Merci les mecs !
Je rajoute une « scène coupée au montage » à propos de mon poste de radio.
J’ai eu mon poste de radio
Océanic en 1968, pour ma communion. Je voulais un autre modèle avec la FM mais j’ai eu celui-là et de ce fait je ne l’aimais pas beaucoup au début. Ensuite, j’ai passé tellement de soirées puis de nuits à l’écouter au point qu’il m’est arrivé de me réveiller la joue collée à la grille du haut-parleur avec les marques parallèles incrustées dans la peau. Il ne fallait pas faire de bruit et l’unique écouteur au son calamiteux qu’on logeait dans une seule oreille avait lâché très vite. Il y avait des soirées prolongées jusqu’au milieu de la nuit qui commençaient par l’émission de
Jean Bernard Hebey et se prolongeaient par l’émission de
Bernard Schu. «
Twelve, eight, seven meters, long waves ! The Bernard Schu show ! ». C'était son jingle. Toute la Pop Music y passait !
J’avais les yeux en capote de fiacre le lendemain matin mais j’étais heureux. J’ai fini par chérir ce transistor, on l’appelait comme ça ces années-là, comme une pièce maîtresse de mon matos à musique malgré ses grandes ondes très peu Hi-Fi. Il a terminé sa carrière dans ma 4L comme autoradio car il avait une prise spéciale pour brancher une antenne de bagnole.
Bêtement, il m’est arrivé d’avoir honte de posséder un poste de cette marque en 1973. Il était de notoriété publique que le coup d’état de Pinochet était financé en partie par la multinationale
ITT dont
Océanic faisait partie. Beaucoup de gens, et parmi eux un bon paquet de mes amis, s’étaient mis à boycotter cette marque…
J’avais mal compris les infos de l’époque. Il faut dire que les journalistes n’aidaient pas non plus. Certains prononçaient le nom du président chilien à la française, ce qui donnait : « Le président Alande. » et d’autres à l’espagnole : « Le président Al Yenndé ». La hiérarchie des chefs d’état était parfois très floue, il y avait une reine en Angleterre mais c’était le premier ministre qui dirigeait tout comme il y avait un président en Allemagne mais c’était le chancelier qui était le chef. Chez nous, il y avait bien un premier ministre mais c’était le président le chef. Il pouvait donc bien y avoir deux présidents au Chili, non ?
Quand je suis arrivé à la répétition de mon groupe en demandant lequel des deux présidents, Alande ou Al Yenndé, était encore vivant, je me suis fait foutre de ma gueule comme c’est pas permis. Entre chaque morceau, j’avais droit à une blague sur ma méprise. Je lisais déjà Libération depuis son numéro 1 quelques mois auparavant et je me suis mis à le lire sérieusement pour ne plus me gourer à ce point. Et salut respectueux au "Companero Presidente"
Salvador Allende.
