont « Lover Man », « Willow Weep For Me » et « It Might As Well Be Spring » qui ouvre l’album. On remarque également le très bop « Alight Reprieve » signé du saxophoniste.

Un album lyrique et chaud qui fait du bien, comme une pause et un retour à la source.

It Might As Well Be Spring (Rudy Van Gelder Edition/2006 Digital Remaster)


Easy, Don't Hurt (Rudy Van Gelder Edition/2006 Digital Remaster)


Ol' Man River (Rudy Van Gelder Edition/2006 Digital Remaster)


Lover Man (Rudy Van Gelder Edition/2006 Digital Remaster)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 13 févr. 2022 03:44

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Michael Gregory Jackson – « Clarity » (1977) - S/FJMt°

Voici le premier enregistrement signé par le guitariste Michael Gregory Jackson, il est sorti sur « ESP » en 1977. Je vous écris depuis la version remastérisé de 2010, toujours sur ESP mais en version Cd. Il a été enregistré à New York en 76 en deux sessions, plus un extrait de concert provenant de L.A.

Il est heureux que cet extrait soit présent car il est magnifique, la pièce s’appelle « Prelueoionti », elle dure huit minutes et nous permet d’entendre Michael en solo. C’est véritablement éblouissant, le morceau se déploie assez lentement avec une force considérable, s’amplifiant sans cesse en dégageant à la fois grâce et puissance, puis il reprend son souffle avant de repartir. Un grand moment de guitare Jazz !

Les autres pièces sont partagées entre duos, trios et quartet. Oliver Lake se joint au guitariste avec sa flûte, son sax alto ou soprano ainsi que des percussions. David Murray joint son sax ténor sur quelques pièces et Leo Smith apporte le son de ses trompettes et de son bugle ainsi que de sa flûte indienne. On remarque l’absence de section rythmique, mais chacun joue des percussions : timpani, marimba, cloches tambour et autres.

Les musiciens évoluent sur des impros préparées et structurées dans des grilles organisées par le guitariste qui signe toutes les compositions. Il n’y a pas à proprement parler, de tapis rythmique, les percussions sont très libres et dialoguent volontiers avec les solistes sans pour autant marquer un rythme convenu, place à l’inspiration.

Concernant la pièce appelée « Oliver Lake », Michael écrit « […] in appreciation of one of the clearest, honest, creative, and directed people I know », un bien beau compliment !

C’est donc un album très ouvert, très aérien, souvent en apesanteur où chacun apporte son originalité, Oliver Lake est, après Michael Gregory Jackson, le plus souvent impliqué ici, suivi de Wadada Leo Smith, le sombre David Murray est aussi le plus rare, mais il brille sur la seconde version de « Clarity ».

Prelueoionti


Clarity


A View of This Life


Clarity (2)
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 14 févr. 2022 04:30

Un autre guitariste qui fait référence...
Douglas a écrit :
dim. 13 juin 2021 16:47
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« Black Woman » de Sonny Sharrock pourrait être comparé à un chef d’œuvre, il n’y aurait aucun scandale, alors, qu’il soit cité dans la FLMt° List n’a rien d’étonnant, c’est son absence qui aurait été regrettable, mais, dans cette hypothèse, nul doute que « Monkey – Packie- Boo », de la série Byg Actuel, aurait suppléer à ce manque.

L’album a été enregistré l’année de sa sortie, 1969, sur Vortex Records, assez curieusement il a été produit par Herbie Mann. La formation qui œuvre ici est assez exceptionnelle, sur la face A Sonny joue de la guitare et son épouse Linda Sharrock chante. Dave Burrell est au piano, Norris Jones à la basse et le grand Milford Graves est à la batterie. Face B ils sont rejoints par Teddy Daniel à la trompette et Richard Pierce à la basse.

Sur cet album le jeu de Sonny n’est pas si « destroy » que ça, on n’y entend pas les outrances dans les effets comme avec Jimmy Hendrix qui aimait les pédales et les distorsions, ça ne coule pas non plus comme chez Wes Montgomery qui virtuose en chef. Non ici la guitare de Sonny est souvent d’accompagnement, pourvoyeuse d’énergie et dessinant des paysages musicaux venant d’un peu partout comme sur « Bialero » présenté comme un traditionnel français, je confesse en avoir jamais entendu parler avant d’avoir écouté cet album.

Une guitare qui accompagne mais qui joue des mélodies et des dissonances aussi. L’autre pôle voyageur c’est Milford grave qui tricote des rythmes du bout des mondes. Dave Burrell est également un constructeur de monde mouvant et déstabilisant. Mais, surtout, la surprise vient de la voix de Linda Sharrock qui vocalise, chante et onomatopie à l’envie, elle chèvre même parfois avec le bon goût de toujours s’arrêter au bon moment afin de ne jamais risquer d’être autre chose qu’un tremplin à la beauté.

Un album court, et c’est là son seul véritable défaut, mais qui remue en profondeur…

Black Woman


Blind Willie


Peanut


Portrait Of Linda In Three Colors, All Black


Bialero
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