J'ai survolé le disque, définitivement pas ma tasse mais le peu que j'ai entendu m'a légèrement agacé.
En relisant mon pavé césar je réalise que ce que j'écris manifeste un peu de suffisance et surtout la frustration de ne pas trouver ce que je cherche : une espèce de pop noble et organique qui a disparue et qui me manque. Face à St Vincent, je vais convoquer mes monstres pop (ce qui est complètement ridicule) en l'espèce de Spector, Estardy, Axelrod, Blanc-Francard etc. — des gens qui turbinaient devant des consoles de mammouths à 100 plaques parlaient de Debussy en produisant le dernier tube disco à la mode. C'était évident que la comparaison serai intenable : Aujourd'hui, on élabore une chanson comme une "track" en jouant aux légo sur pro-tools avachi sur une banquette ou dans le train et le moindre pinpin qui ne sait pas lire la musique voit son titre joué le soir même au peak time du set d'un disc-jockey à Shanghai. Soit. C'est déroutant au départ mais c'est peut être ça le monde moderne : ce qui fût révéré pendant un demi siècle est devenu un truc cosmétique.
Cette impression — forcée par les médias — d'être confronté à des nouveaux talents qui réinventeraient la roue toutes les semaines nous collent quand même bien aux semelles. Tout amateur éclairé de musique — c'est à dire 99.9% des utilisateurs de ce forum — reconnaitra aisément que pour une nouveauté qualifiée de révolutionnaire portée aux nues aujourd'hui il est capable de citer au moins un album similaire sorti il y a 20 ans.
Le disque de Saint Vincent n'a pas l'air de déroger à la règle et il m'a rappelé plein d'artistes de la fin des années 90, comme Garbage, Suede, Fiona Apple, Radiohead, et puis évidemment "Low" de Bowie. Les gens y voient ce qu'ils veulent y voir : références, d'autre que clin d'œil, voire recyclage.
Musicalement il y a cette production pop gênante toute boursouflée sans profondeurs qu'on entend partout — dans le nouveau bar à cocktail lancé par des bourges d'un quartier gentrifié ou dans une pub pour une banque en ligne. Ces petit claviers midi faussement cheap mais sophistiqué, une guitare rock qui n'a rien à dire, le tout posé sur une pattern programmée vaguement broken-beat — référence (obligatoire si on veut être hip) à la galaxie hip hop. je suis au final, incapable de citer un seul titre, l'ensemble me paraît super poussif.
D'ailleurs, c'était évident qu'elle allait filer la trique à toute les rédactions, c'était écrit, mektoub. On aurait jouer au loto des inrocks et ç'aurait été le carton plein :
la meuf pansexuelle en couple avec une jeune star de ciné, forcément végane qui cite David Bowie — la carte joker des gens qui n'entravent rien au rock mais veulent faire genre — et David Byrne — chantre de la world music. Si je rajoute toutes les boursouflures musicale/technique précédemment citées, c'est les 4 clés direct, le live sur France Inter et 70 euros le ticket au Trianon… En revanche, en live, ça a l'air pas mal (cf. Le lien que Nunu avait partagé je ne sais où).