J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

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Douglas
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 11 mars 2022 05:21

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Orientation Of We – Emergence (2020)

On ne quitte pas James Brandon Lewis avec cet album de la formation « Orientation Of We » dont voici le seul album, « Emergence », sorti en septembre 2020 et limité à trois cents exemplaires. L’enregistrement date pourtant un peu, juillet 2017, peut-être est-ce le surgissement du saxophoniste dans le feu de l’actualité qui a décidé de cette parution, simple hypothèse bien sûr, mais le label belge « Off » a fait bonne œuvre, il faut l’en remercier.

Un simple quartet avec un trompettiste bienvenu, Michael Irwin, que l’on entend beaucoup, Max Johnson est à la basse et Joe Hertenstein à la batterie. Ils sont tous de New York City, jeunes et déjà enregistrés au sein d’autres formations, bien capés, tout sauf des débutants.

Ils se connaissent depuis avant, de bons musiciens qui se respectent et s’estiment, de temps en temps, pour le plaisir de jouer ils se réunissaient et jouaient sans idées préconçues, ce qui advenait leur plaisait, et quand ils sont entrés en studio, ils n’ont pas fait différemment de ce qu’ils faisaient d’habitude, lorsqu’ils jouaient ensemble.

Le plaisir de jouer et d'échanger avant tout, ici pas de préséance, c’est un groupe dans toutes les dimensions du terme, chacun apporte aux autres le meilleur de lui-même, même si le bassiste Max Johnson est l’organisateur en chef. Post bop plutôt que free, avec une inclination très hard bop dans le jeu de Michael Irwin souvent fulgurant à la trompette.

Herstenstein est bouillonnant à la batterie, il frappe beaucoup, toms et cymbales, ne comptant pas l’énergie dépensée, il apporte une énorme assise rythmique, du coup la basse est souvent source de propositions, avec un jeu très ouvert, brillant lors des soli.

Si on met cet album en perspective dans la discographie de James Brandon Lewis, malgré sa fraîcheur et ses qualités, il ne détrônerait sans doute pas « Jesup Wagon », « Live In Willisau », « Code Of Being » ou l’excellent « Molecular », mais il ne serait pas si loin, avec d’excellents titres comme « Principle Of Differentiation », « Extra Heavy » ou « Again », ce dernier un peu plus free.

Emergence


Principle Of Differentiation


Extra Heavy


Again
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Stagger Lee
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Stagger Lee » ven. 11 mars 2022 05:27

Douglas a écrit :
ven. 11 mars 2022 05:12
Concernant Marc Ducret je conseille ce double Cd, une sorte d'aboutissement de la série "Tower" sur Ayler Record, bon c'est free évidemment.

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Des albums à déconseiller ? En vrai j’aime bien les tower et le sens de la marche par exemple mais son fameux sextet c’était tellement pourri que je voudrais trouver une trace enregistrée de ce moment unique.
https://www.parisjazzclub.net/fr/27441/ ... -mer-gelee

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 11 mars 2022 10:03

Stagger Lee a écrit :
ven. 11 mars 2022 05:27
Douglas a écrit :
ven. 11 mars 2022 05:12
Concernant Marc Ducret je conseille ce double Cd, une sorte d'aboutissement de la série "Tower" sur Ayler Record, bon c'est free évidemment.

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Des albums à déconseiller ? En vrai j’aime bien les tower et le sens de la marche par exemple mais son fameux sextet c’était tellement pourri que je voudrais trouver une trace enregistrée de ce moment unique.
https://www.parisjazzclub.net/fr/27441/ ... -mer-gelee
Je pense que vous devez parler de cet album-là:

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Un album que j'ai, le trio est formé de Marc Ducret à la guitare électrique, Bruno Chevillon à la contrebasse et Eric Echampard à la batterie.

S'ajoutent les trois invités: Fabrice Martinez à la trompette, Christophe Monniot aux saxophones et Samuel Blaser au trombone. Ce qui constitue le fameux sextet ...

Un album plutôt accessible pour Ducret, avec une citation de Dylan à la fin de "64": "The Times They Are A Changing" et "Wigwam". On remarque la présence de la couverture de "The Times They Are A-Changin" sur la pochette du Ducret.

C'est assez d'avant-garde et expérimental comme toujours mais il y a une énergie assez rock ici, qui fait plaisir! A écouter ci-dessous:

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 12 mars 2022 05:24

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East New York Ensemble De Music – At The Helm (1974) – S/FJMt°

Voici un album provenant du label « Folkways Records », centré le plus souvent sur les cultures traditionnelles ou plus généralement folk, c’est notre « Chant du Monde » à nous mais en version US, ouvert sur « les sons du monde entier ». Tout comme sur notre label tricolore il s’y niche parfois des enregistrements un peu étonnants, qui débordent des cadres étroits des catégories et peuvent être accueillis au sein d’autres familles musicales. Celui-ci en est un vibrant exemple, qui plaira à beaucoup, bien au-delà des amateurs de folk, de musique du monde, de jazz et même de free jazz.

« East New York Ensemble de Music » est issu de Brooklyn, là où les cultures échangent et se mélangent. Deux musiciens leaders ici qui dirigent et organisent un peu tout ça. Bilal Abdurahman qui joue du saxophone soprano et d’un instrument à anche coréenne, peut-être le hojok appelé également taepyeongso qui ressemble un peu au hautbois. L’autre leader Ameen Nuraldeen joue plus simplement du vibraphone, mais il y a également un grand nombre d’invités.

Qasim Ubaindullah est à la batterie, James Smith à la basse, Jay Rose au tambour turc, Bobby Harvey à la conga et Rahkiah Abdurahman aux gongs africains. A l’énoncé des instruments on comprend déjà qu’un long voyage s’annonce, entre Afrique, Asie et Amérique.

La première étape se nomme « Mevlana », un titre de douze minutes qui prend ses racines dans une ancienne mélodie religieuse turque. Dans un premier temps le vibraphone se repose sur une assise rythmique composée par la basse et les tambours, avant que le saxophone soprano de Bilal ne se lance dans un long solo autour de cette mélodie ancienne qu’il explore en improvisant, avant que les sons métalliques du vibraphone ne reviennent et s’échappent, transportés par le groove lancinant de cette polyrythmie qui ne cesse de bouger et de s’agiter…

Le second titre « Ti-Ti » repose sur un très joli thème qui permet à nos solistes de de remettre le couvert dans un esprit très voisin du premier titre, les mélodies qui s’échappent des instruments de nos solistes sont particulièrement belles et soignées, donnant un charme certain à ce titre fait pour danser et plaire, tourner et s’enivrer de bonnes vibrations…

« Sun Flower » nous permet d’entendre à nouveau ce qui est peut-être le « hojok » dont j’ai parlé, et qui est, d’après les notes de pochette, un vieil instrument à anche donné à Abdurahman par un villageois de Pulsan en Corée.

La dernière pièce « Bent-El Jerusalem » qui dépasse à peine les cinq minutes est très orientale dans ses couleurs, peu documentée, elle semble être une sorte de marche qui figure un parcours ou une traversée…

Vraiment un très bel album avec tout ce que l’on aime, de l’exotisme, des rythmes, de la chaleur, des instruments anciens et des danses pour que la fête soit belle…

Bref ce qu'on nomme parfois "une pépite"!

Mevlana (Based on Turkish Religious Melody)


Ti-Ti


Sun Flower


East New York Ensemble de Music – Bent-El-Jerusalem
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 13 mars 2022 06:14

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Cécile McLorin Salvant – Ghost Song (2022)

Reçu il y a une petite semaine le dernier Cécile McLorin Salvant, « Ghost Song », en vinyle, me semble tout à fait digne d’intérêt, dans la veine jazz et chanteuse à voix, avec toutes ses « bizarreries » qui l’accompagnent (c’est elle qui les nomme comme ça). Il faut avant tout parler du répertoire, car côté vocal c’est tout à fait exceptionnel, si on aime, on aime vraiment, mais si ça ne passe pas, tant pis ce sera pour les autres…

Le répertoire est vraiment au niveau et permet à Cécile de faire montre de toutes ses qualités vocales. L’album s’ouvre avec le hit « Wuthering Heights » de Kate Bush, a capella, enregistré dans une église de New York, en doudoune car il faisait très froid, c’est évidemment magnifique, très court.

C’est la première reprise, mais il y en a d’autres, « The World is Mean » de Kurt Weil et Berthold Brecht est un autre temps fort au milieu de la face B. Il y a également « Until » un titre chanté par Sting, en deux mille, et il faut bien le reconnaître ces « bizarreries » dont elle parle sont surtout liées à sa capacité à interpréter avec brio les titres originaux, en leur donnant une nouvelle dimension et en les sublimant ! Il y a aussi « Unquiet Grave » un traditionnel qui termine l’album, interprété lui aussi a capella.

Vraiment beaucoup de magnifiques titres au fil de l’album, « Ghost Song » qu’elle a composé et qui est un sommet de l’album, « Obligation » également. Nul doute qu’enfin, Cecile McLorin Salvant ouvre sa carrière vers une nouvelle dimension, sans doute mieux reconnue encore, et, probablement touchant encore un plus large public.

Malheureusement je dois signaler que, pour ce qui me concerne, la qualité du pressage de mon exemplaire, sur la première pièce, laisse apparaître des craquements gênants, du coup la version Cd est peut-être conseillée, mais là c'est à chacun de voir, ce genre de désagrément n'affectant pas forcément tous les pressages.

Cécile McLorin Salvant - Wuthering Heights (Official Audio)


Cécile McLorin Salvant - Ghost Song (Official Video)


Obligation


The World Is Mean
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Harvest » dim. 13 mars 2022 11:31

C’est un beau disque que j’écoute beaucoup.
Pour ce qui est des pressages vinyles, c’est malheureusement de plus en plus fréquent y compris parfois quelques gondolements de disque qui rend toute écoute impossible.

Pénible… je me remets au CD de plus en plus souvent et réserve le vinyle aux disques d’occaz et anciens.

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 13 mars 2022 19:52

Harvest a écrit :
dim. 13 mars 2022 11:31
C’est un beau disque que j’écoute beaucoup.
Pour ce qui est des pressages vinyles, c’est malheureusement de plus en plus fréquent y compris parfois quelques gondolements de disque qui rend toute écoute impossible.

Pénible… je me remets au CD de plus en plus souvent et réserve le vinyle aux disques d’occaz et anciens.
Je crois que je vais suivre ton conseil et ta pratique, c'est d'ailleurs de plus en plus souvent que je me tourne vers le Cd, pour le prix mais également pour la qualité du son qui est souvent remarquable, désormais.

Sauf peut-être pour quelques pièces où quelques musiciens qui me sont chers!
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par nunu » dim. 13 mars 2022 20:03

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Excellent album en trio de Sylvain Luc, l'un des jazzman francais les plus respecté et une légende de la guitare. A noter une reprise de Chez Laurette de Michel Delpech

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 14 mars 2022 06:02

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John Zorn/Bill Laswell – The Cleansing (2022)

Un album sorti en janvier, qui marque la rencontre entre deux qui se fréquentent, se connaissent et s’apprécient. Zorn et Laswell, un peu comme deux montagnes qui se rencontrent, sur Tzadik bien sûr, ça risque d’être chaud pour les extraits mais on verra à l’heure de mettre en ligne…

L’album paraît dans la « Spectrum Series », à l’obi blanc. Cette dernière marque l’entrée du label dans sa troisième décennie et se consacre à la crème des improvisateurs, le nec plus ultra. Le premier volume est consacré à Wadada Leo Smith, George Lewis et John Zorn, le second à Sylvie Courvoisier, on y trouve Cyro Baptista, Ikue Mori, Brian Marsella et beaucoup d’autres encore, celui-ci est le trente-septième volume de la série et il fera date.

La pochette est ornée par une sorte de « mandala » circulaire contenant en son centre l’aleph, première lettre de l’alphabet hébraïque, la lettre qui a engendré toutes les autres, on dit d’elle qu’elle est la « ténébreuse », la « muette », la seule qui dialogue avec le divin.

Autant le dire tout de suite, l’album ne déçoit pas et même se situe dans le haut du pavé, lors de son enregistrement nous étions tous en plein confinement, et John Zorn n’avait pas touché son instrument, le saxophone alto, depuis plus de quinze mois. C’est essentiellement un compositeur, c’est vrai, mais tous ses admirateurs savent quel instrumentiste il est. Sans doute cette rupture dura-t-elle très longtemps, mais les retrouvailles, entre l’interprète et son outil, n’en sont que plus extraordinaires, et, il faut bien le reconnaître, carrément exceptionnelles !

On sait que les deux musiciens se fréquentent depuis Painkiller, et qu’ils se sont rencontrés ici ou là, le temps d’un projet, puis d’un autre... Pour Bill le confinement consiste à faire le tour de son appartement dans tous les sens, c’est dire si l’appel de Zorn est libérateur et arrive à point nommé, créer, revivre et jouer à nouveau.

Bill Laswell tient la basse et les deux créent simultanément, en improvisant, du début à la fin. Ça s’est déroulé le neuf avril deux mille vingt et un, en un jet, enregistré et mixé, du travail vite fait et bien fait, comme si tout cela attendait, et ne demandait qu’à jaillir, comme une source longtemps restée souterraine et aspirant à naître au jour, enfin.

Les six pièces sont sœurs et s’enchaînent facilement, l’une naissant de l’autre, comme un même flux descendant son cours. Des écrivains célèbres, ayant parfois touchés à l’occultisme, prêtent leurs noms aux titres de l’album, Brion Gysin, Aleister Crowley, Austin Osman Spare, William Burroughs et Alejandro Jodorowsky.

Un album essentiel qui restera de toute évidence parmi les meilleures sorties 2022 !
01. Brion Gysin.mp3
(23.19 Mio) Téléchargé 74 fois
02. Aleister Crowley.mp3
(15.85 Mio) Téléchargé 72 fois
04. William Burroughs.mp3
(23.76 Mio) Téléchargé 69 fois
05. Alejandro Jodorowsky.mp3
(20.59 Mio) Téléchargé 69 fois
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 15 mars 2022 06:00

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Cyro Baptista – Bluefly (2016)

On reste un peu dans la « Spectrum Series » avec l’excellent percussionniste Cyro Baptista, voici « Bluefly », un album de 2016 sur Tzadik évidemment. C’est vraiment un musicien remarquable, j’avais eu la chance de visionner un documentaire sur le personnage et c’est un musicien extrêmement talentueux et même éblouissant !

Il a beaucoup accompagné ou interprété John Zorn avec différents groupes : Banquet Of The Spirits, Bar Kokhba Sextet, Cyro Baptista & Beat The Donkey, Electric Masada ou The Dreamers, mais pour cet album il est seul leader, accompagné du violoncelliste Vincent Segal, d’Ira Coleman à la basse et de Tim Keiper à la guitare traditionnelle malienne, appelée « N'goni », ainsi qu’à la batterie.

Sur les notes de pochette qui accompagnent le Cd, Cyro Baptista raconte qu’il faisait une tournée de promo pour un album de Sting auquel il avait participé en compagnie de Vincent Segal et d’Ira Coleman, et voilà qu’à new York une journée de repos arrive enfin au milieu du planning. Les trois s’engouffrent dans le studio d’enregistrement en compagnie de Tim Keiper, et jusqu’au lever du soleil, ils enregistrent comme des diables !

Ce sont ces bandes qui ont servi de point de départ à cet incroyable album ! Il y a également pas mal d’amis invités qui participent à postériori en s’ajoutant aux bandes déjà existantes, Ikue Mori, Brian Marsela, Romero Lubambo, Kevin Breit et beaucoup d’autres encore, si bien que guitares, claviers, mandoline, laptop et samples s’empilent sur cet album qui fait feu de tout bois. Trois années de travail seront nécessaires pour tout peaufiner dans les détails…

Sur le petit « obi » qui accompagne, la musique est ainsi décrite « un voyage pop infusé de musique psychédélique » c’est assez juste, la musique est en effet légère et évanescente, des chants et des instruments inhabituels ou exotiques donnent ce ton un peu « world » ou psyche qui va bien, de plus Cyro ajoute énormément avec ses percus, même si c’est fait avec toute la retenue nécessaire, rester classe en toute discrétion.

Douze compos assez courtes s’enchaînent, très travaillées et souvent même complexes, même si, à l’écoute ça glisse comme du miel. Cyro Baptista vient du Brésil et forcément ça s’entend, « Trovão » ou « Bala » nous y emmènent, mais il met également le cap vers l’orient avec « Kong », toujours en douceur et balancements chaloupés, les cordes nous enrobent et nous caressent.

Il y a bien cet « Hammer » au démarrage un peu curieux, étrange ou inquiétant, comme une respiration, un ombre qui passe… L’album est une exploration, un voyage sonore aux sensations multiples, qui traverse plusieurs étapes, souvent exotiques, dont une « Love Song » qui fait battre le cœur bien vite…

Ainsi filent les vignettes, singulières et colorées, d’un voyage qu’il fait bon imaginer…

Cyro Baptista - Trovão


Cyro Baptista - From the Belly


Cyro Baptista - Tarde, 2016


Cyro Baptista - Hammer
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 16 mars 2022 06:16

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Blue Buddha – Blue Buddha (2015)

Continuons à découvrir la « Spectrum Series » avec son volume 10 et la formation « Blue Buddha » qui n’enregistrera (à ce jour) que cet unique album, en 2015. C’est un quartet bien capé qui est ici formé, l’organisateur, celui qui prit l’initiative, c’est le saxophoniste ténor Louie Belogenis, il est accompagné par notre ami trompettiste Dave Douglas que nous aimons bien, le solide Bill Laswell est à la basse et Tyshawn Sorey est à la batterie.

Ça peut paraître cocasse ou opportuniste d’aller dénicher des Buddhas quand le besoin s’en fait sentir, mais ici ce n’est pas le cas, Louie Belogenis est un véritable bouddhiste, sa foi l'accompagne depuis des dizaines d’années. Du coup, pas de rigolade ici et « Purification » qui ouvre l’album est une véritable prière, ou plutôt, porte la marque du rituel sacré, ne vous marrez pas dans les rangs !

Louie revendique l’influence de Coltrane, de Pharoah et d’Ayler, et il fait bien, ça situe l’enjeu. Avec les partenaires qui l’entourent il n’y a pas de problème. Il connaissait Dave Douglas à l’avance et la connexion s’était faite déjà auparavant. C’est John Zorn qui présenta Laswell et Sorey au saxophoniste pour compléter le quatuor et enregistrer cet album.

Que dire du jeu de Louie Belogenis sinon qu’il se coule comme un gant dans le bain de ses prestigieuses influences, c’est un lyrique, avec un gros son quand même, un peu déchiré également, il trouve en Dave Douglas un partenaire de grande qualité, époustouflant souvent et magistral au milieu de cette compagnie, les deux se trouvent facilement et nous offrent un duo absolument magnifique, plein de spiritualité.

Bill Laswell joue de la basse électrique, bien que ce ne soit pas spécifié, il est souvent à l’arrière dans le panorama musical mais son extravagance sonore en fait un créateur de paysage qui tapisse le décor de sons graves, en contraste avec les instruments acoustiques qui siègent vers l’avant.

Il n’y a que de belles pièces ici, sept morceaux qui véhiculent des climats et des ambiances différentes, le très spiritual « Purification », l’énorme et bref « Wrathful Compassion » qui défonce tout, le calme et rêveur « Truth Of Cessation », le magnifique « Double Dorje », l’aylerien « Diamond Vehicle » qui nous ramène également aux accents de Don Cherry. Et puis il y a ce duo ténor/batterie pour finir…

Une leçon de musique à chaque étage, c’est album est un pur joyau, qui secrète une musique profonde et recueillie, jaillissant de l’intérieur, peut-être pas pour tout le monde, mais les amateurs des mondes parallèles apprécieront. Perso, je valide !
01. Purification.mp3
(28.14 Mio) Téléchargé 68 fois
02. Double Dorje.mp3
(12.69 Mio) Téléchargé 67 fois
04. Truth of Cessation.mp3
(22.28 Mio) Téléchargé 68 fois
05. Wrathful Compassion.mp3
(9.06 Mio) Téléchargé 68 fois
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 17 mars 2022 04:04

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Daniel Zamir – Redemption Songs (2015)

Toujours avec la « Spectrum Series » voici « Redemption Songs » que signe Daniel Zamir à la tête d’un quartet Israélien. Peut-être qu’à cet énoncé certains pensent déjà à la musique klezmer, ce qui paraît logique, mais si elle est incontestablement une influence ici, on ne peut toutefois pas parler d’un album de musique klezmer, il faut compter aussi avec une forte influence jazz qui reste un ingrédient au moins à égalité.

Pour dire vrai il y a deux quartets ici qui jouent de manière alternative. Daniel Zamir joue du saxo alto et soprano, c’est le seul musicien commun ici. Le premier quartet, qu’on pourrait appeler le quartet de star est complété par Mark Guiliana à la batterie, Shai Maestro au piano et Haggai Cohen Milo à la basse. Je vous avais prévenu.

La seconde formation est plus modeste avec des musiciens un peu plus jeunes, tous virtuoses. Nitai Hershkowits au piano, Gilad Abro à la basse et Amir Bresler à la batterie. Ils jouent sur les pièces 2,3,4,5 et 9. Les stars complètent donc avec les pièces 1,6,7 et 8.

J’aurais aimé pouvoir vous dire que les plus novices jouent aussi bien que les anciens, avec du cœur et tout ça, c’est un peu vrai car ils performent énormément, mais Mark Guiliana, il n’y en a qu’un et Shai Maestro, s’il n’est pas plus véloce que Nitai Hershkowits, arrive à faire passer plus d’émotions je trouve, toutefois la pièce « New Five » qu’ils interprètent est une pure merveille.

« Danny » Zamir est arrivé assez vite au succès, dès la fin des années quatre-vingt-dix, sous son nom ou sous celui de « Satlah », la formation qu’il dirigeait sans même avoir vingt ans. Maintenant il est dans la « Spectrum Serie » celle des joueurs non seulement confirmés, mais arrivés. Il faut dire que l’une de ses qualités, outre le fait qu’il est un improvisateur doué, c’est son sens des compositions et des thèmes qui font mouche.

En principe c’est un musicien réputé laïque mais je lis sur la pochette intérieure « Please do not play on Shabbat and Yom Tov », bon vérifiez le calendrier alors...

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 18 mars 2022 04:18

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Sylvie Courvoisier Trio – Double Windsor (2014)

Voici, pour l’instant, le dernier album de la série des « Spectrum » que je passe en revue. Je vous avais déjà parlé de la pianiste Sylvie Courvoisier à l’occasion de « Free Hoops » sorti en 2020, il se trouve que cet album de 2014 la trouve avec exactement le même trio, c’est-à-dire Drew Gress à la basse et Kenny Wollesen à la batterie. C’est d’ailleurs ici son premier album sous la forme piano, basse, batterie, devenue un classique du répertoire « jazz ».

Cet album donne l’impression d’une grande maîtrise, elle n’est pas feinte, dûe en partie à l’impressionnante technique des instrumentistes, mais aussi au travail d’écriture et de répétition que l’on devine. Nous voici curieusement placés dans une architecture très structurée, en même temps que dans un espace ouvert et free, cet équilibre est constant tout au long de l’album, comme une contradiction intérieure qui ne montre jamais sa faiblesse, mais, au contraire, une force qui rend la construction inébranlable, sans fragilité.

D’ailleurs toutes les pièces sont signées de la suissesse, neuf créations distinctes, chacune obéissant à ses propres règles, parfois bancales, fragiles, ouvertes et libres, souvent complexes, avec des interruptions, des avancées, des retours et des escapades sans fin. Le monde qui s’écrit entre nos oreilles est d’une immense richesse, grouillant et fourmillant avec pleins d’idées et de surprises inattendues, mais ça fonctionne à chaque fois, laissant l’auditeur souvent pantois.

Chaque membre du trio tient un rôle prépondérant où chacun doit être à l’écoute des autres en suivant précisément la structure établie, au niveau des solos Sylvie Courvoisier est la mieux servie, mais souvent les progressions dans les pièces laissent à chaque musicien suffisamment de liberté pour que chacun se sente à l’aise, avec des espaces pour s’exprimer.

Sans surprise un très bel album, exigeant et abouti, fruit d’un énorme travail de composition.

Excerpt of "Double Windsor" from Sylvie Courvoisier's 2014 Trio Album "Double Windsor"


Des montages youtube:

Sylvie Courvoisier Trio - Live at Jazzfestival Saalfelden, 2014-08-31 - 04. Downward Dog


Sylvie Courvoisier Trio - Live at Jazzfestival Saalfelden, 2014-08-31 - 01. The Charlier Cut
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 19 mars 2022 06:30

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Mike Patton ‎– Adult Themes For Voice (1996)

On quitte la « Spectrum series » mais pas Tzadik avec cet album plutôt expérimental, appartenant à la « Composer Series », signé par Mike Patton en 1996. C’est son tout premier sur le label, trente-quatre thèmes en quarante-trois minutes, écrit-on au verso du Cd, ça résume assez bien le chantier, car vous allez en baver !

Les notes de pochette, qui datent donc de 1996 déjà en disent beaucoup, s’il avait fallu actualiser la bio ça aurait été vraiment compliqué, car l’homme est complexe. Né en janvier soixante-huit il a déjà participé ou créé, Mr.Bungle, Faith No more, joué avec kronos Quartet, Bob Ostertag, Arto Lindsay ou John Zorn, tout ceci pour aller vite…

Patton ne joue pas d’instrument, sinon la voix qu’il utilise, d’une façon ou d’une autre, mais par forcément pour chanter, c’est même plutôt rare. Il utilise également un microphone avec lequel il bricole des sons divers et variés, enregistre et transforme en les mixant dans « les chambres d’hôtel » dans lesquelles il passe, à travers le monde, la liste est fournie en annexe, sur le livret…

Le matériel publié ici s’arrête en 1995, et lorsque John Zorn eût connaissance de ces bandes, il décida de les publier, inutile de préciser que tout ceci est absolument expérimental, à la frontière même de la musique, mais appartenant incontestablement au monde des sons.

Les titres sont importants, ils apportent une information, souvent décalée, en voici quelques-uns, histoire de se plonger dans l’ambiance : "I Killed Him Like A Dog...And He Still Laughed", "Hurry Up And Kill Me...I'm Cold", « A Woman With The Skin Of The Moon », « Catheter », « Pajama Party Horror », « Butterfly In A Glass Maze », « A Smile, A Slap In The Face, A Fart, A Kiss On The Mouth » …

Bon, c’est assez marrant en fait, mais pas toujours, parfois c’est plutôt « indus » et ça n’épargne pas, c’est selon (violence)…

Faut-il recommander un tel album ? Pourquoi pas… Ce qui est sûr c’est que le gars est passionnant et qu’il saura montrer une dimension toujours plus grande au fil du temps, jusqu'à en fasciner plus d'un et, au bout du compte, créer une œuvre…

Mike Patton - Pneumonia With Complications


Mike Patton - A Smile, a Slap in the Face, a Fart, a Kiss on the Mouth


Mike Patton - Red Mouth, Black Orgasm


Mike Patton - Guinea Pig 3
Modifié en dernier par Douglas le sam. 19 mars 2022 06:49, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 19 mars 2022 06:46

Je profite de l'occasion où l'on parle de Mike Patton pour remonter ce post où il était question de lui, je rajoute tout en bas sa version chantée de « Ballad of a Thin Man »!
Douglas a écrit :
lun. 31 janv. 2022 03:19
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Jamie Saft Trio – Trouble (The Jamie Saft Trio Plays Bob Dylan) - 2006

Il se trouve que Jaimie Saft, familier de John Zorn et de Tzadik sur lequel sort cet enregistrement, est également un fan de Bob Dylan depuis très longtemps. Finalement il n’y a rien de surprenant à cet hommage envers l’un des plus grand songwriter du siècle dernier.

Peut-être que le choix du répertoire pourrait être une source d’étonnement cependant, car, mis à part peut-être « Ballad of a Thin Man » qui provient de Highway 61 Revisited, le titres ne figurent pas parmi les plus connus de Robert Zimmerman. Une occasion pour beaucoup de découvrir de nouvelles faces trop vite écoutées ou moins célébrées.

Deux titres sont un peu à part car ils sont chantés, le titre cité ci-dessus est interprété par Mike Patton, ce dernier est souvent entier et exubérant, cette version lui ressemble donc et tranche forcément par rapport à celle de Dylan qui gardera la préférence de nombre de fans, toutefois elle a son charme et la puissance qu’elle véhicule offre un nouveau visage à la chanson.

L’autre titre chanté me semble moins connu, il s’agit de « Living The Blues » extrait de l’album « Self Portrait ». Il est interprété par Antony de la formation « Antony and The Johnsons », comme l’indique le titre c’est un blues plutôt sympa mais sans véritable originalité musicale, toutefois l’interprétation est bien réussie avec ce côté « jazz » qui va bien.

Jamie Saft joue du piano et de l’orgue Hammond, Greg Cohen est à la basse et Ben Parowsky à la batterie, c’est du solide qui tient la route, ce trio a également enregistré l’excellent « Book Of Angels Volume 1 », premier de la série des trente-deux. Un album parfait. Celui-ci est d’un autre genre, il contient six pièces entièrement instrumentales qui mettent en valeur les qualités du Dylan musicien, compositeur de grand talent.

Comme « What Was It You Wanted », provenant de « Oh Mercy », qui ouvre l’album et offre l’opportunité à Jaimie de montrer ses talents de pianiste, qui s’enroule avec facilité autour du thème, pour nous en donner une version jazz magnifiée. Il faudrait citer « God Knows », « Trouble » ou « Dirge » tous habillés de jazz et offert au public avec une nouvelle livrée.

« Dignity » fait partie des deux titres servis par l’orgue Hammond, tout comme « Disease of Conceit » qui ferme l’album. Ce dernier se diversifie ainsi entre les titres chantés, ceux interprétés au piano et ceux à l’orgue, offrant un éventail sonore varié et changeant ce qui demeure pour moi un de ses attraits.

Pourrait plaire aux amateurs de Dylan autant qu’à ceux de Jazz ! Malheureusement il n'y a pas d'extrait sur youtube, seul cet extrait de concert, bien sympa mais sans Mike Patton, ce qui est bien dommage...

Jamie Saft Trio / Ballad of a Thin Man @ Lincoln Center '06
02. Ballad Of A Thin Man (with Mike Patton).mp3
(18.47 Mio) Téléchargé 51 fois
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 20 mars 2022 05:12

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Sonny Simmons ‎– Manhattan Egos (1969)

Voici un album que je possède deux fois, le premier c’est l’original acheté il y a très longtemps et qui se porte encore très bien. Le second c’est un cd qui contient en outre un concert de 1970, absolument épatant, il me le fallait ! Ce dernier fait très bien l’affaire pour l’amateur à la quête de bon jazz, certifié d’époque.

Les cinq premiers titres proviennent donc de l’album de 1969 enregistré aux « Sierra Sound Studios » de Berkeley au mois de février. Sonny Simmons joue du saxophone alto et du cor anglais dont il est un rare spécialiste appliqué au jazz, c’est un hautbois alto. Il est accompagné par son épouse, Barbara Donald, une trompettiste plutôt d’avant-garde et versée dans la musique free. Ils forment un duo formidable et complémentaire. Il y a également « Juma » à la basse et à la conga, en fait il s’agit de Juma Sultan, multi-instrumentiste qui joua un moment aux côtés de Jimi Hendrix. Il est également le pivot de l’ « Aboriginal Music Society ». Paul Smith joue de la batterie et Voodoo Bembe tient également les percus sur le titre « Seven Dances Of Salome ».

L’album s’ouvre sur « Coltrane In Paradise » un hommage, il est en effet impossible à cette période d’échapper à l’emprise tentaculaire du géant tellement il imprégna son époque. C’est très convaincant, tant au niveau des solos, trompette et cor anglais, que pour l’accompagnement rythmique. Si on se réfère aux enregistrements ESP de Sonny Simmons, il a enfin trouvé avec « Arhoolie », un label plutôt consacré au folk et au blues, un accueil de qualité pour ce qui concerne le rendu sonore.

Un petit mot pour « Seven Dances Of Salome » aux accents arabiques, le cor anglais fait merveille ainsi que les deux percussionnistes. Des chants se manifestent, crédibilisant la réalité orientale du propos, c’est très bien fait, très beau et nous transporte vers le Moyen-Orient bien plus rapidement qu’une fusée. Juste ce qu’il faut pour balancer dans une autre réalité…

On retrouve l’univers Colemanien avec « Visions », après « Prober » qui nous avait donné un avant-goût, Sonny à l’alto est vertigineux et nous montre à quel point il est grand, il déferle comme une tornade et impressionne, quant à Barbara Donald elle lui répond avec force et conviction, le feeling bien présent pour que tout roule…

Le concert au « Newman Center » de Berkeley du six novembre 1970 voit notre souffleur rejoint par Michael White au violon, Eddie Marshall à la batterie et Kenny Jenkins à la basse, quatre titres au menu, le son est un poil plus ramassé, mais l’énergie est bien là. Ça monte en température bien vite et Sonny se donne à fond, poussé par une rythmique d’enfer. Dès « Being Of Light » ça dépote pendant plus de treize minutes de folie, il est conseillé de pousser un peu le son car l’effet est assez compact.

C’est aussi l’occasion d’apprécier Michael White, un musicien intéressant qui a enregistré quelques beaux albums sur « Impulse », dans les années soixante-dix. Le violon en jazz possède avec Michael l’un de ses meilleurs représentants.

On se souviendra qu’il avait été question ici d’un autre album de Sonny Simmons sur « Arhoolie Records », l’excellent « Reincarnation », toujours avec Mme Donald, un « live » en famille sorti en 2015 !

De quoi passer d’excellents moments avec cet album !

00:00 Coltrane In Paradise
11:46 The Prober
21:15 Manhattan Egos
29:37 Seven Dances Of Slome
36:40 Visions
42:49 Brings Of Light
55:57 Purple Rays
01:08:34 Divine Magnet
01:11:55 The Beauty Of Ibis

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 21 mars 2022 05:07

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Burning Ghosts – Reclamation (2017)

Retour vers Tzadik mais cette fois-ci en jetant un coup d’œil vers la « Spotlight Series », aisément reconnaissable à ses pochettes, elles comportent toutes un motif circulaire sur fond blanc. Elle se consacre aux jeunes talents, aux jeunes musiciens, mais surtout à leur originalité. Un album qui a fait pas mal de bruit par ici, celui de « Guillaume Perret & The Electric Epic » qui sortit en 2012, était le quatrième de cette série et parlera à plus d’un, pour situer un peu.

Tzadik fait partie des labels capables de prendre des risques pour pousser de jeunes musiciens et les encourager, on imagine qu’il reçoit pas mal de demandes, ici elles sont examinées et trouvent tout naturellement leur place, pour peu qu’elles soient sélectionnées par Zorn qui s’y connaît un peu.

Voici donc « Reclamation » un album conçu par un groupe de L.A., « Burning Ghosts », c’est le second album du groupe. Pour situer assez vite on se trouve entre jazz et rock, mais pas dans le « jazz-rock » conventionnel, ça penche plutôt côté gros son et métal, ça change un peu et ça fait bien plaisir.

Le trompettiste et joueur de bugle se nomme Daniel Rosenboom, c’est un excellent musicien, mais ils le sont tous, il porte ici l’héritage jazz, Maalouf devrait l’écouter. Jake Vossler joue de la guitare électrique et de la guitare baryton, qui est une guitare plus grave que la normale, c’est bon pour le gros son. Il y a aussi Richard Giddens à la basse et Aaron McLendon à la batterie.

La rythmique est quand même plutôt rock, carrée, puissante, ça envoie bien. Pourtant, malgré tout, ce serait une erreur de penser que ce soit très « hard » tout le temps, ou métal violent à foison, ou un brûlot fusionnel, en fait non, il y a pas mal de moments calmes, et même peut-être sont-ils même majoritaires.

C’est qu’il faut du temps pour préparer la tension, il faut monter en gamme, passer du tintement au tintamarre, franchir des paliers successifs en emmenant son auditeur là où on a décidé que ça devait se passer, c’est stratégique, en fait, alors si Zorn a été sensible, pourquoi pas vous ?

La dernière pièce de l’album se nomme « Revolution » et dure deux minutes et vingt-quatre secondes, c’est bien là le but ultime de ce voyage que l’on a tracé pour vous, pour que tout change enfin !

« Viva la révolution, Caramba ! »



Burning Ghosts // "The War Machine" & "FTOF" // Sept 4, 2016
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 22 mars 2022 04:58

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Jemeel Moondoc Tentet - Jus Grew Orchestra : Live At The Vision Festival album (2003)

Avec cet album du Jemeel Moondoc Tentet nous retournons vers New York et le « Vision Festival » de 2001, c’est d’ailleurs à ce même festival que nous avons quitté Jemeel, mais lors de l’édition 2002, le temps d’un extrait sur l’album « Visionfest : Visionlive ». Ici il prend le rôle du chef d’orchestre et dirige le « Jus Grew Orchestra ».

Ils sont dix donc, la section de anches avec Jemeel au sax alto, Zane Massey au ténor et Michael Marcus au baryton. Les cuivres ave Roy Campbell et Nathan Breedlove aux trompettes, Steve Swell et Tyron Hill aux trombones, Bern Nix à la guitare, John Voigt à la basse et Gerald Cleaver à la batterie. C’est un ensemble bien équilibré, qui est dirigé ici d’une façon assez « classique » qui n’est pas sans rappeler les grands maîtres d’autrefois.

Il n’en va pas de même au niveau des solos où là, c’est assez débridé, il faut dire que cet ensemble fut longtemps un membre de la scène des Lofts qui fléchait pas mal côté avant-garde, bien qu’ici ça reste assez sage. Les compos sont toutes signées de Jemeel Moondoc, j’apprécie ce vieux blues de douze minutes « The Blue Dog-Blues For Earl Cross » qui autorise quelques grands moments comme le solo de trompette de Roy Campbell ou celui de Michael Marcus au baryton. Il faut également souligner les interventions en solo de Bern Nix qui sont toutes de grands moments.

On balance donc dans des schémas qui naviguent entre Duke Ellington et Charles Mingus, de grandes références certes qui furent à la pointe de la créativité il y a bien longtemps, il faut donc écouter cet album avec une oreille un peu nostalgique, c’est très bien fait certes et les solos sont souvent brillants, bien que l'on ne retrouve pas nécessairement ce qui fait parfois le sel des albums de Moondoc, en formation plus réduite.

« Variation of a Riff » tient bien l’équilibre que l’on trouve ici entre tradition et envolées libres, improvisées, où l’esprit du jazz brille avec tout ce que l’on aime dans cette musique. Un bon album donc qu’il faudra confronter avec d’autres albums de Jemeel, dans d’autres contextes.

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 23 mars 2022 06:26

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Idris Muhammad – Power Of Soul (1974)

Voici un album dont je ne pense que du bien, son seul défaut est de s’être très bien vendu, d’être écoutable par à peu près tout le monde, d’être à la fois malin et ingénu, de groover et de groover encore… Pour vous dire la vérité son seul défaut, en fait, c’est de ne durer qu’un petit peu plus de trente-trois minutes, car on en voudrait encore…

J’ai une ancienne édition vinyle avec une pochette un peu différente, en fait c’est la même, mais dans un petit médaillon entièrement entouré de noir. C’est la version promo US de 74, mais j’ai également une version Cd remasterisé, mais ça n’y fait pas grand-chose, le charme est le même.

Donc ça s’appelle « Power Of Soul », c’est aussi le premier titre de l’album, une reprise du titre d’Hendrix en provenance de « Band Of Gypsys». Avant même de parler des musiciens, il y a de grands noms ici, Creed Taylor, le sorcier de CTI records est aux manettes pour la production, c’est enregistré dans les mythiques studios de Rudy Van Gelder, on trouve le célèbre tampon sur la matrice, et puis il y a la présence de Bob James, aux claviers mais surtout à la direction musicale.

Pour amplifier ces gros atouts Idris Muhammad est bien entendu à la batterie, l’immense Joe Beck est à la guitare et le plaisir est grand, il y a également Grover Washington Jr. aux saxophones ténor et alto, Randy Brecker à la trompette et au bugle, Gary King à la basse et Ralph MacDonald aux percussions, du lourd et parfois du très lourd à tous les postes.

Les quatre pièces enregistrées sont toutes excellentes, perso j’ai une préférence pour le morceau titre qui fonctionne bien avec moi, cette version met un peu d’huile dans le thème original tout en gardant une certaine légèreté qui va bien, même si ça semble un peu paradoxal vu les moyens mis en jeu.

Le second titre signé Bob James est également excellent, ça groove à fond et encore, agissant comme un poison lent qui vous prend. Les troisième titre signé Joe Beck est encore au niveau, on signalera ici la qualité de ses solos toujours élégants et bien calibrés. La dernière pièce « Loran’s Dance » a été la plus « samplé » par la suite, magnifique encore…

C’est sûr, c’est de la musique de confort, facile à écouter, mais franchement qui respecte son public, de la soul bien pensée, qui passe bien et donne envie de bouger et de remuer la tête tout simplement…

Idris Muhammad - Power Of Soul HQ


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Idris Muhammad "The Saddest Thing"


Loran's Dance
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Piranha » mer. 23 mars 2022 07:34

Un bon album. J'ai le suivant "House of the Rising Sun", avec la même équipe.

Des albums sortis sur Kudu, le sous-label "Soul" de CTI.
Des pièces recherchées par les apprentis diggers et DJ il y a quelques années


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