Route du rock demain soir donc, au Fort uniquement. Programme :
Judah Warsky (connais pas)
Cloud Nothings (ça doit être un truc plus ou moins dreampop je crois)
Stephen Malkmus (from Pavement,

)
Chromatics (j'avais écouté un album dont je n'ai aucun souvenir)
Mazzy Star (

)
Colin Stetson (collaborateur d'Arcade Fire qui sort des albums d'indie-jazz (?) dont le dernier était pas mal du tout)
The Walkmen (je connais peu, anciens Jonathan Fire*Eater cela dit, donc a priori favorable)
Hanni El Khatib, dont je crois me rappeler qu'il a bonne réputation auprès de quelques forumeurs par ici.
Bref, ça devrait être pas mal tout ça. Et comme ça fait très très longtemps que je ne suis pas allé en concert, je suis très très content.
Mission accomplished. J'ai d'ailleurs passé une très bonne soirée, plus ou moins crescendo qui plus est. Dans l'ordre :
Judah Warsky : il s'agit d'un Français seul en scène avec ses machines. Les premiers titres évoquent l'univers d'Animal Collective, plus particulièrement de Panda Bear (choeurs wilsoniens multipliés à l'infini, sur beats pop), les suivants s'orientant plus mélodiquement vers le pire de Vangelis.
Cloud Nothings : rien à voir avec la dreampop ! Je ne sais pas où j'avais été pêcher cette idée... C'est de l'indie rock très référentiel 90s, avec des accents psyché/noise sur les titres les plus longs (les plus réussis). Les titres les plus courts, plus pop, ont une fâcheuse tendance à rappeler le punk à roulettes : c'est principalement à cause de la voix très juvénile, quoique rauque, du chanteur. Pour le reste, on navigue entre Dinosaur Jr, Pavement, noise sonicyouthien, le tout avec une grande énergie et beaucoup de bruit : j'ai aimé, parce que les références sont à mon goût. Voyez si elles sont au vôtre, en attendant, je conseille d'aller les voir, bon moment.
Stephen Malkmus : le plaisir que m'a procuré le fait de voir pour la première fois ce héros compense un peu l'impression mitigée sur certains morceaux : l'indie poprock de Malkmus est tarabiscotée, certaines chansons, d'où ressortent quelques passages sublimes, paraissent mériter être plus simples. Bon concert en tout cas, attitude cool total, beaux morceaux à dix idées par minutes, et cette voix amie depuis des années, insolente de fraîcheur, bons musiciens, c'était très bien.
Chromatics : je suis incapable de dire s'il s'agissait d'un bon concert ou pas, je dirais oui, mais il se trouve que ça ne m'a pas intéressé. L'électropop très new wave des Chromatics (première moitié de gig totalement (c) New Order, étonnant) n'est pas indigne, la chanteuse a une voix éthérée qui sied au romantisme du jeune aficionado, mais un ensemble assez uniforme, et deux reprises finales (un "Running Up That Hill" pas mauvais mais un peu vain, et un "Hey Hey My My" franchement pénible, "
rock n'roll is here to stay", OK, mais pas à ce concert-ci) me laissent une impression un peu négative au final.
Mazzy Star : à la fois superbe et un peu énervant. Et je ne veux pas parler du ratage du deuxième morceau, finalement abandonné (ma version : Sandoval a commencé le chant trop tôt, alors que l'intro à la slide n'était pas achevée, s'est arrêtée, et finalement a lâché le groupe en rase campagne), qui n'aura pas trop entaché une prestation très belle pour tous les amateurs de leur répertoire le plus enfumé, psyché tenadance "The End". Tout-à-fait trippant à mon goût, mais pas à celui des plus jeunes des festivaliers qui raillaient nonstop, avant de se faire virer des premiers rangs
où ils avaient choisi de s'installer par des amateurs tels que moi. Mais la pose qui consiste à refuser d'avoir un spot sur soi (on n'a jamais vu la face d'ange de Sandoval) et de sortir sans dire un mot alors que le dernier morceau n'est même pas fini ne changera pas l'image très hautaine qui se dégage de cette chanteuse sublime, dont la voix n'a pas pris un pet.
Colin Stetson : la claque de la soirée pour moi. Seul sur une petite scène, un gars s'escrime à sortir de son sax et de son tuba des sons inouïs, très prenants, hypnotiques complètement, au rythme de ses doigts sur les clés amplifiés au point que l'instrument est également une percussion. C'est fascinant, très original, c'est le concert où j'ai vu le plus de gens danser à part le dernier. Il faut absolument voir ce forcené sur scène, le spectacle, en plus d'une musique superbe, est ahurissant de dépense physique et de conviction. GENIAL.
The Walkmen : pas grand-chose à en dire, ce n'est pas ma came. Du rock américain trop proche des Strokes en première partie de concert, moins référentiel en deuxième, bien foutu mais sans génie.
Hanni El Khatib : mon autre claque avec Stetson, dans un registre nettement moins avant-gardiste. A trois sur scène (Hanni guitare-chant ; une batteuse ; un chevelu guitare-claviers), les musiciens balancent 40 ans de rock américain (du rockabilly à l'indie rock, en passant par le garage, le psychobilly, le hard-rock) avec une conviction incroyable ; tout est torché à cent à l'heure ; les reprises sont très personnelles ; le type est complètement habité ; leur son est super ; tout le monde danse ; ils ont une classe folle : c'est du ROCK. Je m'en vais écouter le disque fissa.